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Full text of "Bulletin de la Société Géologique de France"

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SOCIETE 

GÉOLOGIQUE 

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§©CiElTE  GEüEtGISJEE 

DE  FRANCE. 


(CcÉe<M>  iiiOwatlf  3ed  jcuu  3e  (fiance, 

PENDANT  L’ANNÉE  1832. 

LES  SÉANCES  SE  TIENNENT  A 7 HEURES  1/1  DU  SOIR 
RUE  JACOB , N°  5. 

( 1er  ET  5e  LUNDIS  DE  CHAQUE  MOIS.) 


Janvier. 

Février. 

Mars. 

Avril. 

Mai. 

■Juin. 

Novemb. 

Décemb. 

9 

23 

6 

20 

5 

19 

2 

16 

7 

21 

A 

18 

5 

19 

3 

17 

Le  local  de  la  Société  est  ouvert , pour  tous  ses  Membres , les 
dimanches  de  10  heures  k 4 , et  tous  les  lundis  qui  ne  sont  pas 
consacrés  aux  séances  ordinaires , de  , a .0  heures  du  soir. 

fluiletitt 


SOCIÉTÉ 


DE  FRANCE. 


1851  A 1852. 


AU  LIEU  DES  SÉANCES  DE  LA  SOCIÉTÉ, 

RUE  JACOB,  N°  5. 


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IMPRIMERIE  DE  SELL1GEE 

rue  des  Jeûneurs,  n°  i/j- 


BULLETIN 


DE  LA 


DE  FRANCE. 


SÉANCES  EXTRAORDINAIRES  A BEAUVAIS 

(département  de  e’oise)  , 

du  6 au  11  septembre  1831 . 

Les  membres  de  la  Société , dont  voici  les  noms , ont  assisté 
aux  réunions  de  Beauvais , savoir  : 

MM.  de  Blainville,  Bineau,  Boué,  Cartier,  Cordier,  Daudin, 
Diaz,  Duperrey,  Graves,  Héricart  de  Thury,  Héricart  Ferrand, 
Huot,  Michelin,  de  Montalembert , Regley,  Eugène  Robert,  et 
Roberton. 

Parmi  les  personnes  étrangères  à la  Société , se  trouvaient 
MM.  Cramaille,Husson, Langlois,  Leclerc,  André  Mouffle,  Pierre 
Mouffle,  propriétaires  à Beauvais , Mutel-Delisle , avocat  à la 
Cour  royale  de  Paris  , Pinault , professeur  de  mathématiques 
de  la  même  ville , et  Donati,  de  Naples. 

La  Société  , ayant  employé  les  cinq  jours  qu’elle  a passés  à 
Beauvais  à faire  des  courses  géologiques  assez  longues , n’a  pu 
tenir  que  deux  séances  , le  6 et  le  îo  septembre  , dans  une  salle 
de  l’hôtel  de  la  Préfecture,  local  qui  avait  été  disposé  par  les 
soins  de  M.  Graves , secrétaire-général  de  la  Préfecture , avec 
l’autorisation  de  M.  le  Préfet  de  l’Oise. 

La  discussion  des  observations  faites  dans  la  journée  a sur- 
tout animé  la  conversation  pendant  les  dîners  que  les  membres 
de  la  Société  ont  toujours  pris  ensemble. 

Le  6 septembre , la  Société , guidée  par  MM.  Graves  et  Bi- 
neau , visite  la  localité  de  Saint-Martin-le-Nœud  , et  revient, 
après  un  détour,  par  le  même  chemin. 


G 


SÉANCES  DU  G Al  11  SEPTEMBRE  1 85 1 • 

Saint-Martin-le-Nœud  est  séparé  de  Beauvais  par  un  plateau 
crayeux  d’environ  une  demi-Jieue  de  large.  La  craie  étant  em- 
ployée dans  ce  pays  comme  pierre  de  bâtisse,  les  auteurs  de  la  carte 
géologique  des  environs  de  Paris  ont  été  amenés  à l’erreur  de 
croire  que  les  hauteurs , à Fouest  de  Beauvais , étaient  composées 
de  calcaire  tertiaire.  Sur  leur  pente  orientale  près  du  couvent  de 
Saint-Symphorien , à Beauvais  , la  Société  voit,  avec  intérêt,  deux 
ou  trois  liions  distincts  de  silex  pyromaque  au  milieu  des  bancs 
horizontaux  de  craie.  D’après  M.  Graves , ces  fentes  remplies  de 
silex  se  retrouvent  dans  beaucoup  d’escarpemens  crayeux , à dix 
Jieues  autour  de  Beauvais.  Un  dépôt  alluvial  ancien  d’argile  limo- 
neuse jaune  couvre  cette  roche , et  son  épaisseur  est  assez  considé^ 
rable  au-dessus  de  Beauvais.  Le  versant  opposé  du  plateau  offre  , 
à Flambermont,  sur  un  pente  assez  forte,  de  grandes  carrières  qui 
laissent  apercevoir  distinctement  le  relèvement  des  couches  de 
craie.  Elles  inclinent  au  N.E.  sous  22  %°.  Cette  craie,  assez  dure 
et  fendillée,  contient  des  silex,  des  rognons  de  pyrite  en  partie 
cristallisée,  et  de  nombreux  fossiles  , tels  que  des  Spatangues  ( S. 
corcin guinum) , des  Belemnites,  le  Dianchora  striata,  Sow.,  le  Pa- 
chylos  spinosa , le  Podopsis  striata , le  Calillus  Lamarckii , les  Te- 
rehratula  carnea  , octoplicata , iniermedia  et  semiglobosa , le  Stro- 
matopora  concentrica  Golf.?  M. Graves  fait  remarquer  que  les  Anan- 
chites  sont  rares  dans  ces  assises  moyennes  de  la  craie  , tandis  qu’ils 
abondent  dans  la  craie  tendre , où  au  contraire  il  n’y  a que  très- 
peu  de  Spatangues. 

En  s’avançant  plus  au  sud-ouest , on  voit,  dans  un  petit  chemin 
creux,  près  du  château  de  Senefontaine , des  affleuremens  des 
couches  inférieures  à la  craie , savoir  : de  la  craie  endurcie  , fine  et 
blanche,  de  la  craie  grisâtre  à blocs  de  calcaire  gris  ou  jaune  très- 
dure,  et  renfermant  des  ammonites  , des  peignes  , enfin  de  la  craie 
marneuse  à particules  vertes,  en  partie  sableuse,  de  peu  d’épaisseur 
et  contenant  en  grande  abondance  des  pétrifications,  telles  que  des 
Turrilites(  T.  costatus  ou  une  espèce  voisine  ),  des  Hamites  , di- 
verses Ammonites  (y^.  varians  } Deluci  , inflatus , subspiiiosus 
Lani. , B eu  danti,  Coupei , FF  oolgari , Sow.)  des  Nautiles,  la  Cassis 
avellana  Brong. , F Ostrea  carinata , la  Chaîna  haliotoïdea , Sow. , 
le  Pecten  asper , des  Belemnites,  dcsTérébratules(Zr.  gallina  Brong. 
et  Lyra , Sow.  ) le  Spatangus  suborbiculatus  Brong.  , des  dents  de 
Squale , etc. 

Au-dessous , on  aperçoit  encore  quelques  lits  de  marne  argi- 
leuse noirâtre , puis  de  la  craie  grise  , et  après  un  espace  couvert , 
on  arrive  à des  sables  jaunâtres,  avec  des  rognons  de  minerai  do 


SÉANCES  DU  6 AU  11  SEPTEMBRE  1 83 1 . 7 

fer.  Un  épais  dépôt  d’argile  limoneuse  diluviale  couvre  ces  cou- 
ches, qui  paraissent  former  le  sol  de  la  forêt  voisine  de  Belloy. 

Les  couches  inférieures  à la  craie  ont  Joutes  la  même  inclinaison 
au  N.  E. , mais  l’angle  d’inclinaison  est  très-faible.  Il  est  donc  évi- 
dent que,  dans  ces  lieux,  les  couches  sont  placées  sur  une  pente,  fait 
qui  devient  surtout  intéressant  par  l’inclinaison  opposée  au  S.-O. 
que  les  mêmes  assises  présentent,  d’après  MM.  Graves  et  Bineau, 
à une  demi -lieue  plus  à l’ouest  près  de  la  Houssaye , ainsi  qu’à 
Vil lotran,  Marché-Godard,  Lalandelle,  St-Aubin  etSt-Germer. 

La  Société,  à défaut  de  temps  et  comptant  voir  ce  fait  ail- 
leurs , s’en  est  rapportée  sur  ce  dernier  point  avec  pleine  confiance 
aux  géologues  de  Beauvais.  D’après  ces  messieurs  , l’inclinaison 
opposée  des  couches  de  craie  règne  sur  tous  les  coteaux  qui  bordent 
à droite  et  à gauche  le  pays  de  Bray  ; elle  est  plus  ou  moins  marquée 
selon  qu’on  se  place  au  milieu  ou  vers  les  points  de  terminaison  de 
ce  pays.  Près  de  Saint-Léger,  on  rencontre  les  argiles  bigarrées  de 
grès  vert.  La  falaise  crayeuse  septentrionale  du  pays  de  Bray  est 
moins  élevée  que  celle  du  sud,  et,  au  lieu  d’être  continue  comme 
cette  dernière,  elle  est  divisée  en  mamelons. 

Dans  la  séance  du  soir,  la  Société  élit  pour  président  de  la 
réunion,  M.  de  Blainville;  pour  vice-président,  M.  Graves  , et 
pour  secrétaire,  M.  Michelin. 

Le  Président  proclame  membres  de  la  Société  , MM. 

Bineau,  ingénieur  des  mines  à Beauvais,  présenté  par  MM.  de 
Blainville  et  Graves. 

Colson  ( Alexandre)  } docteur  médecin,  à Noyon,  départe- 
ment de  l’Oise  , présenté  par  MM.  Graves  et  Michelin. 

Daudin  (Hyacinthe) , propriétaire  à Pouilly,  département  de 
l’Oise,  présenté  par  MM.  Graves  et  Michelin. 

Rançon,  propriétaire  à Beauvais,  présenté  par  MM.  Héricart 
de  Thury  et  Héricart-Ferrand. 

Le  comte  de  Montlosier  à Clermont-Ferrand,  présenté  par 
MM.  Cordier  et  Boué. 

On  détermine  les  tournées  qu’on  fera  successivement,  d’après 
les  renseignemens  fournis  parM.  Graves  , qui  met  sous  les  yeux 
de  la  Société  une  carte  géologique  fort  détaillée  de  tout  le  dépar- 
tement de  l’Oise,  et  qui  y joint  celles  de  plusieurs  arrondissemens 
du  même  département.  Son  but  est  d’enluminer  géologiquemen  t 
et  successivement;  les  cartes  de  tous  les  arrondissemens. 


8 


SÉANCES  DU  G AU  1 J SEPTEMBRE  1 83 1 - 

Ott  lit  une  lettre  de  M.  le  major  Peterson  relativement  à un 
affaissement  de  terrain  arrivé  près  de  Ralisbonne. 

a Dans  le  calcaire  jurassique  deRatisbonne,la  régularité  des  cou- 
ches est  souvent  interrompue  par  des  fendillemens,  et  cette  roche 
est  assez  caverneuse.  Au  mois  de  mars  dernier,  un  éboulement  as- 
sez curieux  a eu  lieu  à deux  lieues  et  demie  au-dessus  de  Ratisbonne, 
un  quart  de  lieue  au-dessus  des  carrières  de  Kapfenberg,  sur  la  rive 
gauche  du  Danube.  Environ  quatre-vingts  arpens  de  terre , mqitié 
champs , moitié  bois,  se  sont  enfoncés  , au  milieu  de  la  nuit , avec 
un  fracas  épouvantable,  de  seize  à vingt  pieds  de  profondeur.  Peu 
de  jours  après  P événement , j’ai  été  sur  les  lieux.  Le  coup-d’œil 
était  vraiment  remarquable , surtout  dans  la  partie  couverte  de 
pins,  les  arbres  se  croisant  dans  tous  les  sens.  Quoique  personne 
n’ait  connu  de  caverne  dans  cet  endroit , il  était  manifeste  qu’une 
voûte  avait  cédé  et  entraîné  tout  le  terrain.  Dans  la  partie  supé- 
rieure , c’est-à-dire  la  plus  éloignée  du  Danube  et  la  plus  étroite 
de  l’éboulement,  le  terrain  était  élevé  au-dessus  du  niveau  du  sol, 
qui  présentait  comme  une  crevasse.  C’est  sans  doute  par  là  que 
l’air  , subitement  comprimé  dans  la  caverne,  s’était  fait  jour.  Des 
personnes  qui  se  sont  trouvées  sur  la  grande  route  à l’heure  de 
l’événement , prétendent  avoir  vu  du  feu  ; ce  qui  n’a  rien  d’éton- 
nant,  puisque  un  pareil  phénomène  ne  peut  guère  avoir  lieu  sans 
dégagement  de  calorique  et  de  lumière.  Cette  circonstance  avait 
fait  croire  d’abord  qu’il  s’y  était  formé  un  petit  volcan  j mais  il  m’a 
été  même  impossible  de  découvrir  la  moindre  trace  de  lave.  » 

On  communique,  de  la  part  de  M.  Zuber-Karth,  deux  bro- 
chures lithographiées  : Tune  , de  lui , est  un  rapport  sur  une 
question  industrielle;  dans  l’autre,  M.  Weber  traite  delà  ca- 
nalisation de  l’Alsace. 

M.  Boué  présente,  i°  une  feuille  in-folio,  offrant  les  gravures 
de  deux  poissons  presque  parfaits  , extraits  de  la  craie  par 
M.  Mantell  de  Lewis.  2°  le  premier  volume  des  Transactions 
de  la  Société  littéraire  et  historique  de  Quebec.  ( Transact.  of 
lhe  litterary  and  historical  Society  of  Quebec.  ) Un  vol  in-8°  de 
343  pages,  avec  six  petites  et  cinq  grandes  planches  de  coupes. 
Quebec,  1829. 

On  y remarque  un  mémoire  sur  la  géologie  du  lac  supérieur, 
par  le  commandeur  Bayfield  * des  notes  sur  la  contrée  de  Sague- 
nay , par  M.  A.  Stuart  ; des  observations  sur  quelques  roches  et 


SÉANCES  DU  6 AU  11  SEPTEMBRE  1 83 1 . 9 

minéraux  du  Canada  supérieur,  par  le  capitaine  Bonnycastle;  sur 
la  géologie  d’une  portion  de  la  côte  du  Labrador,  par  le  lieute- 
nant Baddeley;  sur  la  géognosie  d’une  partie  du  pays  de  Saguenay; 
des  notes  sur  les  environs  de  la  chute  de  Montmorency , par  M. 
W.  Green  ; le  catalogue  des  collections  de  la  Société,  ainsi  que  neuf 
autres  mémoires:  l’un  sur  les  coquilles  vivantes,  par  madame 
Sheppard,  trois  de  botanique,  et  les  autres  de  géographie  et  d’his- 
toire. 

Le  deuxième  volume , de  cet  intéressant  recueil , était  sous 
presse  à Quebec,  il  y a trois  mois. 

On  entend  la  lecture  d'un  mémoire  de  M.  Héricart-Ferrand, 
intitulé  : Coupe  gèognostique  du  département  de  l’Oise,  entre 
Chezy  en  Orceois  ( département  de  l’Aisne  ) et  Gournay  sur 
Epte,  accompagné  d’un  profil  sur  une  longueur  de  i22,5oo 
mètres. 

« Un  grand  nombre  d’observations  qui  me  sont  étrangères  (1), 
et  d’autres  qui  me  sont  personnelles  , m’ont  suggéré  un  essai  de 
coupe  gèognostique  du  département  de  l’Oise.  C’est  un  profil  qui 
coupe  ce  département  de  l’est  à l’ouest , et  traverse  plusieurs 
vallées  qui , à raison  de  leur  profondeur  au-dessous  des  plateaux 
voisins,  permettent  de  bien  juger  la  superposition  des  divers 
terrains,  depuis  le  point  le  plus  élevé  jusqu’au  point  le  plus  bas. 
Sur  toute  la  ligne  de  cette  coupe  on  reconnaît  ainsi  les  formations 
du  bassin  de  Paris,  sur  un  fond  de  craie  , qui  se  relève  tellement 
vers  l’ouest,  que  les  dépôts  antérieurs  sont  à jour  dans  la  vallée 
de  l’Epte,  et  se  prolongent  vers  le  nord  jusqu’à  Aumale  et  For- 
ges. 

La  formation  qui  leur  est  postérieure,  la  craie,  forme  un 
plateau  très-élevé  dans  la  partie  occidentale  d u département  entre 
l’Epte  et  l’Oise.  Le  village  de  Coudray  Saint-Germer  qui  est  sur 
le  plateau , est  le  point  le  plus  élevé  de  tout  le  département,  sa 
hauteur  indiquée  par  M.  Graves,  est  de  263  mètres  au-dessus  du 
niveau  de  l’Océan. 

Le  point  le  plus  bas  de  tout  le  département  est  celui  du  niveau 
moyen  de  l’Oise,  près  Chambly • il  11’est  que  de  27  mètres  au-dessus 

(1)  Voyez  la  Description  des  Environs  de  Paris , par  MM.  Brongniart  et 
Cuvier  ; le  Précis  de  Statistique  du  département  de  l'Oise,  par  M.  Graves, 
dans  X Annuaire  pour  1829  ; el  un  Mémoire  de  M.  Robert  , danè  les  Annales  des 
Mines , vol.  VIII,  i83o. 


10  SÉANCES  DU  G AU  3 1 SEPTEMBRE  1 85 1 • 

de  l’Océan  , de  236,  par  conséquent  au-dessous  de  Coudray  Saint- 
Germer. 

Cliambly  est  en  avant  de  la  ligne  d’intersection  de  ma  coupe. 
Mais  en  remontant  l’Oise,  on  arrive  à Creil,  point  le  plus  bas  de 
cette  coupe,  et  qui  d’après  la  pente  connue  de  l’Oise,  peut  être 
fixé  à 3i  mètres  au-dessus  de  l’Océan  ou  232  mètres  au-dessous  de 
Coudray  Saint-Germer. 

Du  côté  de  l’Est,  il  faudrait  traverser  tout  le  département  de 
l’Aisne,  et  entrer  dans  celui  de  la  Marne,  pour  trouver  la  craie, 
du  côté  d’Epernai,  à la  limite  occidentale  du  département  de 
l’Aisne  ) la  formation  gypseuse  existe  sous  le  plateau  , et  le  gypse 
y est  exploité  par  puits,  sans  se  montrer  au  jour  dans  la  vallée 
de  Chezy,  ni  dans  celle  de  l’Ourcq  à Mareuil. 

Le  plateau  entre  la  vallée  de  Chezy  et  la  vallée  de  l’Ourcq, 
reconnu  de  plusieurs  côtés , présente  de  haut  en  bas  , les  for- 
mations suivantes:  i°  le  terrain  d’eau  douce  supérieur,  2°  les 
grès  marins  supérieurs,  3°  les  sables  et  les  grès  (de  Fontainebleau, 
d’Ermenonville,  de  Mortefontaine  ) , 4°  Ie  calcaire  grossier  marin. 

La  prise  d’eau  du  canal  de  l’Ourcq  à Mareuil  est  élevée  de  85 
mètres  , 43  décimètres  au-dessus  du  niveau  de  l’Océan.  La  vallée 
y est  assez  profonde  pour  entamer  entièrement  les  bancs  solides 
de  la  formation  du  calcaire  grossier  marin  , et  mettre  à jour  des 
sables  et  des  argiles.  Ces  derniers,  d’après  M,  Bineau  , appar- 
tiendraient encore  à la  formation  du  calcaire  grossier  marin  , et 
non  à l’argile  figuline  et  à l’argile  plastique  de  M.  Brongniart. 

Remontant  de  Mareuil  à la  plaine  de  Thury  , élevée  de  i55 
mètres,  on  reconnaît  au-dessus  des  sables  et  des  argiles  précédents, 
et  particulièrement  à la  pointe  de  Houillou  sur  la  grande  route 
de  Paris  , la  glauconie  grossière,  les  bancs  calcaires  avec  num- 
mulites  , toute  la  masse  du  calcaire  grossier  marin,  et  entrant  en 
plaine , les  marnes  silicéo-calcaires  rapportées  au  calcaire  siliceux, 
et  des  indices  de  la  formation  gypseuse  représentée  par  des  marnes 
contenant  quelques  quartz  lenticulaires.  Montant  toujours  , on  at- 
teint et  on  dépasse  la  grande  formation  des  sables  et  des  grès  ( de 
Fontainebleau  ) , et  on  arrive  au  plateau  du  terrain  d’eau  douce 
supérieur. 

Les  fouilles  des  puits  constatent  pour  la  composition  de  ce  ter- 
rain d’eau  douce  supérieur  et  de  haut  en  bas  : i°  Terre  végétale  , 
humus,  limon  argilo-calcaire  , o m.  16  cent.  ) 2°  terre  rouge,  terre 
franche  argileuse  ,6  m.  5o  cent.  ; 3°  terre  brune,  argileuse  avec 
silex  zonés  en  masse,  ou  rognons  applatis , entiers  ou  fracturés , 
contenant  des  lymnées  et  des  gyrogonites,  5 m.  5o  cent.  ; 4°  marne 


SEPTEMBRE  1 85 1 . 


SÉANCES  DU  6 AU  11 


1 1 


et  calcaire  d’eau  douce  contenant  des  lymnées  et  des  gyrogonites, 
4 ra.  90  cent,  ; 5°  marne  graveleuse  (nappe  d’eau  des  puits  ) o m. 
65  cent.  ; 6°  marne  argileuse  verdâtre , o m.  3s  cent.  • total  18  m. 
o3  cent.  Plus  bas  on  a trouvé  les  sables  et  les  grès. 

Les  pentes  du  plateau  de  Thury  montrent  successivement  tou- 
tes ces  nuances  du  terrain  d’eau  douce  supérieur. 

Sur  la  pente  du  midi  on  trouve,  sous  ce  terrain  d’eau  douce,  les 
grès  marins  supérieurs  qui  reposent  sur  la  grande  masse  des  sables 
et  des  grès  (de  Fontainebleau). 

Les  coquilles  des  grès  marins  supérieurs  sont  toujours  intactes  et 
bien  conservées;  celles  de  la  grande  masse  de  sable  sont  usées  et 
semblent  avoir  été  roulées.  La  zone  de  sable  dans  laquelle  elles  se 
trouvent,  contient  ordinairement  une  quantité  immense  de  discor- 
bites. 

C’est  à Acy  , un  myriamètre  au  plus  au  midi , que  se  trouve  le 
trou  Saint-Pierre,  ce  gisement  de  fossiles,  connu  depuis  peu  d’an- 
nées seulement , et  qui  appartient  aussi  à la  grande  masse  des  sa- 
bles et  des  grès  (de  Fontainebleau). 

Revenant  à la  ligne  de  ma  coupe,  et  descendant  du  plateau  de 
Thury,  vers  l’ouest,  dans  le  vallon  de  la  Clergis,  on  retrouve  les 
sables  et  les  grès  marins  supérieurs  , et  au-dessous  la  grande  masse 
des  sables  et  des  grès.  Dans  la  longueur  de  ce  vallon,  et  dans  des 
endroits  où  tout  est  en  place,  on  voit  dans  la  partie  supérieure  de  la 
grande  masse  de  sable  , une  zone  de  sable  noir  de  trois  à quatre 
mètres  d’épaisseur*  Cette  zone  se  retrouve  dans  une  foule  d’endroits 
avec  une  très-grande  régularité,  soit  dans  les  escarpemens  , soit  sur 
les  pentes  et  ies  plateaux  sableux.  Ç’est  elle  qui  fournit  particuliè- 
rement le  sable  de  bruyère. 

Le  plateau  de  Leviguan  , élevé  de  140  mètres  au-dessus  de  l’O- 
céan , offre  la  même  formation  de  terrain  d’eau  douce  supérieur 
que  le  plateau  de  Thury.  Elle  y est  moins  épaisse  et  finit  prompte- 
ment à la  sortie  de  ce  village  du  côté  du  midi.  Aussi  trouve-t-on  à 
peu  de  distance  et  notamment  sur  la  grande  route  de  Paris  à Sois- 
sons , entre  la  29e  et  la  3ie  borne  milliaire,  des  roches  arénacées , 
classées  par  M.  Brongniart  dans  Jcs  grès  marins  supérieurs , tan- 
dis que  M.  Robert  les  place  parmi  les  grès  coquillers  marins  du 
calcaire  grossier. 

Les  sables  forment  lesol  de  toute  la  plaine  autour  de  Rouville  et 
d Ormoy-Emy-les-Champs,  à l’ouest  de  Leviguan.  On  y rencontre 
quelques  gisemens  de  coquilles,  qui  appartiennent  à la  même  for- 
mation que  les  grès  marins  supérieurs  de  Leviguan. 

Le  plateau  de  R.osicres  du  mont  Luats  est  élevé  de  109  mètres, 


12  SÉANCES  DU  6 AU  1 1 SEPTEMBRE  1 83 1 . 

Il  est  de  sable  surmonté  par  la  formation  d’eau  douce  supérieure , 
encore  semblable  à celle  de  la  plaine  de  Tlmry. 

La  butte  de  Montepilloy,  qui  n’est  qu’un  démembrement  du 
plateau  précédent,  n’a  plus  que  i3o  mètres  de  hauteur,  et  porte 
encore  sur  son  sommet  un  terrain  d’eau  douce,  qui  ne  me  paraît 
être  que  la  partie  inférieure  du  terrain  d’eau  douce  des  plateaux  de 
Rosières,  de  Levignan  et  de  Thury  • mais  M.  Eugène  Robert  le 
rapporte  au  terrain  d’eau  douce  moyen. 

La  butte  d’Aumont  n’est  que  de  sable,  et  n’est  élevée  que  de  121 
mètres.  Elle  a été  fortement  entamée  du  côté  du  midi,  ayant  four- 
ni depuis  environ  cent  cinquante  ans  la  matière  première  à la  ma- 
nufacture des  glaces  de  Saint-Gobain. 

La  partie  supérieure  de  la  formation  du  calcaire  grossier  marin 
est  exploitée  dans  la  petite  vallée  d’Àunette,  qui  sépare  la  butte  de 
Montepilloy  de  celle  d’Aumont. 

La  vallée  de  l’Oise  à Creil  est  creusée  dans  le  calcaire  grossier 
marin  et  les  argiles  figuline  et  plastique.  La  rivière  coule  dans  la 
craie.  Sur  le  chemin  de  Creil  à Verneuil  on  trouve  les  coquilles 
marines  et  fluviatiles  des  argiles  figulines  du  Soissonnais. 

Au  delà  de  l’Oise,  sur  la  rive  droite  , les  collines  deMontataire  , 
élevées  de  74  mètres  et  de  Mello  de  98,  font  partie  l’une  et  l’autre 
d’un  même  plateau  de  calcaire  grossier  marin  , dont  la  base  obser- 
vée dans  la  vallée  du  Therrain  , présente  encore  les  coquilles  ma- 
rines et  fluviatiles  des  argiles  du  Soissonnais. 

La  vallée  du  Therrain  , en  face  de  l’église  de  Mello  , est  élevée 
de  39  mètres.  La  craie  paraît  à peu  de  distance  sur  son  côté  droit , 
en  abordant  la  base  du  grand  plateau  de  craie,  qui  porte  Sainte- 
Geneviève-le-Vauroux,  le  Coudray-Saint-Germer  et  Saint-Germer. 

Toutes  les  observations  précédentes  constatent,  sur  la  ligne  de  ma 
coupe  géognostique  du  département  de  l’Oise,  la  présence  des  di- 
verses formations  du  bassin  des  environs  de  Paris . ou  au  moins  les 
indices  de  celles  qui  n’existent  point.  Mais  il  reste  à reconnaître  si 
au  passage  des  argiles  plastiques  à la  craie,  dans  les  vallées  du 
Therrain  et  de  l’Oise,  on  trouverait  ces  poudingucs  siliceux  de  la 
vallée  du  Loing  , si  abondans  entre  Nemours  et  Château-Landon  , 
et  appelés  terrain  élastique  par  M.  Brongniart.  Les  trois  localités 
déjà  connues  de  ce  dépôt  sont  à la  limite  du  bassin  de  Paris  , Ne- 
mours et  Moret , dans  la  vallée  du  Loing  • et  à peu  de  distance  de 
Creil , La  Morlaye , à l’ouverture  de  la  vallée  de  la  Thève  dans 
celle  de  l’Oise. 

Ces  mêmes  poudingues  supérieurs  à la  craie  se  trouvent  dans  la 
vallée  du  Loir,  de  Bonneval  à Châtcaudun , et  dans  la  vallée  de  la 


SÉANCES  DU  6 AU  11  SEPTEMBRE  1 83  1 . l3 

Couie  qui  descend  du  plateau  entre  Chartres  et  Orléans , et  vient 
s’ouvrir  dans  celle  du  Loir.  Ces  deux  localités  appartiennent  au  dé- 
partement de  l’Eure.  A une  grande  distance,  au  Nord,  dans  le  dé- 
partement de  l’Aisne,  près  de  Saint-Gobain,  on  retrouve  encore 
ces  mêmes  poudingues. 

Sous  la  terre  végétale  du  plateau  de  Thury,  j’ai  indiqué  par  les 
noms  vulgaires  de  terre  rouge,  terre  franche  argileuse  , un  limon 
de  six  à sept  mètres  d’épaisseur.  Cette  couche  limoneuse  neressem- 
ble  en  rien  à celle  qui  lui  est  inférieure.  Elle  ne  contient  point  de 
silex.  Appartient-elle  bien  au  terrain  lacustre  supérieur , au  groupe 
des  terrains  épilymniques  , ou  au  terrain  diluvien , au  groupe  des 
terrains  clysmiens  ? 

La  terre  végétale  du  haut  plateau  crayeux  de  Coudray-Saint-Ger« 
mer  contient  en  grande  abondance  des  galets  siliceux  qu’on  retrouve 
sur  tous  les  plateaux  de  craie  du  nord-est  du  département.  Ils  me 
semblent  appartenir  au  terrain  diluvien , mais  aux  galets  du  groupe 
des  terrai  ns  clysmiens  détritiques;  le  gravier  et  les  galets  de  la  vallée 
de  l’Oise  ne  peuvent  se  rapporter  qu’aux  terrains  alluviens  cail- 
louteux. 

Enfin , les  exploitations  des  tourbes  herbacées  des  vallées  de 
l’Ourcq  et  du  Therrain  constatent  l’existence  des  terrains  alluviens 
phytogènes.  » 

La  journée  du  7 est  occupée  par  l’inspection  des  points  de 
Bresle  et  de  Laversine. 

La  Société  visite  près  de  Rochecondé,  les  sables  argilo-marneux 
à grains  verts,  et  coquillers  qui  forment,  dans  les  environs  de  Beau- 
vais, la  base  du  calcaire  tertiaire  reposant  sans  autre  intermédiaire 
sur  la  craie.  Elle  y trouve  des  débris  de  Cucullées,  et  dans  une 
marne  brune  supérieure  à ces  sables , des  traces  de  lignite  , et  un 
mélange  de  coquilles  marines  et  d’eau  douce , accident  qui  rappelle 
les  argiles  à lignites  du  Soissonnais. 

La  Société  se  rend  à une  éminence  appelée  le  Mont-César  ( à 
l’est  du  bois  de  Quesnoy  ) , qui  domine  la  contrée  , et  est  formée 
des  mêmes  sables  tertiaires,  coquillers  et  à glauconie  , sur  lesquels 
est  placé  un  lambeau  de  calcaire  grossier. 

Elle  observe , au  milieu  des  marais  de  Bresles,  un  petit  mamelon 
des  mêmes  sables  qui  offrent  une  très-grande  quantité  de  fragmens 
brisés  de  Cucullées,  de  Pectoncles , de  Corbules,  de  Limes,  etc.  La 
grande  tourbière  de  Bresles  lui  offre  la  coupe  suivante  de  haut  en 
bas:  ï°  du  limon  calcaire  pétri  de  coquilles  terrestres,  2°  de  la  tourbe 
blanchâtre  mêlée  de  sable , 3°  de  la  tourbe  grise  à coquilles  fluvia- 


)4  SÉANCES  DU  6 AU  1 1 SEPTEMBRE  1 85 1 . 

tilcs  et  lacustres,  4°  de  la  tourbe  noire  ou  brune  à racines,  5°  de 
la  tourbe  compacte  bitumineuse  sans  débris  de  végétaux  et  à fer 
phosphaté , 6°  de  la  tourbe  brune  à restes  d’arbres  , tels  que  des 
feuilles  et  des  fruits  de  noisetiers , des  branches  et  des  troncs  de 
coudrier,  de  bouleau  , d’aulne.  D’après  la  collection  de  M.  Gra- 
ves , il  y a aussi  des  bois  de  cerf , de  chevreuil , de  cheval , de  castor 
et  d’aurochs,  70  de  la  tourbe  sableuse,  8°  de  l’argile  brune  ou  grise. 

Le  village  de  Laversine  offre,  au-dessus  de  la  craie  , un  lambeau 
très-petit  d’un  dépôt  calcaire  coquiller  qui  occupe,  d’une  manière 
fort  intéressante  , les  momens  de  la  Société. 

Ce  calcaire  est  compacte  , poreux  ou  friable , blanchâtre  ou  jau- 
nâtre et  plein  de  fossiles , la  plupart  en  moules  , tels  qu’une  es- 
pèce de  Lime  voisine  de  la  Lima  plicata  de  la  Tourraine  , une 
Arche  voisine  de  Y Area  clathrata  du  même  pays,  des  Lucines,  des 
Cerithes,  des  Trochus,  des  Turbos,  des  Pleurotomaires,  des  Cranies, 
des  Cidarites } des  Polypiers  , des  Spiropores,  etc.  Il  forme  un  es- 
carpement de  vingt  à trente  pieds  de  hauteur  , et  a environ  cent 
mètres  de  long  sur  vingt  de  largeur.  Il  est  divisé  en  bancs  peu 
distincts  ; néanmoins  lorsqu’on  peut  y apercevoir  les  joints  de 
stratification  , l’inclinaison  est  au  S.  O.  sous  i5°  , tandis  que  la  craie, 
qui  resort  à vingt  pas  de  là , incline  distinctement  au  S. 

La  masse  inférieure  du  dépôt  est  plus  compacte  et  renferme 
quelquefois  des  petits  nodules  irréguliers  d’un  silex  corné  grossier 
et  se  fondant  avec  la  masse  du  calcaire  , tandis  que  supérieurement 
elle  est  plus  tendre,  plus  jaunâtre  et  pétrie  de  Limes. 

Ce  dépôt  repose  positivement  sur  la  craie.à  Belemnites,  puisqu’on 
la  découvre  dans  le  fond  d’une  des  excavations  faites  dans  ce  cal- 
caire , dont  elle  est  séparée  par  un  petit  lit  d’un  pouce  environ  de 
marne  calcaire.  De  plus,  la  craie  se  montre  clairement  jusqu’à  la 
surface  du  sol,  dans  un  puits  creusé  à cinq  pas  du  pied  de  l’escarpe- 
ment du  calcaire  problématique.  Enfin  la  craie  se  montre  au  jour  à 
vingt  pas  à l’ouest;  tous  les  caveaux  d’une  grande  partie  du  vil- 
lage sont  creusés  dans  cette  roche  , et  la  plus  petite  portion  du  ha- 
meau est  bâtie  sur  le  calcaire  coquiller,  qui  a été  aussi  miné  pour 
des  celliers.  Il  paraît  donc  clair  qu’on  a là,  sur  le  bord  d’un 
vallon  très-évasé,  un  petit  lambeau  d’un  dépôt  placé  en  stratifica- 
tion discordante  sur  la  craie , et  adossé  contre  une  pente  du  vallon , 
ou  pour  parler  géologiquement,  dans  une  petite  anfractuosité 
d’un  rivage  crayeux.  Il  s’agissait  maintenant  de  déterminer  l’âge 
de  ce  dépôt;  les  fossiles  et  la  nature  minéralogique  de  la  roche 
pouvaient  être  les  seuls  guides.  Tout  le  monde  avoue  que  ce 
n’est  pas  du  calcaire  tertiaire  parisien  , puisque  la  roche  n’en  pré- 


SÉANCES  DU  6 AU  11  SEPTEMBRE  î85l.  l5 

sente  ni  les  fossiles,  ni  la  texture-  mais  plusieurs  personnes  sont 
d’accord  pour  y reconnaître  des  analogies  de  fossiles  et  de  contex- 
ture, soit  avec  certaines  roches  de  Valognes  et  de  Maëstricht , soit 
avec  le  calcaire  tertiaire  de  Bordeaux  et  les  faluns  en  général. 

Ce  serait  donc  un  dépôt  tertiaire  très-récent  qui  n’aurait  pas  été 
découvert  jusqu’ici , quoique  très-près  de  Paris.  D’un  autre  côté 
quelques  personnes,  en  admettant  cette  classification,  voyaient 
s’élever  dans  leur  esprit  des  doutes  sur  le  classement  véritable  de 
certains  calcaires  de  Valognes  et  surtout  de  Maëstricht.  Malgré 
l’ absence  des  Baculites  et  des  Bélemnites,  on  se  demandait  si  les 
assises  coquillères  des  souterrains  de  Maëstricht  placées  , d’après 
tous  les  observateurs , entre  la  craie  à silex  et  un  certain  calcaire 
évidemment  tertiaire  , ne  pourraient  pas  être  une  dépendance  du 
sol  tertiaire  supérieur , et  non  pas  de  la  craie.  La  présence  seule 
des  Bélemnites  ne  paraissait  même  pas  tout-à-fait  contraire  à cette 
idée  , puisque  cette  espèce  de  fossiles  de  la  pierre  de  Maëstricht 
a l’air  souvent  d’avoir  été  roulée,  et  que  M.  le  comte  de  Munster 
et  d’autres  personnes  en  ont  observé , ainsi  que  des  fossiles  secon- 
daires, dans  le  sol  tertiaire  supérieur  de  la  Westphalie.  De  plus, 
les  roches  particulières  de  Maëstricht  ont  toujours  offert,  à quel- 
ques membres  de  la  société,  un  air  de  parenté,  avec  les  grands  dé- 
pôts de  calcaire  tertiaire  supérieur  ou  calcaire  à coraux  de  l’Au- 
triche , de  la  Hongrie , de  la  Gallicie,  etc. 

Le  temps  ne  permet  pas  à la  Société  d’aller  voir , en  revenant  de 
Laversine,  au  nord  de  Bracheux,  une  petite  butte  composée  de  sa- 
bles verts  tertiaires  inférieurs  et  riches  en  coquilles.  M.  Graves  y 
cite  en  particulier  les  fossiles  suivans  : Voluta  depressa  Lam.  Cu- 
cullœa  crassalina , Venericardia  pectuncularis  et  multicostata  , 
Melania  plicatula  Desh.  Ostrea  bellovacina  , Cardium  hybridum 
Desh. , Cytherea  obliqua  et  bellovacina , Lucina  uncinata , scala- 
ris  et  grala  , Crassatella  sulcata , Corbula  longirostris  Desh. , 
Nuculafragilis  Desh.,  Lar  varia  fragilis  Def. , Cerithium  lacry- 
mabundum  Def.  Aucune  de  ces  coquilles  ne  se  rencontre , d’après 
M.  Graves,  dans  les  couches  ordinaires  du  calcaire  grossier,  et  il 
connaît  déjà  plus  de  dix  gisemens  semblables  à celui  de  Bracheux. 
Dans  quelques  uns,  le  sable  est  agglutiné  en  grès  dur,  qui  sert  de 
pavé,  alors  il  n’y  a plus  que  des  moules  de  coquilles. 

La  Société  se  rend  à Savignies , Saint-Germain-la-Poterie  et 
Saint-Paul. 

En  montant  de  Savignies  à l’O.  N.  O.  au  Mont-Benard  (228  mèt. 
de  hauteur  absolue  ),  clic  voit  successivement  resortir  les  couches 


G 


SÉANCES  DU  G AU  11  SEPTEMBRE  1 85 1 . 

principales  des  assises  supérieures  du  grès  vertj,  savoir  : des  assises 
assez  puissantes  de  grès  jaunâtre,  blanchâtre  et  rougeâtre  avec  des 
traces  de  minerai  de  fer,  des  marnes  argileuses  ; enfin , sur  le  plateau 
des  couches  d’une  excellente  argile  plastique  ou  à potier  , surtout 
grisâtre  et  à pyrites  : on  y observe  dans  certains  lits  des  petites 
bivalves  ( Corbules  et  Nucules),  et  des  traces  végétales.  L’inclinaison 
de  toutes  ces  couches  est  au  N.  E.  sous  22,0. 

D’après  M.  Graves  , les  couches  composant  le  Mont  Bénard , 
ne  sont  pas  continues  dans  toute  la  butte  et  n’y  ont  pas  non  plus 
une  épaisseur  semblable.  Malgré  cette  irrégularité  il  pense  pou- 
voir en  dresser  la  coupe  suivante  de  haut  en  bas  : 

Sable  jaunâtre  ferrugineux  mêlé  d’argile  marbrée  rousse  et 
blanche , sable  gris  micacé  à argile  jaunâtre  et  grès  en  fragmens  , 
ce  banc  contient  un  niveau  d’eau,  argile  rougeâtre  ou  grès  ferru- 
gineux à mica , argile  bleue  dite  terre  à grès  contenant  des  pyrites 
ou  lignites , Y Ammonites  splendens  , Deluci,  Lcimberti , Le<we - 
siensisj  Mantelli,  dentatus , tuberculatus , hippocastanum , Hamites 
intermedius  et  compressus , Nucula  pectinata  et  producta,  Ino - 
ceramus  concentricus , Pecten  quinque-costatus  et  Squalus , Rostel- 
laria  carinata  Mantell.  etc, , banc  qui  serait  le  Gault , argile  grise, 
plus  douce  sans  fossiles , grès  ferrugineux  avec  bois  fossile , sable 
gris,  argile  grise  dite  la  terre  à plombeur,  banc  qui  serait  d’après 
M.  Graves  fluviatile  comme  le  précédent,  enfin  du  grès  vert. 

De  ce  lieu  la  Société  se  rend  à Courcelles  dans  une  localité  où 
le  chemin  creux  laisse  voir  de  nouveau  les  couches  jaunâtres  et 
arénacées  du  grès  vert } tandis  que  plus  loin  dans  un  champ  près 
de  Ville  en  Bray , l’on  peut  voir  des  couches  coquillères  qui  oc- 
cupent dans  le  grès  vert  , une  place  plus  inférieure  sous  la 
marne  bleue.  Ce  sont  des  grès  verts  calcaires  en  partie  à ciment 
de  spath  calcaire  ( Grit  des  Anglais)  avec  des  impressions  res- 
semblant un  peu  à de  grands  Fucoides  branchus?  et  des  luma- 
chelles  arénacées'à  grains  verts  et  à petites  Huitres,  Anomies,  Poly- 
piers, etc. 

M.  Graves  place  entre  ces  deux  dernières  roches  une  argile 
verdâtre  et  il  cite  dans  le  grès  vert  spathisé  la  Trigonia  scabra  et 
rugosa , la  Mya  mandibulata , des  Cucullées  et  des  Huitres.  Ce  banc 
forme  ailleurs  des  assises  puissantes. 

La  Société  revoit  à Lafresnoy  de  grandes  carrières  de  grès  vert 
supérieur,  offrant  du  grès  jaunâtre  à traces  de  végétaux  en  partie 
changés  en  fer  hydraté  et  à impressions  ; et  inclinant  au  N-E.  Cette 
masse  paraît  être  intercalée  entre  deux  assises  d’argile  dont  l’in- 
férieure ressort  non  loin  de  là. 


SEANCES  DU  G AU  1 1 SEPTEMBRE  1 83 1 * ij 

Après  une  promenade  au  milieu  du  bois  de  Ville  en  Bray,  la  So- 
ciété monte  sur  les  hauteurs  pelées  et  couvertes  de  bruyères  près  de 
St-Germain-la-Poterie  ( 1 64  met.  de  hauteur  ),  pour  y observer  un 
vaste  dépôt  de  minerai  de  fer  oolitique  exploité  et  appartenant  au 
grès  vert  supérieur.  Elle  voit  ce  fait  avec  d’autant  plus  de  satisfaction 
qu’on  ne  peut  pas  en  désirer  d’exemple  plus  distinct.  D’après  M.  Gra- 
ves, ce  minerai  entouré  de  sable  rubanné  jaune  se  trouve  à B.ainvil- 
îers,  repose  sur  une  argile  à potier  pétrie  de  coquilles  marines,  et 
renferme  des  morceaux  de  fer  hydraté  ocreux  à fossiles  marins. 

Le  retour  à Beauvais , offre  encore  à la  Société  l’occasion  de  voir 
entre  Goincourt  et  Saint  Paul,  à la  Sablonnière  de  Saint-Paul,  une 
autre  dépendance  curieuse  du  grès  vert,  telle  que  les  couches  qui  re- 
présentent en  grande  partie  à Beauvais  les  couches  fluviatiles  de  la 
foret  de  Tilgate  en  Angleterre.  La  Société  y remarque  des  escarpe- 
mens  assez  grands  d’un  grès  fin  , blanchâtre  ou  jaunâtre  à impres- 
sions végétales  monocotyledons  et  même  à fougères  (Pecopteris  reti- 
(Cw/atoMantell.  ou  Lonchopteris y Ad.  Brong.)et  audessus  des  couches 
marneuses  avec  des  lits  d’une  marne  ferrugineuse  jaune,  brune 
à petits  grains  de  fer  oolitique  et  à coquilles  marines , soit  bivalves, 
soit  univalves,  telles  que  la  Trigonia  cilœformis  Sow.,des  Nucules, 
des  Thethis  Sow.  et  des  moules  intérieurs  difficiles  à classer. 

Le  9 , la  Société  se  rend  à Gournay,  par  Savignies,  Hanvoile 
et  Hecourt. 

M.  Graves  lui  fait  observer,  près  de  Glatigny,  que  la  craie 
repose  sans  l’intermédiaire  de  la  craie  chloritée  sur  le  grès  vert 
supérieur  ou  ferrugineux.  Ce  fait  se  répète  sur  toute  la  lisière 
nord-est  du  pays  de  Bray. 

Dans  le  village  d’Heraulle  près  d’Hanvoilc  , la  Société  observe 
dés  argiles  grises  à potier  et  smectiques,  qui  renferment  les  mêmes 
empreintes  de  fougères  que  le  grès  de  la  sablonnière  de  Saint-Paul, 
ainsi  que  des  Ammonites  et  divers  moules  de  petites  bivalves; 
telles  que  des  Nucules  et  des  Corbules.  Ce  sont  encore  des  dé- 
pendances du  grès  vert  se  trouvant  sur  le  même  horizon  géologi- 
que que  l’argile  de  Savignies. 

Au  dessus  d’Hanvoile , la  société  observe , dans  une  carrière , du 
grès  vert  calcaire,  et  des  calcaires  arénacés  jaunâtres,  à petites  Ano- 
mies, Peignes,  Modioles  etc. , appartenant  aussi  au  grès  vert  in- 
férieur. On  y trouve  des  masses  non  en  place  de  lumaclielles  bleues 
à petites  Gryphées,  et  à Vembé  prés  de  Gerberoy,  des  lumaclielles 
a Anomies. Un  membre  remarque  des  blocs  d’une  lumachelIeàPa- 
ludines  semblable  au  marbre  de  Sussex.  M.  Graves  n’a  encore 
trouvé  cet  te  roche  qu  en  blocs  et  généralement  aux  points  de  contact 

Soc.  Gdol.  Tome  II.  2 


l8  SÉANCES  DU  6 AU  11  SEPTEMBRE  1 85 1 . 

des  sables  ferrugineux  et  du  grès  vert  inférieur,  soit  au-dessus 
d’Hanvoilc  , soit  à Hannaches,  mais  il  ne  doute  pas  qu’on  ne  la  dé- 
couvre un  jour  en  place,  dans  le  pays,  comme  c’est  le  cas  pour 
les  blocs  d’autres  lumachelles. 

En  moutautau  plateau  du  moulin  de  Bois-Aubert  ou  de  Senantes, 
quelques  membres  voient  des  affleuremens  de  marnes  grises  et 
bleuâtres  inclinant  au  N.  E.,  tandis  que  les  blocs  couvrant  les 
champs  et  les  carrières,  indiquent  que  le  plateau  est  formé  de 
calcaire  compacte  blanc  à aspect  lithographique , mais  non  feuil- 
leté et  couvert  d’une  lumachelle  rosâtre  pétrie  d’une  espèce  de 
petite  Gryphée  très-voisine,  si  ce  n’est  l’identique  de  celle  appelée 
Gryphea  virgula.  L’inclinaison  très  faible  des  couches  y est  au 
contraire  au  N.  O.  et  reste  ainsi  jusque  vers  Gournay. 

En  se  rendant  au  village  de  Hecourt,  la  Société  a occasion  encore 
de  voir  des  affleuremens  d’alternats  d’argile  bleuâtre  ou  noirâtre 
et  de  lumachelle  bleuâtre  à petites  Gryphées.  Elle  rencontre  aussi 
beaucoup  de  blocs  de  ces  lumachelles  et  y observe  des  grandes 
Hui  très,  des  Ammonites,  des  Térébratules  etc. 

M.  Graves  a déterminé  dans  les  lumachelles  les  fossiles  suivans  : 
Gryphea  virgula  Defr.  ou  angusta  Lam.,  Y Ostrea  gregarea  Sow., 
Trigonia  nodulosa  Lam.  , Perna  aviculoides  Lam.  , Ammonites 
contractas  Blainville  et  coronatus  Schloth,  Gryphea  latissima 
et  Cidarites  crenularis  Lam.  Les  deux  premiers  fossiles  forment 
la  grande  masse  de  la  roche. 

Sous  la  conduite  de  M.  Langlois  de  Beauvais , la  Société  va  voir 
dans  sa  propriété,  au  N. O. de  ce  village  un  puits  percé  à travers  les 
lumachelles  et  le  calcaire  compacte  jusqu’à  la  profondeur  de 
quarante  pieds.  D’après  le  rapport  de  ce  propriétaire , espérant 
trouver  delà  houille,  les  ouvriers  se  seraient  arrêtés  dans  une  roche 
bleuâtre  très  dure  , dont  M.  Graves  conserve  des  échantillons  rap- 
portés par  les  ouvriers  , et  ramassés  par  Jui  dans  les  déblais  du  puits. 

La  Société  n’en  peut  malheureusement  trouver  aucune  trace  , 
mais  elle  reconnaît  bien  positivement  dans  la  collection  de 
M.  Graves  que  cette  roche  est  un  calcaire  intermédiaire  à encl  ines 
identique  avec  ceux  de  la  Belgique  et  de  Marquise  en  Picardie. 

Quoi  qu’on  puisse  élever  des  doutes  sur  ce  rapport  d’ouvriers, 
et  que  les  échantillons  n’aient  pas  été  détachés  par  M.  Graves 
lui-même,  il  n’en  serait  pas  moins  important  de  vérifier,  s’il  est 
possible,  cette  curieuse  observation.  Si  elle  était  vraie,  des  crêtes 
ou  des  proéminences  de  terrain  ancien  perçant  à travers  les  dépôts 
secondaires  les  plus  modernes  ou  s’étant  trouvées  assez  élevées, pour 
n’être  pas  recouvertes  par  eux,  seraient  peut-être  les  causes  de  ces 


SÉANCES  ru  6 AU  11  SEPTEMBRE  1 85 1 . i q 

dos  d’âne  que  forment , soit  dans  cette  contrée,  soit  dans  le  sud- 
est  de  l’Angleterre  , les  couches  du  grès  vert , de  la  craie  et  même 
des  dernières  assises  jurassiques.  D’autres  personnes  y voient  plu- 
tôt des  motifs  suffisans  pour  la  supposition  de  soulèvemens.  Tel  est 
l’objet  des  discussions  de  la  Société  pendant  le  reste  de  cette  soirée  ; 
mais  un  autre  fait  assez  problématique  appelle  son  attention. 

Non  loin  de  ce  puits  de  M.  Langlois  , ce  propriétaire  conduit  la 
Société  dans  une  prairie  où,  pour  établir  un  étang,  il  avait  fait  faire 
une  tranchée  assez  profonde  dans  le  soi.  Il  avait  coupé  des  alter- 
nats d’une  marne  noire  bleuâtre  à pyrites  et  à huîtres  qui  parais- 
sent en  partie,  à quelques  personnes,  malgré  la  médiocrité  des 
échantillons,  voisines  de  Y Ostrea  deltoidea.  Mais  M.  Graves  ne 
partage  pas  cette  opinion.  Certains  membres  de  la  Société  veu- 
lent reconnaître  en  conséquence  l’argile  de  Dives  ou  de  Kim- 
meridge,  dans  ce  dépôt  , placé  en  effet  sur  un  niveau  plus 
élevé  que  les  lumachclles  du  puits.  Ce  classement  pourrait  bien 
être  le  véritable;  car  on  retrouve  aussi  en  Angleterre,  sous  et 
dans  l’argile  de  Kimmeridge  des  lumachclles  à Gryphées  virgules; 
ce  gisement  serait  alors  analogue  à celui  d’Oxford , où  les  couches 
de  Portland  sont  simplement  représentées  par  certaines  couches 
arénacées  coquillères  qu’on  n’a  pu  séparer  du  grès  vert  que  par 
suite  du  soin  minutieux,  avec  lequel  les  Anglais  ont  examiné  le 
détail  des  couches  secondaires  récentes.  Mais  le  temps  pressait  et 
la  Société  aurait  été  obligée  de  retourner  fort  loin  sur  ses  pas  pour 
voir  si  elle  pouvait  adopter  cette  idée  en  pleine  conviction  , ou  si 
ces  argiles  n’étaient  encore  que  des  dépendances  inférieures  du 
grès  vert.  Elle  regrette  de  n’avoir  pu  donner  assez  d’attention  , à 
cause  du  mauvais  temps , aux  affleuremens  sur  le  versant  sud-est 
du  plateau  de  calcaire  lithographique. 

Le  10,  la  Société  retourne  de  Gournay  à Beauvais  par  la 
grande  route. 

Elle  voit  en  chemin,  à Epaubourg,  la  belle  exploitation  d’ar- 
gile plastique  grise,  jaune  et  rouge  : dépôt  évidemment  dépen- 
dant du  grès  vert  comme  le  prouvent  les  affleuremens  qui  parais- 
sent çà  et  là  sur  la  route  , et  l’absence  totale  de  l’argile  plastique 
tertiaire  près  de  Beauvais. 

A Saint-Gertner  , la  Société  observe  des  grès  ferrugineux  en 
plaquettes;  et  au  lieu  dit  le  Becquet,  près  de  Saint-Gcrmer  , elle 
examine  un  dépôt  pyriteux  très-récent,  et  exploité  pour  une  fa- 
brique de  couperose.  Sous  la  tourbe  ordinaire  et  le  limon  for 


20  SÉANCES  DU  f>  AU  11  SEPTEMBRE  1 85  1 • 

niant  ensemble  une  épaisseur  de  quinze  pieds,  on  rencontre  des 
bois  en  général  très-faiblement  bituminisés  et  appartenant  évi- 
demment à des  espèces  croissant  dans  le  pays  tels  que  le  bouleau , 
le  saule , le  coudrier  et  le  noisetier.  L’écorce  de  ces  troncs  est  sou- 
vent intacte  ; et  on  y voit  meme  des  noisettes.  Plus  bas  au  dessus 
de  ces  bois,  empâtés  dans  un  gravier  noirâtre  et  incrusté  de  fer 
sulfuré,  il  y a,  d’après  MM.  Graves  et  Bineau , une  couche  de 
lignite  friable  alunifère,  ayant  3 pieds  d’épaisseur  ; enfin  , un  lit 
de  galets  siliceux  noirâtre  de  3 pieds.  Malheureusement  l’eau  rem- 
plissait les  excavations.  Quelques  membres  vont  visiter  plus  loin 
un  autre  amas  tout-à-fait  semblable,  près  de  Goincourt , et  sont 
assez  heureux  pour  y trouver  une  coupe  présentant  20  pieds  de  li- 
gnite pyriteux  , 3 pieds  de  galets  noirs  et  3 pieds  de  lignite  pyri- 
te ux.  D’après  M. Graves,  on  y distinguerait  une  couche  d’arbres  ren- 
versés (2  met.),  de  la  tourbe  noire  compacte  (25  centim.),  du  gra- 
vier vitriolique  fin  ( 2 mèt.  ),  du  gravier  semblable  grossier  avec 
des  silex  de  la  craie  (60  centim.),  des  galets  siliceux  à pyrites  avec 
des  oursins  silicifiés,  et  de  l’argile.  Des  ossemens  de  chevaux  , de 
bœuf  et  de  chevreuil  se  trouvent  dans  ces  deux  dépôts. 

L’opinion  la  plus  générale,  dansla  Société, est  quec’esL  un  sédiment 
alluvial  ou  lacustre,  sur  lequel  s’est  formée  postérieurement  de  la 
tourbe,  mais  ce  sédiment  doit  être  fort  ancien,  puisqu’il  participe 
à la  coupure  de  la  vallée. 

L’après-midi  est  employé  à visiter  en  détail  la  belle  collection 
de  M.  Graves , où  la  Société  voit  avec  le  plus  grand  intérêt  , 
outre  toutes  les  roches  de  l’Oise  , groupées  géologiquement, 
une  nombreuse  et  superbe  suite  de  fossiles  très  - bien  classés. 
Parmi  ces  derniers  on  remarque  beaucoup  d’ossemensde  rumi- 
nans  (bœufs,  cerfs)  trouvés  dans  les  tourbières.  M.  Graves  a des 
doubles  en  assez  grande  quantité  pour  qu’il  veuille  bien  en  pro- 
mettre à la  Société  un  envoi  considérable.  Il  fait  la  proposition 
d’adresser  une  circulaire  générale  aux  membres  pour  les  enga- 
ger à enrichir  les  collections  de  la  Société  ,et  de  leur  indiquer 
en  général  les  objets  qui  pourraient  être  utiles. 

M.  Graves  montre  en  particulier,  à la  Société,  une  craie  jaune 
de  Hedencourt  (canton  deFroissy)  qui,  par  son  aspect  et  sa  na- 
ture cristalline  avait  l’air  magnésienne,  ce  qui  ne  se  trouve  pas 
vérifié  à cause  de  l’effervescence  vive  qu’elle  fait  avec  les  acides. 

Quant  aux  dents  de  cheval  que  M.  Graves  a recueillies  dans 
un  bloc  de  craie  près  de  Beauvais  , il  reconnaît  lui -même 


SÉANCES  DU  6 AU  1 1 SEPTEMBRE  1 85  ï . 2 J 

combien  ce  fait  est  douteux,  et  il  regrette  qu’on  en  ait  fait 
mention  publiquement.  La  Société  s’assure  que  la  craie  en- 
tourant les  dents  est  moins  fortement  aggrégée  qu’à  l’ordi- 
naire, de  manière  qu’elle  a plutôt  l’air  d’un  limon  crayeux,  qui 
aurait  enveloppé  ces  dents  , qui  seraient  tombées  accidentelle- 
ment dans  une  petite  fente  ou  empâtées  dans  la  surface  délayée 
d’un  bloc  de  craie.  D’ailleurs  elles  ne  sont  nullement  fossilisées. 

Après  l’examen  de  la  collection  de  M.  Graves , la  séance  est 
ouverte  par  la  présentation,  au  nom  de  M.  Buckland,  d’une  suite 
nombreuse  de  divers  Goproiites,  tant  en  moules  qu’en  nature  , 
et  d’un  mémoire  extrait  du  volume  , sous  presse  , de  la  Société 
géologique  de  Londres  intitulé  : « Sur  les  restes  d’éléphans  et 
d’autres  quadrupèdes  trouvés  dans  le  limon  gelé  de  la  baie 
d’ Eschsclioltz  dans  le  détroit  de  Bering  t et  sur  d’ autres  rivages 
des  mers  arctiques . » 

11  est  fait  lecture  d’une  lettre  de  M.  de  Montlosier,  qui  té- 
moigne tout  l’intérêt  qu’il  porte  encore  à la  science. 

. On  lit  le  mémoire  suivant  de  M.  Teissier  d’Ànduzc,  intitulé  : 
Note  sur  une  grotte  à ossemens  près  d'Anduze,  département 
du  Gard,  mémoire  accompagné  d’un  envoi  d’ossemens  fossiles. 

<f  11  y a quelques  jours  qu’on  a découvert,  à deux  lieues  au  nord- 
est  d’Anduze  , dans  la  commune  de  Mialet,  une  grotte  à ossemens 
dans  le  calcaire  jurassique  caverneux.  Cette  caverne  s’appelle  la 
Grotte  du  Fort  • elle  est  célèbre  dans  le  pays , parce  que,  pendant 
les  guerres  des  Camisards,elle  servit  souvent  de  lieu  de  refuge  ou 
d’assemblée  aux  pasteurs  et  aux  liabitans  persécutés. 

Ces  ossemens,  dont  une  partie  m’a  été  donnée,  me  paraissent 
appartenir  à l’ours  des  grottes  ( Ursus  spelœus ) • et  j’adresse  à la 
Société  une  moitié  gauche  de  maxillaire  inférieure  ; un  fragment 
de  maxillaire  supérieur  du  même  côté  , l’un  et  l’autre  garnis  de 
dents  ’ une  seconde  vertèbre  cervicale  ; une  partie  inférieure 
d’humérus  3 un  fragment  de  fémur  et  de  tibia  • deux  rotules  , un 
calcanéum,  un  os  du  métatarse;  plusieurs  dents  détachées;  une 
phalangette  de  l’extrémité  delà  griffe,  et  un  cône  évidé,  qui  paraît 
avoir  été  un  ongle,  ou  n’est  peut-être  qu’un  débris  de  dent. 

La  caverne  où  ces  ossemens  ont  été  trouvés  est  spacieuse  et 
élevée.  Les  ossemens  reposent  sur  le  sol , empâtés  dans  un  limon 
argilo-  ferrugineux.  Ces  ossemens  ont  été  aperçus  après  quelques 
coups  de  bêche  donnés  sans  dessein  ; de  sorte  que  , quoique  les 


22  SÉANCES  D1J  G AU  11  SEPTEMBRE  1 85 1 . 

recherches  se  soient  bornées  là , on  peut  être  assuré  que  la  grotte 
en  contient  une  grande  quantité. 

Eu  élevant  les  flambeaux  vers  la  voûte,  on  aperçoit  qu’un 
limon  pareil  à celui  du  sol  est  resté  attaché  en  plusieurs  endroits 
aux  rochers  du  plafond , et  que  ce  limon  empâte  beaucoup  de 
fragmens  osseux.  O11  peut  donc  penser  que  la  grotte , primi- 
tivement vide,  a été  remplie  de  [limon  mêlé  d’ossemens  par 
une  action  violente,  celle  des  eaux  sans  doute  ; que,  postérieure- 
ment , l’action  des  eaux  agissant  en  sens  contraire , a déblayé  une 
partie  de  ce  dépôt  delà  caverne;  cependant  une  partie  de  ce  mélange 
d’ossemens  et  de  terre  est  restée  attachée  aux  parois  et  à la  voûte 
de  la  caverne  comme  un  monument  des  révolutions  qui  s’y  sont 
succédées.  L’observation  de  ces  ossemens  attachés  à la  voûte,  ne 
détruit  elle  pas  l’opinion  de  ceux  qui  pensent  exclusivement  que 
les  animaux  ont  vécu  dans  les  grottes , où  l’on  trouve  leurs  débris? 

Il  est  une  autre  remarque  tout  aussi  curieuse  : c’est  que  sur  le 
limon  où  les  ossemens  sont  empâtés,  et  sous  un  petit  avancement 
de  rocher  on  a trouvé  un  squelette  humain.  Auprès  de  ce  sque- 
lette était  une  figurine  en  terre  cuite  (argile  jaune  fine  ) représen- 
tant un  romain  vêtu  de  la  tunique  , et  drapé  de  son  manteau  qu’il 
relève  de  la  main  gauche  : il  a les  bras , les  jambes  et  la  tête  nus  , 
le  front  découvert,  et  les  cheveux  coupés  à la  Titus.  Cette  figurine 
de  six  pouces  de  hauteur,  évidée  à l’intérieur,  et  pénétrée  en  cer- 
tains endroits  par  le  limon  de  la  caverne,  est  en  la  possession  de 
M.  Miergue,  chirurgien  de  cette  ville;  si  la  Société  le  désire,  je 
pourrai  lui  en  envoyer  un  dessin. 

Ce  squelette , cette  figure  en  terre  cuite  parfaitement  conser- 
vée, ces  ossemens  et  les  circonstances  de  leur  position  relative, 
peuvent  jeter  quelque  jour  , comme  la  Société  le  sentira  parfaite- 
ment , sur  la  question  soulevée  par  MM.  Tournai  et  de  Chris  toi 
au  sujet  des  cavernes  de  Bize , de  Souvignargues , dans  les- 
quelles ils  ont  trouvé  des  ossemens  d’espèces  animales  perdues , 
des  ossemens  humains  et  des  débris  de  poterie.  » 

La  Société,  en  remerciant  M.  Teissier,  le  prie  d’envoyer 
un  dessin  de  la  figurine. 

La  lecture  d’autres  notices  est  renvoyée,  faute  de  temps,  aux 
séances  ordinaires. 

Le  reste  de  la  séance  est  employé  â discuter  les  observations 
faites  sur  la  stratification  et  la  composition  du  sol  secondaire 
de  Beauvais. 

M.  Cordicr  en  esquisse  un  profil , et  fait  voir  le  peu  de  rai 


SÉANCES  DU  6 AU  11  SEPTEMBRE  1 85 1 . 


23 


sons  qui  paraissent  militer  en  faveur  de  la  supposition  que  le 
pays  de  Bray  est  l’axe  central  d’un  soulèvement  qui  aurait  cour- 
bé en  dos  d’âne  toutes  les  couches  de  la  craie , du  grès  vert  , 
ainsi  que  du  calcaire  jurassique  tout-à-fait  supérieur.  Toutes  ces 
masses  n’offrent  que  des  inclinaisons  très-faibles  , et  paraissent 
être,,  par  conséquent,  dans  leur  position  originaire. 

La  Société  pense  qu’il  serait  convenable  de  faire  lithogra- 
phier d’après  les  observations  précédentes  une  coupe  des  cou- 
ches entre  Beauvais  et  Gournay  (Voyez  Planche  I,  fig.  1 ), 

Le  tableau  suivant  offre  l’ordre  approximatif  que  la  Société 
croit  entrevoir  dans  la  succession  des  couches  observées  : 


ÉTAGE 

DE  LA  CRAIE 
PROPREMENT  DITE. 
ÉTAGE 

DES  SABLES  VERTS. 


ETAGE 
DES  SABLES 
FERRUGINEUX. 


ÉTAGE 

DES 

GRÈS  VERTS. 


ÉTAGE 

DES  MARNES 
PETITES  GRYPHÉES. 


( Craie  blanche  à lits  el  filons  de  silex.  ( Entre  Beauvais  et 
< Saint-Martin-le-Nœud.) 

( Craie  dure  ou  calcaire  crayeux.  (Flambermont.) 

| SableSavStsnS  Ve'  tS‘ } tchâteau  de  Sénefontaine.) 

'Argile  lie  de  vin  bigarrée.  (Epaubourg)  ? 

Sables  quarlzeux/rouges,  roses  et  jaunâtres,  avec  minerais 
de  fer.  (Savignies.) 

Sables  blancs  ou  roussâtres.  (A  l’ouest  de  Savignies.) 
Couches  de  minerai  de  fer.  (Mont  Bénard.) 

1 Argile  de  Savignies.  (Mont  Bénard.) 

] Argile  à coquilles  marines.  ( Bois  de  Craine  , près  de  l’Hé- 
raulle.) 

\ Sable  ferrugineux. 

| Minerai  de  fer  en  grains.  (Saint-Germain-la -Poterie.) 

| Minerai  de  fer  coquiller.  (Saint-Paul.) 

I Sable  et  grès  blanc  à fougères.  (Sablonnière  de  St-Paul.) 

I Argile.  ( Venancourt,  Ons  en  Bray.)? 

! Sables  et  grès  ferrugineux.  (Lafresnoy.} 

1 Argile  à foulon.  (Lafresnoy.) 

' Argile  à foulon.  (Hanvoille.)  ? 

Argile  jaunâtre.  (A  l’ouest  d’Iïanvoille.) 

Grès  vert.  (A  l’ouest  d’IIanvoilîe.) 

Lumachelle  grise  à grosses  paludines. 

Marnes  et  argiles  grises  et  bleuâtres,  avec  des  lits  de  luma- 
chelles  à petites  huîtres  ou  anomies.  ( A l’ouest  d’Han- 
voille  et  Courcelles.) 

Marnes  et  argiles  grises,  à petites  huîtres  ordinaires.  (Hé- 
court.  ) 

Argile  marneuse  noirâtre  à huîtres.  (Ilécourt.) 

Lumachelle  grise,  à petites  gryphées.  (Ilécourt.) 
Lumachelle  rougeâtre  , à gryphées  virgules.  ( Plateau  cul- 
minant de  Senantes.) 

Calcaire  compacte  argilifère  blanc  jaunâtre.  (Sur  le  même 
plateau.) 


Avant  de  sc  séparer, la  Société  charge  le  Bureau  d’être  son  orga- 
ne auprès  de  M.  le  préfet  de  l’Oise,  pour  le  remercier  d’avoir  mis 
â la  disposition  de  la  Société  une  salle  pour  tenir  ses  séances. 


séance  nr  7 Novembre  i 83 i . 


24 


SÉANCES  ORDINAIRES  A PARIS. 

— » 9 m* _ 

Séance  du  7 novembre  1831. 

M.  Gordier  occupe  le  fauteuil. 

Le  procès-verbal  des  séances  extraordinaires  tenues  à Beau- 
vais est  lu  et  adopté. 

Le  président  proclame  membre  de  la  Société: 

M.  J. -A.  Delpon,  député,  présenté  par  MM.  Meyranx  et 
Boué. 

Il  est  fait  hommage  à la  Société  des  ouvrages  suivans  . 

i°  De  la  part  de  la  Société  d’histoire  naturelle  de  Strasbourg, 
de  la  première  livraison  du  premier  volume  de  ses  Mémoires , 
avec  la  promesse  d’envoyer  la  seconde , maintenant  sous 
presse. 

20  De  la  part  de  la  Société  industrielle  de  Mulhouse,  du  nu- 
méro 20  de  son  Bulletin . 

3°  De  la  part  de  la  Société  d’agriculture  , des  sciences  et  des 
arts  du  département  de  l’Aube , des  numéros  38  et  §9  de  ses 
Mémoires. 

4°  De  la  part  de  la  Société  géographique  de  Paris , des  nu- 
méros 99  et  100,  de  son  Bulletin. 

5°  De  la  part  de  M.  Bailly  de  Merlieux , des  numéros  7,8, 
9 , et  10  de  son  Mémorial  encyclopédique. 

6°  De  la  part  de  M.  Brongniart,  d’un  Mémoire  sur  une 
excursion  à Londonderry,  Tyrone  et  Doivne  en  Irlande  par 
M.  Giesecke , (in-8°  en  anglais  ). 

70  De  la  part  de  M.  Girardin , d’un  rapport  sur  l'emploi  de 
la  gélatine  des  os  dans  le  régime  alimentaire  des  pauvres  et 
des  ouvriers  i83i). 

8°  De  la  part  de  M.  de  la  Bêche,  de  son  Manuel  géologique, 


SÉANCE  DU  7 NOVEMBRE  1 83 1 . $5 

( Geological  M annal),  in-8°de  536  pages,  avec  des  vignettes 
(Londres,  1 85 1 ) . 

q°  De  là  part  de  M.  Delpon  , de  sa  Statistique  du  dépar- 
tement du  Lot , in-4°  de  534  pages  (Paris  , i85i.) 

io°  De  la  part  de  M.  Moreau , du  numéro  9 du  premier  vo- 
lume de  son  Journal  des  travaux  de  /’ académie  et  de  l* in- 
dustrie agricole , manufacturière  et  commerciale. 

Il  est  présenté  par  M.  Boué;  i°  un  Mémoire  sur  les  eaux  mi- 
nérales en  général,  et  un  tableau  de  880  des  sources  miné- 
rales et  salines  les  pl^is  connues  en  Allemagne , en  Suisse  et 
dans  les  pays  environnans,  avec  des  tables  contenant  plus  de 
a5o  analyses  (Abhandlungvon  den  Miner alquellen  etc.),  par 
le  Dr  C.  Stucke  ave  une  carte  géologique  des  sources  de 
l’ Allemagne  en  4 feuilles,  in-folio  de  1 10  pages  (Cologne  i85i.) 

L’auteur  y distingue  17  espèces  de  sources  5 savoir:  dans  la  classe 
des  eaux  thermales,  les  eaux  sulfureuses  à natron,  à sel  de  glauber, 
à muriate  de  soude  et  à élémens  chimiques  indifférens  ) dans  celle 
des  eaux  froides  minérales,  les  eaux  sulfureuses  ferrugineuses, à na- 
tron, à muriate  de  soude  ou  acidulées,  à sel  de  glauber,  à muriate 
de  magnésie  et  à muriate  de  soude  \ enfin  il  y joint  les  eaux  salées 
proprement  dites,  les  sources  de  naphte,  les  bains  de  mer,  les  eaux 
minérales  artificielles  et  les  bains  de  boue. 

20  Des  Observations  sur  les  fossiles  du  calcaire  intermédiaire 
de  l’Eifel,  ( Bemerkungen  uber  die  V ersteinerungen  etc.),  par 
M.  Steininger , in-4°  de  44  pages , à Trêves.  L’auteur  promet 
d’y  ajouter  les  figures  des  nouvelles  espèces  indiquées. 

M.  Rozet  écrit  de  Châlons-sur-Saône  qu’il  a adressé  à la 
Société  deux  caisses  contenant  toutes  les  roches  et  les  fossiles 
récoltés  dans  le  pays  d’Alger. 

M.Bertrand-Geslin  offre  à la  Société  des  suites  de  roches  du 
Poitou  , de  Fontenay  et  de  la  Rochelle  , et  annonce  qu’il  a con- 
fronté, avec  MM.Fleuriau  de  Bellevue  et  Lajonkaire  , les  clas 
semens  des  calcaires  de  la  Rochelle  proposés  d’un  côté  par 
M.  Dufresnoy,  et  de  l’autre  par  MM.  Gressac  etManès.  Il  se  pro- 
nonce pour  ce  dernier,  parce  qu’entre  la  pointe  des  Minimes  et 
celle  de  Duché  il  n’a  pas  pu  trouver  des  argiles  bleues  comparables 


SU  SÉANCE  DU  7 NOVEMBRE  1 85 1 . 

h l’argile  d Oxford , et  eu  un  mot  une  ligne  de  séparation  dans 
l’étage  oolitique  inférieur  et  l’étage  moyen  de  M.  Dufresnoy. 
L’oolite  moyenne  existerait  donc  seule  à la  Rochelle. 

M.  le  docteur  Daubeny,  d’Oxford,  annonce  que  la  seconde 
réunion  de  la  société  générale  des  naturalistes  et  des  savans 
d’Angleterre  aura  lieu  l’an  prochain,  en  juillet,  h Oxford.  A la 
réunion  de  York,  en  septembre,  M.  Buckîand  a été  élu  prési- 
dent pour  i852;  MM.  Brewster  et  Whewell , de  Cambridge  , 
vicc-présidens,  et  MM.  Powel  et  Daubeny,  secrétaires.  Les  tra- 
vaux de  la  réunion  de  York  sont  sous  presse.  Il  écrit  aussi  qu’il  a 
fini  son  examen  des  eaux  thermales  d’Aifgleterre  par  celle  de 
Jorfeswell,  près  de  Cardiff,  dans  le  pays  de  Galles  méridional  ; 
cette  source  a une  température  de  74°  F.  Toutes  les  eaux  ther- 
males d’Angleterre , lorsqu’elles  dégagent  du  gaz , émettent  de 
l’azote.  Ces  eaux  et  beaucoup  de  sources  acidulés  se  trouvent 
au-dessus  ou  près  delà  grande  faille  du  terrain  calcaire  du  Der- 
byshire,  telle  qu’elle  a été  décrite  par  M.  Farey  : M.  Philipps, 
a fait  la  meme  remarque  dans  le  Yorkshire. 

On  lit  la  lettre  suivante  de  M.  Morren,  professeur  à G and. 

« Les  collections  que  j’ai  faites  de  1825  à 18*28  ont  été  transportées 
en  Hollande,  on  ne  me  les  rendra  qu’à  la  paix,  La  science  est  veuve 
de  quatre  naturalistes,  qui  nous  ont  été  enlevés  : M.  Kickx,  En- 
zelspach,  Vanderlinden  et  Rouceî,  Le  premier  était  botaniste  et 
géologue  ; il  a fait  un  Tentamen  mineralogicum  , un  Mémoire 
sur  la  chaux  sulfatée  des  environs  de  Bruxelles,  un  Mémoire  sur 
les  trapp.  Yoici  le  peu  de  travaux  que  j’ai  faits  celte  année,  1 0 j’ai 
rassemblé  tons  les  écrits  rares  sur  les  Hunnebedden , blocs  erratiques 
arrangés  par  les  Celtes.  J’ai  une  collection  complette  de  leurs 
figures  et  quelques  planches  sont  faites  d’après  nature  et  inédites. 
J’ai  traduit  là  dessus  les  meilleures  données  du  grand  ouvrage 
de  Westendorp.  Dans  le  grand  travail  que  Haussmann  a préparé, 
mon  ancien  maître,  M.Yan  Breda,  y a coopéré  pour  les  Hunnebedden 
de  Groningue , sur  lesquels  les  géologues  se  sont  trompés.  Dans 
cette  coopération,  M.  Van  Breda  s’étend  sur  la  géologie  de  tous 
les  Pays-Bas.  M.  B’Omalius  a fait  croire  dans  ses  nouveaux  élé- 
înens,  p.  168,  que  M.  Yan  Breda  avait  publié  un  mémoire  sur 
les  Flandres.  Ce  travail  n’existe  qu’en  notes  manuscrites  hollandaises 
dans  la  commission  de  statistique  même,  20  les  ossemens  de  cette  pro- 


SÉANCE  DU  7 NOVEMBRE  1 83 1 . 27 

vincc  m’ont  occupé  davantage.  J’ai  décrit  une  précieuse  mâchoire 
inférieure  d’éléphant,  telle  que  personne  n’en  a encore  figuré. 
Elle  se  termine  par  une  symphyse  en  long  bec  : la  conclusion  du 
Mémoire , est  que  dans  l’espèce  El.  primogenius , il  y avait  deux 
variétés  comparables  au  Morknoh  et  Deuhtelah  des  Indes.  Si  ce 
travail  peut  faire  plaisir,  je  l’enverrai.  3°  J’ai  fait  des  recherches 
sur  les  castors  des  tourbes';  il  est  certain  que  chez  nous  , ils 
ont  habité  toutes  les  petites  rivières  entre  la  partie  de  l’Escaut 
qui  coule  par  Gand,  et  le  Hond  ou  l’embouchure  de  FEscaut  occi- 
dental , mais  ce  que  je  crois  peu  connu  , c’est  le  gisement 
exact  de  ces  os.  Ils  reposent  sur  le  sable  en  dessous  des 
tourbes,  à deux  mètres  au  dessous  du  sol.  Ils  ne  sont  pas  dans 
la  couche,  quoiqu’ils  en  soient  colorés.  Le  sable  dont  la  partie 
supérieure  les  porte,  est  blanc,  siliceux  , à petits  grains  , semblable 
en  tout  au  sable  de  nos  grandes  bruyères.  Je  conclus  de  là  que  ces 
os  ont  passé  par  la  tourbe  qui  les  a teints,  et  qu’àinsi  ils  pourraient 
bien  être  plus  récens  que  cette  matière.  Du  reste  j’observe  sur  ces 
os  les  différences  queM.  Cuvier  a remarquées  sur  l’espèce  fossile. 
3°  Dans  nos  tourbes,  on  a découvert  des  ossemens humains.  J’ai 
dessiné  deux  frontaux, qui  sont  excessivement  petits  et  très-bombés. 
4°  L’aurochs  s’est  trouvé  dans  la  tourbeàNinove;  à Ternath,  sont  les 
cochons  des  tourbes, dont  M. Cuvier  déplore  quelque  part  de  n’avoir 
pas  de  figures.  5°  Les  loutres  ont  laissé  leurs  os  avec  ceux  des  cas- 
tors. 6°  Ce  qu’il  y a de  curieux  , c’est  le  nombre  des  chiens  des 
tourbes,  du  moins  dans  la  Flandre  occidentale  ; sur  10  crânes,  il  y 
en  a 9 de  chiens,  la  plupart  sont  fort  grands.  70  J’ai  encore  à noter 
parmi  les  ossemens  du  Brabant  les  rhinocéros  trichorinus  et  le 
cheval, dont  les  restes  confirment  les  remarques  de  l’illustre  Cuvier. 
8°  J’ai  trouvé  à Forest,  près  Bruxelles  , un  autre  gite  d’ossemens 
( du  calcaire  grossier??  ) ; ce  sont  encore  des  masses  de  Batraciens, 
mais  cette  fois  j’ai  des  os  de  salamandres  et  de  petits  mammifères. 
Ce  qui  caractérise  le  calcaire  grossier  de  Gand  , c’est  le  grand  nom- 
bre de  fruits  fossiles.  Les  lieux  où  011  les  trouve  sont  fortifiés  au- 
jourd’hui : toute  récolte  est  interdite.  J’ai  écrit  à la  régence  et  au 
conseil  de  l’Université  de  Gand  pour  que  le  plus  beau  palais  acadé- 
mique du  pays  soit  mis  à sa  disposition,  en  cas  que  la  Société  géolo- 
gique nous  fasse  l’insigne  honneur  de  venir  ici.  Les  autorités  s’em- 
presseront de  la  recevoir  avec  tous  les  honneurs  dignes  d’elle , et 
aucun  sacrifice  ne  leur  coûtera  pour  répondre  au  choix  dont  elle 
voudrait  les  honorer.  » 


M.  Zuber-Karth  écrit  une  lettre  trèsdlaltcusc  pour  la  So 


28  si AN CE  DU  7 NOVEMBRE  l85l. 

ciété  , en  l’engageant  h choisir  Strasbourg  comme  lieu  des 
réunions  extraordinaires  pour  t83ü. 

M.  La  Joye  présente  à la  Société  les  coupes  du  sol  tertiaire  de 
Lisy-sur  d’Ourcqet  de  St-Aulde  , h deux  lieues  de  la  Ferté-sous- 
Jouarre. 

a Dans  le  premier  lieu  il  a observé, de  bas  en  haut, les  couches 
suivantes  : i°  du  calcaire  à cérithes  ; 2°  une  masse  de  sables  et  de 
grès  qui  est  très-coquillère  dans  sou  milieu,  tandis  que  près  de  sa 
base  il  y a une  couche  coquillère  à Lenticulines  , avec  des  Cor- 
bules,  des  Mactres,  des  Yolutes , des  Fuseaux,  des  Cérithes 
géants;  la  partie  supérieure  est,  aussi,  pleine  de  coquillages  , en 
particulier  deMélanies,  de  Cérithes,  d’Auricules  et  d’Erycines  ; 
3°  du  calcaire  grossier  à cérithes  et  à débris  de  Crabes  (Pagure) , 
dont  la  portion  inférieure  est  très  -friable.  4°  Des  marnes  blanches 
à Lymnées. 

La  coupe  de  Saint-Aulde  offre  de  bas  en  haut  : i°  une  masse  de 
calcaire  grossier  qui  est  inférieurement  à grains  verts,  et  dans  la- 
quelle on  voit  plus  haut  se  succéder  du  calcaire  à dentales,  du 
calcaire  très  coquiller  avec  de  nombreuses  Natices  , des  bancs  à 
lits  de  silex  corné  à Cérithes  agathisées;  2°  des  marnes  à Nucules 
et  Cérithes;  3°  plusieurs  lits  alternant  de  marne  blanche  à ménilite 
avec  et  sans  coquilles  marines  ; 4°  une  masse  de  sables  avec  des  blocs 
de  grès  , et  présentant  supérieurement  un  lit  coquiller  à Méla- 
nies  , Cérithes  et  Cythérées;  5°  un  mince  banc  de  calcaire  à co- 
quilles marines  ; 6°  du  sable  à Lymnées  ; 70  du  calcaire  à Lymnées 
et  à Cyclostomes  (C.  mumia  ),  avec  des  masses  nombreuses  de 
quarz  résiniteet  de  silex  ménilite  empâtant  les  mêmes  coquilles  ; 
8°  des  marnes  vertes;  90  la  terre  végétale.  » 

M.  La  Joye  fait  hommage  à la  Société  d’une  suite  d’échanr 
tillons  à l’appui  de  sa  notice. 

Ce  sont  dix-huit  échantillons  de  roches  de  St-Aulde , une 
dixaine  de  Lizy,  ainsi  que  55  espèces  des  fossiles  de  cette  der- 
nière localité.  Plusieurs  de  ces  espèces  sont  en  grande  quantité  ; 
on  y remarque  en  particulier  des  individus  qui  indiquent 
soit  le  passage  des  Fuseaux  aux  Pyrules,  soit  les  grandes  variétés 
du  Fusus  bulbiformis.  Parmi  les  roches  on  doit  citer  un  grès  de  St- 
Aulde  avec  l’impression  d’une  feuille  de  dicotyledon , un  beau 
morceau  de  silex  avec  des  Cyclostoma  mumia  du  même  lieu  , un 
échantillon  du  calcaire  grossier  à Crabes  deLisy,un  gros  échantillon 
des  grès  de  Lisy  tout  pétri  de  coquilles  (Lenticulines,  I)elphinules9 


SÉANCE  DU  7 NOVEMBRE  1 85 1 - 2^ 

Polypiers),  renfermant  des  fragmens  de  calcaire  grossier  qui  sont 
roulés  et  percés  de  coquilles  perforantes.  Le  test  de  ces  derniers  y 
est  encore  visible. 

M.Boué  fait  hommage  à la  Société  des  4oo  roches  et  des  600 
fossiles  suivans  : 

8 roches  de  Croatie  , 16  échantillons  de  Transylvanie  ; 68 
échantillons  de  diverses  parties  de  l’Allemagne;  118  échantillons 
de  différentes  localités  de  France  , savoir  : 4 de  l’Estrelle;  3 du 
lignite  de  St-Alexandre , près  du  pont  St-Esprit;  5 du  calcaire 
tertiaire  supérieur  de  St-Paul-Trois-Châteaux;  1 morceau  de  mo- 
lasse de  Limoux;  3 échantillons  de  Banyul-des-Aspres  ; 3 de  Dax , 
un  morceau  de  calcaire  tertiaire  du  Mont-de-Marsan  ; 1 calcaire 
de  Terris  ^ la  marne  à Arragonite  et  3 échantillons  de  grès  à bi- 
tume de  Bastènes , 1 morceau  de  Lenzinite  de  St-Sévère  ; 2 échan- 
tillons de  craie  verte  de  St- Jean  de  Marsac  , du  calcaire  à orbito- 
lites  deBaitz;  3o  roches  des  Pyrénées,  entre  autres  des  morceaux 
de  Lherzolite,  du  calcaire  maclifère  de  Cierp,  des  roches  à maries 
et  actinote  de  Pousac , des  grès  de  Loubeing  , des  calcaires  de 
St-Girons  , y compris  la  Gryphée  du  lias  de  cette  localité  ; 8 
échantillons  des  filons  de  granité  et  des  schistes  schorlifères  de 
Versailles,  près  de  Nantes  ; 2 morceaux  de  porphyre,  Pun 
d’Anzet , sur  la  Loire,  et  l’autre  de  la  Vendée*  le  macline  de 
Bretagne,  du  lignite  de  Joigny;  un  morceau  de  craie  verte  de 
Saumur;  8 échantillons  crayeux  de  La  Flèche;  2 oolites  delà 
Ferté-Bernard , des  calcaires  jurassiques  d’Auxerre  et  de  Susen- 
necourt,  du  granité  de  Semur;  2 échantillons  du  schiste  marno- 
bitumineux  à poissons  et  graines  d’Autun  ; 1 échantillon  de 
Chessy  et  deux  de  Couches  ; i3  échantillons  du  lias  et  du  grès  du 
lias  de  Vigy  près  de  Metz  ; 3 de  Vie  en  Lorraine  ; 1 de  Langres  ; 

1 de  Nancy  ; 4 échantillons  du  lias  coquiller  de  Château -Salins  ; 
3 calcaires  jurassiques  de  Béfort;  1 de  Besançon  ; 1 des  Faucilles 
et  1 du  fort  de  l’Ecluse;  11  échantillons  d’Entrevernes  en  Savoie; 
5 échantillons  des  Voirons  avec  ammonites;  4 échantillons  de  grès 
et  du  calcaire  de  Bonneville;  3 échantillons  du  gypse  du  Mont- 
Cenis;  1 gneiss  du  Simplon  ; 2 granités  de  Baveno  ; 11  échan- 
tillons des  roches  secondaires  récentes  (grès  de  Taviglianaz, 
grès  vert,  etc.  ) de  Ralligen , sur  le  lac  de  Tliun  en  Suisse; 

2 échantillons  du  calcaire  oolitique  du  Stockhorn  ; 2 roches  de 
Soleure , savoir  : le  Muschelkalk , et  la  Corgneule  ou  rauch- 
waeke  ; 2 calcaires  de  Dcnschburen,  près  d’Arau;  8 échantillons 


00 


SÉANCE  DU  7 NOVEMBRE  l83l. 

des  molasses  de  Verny,  près  de  Genève  , i agglomérat  tertiaire 
du  Belpberg  près  de  Berne,  le  phospliorite  terreux  du  Marmarosh, 
le  quarz  liyalin  cristallisé  de  Transylvanie  ; 2 échantillons  du  cal- 
caire apennin  de  Stetera  , daus  les  états  romains  ; une  lave  ain- 
phigénique  de  Borghetto  ; 2 morceaux  des  marnes  subapen- 
nines  de  Volterre  ; 2 morceaux  de  soufre  tertiaire  de  Cesena  ; 
3 échantillons  de  Gênes;  1 agglomérat  coquiller  alluvial  de  Ve- 
nise; le  silex  résinite  thermogène  du  Geyser,  en  Islande  , et  2 
laves  de  l’Ile  de  Bourbon. 

Les  fossiles  comprennent  deux  grès  bigarrés  coquillers  de 
Soultz  en  Alsace , 1 1 fossiles  du  Muschelkalk,  savoir  le  Mytilus 
soda  lis  , T Ammonites  nodosus,  l’Encrinites  lilïiformis,  le  Trigo- 
nellites  curvirostris , la  Terebralala  vulgaris»  , le  Myadtes  mus - 
culoides  , le  Buccinites  dubius  , et  5 morceaux  d’ossemens  , la 
Gryphea  arcuatade  Metz,  la  Gryphea  gigas  ( Schloth.  ) du  lias 
d’Amberg  en  Bavière,  6 échantillons  du  grès  impressionné  du  Lias 
du  même  lieu, le  Ceritliium  figuré  dans  Knorr  vol.  2 part.  1 T.,  G. 
VI,  fig.  7,  12  échantillons  de  l’oolite  inférieure  de  Les  Moutiers 
près  de  Caen,  ( Pholadomie  , Pleurotomaire,  Turbo , Terebratules 
etc.  ) 20  espèces  silicifiées  du  calcaire  jurassique  d’Amberg 
( Echinites  paradoxus  et  orifidatus{ Schl.),  Terebratula  loricala , 
substriatdj  vicinahs,  vulgaris , bicanaliculata  , nucleata , varia- 
bilis  etc.  ) un  Turbo  jurassique  de  Basle  , une  bivalve  des  oolites 
d’Oxford,  32  pétrifications  de  Solenhofeu  , savoir  : 6 poissons  , 
10  crustacés  , 2 étoiles  de  mer,  un  os  de  sèche  , une  Comatule  , 
3 vermiculites,  une  impression  ressemblant  un  peu  à une  con- 
ferve  ? , 2 Ammonites  dont  l’une  empâte  le  fossile  appeilé  Tel- 
linites  ( Schl.  ) 4 échantillons  du  Telliniles problematicus  et  2 du 
T.  Solenoides  , 16  échantillons  d’impressions  de  poissons  dans 
le  schiste  marno-bitumineux  jurassique  de  Seefeld  en  Tyrol  , 
deux  Astrées  et  deux  échantillons  à?  Orthocères  du  calcaire  ju- 
rassique des  Alpes  du  Salzbourg , un  petit  Turbo  de  l’Eggenalp 
en  Tyrol , la  Gryphée  et  le  Diceras  de  Salève,  le  Diceras  d’Au- 
triche, T Ostrea  deltoidea  d’Oxford,  la  Gryphea  virgula  , 10  po- 
lypiers siliceux  des  marnes  ferrifères  du  grès  vert  de  Natheim , 
en  Wurtemberg,  l’ Ostrea  biauricularis  delà  Flèche,  la  Gryphea 
columba  soit  des  Carpathes , soit  de  Chatellerault , une  petite 
Gryphea  de  la  dernière  localité  , 6 fossiles  du  grès  vert  de  la 
perte  du  Rhône,  y compris  les  Orbitolites  , 4 fossiles  de  la  craie 
verte  de  Saint-Colombe  , près  Saint-Sevère , (Crabes,  Terebra- 
tules , etc.  ) 7 échantillons  d’Echinidées  crayeuses  de  Bedat 
( Landes  ),  ( 2 ou  3 espèces  ),  une  Térébratule  de  la  craie  de 


SÉANCE  BU  7 NOVEMBRE  1 85 1 . 5l 

Dresde,  2 du  Périgord,  la  Nummulite  crayeuse  de  Donzat 
( Landes,  ) celle  du  Kressenberg  , iB  polypiers  et  3a  coquilles 
fossiles  de  Gosau en  haute  Autriche,  non  compris  3 Tornatelles 
gigantesques,  2 espèces  de  Grunbach,  une  petite  Tornatelle,  des 
Mélonies  et  des  Hippurites  du  même  horizon  géologique  de  Gams 
en  Styrie,  3 espèces  du  même  dépôt  de  Scecsor  en  Transylvanie, 
3 fossiles  tertiaires  de  Wendlinghausen  en  Westphalie  , 2 de 
Francfort-su r-le-Mein  et  un  de  Hildesheim,  34  espèces  de  fossiles 
de  Paris  , i5  espèces  tertiaires  du  Hampshire  en  Angleterre,  23 
espèces  du  calcaire  tertiaire  à INummulites  de  Castelgomberto 
dans  le  Yicentin  , 5 espèces  de  Pionca,  6 échantillons  de  petits 
poissons  d’Aix  en  Provence  et  24  morceaux  appartenant  à de 
grandes  espèces  ainsi  que  les  Paludines,  le  Cypris  fava  et  le  Pal- 
macite  de  cette  localité,  une  coquille  de  Tourraine  , 20  espèces 
de  Bordeaux , y compris  deux  gros  polypiers,  4 de  Dax,  14 
de  Banyuls-des-Aspres  en  Roussillon  ; deux  huîtres  du  Lot  et 
Garonne,  (Aiguillon,  Beaupuis,  ) trois  coquilles  du  calcaire  d’eau 
douce  de  l’Agenois  ainsi  qu’un  fragment  d’os  et  deux  bois  sili- 
cifiés^  (Grateloup)  dont  l’un  est  de  Palmier  ( Montflanquin,  )deux 
échantillons  coquillers  et  6 impressions  végétales  d’Oeningen,  en 
Suisse  , iômorceauxde  lignites  terreux  à impressionsde  feuilles  ou 
à graines  de  Salzhausen  eu  Wetteravie,  5i  espèces  subapennines 
de  la  Toscane,  une  centaine  d’espèces  connues  et  une  trentaine 
d’espèces  nouvelles  de  Basse  Autriche  , savoir  : 2 espèces  des 
argiles  à lignite  dans  les  sables  tertiaires  de  Pielach,  4 nouvelles 
espèces  d’eau  douce  de  l’argile  subapennine  de  Vienne  , 3o 
espèces  connues  et  17  espèces  nouvelles  du  même  gisement  à 
Baden  et  un  moule  d’eau  douce  d’Oedenburg,  4 espèces  des  sables 
tertiaires  supérieurs  de  Pfaffstetten,  6 à 7 espèces  du  meme  dépôt 
à Helias , 9 espèces  des  mêmes  sables  à Pullendorf,  5 de 
Gaunersdorf , 4 ou  5 de  Nexing,  18  espèces  du  calcaire  tertiaire 
supérieur  d’Enzersfeîd  ; 20  espèces  sur  le  même  horizon  géo- 
logique à Steinabrunn  en  Moravie;  2 Mélanopsides  des  sables  de 
Bisentz  dans  le  même  pays  , 4 espèces  du  calcaire  à coraux  de 
Prinzendorf,  et  3 de  celui  de  Wollersdorf  en  basse  Autriche  ; 
5 fossiles  des  sables  inférieurs  à ce  calcaire  à Eisentadt  en  Hongrie- 
60  ossemens  du  calcaire  à coraux  de  Lauretto  dans  le  même  pays; 
savoir:  deux  dents,  trois  côtes,  une  douzaine  d’os  longs,  des  os  méta- 
carpiens et  sternaux,  des  vertèbres, etc.,  appartenant  à des  mam- 
mifères ( Rhinocéros  , animal  voisin  du  Mouton  ? ) ou  à des 
poissons  et  des  amphibies  (tortues),  6 espèces  des  sables  tertiaires 
supérieurs  de  Tihany  sur  le  lac  Balaton  , ( 2 espèces  de  Mêla- 


02  SÉANCE  DU  7 NOVEMBRE  I 83 1 . 

nopsidcs  , des  Moules  d’eau  douce  , etc.  ) un  fossile  numrnu- 
litiforme  de  Hongrie,  8 espèces  d’eau  douce  des  sables  tertiaires 
supérieurs  d’Arapatak  eu  Trausylvanie  , 5 du  calcaire  d’eau 
douce  de  Colle  en  Toscane,  3 de  la  marne  alluviale  de  Tolz  eu 
Bavière,  2 dans  une  roche  semblable  à Baden , près  de  Vienne  , 
et  deux  espèces  de  coquilles  vivantes  daus  les  eaux  thermales 
de  la  même  localité. 

M.  Desnoyers  donne  lecture  d’une  lettre  de  M.  Prévost,  en- 
voyé par  l’Académie  des  sciences  pour  explorer  l’île  volca- 
nique récemment  sortie  du  sein  de  la  Méditerranée.  Cette  lettre 
est  datée  de  Malte  le  3 octobre  i83i. 

« Partis  de  Toulon  le  16  septembre  à une  heure  , nous  ne  par- 
vînmes que  le  25  au  matin  à la  hauteur  de  l’extrémité  occidentale 
de  la  Sicile,  après  avoir  côtoyé  d’abord  les  îles  d’Hyères,  et  tra- 
versé le  canal  qui  sépare  la  Corse  de  la  Sardaigne,  dont  j’ai  vu  les 
rives  correspondantes  avec  un  intérêt,  qui  me  donne  le  plus  vif 
désir  de  les  examiner  de  plus  près. 

Dans  la  matinée  du  même  jour , nous  dépassâmes  l’île  Mareti- 
mo,  et  le  soir,  sur  les  cinq  heures,  la  vigie  placée  dans  les  mâts 
signala  une  terre  de  laquelle  s’élevait  de  la  fumée  ; étant  montés 
sur  les  hunes,  nous  aperçûmes  en  effet  distinctement  l’île  qui  avait 
assez  bien  la  forme  de  deux  pitons  réunis  par  une  terre  plus  basse. 

Nous  étions  à 18  milles,  et  nous  voyions  par  moment  des  bouf- 
fées d^une  vapeur  blanche  qui  s’élevaient  du  côté  du  sud,  prin- 
cipalement à une  hauteur  double  de  celle  de  l’île;  à plusieurs  re- 
prises et  lorsque  nous  étions  sous  le  vent,  nous  sentîmes  une 
odeur  sulfureuse  plus  analogue  à celle  du  lignite  pyriteux  en 
combustion  qu’à  celle  de  l’hydrogène  sulfuré. 

Le  26  septembre,  le  vent  étant  contraire  et  la  mer  très-grosse  , 
nous  fûmes  obligés  de  nous  éloigner;  dans  la  nuit  du  26  au  27  , 
nous  fûmes  même  assaillis  par  une  tempête  affreuse.  Les  yeux 
fixés  sur  le  point  où  devait  se  trouver  le  volcan,  pour  voir  si 
quelque  lueur  s’en  échappait,  je  n’aperçus  aucun  indice  d’érup- 
tion lumineuse  ; seulement  l’odeur  sulfureuse,  qui  arrivait  par 
intervalle  jusqu’au  bâtiment,  était  suffocante. 

Le  27  au  matin,  nous  parvînmes  à nous  rapprocher,  malgré 
une  mer  très  houleuse;  vers  midi , nous  étions  à 8 milles  environ, 
alors  nous  tournâmes  l’île et  pûmes  en  prendre  un  grand  nombre 
de  vues  sous  sesdifférens  aspects.  Elle  paraissait  comme  une  masse 
noire  , solide,  ayant  tantôt  la  forme  d’ün  dôme  surbaissé,  dont 
la  base  était  triple  de  sa  hauteur,  tantôt  celle  de  deux  collines 


SÉANCE  BU  7 NOVEMBRE  1 85 1 . 55 

inégales,  séparées  par  un  large  vallon  : ses  bords  s’élevaient  à pic, 
à Texception  du  côté  d’où  la  vapeur  sortait  avec  plus  d’abon- 
dance; celle-ci  s’échappait  visiblement  de  la  surface  de  la  mer, 
et  même  à une  assez  grande  distance  ( 3o  à 4o  pieds.  ) 

Les  arêtes  vives  des  escarpemens  , la  couleur  d’un  brun  bril- 
lant et  parfois  gras  de  ces  faces  abruptes , la  forme  générale  de 
l’île  rappelaient  un  massif  de  roches  solides;  et  si,  me  laissant 
guider  par  l’analogie , j’avais  dû  m'en  tenir  à des  conjectures  , 
j’aurais  cru  avoir  sous  les  yeux  un  cirque  formé  par  du  basalte  , 
de  la  serpentine  ou  du  porphyre,  figurant  un  véritable  cratère 
de  soulèvement,  dans  le  centre  duquel  l’eau  de  la  mer  serait  ve- 
nue s’engouffrer  9 ainsi  qu’on  l’a  avancé  dans  des  relations  précé- 
dentes; toutes  ces  apparences  m’auraient  conduit  à une  erreur  , 
ainsi  que  les  observations  des  jours  suivans  me  l’ont  démontré. 

La  nuit  du  27  au  28  fut  encore  très-orageuse  et  la  mer  était 
très-forte.  Le  28  au  matin , nous  pûmes  cependant  approcher  jus- 
qu’à deux  milles,  et  voir  alors  distinctement  que  la  vapeur  s’éle- 
vait, non  seulement  de  la  mer,  mais  encore  d’une  cavité  séparée 
de  celle-ci,  par  Un  bord  très-mince,  du  côté  du  sud. 

Quoique  nous  voyions  la  mer  briser  avec  une  grande  violence 
sur  toute  la  circonférence  de  la  falaise  à pic,  je  demandai  au  ca- 
pitaine à faire  une  tentative  ; un  autre  motif  d’appréhension  était 
la  couleur  d’un  jaune  verdâtre  de  l’eau  qui  entourait  l’île  , cou- 
leur qui  contrastait  avec  celle  d’un  bleu  indigo  de  la  pleine 
mer,  et  qui  semblait  annoncer  soit  des  écueils  , soit  des  courans 
rapides , dans  une  eau  modifiée  par  l’action  volcanique  souter- 
raine. 

A midi  la  mer  était  un  peu  tombée  , le  capitaine  voulut  bien 
faire  mettre  un  canot  à notre  disposition.  En  moins  d’une  heure  , 
nous  arrivâmes  sur  les  brisans;  nous  reconnûmes  alors  que  ceux- 
ci  étaient  produits  par  la  lame  qui  venait  frapper  avec  force 
contre  une  plage  courte,  et  terminée  brusquement  par  une  pente 
rapide  et  non  par  des  roches  solides.  L’eau  vert-jaunâtre  dans  la- 
quelle nous  étions  et  qui  était  couverte  d’une  énorme  écume  rousse, 
avait  une  saveur  sensiblement  acide,  toutefois  moins  amère  que 
celle  de  la  grande  mer.  Sa  température  était  aussi  plus  élevée  , 
mais  de  quelques  degrés  seulement,  de  21  à 23°  O.  Nous  sondâ- 
mes à environ  3o  brasses  du  rivage,  et  nous  trouvâmes  le  fond  à 
4oou  5o  brasses. 

Nous  nous  e'tions  dirigés  vers  le  seul  point  où , de  la  surface  de 
l’île  , on  peut  descendre  par  une  pente  douce  vers  la  mer;  c’est 
une  espèce  de  golfe. 

ô’oc.  ge’ol.  Tome  II. 


3 


54  SK  ANC  K 1)U  7 NOVEMBRE  1 85 1 . 

Les  vagues  roulaient  sur  elles-mêmesen  s’élevant  de  ta  à i5  pieds 
lorsqu’elles  frappaient  le  rivage,  à 3o  pieds  sur  notre  gauche; 
ces  vagues  semblaient  s’élancer  en  vapeur  dans  l’atmosphère  ; à 
une  pareille  distance  à droite,  la  mer  semblait  briser  sur  un  banc 
qui  se  serait  étendu  à plus  d’un  mille  au  large.  Les  marins  pen- 
sèrent, d’un  commun  accord,  qu’il  y aurait  imprudence  à tenter 
le  débarquement  dans  ce  moment. 

Nous  n’étions  qu’à  4o  brasses  de  l’île  , je  pus  bien  à cette  dis- 
tance me  convaincre  qu’au  moins,  pour  la  partie  que  nous  avions 
sous  les  yeux,  l’île  était  formée  de  matières  meubles  et  pulvé- 
rulentes (Cendres  , Lapilli,  Scories  ) , qui  étaient  retombées, 
après  avoir  été  projetées  en  l’air  pendant  les  éruptions. 

Je  n’aperçus  aucun  indice  de  roches  solides  soulevées  ; mais 
je  reconnus  bien  distinctement  l’existence  d’un  cratère  ou  enton- 
noir presque  central,  duquel  s’élevaient  d’épaisses  colonnes  de 
vapeur,  et  dont  les  parois  étaient  enduites  d’efflorescences  sali- 
nes blanches. 

Deux  marins  gagnèrent  l’île  à la  nage , et  s’élevèrent  jusqu’au 
bord  du  cratère,  marchant  sur  des  cendres  et  des  scories  brûlan- 
tes, et  au  milieu  des  vapeurs  qui  s’exhalaient  du  sol  ; ils  nous 
annoncèrentque  le  cratère  était  rempli  d’une  eau  roussâtre  et  bouil- 
lante , formant  un  lac  d’environ  8o  pieds  de  diamètre.  Parmi  les 
morceaux  rapportés,  je  trouvai  un  fragment  de  calcaire  blanc, 
ayant  tous  les  caractères  de  la  dolomie. 

Dans  la  nuit  du  28  au  29,  nous  fumes  portés  par  des  courans 
vers  les  côtes  de  Sicile,  et  nous  nous  trouvâmes  le  matin  à plus 
de  6 milles  du  volcan,  sans  pouvoir  en  approcher  davantage. 
Le  calme  étant  survenu  , un  canot  fut  de  nouveau  mis  à la  mer 
vers  dix  heures;  j’avais  fait  mes  préparatifs,  fait  disposer  des  bou- 
teilles, des  flacons,  des  boites  de  fer-blanc  , nous  prîmes  des 
thermomètres,  et  une  machine  faite  à bord  pour  puiser  i’eau  à 
différentes  profondeurs. 

Les  observations  faites  les  26 , 27  et  28  par  le  capitaine  , M.  La- 
pierre,  l’ayant  convaincu  que  le  nouveau  volcan  n’est  pas  placé  sur 
lepointoîi  Smith  indique  dans  sa  carte  marine  lebanc  deiVema; 
qu’au  contraire,  cet  îlot  volcanique  est  situé  sur  un  fond  qui  avait 
5 à 700  pieds  d’eau  , nous  pensâmes  ensemble  qu’il  y aurait  de 
graves  inconvéniens  pour  les  marins  à donner  à la  nouvelle  île  le 
nom  de  Nerita  qui  a déjà  été  proposé  ; et,  comme  le  phénomène  a 
paru  dans  le  mois  de  juillet,  nous  convînmes  de  désigner  la  nou- 
velle île  sous  le  nom  de  Julia  , nom  sonore  , dont  la  terminaison 
italienne  et  harmonieuse  peut  facilement  être  adoptée  par  les  lia- 


35 


SEANCE  I)U  7 NOVEMBRE  1 83 1 . 

bitans  les  plus  rapprochés  ; en  conséquence  nous  préparâmes  une 
planche  de  deux  pieds  de  long  , sur  laquelle  nous  clouâmes  une 
bande  de  drap  bleu  de  six  pouces  de  large  et  une  autre  de  drap 
rouge  de  pareille  largeur.  Sur  sa  partie  moyenne,  peinte  en  blanc, 
j’écrivis  en  lettres  de  trois  pouces  de  hauteur  : 

ILE  JULIÂ. 

Etat-major  du  brick  La  Flcclie  , 

MM.  C.  Prévost , professeur  de  géologie  a Paris , 

E.  Joinville , peintre. 

27,  28,  ET  29  SEPTEMBRE  1831. 

Nous  mîmes  deux  heures  à traverser  ^espace  qui  séparait  le 
brick  du  volcan. 

À un  mille  de  distance,  nous  commençâmes  à traverser  des  cou- 
rans  d’eau  jaunâtre,  dont  je  remplis  quelques  bouteilles  et  pris  la 
température.  Des  courans  de  pareille  couleur  semblaient  partir, 
comme  des  rayons,  d’une  zone  semblable  qui  entourait  l’ile.  La 
sonde  nous  donna  4°  , 5o  et  60  brasses  dans  les  eaux , en  appro- 
chant de  l’île  jusqu’à  200  pieds  des  bords.  À un  mille,  on  trouvait 
100  brasses. 

Abordés  à une  heure  et  demie  , nous  nous  distribuâmes  les  rô- 
les. MM.  Aragon  et  Barlet , directeurs  de  l’expédition  maritime, 
se  chargèrent  de  mesurer  la  circonférence  de  l’île , qu’ils  trouvè- 
rent être  d’environ  700  mètres  sur  70  de  hauteur  ; le  docteur 
Baud  fit  toutes  les  expériences  thermomé triques.  M.  Defranlieu 
fit  sonder  dans  le  cratère  et  puiser  de  l’eau  dans  les  diverses  pro- 
fondeurs et  sur  les  différens  bords.  M.  Joinville  prit  des  dessins  , 
parmi  lesquels  se  trouve  une  vue  de  l’intérieur  du  cratère.  Enfin, 
M.  Derussat  fit  hisser  le  pavillon  tricolore  sur  le  point  le  plus 
élevé  de  l’île  et  fixer  l’écriteau  que  nous  avions  préparé;  non  pas 
pour  prendre  possession  , par  une  vaine  et  ridicule  cérémonie  , 
d’un  tas  de  cendres  surgi  au  milieu  des  mers,  mais  pour  constater 
notre  présence  , et  pour  apprendre  à ceux  qui  viendront  après 
nous  que  la  France  ne  laisse  pas  échapper  l’occasion  de  montrer 
l’intérêt  qu’elle  prend  aux  questions  scientifiques  dont  la  solution 
peut  étendre  le  domaine  des  connaissances  positives. 

Je  me  mis  en  devoir  de  parcourir  tous  les  points  de  notre  ilôt 
pour  rechercher  surtout  si , en  quelqu’endroit  des  matières  ap- 
partenant au  fond  de  la  mer,  n’auraient  pas  été  soulevées  ou  pro- 
jetées. Après  avoir  gravi  la  plus  haute  cîme  au  milieu  des  scories 
brûlantes,  après  avoir  deux  fois  fait  le  tour  entier  des  falaises  , 


56  SÉANCE  DU  7 NOVEMBRE  1 85 1 . 

je  fus  assuré  que  ce  monticule  dont  la  base  était  peut-être  à 5 ou 
6oo  pieds  dans  la  mer  était  entièrement  composé,  comme  je 
Tarais  présumé  le  28  , de  matières  pulvérulentes , de  fragmens 
de  scories  de  toutes  les  dimensions , jusquà  celle  de  2 pieds  cubes 
au  plus;  je  trouvai  quelques  b’ocs  dont  le  centre  très-dur  avait 
l’aspect  et  la  consistance  de  la  lave,  mais  ces  masses  globulaires 
avaient  été  projetées. 

Enfin,  l’ilot  entier  me  parut  être,  comme  tous  les  cratères  d’é- 
ruption, un  amas  conique  autour  d’une  cavité  également  co- 
nique , mais  renversée.  En  effet , examinant  les  parois  intérieures 
du  cratère  , 011  voit  que  celles-ci  ont  une  pente  d’environ  45°  , 
et  dans  les  coupes  latérales  produites  parles  éboulemens,  on  dis- 
tingue que  la  stratification  est  parallèle  à cette  ligne  de  pente  , 
tandis  que  du  côté  extérieur  les  mêmes  matériaux  sont  disposés 
dans  un  sens  opposé. 

Quant  à la  coupure  à pic  des  falaises , il  est  facile  de  voir 
qu’elle  est  l’effet  postérieur  des  éboulemens  causés,  soit  par 
des  secousses  imprimées  au  sol, soit  plus  probablement  par  l’action 
des  flots  qui , entraînant  les  matières  meubles  accessibles  à cette 
action,  ont  successivement  miné  les  bords;  ceux-ci  se  trouvant 
en  surplomb  sont  tombés  ; tous  les  jours  ils  se  dégradent  ; et  c’est 
déjà  aux  dépens  des  éboulemens  qu’il  s’est  formé  autour  de  l’Ile, 
une  plage,  sorte  de  bourrelet  de  i5  à 20  pieds  de  largeur  qui  se 
termine  brusquement  en  pente  dans  la  mer. 

D’après  cette  manière  de  voir,  il  est  facile  de  reconnaître  que 
les  éboulemens  continuant  à avoir  lieu  par  la  cause  qui  les  pro- 
duit tous  les  jours,  l’île  s’abaissera  graduellement , jusqu’à  ce 
qu’une  grosse  mer  venant  à enlever  tout  ce  qui  restera  au-dessus 
de  son  niveau  , il  n’y  aura  plus  à la  place  qu’un  banc  de  sable 
volcanique , d’autant  plus  dangereux  qu’il  sera  difficile  d’en  avoir 
connaissance  à quelque  distance. 

Les  bords  actuels  du  cratère  sont  d’inégales  hauteur  et  épais- 
seur. Du  côté  du  nord  , l’élévation  est  d’environ  200  pieds , tan- 
dis qu’elle  n’est  que  de  3o  ou  4o  au  sud. 

L’eau  contenue  dans  le  cratère  paraît  être  au  niveau  de  la  mer, 
elle  est  d’un  jaune  orange,  couverte  d’une  écume  épaisse  ; les 
scories  qui  bordent  le  bassin  sont  enduites  de  fer  hydroxidé. 

Des  vapeurs  blanches  s’élèvent  continuellement,  non-seulement 
de  la  surface  de  l’eau  qui  semble  être  en  ébullition , mais  de  tout 
le  sol , par  de  nombreuses  fissures.  C’est  surtout  du  côté  sud  que 
ces  vapeurs  sont  les  plus  abondantes,  et  comme  je  l’ai  déjà  dit, 
elles  sortent  de  la  plage  , et  de  la  mer  elle-même  , en  dehors  du 


SÉANCE  DU  7 NOVEMBRE  1 8 3 1 . 5y 

cratère.  Aussi  nJest-ce  pas  sans  peine  que  nous  parvînmes  à faire 
le  tour  complet  de  l’île  , en  passant  à travers  cette  étuve  de  va- 
peurs brûlantes,  et  parfois  suffocantes,  car  Fodeur  sulfureuse 
n’était  pas  toujours  sensible,  lorsque  nous  étions  au  centre  de  la 
colonne  de  vapeur.  Dans  un  espace,  qui  peut  avoir  5o  à 6o  pieds 
de  long , le  sable  noir  de  la  plage  est  véritablement  brûlant  ; le 
thermomètre  indiquait  sur  le  sol  baigné  par  la  mer , à chaque 
flot,  une  température  de  8i  à 85°;  l’eau  qui  restait  dans  les  dépres- 
sions semblait  bouillir  ; mais  en  y plongeant  la  main  je  ne  la 
trouvai  pas  assez  chaude  pour  qu’elle  pût  s’évaporer  ; enfonçant 
ma  main  à quelques  pouces  dans  le  sable  brûlant  de  la  surface,  je 
le  trouvai  frais.  Dans  une  de  ces  expériences,  l’un  de  mes  doigts 
s’étant  trouvé  sur  le  trajet  d’une  bulle  de  gaz  ou  de  vapeur  qui , 
visiblement  était  partie  d’une  grande  profondeur , je  fus  vivement 
brûlé,  et  convaincu  que  l’ébullition  était  produite  par  des  bulles  qui 
venaient  de  l’intérieur  de  la  terre  ; chacune  d’elles  projetait  même 
avec  une  légère  détonation  , du  sable  et  des  grains  volcaniques  re- 
présentant autant  de  petits  cratères  d’éruption.  Parmi  ces  milliers 
de  volcans  en  miniature  , j’en  fis  remarquer  un  qui  me  servit  à 
donner  à mes  compagnons  de  voyage  une  idée  de  la  manière  dont 
l’île  Julia  avait  été  formée.  Il  avait  environ  un  pied  de  diamètre, 
c’est-à-dire  que  le  sable  et  les  scories  lancés  continuellement 
par  lui , jusqu’à  2 pieds  de  haut , avaient  formé  autour  de  la  bou- 
che d’éruption  une  sorte  de  taupinière  d’un  pied  de  base  sur  5 à 6 
pouces  de  hauteur,  je  fis  ébouler  les  parois  extérieures  de  ce 
cône,  et  j’en  fis  un  cratère  semblable  à l’île  Julia. 

Je  cherchai  en  vain  à enflammer  le  gaz  qui  s’échappait  ainsi  du 
sol;  il  me  parut  sans  odeur;  mais  à quelques  pas,  des  vapeurs  sul- 
fureuses sortaient  des  parois  du  grand  cratère  , et  déposaient  du 
soufre  et  du  muriate  de  soude  sur  les  parois  environnantes. 
L’eau  du  bassin  intérieur  était  à une  température  de  g5  à 98°. 
J’avais  promis  une  prime  aux  matelots  qui  me  rapporteraient  des 
cailloux  blancs  ou  jaunes  et  des  coquilles;  j’ai  rassemblé  plusieurs 
des  premiers  , et  j’en  ai  trouvé  moi  - même  mêlés  avec  les  pro- 
duits volcaniques.  Ils  sont  altérés,  et  ils  ont  été  projetés  du  fond 
avec  les  scories. 

Tout  me  porte  à croire  que  ce  volcan  a produit  des  coulées  de 
laves  sous-marines;  et  si,  comme  cela  est  présumable,  l’appari- 
tion du  cratère  d’éruption  a été  précédée  du  soulèvement  du  sol 
qui  paraît  avoir  été  de  5 à 600  pieds  au-dessous  du  niveau  de  la 
mer,  il  doit  exister  autour  de  l’île  Julia , une  ceinture  de  roches 
soulevées  qui  seraient  le  bord  du  cratère  de  soulèvement;  peut- 


58 


SÉANCE  DU  7 NOVEMBRE  1 85 1 - 

être  cctie  nouvelle  disposition  du  fond  est-elle  la  principale  cause 
de  la  coloration  particulière  en  vert  jaunâtre  des  eaux  de  la  mer, 
à une  assez  grande  distance  de  l’île  , et  des  courans  qui  se  mani- 
festent autour,  et  n’existaient  pas  avant  l’apparition  du  phéno- 
mène volcanique.  » 

M.  Héricart- Ferrand  lit  un  mémoire  sur  la  question  sui- 
vante : les  grès  marins  de  Levignan , de  N anlheuil-le - H au- 
doin  et  de  Bregy  sont-ils  de  la  deuxième  ou  do  la  troisième 
formation  tertiaire ? 

aLes  sables  et  les  grès  marins  supérieurs  intermédiaires  entre  la 
formation  d’eau  douce  supérieure,  et  les  grandes  masses  de  sables 
et  du  grès , (de  Fontainebleau)  s’étendent  au  delà  au  nord , et  en 
deçà  au  midi  de  la  ligne  que  décrit  la  coupe  géognostique  du  dé- 
partement de  V Oise,  que  j’ai  présentée  précédemment  àla  Société. 
M.  Brongniart  a présenté,  comme  on  sait,  ses  doutes  sur  le  classe- 
ment des  grès  marins  supérieurs  de  Nantheuil-le-Haudoin  dans  le 
groupe  protéique,  et  M.  Graves  les  a augmentés  par  ses  obser- 
vations sur  les  carrières  d’Ognes , sur  les  grès  marins  de  Nan- 
theuil-le-Haudoin  et  sur  le  terrain  d’eau  douce  qui  les  surmonte. 
(Voyez  : Précis  de  statistique  sur  le  canton  de  Nantheuil-le-Hau- 
doin, Beauvais,  182g.) 

Un  classement  définitif  devient  donc  difficile;  néanmoins  s’il 
fallait  opter  entre  les  deux  classemens  proposés  , plutôt  que  de 
reconnaître  dans  ces  grès  des  dépendances  du  calcaire  grossier,  je 
préférerais  les  rapporter  au  terrain  protéique,  j’y  tiens  par  les  con- 
sidérations suivantes. 

La  descente  de  Levignan  à Nanthouil-îe-Haudoin  , est  un 
angle  saillant,  ou  une  pointe  à la  réunion  de  deux  vallées.  Sa 
base  est  de  sable. Les  grès  non  coquillers,  d’abord  en  place  dans  le 
haut,  et  ensuite  rompus,  déchaussés  et  affaissés  par  étages 
jusqu’au  bas  de  la  descente,  me  semblent  expliquer  l’irrégula- 
rité apparente  des  grès  marins,  et  du  terrain  d’eau  douce  qui  les 
recouvre.  De  plus  il  faut  remarquer  que  les  sables  et  les  grès  non 
coquillers  de  cette  localité  se  continuent  sans  interruption  avec 
ceux  de  la  petite  vallée  delà  Chapelle  des  Marais,  qui  remonte 
au  nord  vers  Crépy;  avec  ceux  de  la  vallée  de  Nantheuil-le- 
Haudoin , en  descendant  vers  Broises.  Sur  le  côté  droit  de  cette 
vallée,  au  dessous  du  bois  de  Piémont,  la  partie  inférieure  de 
la  masse  de  sable  présente  la  zone  des  Discorbites , fossiles  qu’on 
n’a  reconnus  que  dans  la  partie  inférieure  de  la  grande  masse  de 


SÉANCE  DU  7 NOVEMBRE  1821.  5g 

sable.  Enfin  c'est  encore  plus  bas  , en  descendant  la  vallée,  qu’on 
voit  sortir  de  dessous  le  sable  du  côté  de  Versigny , le  calcaire 
grossier  marin. 

Les  carrières  d’Ognes  que  j’ai  été  reconnaître  d’après  les  indi- 
cations de  M-  Graves , loin  d’ébranler  mon  opinion,  la  conso- 
lident^ et  malgré  le  regret  que  j’éprouve  de  me  déclarer  en  oppo- 
sition avec  le  géologue  qui  connaît  le  mieux  le  département  de 
l’Oise,  je  persiste  à voir  dans  ces  carrières  le  terrain  d’eau 
douce  supérieur  et  le  grès  marin  supérieur.  Ma  perséyérance , ou 
mon  erreur  si  je  me  trompe  , est  fondée  sur  les  faits  suivans  : c'est 
que  ce  n’est  qu’en  descendant  le  vallon  dans  lequel  elles  sont  ou- 
vertes , jusqu’à  son  embouchure  dans  la  vallée  de  la  Therouanne, 
et  celle-ci  jusqu’à  son  ouverture  dans  la  vallée  de  l’Ourcq,  qu'on 
voit  après  un  trajet  de  deux  myriamètres  environ,  la  grande 
masse  de  sable  inférieure  aux  carrières  d’Ognes, ne  laisser  paraître 
le  calcaire  grossier  marin  qu'à  la  proximité  de  la  vallée  de 
l’Ourcq. 

Le  Mémoires  de  i83o  de  M.  Eugène  Robert  sur  les  grès  marins 
de  Nantheuil-le-Haudoin  et  de  Bregy , les  présente  cemme  l'é- 
quivalent du  calcaire  grossier  marin  ou  faisant  partie  du  grès  co- 
quiller  marin  de  la  deuxième  formation. 

Cette  opinion  doit  nécessairement  augmenter  les  doutes  de 
M.Brongniart  sur  ces  roches,  en  même  temps  qu’elle  ne  peut  éviter 
de  lui  en  faire  naître  sur  le  grès  marin  de  Levignan,  maintenu  dans 
le  terrain  protéique,  mais  rapporté  par  M.  Robert,  au  grès  de  la 
deuxième  formation.  Ces  doutes  devront  alors  en  suggérer  sur  le 
terrain  d’eau  douce,  qui  surmonte  les  grès  marins  de  Nantheuil- 
le-Haudoin,  de  Levignan  et  delà  butte  de  Montepilloy,  sur 
laquelle  M.  Robert  trouve  , non  le  terrain  d’eau  douce  supérieur  , 
mais  le  terrain  d’eau  douce  moyen  , opinion  que  j’ai  le  regret,  de 
ne  pouvoir  adopter. 

Tout  le  vaste  espace  de  terrain  d’eau  douce  superficiel  décrit 
parM.  Robert  et  comprenant  toute  la  plaine  de  Dammartin  à 
Nantheuil-le-Haudoin,  l’avait  déjà  été  en  partie  dès  1829, 
par  M.  Graves,  mais  ce  dernier  ne  s’était  pas  prononcé  sur  la 
formation  à laquelle  appartient  ce  terrain  d’eau  douce.  M.  Robert 
le  rapporte  à la  formation  moyenne  de  M.  Brongniart , ou  infé- 
rieure aux  gypses.  La  localité  de  Saint-Ladre  à un  demi-my- 
riametre  au  nord  de  Dammartin  où  M.  Robert  a trouvé  des  em- 
preintes de  fossiles  qu’il  annonce  avoir  pris  pour  des  dliliolites , et 
le  calcaire  d’eau  douce  dans  sa  véritable  place,  paraîtrait  devoir 


40  SÉANCE  DU  7 NOVEMBRE  1 85  1 . 

être  le  complément  irrécusable  des  motifs  qui  l’y  déterminent  ; 
je  ne  connais  point  cette  localité. 

La  description  donnée  par  M.  Graves , et  la  comparaison  qu’on 
peut  faire  du  terrain  d’un  grand  nombre  de  localités  de  cette 
meme  plaine , avec  les  caractères  connus  des  divers  dépôts  d’eau 
douce  du  bassin  parisien  , me  semblent  ne  pouvoir  manquer  de 
tenir  long-temps  en  suspens  avant  d’adopter  l’opinion  deM.  Robert; 
ainsi  donc  en  admettant  l’existence  dn  terrain  d’eau  douce 
moyen  à Saint-Ladre  au  nord  de  Dammartin , ne  serait-on  pas 
fondé  au  contraire  à reconnaitre  le  terrain  d’eau  douce  supérieur 
dans  tout  l’espace  qui  comprend  Bregy  P Je  suis  effrayé  de  la  con- 
séquence que  je  devrais  inévitablement  tirer  de  l’opinion  inverse; 
c’est  que  la  grande  masse  de  sable  et  de  grès  que  cette  formation 
d’eau  douce  superficielle  laisse  paraître  au  jour,  à l’est,  au  nord,  à 
l’ouest,  et  qui  a été  constatée  dans  la  plaine  de  Silly  par  la  per- 
foration de  puits,  n’appartiendrait  plus  à la  grande  formation  des 
sables  et  des  grès  ( de  Fontainebleau  ).  Un  tel  changement  qui 
s’étendrait  sur  les  sables  elles  grès  de  Mortefontaine, d’Ermenon- 
ville, et  d’autres  localités  voisines  mènerait  bien  plus  loin  qu’on 
ne  le  pense. 

M.  Robert,  en  parlant  des  grès  marins  de  Bregy,  fait  observer 
qu’ils  reposent  sur  une  grande  masse  de  sable  qui  n’a  jamais  été 
percée.  C’est  la  même  masse  de  sable  que  celle  sur  laquelle  re- 
posent les  carrières  d’Ognes  ; cette  grande  masse  de  sable  est 
encore  pour  moi,  celle  de  la  grande  formation  des  sables  et  des 
grès  (de  Fontainebleau  ).  Le  jugement  final  du  travail  de  M.  Ro- 
bert , serait  appliqué  à un  cercle  encore  trop  restreint,  si  la  vérité 
est  pour  lui , et  l’erreur  pour  moi.  Le  même  jugement  me  sem- 
ble devoir  englober  tous  les  sables  et  les  grès  de  Gondreville,  de  la 
forêt  de  Villers-Cotterets,  de  Maquelines,  de  Betz,  de  Thury,  de 
Retz,  deBouillancy,  deDacy,  ceux  du  bord  de  la  vallée  de  l’Ourcq 
et  enfin  au  delà  de  cette  vallée,  ceux  de  Neuilly  Saint-Front  , 
d’Oulchy  , d’Arcy  Sainte-Restitude,  de  Fère  en  Tardenois,  de 
Coincy  , etc.  Ce  serait  une  moitié  de  la  grande  formation  des  sa- 
bles et  du  grès,  ( de  Fontainebleau  ) telle  qu’elle  est  établie  par 
M.  Brongniart. 

Dans  la  discussion  qui  s’engage  après  la  lecture  de  ce  mé- 
moire , M.  Cordier  appuie  sur  la  coupe  de  la  descente  de 
Mallicrs,  qui  est  classique  pour  le  sol  parisien,  puisqu’on  y voit 
de  bas  en  haut  de  la  craie  et  des  sables , le  calcaire  grossier  à 
grains  verts,  le  calcaire  grossier  ordinaire,  du  calcaire  d’ean 


SÉANCE  DU  22  NOVEMBRE  1 83 1 . 41 

douce  pétri  de  paludines  , le  grès  de  Beauchamp  exploité  dans 
le  bois  Carreau,  un  petit  lit  de  calcaire  à coquilles  brisées,  du  cal- 
caire d’eau  douce  à paludines,  puis  vers  les  hauteurs  les  marnes 
et  le  gypse,  et  vers  d’Aumont  les  sables  et  les  grès  supérieurs. 
Le  dépôt  de  grès  inférieur  est  donc  placé  dans  le  milieu  du  sys- 
tème d’eau  douce  inférieur,  et  non  pas  dans  le  calcaire  grossier. 

M.  La  Joye  fait  observer  que  la  coupe  de  St-Àul de  confirme 
cette  dernière  opinion  et  il  parle  d’un  calcaire  siliceux  à moules 
de  coquilles  marines  , qui  forme  à Provins  un  petit  lambeau  de 
4o  à 5o  pieds  sur  la  craie. 

M.  Deshayes  exprime  le  désir  que  la  conchyliologie  fos- 
sile de  ces  grès  soit  étudiée  avec  soin. 


Séance  du  22  novembre  1831. 

M.  Cordier  occupe  le  fauteuil. 

Après  la  lecture  et  l’adoption  du  procès-verbal  de  la  précé- 
dente séance,  le  président  proclame  membre  de  la  Société  : 

M.  Paul  Savi  , professeur  d’histoire  naturelle  h l’Université 
de  Pise,  présenté  par  MM.  Cordier  et  Brongniart. 

On  passe  à la  correspondance. 

M.  Savi  offre  ses  services  à la  Société  pour  ce  qui  regarde  la 
géologie  de  la  Toscane. 

M.  de  la  Bêche  annonce  l’envoi  de  deux  fougères  arbores- 
centes de  la  Jamaïque. 

M.  Cramaille , sur  le  point  de  partir  pour  Mexico , propose  è 
la  Société  de  servir  d’intermédiaire  pour  établir  des  rapports 
géologiques  avec  cette  partie  de  l’Amérique. 

La  Société  décide  qu’on  remerciera  M.  Cramaille  , et  qu’on 
lui  donnera  des  prospectus,  des  instructions  pour  collecter  des 
roches,  et  trois  exemplaires  du  premier  volume  du  Bulletin. 

La  Société  reçoit  les  ouvrages  suivans  : 

i°  De  la  part  de  M.  Héricart  de  Tliury  neuf  mémoires  dont 
il  est  l’auteur; 

a.  Rapport  fait  à la  Société  (V encouragement  pour  l'indus- 
trie nationale , sur  le  procédé  proposé  par  M.  Rrard  pour  rc~ 


t SÉANCE  DU  22  NOVEMBRE  1 85 1 . 

connaître  immédiatement  les  pierres  qui  ne  peuvent  point 
résister  à la  gelée , et  que  l’on  désigne  ordinairement  sous  les 
noms  de  Pierres  gelives  ou  Pierres  gelisses.  — In  - 4°*  Paris  , 

1824» 

b.  Discours  d'installation  de  la  Société  d' horticulture  de 
Paris, — In- 8°.  Paris,  1827. 

c.  Programme  d’un  concours  pour  le  percement  de  puits 
forés  suivant  la  méthode  artésienne , suivi  de  considérations 
géologiques  et  physiques  sur  le  gisement  des  eaux  et  recherches 
sur  les  puits  forés  en  France.  — * In- 8°,  avec  deux  planches. 
Paris,  1828. 

d.  Extrait  du  rapport  ou  procès-verbal  du  voyage  des  com- 
missaires de  la  commission  administrative  de  la  succession 
Delamarre  pour  la  prise  de  possession  du  domaine  d’ Har- 
court , au  nom  de  la  Société  voyelle  d’agriculture.  — I11- 8°. 
Paris,  1828. 

e.  Notice  historique  sur  la  plantation  de  la  montagne  de 
S aint-Martin-le- Pauvre,  entre  Thury  et  Foulard  ( Oise  j.  — 
In-8°.  Paris,  1829. 

F.  Notice  sur  les  recherches  entreprises  cl  Luzarchcs  et  sur 
le  degré  de  possibilité  d’y  trouver  une  mine  de  houille. — In-8°, 
avec  deux  planches.  Paris. 

g.  Rapport  sur  le  concours  ouvert  pour  le  percement  des 
puits  forés.  — ïn-8°,  avec  deux  planches.  Paris,  i83o. 

iï.  Extrait  du  rapport  fait  à la  Société  d’ encouragement 
pour  l’industrie  nationale,  dans  sa  séance  générale  du  29  dé- 
cembre 1 83o  , sur  le  concours  ouvert  pour  l’établissement  des 
puits  forés.  — In-4°.  Paris,  i85o. 

1.  Du  dessèchement  des  terres  cultivables  sujettes  à être 
inondées.  — In- 8°.  Paris,  1 83 1 . 

20  De  la  part  de  M.  Graves  cinq  Mémoires  qu’il  a insérés 
dans  les  Annuaires  de  l’Oise  de  1827  à 1 85 1 , et  contenant  une 
description  géologique  générale  de  cinq  cantons  de  ce  dépar- 
tement : 

A.  Précis  historique  sur  le  canton  de  Chaumont.  — In- 8°. 
Beauvais,  1827. 

b.  Précis  statistique  sur  le  canton  de  Creil,  arrondissement 
de  Senlis.  — ln-8°,  avec  une  carte.  Beauvais,  1828. 


SÉANCE  DU  2 2 NOVEMBRE  1 83 1 . 43 

c . Précis  statistique  sur  lecanton  deN  anthcuil-le-H  audouin , 
arrondissement  de  Sentis , — In-8°,  avec  une  carte.  Beauvais , 

d.  Précis  statistique  sur  le  canton  de  Nivitlers , arrondisse- 
ment de  Beauvais.  — In- 8°,  avec  une  carte.  Beauvais  , i83o. 

e.  Précis  statistique  sur  le  canton  d* Auneuil,  arrondisse- 
ment de  Beauvais.  — In-8°,  avec  une  carte.  Beauvais,  1 85 1 » 

3°  De  la  part  de  M.  Bailly  de  Merlieux,  le  numéro  n(i83i), 
de  son  Mémorial  encyclopédique. 

4°  De  la  part  de  la  Société  de  géographie  de  Paris,  le  nu- 
méro loi  de  son  Bulletin. 

5°  De  la  part  de  la  Société  linnéenne  de  Bordeaux  , les  six 
livraisons  du  tome  IV  de  ses  Actes  (in-8°,  avec  planches,  i83o 
à 1 83 1),  contenant  en  particulier  deux  Mémoires  de  M.  Jouan- 
net  sur  la  géologie  du  sol  tertiaire  de  la  Gironde;  un  Mémoire 
de  M.  Bilîaudel  sur  les  cailloux  roulés  et  les  alluvions  de  ce 
département,  et  une  Dissertation  sur  les  Ichtyosarcolites , par 
M.  Rouland. 

6°  De  la  part  de  M.  Deshayes, 

a.  Les  douze  premières  livraisons  de  sa  Description  des  co- 
quilles fossiles  des  environs  de  Paris.  In-4°,  avec  quarante-huit 
planches. 

b.  Sa  Description  de  coquilles  caractéristiques  des  terrains. 
In-8°,  avec  quatorze  planches.  Paris,  1 83 1 . 

7°  De  la  part  de  M.  Brongniarl,  son  Tableau  théorique  de 
la  succession  et  de  la  disposition  la  plus  générale  en  Europe 
des  terrains  et  roches  qui  composent  la  croûte  du  globe , ou 
description  graphique  du  tableau  des  terrains.  Une  grande 
feuille.  Paris,  i83i. 

8°  De  la  port  de  M.  de  Buch,  par  l’entremise  de  M.  de  Hum- 
holdt , sa  Carte  physique  de  l’île  de  Tènériffe.  Une  grande 
feuille.  Paris.  Levrault,  1 83 1 . 

Il  est  présenté  : 

i°  Par  M.  Gordier,  le  premier  numéro  du  nouveau  journal 
mensuel  américain  de  géologie  et  d’histoire  naturelle  [Monthly 
amer  ic  an  J ou  mal  of  geology  and  natural  science)  , par  M.  C. 
W.  Fcathcrslonaugh.  Juillet,  1 85 1, Philadelphie,  et  Paris,  chez 
À»  Bertrand. 


44  siiANClî  DU  2 J ISOVJtBIBRE  1 85  i . 

On  y remarque  un  Mémoire  sur  un  nouvel  animal  fossile  , le 
Rhinoceroïdes  alleghaniensis  $ un  Mémoire  sur  l’écoulement  ancien 
des  eaux  dans  le  nord  de  l’Amérique  et  sur  l’origine  de  la  cataracte 
du  Niagara  j un  Rapport  sur  les  ossemeus  fossiles  accumulés  sous  le 
sol  à Big  Bone  Lick  , dans  le  Kentucky*  une  Notice  du  docteur 
Harlan  sur  une  nouvelle  espèce  de  Megalonyx  et  de  Fucoïde  j et 
une  autre  sur  les  cavernes  à ossemens  de  la  Nouvelle-Hollande. 

2°  Par  le  secrétaire  : 

a.  Les  livraisons  3 et  4 de  ,1a  Description  des  pétrifica- 
tions du  Wurtemberg , par  M.  de  Zieten  ( in-folio,  Stuttgart, 
1 83 1 ) , contenant  la  suite  des  Ammonites  et  les  Bélemnites  de 
ce  pays. 

b.  Une  brochure  intitulée  les  Puits  artésiens  a Vienne  et 
dans  ses  environs  ( Die  artesisclien  Brunnen  in  undum  Wien), 
par  M.  le  baron  de  Jacquin,  avec  des  observations  géologiques 
sur  le  bassin  Viennois,  par  M.  P.  Partsch.  In-8°  de  4$  pages  , 
avec  une  planche.  Vienne,  i83i. 

c.  Les  fragmens  de  géologie  et  de  climatologie  asiatique  , 
par  M.  deHumboldt  ( 2 vol.  in-8°.  Paris  , i83i  ) , contenant 
son  Mémoire  sur  les  chaînes  et  les  volcans  de  l’Asie  centrale  , 
et  celui  de  M.  Klaproth  sur  les  points  volcaniques  du  Japon  et 
de  la  Chine. 

On  trouve  en  tête  de  cet  ouvrage  que  le  voyage  de  l’Oural , en 
Sibérie,  et  à la  mer  Caspienne,  de  M.  de  Humboldt,  contiendra  un 
Tableau  géognostique  et  physique  du  nord-ouest  de  V Asie  , par  ce 
savant , et  une  partie  minéralogique  et  géognostique  , résultats 
d’analyses  chimiques , et  itinéraire,  par  M.  Gustave  Rose. 

3°  Par  M.  Pitois,  libraire  : 

a.  T Itinéraire  du  département  du  Puy-de-Dôme  contenant 
C indication  des  principales  formations  géologiques  , du  gise- 
ment des  espèces  minérales  des  volcans  anciens  et  modernes 
et  de  tous  les  lieux  remarquables  , par  MM.  Lecoq  et  B ouille  t. 
Paris.  In-8°  de  178  pages,  avec  une  carte  géologique. 

b.  V ues  et  coupes  des  principales  formations  géologiques 
du  département  du  Puy-de-Dôme  , accompagnées  de  la  des- 
cription et  des  échantillons  des  roches  qui  les  composent  , par 
MM.  Lecoq  et  Bouilîet.  Paris.  In-8°  de  266  pages,  avec  un  atlas 
in-4°  de  3 1 planches  coloriées. 


SÉANCE  DÛ  22  NOVEMBRE  l83l.  45 

Le  secrétaire  en  fonction  donne  lecture  d’un  article  du  -Na- 
tional, du  1 1 novembre, extrait  du  Courrier  du  Monde  et  de  la 
politique , de  Cologne. 

En  juillet,  on  a foré  un  puits  artésien  àRiemke,  près  deBochum, 
en  Westphalie  , et  on  a trouvé  , à i/fî  pieds  , une  eau  limpide  et 
abondante.  Pour  arrêter  l’écoulement , on  mit  sur  l’ouverture  des 
planches  j mais  le  lendemain  on  fut  bien  surpris  de  trouver  dans 
cette  eau  des  petits  poissons  de  3 à 4 pouces  de  longueur.  Près  de 
ce  village,  il  n’y  a pas  de  rivière,  et  les  cours  d’eau  les  plus  voisins 
sont  la  Ruhr  à 4 lieues  et  l’Emster  à i lieues. 

M.  La  Joye  fait  hommage  à la  Société  de  4o  échantillons  de 
diverses  roches, parmi  lesquelles  on  remarque  de  beaux  échantil- 
lons d’Eclogite  du  Fichtelgebirge,  de  calcaire  grenatifère  du  pic 
du  midi  aux  Pyrénées,  de  Trachytes,  une  Ostrea  vesicularis,  etc. 

La  Société  donne  son  approbation  aux  décisions  suivantes 
du  conseil,  prises  le  3i  octobre. 

Dans  les  collections,  les  fossiles  seront  collés  sur  des  cartons, 
classés  géologiquement  et  placés  à la  suite  des  terrains  qui  les 
renferment.  On  ne  formera  une  collection  méthodique  que 
lorsque  les  échantillons  seront  assez  nombreux. 

Les  étrangers  ne  pourront  voir  les  collections  qu’avec  un 
membre  de  la  Société. 

Le  trésorier  est  chargé  d’adresser  un  dernier  avis  aux  mem- 
bres qui  n’ont  pas  encore  payé  leurs  cotisations  , en  mention- 
nant qu’on  cessera  de  leur  envoyer  le  Bulletin  , et  en  leur  rap- 
pelant l’article  6 du  premier  chapitre  du  réglement. 

Le  nombre  des  feuilles  du  Bulletin  sera  augmenté  , et  quel- 
ques planches  de  coupes  lithographiées  y seront  ajoutées. 

Un  membre  du  conseil  est  chargé  de  s’aboucher  avec  le  li- 
braire M***  pour  la  publication  des  mémoires  de  la  Société , 
publication  pour  laquelle  il  paraît  favorablement  disposé. 

M.  Desnoyers  est  chargé  de  présenter  dans  la  première  séance 
de  janvier  le  résumé  des  travaux  de  la  Société  pour  l’année  ex- 
pirée, et  M.  Boué  d’exposer  les  progrès  de  la  géologie  et  scs  ap- 
plications pendant  cette  époque. 

MM.  Brongniart,  Deshayes  et  Boué  sont  nommés  pour  la  ré  - 
daction  d’une  instruction  relative  à l’envoi  de  roches  et  de  fos  * 
siles. 


46  SÉANCE  OU  2 2 NOVEMBRE  i 85 1 . 

M.  Michelin  propose  de  compléter  l’ ouvrage  sur  les  fossiles 
de  Paris , dont  M.  Deshayes  a regretté  de  ne  pouvoir  donner 
que  douze  livraisons. 

M.  Walferdin  propose  de  décider  que  le  local  de  la  Société  sera 
ouvert  tous  les  lundis  qui  ne  sont  pas  consacrés  aux  séances  ordi- 
naires, pendant  la  soirée,  pour  qu’on  puisse  lire  et  consulter  les 
ouvrages  que  possède  la  Société. 

Ces  deux  propositions  sont  renvoyées  au  conseil. 

On  lit  une  Notice  gèognostique  sur  les  environs  d’Oran, 
par  M.  Rozet. 

« Ayant  été  envoyé  à Oran  pour  lever  le  plan  des  environs  de 
cette  ville  et  pousser  quelques  reconnaissances  dans  l’intérieur  du 
pays  , j’ai  profité  de  la  circonstance  pour  en  étudier  la  constitution 
géognostique. 

Les  formations  de  cette  contrée  présentent  des  faits  très-curieux 
et  dont  la  connaissance  parfaite  exige  une  étude  approfondie  des 
roches  et  des  espèces  fossiles  que  j’ai  réunies  j c’est  pourquoi  je  ne 
donne  maintenant  qu’une  notice  succincte , me  réservant,  à mon 
retour  en  France,  de  publier  un  Mémoire  fort  étendu, accompagné 
de  coupes  et  d’une  carte  topographique. 

Oran  est  situé  sur  le  bord  de  la  mer,  dans  le  fond  d’une  baie. 
Au  sud  et  à l’est,  se  développe  une  vaste  plaine,  coupée  par  quel- 
ques petits  coteaux  qui  s’étendent  jusqu’au  pied  de  l’Atlas,  dont  la 
chaîne,  éloignée  de  sixou  sept  lieues,  court E.  N.  E.  à O.  S.  O. 
A l’ouest , la  ville  est  dominée  par  de  hautes  montagnes , le  mont 
Mezetta  , la  montagne  de  Santa -Crux , qui  s’élèvent  le  premier  à 
458  mètres  et  l’autre  à 4oo  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la 
Méditerranée. 

Les  ramifications  de  ces  montagnes  s’étendent  fort  loin  vers 
l’ouest  et  le  sud-ouest.  Au  nord-ouest  d’Oran  se  trouve  la  baie  de 
Mars-el-Reber , la  seule  où  les  bâtimens  puissent  mouiller.  Cette 
baie  est  entourée  par  les  monts  Rammra  qui  atteignent  478  mètres 
d’élévation  absolue.  Après  le  fort  de  Mars-el-Keber , situé  à l’ex- 
trémité nord  de  la  baie  , vient  une  côte  fort  escarpée  , à laquelle 
succède  la  place  de  las  AguadUs , qui  s’étend  jusqu’au  cap  Falcon, 
à quatre  lieues  N.  O.  d’Oran.  C’est  à ce  point  que  mes  observations 
se  sont  arrêtées  du  côté  de  l’ ouest;  au  sud  et  à l’est  je  n’ai  pu  m’a- 
vancer seulement  qu’à  six  mille  mètres  de  la  ville  , parce  que  je 
n’avais  que  soixante  hommes  d’escorte  , et  que  les  Arabes  , épou- 
vantés par  nos  opérations,  s’étaient  réunis  au  nombre  de  2 ou  3oo, 
et  nous  faisaient  une  guerre  continuelle. 


SEANCE  l)TJ  ‘22  NOVEMBRE  1 85 1 . ^ 

Des  falaises  fort  escarpées  qui  s’élèvent  souvent  à 8o  et  ioo  mè- 
tres au-dessus  de  la  mer  , des  vallées  profondes  et  quelques  car- 
rières rendent  très-facile  l’étude  de  la  constitution  géognostique  du 
pays.  Voici  les  principaux  résultats  auxquels  cette  étude  m’a  con- 
duit: 

i°  Le  terrain  ’ de  transition  composé  de  phvllade  passant  au 
schiste  ardoisé  et  rarement  au  schiste  talqueux  , renfermant  de 
nombreuses  couches  de  quarzite  et  coupé  par  des  veines  de  quarz, 
forme,  comme  près  d’Alger,  la  base  sur  laquelle  reposent  toutes 
les  autres  roches.  Les  couches  de  schiste  et  celles  des  quarzites  sont 
généralement  verticales;  quand  elles  sont  moins  inclinées,  on  les 
voit  plonger  vers  le  nord  sous  un  angle  qui  n’est  jamais  moindre 
de  3o°. 

Cette  formation  paraît  dépourvue  de  métaux  et  de  restes  orga- 
niques. C’est  elle  qui  constitue  la  masse  des  montagnes  depuis  Oran 
jusqu’au  cap  Falcon,  mais  elle  disparaît  de  temps  en  temps  sous  le 
terrain  tertiaire. 

2°  Les  formations  secondaires  manquent  tout-à-fait  à Oran. 
Dans  les  vallées  et  les  escarpemens  des  montagnes,  on  voit  le  ter- 
rain tertiaire  reposer  immédiatement  et  transgressivement  sur  les 
schistes.  Ce  terrain  a beaucoup  de  rapports  avec  celui  d’Aix  en 
Provence  ; il  est  composé  de  couches  de  marne  et  de  calcaire  alter- 
nant ensemble  , les  marnes  sont  jaunâtres  et  souvent  schisteuses  ; 
Au  milieu  de  ces  couches  se  distinguent  deux  bancs  ayant  un  mètre 
de  puissance,  d’une  argile  schisteuse  très -blanche.  Les  masses 
de  cette  argile  ?e  fendent  comme  de  l’ardoise^  et  sur  les  plaques  on 
trouve  des  poissons  fossiles  parfaitement  conservés  ; ils  sont  extrê- 
mement nombreux,  surtout  à la  grande  carrière,  près  le  fort  Saint- 
André.  En  brisant  une  masse  d’argile  d’un  pied  cube,  il  est  rare  de 
n’en  pas  trouver  trois  ou  quatre.  Ces  poissons  , que  je  crois  d’eau 
douce,  appartiennent  à trois  espèces  au  plus.  Dans  les  bancs  qui  les 
renferment,  il  n’y  a point  d’autres  restes  organiques  ; mais  au  mi- 
lieu des  marnes  et  des  calcaires,  il  existe  des  Peignes  , quelques 
Echinites , et  beaucoup  de  grandes  Huîtres  associées  avec  des  Gry- 
phées,  reconnues  par  MM.  de  Férussac  et  Deshayes  pour  Y Ostrea 
navicularis  (espèce  vivante)  de  divers  âges.  A la  carrière  St-André 
et  dans  le  ravin  au  pied  du  village  Raslaïne  , les  Huîtres  mélangées 
avec  les  Gryphées  forment  des  bancs  assez  étendus , ce  qui  prouve 
que  ces  animaux  vivaient  ensemble  dans  l’ancienne  mer. 

Cet  assemblage  de  marnes  et  de  couches  calcaires  repose  , en 
quelques  endroits,  sur  une  masse  de  marne  bleue,  que  je  crois  être 
la  marne  bleue  subatlantique.  Malheureusement  je  n’y  ai  point 


4&  SÉANCE  DU  2 2 NOVEMBRE  1 85 1 - 

trouvé  de  fossiles.  La  partie  supérieure  de  cette  formation  est  oc- 
cupée par  une  brêclie  calcaire  mal  stratifiée,  dans  laquelle  les  fos- 
siles sont  fort  rares. 

En  sortant  par  la  porte  de  l’ouest  au  pied  du  Mezetta  , on  ren- 
contre des  escarpemens  d’une  brèche  ferrugineuse  qui  recouvre  le 
terrain  tertiaire  , et  dans  la  composition  de  laquelle  il  entre  beau- 
coup de  fragmens  de  trapp. 

Ce  terrain  tertiaire  occupe  toute  la  plaine  qui  s’étend  au  sud  et 
à l’est  d’Oran*  on  le  trouve  sur  les  monts  Mezetta  et  Rammra  à 
470  mètres  au-dessus  de  la  mer.  Dans  la  plaine  les  couches  sont 
assez  parfaitement  horizontales , mais  sur  les  montagnes  elles  sont 
souvent  inclinées  $ je  les  ai  vues  plonger  au  sud-est  sous  un  angle 
de  io°  à 20°.  Ce  terrain  forme  aussi  le  sol  de  la  plaine  contigüe  à 
la  plage  de  Las  Aguadas  entre  le  fort  Mars-El-Keber  et  le  cap 
Falcon.  Il  est  là  en  couches  horizontales  reposant  sur  la  tranche 
des  schistes.  Entre  les  deux  formations  ou  plutôt  à la  partie  in- 
férieure de  la  première  se  trouvent  des  amas  immenses  de  coquilles 
(Peignes,  Bucardes,  Huitres,  etc.)  identiques  avec  celles  qui  vivent 
encore  maintenant  dans  la  mer,  mais  parmi  ces  coquilles  je  n’ai  pas 
vu  une  seule  Gryphée.  Elles  habitaient  sur  le  schiste  lors  du  dépôt 
du  terrain  tertiaire. 

3°  Le  fort  Santa  Crux  s’élève  sur  une  crête  étroite  formée  par 
une  roche  noire  compacte  avec  quelques  points  brillans,  à laquelle 
je  donne  provisoirement  le  nom  de  trapp.  Cette  roche  est  très- 
lourde  ; elle  se  laisse  difficilement  entamer  par  l’acier,  mais  elle  ne 
fait  pas  feu  au  briquet.  Dans  l’acide  hydrochlorique  elle  donne  une 
effervescence  assez  vive,  et  se  dissout  un  peu  • elle  est  accompagnée 
de  parties  scoriacées , et  contient  quelques  veines  d’une  substance 
blanche,  mamelonnée,  et  des  traces  de  fer  oligiste  micacé. 

Ce  trapp  passe  à une  roche  jaunâtre  qui  le  surmonte  sur  toutes 
les  pointes  où  ces  masses  existent  ensemble.  Cette  roche  est  très- 
sonore,  plus  dure  et  moins  lourde  que  le  trapp  • elle  fait  aussi  ef- 
fervescence dans  les  acides.  Lorsque  le  fer  oligiste  micacé  est  très- 
abondant,  il  forme  de  nombreuses  veines  qui  coupent  la  masse  dans 
toutes  les  directions. 

Les  deux  roches  dont  je  parle  n’offrent  aucun  indice  de  stratifi- 
cation ni  de  division  prismatique.  Elles  sont  massives,  et  présentent 
tous  les  caractères  des  formations  volcaniques  j elles  se  trouvent 
répandues  sur  les  schistes  dont  elles  remplissent  les  cavités  de  la 
surface  • et  ceux-ci  au  point  de  contact  ont  presque  toujours 
éprouvé  une  altération  très-sensible  ; enfin  ces  roches  sont  accom- 
pagnées de  tufs  semblables  à cenx  des  basaltes. 


SÉANCE  DU  ï 19,  NOVEMBRE  1 85 1 . 4g 

Ce  terrain  pyroïde  est  développé  sur  une  longueur  de  quatre 
lieues  depuis  O ran  jusqu’au  cap  Falcon.  Sur  le  Mezetta,  il  pa- 
raît recouvrir  le  calcaire  tertiaire.  A Mars-el-Keber , il  occupe 
le  sommet  d’une  montagne  qui  s’élève  à 3go  métrés  au-dessus 
de  la  mer.  Il  descend  ensuite  le  long  des  plaines  et  vient  former 
la  pointe  sur  laquelle  le  fort  est  bâti. C’est  lui  , et  particulièrement 
la  roche  jaune  qui  constitue  le  cap  Falcon  , et  les  rochers  qui  l’en- 
vironnent. Il  y recouvre  encore  le  schiste , il  ne  contient  plus 
de  fer  oligiste,  mais  une  immense  quantité  de  fer  carbonaté  subla- 
mellaire. 

Ce  minéral  s’y  présente  en  grosses  masses  intimement  liées  à la 
roche  avec  laquelle  il  paraît  avoir  été  vomi.  Le  mamelon  qui  s’é- 
lève au-dessus  de  la  pointe  Est  du  cap  est  une  masse  de  fer  carbo- 
naté ayant  200  mètres  de  long  et  20  à 25  de  hautj  cette  masse  a 
pour  base  le  trapp  jaune  avec  lequel  elle  se  trouve  intimement  liée. 
On  observe  même  dans  son  intérieur  des  alternances  des  deux  ro- 
ches. La  pointe  du  cap  est  formée  par  le  phonoîite  renfermant 
beaucoup  de  fer  carbonaté. 

On  voit  les  roches  pyroïdes  recouvrir  le  calcaire  tertiaire,  et  les 
couches  supérieures  de  celui-ci  sont  souvent  recouvertes  de  fer 
carbonaté  qui  s’y  est  incrusté, ce  qui  me  porte  à croire  que  le  trapp 
et  les  roches  qui  l’accompagnent  sont  d’une  formation  plus  récente 
que  l’époque  tertiaire.  Le  terrain  trappéen  n’existe  pas  au  sud  et 
â l’est  d’Oran,  dans  le  rayon  que  j’ai  parcouru  autour  de  cette 
ville. 

4°  Enfin  le  long  des  côtes  et  particulièrement  dans  la  baie  de 
Mars-el-Keber,  on  trouve  par-dessus  toutes  les  roches  des  agglo- 
mérats de  coquilles,  les  mêmes  qui  vivent  encore  dans  la  mer 
actuelle , et  qui  sont  changées  en  spath  calcaire  et  réunies  par  un 
ciment  ferrugineux  qui  a beaucoup  de  ressemblance  avec  celui  de 
la  brèche  à fragmens  de  trapp. 

Il  résulte  de  tout  ce  que  je  viens  d’exposer  que  les  formations 
géognostiques  qui  se  montrent  au  jour  dans  la  portion  de  pays  que 
j’ai  explorée  sont  par  ordre  d’ancienneté  : les  schistes  de  transition,  ? 
le  terrain  tertiaire  qui  les  recouvre,  à stratification  transgressive, 
un  terrain  pyroïde  très-singulier,  enfin  des  brèches  ferrugineuses 
à fragmens  de  trapp  et  des  agglomérats  de  coquilles  qui  existent 
seulement  lejong  des  côtes. 

La  présence  des  Gryphées  au  milieu  du  terrain  tertiaire  est  un 
fait  si  ce  n’est  nouveau  , du  moins  intéressant,  puisqu’on  a cru 
jadis  que  cette  famille  de  mollusque  n’existait  que  dans  le  terrain 

Soc.  gc'ol.  Tome  II.  4 


5o  SEANCE  DU  2 2 NOVEMBRE  1 83 1 . 

secondaire , et  c’était  meme  un  des  principaux  caractères  de  cette 
époque  géogoostique.  Pendant  que  j’observais  à Oran  , M.  Noël , 
ingénieur  des  constructions  hydrauliques , recueillait  à Alger,  dans 
les  carrières  près  du  jardin  de  Mustapha-Pacha , les  fossiles  du  ter- 
rain supérieur  à l’argile  bleue  subatlantique  ; et  lorsqu’à  mon  re- 
tour il  me  montra  ces  fossiles , j’eus  le  plaisir  d’y  reconnaître 
plusieurs  Gryphées  identiques  avec  celles  que  j’apportais  d’Oran. 
A la  partie  supérieure  du  calcaire  grossier  exploité  dans  une  marne 
sableuse  et  un  calcaire  tendre , il  y a un  banc  fort  étendu  de  Gry- 
phées. Ceci  me  confirme  pleinement  dans  l’opinion  que  lajforma- 
tion  calcaire  marneuse  d’Oran  constitue  le  second  étage  du  terrain 
subatlantique.  » 

Après  la  lecture  de  ce  Mémoire , M.  Deshayes  rappelle  que 
les  Gryphées  se  trouvant  encore  vivantes  , rien  ne  s’oppose  à 
ce  qu’on  en  rencontre  dans  les  dépôts  tertiaires.  Outre  la  Gry- 
phée  des  collines  subapennines  et  d’Alger,  il  cite  dans  le  terrain 
tertiaire  la  Gryphœa  cymbiolci  de  Valmondois,  décrite  par  lui 
dans  le  dictionnaire  classique,  et  la  Gryphœa  Defrancü ; enfin, 
il  pense  que  le  genre  Gryphée  est  à réunir  aux  Huîtres. 

M.  Boué  donne  les  éclaircissemens  suivans  sur  la  Gryphée 
colombe  qui  a été  citée  dans  le  sol  tertiaire  de  Castelgomberto. 
Ce  fossile,  associé  avec  le  Plagiostoma  spinosa  et  une  grande 
Huître,  se  trouve  au  milieu  d’une  argile  grise  bleuâtre,  formant 
le  pied  d’une  des  côtes  du  Val-di-Lonte.  A une  distance  peu 
considérable , on  voit  à un  niveau  plus  élevé  des  rochers  de 
calcaire  tertiaire  à Nummulites  alternant  avec  destufas  basal- 
tiques. La  présence  de  ces  fossiles  dans  le  sol  tertiaire  ne  sera 
donc  prouvée  par  cette  localité  que  quand  on  les  retrouvera 
dans  la  même  position  dans  quelque  autre  point  du  Vicentin  ou 
du  Véronais.  De  plus  , le  grès  vert  de  ces  contrées  offrant  des 
argiles  semblables  et  les  dérangemens  plutoniques  y étant  fré- 
quens,il  faudra  encore  bien  s’assurer  que  ces  argiles  coquillères 
ne  dépendent  nullement  du  grès  vert. 

M.  Cordier  remarque  que  le  système  volcanique  d’Oran 
paraît  avoir  des  rapports  avec  celui  qu’il  a observé  sur  la 
côte  opposée  de  l’Espagne,  entre  le  cap  de  Gates  et  Cartha- 
«îène , et  qui  est  probablement  couvert  aussi  de  calcaire  d’eau 
douce. 


SÉANCE  DU  22  NOVEMBRE  1 83 1 . 5l 

On  lit  une  Notice  sur  les  Alpes  Bernoises  , de  M.  le  profes- 
seur Studer,  de  Berne. 

«Depuis  six  ans,  dit  M.  Studer,  je  me  suis  occupé  de  la  géologie 
des  Alpes  entre  la  dent  de  Mordes  et  la  Jungfrau , et  maintenant  je 
vais  mettre  au  net  mes  observations  pour  les  publier.  Les  fossiles  re- 
cueillis suffiront,  j’espère,  pour  caractériser  les  divers  dépôts  et  pour 
déterminer  l’âge  des  oolites  ferrugineuses  de  Lauterbrunn  et  des  cal- 
caires deBex  , de  Boltigen  et  de  Stockhorn.  C’est  M.Voltz  qui  est 
chargé  de  contrôler  mes  déterminations  dans  sa  belle  collection.  Les 
plus  anciennes  couches  calcaires  paraissent  toujours  appartenir  au  lias 
ou  du  moins  au  calcaire  jurassique  le  plus  ancien;  les  plus  récentes, 
aux  assises  inférieures  de  la  craie,  mais  il  y a de  plus  des  dépôts  ju- 
rassiques moyens  , du  moins  dans  cette  partie  de  la  Suisse,  qui  n’est 
qu’un  prolongement  de  la  chaine  de  Savoie. 

A l’est  du  lac  de  Thoun  , au  contraire,  la  craie  commence  à pré- 
dominer tellement  que  tous  les  dépôts  secondaires  plus  anciens 
paraissent  élagués  jusque  dans  la  vallée  du  Rhin  , et  même  peut- 
être  encore  plus  à l’est.  La  grande  confusion  de  la  géologie  alpine 
me  paraît  provenir  de  ce  qu’on  a été  habitué  à regarder  la  chaîne 
sédimentaire  entière  depuis  Vienne  jusqu’au  Rhône  comme  une 
série  continue  de  dépôts  semblables,  et  de  ce  qu’on  a cru  pouvoir 
appliquer  les  résultats  tirés  d’une  coupe  à l’explication  d’autres 
profils.  Tous  ces  faits  tendent,  au  contraire  , à prouver  que  cette 
uniformité  des  rapports  géologiques  n’existe  pas  dans  la  nature. 

Dans  les  Alpes  calcaires  on  voit  des  formations  isolées  apparaître, 
se  renfler  prodigieusement,  prendre  la  place  d’un  dépôt  voisin  et 
se  perdre  aussi  à leur  tour,  comme  cela  a aussi  lieu  dans  les  pays  de 
plaine.  On  approcherait  plutôt  de  la  vérité  en  supposant  pour 
terme  de  comparaison  qu’une  chaîne  de  la  hauteur  de  nos  Alpes  pri- 
maires a surgi  tout-à-coup  entre  Paris  et  Berlin , et  a subitement 
exercé  une  grande  pression  sur  tous  les  divers  dépôts  sédimen- 
taircs  qui  couvraient  jadis  la  fente  dont  une  pareille  chaine  serait 
sortie.  Il  faut  se  contenter  de  suivre  pas  à pas  les  différentes  for- 
mations, et,  au  lieu  de  sauter  d’un  profil  à un  autre,  de  tracer  les 
chaînes  qui  ont  été  rompues  dans  l’un  j usque  dans  l’autre,  afin  de 
se  convaincre  si  elles  existent  bien  dans  les  diverses  coupes  ou  pour 
trouver  Fendroit  de  leur  disparition.  Tel  est  le  plan  que  j’ai  suivi 
dans  nos  Alpes,  et  le  résultat  a répondu  à mes  espérances.  J’ai  pu 
tracer  sur  une  carte  les  limites  des  dépôts  que  je  crois  nécessaire 
de  distinguer,  et  six  profils  à travers  la  chaine  du  Valais  jusqu’à  la 
molasse  montrent  les  rapports  de  gisement  et  la  forme  extérieure 


5 2 


SÉANCE  Dü  32  NOVEMBRE  1 83 1 . 

des  montagnes.  Je  désire  publier  ce  travail  en  soignant  la  partie 
topographique  de  la  carte  pour  laquelle  j’aurais  à faire  d’assez 
nombreuses  corrections  aux  cartes  anciennes. 

Cet  été.  j’ai  été  pour  vérifier  les  observations  si  curieuses  que 
M.  Hugi  a faites  dans  la  vallée  du  Roththal,  sur  la  côte  occidentale 
de  la  Jungfrau,  et  dans  l’Urbachthal,  entre  la  Scheidegg  et  le  pas- 
sage de  la  Grimsel. 

Le  chemin  qui  conduit  au  Roththal  est  très-rapide  , mais  nulle- 
ment si  dangereux  que  le  dépeint  M.  Hugi, et  il  est  bien  à désirer  que 
cette  ascension  pénible  n’empêche  aucun  géologue  étranger  de  visiter 
ce  vallon.  La  description  de  M.  Hugi  est  en  général  parfaitement 
exacte.  Il  abien  observé  les  superpositions  ; néanmoins  je  suis  loin 
de  pouvoir  adopter  ses  conclusions  et  ses  idées  théoriques. 

Après  être  monté  du  fond  de  la  vallée,  pendant  environ  deux 
heures,  par  dessus  des  couches  verticales  de  gneis,  on  atteint  enfin 
la  limite  supérieure  de  ce  massif  et  les  couches  les  plus  inférieures 
du  calcaire  , qui  forment  la  croûte  septentrionale  de  la  Jungfrau  et 
qui  offrent  une  forte  inclinaison  au  sud  et  contre  les  montagnes  de 
gneis  placées  dans  cette  direction.  Immédiatement  sur  le  gneis,  il  y 
a une  dolomie  compacte  de  3o  pieds  de  puissance,  qui  est  recou- 
verte de  quarzite  associé  avec  du  schiste  argileux  bigarré.  A cette 
masse,  qui  a quinze  pieds  d’épaisseur,  succède,  en  montant,  du  fer 
oolitique  ou  de  la  chamoisite  noire,  verte,  enfin  vient  le  calcaire 
généralement  schisteux  noir  ou  gris  , qui  s’élève  jusqu’au  sommet 
de  la  montagne  et  qui  forme  la  masse  principale  de  nos  alpes  secon- 
daires. Le  minerai  de  fer  contient  de  grands  nids  de  fer  oxidé  rouge, 
massif  ou  en  gros  grains.  Le  calcaire  grenu  noir  et  les  divers  bancs 
ferrifères  sont  riches  en  fossiles,  surtouten  bélemnites  et  ammonites. 
Ces  dernières  paraissent  appartenir  à l’ Ammonites  communis  de 
Sow.,  et  M.Voltz  y a reconnu  les  A . decipiens  Sow.,  annularisZ ie- 
ten,  et  plicatilis  Zieten.  Je  n’y  ai  nullement  trouvé  les  fossiles  du 
Muschelkalk , comme  le  prétend  M.  Hugi.  Les  assises  les  plus  infé- 
rieures ne  paraissent  répondre  qu’au  lias  ou  calcaire  jurassique 
ancien. 

Après  être  monté  pendant  une  demi-heure  par  dessus  les  ro- 
cfters  calcaires  et  des  débris,  on  arrive  enfin  à l’entrée  du^vallon  ap- 
pelé Roththal,  et  on  y voit,  non  sans  surprise,  distinctement  le  cal- 
caire recouvert  de  gneis  sur  une  étendue  qu’on  met  une  demi-heure 
à parcourir  et  qui  se  prolonge  plus  loin  dans  des  lieux  où  il  est  trop 
dangereux  d’aller.  Le  contact  des  deux  dépôts  est  complètement 
à nu,  mais  l’on  n’y  observe  aucune  trace  d’un  effet  quelconque 
exercé  par  une  des  roches  sur  l’autre,  et  le  calcaire  immédiatement 


55 


SÉANCE  DU  2 2 NOVEMBRE  1 83 1 . 

sous  le  gneis  est  le  même  schiste  calcaire  gris  qui  recouvre  plus  bas 
les  bancs  bélemnitifères.  Vers  les  sommités , on  voit  encore  une  fois 
du  calcaire,  sous  la  forme  d’une  masse  ellipsoïde  colossale, qui  est  en- 
foncé comme  un  coin  dans  le  gneis,  et  enveloppé  par  cette  rochc.La 
puissance  de  chacun  de  ces  massifs  calcaires  peut  avoir  près  de 
5oo  pieds , et  la  masse  de  gneis  qui  les  sépare  a environ  la  même 
épaisseur  ( i ). 

On  ne  peut  rester  long-temps  incertain  sur  la  manière  dont  on 
doit  envisager  ces  alternatives  ) car  en  considérant  la  montagne  en- 
tière de  la  Jungfrau,  on  remarque  que  le  calcaire  forme  tout  son 
côté  septentrional  jusqu’à  sa  cime,  tandis  que  sa  portion  méri- 
dionale est  toute  composée  de  gneis  qui  s’élève  des  points  les 
plus  bas  jusqu’aux  plus  hautes  crêtes.  Il  n’y  a,  de  plus,  aucune  dif- 
férence appréciable  entre  le  gneis  qui  couvre  le  calcaire  dans  le 
Roththal  et  celui  qui  resort  au-dessous  de  cette  vallée  ou  qui 
constitue  en  général  la  chaîne  primaire.  La  dénomination  de  demi- 
granite  ( Halbgranit  ) proposée  par  M.  Hugi  est  tout-à-fait  inutile  , 
puisqu’elle  tendrait  à séparer  des  roches  identiques. 

En  jetant  les  yeux  sur  le  profil  naturel  de  la  montagne,  il  de- 
vient clair  que  l’introduction  du  calcaire  dans  le  gneis , sous  la 
forme  d’un  coin  et  vice  versa , n’est  qu’une  suite  du  soulèvement 
qui  n’a  pu  s’opérer  sans  faire  éprouver  aux  couches  secondaires  des 
fendillemens,  des  brisures  et  desplissemens.  La  théorie  de  M.Hugi 
est  donc  aussi  inadmissible. 

On  peut  observer  encore  plus  aisément  les  mêmes  faits  dans  le 
Mettenberg  près  Grindelwald  , ainsi  qu’au  Laufcstock  et  au  Plat- 
tenstock  , sur  les  bords  de  la  route  qui  conduit  au  même  hameau. 

On  doit  vraiment  s’étonner  avec  M.  Hugi , qu’aucun  savant  ne 
les  ait  pas  vus , puisqu’il  ne  s’agit  pas  de  voyages  pénibles , mais 
seulement  de  savoir  distinguer  les  rochers  calcaires  d’avec  ceux 
composés  de  gneis , dans  un  des  lieux  les  plus  visités  en  Suisse. 

En  considérant  en  face  les  trois  montagnes  mentionnées,  elles 
paraissent  n’offrir  qu’une  masse  calcaire  de  plusieurs  milliers  de 
pieds  de  puissance  et  à sommet  tronqué.  Cette  roche  semble  s’éle- 
ver jusqu’à  la  cîme'et  repose  indistinctement  sur  le  gneis  ; mais  en 
voyant  les  mêmes  montagnes  en  profil , on  remarque  qu’il  s’élève 
encore  du  sommet  vers  les  montagnes  placées  derrière  une  hauteur 
à pente  douce  qui  a tout  l’extérieur  des  rochers  de  gneis,  et  qui  en 
est  composée  en  réalité  , comme  on  peut  s’en  assurer  en  place. En 


(i)  Voyez  planche  I,  üg.  3. 


SÉANCE  DU  2 2 NOVEMBRE  1 85 1 . 


54 

poursuivant  le  calcaire  dans  les  ^vallons  latéraux  et  dans  la  direc- 
tion des  montagnes  plus  au  sud , 011  voit  sa  puissance  diminuer 
petit  à petit  et  sa  terminaison  en  coin  dans  le  gneis.  Dans  cet  en- 
droit , le  gneis  supérieur  ne  se  distingue  pas  particulièrement  de 
celui  qui  est  inférieur  au  calcaire  : ce  sont  donc  encore  des  masses 
calcaires  enveloppées  et  non  alternantes.  Je  serais  même  disposé  à 
penser  qu’elles  ne  sont  qu’une  réunion  de  lits  elliptiques  et  concen- 
triques comme  dans  le  coin  calcaire  supérieur  du  Roththal  ; la  sortie 
des  roches  feldspatliiques  aura  produit  cette  inflexion  , néanmoins 
mes  observations  ne  me  permettent  pas  encore  d’assurer  que  c’est 
en  réalité  dans  la  partie  supérieure  de  la  vallée  d’Urbach  où  se 
termine  le  calcaire  duLaubstock,  je  n’ai  trouvé,  aulieu  delà  dolo- 
mie grenue  de  M.  Hugi , que  du  calcaire  lamelleux. 

Le  point  le  plus  important  pour  observer  les  rapports  géologi- 
ques précédens,  est  sans  contredit  le  col  entre  la  vallée  d’Urbach  et 
le  glacier  appelé  Rosen  Lauigletscher ; caron  y voit,  non-seule- 
inent  le  gneis  et  le  calcaire  pénétrer  mutuellement  l’un  dans 
l’autre  sous  la  forme  de  coins  très-variés  mais  de  plus , tous  les 
rapports  des  deux  roches  sont  comme  un  tableau  complètement  à 
nu  depuis  le  fond  de  la  vallée  jusqu’aux  plus  hautes  cimes.  U y à 
déjà  quarante  ans  que  mon  père  a dessiné  le  profil  de  ces  alternati- 
ves répétées  de  calcaire  et  de  gneis.  Il  est  singulier  que  M.  Hugi 
ait  mal  représenté  les  faits  dans  ces  lieux  j car  ni  sa  description  ni 
ses  profils  11e  coïncident  avec  la  réalité  , qui  confirme  cependant  si 
bien  ses  observations  dans  ce  Roththal  (1). 

Le  gneis  du  Tossenhorn  s’insinue  dans  le  calcaire  à plusieurs  re- 
prises , et  l’on  peut  observer  parfaitement  la  ligne  de  contact  de 
ses  coins  avec  le  calcaire  sur  la  muraille  presque  verticale  deGstelli- 
horn.  Entre  le  gneis,  le  calcaire  se  présente  surtout  comme  une 
dolomie  compacte  grise  avec  un  enduit  terreux  jaune  de  paille. 
Dans  quelques  lits , il  est  saccharoïde , translucide  et  de  teintes 
blanches,  bleues  verdâtres  ou  rougeâtres.  Le  gneis  est  partout  le 
même  et  peu  différent  de  celui  du  Roththal , ou  du  fond  de  la 
vallée,  ou  bien  de  Branson  près  deMartigny.  C’est  un  mélange  de 
mica  tal queux,  de  feldspath  blanc  ou  brunâtre  et  de  très-peu  de 
quarz  , qui  oscille  toujours  entre  le  granité  et  le  gneis,  quoiqu’en 
grand  il  paraisse  appartenir  plutôt  à la  dernière  roche.  Je  n’ai  rien 
pu  observer  des  nids  et  des  filons  de  granit  que  M.  Hugi  décrit 
dans  ces  lieux.  Je  suis  obligé  de  dire  que  dans  plusieurs  points  où 
il  indique  du  granit , j’ai  trouvé  du  gneis.  Le  Mont-Kanzel , près 

(1)  Voyez  plant  lie  I,  fi".  2. 


SÉANCE  DU  2 2 NOVEMBRE  l85l.  ^55 

du  col  ou  de  la  vallée  d’Urbach  , n’est  pas  granitique  comme  le 
dit  M.  Hugi,  mais  composé  de  calcaire  à belemnites. 

Il  V a vingt  ans  , lorsque  les  roches  feldspathiques  étaient  encore 
appelées  strictement  primitives , les  observations  précédentes  au- 
raient fait  sensation  ; mais  maintenant  on  n’y  a vu  qu’une  répéti- 
tion des  faits  de  Predazzo  et  de  Yalle  Rabbiose.  Néanmoins  quelle 
différence!  les  montagnes  du  Tyrol  méridional  sont  des  collines  en 
comparaison  des  Alpes  Bernoises,  et  ce  qu’on  y peut  voir  en  quel- 
ques heures , exige  ici  des  courses  de  plusieurs  jours.  Quoique  les 
faits  n’aient  plus  l’attrait  de  la  nouveauté , ils  sont  décisifs  pour  la 
théorie  de  l’origine  des  Alpes.  Les  apparences  de  Predazzo  sortent 
pour  ainsi  dire  de  la  ligne  de  celles  qu’on  peut  appeler  ordinaires, 
parce  qu’elles  se  lient  aux  éruptions  du  porphyre  pvroxénique  , et 
il  reste  toujours  quelqu’incertitude  pour  savoir  si  le  granit  de 
Canzacoli  n’est  positivement  qu’une  forme  particulière  de  la  roche 
pyroxénique;  ce  ne  sont  donc  pas  ces  faits  qui  sont  applicables  aux 
Alpes  Bernoises.  Nous  savons  à présent  qu’il  existe  entre  le  dépôt 
calcaire  des  Alpes  et  le  gneis-granit  delà  chaîne  centrale  , une  ligne 
de  contact  telle  qu’elle  n’est  explicable  par  aucune  théorie  de  dé- 
pôts formés  paisiblement  dans  le  sein,  des  mers.  Les  particularités 
de  ces  accidens  peuvent  seules  se  rattacher  aux  grands  soulèvemens 
indiqués  par  Predazzo  , et  par  tous  les  rapports  de  contact  observés 
jusqu’ici  entre  les  roches  feldspathiques  et  sédimentaires.  » 

On  lit  ensuite  utie  lettre  de  M,  Yoltz , adressée  de  Stras- 
bourg. 

«La  seconde  livraison  des  Mémoires  de  notre  Société  d’histoire 
naturelle  renfermera  entr’ autres  objets  géologiques  fort  intéressans 
un  travail  deM.  Studer  sur  les  calcaires  des  Alpes  et  sur  leurs  fos- 
siles. Il  m’a  communiqué  tous  les  fossiles  qu’il  a recueillis  dans  les 
Alpes  et  j’y  ai  trouvé  un  bon  nombre  de  pétrifications  qui  caracté- 
risent notre  troisième  étage  jurassique  (l’argile  de  Kimmeridge)  et 
les  couches  de  Portland  à Besançon , Montbéliard,  Porentruy , Cha- 
rier,  etc. 

Dans  ce  cas  sont  1 ’ Isocardia  excentrica  N.  Sp.  et  iriflata  N.  Sp. 
Ammonites  inœcjuistriatus  N.  Sp.  et  un  Proto  encore  indéterminé. 
D’autres  fossiles  se  trouvent  dans  le  calcaire  jurassique  du  Wur- 
temberg tels  sont  l’ Ammonites  decipiens  Sow , annularis  Ziet en, pli- 
catilis  Z.,  colubratus  Z.,  Belemnites  hastatus  , sulcatus  (Theodori), 
biplex  Sow.,  planulatus , comprimatus  Z.,  Cidarites  subangularis 
Goldf.  D’autres  pétrifications  existent  dans  divers  étages  jurassiques, 
dans  le  lias  du  Jura,  de  la  Normandie  et  de  l’Angleterre.  Tels 
sont  l’A.  Davoeii , œquistriatus  Z.,  Parkinsoni Sow. , falcif erSow . y 


56 


S&A.NCE  DU  2 2 NOVEMBRE  1 85  ï , 

Tellinites  problematicus  Schl. , Tet'ebratula  inconstans  Sow.  et 
ornithocepliala  Sow.  Il  y a de  plus  beaucoup  d’espèces  nouvelles 
qui  seront  figurées  dans  notre  prochaine  livraison, 

La  société  désire  savoir  s’il  existe  des  Belemnites  intermédiaires 
dans  le  Muschelkalk;  nous  possédons  un  marbre  noir  de  Cascastel 
aux  Pyrénées  avec  des  Orthocères  , et  un  fossile  qui  est  analogue 
aux  Belemnites  et  que  je  désignerai  sous  le  nom  de  B.  Dubius . L’al- 
véole et  la  gaine  sont  bien  prononcées  , la  première  est  très-aigüe, 
beaucoup  pins  que  dans  les  autres  Belemnites  ; c’est  peut-être  l’ex- 
trémité ou  plutôt  le  commencement  de  la  partie  originaire  d’une  or- 
thocère,  ou  un  passage  des  Orthocères  aux  Belemnites.  M.d’Althaus 
possède  une  alvéole  de  Belemnite  qu’il  a extraite  lui-même  du  Mus- 
chelkalk  de  Marbach,  mais  il  n’a  pas  vu  de  gaine.  M.  Thurmann  a 
dressé  des  profils  instructifs  pour  le  redressement  des  couches  des 
terrains  près  de  Montbéliard  où  les  superpositions  sont  plus  claires 
que  dans  la  Haute-Saône.  » 

On  lit  le  Mémoire  suivant  de  M.  Jules  Teissier , docteur- 
médecin  à Anduze  (Gard). 

« Depuis  que  j’ai  donné  connaissance  à la  Société  de  la  découverte 
d’une  caverne  à ossemens  aux  environs  d’ Anduze,  je  l’ai  examinée 
de  nouveau  avec  M.  Marcel  de  Serres. 

Nous  sommes  partis  de  Nismes  le  22  octobre  , accompagnés  de 
M. Dumas  de  Sommières,  qui  s’occupe  à dresser  la  carte  géologique 
de  notre  département.  On  sait  que  Nismes  est  bâti  au  pied  de  col- 
lines qui  dépendent  de  la  formation  de  la  craie  , et  qu’au  midi  de 
cette  ville  on  ne  trouve,  jusques  à la  Méditerranée , que  le  dilu- 
vium dans  les  plaines,  des  amas  de  cailloux  roulés  semblables  à ceux 
de  la  craie  d’Arles,  formant  du  côté  de  Saint-Gilles  des  monticules 
étendus,  et  quelques  traces  de  calcaire  tertiaire  grossier  ou  moëllon 
de  M.  Marcel  de  Serres. 

Si  l’on  sort  de  la  ville  du  côté  du  nord , on  trouve  sur  la  route 
d’Alais  des  collines  de  craie  compacte  9 "qu’on  pourrait  facilement 
confondre  minéralogiquement  avec  le  calcaire  du  Jura  • et  dans  ces 
collines  se  trouve  la  carrière  de  Barutel , d’où  les  B.omains  ont  ex- 
trait les  blocs  principaux  qui  ont  servi  à la  construction  des  Arènes 
et  de  la  Tour-Magne. 

La  route  d’ Anduze  est  au  nord-ouest  de  la  ville  et  traverse  les 
mêmes  formations  que  celle  d’Alais.  A l’ouest  encore  de  cette  route 
d’ Anduze,  près  de  celle  de  Montpellier,  avant  d’être  au  village  de 
Saint-Césaire,  une  formation  d’eau  douce  dont  nous  parlerons  tout 
à l’heure,  s’avance  sur  le  sommet  de  certaines  collines,  par  une  je- 


SÉANCE  DU  22  NOVEMBRE  1 85 1 . 5? 

tée  étroite , jusques  au  Bied-d’ Autel  , monticule  à demi-lieue  au 
nord-ouest  de  Nismes. 

En  suivant  la  route  de  Nismes  à Ànduze  , on  se  trouve  pendant 
trois  lieues  à peu  près  , c’est-à-dire  de  Nismes  jusqu’à  Fons  , sur  la 
formation  de  craie  compacte  qui  rend  le  sol  aride  , pierreux  , et 
n’offre  rien  de  remarquable , si  ce  n’est  quelques  marnes  bleues 
dans  les  Vallongues  et  un  banc  d’oolite  miliaire  tout  auprès. 

Après  les  baraques  de  Fons,  la  formation  de  craie  est  recouverte 
par  une  formation  d’eau  douce  qui,  courant  du  couchant  au  levant, 
couvre  une  bonne  partie  de  notre  département,  et  qui  est  traversée 
ici  par  la  route  du  nord  au  midi,  dans  le  sens  de  sa  largeur.  Cette 
partie  de  la  route  tracée  sur  le  calcaire  d’eau  douce  s’appelle  la 
montée  de  Fons  et  a près  d’une  lieue  de  longueur. 

Aux  approches  de  Montagnac , la  formation  d’eau  douce  dispa- 
raît et  l’on  se  retrouve  sur  la  craie.  C’est  à une  demi-lieue  à l’ouest 
de  ce  village  que  se  trouve  la  belle  carrière  de  Lynx ; on  y extrait 
une  craie  compacte  d’un  beau  blanc  , quelquefois  sub-oolitique  à 
grains  fins  , dont  les  Romains  se  sont  servi  pour  la  construction  de 
la  Maison-Carrée  à Nismes. 

De  Montagnac  à Lésan  , on  est  toujours  sur  la  craie  argileuse  et 
les  marnes  bleues  de  la  craie , qui  par  leur  décomposition  forment 
un  terrain  de  la  plus  mauvaise  qualité  : aussi  tout  est-il  de  la  plus 
grande  aridité  aussi  loin  que  la  vue  peut  s’étendre. 

A Lésan , s’observent  quelques  poudingues  qui  nous  semblent 
devoir  être  rattachés  à la  formation  d’eau  douce,  et  de  là  jusqu’à 
la  Madeleine,  près  d’ Anduze,  on  ne  trouve  qu’un  excellent  terrain 
d’alluvion  dans  la  plaine  et  des  poudingues  sur  les  hauteurs. 

A la  Madeleine,  deux  collines  de  calcaire  du  Jura  forment  un 
barrage  que  la  rivière  semble  avoir  coupé  ; et  quand  on  a franchi 
ce  détroit,  les  collines  qui  bordent  le  vallon  d’ Anduze  sont  des  do- 
lomies appartenant  au  lias,  jusqu’auprès  de  la  ville. 

La  ville  d’Anduze  est  bâtie  au  pied  de  deux  montagnes  du  cal- 
caire du  Jura,  nommées  Pierremole  et  Saint-Julien.  Ce  calcaire  ju- 
rassique est  supérieur  à la  formation  du  lias.  Au  nord  d’Anduze  , 
dans  le  vallon  des  Gypières,  on  observe  encore  ce  calcaire  jurassi- 
que , le  lias  et  un  banc  exploité  assez  puissant  de  gypse  compacte 
secondaire,  ou  l’on  n’a  pourtant  pas  observé  de  fossiles. 

La  route  d’Anduze  à Mialet  se  dirige  au  nord  d’Anduze;  elle 
traverse  la  coupure  faite  par  le  Gardon  dans  le  calcaire  du  Jura  , 
entre  les  montagnes  de  Pierremole  et  de  Saint-Julien  , et  on  re- 
trouve la  formation  du  lias  au  village  de  Cornadel. 

De  ce  hameau  jusqu’au-delà  de  celui  de  Montsauve , 


on  trouve 


58 


SÉANCE  DU  2 2 NOVEMBRE  1 85 1 . 

les  diverses  roches  du  lias  , le  calcaire  bleu  , les  schistes  noirs  , le 
calcaire  siliceux , la  dolomie  compacte  j et  après  avoir  parcouru 
toutes  ces  roches  , on  quitte  le  terrain  secondaire  pour  entrer  dans 
celui  de  transition  où  l’on  observe  successivement  des  grès  rouges 
inférieurs  au  lias,  des  arkoses,  des  marnes  irrisées,  des  sables  et  des 
cailloux  roulés,  des  traces  de  schistes  micacés,  et  enfin  le  granit. 

Cette  roche  primitive  , qu’on  trouve  vis-à-vis  la  tour  de  Mont- 
fescaut  et  qui  dépend  de  la  chaîne  de  Palières,  dont  elle  est  séparée 
par  une  profonde  coupure  où  passe  la  rivière  , se  décompose  en 
blocs  arrondis.  On  y observe  en  filons  de  la  wake,  de  la  baryte  sul- 
fatée, du  quarz  en  roche,  du  fer  sulfuré. 

Entre  les  métairies  du  Rocan  et  du  Pradinas  , le  granit  cesse  et 
on  rentre  sur  la  formation  du  lias  , sans  trouver  les  roches  inter- 
médiaires observées  sur  le  revers  opposé  de  la  montagne  granitique. 

Près  du  Pradinas  , il  existe  dans  le  lias  un  banc  assez  étendu  qui 
abonde  en  fossiles.  De  là  jusqu’à  Miolet  et  jusqu’à  la  grotte  qui  se 
trouve  un  peu  plus  loin  vers  le  nord , toutes  les  montagnes  qui 
bordent  la  vallée  du  Gardon  appartiennent  à la  formation  du  lias  ; 
seulement  la  plupart,  et  les  plus  élevées  en  général,  sont  recouvertes 
par  plusieurs  couches  horizontales  de  calcaire  jurassique. 

C’est  dans  la  dolomie  dépendante  du  lias  que  s’ouvre  la  grotte  du 
Fort,  et  non  dans  le  calcaire  du  Jura  qui  lui  est  supérieur,  comme 
je  l’ai  dit  d’après  des  rapports  inexacts  dans  ma  première  notice. 

Cette  grotte  est  ouverte  sur  une  coupe  abrupte  et  d’un  abord 
dangereux  de  dolomie  compacte  , à trente  mètres  environ  au-des- 
sus du  niveau  de  la  rivière.  La  hauteur  du  portail  qui  en  forme 
l’entrée  est  d’environ  huit  mètres  et  sa  largeur  de  quatre. 

A l’intérieur  de  la  grotte,  le  sol  monte  rapidement  et  se  rap 
proche  de  la  voûte,  de  telle  sorte  qu’on  ne  peut  bientôt  plus  se  te- 
nir debout.  La  grotte  se  partage  en  plusieurs  boyaux.  Le  sol  n’en 
est  point  établi  sur  le  rocher,  mais  dans  les  premières  parties  de  la 
grotte  sur  un  sable  dolomitique,  détritus  évident  de  la  roche  dans 
laquelle  elle  est  percée. 

Dans  quelques  endroits,  ce  sable  est  recouvert  de  couches  stalag- 
mitiques  d’un  à trois  centimètres  d’épaisseur,  qui  s’arrachent  faci- 
lement en  tables  étendues  de  plusieurs  pieds  en  carré.  Ces  stalag- 
mites sont  d’un  gris  foncé  comme  la  roche  j leur  cassure  est  à peu 
près  de  même  couleur , seulement  on  y voit  quelques  facettes  et 
aiguilles  cristallines,  de  sorte  qu’il  semble  qu’un  liquide  incrustant, 
tombé  du  plancher  goutte  à goutte , a saisi  et  solidifié  une  couche 
de  un  à trois  centimètres  d’épaisseur  du  sable  sur  lequel  elle  est 
tombée.  Ces  stalagmites  et  ce  sable  ne  s’observent  guère  que  dans 


SÉANCE  DU  2 2 NOVEMBRE  1 83  1 . 5g 

les  premières  parties  de  la  grotte;  dans  les  parties  plus  éloignées, 
un  limon  gras  les  remplace , et  son  épaisseur  , qu’on  a trouvée  de 
près  d’un  mètre  en  certains  endroits  , paraît  beaucoup  plus  consi- 
dérable dans  d’autres,  où  l’on  n’a  pas  creusé  jusqu’au  rocher, 

A cinquante  mètres  à peu  près  de  l’entrée  de  la  grotte  , au  haut 
de  la  montée  dont  nous  avons  parlé  , sous  les  stalagmites  déjà  dé- 
crites et  sous  une  couche  de  sable  limoneux  de  deux  à quatre  déci- 
mètres , se  trouvent  des  ossemens  humains  en  grande  abondance. 
Nous  n’en  avons  pas  trouvé  d’autres  en  cet  endroit.  Ils  sont  peu 
pénétrés  de  sucs  pierreux , légers  , assez  fragiles  ; nous  avons 
trouvé  mélangés  avec  eux  des  débris  de  poterie  grossière,  noire  tant 
au  dehors  que  dans  la  pâte , dont  les  surfaces  en  certains  endroits 
avaient  quelquefois  pris  par  l’action  du  feu  une  teinte  rougeâtre. 

Cette  pâte  est  formée  d’une  terre  grossièrement  pétrie  et  non 
tamisée  , renfermant  de  petits  rhomboïdes  primitifs  de  chaux  car- 
bonatée.  Il  y avait  des  débris  de  grands  et  de  petits  vases;  les  pre- 
miers, épais  de  un  à deux  centimètres,  donnaient  à supposer  dans 
leur  intégrité  par  la  courbure  des  fragmens , un  diamètre  de  trois 
à quatre  décimètres.  Les  plus  petits  n’avaient  guère  que  deux  à 
trois  lignes  d’épaisseur  ; ils  étaient  extérieurement  décorés  de  filets 
en  creux  , ou  d’impressions  symétriques  , comme  on  en  pourrait 
faire  avec  la  pointe  d’un  couteau. 

Après  nous  être  arrêtés  quelque  temps  à l’entrée  du  premier 
boyau  pour  faire  ces  premières  fouilles,  nous  suivîmes  une  descente 
assez  rapide,  en  rampant  sur  le  sable,  dans  de  longs  couloirs, 
presque  comblés  de  sables  dolomitiques  , de  gros  et  de  petits  frag- 
mens de  dolomie  et  de  limon  gras;  et  bientôt  nous  vîmes  des  débris 
nombreux  d’ossemens  d’ours.  Je  laisse  à d’autres  le  soin  de  déci- 
der s’ils  appartiennent  à VUrsus  spelœüs , Artoideus , Pistons , ou 
à toute  autre  espèce. 

Dans  quelques  endroits  de  la  grotte,  aux  ossemens  d’ours  se 
trouvent  mêlés  quelques  débris  rares  et  peu  reconnaissables  de  ru- 
minans,  de  rongeurs  et  d’oiseaux.  Dans  certains  couloirs  profonds, 
étroits  et  où  l’on  n’arrive,  même  en  rampant,  qu’avec  la  plus 
grande  peine,  on  trouve  des  ossemens  indéterminables  incrustés 
au  plafond  et  tenant  si  solidement  au  rocher  qu’on  ne  peut  les 
avoir  sans  les  briser  en  éclats. 

Jusques  ici,  nos  observations  n’ont  rien  d’extraordinaire,  elles 
diffèrent  peu  de  ce  que  j’avais  déjà  rapporté.  J’ajouterai  que  les 
ours  ont  pu  certainement  vivre  dans  notre  caverne  à ossemens, 
qu  ils  ont  pu  y vivre  tranquillement,  et  que  les  débris  de  plusieurs 
générations  ont  pu  s’y  accumuler.  Il  est  possible  aussi  que  ces  ours 


Go 


SEANCE  DU  2 2 NOVEMBRE  1 85 1 . 

saisis  par  une  inondation  aient  péri  violemment  dans  cette  caverne, 
ou,  qu’effrayés  par  les  eaux  qui  s’amoncelaient,  ils  s’y  soient  réunis 
en  plus  grand  nombre  que  de  coutume.  Mais  il  est  encore  possible 
que  noyés  ailleurs,  leurs  osseméns  aient  été  amenés  dans  la  caverne 
par  les  eaux.  Toutes  ces  choses  peuvent  se  soutenir.  D’un  autre 
côté,  la  présence  des  ossemens  incrustés  au  plafond  de  la  caverne 
prouve  qu’elle  a été  remplie  de  limon  à ossemens  par  une  action 
violente  qui  doit  être  celle  des  eaux.  Car  sans  cette  action  violente 
et  dans  l’ordre  ordinaire  des  choses,  les  ossemens  des  ours  qu’on 
supposerait  avoir  habité  la  caverne  se  trouveraient  tous  sur  le  plan- 
cher, par  couches  horizontales,  et  aucun  ne  pourrait  être  incrusté 
à la  voûte. 

Au  reste  , l’action  des  eaux  n’est  pas  difficile  à concevoir  dans 
cette  localité  où  le  lit  du  Gardon  parait  s’être  considérablement 
abaissé  par  la  coupure  d’un  barrage  de  rochers  qui  existait  peu  au 
dessous.  Ce  qui  viendrait  à l’appui  de  cette  explication,  c’est  qu’on 
observe  dans  la  grotte  en  plusieurs  endroits  des  lits  d’un  sable 
différent  de  celui  qui  provient  du  détritus  de  la  roche  dolomi tique, 
et  parfaitement  identique  avec  celui  que  roule  actuellement  le 
Gardon , c’est-à-dire  , composé  de  grains  de  quarz  et  de  débris  de 
gneis  et  de  schistes  mica  cés. 

Nous  allons  maintenant  aborder  la" question  la  plus  importante. 

Dans  les  boyaux  les  plus  profonds , dans  les  plus  étroits  , à plus 
d’un  mètre  de  profondeur  , dans  le  limon  gras  de  la  caverne,  on 
a trouvé,  mélangés  ensemble,  des  ossemens  d’hommes,  d’enfans 
et  des  ossemens  d’ours. 

Il  est  vrai  qu’à  peu  de  profondeur  dans  le  limon,  au-dessus  des 
ossemens  d’ours  on  avait  déjà  trouvé  un  squelette  humain  et  une 
figurine  romaine,  et  que  plus  loin  encore,  vers  le  fond  de 
la  grotte  on  a sorti  d’un  seul  coup  de  pioche  six  bracelets  en 
cuivre  fin  , fondu,  assez  grossièrement  sculptés  au  burin  et  que  je 
crois  pourtant  romains.  Mais  il  est  vrai  aussi , qu’on  a trouvé  des 
ossemens  humains  dans  la  profondeur  du  limon , pèle-mèle  avec 
ceux  des  ours;  qu’il  y avait  des  têtes  entières,  des  épines  dorsales, 
dont  tous  les  os  étaient  en  connexion  , des  ossemens  d’enfans  , des 
débris  de  poterie , des  dents  de  chien  et  de  renard  percées  proba- 
blement pour  être  suspendues  en  amulette  autour  du  cou  : une  valve 
d ’unio  margaritifera  qui  sans  doute  avait  servi  au  même  usage, 
et  enfin  plusieurs  os  pointus  affilés  de  main  d’homme. 

Ces  derniers  os  sont  des  radius  et  des  cubitus  de  chiens  , de  re-^ 
nards  ou  d’autres  espèces  de  pareille  grosseur.  Ils  sont  trop  gros- 
sièrement travaillés  pour  qu’on  suppose  qu’ils  ont  servi  de  styles 


SÉANCE  DU  2 2 NOVEMBRE  1 85 1 . Cl 

à écrire;  ils  sont  trop  petits  et  trop  faibles  pour  avoir  servi  d’ar~ 
mes;  ils  doivent  avoir  été  taillés  pour  servir  à porter  à la  bouche 
les  alimens,  et  surtout  à piquer  la  viande. 

La  grotte  du  Fort  a toujours  élé  connue  dans  le  pays,  mais  on 
ne  soupçonnait  pas  qu’elle  contînt  des  ossemens.  MM.  Duché, 
pasteur  évangélique  à Mialet,  et  Julien  , instituteur  primaire  qui  a 
quelque  temps  étudié  la  médecine,  s’en  aperçurent  les  premiers. 

Entre  le  i5  août  et  le  23  septembre , jour  de  mon  excursion,  la 
grotte  a été  visitée  par  beaucoup  d’amateurs  qui  ont  emporté  un 
grand  nombre  d’ossemens  ; et  de  plus  elle  a été  dévastée  par  les 
paysans  qui  ont  tout  bouleversé  dans  l’espoir  d’y  trouver  de  l’ar- 
gent, espoir  excité  par  la  découverte  des  bracelets.  Maintenant  il 
n’y  a plus  rien  à y voir.  Mais  parmi  les  objets  curieux  qu’on  en  a 
extraits,  je  dois  citer  uiïe  belle  tête  d’ours  presque  entière  qui  a 
plus  d’un  demi  - mètre  de  longueur  et  qui  est  en  la  possession  de 
M.  Duché.  Deux  têtes  pareilles,  des  humérus,  des  fémurs,  des  ra- 
dius, des  cubitus,  des  sacrum  et  autres  os  entiers  possédés  parM.  Ju- 
lien qui  a de[plus  la  figurine  et  les  bracelets  romains.  Il  possède  aussi 
les  dents  percées  en  amulette,  les  styles  ou  fourchettes  en  os,  la 
coquille  , des  débris  de  poterie , plusieurs  têtes  humaines  et  un 
grand  nombre  d’ossemens  d’hommes  ou  d’ours. 

De  ces  faits  fidèlement  rapportés  il  me  semble  qu’on  peut  en  dé- 
duire les  conclusions  suivantes  : 

i°  Â une  époque  reculée,  des  ours  nombreux  et  d’espèces  au- 
jourd’hui perdues  vivaient  dans  le  pays.  Ces  ours  ont  pu  habiter 
dans  cette  grotte  ou  dans  le  voisinage.  S’ils  ont  vécu  dans  la  grotte, 
leurs  ossemens  s’y  sont  naturellement  accumulés.  S’ils  ont  vécu  dans 
le  voisinage,  il  se  pourrait  que  leurs  ossemens  eussent  été  apportés 
dans  la  grotte  par  les  eaux.  Mais  dans  l’un  et  Fautre  cas,  ces  ossemens 
mêlés  à un  limon  gras,  supposés  une  fois  dans  la  grotte,  ont  été  en- 
traînés par  les  eaux  dans  des  couloirs  où  les  ours  n’ont  pas  pu 
vivre  et  qui  ont  été  remplis  jusqu’à  la  voûte.  Plus  tard  ces  couloirs 
ont  été  vidés  en  partie  par  un  effet  contraire  des  eaux,  et  certains 
ossemens  sont  restés  empâtés  à la  voûte  en  témoignage  de  ces  ré- 
volutions. 

2°  Certaines  petites  espèces  de  ruminans,de  rongeurs  et  d’oiseaux, 
tous  en  petit  nombre, paraissent  avoir  partagé  le  sort  des  ours. 

3°  Des  ossemens  d’hommes  en  grand  nombre  , et  quelques-uns 
d’enfans  se  trouvent  aussi  dans  cette  caverne.  Les  bracelets  et  la 

figurine  donnent  à penser  que  ce  sont  des  restes  de  romains. Les 

poteries  grossières,  les  dents  en  amulette  , les  os  pointus  pour  aider 
à manger  , les  dents  des  têtes  usées  par  la  mastication,  môme  chez 


62 


SÉANCE  DU  22  NOVEMBRE  1 83 1 . 

de  jeunes  sujets , portent  à penser  cju’une  partie  de  ces  dépouilles 
appartient  à des  peuples  moins  civilisés.  N’est-il  pas  possible  qu’on 
trouve  ici  mêlés  les  romains  vainqueurs  , et  les  indigènes  vaincus 
de  l’époque  de  la  conquête  de  la  Gaule? 

4°  Mais  les  hommes  ont-ils  vécu  dans  cette  caverne?  Non  cer- 
tainement en  rciême  temps  que  les  ours.  — Non  certaiment  les  ro- 
mains en  même  temps  que  les  sauvages.  — Et  ni  les  uns,  ni  les 
autres  dans  la  plupart  des  endroits  oii  on  les  trouve  actuellement 
et  où  l’on  ne  peut  passer  qu’en  rampant. 

5°  Ces  hommes  ont-ils  été  ensevelis  dans  le  lieu  où  on  les  trouve? 
C’est  possible  pour  certains  endroits  de  la  caverne.  — Ce  n’est  nul- 
lement probable  pour  d’autres. — Ils  peuvent  avoir  été  ensevelis  à 
l’entrée  et  dans  des  endroits  assez  spacieux  où  l’on  en  trouve  un  grand 
nombre  qui  paraissent  isolés.  — Ils  ne  peuvent  l’avoir  été  au  fond, 
dans  des  couloirs  impraticables  où  ils  sont  mêlés  aux  ossemens  d’ours. 
Ils  ont  été  portés  là  par  uue  cause  violente , par  la  même  cause  qui 
a charrié  les  ossemens  d’ours , par  les  eaux  qui  les  ont  mêlés  en- 
semble et  pétris  avec  le  limon. 

6°  Mais  ces  ossemens  entassés  par  la  même  cause , au  moins  dans 
certaines  parties  de  la  grotte,  sont-ils  tous  contemporains?  En 
d’autres  termes , les  hommes  et  ces  ours  d’espèces  actuellement 
perdues  ont-ils  vécu  à la  même  époque  ? Question  compliquée  qu’on 
ne  doit  peut  être  pas  résoudre  d’une  manière  positive , mais  qu’on 
peut  cependant  éclairer  de  quelques  réflexions. 

Eu  effet,  une  violente  inondation  a bien  pu  prendre  au  dehors 
des  ossemens  d’hommes  et  d’ours , les  mêler , les  pétrir  de  terre  et 
les  amonceler  au  fond  de  cette  grotte  : mais  de  grandes  difficultés 
combattent  cette  supposition.  L’eaü  aurait-elle  trouvé  au  voisinage 
de  la  grotte  assez  d’ossemens  d’hommes  , d’ours  et  de  ces  espèces 
seulement?  Aurait-elle  transporté  la  figurine  fragile  entière  et  les 
bracelets  de  métal  qui  sa  sont  trouvés  réunis  et  non  épars  ? Il  y a 
dans  cette  supposition  des  circonstances  qui  paraissent  aussi  impos- 
sibles à réaliser  que  celles  de  l’habitation  simultanée  de  cette  grotte 
par  des  ours  , des  sauvages  et  des  romains. 

Si  l’on  renonce  à la  contemporanéité  d’existence,  soit  dans  la 
grotte  , soit  au  voisinage  de  la  grotte  , les  choses  deviennent  plus 
faciles  à comprendre  et  à expliquer.  Je  conçois  que  d’abord  les  ours 
ont  habité  la  grotte , qu’ils  en  étaient  les  seuls  maîtres  et  que  leurs 
générations  successives  l’ont  peuplée  de  lenrs  débris.  Plus  tard  cer- 
tains habitans  de  la  contrée  s’en  sont  emparés , soit  comme  lieu 
d’habitation , soit  comme  lieu  de  sépulture  : ils  y ont  laissé  ces  os 
affilés  et  pointus , ces  dents  percées  en  amulettes , ces  poteries  gros- 


SEANCE  DU  22  NOVEMBRE  1 83 1 . §§ 

sières  que  nous  y avons  trouvées.  À une  troisième  époque,  des  ro- 
mains ont  pu  s’y  cacher , s’y  retrancher  ou  s’y  ensevelir  : delà  , 
la  figurine  romaine  et  les  bracelets  de  bronze, 

Que  faut-il  pour  arracher  tons  ces  débris  jusqu’ici  distincts  du 
lieu  de  leur  sépulture  ou  de  leur  gisement  j pour  les  mêler  en- 
semble, les  précipiter  au  fond  de  la  grotte,  les  attacher  à la  voûte 
dans  des  couloirs  inabordables?  Il  ne  faut  qu’une  simple  inonda- 
tion. Sans  recourir  pour  la  produire  à ces  cataclysmes  dont  on  est 
si  prodigue  en  géologie,  il  ne  faut  supposer  qu’un  barrage  un  peu 
élevé  en  aval  de  la  rivière  et  la  rupture  d’un  pareil  barrage  en 
amont  qui  élèvent  subitement  les  eaux. 

De  pareilles  catastrophes  ont  existé  partout;  partout  on  en  trouve 
des  traces  ou  des  souvenirs,  et  dans  le  cas  qui  nous  occupe,  les  sa- 
bles du  Gardon  retrouvés  dans  la  caverne  fournissent  à l’appui  de 
notre  opinion  un  témoignage  presque  irrécusable. 

Je  dois  ajouter  pour  terminer,  que  les  os^ëmens  humains  me 
semblent  moins  pesans , plus  altérés , moins  pénétrés  dans  leur 
substance  de  matière  terreuse  que  ceux  des  ours  , et  que , par  con- 
séquent , leur  aspect  particulier  me  porte  aussi  à conclure  qu’ils 
sont  ensevelis  depuis  moins  de  temps  que  les  autres.» 

La  Société  décide  qu’on  priera  l’auteur  d’envoyer  des  pote- 
ries de  la  caverne. 

M.  Deshayes  rend  compte  de  ses  observations  faites  près 
d’Epernay. 

«J’ai  constaté  que  les  argiles  à liguites  d’Epernay  reposent  entre 
la  craie  et  des  assises  de  meulière  , qui  recouvrent  aussi  le  calcaire 
grossier  • les  argiles  sont  placées  en  une  espèce  de  parallélisme  avec 
le  calcaire  grossier  , qui  n’offre  dans  ce  lieu  que  ses  assises  infé- 
rieures et  une  partie  de  ses  assises  moyennes.  A Dammerie,  il  ren- 
ferme au  moins  4oo  espèces  de  coquilles.  Lorsqu’on  va  vers  Dam- 
merie par  le  vallon  de  Lisy,  on  observe  que  le  terrain  argileux 
s’appuie  sur  le  calcaire  grossier  et  atteint  le  même  niveau.  D’un 
côté  de  la  vallée  , on  voit  d’abord  des  couches  de  galets  roulés  $ 
puis  de  bas  en  haut,  l’argile  plastique,  le  calcaire  grossier , le  grès 
marin  supérieur  et  la  meulière  j et  de  l’autre, l’argile  à liguites  et  à 
coquilles  d’eau  douce. 

Ce  dernier  dépôt  n’est  qu’une  continuation  de  celui  du  Soisson- 
nais  et  de  Rlieims  ; car  près  de  cette  dernière  ville  et  à Hautvillers, 
le  calcaire  grossier  et  l’argile  à lignites  sont  bout  à bout  l’un  à côté 
de  l’autre,  c’est-à-dire  que  l’argile  s’est  déposée  dans  des  vallées  du 


64  SÉANCE  DU  22  NOVEMBRE  1 85 1 . 

calcaire  grossier , et  que  les  deux  formations  ont  été  couvertes  en- 
suite par  les  meulières. 

La  colline  entre  Nantheuil-la-Fosse  et  Cumière  offre  , sur  une 
de  ces  pentes,  les  argiles  à lignites  à coquilles  d’eau  douce  et  sur 
l’autre,  le  calcaire  grossier.  » 

Après  l’exposé  de  ces  observations,  M.  Cordier  rappelle  que 
M.  Prévost  avait  aussi  annoncé  que  le  calcaire  grossier  et  les 
argiles  à lignites  du  Soissonnais  formaient  des  falaises  appli- 
quées l’une  contre  l’autre  bout  à bout. 


une  alluvion  fluviatile  qui  s’est  amoncelée  dans  ce  lieu , et  qui 
n’a  pu  être  portée  que  rarement  et , en  plus  petites  portions  , 
dans  le  bassin  parisien. 

La  discussion  s’engage  sur  les  meulières  de  La  Ferté-sous- 
Jouarre , qui  sont  dans  une  argile  sableuse  et  ont  été  réputées 
jusqu’ici  une  dépendance  du  sol  tertiaire  supérieur.  Si  ce  der- 
nier terrain  fournit  la  plupart  des  pierres  meulières  pour  l’in- 
dustrie , on  en  extrait  aussi , sur  divers  points  , du  dépôt 
fluviatile  moyen  des  environs  de  Paris. 


i 


JondrGeo/ngi^ne^eJrnnçe^ 


Tom.  //.  Pi  L 

Fig'.l. 


.'IComit.  Cou/ir  depuis  Za.  Hàus.rvye  jusya'à  Geriee-oy  ,pr'es£eaaoais . ( Oise) 

la  Houssoye 


X-iÛi  de  Roissy . 


SÎJ4.; 


SÉANCE  DU  5 DÉCEMBRE  1 85 1 . 


61: 

Séance  du  5 décembre  1831. 

M.  Cordier  occupe  le  fauteuil. 

Le  procès-  verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopte. 

Il  est  fait  hommage  à la  Société  : 

i°  Par  M.AlexandreBrongniart,d’un  Mémoire  intitulé  Essai 
sur  les  Orbicules  siliceux  et  sur  les  formes  à surfaces  courbes 
qu'affectent  les  Agates  et  les  autres  silex.  Paris,  1 85 1 . Un  ca- 
hier in- 8°  de  40  pages,  avec  4 planches,  extrait  des  Annales 
des  Sciences  naturelles. 

<i°  Par  M.  Studer,  de  sa  Monographie  de  la  Molasse  {Mono- 
graphie der  Molasse)., Un  vol.  in- 8°  de  427  pages  , avec  une 
carte  et  une  coupe.  Berne,  1 83 1 . 

3°  Par  M.  Walferdin,  du  T ableau  général  du  commerce  de  la 
France  avec  ses  colonies  et  les  puissances  étrangères , pendant 
l'année  i85o,  publié  par  l’Administration  des  Douanes.  Un  vol. 
grand  in-4°  de  71  pages. 

4°  Par  M.  Boué,  des  trois  premiers  volumes  du  Journal  de 
Géologie.  In -8°,  i83oà  1 83 1 . GhezLevrault , libraire  , à Paris. 

Les  quatre  derniers  cahiers  contiennent  outre  les  petites  notices 
16  mémoires,  savoir  : Des  observations  faites  dans  la  Steppe  des  Kir- 
gliis;  un  Mémoire  sur  les  Alpes,  par  MM.  Sedgwick  et  Murchison; 
un  Travail  sur  les  terrains  tertiaires  inférieurs , par  M.  Reboul  ; un 
Mémoire  sur  l’île  de  Sylt  en  Danemark , par  M.  Forkliammer; 
une  Description  des  mines  de  Dognasca  dans  le  Bannat,  par 
M.  Scherubel  ; une  Lettre  de  M.  Savi  sur  les  fossiles  secondaires 
des  montagnes  de  la  Spezzia  ; une  Notice  sur  de  nouvelles  cavernes  à 
ossemens,  par  MM.  Marcel  de  Serres  et  Pitorre  ; un  Mémoire  sui- 
tes brèches  osseuses  à coquilles  marines  et  sur  des  dépôts  très-récens 
de  Sardaigne , par  M.  de  la  Marmora ; la  Description  des  bassins 
tertiaires  de  Baza  et  d’ Alhama  dans  le  royaume  de  Grenade , par 
M.  Silvertop  ; une  Description  du  sol  tertiaire  au  pied  des  Alpes 
Allemandes,  par  M.  Boué  ; une  Note  sur  les  idées  de  M.  de  Beau- 
mont relativement  aux  soulèvemens,  par  M.  Boué;  un  Tableau 
des  nouvelles  sociétés  savantes  et  des  publications  qui  s’occupent 
de  géologie,  par  M.  Boué;  une  Notice  sur  les  altérations  des  ro- 
ches calcaires  du  littoral  de  la  Grèce,  par  M.  Boblaye  ; enfin,  les 
deux  Mémoires  sur  le  petit  Atlas  et  la  Barbarie,  par  M.  Rozet. 

Sec.  gefol.  Tome  II.  5 


SÉANCE  DU  5 DÉCEMBRE  1 85 1 . 


66 

M.  Saigcy  envoie  27  numéros  du  Lycée,  h partir  du  icr  dé- 
cembre i85i,  et  accepte  l’échange  de  ce  journal  contre  le 
Bulletin  de  la  Société. 

M.  de  Férussac,  comme  directeur  de  la  Société  du  Bulletin 
universel,  adresse  en  échange  du  Bulletin  de  la  Société,  les 
quatre  premiers  cahiers  du  Bulletin  des  Sciences  naturelles  et 
de  Géologie  pour  1 83 1 . 

Il  est  présenté  par  M.  Boué: 

ic  Des  observations  sur  les  végétaux  fossiles  avec  des  figures 
de  leur  structure  intérieure  vue  au  microscope  ( Observa- 
tions 011  fossil  végétai  les,  etc.  ),  par  M.  H.  Witham.  In-4°  de 
/jô  pages,  avec  6 planches.  Londres,  1 83 1 . 

20  La  Flore  fossile  de  la  Grande-Bretagne,  ou  des  figures  et 
des  descriptions  des  végétaux  fossiles  de  ce  pays  ( The  fossil 
Flora,  of  great  Britcdn  , etc.  ) , par  MM.  Lindley  et  Iiutton. 
In-8°  , par  cahiers  de  20  pl.  et  de  60  p.  de  texte.  Numéros  I 
et  II.  Londres,  1 83 1 . Prix  du  cahier  : 4 sch.  6 p. 

5°  Esquisse  de  l’histoire  naturelle  de  la  Lithuanie  , de  la 
Volhynie  et  de  la  Podolie,  sous  les  rapports  géognostique , mi- 
néralogique, botanique  et  zoologique  (Nalurhistorische  Skizze 
von  Lithauen , V olhynien  u Fodolien,  etc.  ) , par  Ed.  Eich- 
wald.  In-4°  de  s56  pages,  avec  5 pl.  Wilna,  i83o. 

4°  Le  premier  cahier  du  troisième  volume  des  Archives  de 
minéralogie , de  géogno&ie,  etc.,  du  docteur  Karslen.  Berlin, 
1 85i. 

Ce  cahier  contient  une  description  géologique  d’une  partie  de  la 
Silésie  inférieure  et  des  montagnes  de  la  Bohême  , avec  une  carte 
géologique  , par  MM.  Zobel  et  Carnall  • la  Description  des  rochers 
appelés  Bruchhauser-Steine  sur  l’îssenberg,  dans  le  district  d’Arns- 
berg,  par  M.  Noggerath;  un  Voyage  aux  mines  de  Ramos,c!e 
Catorze  et  de  Chareas  dans  l’état  de  San  Luis  Potosi  au  Mexique, 
par  M.  Burkart , et  un  Mémoire  sur  le  sol  tertiaire  parisien  avec 
une  coupe,  parM.  de  Strombeck. 

5°  Le  troisième  cahier  des  Annales  de  minéralogie , de  géo- 
logie et  de  paléontologie  > de  MM.  de  Léonhard  et  Brown.  Hei- 
delberg, 1 85 1 . 

On  y trouve  un  Mémoire  de  M.  Rengger  sur  les  cols  et  les  pas- 


SÉANCE  DU  5 DÉCEMBRE  1 8 3 1 . 67 

sages  praticables  pour  les  voitures  dans  les  Alpes,  et  une  disserta- 
tion de  M.  Studer  sur  la  place  de  la  géologie  parmi  les  sciences  na- 
rélles  et  sur  les  subdivisions  qu’on  peut  y établir. 

6°  La  description  géognostique  du  duché  de  Nassau,  surtout 
p ar  rapport  aux  sources  minérales  de  ce  pays  ( Geognostische 
Beschreibung  des  H erzogthums  Nassau,  etc.)  In-8°  de  606  p.  , 
avec  une  carte  géologique  en  4 feuilles.  Wiesbaden,  i83i. 

70  Tableau  des  rapports  orographiques  et  géognostiques  du 
N. O.  de  l’Allemagne [Ubersicht  der  orographischen  and  geog- 
nosiiscken  VerJmltnisse,  etc.),  par  M,  F. Hoffmann.  2 vol.  in-8% 
avec  une  carte  et  deux  planches  de  coupes.  Leipzig,  i'83o. 

On  lit  la  lettre  suivante  de  M.  le  comte  Munster: 

a Les  N ummulites  citées  par  M.  D’ Alberti  dans  le  Muschelkalk  du 
Wurtemberg  , 11e  m’ont  offert  aucune  chambre  et  ne  peuvent  donc 
pas  appartenir  à ce  genre.  Eu  général,  je  n’ai  encore  vu  nulle  part  en 
Allemagne,  soit  dans  la  craie , soit  dans  le  sol  tertiaire  de  véritables 
Nummulites,  mais  il  y en  a dans  les  couches  entre  la  craie  et  le  ter- 
rain tertiaire  des  Alpes  Bavaroises.  D’un  autre  coté,,  les  autres  dé- 
pôts tertiaires  de  l’Allemagne  m’ont  offert  quelques  centaines  d’es- 
pèces de  Céphalopodes  foraminifères.  Les  fossiles  qu’on  a pris  pour 
des  Nummulites  au  Mont- Saint-Pierre  près  de  Maëstricht  appar- 
tiennent sans  exception  aux  Orbitolites.  Dans  les  formations  plus 
anciennes  il  y a,  commel’on  sait,  quelques  espèces  de  la  même  classe 
des  Céphalopodes  foraminifères. 

J’ai  visité  les  Alpes  du  Salzbourg  et  du  Tyrol,  j’ai  eu  le  plaisir 
de  rassembler  dans  ce  dernier  pays  près  de  Saint-Cassian , dans  le 
baillage  d’Enncberg  ( au  nord  de  la  vallée  de  Fassa  ),  plus  de  i3o 
espèces  de  coquilles  avec  leur  test  ; il  y en  a près  de  100  qui  sont 
nouvelles  et  je  suis  occupé  à les  décrire. 

La  détermination  des  formations  dans  les  Alpes  au  moyen  de  la 
zoologie,  paraît  être  une  chose  difficile,  puisque  le  même  dépôt  y 
paraîtrait  recéler  des  fossiles  qu’on  croyait  jusqu’ici  appartenir  à 
plusieurs  formations. 

Je  n’ai  trouvé  dans  le  calcaire  compacte  rouge  à Oi  tliocères  du 
Salzbourg,  ni  Bélemnites , ni  véritables  Ammonites  , mais  deux 
espèces  d’Ortliocères  et  des  fragmens  de  Goniatites , tandis  que  le 
calcaire  marneux  brun  rouge  à Bélemnites,  m’a  offert  i5  espèces 
d’ Ammonites , d’un  pouce  à un  pied  de  diamètre , dont  deux  sont 
nouvelles  et  les  autres  caractéristiques  du  lias. 


65  SÉANCE  DU  5 DÉCEMBRE  1 85 1 . 

Les  Bélemnites,  les  Trigonellites  et  les  Térébratules  de  ces  mêmes 
couches,  sont  à l’ordinaire  dans  la  même  classe  de  dépôt  qui  règne 
des  deux  côtés  de  la  Salza  et  qui  est  moins  élevé  que  les  roches*  à 
Orthocères.» 

On  lit  la  lettre  suivante  de  M.  le  professeur  Studer , de 
Berne  : 

« Les  pétrifications,  en  particulier  les  Ammonites  du  pied  nord 
du  Stockhorn  ou  du  Fallbach  près  de  Blumenstein,  ont  été  recon- 
nues par  M.Y oltz  pour  des  fossiles  du  lias,  tandis  qu’il  classe  d’après 
les  caractères  paléontologiques  le  calcaire  de  Chatel  Saint  - Denis , 
des  Yoirons  et  de  toute  la  chaîne  du  Stockhorn  dans  l’étage  juras- 
sique moyen.  Quant  aux  roches  calcaires  et  charboneuses  de  Bol- 
t.igen,  leurs  fossiles  les  font  ranger  pai\M.  Yoltz  dans  l’argile  de 
de  Kimmeridge  et  le  dépôt  Portlandien.  Pour  quiconque  avait 
visité  les  lieux,  il  était  impossible  d’adopter  le  classement  de  M.Bron- 
gniart , qui  aurait  voulu  retrouver  des  roches  tertiaires  à Boltigen. 
Au  contraire  les  classifications  que  M.  Yoltz  a faites  d’après  l’ins- 
pection seule  des  fossiles,  se  trouvent  conformes  aux  observations 
de  gisement  de  ces  divers  dépôts.  Eu  effet,  les  roches  de  Boltigen 
sont  superposées  distinctement  au  calcaire  ammonitifère  du  Stock- 
horn et  les  oolites  foncées  de  cette  chaîne  sont  bien  à leur  place 
dans  la  nature.  En  se  prolongeant  dans  le  pays  de  Fribourg,  la  chaîne 
du  Stockorn  change  petit  à petit  sa  direction  de  l’E.  à l’O. , pour 
celle  du  N.  E.  au  S.  O.;  or, d’après  la  théorie  de  M.  de  Beaumont 
le  point  où  un  pareil  changement  a lieu  devrait  offrir  des  disloca- 
tions et  des  entrecroisemens  de  directions  ou  de  systèmes  divers , 
ce  qui  n’a  pas  lieu  , puisque  ce  changement  se  fait  au  moyen 
d'une  courbure  peu  forte.  M.  de  Beaumont  se  fiant  au  tracé  défec- 
tueux des  cartes , a cru  retrouver  un  indice  de  son  système  Pyrénéo- 
Apennin  dans  l’extrémité  orientale  de  cette  chaîne;  néanmoins 
il  s’est  laissé  induire  en  erreur,  car  la  direction  y est  encore  celle 
de  l’E.  àl’O.,  et  son  extrémité  vient  toucher  à Reutigen.  D’un 
autre  côté,  une  portion  de  la  chaîne  calcaire  qui  accompagne  le 
versant  nord  de  la  chaîne  du  Niescn , s’étend  à travers  le  Simmen- 
thaï  , et  vient  se  juxtà-poser  à l’extrémité  sus-mentionnée 
du  Stockhorn.  Dans  le  défilé  de  Wimmis , on  coupe  une  por- 
tion de  cette  chaîne  au  sud  du  Stockhorn,  et  sur  un  aperçu  su- 
perficiel, on  pourrait  croire  qu’elle  fait  encore  partie  de  cette 
dernière  chaîne.  J’avoue  que  je  ne  vois  pas  non  plus  ce  qui  peut 
porter  M.  de  Beaumont  à prolonger  la  ligne  de  son  système  des 


SÉANCE  DU  5 DÉCEMBRE  1 85 1 . 69 

Alpes  occidentales  à travers  les  Alpes  Suisses  ; je  n’en  connais  pas 
d’indices  même  à Marti  gnv , où  les  cartes  pourraient  en  faire  pré- 
sumer. Dans  l’extrémité  orientale  des  Alpes , cette  chaîne  subit  une 
courbure  pour  se  prolonger  dans  les  Carpathes  par  Wimpassing  et 
Theben.  La  carte  géologique  de  M.  Partsch  et  les  mémoires  de 
M.  Boué  ont  suffisamment  détaillé  ce  fait.  Or,  il  en  résulte  que 
M.  de  Beaumont  se  serait  aussi  trompé  en  classant  le  Sommering 
dans  le  système  Apennin,  tandis  que  la  forme  du  contour  extérieur 
lui  a suffi  pour  placer  dans  son  système  nord-sud  ITstrie,  qui  ap- 
partient probablement  au  système  Apennin.» 

La  Société  approuve  les  décisions  suivantes  du  conseil  : 

MM.  Cartier,  de  Roissy  et  Clément  Mullet  sont  nommés  pour 
vérifier  les  comptes  du  Trésorier;  MM.  Iléricart  Ferrand,  Vé- 
ma-rd  et  Puillon-Boblaye pour  examiner  la  gestion  de  l’Archiviste. 

On  accepte  l’échange  du  Bulletin  de  la  Société  contre  le 
Mémorial  encyclopédique  de  M.  Bailly  de  Merlieux. 

Chaque  membre  de  la  Société  n’a  droit  qu’à  un  seul  exem- 
plaire du  Bulletin,  lors  même  qu’il  offrirait  d’en  payer  le  prix. 

On  nomme  une  commission  composée  de  MM.  Deshayes  , 
Walferdin  et  Dufrénoy,  pour  s’entendre  avec  un  libraire, 
sur  l’impression  des  Mémoires  de  la  Société,  en  s’en  tenant  , 
autant  que  possible,  aux  termes  du  réglement  pour  ce  genre  de 
publication. 

Le  local  de  la  Société  sera  désormais  ouvert  , pour  tous  les 
Membres,  les  dimanches,  de  10  heures  à 4 » et  tous  les  lundis  , 
autres  que  ceux  des  séances  ordinaires,  de  7 à 10  heures  du  soir. 

M.  Dufrénoy  lit  une  Note  sur  ia  position  géologique  des  prin- 
cipales mines  de  fer  de  la  partie  orientale  des  Pyrénées. 

«Les  mines  de  fer  sont  répandues  à l’extrémité  orientale  des  Py- 
rénées avec  une  grande  profusion;  elles  y forment  ordinairement 
des  masses  plus  ou  moins  considérables,  disséminées  d’une  manière 
très-irrégulière  dans  un  calcaire  saccharin  , gris  clair,  que  l’on  a 
regardé  pendant  long-temps  comme  de  transition  , et  que  nous 
rapportons  à des  formations  différentes  malgré  ses  caractères  pres- 
que uniformes.  Cette  constance  dans  les  caractères  du  calcaire, 
quel  que  soit  son  âge,  parait  due,  ainsi  que  nous  allons  l’indiquer, 
à la  même  cause  que  la  formation  des  minerais  de  fer,  c’est-a-dire, 
au  contact  du  terrain  calcaire  et  de  granité. 


SÉANCE  DU  5 DÉCEMBRE  1 85 1 - 


1° 

Les  nombreuses  mines  de  fer  qui  sont  exploitées  sur  les  pentes 
du  Canigou  fournissent  un  exemple  très-remarquable  de  cette 
position;  elles  forment  par  leur  ensemble  une  espèce  de  zone  cir- 
culaire d’environ  huit  mille  toises  de  diamètre  qui  enveloppe  |le 
Canigou  de  tous  côtés  presqu’à  la  meme  hauteur,  et  dont  les  prin- 
cipaux points  sont:  Py  , Fillols , Saint-Etienne-dc-Pomers , Val- 
mague  et  Battere. 

Les  minerais  sont  un  mélange  de  fer  spathique,  de  fer  hématite 
brun , de  fer  oxidé  rouge  et  de  fer  oligiste  écailleux.  Les  deux 
premiers  sont  beaucoup  plus  abondans  et  forment  seuls  la  base 
des  exploitations.  Ils  sont  inégalement  réparfis  dans  les  mines  ; 
quelques-unes  fournissent  presque  exclusivement  du  fer  spathique, 
et  d’autres  de  l’hématite  brune.  Le  minerai  existe  également  dans 
le  calcaire  et  dans  le  granité;  cependant  il  est  plus  pur  et  plus 
abondant  dans  la  première  de  ces  roches  ; aussi  les  puits  d’extrac- 
tion sont-ils  ordinairement  ouverts  du  côté  du  calcaire. 

Les  gîtes  métallifères  se  présentent  tantôt  sous  forme  de  filons , 
de  veines  parallèles  aux  couches,  ou  d’amas,  intercalés  indifférem- 
ment, ainsi  que  nous  venons  de  le  dire,  dans  le  granité  et  dans  le 
calcaire.  Ces  gîtes  ne  se  prolongent  pas  très  avant  dans  ces  deux 
roches  ; elles  constituent  par  leur  réunion  une  espèce  de  bande 
placée  au  contact  du  granité  et  du  calcaire , de  sorte  que  , malgré 
la  grande  irrégularité  du  gisement  de  chacune  de  ces  mines  de  fer, 
cependant  leur  ensemble  affecte  une  certaine  régularité.  Le  cal- 
caire qui  accompagne  les  mines  de  fer  du  Canigou  est  constam- 
ment saccharoïde,  et  presque  toujours  blanc  ; il  présente  alors 
(àPv,  Fillols,  Valmague,  etc.)  les  caractères  du  marbre  de 
Carrare.  On  ne  rencontre  pas  de  fossiles  dans  ce  calcaire,  on  pour- 
rait donc  le  supposer  primitif.  Mais  d’après  des  observations  nom- 
breuses que  nous  avons  été  à même  de  renouveler  cette  année,  les 
calcaires  saccharoïdes  de  la  chaîne  des  Pyrénées  , ne  sont  que  des 
exceptions  locales,  et  ils  dépendent  des  terrains  qui  les  environnent. 
Les  calcaires  saccharoïdes  du  Canigou  feraient  donc  partie  des  ter- 
rains de  transition  de  Villefranche  et  de  Livia  situés  au  pied  de  ce 
massif  de  montagnes.  Ils  en  auraient  été  séparés  à l’époque  où  la 
montagne  qui  les  supporte  s’est  élevée,  et  c’est  à la  même  cause  qui 
a fait  surgir  cette  montagne  que  sont  dus  la  texture  cristalline  du 
calcaire  et  les  nombreux  dépôts  de  minerais  de  fer  de  cette  con- 
trée. Plusieurs  années  s’étant  écoulées  depuis  que  j’ai  visité  les 
mines  de  fer  du  Canigou,  je  ne  saurais  donner  des  détails  plus  cir- 
constanciés sur  leur  manière  d’être,  mais  j’ai  été  à même  d’étu- 
dier il  y a peu  de  temps  lin  gisement  analogue  dans  la  vallée  de 


si 1 N CE  DU  5 DÉCEMBRE  1 85 1 . 71 

Gly;  je  vais  le  décrire  pour  donner  une  idée  plus  complète  de  la 
position  remarquable  de  ces  minerais  de  fer. 

Ce  gisement  est  situé  à une  petite  distance  de  Saint-Paul  *de  Fe- 
nouillet,  à une  demi-heure  du  pont  de  la  Fou,  où  la  Gly  entre  dans 
une  gorge  étroite  et  profonde  ouverte  dans  un  calcaire  cristallin  en 
couches  presque  verticales.  Les  caractères  extérieurs  de  ce  calcaire 
ne  sauraient  nous  donner  aucune  idée  de  son  âge;  il  a constamment 
été  rangé  avec  les  terrains  de  transition  des,  Pyrénées,  et  ce  n’est  que 
dans  le  voyage  que  je  fis  l’année  dernière  dans  cette  contrée,  avec 
M.  Elie  de  Beaumont , que  nous  reconnûmes  qu’il  appartient  au 
terrain  de  craie  inférieure.  Ce  calcaire  est  en  effet  associé  à des  mar- 
nes noires  renfermant  des  fossiles  de  cette  formation;  il  pré- 
sente en  outre  quelques  indices  d’Hippurites  et  de  Dicérates.  Ces 
fossiles  disséminés  dans  le  calcaire  saccharoïde  sont  à l’état  lamel- 
leux;  ils  se  dessinent  presque  toujours  en  noir  sur  la  pâte  du  cal- 
caire qui  est  d’un  gris  bleuâtre,  analogue  à la  couleur  du  marbre 
bleu  turquin.  Il  faut  avoir  vu  un  grand  nombre  de  ces  fossiles  pour 
pouvoir  les  reconnaître;  ils  paraissent  avoir  été  comprimés  dans  tous 
les  sens  , et  de  plus  ils  sont  tellement  adhérens  au  calcaire,  qu’il 
est  difficile  d’en  détacher  des  fragmens  caractérisés.  Au  pont  de  la 
Fou  , les  couches  sont  redressées  très-brusquement,  circonstance 
en  rapport  avec  la  présence  dn  granité  qui  se  trouve  à une  petite 
distance  de  la  surface  du  sol,  et  se  montre  au  jour  de  tous  cotés. 
Les  minerais  de  fer,  dont  je  veux  parler,  sont  précisément  au 
contact  même  du  calcaire  et  d’une  pointe  de  granité  qui  sort  au 
milieu  du  terrain  secondaire. 

Depuis  le  pont  de  la  Fou  jusqu’à  l’endroit  où  l’on  voit  les  mine- 
rais de  fer,  le  calcaire  présente  les  caractères  généraux  que  je  viens 
d’indiquer;  cependant  on  peut  dire  qu’il  est  de  plus  en  plus  cris- 
tallin à mesure  que  l’on  s’approche  des  masses  granitiques.  Au 
pont  de  la  Fou,  le  calcaire  était  encore  un  peu  esquilleux  ; à trois 
cents  mètres  du  granité,  il  est  tout-à-fait  saccharoïde,  et  ne  contient 
plus  de  traces  de  fossiles. 

Voici  la  disposition  que  l’on  observe.  Les  conciles  plongent  vers 
FEst  25°  Sud  sous  un  angle  de  7 5°  , de  manière  à s’appuyer  sur  le 
granité  qui  forme  les  collines  de  St. -Martin.  On  marche  sur  le 
calcaire  saccharoïde  gris  clair  jusqu’à  cent  mètres  environ  de  la  masse 
principale  de  granité,  et  seulement  à trente-trois  mètres  d’une  rar 
mification  de  granité  dont  je  vais  bientôt  parler.  On  trouve  alors: 

i°  Un  calcaire  rougeâtre  saccharoïde  ferrugineux , formant  des 
couches  régulièrcs?dont  la  puissance  est  de  quinze  mètres  environ. On 
n’observe  pas  de  passage  de  ce  calcaire  au  calcaire  saccharoïde  gris 


72  SÉANCE  DU  5 DÉCEMBRE  1 85 1 . 

clair  qui  le  recouvre.  La  ligne  qui  le  sépare  est  très-tranchée;  il 
n’en  est  pas  de  même  de  sa  surface  de  contact  avec  la  roche  sur  la- 
quelle *il  est  superposé. 

2°  C’est  une  dolomie  assez  solide  quoique  composée  de  la  réunion 
de  petits  rhomboèdres  isolés.  Cette  roche , non  stratifiée,  forme 
une  masse  carriée  dans  tous  les  sens,  qui  peut  avoir  dix-liuit  mè- 
tres de  puissance.  Elle  se  décompose  d’une  manière  très-irrégu- 
lière ; sa  surface  est  fortement  colorée  , tandis  que  dans  une  cas- 
sure fraîche  cette  dolomie  est  d’un  jaune  terne  très-clair.  Elle  con- 
tient quelques  veines  fort  irrégulières  de  fer  apathique  à très-petits 
grains , et  des  taches  de  fer  spéculaire.  Le  fer  spathique  se  distin- 
gue avec  difficulté  au  premier  abord  de  la  dolomie  ; mais  on  re- 
marque bientôt  qu’il  est  plutôt  en  lames  qu’en  cristaux.  La  couleur 
foncée  des  surfaces  extérieures  des  masses  de  dolomie,  est  due  à 
l’altération  du  fer  spathique. 

3°  La  dolomie  recouvre  immédiatement  une  roche  feldspathi- 
que  très-quarzeuse  qui  forme  une  espèce  de  filon  couché  de  vingt- 
deux  mètres  de  puissance.  Il  est  difficile  de  donner  une  idée  exacte 
de  cette  roche;  elle  est  le  résultat  de  la  pénétration  du  granité 
dans  le  terrain  , et  formé  par  conséquent  d’un  mélange  d’élémens 
très-différens.  Cette  masse  ne  présente  aucune  stratification.  Elle 
est  pénétrée  dans  tous  les  sens  de  fer  spathique  lamellaire  qui  y est 
disséminé  sous  forme  de  réseau. Il  est  accompagné  de  pyrites  et  d’un 
peu  de  fer  oligiste.  Ce  dernier  minéral  est  plus  abondant  dans  une 
couche  plus  rapprochée  du  granité  que  celle-ci. 

4°  Le  mélange  de  dolomie  et  de  fer  spathique  qui  recouvre  la 
roche  quarzeuse  dont  nous  venons  de  donner  la  description,  forme 
de  nouveau  une  masse  de  2 mètres  de  puissance.  Elle  s’appuie  sur  : 

5°  Une  roche  granitoïde  non  stratifiée,  formant  cependant  une 
masse  disposée  parallèlement  aux  couches,  et  dont  la  puissance 
est  de  37  mètres.  Cette  roche  est  composée  de  feldspath  à très- 
grandes  lames,  de  mica  vert,  et  de  quarz  très  peu  visible.  Elle  est 
mélangée  de  fer  spathique  et  de  fer  oligiste  écailleux,distribués  sous 
forme  de  petits  nids.  Les  parties  qui  contiennent  les  minerais  mé- 
talliques paraissent  altérées , le  feldspath  qui  est  alors  verdâtre  se 
laisse  entamer  par  une  pointe  d’acier  ; 

6°  A cette  roche  granitoïde  succède  de  nouveau  de  la  dolomie  , 
qui  forme  comme  une  salbande  épaisse  à l’espèce  de  filon  feldspa- 
thique  dont  nous  venons  de  parler.  Cette  troisième  masse  de  dolo- 
mie , dont  la  puissance  est  de  douze  mètres , est  beaucoup  moins 
régulière  que  les  deux  premières.  Ses  surfaces  de  contact  ne  sont 
pas  planes , la  dolomie  pénètre  un  peu  dans  la  roche  granitoïde 


SÉANCE  DU  5 DÉCEMBRE  ï83l.  ^3 

précédente  et  dans  le  granité  sur  lequel  elle  s’appuie.  Elle  contient 
encore  du  fer  spathique  , mais  elle  est  surtout  riche  en  fer  oligiste 
écailleux  qui  y est  disséminé  en  nids  assez  abondans. 

70  Enfin  on  trouve  le  granité  qui  forme  les  montagnes  de  St.- 
Martin.  Il  diffère  essentiellement  de  la  roche  granitoïde  n.  5 , il 
est  à petits  grains  et  à mica  noir.  Malgré  cette  différence  , on  peut 
assurer  que  la  roche  granitoïde  intercalée  dans  la  dolomie  est  une 
ramification  du  granité.  C’est  très-probablement  à l’action  réci- 
proque du  granité  sur  le  calcaire  et  aux  dégagemens  de  gaz  qui  ont 
du  se  faire  au  contact  de  ces  deux  roches  que  sont  dus  la  différence 
de  texture  du  granité  , les  changemens  que  le  calcaire  a éprouvés 
et  l’introduction  des  minerais  de  fer. 

Ce  gisement  intéressant  nous  fournit  une  nouvelle  preuve  du 
peu  d’ancienneté  du  granité  des  Pyrénées.  Comment  concevoir 
en  effet  l’intercalation  de  la  roche  granitoïde  entre  deux  couches 
de  dolomie  , si  le  granité  ne  s’y  était  introduit  à la  manière  des  fi- 
ions? La  position  presque  verticale  des  couches  et  le  parallélisme 
de  la  dolomie  , et  des  masses  de  granité  s’opposent  à la  supposition 
que  le  calcaire  s’est  déposé  dans  les  anfractuosités  du  granité,  tandis 
que  le  soulèvement  de  cette  roche  postérieurement  au  terrain  de 
craie , et  son  épanchement  entre  deux  couches  de  ce  terrain,  expli- 
quent d’une  manière  simple  et  naturelle  le  phénomène  que  nous 
venons  de  décrire 

Les  mines  de  fer  de  Rancié  dans  l’Arriége  qui  alimentent  à elles 
seules  un  grand  nombre  d’usines,  nous  paraissent  d’après  nos  obser- 
vations et  surtout  d’après  celles  de  M.  Marrot,  se  trouver  dans  la 
même  position  que  les  minerais  de  fer  du  Canigou.  En  effet , le 
gîte  métallifère  est  placé  à la  proximité  du  granité,  dont  le  contact 
avec  le  calcaire  s’observe  à une  petite  distance  de  la  mine  dans  le 
ravin  de  Sem,  et  il  contient  de  la  dolomie.  En  outre,  M.  Marrot 
annonce  , dans  un  Mémoire  inséré  dans  les  Annales  des  Mines 
( Volume  4 , page  3 1 4 ) ? « que  les  couches  du  terrain  de  tran- 
» sition  sont  quelquefois  interrompues  par  d’énormes  masses  de 
» granité,  auxquelles  ces  roches  adhèrent  parfaitement,  quoique  le 
» passage  soit  brusque  de  l’une  à l’autre.  Ces  couches  de  transi- 
» tion  renferment  alors  quelques  filons  contenant  de  la  galène  ar- 
» gentifère,  du  cuivre  pyriteux  et  souvent  des  amas  de  minerai  de 
» ter  analogues  à ceux  de  la  vallée  de  Sem.  » 

Ces  détails  nous  conduisent  à conclure  que  la  plupart  des  mines 
de  fer  de  la  partie  orientale  des  Pyrénées  sont  placées  à la  jonction 
des  terrains  de  granité  et  de  calcaire , que  leur  formation  est  en 
rapport  intime  avec  le  soulèvement  de  la  chaîne  granitique,  enfin 


SÉANCE  DU  5 DÉCEMBRE  1 83 1 . 

que  la  texture  cristalline  est  également  un  résultat  de  cette  action, 
laquelle  s’est  transmise  au  calcaire,  quelle  que  soit  la  formation  à i 
laquelle  il  appartient.  » 

On  lit  un  Mémoire  de  M.  Reboul,  intitulé  Précis  de  quelques 
observations  sur  la  structure  des  Pyrénées. 

« Les  observations  que  j’ai  eu  l’honneur  de  soumettre  àl’Académie 
sur  la  structure  de  la  chaîne  des  Pyrénées  m’ont  paru  mériter  son 
attention,  en  ce  qu’elles  modifient  et  contredisent,  à quelques 
égards  , les  opinions  les  plus  accréditées  sur  la  géographie  physique 
de  ces  montagnes. 

Comme  on  est  plus  occupé  qne  jamais  à chercher  dans  la  di- 
rection des  grandes  chaînes,  et  dans  leurs  relations  géologiques  , 
des  indices  propres  à décéler  le  mode  et  l’âge  de  leur  formation  ; • 

j’ai  essayé  de  soumettre  à un  nouvel  examen  la  détermination  de 
l’axe  pyrénéen  et  les  rapports  de  cet  axe , soit  avec  la  direction 
des  strates  inclinés , soit  avec  les  principales  parties  dont  se  com- 
pose la  chaîne  totale. 

Ces  recherches  m’ont  conduit  aux  conclusions  suivantes  bien  i 
peu  conformes  aux  idées  émises  jusqu’à  ce  jour  : i°  Qne  les  Pyrénées 
ne  sont  point  dirigées  de  FE.-S.-E.  à l’O.-N.-O.,  mais  à i5°,  au 
moins,  plus  au  sud  de  cet  alignement}  2°  Que  la  direction  des  stra- 
tes y est  rarement  parallèle  à cet  axe;  3°  Qu’elles  ne  constituent 
point  une  chaîne  simple  , et  qu’on  puisse  supposer  avoir  été  formée 
d’un  seul  jet;  4°  Qu’on  y trouve,  comme  dans  les  autres  chaînes 
de  montagnes , des  indices  de  plusieurs  évulsions  souterraines  dont 
elles  sont  le  produit;  5°  Que  ces  évulsions,  qui  paraissent  s’être 
succédées  pendant  la  longue  durée  des  anciennes  périodes  , se  sont 
prolongées,  comme  celles  des  Alpes,  jusque  dans  les  temps  assez 
avancés  de  la  période  tertiaire. 

Les  monts  Pyrénées  , dit  Pline , séparent  les  Gaules  de  l’Espagne 
eu  jetant  deux  promontoires  dans  les  mers  opposées  (i).  Ptolomée 
a indiqué  la  situation  du  promontoire  occidental  au  golfe  de  Gas- 
cogne . et  l’a  désigné  par  le  nom  d’OEaso , que  Danville  rapporte 
à la  punta  de  Figuera  , près  l’embouchure  de  la  Ridassoa , et  Gos- 
selin au  cap  Macliicaco , sur  les  confins  du  Guipuscoa  et  de  la 
Biscaye;  mais  ni  ce  cap  , ni  la  punta  di  Figuera  ne  terminent  la 
chaîne  des  Pyrénées.  Ils  en  sont  de  simples  appendices:  et,  en 
les  laissant  au  nord  , elle  se  prolonge  jusqu’aux  rivages  de  la  Galice. 


(i)  Ilist.  nat. , 1.  3 ch.  3. 


SÉANCE  DU  5 DÉCEMBRE  1 83 1 - 

C'est  ainsi  que  l'avait  envisagée  Strabon,  le  plus  judicieux  et  le 
mieux  informé  des  géographes  anciens. 

Cette  erreur  de  Pline  et  de  Ptolomée,  quoique  relevée  par 
Danvillc  , se  retrouve  néanmoins  encore  conservée  textuellement 
dans  la  plupart  des  descriptions  des  géologues  de  notre  siècle. 
Ceux  même  qni  l’ont  reconnue  ont  continué  d’admettre  les  fausses 
conséquences  qu’on  en  avait  déduites.  C’est  ainsi  que  la  direction 
de  la  chaîne  des  Pyrénées  se  trouve  déterminée  presqu’  unanime- 
ment du  cap  Créons  à la  punta  di  Figuera , deux  points  extrêmes 
dont  l’un  est  situé  au  sud,  l’autre  au  nord  du  véritable  alignement 
de  l’axe  pyrénéen. 

Cet  axe  commence  dans  la  Méditerranée , non  au  cap  Créons 
en  Espagne , mais  à celui  de  Cervères  dont  la  crête  sépare  le  plus 
également  les  torrens  dirigés  au  nord  de  ceux  dirigés  vers  le  midi. 
Cette  crête  centrale  , formée  par  la  ligne  de  partage  des  eaux  , a 
été  aussi  adoptée  par  la  politique  comme  limite  naturelle  des  Gaules 
et  de  l’ Espagne  (i). 

Le  point  où  se  termine  à l’occident  l’axe  pyrénéen  est  plus 
difficile  à déterminer  , parce  qu’aux  approches  de  la  mer  de  Galice 
la  chaîne  subit  une  bifurcation  dont  les  deux  branches  vont  se 
terminer,  l’une  au  cap  Ortégal , l’autre  au  cap  Finistère. 

Un  alignement  dirigé  du  cap  Cervères  au  point  où  commence 
cette  bifurcation,  viendrait  atteindre  la  mer  entre  les  deux  caps 
auprès  de  la  Corogne  et  à l’île  Sisarga. 

Cet  alignement  remplit  mieux  qu’aucun  autre  les  conditions 
prescrites  pour  un  axe  géographique , ou  plutôt  il  est  le  seul  qui 
les  remplisse.  C’est  lui  qui  s’écarte  le  moins  des  sinuosités  extrêmes 
de  la  crête  formée  par  les  deux  versants , qui  partage  le  plus  éga- 
lement entre  ces  deux  pentes  la  région  montueuse  , et  qui  lie  plus 
naturellement  les  extrémités  avec  le  centre , les  sommités  les  plus 
notables  avec  les  points  eulminans  d’où  partent  les  principaux 
courants  fluviatiles , tels  que  l’Aude  , l’Arriége  , la  Garonne , les 
Gaves  en  France , et  en  Espagne  la  Sègre , le  Douro  et  le  Minlio. 

Or,  l’alignement  de  cet  axe  pyrénéen  qui , du  cap  Cervères  à la 
Corogne  affleure  les  sources  de  tous  ces  courans,  bien  qu’il  laisse 
encore  un  peu  au  midi  les  arêtes  dominantes  des  Maladettes  et  de 
Marboré  , s’écarte  seulement  de  6 à 70  de  la  parallèle  à l’équateur. 
Il  y a loin  de  cette  détermination  à celle  qui  le  suppose  dirigé 
à l’O.  N.  O. 

Si  on  voulait  n’avoir  égard  qu’à  la  chaîne  - limite  des  deux 


(1)  Cervaria  finis  galliea,  Pomp.  Mêla. 


76  SÉANCE  DU  5 DÉCEMBRE  1 85 1 . 

royaumes , un  alignement  tiré  du  cap  Cervères  au  col  d*  Arrais  , point 
culminant  le  plus  voisin  du  golfe  de  Gascogne  , ne  s’éloignerait  que 
de  io°  nord  de  la  parallèle  à l’équateur.  Mais  outre  l’inconvénient 
de  11e  point  être  applicable  à la  chaîne  totale,  il  laisserait  à une 
grande  distance  la  région  centrale  et  dominante  de  toutes  les 
Pyrénées. 

Quant  à la  ligne  dirigée  du  cap  Créons  à la  Punfa  de  Figuera  , 
elle  est,  non  seulement  oblique  à l’axe  total,  mais  encore  à cet  axe 
fractionnaire  ou  limite  des  deux  royaumes  dont  elle  va  toujours 
s’écartant  vers  le  nord  , après  l’avoir  coupé  à peu  dedistance  de  son 
point  de  départ  et  de  la  Méditerranée. 

Cet  axe  supposé  laisserait  au  midi , avec  tout  le  versant  espagnol 
une  grande  partie  de  celui  de  France,  et  notamment  toutes  ses 
hautes  régions  ; au  lieu  de  limiter  au  sud  ce  versant , il  le  traver- 
serait obliquement,  et  le  diviserait  en  deux  parties,  dont  la  plus 
considérable  se  trouverait  jointe  aux  Pyrénées  espagnoles  déjà  plus 
spacieuses  que  celles  de  France. 

Il  suffit  d’exposer  ces  faits  pour  en  offrir  la  preuve , il  n’y  a 
point  de  carte  des  contrées  pyrénéennes  où  il  ne  soit  facile  de  les 
vérifier. 

On  peut  admettre  dans  une  chaîne  plusieurs  axes  géologiques  , 
soit  à raison  de  l’alignement  de  certaines  roches  spéciales , soit  à 
cause  de  la  direction  qu’affectent  les  feuillets  et  les  bancs  des  ro- 
ches stratifiées , mais  il  est  évident  que  ces  axes  sont  partiels  à 
moins  qu’ils  ne  se  confondent  par  leur  parallélisme  avec  l’axe  cen- 
tral et  géographique , qui  est , par  sa  nature  et  par  les  considéra- 
tions géométriques,  unique  et  universel. 

La  recherche  d’un  axe  granitique  me  paraît,  jusqu’à  ce  jour, 
avoir  été  infructueuse.  Les  masses  de  cette  roche  forment  au  sein 
des  Pyrénées  comme  de  grandes  îles  qui  ne  s’éloignent,  ni  entre 
elles , ni  avec  l’axe  géogïaphique. 

Dans  la  région  occidentale  dès  Pyrénées  françaises,  M.  Palassou 
a reconnu  que  les  traînées  de  l’ophite  se  prolongeaient  à peu  près 
comme  la  chaîne  de  l’est  à l’ouest , mais  ces  roches  manquent 
presqu’entièrement  dans  la  région  orientale. 

Tous  les  géologues  qui  ont  écrit  sur  ces  montagnes  paraissent 
unanimes  touchant  la  direction  générale  des  strates  vers  l’O.N.  O. 
et  leur  parallélisme  avec  l’axe  pyrénéen.  Mais  si  cet  axe  ne  s’écarte 
que  de  6 à 70  vers  le  nord  de  la  parallèle  à l’équateur,  et  si  les 
strates  sont  en  effet  dirigés  vers  l’O.  N.  O.,  ces  deux  lignes,  loin 
d’être  parallèles  se  coupent  sous  un  angle  de  plus  de  i5°. 

Il  existe  dans  les  Pyrénées  françaises , et  notamment  dans  les 


SÉANCE  DU  5 DÉCEMBRE  l8oi.  77 

vallées  où  coulent  les  afflue  ns  de  la  Garonne  et  de  l’Adour,  un 
grand  nombre  d’arêtes  obliques , dirigées  ainsi  que  leurs  strates 
vers  l’O.  N.  O,  et  même  vers  le  N.  O,  Le  cours  des  torrens  y est, 
à divers  intervalles,  parallèle  à ces  strates  et  à ces  arêtes  qu’ils 
interrompent  ensuite  en  se  repliant  dans  des  coupures  étroites  et 
transversales.  Cette  direction  fréquente  des  strates  des  Pyrénées 
vers  l’O.  N.  O.  ayant  été  d’abord  reconnue  par  M.  Palassou  , puis 
vérifiée  par  d’autres  observateurs , on  n’a  eu  aucun  égard  aux 
exceptions  que  le  premier  avait  indiquées  , ni  à beaucoup  d’autres 
non  moins  réelles.  On  s’est  hâté  d’ériger  cette  direction  en  loi 
générale  et  de  lui  assujettir  la  chaîne  toute  entière.  Mais  cette  in- 
duction s’évanouit  devant  la  preuve  directe  que  des  bancs  dirigés 
vers  l’O.  N.  O.  s’écartent  au  moins  de  i5°  de  l’alignement  de  l’axe 
pyrénéen.  M.  Palassou  a eu  le  mérite  d’apercevoir  le  rapport  qui 
existe  entre  la  disposition  des  strates  et  l’axe  de  la  chaîne  , quoiqu’il 
eût  d’abord  méconnu  la  vraie  direction  de  celui-ci , mais  en  recti- 
fiant cette  détermination  comme  l’a  fait,  eu  1819,  ce  respectable 
observateur  dans  ses  derniers  travaux  sur  l’ophite  (x).  Il  suffit 
d’appliquer  le  rapport  qu’il  avait  découvert,  non  à la  direction 
locale  de  quelques  strates , mais  à la  direction  moyenne  de  tous.  En 
effet,  plusieurs  arêtes  des  Pyrénées  sont  dirigées  vers  l’O.  S.  O., 
et  leurs  bancs  suivent  cette  direction  ; telle  est  celle  du  Ganigou 
dont  on  voit  sur  les  sommités  les  gneis  et  les  schistes  micacée 
dirigés  comme  la  protubérance  dont  ils  forment  le  faîte. 

On  rencontre  aussi,  mais  assez  rarement,  des  bancs  dirigés 
comme  la  chaîne  totale  de  l’Est  à l’Ouest.  Les  anomalies  de  ces 
directions  sont  très  nombreuses  et  souvent  très  rapprochées. 

Les  sinuosités  du  faîte  rendent  manifeste  la  multitude  de  petites 
arêtes,  qu’il  est  moins  facile  de  distinguer  dans  les  régions 
moyennes.  Leur  obliquité  relativement  à l’axe  central,  leur  inci- 
dence réciproque  et  leur  jonction  en  un  faîte  sinueux  prouvent 
que  la  chaîne  des  Pyréuées  a été  comme  toutes  les  autres , le  pro- 
duit d’un  grand  nombre  de  soulèvemens  partiels.  Cette  consé- 
quence qui  se  déduit  des  irrégularités  de  détail  de  la  crête  centra- 
le est  confirmée  par  le  rapport  de  ses  grandes  et  principales  divi- 
sions. 

Indépendamment  des  chaînons  qu’on  peut  reconnaître  sur  les 
deux  versans , il  y en  a trois  principaux  et  bien  distincts  qui  con- 
courent à former  ce  long  faîte  des  Pyrénées.  L’arête  qui  domine  la 
région  orientale  suit  la  direction  de  l’E.  N.  E.  à l’O.  S.  O.  Elle  s’é- 


(1)  Suite  des  Méiwvr(,s  . p.  4 1 :k 


ÿ8  SÉANCE  DU  5 DÉCEMBRE  1 85  i . 

tend  de  la  plaine  du  Roussillon  à celle  de  la  Catalogne  en  bordant 
en  France  la  rive  droite  de  la  Tet , et  en  Espagne  la  rive  gauche  de 
la  Sègre,  jusqu’au-dessous  de  la  Seu  d’Urgel.  Ses  nombreux  som- 
mets atteignent  la  hauteur  de  14  à i5oo  toises  , entre  le  Canigou 
de  Roussillon  et  le  Puigmaljde  Cerdagne , qui  en  est  le  point  le 
plus  élevé.  La  crête  centrale  qu’il  interrompt  entre  Mont-Louis  et 
Prats  de  Mollo  lui  est  très  inférieure. 

Les  vallées  de  la  Tet  et  de  la  Ségre  qui  se  joignent  par  leurs 
sommets  , forment  au  pied  de  ce  chaînon  une  longue  coupure  lon- 
gitudinale, la  seule  de  cette  espèce  qui  se  présente  dans  toute  l’é- 
tendue de  la  chaîne.  Le  grand  bassin  dé  Cerdagne  occupe  le  col! 
culminant  de  la  double  vallée  qui  semble  isoler  cette  région  orien- 
tale du  reste  de  la  chaîne.  Cette  ancienne  cavité  lacustre,  la  plus! 
grande  qui  se  rencontre  dans  les  Pyrénées , se  trouve  ainsi  placée1, 
dans  l’alignement  du  faîte  à une  hauteur  d’environ  6oo  toises  au-! 
dessous  de  ses  sommets  (i). 

C’est  au  N.  O.  de  ce  bassin  que  se  relève  la  seconde  arête  dirigée 
vers  l’O.  i/4  N.  Sa  hauteur  se  rapproche  de  i5oo  toises  vers  lesj 
sources  de  l’Ariège  orientale,  et  dépasse  ce  terme  dans  la  région  | 
de  l’Ariège  occidentale!  Elle  se  prolonge  dans  celle  de  Salat,  et 
jusqu’aux  premiers  rameaux  de  la  vallée  dJAran  , puis  s’abaisse  et 
se  perd  dans  les  montagnes  du  versant  français.  C’est  celle-ci  dont 
l’alignement  prolongé  viendrait  se  terminer  près  l’embouchure  de  i 
la  Bidassoa. 

Le  faîte  des  Pyrénées  passe  brusquement  de  cette  arête  à une, 
autre  plus  méridionale.  Celle-ci  est  en  effet  la  principale,  elle  em- 
brasse dans  son  alignement  presque  parallèle  les  points  les  plus 
notables  de  la  chaîne.  Plusieurs  géologues  ont  cru  que  cette  arête! 
maîtresse  était  la  continuation  de  la  précédente  et  qu’elles  étaient 
réunies  par  un  repli  ; d’autres  ont  considéré  l’une  et  l’autre  comme; 
parallèles.  Il  est  d’abord  évident  que  l’alignement  de  la  première 

(i)  On  a observé  aussi , dans  l’appendice  des  Pyrénées  appelé  Corbières , une 
déviation  fréquente  des  arêtes  et  des  strates  vers  l’O.  S.  O. , ce  qui  les  rend  pa-  ! 
rallèles  au  chaînon  du  Canigou  et  du  Puigmal.  Cet  appendice  est  lié  aux  Cévennes 
par  une  arête  qne  l’Aude  traverse  entre  les  villages  d’Homes  et  d’Argens.  Cette 
arête  pyrénéo-gébennique  en  se  prolongeant  sur  le  N.  E.  et  la  vallée  du  Rhône  , 
borde  au  nord  les  bassins  tertiaires  de  l’Aude , de  l'Orb  et  de  l’Hérault.  L’Orb  y 
creuse  un  défilé  au  dessous  de  Cassenon,  L’Ergue  , au-dessous  de  Lodère  , l’Hérault 
entre  Gangen  et  St-Guillera. 

Ainsi , on  peut  suivre  la  trace  des  évulsions  qui  ont  soulevé  les  Alpes  occidentales 
dans  les  directions  approchantes  de  l’O.  S.  O.  à l’E.  N.  E.,  non  seulement  jusqu’au 
voisinage , mais  jusqu’au  centre  des  Pyrénées. 


SÉANCE  DU  5 DÉCEMBRE  1 85 1 . 

£e  dirige  vers  la  mer  de  Gascogne,  et  que  l’autre  est  la  seule  dont 
le  prolongement  atteindrait  la  mer  de  Galice.  On  peut  aussi  se  con- 
vaincre qu’aucun  repli  ne  èe  fait  remarquer  entre  les  deux  arêtes 
juxtà-posées , et  qu’ellês  se  joignent  seulement  par  leurs  pentes  in- 
verses dans  le  bassin  de  Beret  qui  fut  aussi  un  ancien  lac  dont  les 
eaux  comme  celles  du  grand  bassin  de  Cerdagne  ont  dû  s’écouler 
à la  fois  vers  la  France  et  vers  l’Espagne. 

Ainsi,  la  chaîne  des  Pyrénées , quoiqu’elle  soit  l’une  des  plus 
simples,  est  néanmoins  composée  de  plusieurs  arêtes  qui  affectent 
des  directions  différentes , soit  dans  l’alignement  de  leurs  masses  , 
soit  dans  celui  de  leurs  strates.  Cette  disposition  l’assimile  aux  au- 
tres chaînes  plus  compliquées  , et  prouve  que  son  exhaussement 
s’est  pareillement  opéré  par  le  concours  de  plusieurs  évulsions  par- 
tielles , soit  contemporaines,  soit  successives. 

Cette  induction  ne  s’accorde  point  avec  la  théorie  si  ingénieuse 
et  si  séduisante  de  M.  Elie  de  Beaumont  qui  attribue  à diverses 
époques  les  soulèvemcns  dont  la  direction  n’est  point  la  même,  et 
suppose  néanmoins  que  les  Pyrénées  ont  été  formées  d’un  seul  jet. 
Que  devient  en  effet  cette  théorie,  si  le  chaînon  du  Canigou  et  du 
Puygmal  et  celui  des  sources  de  l’Ariège  et  du  Salat  qui  se  croi- 
sent sous  un  angle  de  plus  de  3o°,  ont  été  le  produit  d’une  même 
évulsion. 

On  trouve  dans  les  Pyrénées  les  indices  de  roches  soulevées  à 
plusieurs  époques , soit  avant,  soit  après  celle  des  dépôts  secon- 
daires les  plus  récents  portés  au  sommet  du  Mont-Perdu. 

Le  plus  ancien  de  ces  indices  est  la  présence  des  calamites  dans 
les  grauwack.es  de  la  Maladetta  et  dans  les  dépôts  d’anthracite  des 
terrains  intermédiaires.  L’époque  du  soulèvement  de  ces  terrains 
anciens  n’est  pas  bien  connue  , mais  quand  ils  se  sont  formés,  les 
végétaux  dont  ils  ont  enfoui  les  restes  couronnaient  les  hauteurs 
voisines  de  leurs  bassins , et  ces  hauteurs  étaient  déjà  des  monta- 
gnes. 

D’autre  part,  on  a observé  dans  le  Roussillon  les  molasses  ter- 
tiaires soulevées  comme  au  voisinage  des  Alpes.  C’est  au  débouché 
de  la  Tet , dans  la  plaine  , qu’on  peut  vérifier  ce  fait  important , 
le  seul  peut-être  où  le  terrain  tertiaire  de  sédiment , non  alluvial 
et  pareil  à celui  de  l’Hérault  ou  des  Apennins  , se  trouve  en  con- 
tact avec  les  roches  pyrénéennes.  Car  depuis  les  bords  de  la  mer 
de  Gascogne  jusqu’à  l’embouchure  du  Tech  dans  la  Méditerranée, 
la  chaîne  sc  montre  partout  entourée  de  terrains  d’alluvion  : mais 
à Nafiach , près  Millas , les  sables  du  dépôt  coquiller  laissent  à 
découvert  un  grand  lambeau  de  molasses  et  de  marnes  sableuses 


8o  SÉANCE  DU  Ô DÉCEMBRE  1 85 1 . 

bleuâtres  adossées  à la  roche  quartzeuse  pyrénéenne  , soulevées 
avec  elle  et  plongeant  au  S.  avec  une  inclinaison  d’environ  3o°(i). 

Non  seulement  il  suffit  de  ce  fait  pour  annuler  les  inductions 
qui  ont  fait  considérer  le  soulèvement  des  Pyrénées  comme  anté- 
rieur à celui  des  Alpes , mais  peut-être  serait-on  autorisé  à tirer 
l’induction  contraire  de  la  comparaison  des  phénomènes  des  deux 
régions  montagneuses;  car  les  dépôts  glauconiens  qui  occupent  aux 
Pyrénées  le  point  central  du  Mont-Perdu  , ne  se  rencontrent  aux 
Alpes  que  sur  des  sommités  latérales  et  à des  hauteurs  moyennes  (2). 
Et  quant  aux  molasses  soulevées  , celles  des  Pyrénées  reposent 
immédiatement  sur  les  roches  de  l’arête  centrale  , au  lieu  qu’aux 
Alpes  elles  n’atteignent  point  cette  arête,  mais  occupent  seulement 
une  partie  de  la  chaîne  extérieure,  qui,  d’après  les  observations  de 
Saussure  appartient  plutôt  au  système  du  Jura  qu’à  celui  des 
Alpes  du  Mont-Blanc.  Ce  grand  observateur  a fait  remarquer  que 
la  vallée  de  Taninge  et  celle  du  Reposoir  servaient  de  limites  aux 
deux  systèmes  , et  qu’à  partir  de  cet  alignement  les  bancs  se  rele- 
vaient d’un  côté  vers  le  Mont-Blanc  pour  former  la  grande  arête 
des  Alpes  occidentales,  de  l’autre  vers  le  cours  du  Rhône  et  le 
Jura  (3).  Or,  c’est  dans  celle-ci  seulement  que  se  rencontrent  les 
molasses. 

Comme  la  plupart  des  systèmes  de  montagnes  ( les  volcaniques 
exceptées)  se  ressemblent  beaucoup  par  la  composition  et  la  dispo- 
sition de  leurs  roches , il  est  probable  qu’ils  diffèrent  entre  eux 
bien  plus  par  les  accidens  locaux  que  par  des  rapports  généraux, 
tels  que  les  dates  du  temps  où  aurait  commencé  leur  apparition  et 
celui  où  elle  se  serait  achevée.  Cette  apparition  est  le  phénomène 
le  plus  saillant  et  le  plus  universel  des  anciennes  périodes  géolo- 
giques. Les  indices  du  soulèvement  des  roches  remplissent  quel- 
ques époques  de  la  primitive  et  toutes  celles  de  la  secondaire. 
Elles  se  reproduisent  à plusieurs  reprises  pendant  l’époque  ter- 
tiaire, où  les  grandes  évulsions  terrestres  qui  avaient  produit  les  j 
grandes  chaînes  de  montagnes  ont  commencé  à être  suppléées  par 
les  éruptions  volcaniques  et  les  tremblemens  de  terre  dont  nous  j 
sommes  encore  les  témoins.  » 

Après  la  lecture  de  ce  Mémoire,  M.  Dufrénoy  annonce  qu’il  ! 
a reconnu  avec  M.  de  Beaumont  qu’il  existe  quatre  directions 

(1)  Voyez  la  Planche  n°  1, 

(2)  A la  montage  de  Fis  près  Servos,  et  à celle  des  Diablerelz  dans  le  Bgs-Valais. 

(3)  Voyez  la  Planche  n°  2. 


SÉANCE  DU  19  DÉCEMBRE  1 85  1 . 8l 

de  soulèvement  dans  les  Pyrénées.  Le  plus  ancien  a suivi  immé- 
diatement la  formation  des  terrains  intermédiaires.  Le  second 
a eu  lieu  entre  le  dépôt  du  grès  vert , ou  plutôt  de  la  craie  an- 
cienne et  l’assise  supérieure  des  terrains  crétacés.  Le  défilé  de 
Pancorbo  entre  Vittoria  et  Burgos  en  offre  un  exemple  très-re- 
marquable ; sa  direction  est  S.  25°  O., la  même  que  le  système 
des  Alpes  occidentales.  Le  troisième  est  postérieur  à tout  le 
système  crayeux;  il  se  dirige  de  l’ouest  i6°  nord  à l’est  i6°sud. 
Enfin,  le  quatrième,  qui  a donné  naissance  aux  ophites , aux 
gypses  et  au  sel  gemme,  est  d’une  époque  plus  récente  que  les 
terrains  tertiaires;  sa  direction  est  à peu  près  0. 120  S.,  E.  120 
N.  , la  même  que  la  chaîne  principale  des  Alpes.  Malgré  ces 
quatre  directions  , dont  on  observe  des  traces  dans  plusieurs 
vallées,  il  est  néanmoins  entièrement  vrai , comme  l’a  annoncé 
M»  de  Beaumont,  que  la  chaîne  des  Pyrénées  doit  son  relief 
actuel  et  sa  direction  générale  au  troisième  système  de  soulève- 
ment, celui  qui  est  postérieur  au  terrain  de  craie,  les  deux  pre- 
miers ayant  été  modifiés  par  le  soulèvement  de  la  chaîne.  Quant 
au  quatrième,  il  ne  se  fait  sentir  que  dans  les  endroits  où  i’ophite 
s’est  fait  jour. 

M.  Boué  commence  la  lecture  d’un  Mémoire  intitulé  Essai 
pour  apprécier  les  avantages  de  la  paléontologie  appliquée  à 
la  géognosie  et  a la  géologie. 


Séance  du  19  décembre  1831. 

M.  Gordier  occupe  le  fauteuil. 

Après  la  lecture  et  l’adoption  du  procès-verbal  de  la  précé- 
dente séance,  le  président  proclame  membre  de  la  Société  : 

M.  R avergie,  naturaliste-voyageur  du  Muséum,  présenté  par 
MM.  Brongniart  et  Michelin. 

La  Société  reçoit  les  ouvrages  suivans  : 

i°  De  la  part  de  M.  de  Férussac,  le  cahier  de  mai  du  Bulletin 
des  Sciences  naturelles  et  de  Géologie. 

2°  De  la  part  de  M.  Bailly  de  Merlieux  , le  numéro  12  du 
Mémorial  encyclopédique, 

Soc.  gdol.  Tome  II.  <> 


82 


SEANCE  DU  19  DÉCEMBRE  l83j. 

3*  De  a part  de  la  Société  de  géographie,  le  cahier  d’octobre 
1 85 1 de  son  Bulletin. 

4°  De  la  part  de  la  Société  d’histoire  naturelle  de  Marbourg, 
dans  la  Hesse  électorale,  la  seconde  partie  du  premier  volume 
de  ses  Mémoires  ( Schriften  der  Gesellschaft  zur  Beforderung 
der  gcsammten  Nalurwissenscliaften  zu  Marburg.  In  - 8°. 

1 85 1.) 

5*  De  la  part  de  la  Société  industrielle  de  Mulhouse,  les 
numéros  2,  5,  4 et  5 de  la  Statistique  générale  du  département 
du  Ilaut-Bhin , publiée  par  cette  Société  et  mise  en  ordre  par 
M.  Achille  Penot.  In  4'*  Mulhouse,  1 83 1 . 

G0  De  la  part  de  M.  Rozet,  son  Cours  élémentaire  de  Géo- 
gnosie.  In-8°.  Paris , Levrault , 1880. 

70  De  la  part  de  M.  Boué  , les  Voyages  minéralogiques  en 
Calabre  et  dans  la  Pouille  ( Miner alogische  Beisen  durch  Cala- 
brien  u.  Àpulien ),  par  Albert  Fortis.  In- 8°.  Weimar,  1788. 

Il  est  présenté  par  le  secrétaire  les  ouvrages  suivans  ; 

i*  L 'Itinéraire  géologique  et  minéralogique  dans  les  dépar- 
temens  de  la  Moselle , du  Haul-Bhin  , du  Bas-Bhin  , des  V os - 
ge s,  de  la  Meurtlie  et  dans  des  contrées  voisines , par  M.  Victor 
Senion.  In-8°  de  18  pages;  extrait  des  Mémoires  de  l’Acadé- 
mie de  Metz.  1 85 1 . 

20  Les  deux  dernières  parties  du  premier  volume  des  Tran- 
sactions de  la  Société  d'histoire  naturelle  du  N orthumberland, 
de  Durham  et  de  Newcastle  sur  la  Tyne.  2 vol.  in- 4°,  formant 
237  p.  et  accompagnés  de  i5  planches,  de  coupes  ou  de  cartes 
géologiques.  Newcastle  et  Londres,  1 83 1 . 

On  y trouve  les  mémoires  géologiques  suivans  : Remarques 
sur  la  géologie  des  bords  de  la  Tweed  de  Carnham  dans  le  Nor-  Jl 
thumberland  jusqu’à  la  mer  à Berwick , par  M.  Winch  ; la  Des- 
< ription  d’un  groupe  de  filons  trappéens  dans  les  houillères  de 
Witehaven , par  M.  Williamson  Peile  ; une  Notice  sur  les  mines 
de  charbon  de  Gilmerton  , dans  le  Mid  Lothian  , pab  M.  DuUn  * 
un  Mémoire  sur  les  grès  rouges  du  Berwickshire , en  particulier 
sur  ceux  de  l’embouchure  de  la  Tweed  , par  M.  Witham  ; une 
Description  des  troncs  fossiles  trouvés  dans  les  mines  de  houille 
de  Killingworth,  à 48  toises  de  profondeur  ? par  M.  Nicolas  Wood; 


SÉANCE  DU  19  DÉCEMBRE  1 83 1 . 85 

un  Synopsis  des  lits  de  houille  dans  le  district  de  Newcastle  et  des 
coupes  détaillées  des  houillères  de  ce  lieu,  par  M.  Buddle;  la  Des- 
cription d’un  arbre  fossile  trouvé  à Craigleith  près  d’Edimbourg , 
par  M.  Witham  ; et  un  Mémoire  sur  la  géologie  d’une  partie  du 
Northumberland  et  du  Cumberland  , par  M.  Wood. 

3*  Deux  cahiers  du  vingtième  volume  du  J ournat  américain 
des  Sciences  et  des  Arts,  de  M.  Silliman. 

On  y remarque  un  Mémoire  sur  les  roches  intermédiaires  du 
Cataraqui , par  le  capitaine  Bonnycastle  ; une  Notice  sur  les  traces 
d’érosion  observées  à la  surface  des  rochers  de  grauwacke  dans  les 
Alleghany,  parM.  W.  Thompson;  une  notice  sur  les  régions  vol- 
caniques de  Pile  de  Owyhée,  par  M.  Goodrich  ; et  un  Rapport  de 
MM.  Cooper  , Smith  et  de  Kay,  sur  les  ossemens  fossiles  dé  Big- 
Bone  Lick,  dans  le  Kentucky. 

Le  secrétaire  donne  quelques  détails  sur  la  première  grande 
réunion  des  naturalistes  et  physiciens  d’Angleterre , tenue  à 
York  du  26  au  29  septembre  i83i,  et  sur  les  Mémoires  géolo- 
giques lus  dans  ces  assemblées. 

Le  but  de  cette  association  est  de  donner  une  impulsion  plus 
forte  et  une  direction  plus  systématique  aux  recherches  scientifi- 
ques, de  mettre  les  savans  de  la  Grande-Bretagne  plus  fréquemment 
en  rapport  avec  les  naturalistes  étrangers , et  en  général  de  faire 
avancer  les  sciences  en  tâchant  de  lever  les  obstacles  qui  retardent 
leurs  progrès. 

Outre  les  réunions  annuelles  , cette  Société  a établi  des  sous-co- 
mités et  des  comités  locaux;  un  droit  d’entrée  d’une  livre  ster- 
ling couvrira  les  frais  de  correspondance  et  l’impression  des  Mé- 
moires lus. 

M.  Philipps  a fait  un  discours  sur  la  géologie  du  Yorksliire  et  a 
discuté  la  détermination  zoologique  d’un  fossile  trouvé  dans  le 
charbon  de  West-Riding.  Ce  serait  peut-être  un  poisson. 

M.  Hutton  a lu  un  Mémoire  sur  le  grand  filon  trappéen  de  l’An- 
gleterre septentrionale. 

MM.  Murchison  et  Philipps  ont  ajouté  des  observations  sur  les 
filons  semblables  du  Durham  , et  M.  Witliam  a présenté  une  No- 
tice sur  la  végétation  et  la  formation  des  houillères. 

La  Société  s’occupe  pendant  quelques  instans  d’un  puits  foré 
par  M.Degouzée  dans  le  faubourg  St- Antoine, rue  de  la  Roquette. 


84 


SÉANCE  T)U  19  DÉCEMBRE  1 8 3 1 . 

L’eau  ascendante  a été  trouvée  h i5o  pieds  de  profondeur, après? 
avoir  traversé  5o  pieds  de  sable,  5o  pieds  de  marnes,  4&  pieds 
de  calcaire  et  de  marne,  3o  pieds  d’argile  pyriteuse,  puis  des 
sables  verts  et  des  grès. 

On  parle  ensuite  d’un  puits  semblable  exécuté  près  du  Jardin 
des  Plantes,  et  dans  lequel  on  a trouvé , à 4<>o  pieds  de  profon- 
deur, de  l’eau  s’élevant  à un  pied  au-dessous  du  niveau  du 
sol. 

M.  Rozet  fait  hommage  à la  Société  et  met  sous  ses  yeux  une 
suite  de  roches  d’Alger,  de  l’Atlas  et  d’Oran , consistant  en 
000  échantillons  de  roches  et  96  fossiles. 

M.  Teissier  d’Anduze  envoie  à la  Société  le  dessin  de  la  figu- 
rine et  de  la  lampe  antique  trouvées  dans  la  caverne  du  Fort 
près  de  Miaîet.  Il  y joint  le  dessin  d’une  tête  humaine  et  d’une 
mâchoire  inférieure.  L’angle  facial , pris  avec  un  équerre  mo- 
bile, est  de  70°.  C’est  la  tête  d’un  vieillard , tandis  que  la  mâ- 
choire inférieure  appartient  à un  jeune  sujet. 

Les  deux  molaires  qui  sont  en  place  sont  sans  mamelons  , 
usées,  à couronne  plate,  et  creusées  chacune  de  cinq  petits 
cnfoncemens.  Cette  forme  11’est,  selon  l’auteur,  l’effet  ni  du 
temps,  ni  de  l’ensevelissement,  mais  de  la  mastication  de  corps 
durs  : ce  qui  indique  un  état  frugivore  , une  civilisation  peu 
avancée,  et  une  nourriture  au  moyen  de  racines,  de  glands  et 
de  fruits  acres  et  durs. 

Il  promet  de  procurer  à la  Société  quelques  débris  de  po- 
terie. 

Depuis  son  dernier  Mémoire , on  a découvert  dans  la  grotte 
de  grosses  dents  d’hyène,  mars  en  petit  nombre;  des  fragmens 
de  Jade  et  de  silex  effilés , mais  petits  , qui  peuvent  ayoir  servi 
de  petits  couteaux  ou  d’instrumens  de  chirurgie;  un  crâne  de 
ruminant  surmonté  d’un  fragment  de  grosse  corne  ayant  envi- 
ron huit  pouces  de  longueur  , et  qu’il  croit  avoir  appartenu  au 
genre  Antilope;  enfin,  une  énorme  patte  d’ours  entière  , dont 
tous  les  os,  même  les  sésamoïdes,  étaient  en  connexion  et  em- 
pâtés dans  de  l’argile  durcie. 

Tous  ces  objets,  et  la  plupart  de  ceux  décrits  dans  les  précé- 
dentes communications  de  M.  Teissier,  appartiennent  à M.  Ju- 


8o 


SÉANCE  DU  19  DÉCEMBRE  l83i. 

lien,  ex-étudiant  en  médecine,  demeurant  maintenant  à Mialet. 
Ce  dernier  offre  à la  Société  d’en  faire  l’acquisition,  proposition 
qui  est  renvoyée  à l’examen  du  conseil. 

On  lit  la  note  suivante  de  M.  Teissier: 

« Ayant  pour  quelques  jours  à ma  disposition  une  tête  entière 
d'ours  , que  je  rapporte  à Yursus  spelœus  de  M.  Cuvier  , je  l’ai 
exactement  mesurée  dans  tous  les  sens  et  dans  toutes  les  parties  , et 
j’adresse  à la  Société  le  tableau  de  ces  dimensions.  J’espère  qu’elle 
le  recevra  avec  intérêt.  Les  dimensions  sont  en  général  plus  fortes 
que  celles  de  Yursus  spelœus  d’Iserlohn  et  de  Lunel-Viel;  dJail- 
leurs,  ces  dimensions  sont  complètes,  tandis  que  les  tableaux  cités 
offrent  beaucoup  de  lacunes  , sans  doute  à cause  de  l’imperfection 
des  échantillons. 

ï . Longueur  de  la  tête  depuis  l’épine  ou  protubérance  oc- 
cipitale jusqu’aux  incisives  supérieures  ( plus  grande  m. 


longueur  de  la  tête  ) o,535 

2.  Largeur  du  crâne  entre  les  apophyses  post  - orbitaires 

du  frontal , ces  apophyses  non  comprises 0,1 3o 


3.  Distance  de  l’extrémité  postérieure  de  l’épine  occipitale 
à une  ligne  qui  couperait  en  travers  les  apophyses 
post-orbitaires  du  frontal  d’un  côté  à l’autre  ( en  sui- 


vant les  courbures  ) o,3oo 

4-  Distance  de  la  même  ligne  aux  incisives  (en  suivant  les 

courbures) 0,270 

5.  Distance  de  cette  ligne  à la  réunion  des  crêtes  qui  vien- 

nent des  apophyses  post-orbitaires  du  frontal  pour 
former  la  crête  sagittale <>,220 

6.  Plus  grande  longueur  des  arcades  zygomatiques.  . . . 0,200 

7.  Distance  de  l’apophyse  post-orbitaire  de  l’os  molaire 

d’un  côté  à celle  du  côté  opposé  ( les  apophyses  com- 
prises ) 0,1 5o 

8.  Longueur  d’une  incisive  latérale  ou  troisième  supé 

rieure,  portion  saillante  hors  de  l’alvéole 0,020 

9.  La  même  incisive  incrustée  à la  partie  la  plus  épaisse 

de  sa  racine 0,020 

10.  Hauteur  de  la  portion  émaillée  de  cette  incisive  prise  à 

sa  face  postérieure o,oa5 

1 1.  Pénultième  molaire  supérieure  , mesurée  dans  son  dia- 
mètre antéro-postérieur.  o,o3o 


86  SÉANCE  DU  19  DÉCEMBRE  1 85  K 

12.  La  même  . mesurée  dans  son  diamètre  transversal.  . • 0,010 

13.  Dernière  molaire  supérieure,  mesurée  dans  son  dia- 
mètre antéro  - postérieur o,o5o 

14.  La  même  , mesurée  dans  son  diamètre  transversal.  . . 0,028 

15.  Condyle  du  maxillaire  inférieur , d’une  extrémité  à 

l’autre 0,070 

16.  Diamètre  antéro-postérieur  du  demi-cylindre  ou  sur- 
face articulaire o,o35 

1 7.  Hauteur  du  maxillaire  inférieur,  prise  dans  l’intervalle 

entre  la  canine  et  la  première  fausse  molaire 0,070 

18.  Epaisseur  de  ce  maxillaire  , mesuré  en  arrière  du  trou 

menton  nier 0,028 

19.  Hauteur  de  la  couronne  d’une  troisième  incisive  ou  la- 
térale inférieure,  prise  en  dehors 0,018 

20.  Canine  inférieure  isolée , mesurée  en  ligne  droite.  . . o,  i3o 

2 ï . Hauteur  de  la  portion  émaillée  de  la  même  canine.  . o,o45 

22.  La  même  canine,  mesurée  à la  partie  la  plus  large  de  sa 

racine o,o38 

23.  An  té-pénultième  molaire  inférieure,  longueur  antéro- 
postérieure.   o,o3o 

24.  La  même  , mesurée  transversalement 0,017 

25.  Longueur  antéro-postérieure  de  la  pénultième  molaire 

inférieure o,o33 

26.  Même  dent  mesurée  dans  le  sens  transversal 0,019 

27.  Longueur  antéro-postérieure  de  la  dernière  molaire  in- 
férieure ou  tuberculeuse o,o3i 

28.  Diamètre  transversal  de  la  même  dent 0,021 

29.  Hauteur  du  maxillaire  inférieur  en  arrière  de  la  tuber- 
culeuse  o,o83 

30.  Distance  du  condyle  de  la  mâchoire  inférieure  aux  in- 
cisives  o,35o 

3 1 . De  l’angle  de  la  mâchoire  inférieure  au  sommet  de 

l’apophyse  coronoïde 0,220 

32.  De  la  voûte  palatine  au  sinciput , hauteur  du  crâne.  . 0,190 

33.  De  la  face  externe  d’un  condyle  de  la  mâchoire  infé- 
rieure à l’autre o,25o 

34.  De  la  face  externe  d’une  canine  supérieure  à l’autre.  . 0,120 

35.  Plus  grande  largeur  de  la  face  externe  d’une  arcade 

zygomatique  à l’autre o,3oo 

36.  Distance  des  incisives  supérieures  à l’extrémité  posté- 
rieure des  condyles  de  l’occipital 0,480 

37.  De  l’angle  de  la  mâchoire  inférieure  au  sinciput.  . . o,33o 


SÉANCE  DU  19  DÉCEMBRE  l85l»  87 

38.  Du  bas  de  l’apophyse  mastoïde  à la  crête  occipitale.  . 0,200 
3().  De  la  base  d’une  apophyse  çoronoïde  à l’autre  , anté- 
rieurement  o,i5o 

4o.  D’un  angle  de  la  mâchoire  inférieure  à l’autre,  posté- 
rieurement  0,200 

4i  • D’une  apophyse  mastoïde  à l’autre 0,280 

42,  Plus  grande  distance  de  l’arcade  zygomatique  au  sphé- 


noïde  q,t3o 

43.  Plus  grande  largeur  de  l’ouverture  des  naseaux.  . . . 0,090 

44.  Plus  grande  hauteur  de  l’ouverture  des  naseaux.  . . . 0,080 

45.  De  l’angle  inférieur  et  antérieur  de  l’orbite  à l’extré- 
mité de  la  protubérance  occipitale o,33o 

46.  De  l’angle  antérieur  et  inférieur  de  l’orbite  à la  racine 

de  l’incision  supérieure  médiane 0,200 

47.  Plus  petite  largeur  du  front  d’un  orbite  à l’autre.  . . o,io5 

48.  Hauteur  depuis  le  bord  de  l’alvéole  de  la  dernière  mo- 
laire supérieure  jusqu’à  la  naissance  du  front.  . . . . o, i3o 


On  remarquera  que  supérieurement  il  y a cinq  incisives;  etqu’in- 
férieurement  il  n’y  en  a que  quatre;  mais  le  nombre  normal  paraît 
être  de  six,  ce  qui  fait  qu’on  observe  souvent  de  petites  dents  hors 
de  place,  qui  percent  antérieurement  sous  les  autres,  à la  mâchoire 
inférieure  surtout,  car  je  ne  l’ai  pas  observé  à la  supérieure. 

Inférieurement , la  distance  de  la  première  molaire  à la  canine 
est  de  o,no65;  supérieurement,  de  o,o52. 

D’une  pointe  de  canine  à l’autre  , il  y a supérieurement  om09o, 
et  inférieurement  0,080. 

Quoique  la  tête  et  la  mâchoire  inférieure  se  raccordent  assez 
bien,  il  est  probable  cependant  qu’elles  n’ont  pas  appartenu  au 
même  individu. 

M.  Boue  achève  la  lecture  du  Mémoire  commencé  dans  la 
précédente  séance. 

Ce  mémoire  est  divisé  en  quatre  parties;  dans  la  première, 
rauteursoumetàM.Dcshaycs  quelques  doutes  sur  ses  conclusions 
géologiques  déduites  d’observations  conchyîiologiqucs,  dans 
îa seconde,  il  examine  par  quelles  inductions  le  classement  des 
diverses  formations  est  entré  petit  à petit  dans  le  domaine  de  la 
science;  dans  la  troisième  , il  compare  les  résultats  de  classili  - 
cation  obtenus  jusqu’ici  par  la  méthode  géologique  et  par  la  pa- 
léontologie, appliquées  chacune  isolément;  enfin  , dans  la  qua- 
trième, il  oppose  les  unes  aux  autres  les  conséquences  géogé 


88 


SEANCE  DU  19  DÉCEMBRE  l85l. 

niques  qu’on  peut  tirer,  d’un  côté,  de  la  géologie  proprement 
dite,  et , de  l’autre  , de  la  paléontologie  appliquée  à cette 
science. 

L’auteur  conclut,  comme  M.  de  Beaumont,  i°  que  l’obser- 
vation de  la  continuité  des  couches  est  encore  jusqu’à  présent 
la  règle  la  plus  sûre  pour  la  détermination  géognostique  des 
dépôts. 

20  Que  la  géologie  sans  la  paléontologie  possède  assez  de 
données  pour  amener  à tous  les  grands  résultats  et  à toutes  les 
divisions  et  subdivisions  importantes  adoptées  dans  la  science 
actuelle. 

3°  Qu’011  ne  peut  pas  encore  faire  de  la  géologie  sur  toute  la 
surface  terrestre  simplement  avec  les  données  paléontologi- 
ques , toute  la  terre  11’étant  pas  encore  étudiée;  néanmoins, 
connaissant  bien  un  bassin  ou  un  grand  continent,  l’observation 
de  la  distribution  géologique  des  fossiles  deviendra  un  guide 
assuré  et  quelquefois  commode. 

4°  Que  les  indications  données  par  les  pétrifications  peuvent, 
jusqu’à  un  certain  point  et  dans  des  cas  particuliers , être  très- 
utiles,  lorsque  la  superposition  est  obscure  ou  incertaine. 

5°  Que  l’on  peut  déduire  isolément  des  observations  géolo- 
giques ou  paléontologiques  des  idées  géogéniques  d’un  intérêt 
égal,  mais  quelquefois  d’une  nature  différente. 

M.  Deshayes  fait  observer  que  M.  Boué,  dans  le  mémoire  qu’il 
vient  de  lire  , mémoire  qui  soulève  la  plus  grave  question  que  la 
science  géologique  puisse  mettre  en  discussion , n’est  point  parti 
d’une  base  fondamentale  pour  appuyer  son  opinion.il  est  donc  né- 
cessaire de  ramener  la  question  sur  son  véritable  terrain  ,,  et  l’on 
verra  que  par  ce  moyen  on  arrive  rationnellement  à des  conclusions 
toutes  contraires. 

Pour  éviter  toute  espèce  de  malentendu  dans  la  discussion,  il  est 
convenable  de  donner  des  définitions  rigoureuses  des  diverses  cho- 
ses qui  seront  discutées. 

Puisqu’il  est  question  de  décider  si  la  géologie  doit  être  minéra- 
logique ou  zoologique  , il  faut  d’abord  se  demander  qu’est-ce  que 
la  géologie  ? C’est  la  science  qui  s’occupe  des  couches  de  la  terre 
dans  leur  nature  et  leurs  rapports. 

Lorsque  l’on  a sous  les  yeux  un  grand  nombre  des  couches 


SÉANCE  DU  19  DÉCEMBRE  1 85 1 . 89 

de  la  terre  ou  quand  on  les  a toutes  réunies  dans  un  tableau  figu- 
ratif, l’idée  simple  qui  naît  de  l’inspection  de  leur  masse,  c’est  celle 
d’un  espace  de  temps  écoulé. 

Les  couches  de  la  terre  ne  représentent  donc  à l’esprit , en  der- 
nière analyse  , qu’un  long  chronomètre  dont  nous  cherchons  à 
connaître  l’étendue. 

En  examinant,  en  étudiant  avec  soin  les  couches  de  la  terre,  on 
s’est  bientôt  aperçu  qu’elles  n’avaient  pas  toutes  été  déposées  sous 
l’influence  des  mêmes  phénomènes  ; on  entrevit  en  même  temps 
que  les  mêmes  phénomènes  avaient  présidé  en  quelque  sorte  à la 
formation  d’un  certain  nombre  de  couches  : on  les  groupa  dès  lors, 
on  brisa  par  la  pensée  la  grande  période  , on  la  décomposa  en  pé- 
riodes plus  petites  , à chacune  desquelles  on  a donné  le  nom  de 
formation. 

S’il  est  vrai  que  les  couches  de  la  terre  représentent  un  long 
espace  de  temps  ; s’il  est  vrai  que  toutes  les  couches  n’ont  pas  été 
déposées  sous  l’influence  d’un  même  phénomène,  mais  que  les  phé- 
nomènes se  sont  succédé  à mesure  que  des  groupes  de  couches 
ont  été  formés  , il  faudra  en  conséquence  que  la  définition  la  plus 
simple  d’une  formation  soit  celle-ci  : Un  espace  de  temps  repré- 
senté par  un  certain  nombre  des  couches  de  la  terre  , déposées 
sous  V influence  des  mêmes  phénomènes . 

Si  cette  définition  simple  d’une  formation  découle  naturellement 
de  ce  qui  précède , si  elle  en  est  la  conclusion  , il  devient  de  toute 
évidence  qu’on  ne  peut  limiter  une  formation,  sans  avoir  apprécié 
préalablement  avec  le  plus  grand  soin  les  phénomènes  et  leur  valeur 
respective  : c’est  là  la  conclusion  logique. 

Dès  lors  on  doit  se  demander  qu’est-ce  donc  que  ces  phéno- 
mènes, et  d’abord  sur  quoi  ont-ils  agi? 

Il  est  évident  qu’ils  n’ont  eu  d’action  que  sur  deux  sortes  de 
choses  : de  la  matière  inorganique  et  de  la  matière  organisée. 

La  matière  inorganique  ou  minérale  des  couches  est  extrêmement 
variable  ; c’est  un  fait  incontestablement  prouvé  et  établi  par  l’ob- 
servation de  tous  les  géologues  : ainsi  une  même  couche  pourra 
être  marneuse,  calcaire,  cristalline,  siliceuse  ou  de  sable  ; elle  sera 
tantôt  blanche  ou  de  tout  autre  couleur  , selon  les  circonstances 
locales  qui  l’auront  modifiée,  etc.  Les  élémens  chimiques  sont  éga- 
lement variables.  On  ne  peut  donc  pas  dire  que  deux  couches  que 
l’on  ne  voit  pas  en  continuité  sont  du  même  âge  parce  qu’elles  ont 
Ja  même  composition  minérale. 

Lorsque  l’on  examine  avec  quelque  attention  les  corps  organisés 
contenus  dans  les  couches  terrestres,  on  voit  leurs  espèces  passer 


90  SÉANCE  DU  19  DÉCEMBRE  1 85 1 . 

d’une  couche  à l’autre,  quoique  par  leur  nature  ces  couches  soient 
trés-différentes  j ces  espèces  restent  les  mêmes  ou  subissent  peu 
d’altération  , quoique  la  composition  des  couches  qui  les  récèlent 
ait  été  considérablement  modifiée. 

En  admettant  ces  deux  faits  comme  incontestables,  et  ils  le  sont, 
c’est-à-dire  que  la  composition  minérale  des  couches  est  très-va- 
riable , tandis  que  les  débris  d’êtres  organisés  qu’elles  renferment 
ne  le  sont  qu’infiniment  moins,  on  peut  conclure  évidemment  que, 
s-i  l’on  veut  trouver  un  moyen  , une  mesure  pour  déterminer  les 
limites  d’une  formation,  on  doit  les  chercher  dans  ce  qui  est  le  moins 
variable  , on  doit  les  prendre  aussi  dans  ce  qui  présente  quelque 
chose  à l’esprit. 

Qu’est-ce  qu’une  période  minéralogique  ? On  ne  peut  le  conce- 
voir , tandis  que  tout  le  monde  comprendra  ce  que  c’est  qu’une 
période  zoologique.  Cela  sera  d’autant  plus  facile  , que  nous  avons 
sous  les  yeux  une  de  ces  périodes,  et  que  nous  pouvons  la  comparer 
avec  une  période  de  la  nature  ancienne  , que  nous  pouvons  par 
approximation  nous  figurer  cette  nature  ancienne,  parce  que  nous 
avons  avec  elle  un  point  fixe  de  comparaison. 

Dès  lors  une  formation  est  une  période  zoologique } conçue  ra- 
tionnellement, elle  est  représentée  par  un  certain  nombre  des  cou- 
ches de  la  terre  recéîant  un  ensemble  d’êtres  organisés  qui  ne  se 
trouvent  que  dans  ces  couches. 

Il  faut  donc  connaître  les  corps  organisés  pour  décider  les  limites 
des  formations  ; cette  conclusion  est  de  toute  rigueur. 

Ainsi  une  formation  ne  sera  pas  limitée  par  le  changement  subit 
de  la  nature  de  la  roche,  par  la  position  contrastante  des  couches  , 
par  des  phénomènes  de  soulèvement,  de  dislocation,  etc. Tout  cela 
peut  fort  bien  n’être  que  des  accidens  locaux  ) tous  ces  accidens  ont 
pu  survenir  sans  que  les  êtres  vivans  aient  éprouvé  d’altération,  et 
c’est  en  effet  ee  que  l’ observation  démontre.  Mais  quand  on  pourra 
dire  : U11  tel  ensemble  d’êtres  organisés  a commencé  à telle  cou- 
che et  a fini  à telle  autre  couche,  et  à cet  ensemble  en  a succédé  un 
autre  qui  ne  lui  ressemble  pas,  on  aura  fixé  définitivement  la  lon- 
gueur d’une  période  de  vie  ou  dJune  formation  • et  il  n’en  faut 
pas  douter,  dans  l’ensemble  des  couches  de  la  terre  il  y a plusieurs 
de  ces  périodes. 

Si  ce  qui  précède  est  fondé  en  raison  , en  logique,  que  devient 
donc  l’opinion  de  ceux  des  géologues  qui  croient  pouvoir  soutenir, 
avec  M.  Boué,  que  la  géologie  peut  se  passer  de  l’étude  des  corps 
organisés  fossiles?  Il  est  évident  que  cette  opinion  nJa  point  de 
base.  On  peut  bien  dire  que  quelques  personnes  ont  introduit  des 


SÉANCE  DU  19  DÉCEMBRE  l85l.  01 

erreurs  dans  la  géologie , en  mettant  en  œuvre  des  matériaux  pa- 
léontologiques  incomplets  ; mais  peut-on  raisonnablement  con- 
clure de  là  quela  science  des  fossiles  ne  doit  jamais  donner  que  de  tels 
résultats  ; que,  plus  parfaite  et  appliquée  convenablement,  elle  ne 
deviendra  pas  de  première  importance  ? Cette  conclusion  est  trop 
évidemment  fausse  pour  avoir  besoin  d’être  sérieusement  réfutée. 

En  dernière  analyse  , tout  l’important  de  la  question  consiste  à 
décider  si  les  caractères  zoologiques  auront  la  prédominance  sur 
les  caractères  minéralogiques  dans  l’étude  de  la  géologie.  Sans 
diminuer  en  rien  l'importance  des  caractères  minéralogiques,  nous 
avons  l’intime  conviction  qu’ils  ne  sont,  relativement  aux  premiers, 
que  d’une  valeur  secondaire. 

La  manière  d’envisager  la  question  n’est  point  une  chose  indif- 
férente ; elle  touche  à ce  que  la  science  a de  plus  fondamental , à 
son  avenir;  car  elle  décide  si  la  géologie  restera  une  science  pra- 
tique , ou  si , à l’égal  des  autres  sciences , elle  aura  aussi  sa  haute 
philosophie.  Ce  que  l’on  peut  dire,  c’est  que  la  géologie  minéralo- 
gique conduit  à la  seule  pratique  matérielle  de  la  science , la  re- 
cherche des  substances  utiles  : c’est  l’art  du  mineur  perfectionné  ; 
tandis  que  la  géologie  paléontologique  peut  également  conduire 
au  même  résultat,  mais  elle  atteint  un  but  plus  élevé,  la  philosophie 
de  la  science.  Quelle  est  en  effet  cette  philosophie?  La  comparai- 
son de  l’état  ancien  du  globe  avec  l’état  actuel  ; l’appréciation  des 
changemens  successifs  qne  sa  surface  a subis.  Comment  pourra-t-on 
arriver  à ce  but,  si  l’on  se  borne  à l’étude  de  la  matière  inorgani- 
que diversement  modifiée?  Ces  modifications  sont  d’ailleurs  d’une 
faible  valeur.  Quel  que  soit  l’âge  d’une  argile,  d’un  calcaire , etcc, 
n’est-ce  pas  toujours  un  calcaire,  de  l’argile,  etc.  ? Ce  qu’il  y a ac- 
tuellement d’important  à la  surface  de  la  terre  , c’est  la  matière 
organisée  soumise  aux  lois  de  la  vie;  ce  qui  est  important,  c’est  de 
comparer  cette  nature  vivante  actuelle  avec  la  nature  ancienne  ; 
c’est  de  reconnaître  si  les  lois  de  la  nature  11’ont  point  subi  de  mo- 
difications; c’est  enfin  de  pouvoir  conclure  quelque  jour  l’état  de 
la  surface  de  la  terre  , d’après  la  nature  des  êtres  dont  nous  étu- 
dions les  restes  fossiles.  Voilà  ce  qui  doit  exciter  l’attention  des 
géologues  et  leur  faire  sentir  toute  l’importance,  toute  la  nécessité 
de  l’étude  des  fossiles  ; en  se  livrant  à cet  égard  à de  nombreuses 
recherches,  ils  donneront  à la  science  une  nouvelle  impulsion  dans 
une  route  toute  philosophique  , dans  laquelle  elle  ne  fait  à peine 
que  d’entrer.  Ce  n’est  donc  pas  sans  quelque  raison  que  j’ai  pu  dire 
ailleurs , et  que  je  répète  ici  avec  la  plus  grande  conviction  : Point 
de  géologie  sans  zoologie.  » 


9‘2  SÉANCE  DU  19  DÉCEMBRE  1 83 1 . 

M.  Dufresnoy  fait  observer  qu’en  géologie  le  nom  de  forma- 
tion est  donné  à une  série  de  couches  déposées  dans  les  mêmes 
circonstances  ; comme,  par  exemple.,  entre  deux  soulèvemens. 
Il  est  persuadé  que  la  manière  dont  M.  Deshayes  propose  d’é- 
tablir les  formations  donnerait  des  résultats  analogues  à ceux 
obtenus  par  la  différence  de  stratifications,  parce  que  les  révo- 
lutions qui  ont  suivi  les  soulèvemens  ont  nécessairement  donné 
naissance  à des  groupes  zoologiques.  Il  ajoute  que  l’étude  des 
superpositions  lui  paraît  la  base  actuelle  de  la  séparation  des 
terrains,  et  que,  depuis  20  à 25  ans,  on  n’a  fait  autre  chose  que 
grouper  les  dépôts  décrits  dans  les  formations  établies  dès  long 
temps  par  la  seule  observation  des  superpositions.  Du  reste  , il 
regarde  comme  impossible,  dans  l’état  actuel  de  la  science, 
de  se  passer  de  la  considération  des  fossiles  , ce  caractère  étant 
souvent  le  plus  facile  à constater,  et  dans  beaucoup  de  cas  le 
seul  que  la  nature  offre  au  géologue. 


93 


SÉANCE  DU  9 JANVIER  î83‘2. 

Séance  du  9 janvier  1832* 

M.  Cordier  occupe  le  fauteuil. 

M.  Desnoyers  tient  la  plume  comme  secrétaire  en  fonction. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

Il  est  fait  hommage  à la  Société  des  ouvrages  suivans  : 

i°  De  la  part  de  M.  de  Bonnard , quatre  ouvrages  dont  il  est 
l’auteur; 

a . Essai  gèognostique  sur  /’ Erzgebirge  ou  sur  les  montagnes 
métallifères  de  la  Saxe.  — Un  vol.  in-8°.  Paris,  1816. 

b.  Notice  gèognostique  sur  quelques  parties  de  la  Bourgogne . 
— ïn-8°,  avec  2 planches.  Paris,  1825. 

c.  Sur  la  constance  des  faits  géognostiques  qui  accom * 
pagnent  le  gisement  du  terrain  d’Arkose  , à l’est  du  plateau 
central  de  la  France.  — Un  vol.  in-8°  de  106  pages,  avec 
trois  planches.  Paris,  1828. 

d.  Mémoire  sur  les  gîtes  de  Manganèse  de  Romanèche  (Ex- 
trait des  Annales  des  Sciences  naturelles;  mars,  1829).  — 
In- 8°,  avec  une  planche. 

20  De  la  part  de  M.  Graves  : 

Deux  mémoires  qu’il  a insérés  dans  X Annuaire  de  l’Oise  de 
i832  , et  contenant  une  description  géologique  générale  de 
deux  cantons  de  ce  département: 

a.  Précis  statistique  sur  le  canton  d3 Estrées- Saint- Denis  , 
arrondissement  de  Compiègne . — Un  vol.  in- 8°  avec  une  carte. 
Beauvais,  i832. 

b.  Précis  statistique  sur  le  canton  de  F roissy  , arrondisse- 
ment de  Beauvais.  — Un  vol.  in-8°  avec  une  carte.  Beauvais, 
i852. 

3°  De  la  part  de  M.  Spencer-Smith  : 

Coup  d’œil  historique  sur  C Angleterre  depuis  jusqu’en 

16090 — In-  8°.  Paris,  1 83 1 . 

M.  le  vicomte  Héricart-Ferrand  fait  aussi  hommage  à la 
Société  , pour  chacun  de  ses  membres  , de  5 70  exemplaires 
d’une  Coupe  gèognostique  du  département  de  l’Oise  , destinée 
à accompagner  l’extrait  de  son  mémoire  inséré  dans  le  deuxième 
volume,  page  9,  du  Bulletin  de  la  Société. 


^4  SÉANCE  DU  9 JANVIER  l832. 

M.  Yirlet  fait  présent  à la  Société  d’une  suite  de  soixante-cinq 
échantillons,  extraits  de  la  grande  collection  des  roches  de  la 
Grèce  , déposée  au  Jardin-des-Plantes  , et  recueillie  pendant 
l’expédition  scientifique  de  Morée  ,,  dirigée  par  M.  le  colonel 
Bory  de  Saint  Vincent.  Ces  échantillons  sont  relatifs  à la  seule 
chaîne  du  Taygète,  et  se  composent  de  7 échantillons  des  ro- 
ches anciennes  de  transition  ; de  40  de  la  série  talqueuse  , 
comprenant  particulièrement  des  phylîades  talqueux,  des  ana- 
génites,  des  marbres  blancs  , verts,  rouges  et  tigrés  de  diverses 
couleurs;  et  18  échantillons  de  la  série  des  marbres  et  calcaires 
siliceux,  firéchoïdes  , à bandes  et  rognons  de  phtanite  , et  qui 
succèdent  aux  précédentes  formations. 

La  Société  reçoit  une  lettre  de  M.  Savi,  de  Pise,  qui  lui  an- 
nonce le  prochain  envoi  de  ses  observations  géologiques  sur  la 
Toscane. 

La  Société  procède  à l’élection  du  président , qui  doit  être 
choisi  parmi  les  quatre  vice-présidens  en  exercice  ( MM.  Alex. 
Brongniart,  Brochant,  de  Blainville  et  Constant  Prévost). 

La  pluralité  des  votes  des  membres  résidans  et  non  résidans 
se  portent  sur  M.  Alexandre  Brongniart  , qui  est  proclamé 
président  pour  l’année  i832. 

Les  autres  voix  ont  été  données  à M.  Constant  Prévost. 

M.  Brongniart  remercie  la  Société  de  cet  honneur , et  vient 
occuper  le  fauteuil. 

Sur  la  proposition  du  secrétaire  en  fonction  , des  remercî- 
mens  sont  votés  à M.  le  président  sortant , pour  l’intérêt  et 
l’empressement  qu’il  a mis  à présider  les  travaux  de  la  So 
ciété. 

M.  Cordier  annonce  ? en  quittant  le  fauteuil , que  les  démar- 
ches qu’il  a faites  pour  obtenir  l’autorisation  royale  pour  la 
constitution  définitive  de  la  Société,  auront  incessamment  leur 
effet. 

M.  Elie  de  Beaumont,  en  raison  de  ses  occupations  et  de  ses 
voyages  fréquens , donne  sa  démission  de  secrétaire.  La  Société 
renvoie  au  conseil  le  soin  de  décider  s’il  sera  pourvu  à son 
remplacement  avant  l’expiration  de  deux  ans  que  doivent  durer 
les  fonctions  des  quatre  secrétaires  et  vice-secrétaires. 


SÉANCE  I)U  (J  JANVIER  l852.  C)5 

MM.  Deshayes  et  Desnoyers  proposent  que  l’un  des  secré- 
taires soit  positivement  nommé  secrétaire  pour  l’étranger  , 
suivant  l’esprit  du  réglement.  Celte  proposition  est  également 
renvoyée  au  conseil. 

D’après  une  proposition  faite  par  M.  Boué  , et  soumise  déjà 
au  conseil  dans  sa  séance  du  5 1 octobre  1 83 1 , la  Société  décide 
que  pour  la  vice-présidence  on  ne  peut  pas  pren  dre  des  mem- 
bres du  bureau. 

On  procède  à l’élection  des  quatre  vice  présidens  : 

MM.  CORDIER,  DeFRANCE, 

Arago,  De  Bonnard, 

sont  successivement  élus  et  proclamés  vice-présidens. 

Les  autres  voix  se  sont  partagées  entre  MM.  Fleuriau  de 
Bellevue,  Duperrey,  Delafosse,  Walferdin,  Régley  et  Héricart 
de  Thury. 

On  procède  au  remplacement  de  cinq  membres  du  conseil; 
savoir  : de  M.  Coquebert  de  Montbrét,  décédé;  de  M.  Passy  , 
préfet  du  département  de  l’Eure  ; de  M.  de  Bonnard , nommé  à 
la  vice- présidence;  et  de  MM.  Héricart  de  Thury  et  Delafossc  , 
écartés  par  la  voie  du  sort. 

MM.  Constant  Prévost , de  Blainville  , Brochant  de  Villiers, 
Elie  de  Beaumont  et  Cartier  obtiennent  la  majorité  des  suf- 
frages. 

La  Société  décide  que  les  membres  du  bureau  ne  pourront 
être  nommés  à d’autres  fonctions  que  celles  qu’ils  remplissent 
avant  l’expiration  de  leur  temps  d’exercice. 

M.  Clément-Mullet,  rapporteur  de  la  commission  pour  l’exa- 
men des  comptes  du  trésorier,  présente , à la  suite  du  compte 
des  recettes  et  des  dépenses  faites  pendant  l’année  1 83 1 , son 
rapport  à la  Société.  Les  conclusions,  tendant  à l’approbation 
du  compte,  sont  adoptées. 


COMPTES 


COMPTES  des  recettes  et  des  dépenses  faites  pendant  Vannée  i83i,. 
par  M.  Hardouin  Michelin,  trésorier  de  la  Société  Géologique  de 
France. 

RECETTE. 


NATURE 

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RECETTES 

À 

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DES  RECETTES. 

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EFFECT 

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Pd 

F.  C. 

F.  C. 

F.  C. 

F. 

F. 

F. 

Art.  icr.  Reliquat  de  i83i  . . . . 

ix57  55 

ix57  55 

HÔ7  55 

Art.  2.  Arriéré  \ Droit  d’entrée.  . 

1000 

1000  > 

44o 

>' 

56o 

160 

400 

de  i83o.  t Cots.  annuelles. 

770  >• 

770  > 

35o 

» 

420 

120 

3oo 

Art.  3.  ( Droits  d’entrée  . 

120  >' 

640  > 

5oo 

» 

140 

x4o 

Année  i83i.  (.Cols.  annuelles. 
Art.  4,Contrib.  une  fois  payée  par 

4410  » 

5370  > 

2840 

» 

2,53o 

750 

1780 

M.  Sedgwick  de  Cambridge.  . 

» » 

3oo  > 

3 00 

« 

» 

» 

» 

Art.  5.Vente  du  iervol.  duBullet. 

» » 

3 v 

3 

« 

y> 

» 

» 

Art.  6 Recette  extraordinaire.  . 

» » 

22  25 

22  25 

» 

» 

» 

Totaux 

7457  55 

9262  80 

56x2  80 

365o 

io3o 

2620 

DÉPENSE. 

NATURE  DES  DÉPENSES. 

BUDGET. 

DÉPENSE 

EFFECTUÉE. 

EXCÉDANT. 

ÉCONOMIE. 

F.  c. 

F.  C^ 

F.  G. 

Art.  ier.  Impressions  diverses  et  lithographies.  . . 

200 

i63  35 

36  65 

Art.  2.  Bulletin 

. . . . 

1 140 

I 

°3q  q5 

100  5 

Art.  3.  Mobilier 

200 

218  5 

18  5 

» » 

Art.  A-  Affranchissement,  ports  de  lettres  et  paq. 

25o 

265  70 

i5  70 

» » 

Art.  5.  Agent  de  la  Société  . . . 

400 

4oo  » 

» » 

» « 

Art.  6r.  Loyer 

1000 

1 

000  » 

» y 

» » 

Art.  7.  Chauffage,  éclairage.  . . . 

200 

i38  » 

Y>  » 

‘62  » 

Art.  8.  Dépenses  diverses  . . . . . 

200 

249  i5 

49  ï5 

>*  » 

Totaux.  . . 

35g0 

3474  20 

82  90 

198  70 

Résultat  final. 

La  recette  totale  étant  de 5, 612  fr.  80  c. 

La  dépense  totale  de 3,474  20 

Le  reste  en  caisse  au  3i  décembre  s83i 
est  de. 2,1 38  fr.  60  c. 


Y compris  255  fr.  provenant  de  la  cotisation  Sedgwick. 

Fait  et  présenté  le  4 janvier  i832  par  le  Trésorier  soussigné , 

H.  MICHELIN. 


SÉANCE  DU  9 JANVIER  l852.  97 

RAPPORT  SUR  LES  COMPTES  DU  TRÉSORIER. 

M.  CLÉMENT-MULLET  , RAPPORTEUR. 

Les  membres  de  la  commission  nommée  par  vous  pour  F examen 
de  la  gestion  de  votre  trésorier  pendant  Tannée  i83i  , ont  bien 
voulu  me  charger  de  soumettre  leur  travail  à votre  approbation  , 
et  de  vous  exposer  la  position  financière  de  la  Société. 

Les  comptes  qui  nous  ont  été  présentés  sont  très-simples  et  très- 
faciles  à saisir  par  eux-mêmes;  nous  avons  cru  devoir  en  faire  la 
vérification  en  les  rapprochant  du  budget  de  i83 1 . Un  double  motif 
nous  a fait  prendre  cette  marche.  C’était  d’abord  un  moyen  de 
constater  la  prospérité  de  notre  Société  ; car  un  budget  s’établissant 
à l’avance  et  sur  les  ressources  existantes  au  moment  de  sa  fixation, 
si  l’actif  présumé  est  ensuite  dépassé  par  l’actif  survenu  , il  y 
a une  amélioration  d’état  qu’il  est  intéressant  et  utile  de  mettre  au 
jour. 

L’autre  raison,  qui  touche  déplus  près  le  comptable,  c’est  qu’il 
est  plus  aisé  de  constater  l’exactitude  de  sa  gestion , et  de  voir  s’il 
y a économie,  ou  si  les  crédits  ouverts  ont  été  outrepassés,  ce  dont 
il  est  important  de  s’assurer.  Ici , messieurs  , nous  avons  économie 
et  non  excédant  de  dépenses. 

Le  chapitre  de  la  recette , suivant  le  compte  du  trésorier , se 
compose  de  six  articles,  (Voir  le  compte.) 

Les  cinq  premiers  articles  ne  semblent  demander  aucune  expli 
cation  ; quant  au  sixième  , indiqué  sous  le  titre  vague  de  recette 
extraordinaire , il  lui  faut  quelque  commentaire  pour  être  bien 
compris.  Notre  Bulletin  avait  été  saisi,  parce  que  l’administration 
des  domaines  l’ayant  confondu  avec  les  journaux  ordinaires  , elle 
voyait  dans  l’absence  du  timbre  une  contravention  passible  d’a- 
mende. Une  contrainte  fut  décernée  , et  votre  trésorier  s’est  em- 
pressé de  consigner  cette  amende  pour  éviter  déplus  grands  frais. 
Depuis,  Terreur  ayant  été  reconnue,  la  consignation  a été  rendue. 
Telle  est  l’origine  de  cet  article  : la  somme  ayant  été  sortie  en  dé- 
pense, elle  a dû  y rentrer  en  recette.  Je  signalerai  ici  l’obligeance 
et  le  zèle  apportés  dans  cette  affaire  par  M.  Lajoye,  l’un  des  mem- 
bres de  la  Société,  qui,  par  ses  démarches  réitérées,  a pressé,  à la 
direction  générale  des  domaines,  l’expédition  d’une  décision  si  fa- 
vorable dans  ses  conséquences. 

L’ensemble  de  ces  six  articles  donne  un  total  de  9,262  fr  80  c. 

Le  budget  de  i83i  avait  fixé  la  recette  à . . 7,45-7  55 

Excédant.  ....  i,805  fr.  a5  c. 


Soc.  gdol.  Tome  I L 


7 


98  si ANClî  DU  9 JANVIER  l85ü. 

Mais  , messieurs  , ne  nous  faisons  point  illusion  , la  somme  de 
9,262  fr.  80  c.  11’est  pas  tellement  certaine  qu’on  doive  la  porter 
pour  sa  totalité  en  avoir  , car  si  nous  avons  eu  nos  succès  , nous 
avons  eu  aussi  quelques  revers.  Le  décès  de  quelques  membres,  la 
démission  de  quelques  autres  ont  amené  une  réduction  de  1 ,o3ofr.; 
ainsi  que  F examen  des  registres  , des  démissions  et  autres  pièces 


justificatives  l’ont  prouvé. 

Cette  somme  de 9,262  fr.  80  c. 

ou  bien,  après  la  réduction  de  la  non-valeur.  . i,o3o  » 


celle  restant  de 8,232  80 

n’a  point  été  encaissée  en  totalité  ^ il  a été  reçu 

seulement 5,6 12  80 


Il  reste  donc  encore  à recouvrer 2,620  fr. 


Maintenant  arrivant  à la  dépense,  nous  trouvons  qu’elle  se  com- 
pose de  huit  articles,  tous  appuyés  de  quittances  et  de  pièces  justi- 
ficatives. 

Yoir  le  tableau  de  dépense  au  compte,  dont  le  total  est  de 

3,474  fr*  c. 

Si,  comme  nous  l’avons  fait  pour  la  recette,  nous  comparons  la 
dépense  avec  le  budget , nous  trouvons  que  quelques  articles  ont 
dépassé  la  fixation,  excédant  qui  s’explique  très-bien  , soit  par  les 
frais  d’envoi  nécessités  par  l’accroissement  du  nombre  des  membres, 
soit  par  les  ports  des  échantillons  reçus  ou  des  meubles  construits 
pour  caser  les  collections  ; mais  en  résultat  nous  avons  encore  une 


économie  de  1 15  fr.  80  c. 

En  effet,  le  crédit  ouvert  au  budget  était  de.  3, 590  fr.  » c. 
La  dépense  réelle  a été  de 3,474  20 


Somme  pareille  à celle  qui  vient  d’être  dite.  1 1 5 fr.  80  c. 


Actuellement, balançantla  recette  qui  s’élève  à.  5, 61 2 fr.  80  c. 
Avec  la  dépense  qui  est  de 3,474  20 


ïi  reste  en  caisse 2,i38  60 

Ajoutant  ce  que  doivent  les  reliquataires.  . 2.620  » 

Nous  trouvons  que  l’actif  financier  de  la  So 

ciété  s’élève  à 4,758  fr.  60  c. 


SÉANCE  DU  9 JANVIER  l852.  99 

Vous  avez  sans  doute  été  étonnés,  messieurs,  et  vos  commissaires 
Font  été  aussi,  de  voir,  à la  fin  de  la  deuxième  année  de  Fexistence 
de  la  Société  , un  arriéré  aussi  considérable.  Il  serait  pénible  et 
désagréable  de  vous  signaler  les  retardataires.  Nous  avons  cru  de- 
voir consigner  au  procès-verbal  l’invitation  faite  au  trésorier  d’em- 
ployer tous  les  moyens  que  les  réglemens  mettent  en  son  pouvoir 
pour  presser  le  recouvrement  de  ce  qui  est  encore  dû. 

Le  compte  que  nous  examinons  nous  fait  voir  que  la  Société  est 
dans  un  état  florissant,  tant  sous  le  rapport  des  finances  que  sous  le 
rapport  du  nombre  de  ses  membres  j en  effet,  Fan  dernier  nous 
comptions  1 4 1 membres  ) cette  année  nous  en  comptons  160,  mal- 
gré l’influence  fâcheuse  qu’a  dû  exercer  sur  les  esprits  l’état  de 
vague  et  d’incertitude  des  affaires  politiques. 

Une  collection  précieuse  pour  la  science  commence  à se  former  $ 
des  envois  déjà  assez  nombreux  d’échantillons  vous  ont  été  faits  et 
nous  en  font  espérer  d’autres.  Il  nous  est  donc  permis  , messieurs, 
de  nous  confier  à un  avenir  de  plus  en  plus  satisfaisant.  L’utilité 
de  la  Société  de  mieux  en  mieux  comprise,  elle  s’élèvera  à cet  état 
désirable  qui  lui  permettra  de  faire  tout  le  bien  que  se  sont  pro- 
posé ses  fondateurs. 

Je  termine  en  vous  proposant , messieurs , au  nom  de  la  com- 
mission , d’approuver  purement  et  simplement  sa  décision , qui 
déclare  M.  Michelin  , trésorier  de  la  Société,  quitte  et  libéré  de  sa 
gestion  de  l’année  mil  huit  cent  trente-un. 

J. -J.  Clément-Mullet  , 
Rapporteur. 

M.  le  trésorier  dépose  , au  nom  du  conseil  , le  projet  de 
budget  pour  1 85*2.  La  discussion  en  est  renvoyée  à la  prochaine 
séance. 


LTSTE  DES  MEMBRES 


LISTE  DES  MEMBRES 


DE  LA 


DE  FRANCE, 

AD  9 JANVIER  1832. 


COMPOSITION  DU  BUREAU. 

Président. 

M.  Alexandre  Brongniart. 


M.  CoRDIER. 
M.  Arago. 


V ice-présidens. 

M.  Defrance. 
M.  de  Bonnard. 


Secrétaires. 

M.  Desnoyers,  Sre  en  fonction. 
M.  Boue,  Sre  pour  l’étranger. 

T rèsorier . 

M»  Hardouin  Michelin. 


V ice-secrètaires , 
M.  Dufrenoy. 

M.  Delafosse. 

Archiviste . 

5 M.  Félix  de  Roissy. 


Membres  du  Conseil. 


M.  Elie  de  Beaumont. 

M.  de  Blainville. 

M.  Brochant  de  Villiers. 
M.  Cartier. 

M.  Deshayes. 

M.  Duperrey. 


M.  de  Ferussac. 

M.  Huot. 

M.  de  La  Jonkaire. 
M.  Constant  Prévost. 
M.  Regley. 

M.  Walferdin. 


LISTE  DES  MEMBRES. 


*0 


Membres  de  la  Société. 

MM.  "'7S 

André,  Conseiller  de  cour  et  Membre  de  plusieurs  Sociétés  sa- 
vantes, à Stuttgard,  en  Wurtemberg. 

Aràgo,  Secrétaire  perpétuel  de  l’Académie  des  Sciences,  à l’Obser- 
vatoire, à Paris. 

Bassano  (Eugène  de)  , rue  Saint-Lazare,  n°  60,  à Paris. 

Basterot  ( de  ) , Membre  de  plusieurs  Sociétés  savantes , chez 
M.  Ramsault,  cours  d’Aquitaine,  n°  107,  à Bordeaux. 

Beaumont  (Elie  de).  Ingénieur  des  mines,  rue  de  Boufflers  , n°  3 
bis,  à Paris. 

Belzons  (Edouard),  rue  de  Grammont,  n°  1 3,  à Paris. 

Berard  (Simon),  Membre  de  la  Chambre  des  Députés,  Directeur- 
général  des  ponts- et-chaussées,  rue  de  Varenne,  n°  26,  à Paris. 

Bertrand-Geslin  fils,  Membre  de  la  Société  d’Histoire  naturelle  de 
Paris,  sur  les  boulevarts,  à Nantes. 

Billaudel,  Ingénieur  en  chef  des  ponts-et-chaussées,  à Bordeaux. 

Bineau,  Ingénieur  des  mines,  à Beauvais  (Oise). 

Blainville  (de)  , Membre  de  l’Académie  des  Sciences,  rue  Jacob  , 
n°  5,  à Paris. 

Blucher  (de)  , Docteur  ès-sciences  , Munzstrasse  , n°  16,  à Berlin  , 
Prusse. 

Bonar  (H.),  impasse  Saint-Dominique-d’Enfer,  n°  2,  à Paris. 

Bonnard  (de)  , Inspecteur-divisionnaire  au  corps  des  mines,  quai 
Malaquais,  n°  19,  à Paris. 

Bostock  , Docteur-médecin , Membre  de  la  Société  géologique  de 
Londres,  rue  Taranne,  n°  10,  à Paris. 

Boube'e  (Nerée),  Professeur  de  Géologie,  de  Minéralogie  et  de  Con- 
chyliologie, etc.,  rue  Guénégaud,  n°  17,  à Paris. 

Boue  (Ami) , Docteur-médecin  , Membre  de  la  Société  d’histoire 
naturelle  de  Paris,  rue  de  Tournon,  n°  17,  à Paris. 

Brochant  (Hyppolitc) , avocat , rue  Saint-Dominique  St-Germain, 
n°  70,  à Paris, 

Brochant  de  Yilliers  , Membre  de  l’Académie  des  Sciences , rue 
St-Dominique  St-Germain,  n°  71,  à Paris. 

Brongniart  (Alexandre),  Membre  de  l’Académie  des  Sciences,  rue 
St-Dominique-St-Germain,  n°  71,  à Paris. 

Brue,  Géographe  , et  Membre  de  la  Société  de  Géographie  de  Pa- 
ris, rue  des  Maçons-Sorbonne,  110  11,  à Paris. 

Buckland  , Professeur  de  Géologie  de  l’Université  d’Oxford 
Membre  de  la  Société  royale  et  de  la  Société  Géologique  de 
Londres  , etc,  , à Oxford  (Angleterre). 


102 


LISTE 


Caillaud  (Frédéric),  Conservateur-adjoint  du  Musée,  à Nantes. 

Cambessèdes  , Membre  de  la  Société  d’Histoire  naturelle  de  Paris, 
place  St-André-des-Arts,  n°  3o,  à Paris. 

Cartier  , ancien  Capitaine  d’artillerie  , rue  des  Ecuries-d’ Artois  , 
n°  4»  à Paris. 

Caumont  (de)  , Secrétaire  de  la  Société  Linnéenne  , Membre  de 
plusieurs  Académies,  à Caen  (Calvados). 

Ciiesnel  (Marquis  de)  , Lieutenant-colonel , à Restinclière  , près 
Montpellier. 

Christol  (Jules  de),  Secrétaire  de  la  Société  d’Histoire  naturelle,  à 
Montpellier  (Hérault). 

Clément-Mullet,  Membre  de  plusieurs  Sociétés  savantes , rue  du 
Bac,  nu  12,  à Paris. 

Colson  (Alexandre),  Docteur-médecin  à Noyon,  Oise. 

Cordier,  Membre  de  l’Académie  des  Sciences,  rue  de  Seine  (Jardin 
des-Plantes),  n°  25. 

Courtigis  (de)  , Capitaine  au  corps  royal  d’état-major  , à Melun 
(Seine-et-Marne), 

D’Abbadie,  rue  Cassette,  n°  3y,  à Paris. 

Dàlmatie  (Marquis  de)  , Officier  d’état-major,  au  ministère  de  la 
guerre,  à Paris. 

Daudin  (Hyacinthe),  propriétaire,  à Pouilly,  Oise. 

Debaxjx,  Naturaliste,  rue  Lalande,  à Agen  (Lot-et-Garonne). 

Defrance,  Membre  de  plusieurs  Sociétés  savantes,  à Sceaux(Seine). 

Delafosse,  Aide-naturaliste  au  Jardin-du-Roi,  rue  des  Mathurins- 
St- Jacques,  n°  24,  à Paris. 

Delcros  , Chef-d’ escadron  au.  corps  royal  des  Ingénieurs-Géogra- 
phes, boulevart  St-Antoine,  n°  61,  à Paris. 

Belneufcourt,  Elève-ingénieur  des  Mines,  à Mons. 

Delorme,  rue  de  Valois,  n°  8 (Palais-Royal),  à Paris. 

Delpon,  Député  du  département  du  Lot,  à Figeac. 

Deshayes,  Docteur-médecin , Membre  de  la  Société  d’Histoire  na- 
turelle de  Paris,  rue  de  Paradis,  n°  9,  au  Marais,  à Paris. 

Desmoulins (Charles),  Membre  de  plusieurs  Académies,  à Bordeaux, 

Desnoyers  (Jules),  Membre  de  la  Société  d’Histoire  naturelle  de 
Paris,  rue  de  Paradis,  n°  g,  au  Marais,  à Paris. 

Diaz  (Jean),  de  Panama,  rue  d’Enfer,  n°  3g,  à Paris. 

Dibon  (Paul),  à Louviers  (Eure). 

Domnando  (D,)  , Conseiller  honoraire  de  Russie,  à Trieste  , et  à 
Paris,  rue  et  hôtel  Coquillière. 


DES  MEMBRES.  1 o5 

D’Orbigny  père,  Docteur-médecin  , Membre  de  plusieurs  Sociétés 
savantes,  à la  Rochelle  (Charente-Inférieure). 

Doublier,  à Rassuën,  près  Istres  (Bouches-du-R.hôue). 

Dre'e  (Marquis  de)  , Membre  de  la  Chambre  des  Députés  , rue  des 
Saints-Pères,  n°  71,  à Paris. 

Dubreignou  (le  comte  Henry),  à Morlaix,  Finistère. 

Duchatel  (le  comte),  à Versailles. 

Duclos  , Membre  de  la  Société  d’Histoire  naturelle  de  Paris  , rue 
de  la  Lune,  n°  20,  à Paris. 

Dufrenoy,  Ingénieur  des  Mines,  rue  du  Battoir-Saint-André-des  - 
Arts,  n°  19,  à Paris. 

Dujardin,  Professeur  de  chimie,  à Tours  (Indre-et-Loire). 

Dumas  (Emilien),  à Sommières  (Gard). 

Duperrey  , Capitaine  de  frégate,  rue  de  Seine-St-Germain,  n°  14, 
à Paris. 

FERUSSAc(le  baron  de),  Directeur  du  Bulletin  universel  des  Sciences, 
rue  de  l’Abbaye,  n°  3,  à Paris. 

Filhon,  Chef  d’escadron  au  corps  royal  des  Ingénieurs-Géographes, 
et  Directeur  du  Bureau  topographique  de  l’armée  d’Afrique,  rue 
Bleue,  n°  32,  à Paris. 

Fleuriau  de  Bellevue,  Correspondant  de  l’Académie  des  Sciences, 
à la  Rochelle  (Charente-Inérieure). 

Fontenelle(de  la),  Secrétaire  de  l’Académie  de  Poitiers,  Conseiller 
à la  cour  royale,  etc.,  à Poitiers  (Vienne). 

Fourmont  (Gustave),  garde  général  des  eaux  et  forêts,  à Landrecies 
(Nord). 

Fournoue  de  Montalembert  , rue  Basse -du- Rempart , n°  44  > à 
Paris. 

François  (Victor),  Docteur  en  médecine,  à Mous. 

Geraldi  (Juste), Inspecteur  des  carrières  du  département  de  l’Oise, 
à Beauvais. 

Gérard,  Avocat,  au  Parc,  à Bruxelles. 

Gïrardin,  Professeur  de  chimie,  à Rouen  (Seine-Inférieure). 

Gitton  de  Laribellerie,  Commissaire-priseur,  rue  de  Paradis,  n°  iG, 
au  Marais,  à Paris. 

Gossart,  Pharmacien,  à Mous. 

Graves  , Secrétaire-général  de  la  préfecture  du  département  de 
l’Oise,  à Beauvais. 

IIallowel,  Docteur  en  Médecine,  de  Philadelphie  (Etats-Unis). 

Ha rd oui n (Paul). 


LISTE 


Iû4 

IIécart  , Conservateur  du  Cabinet  d’Histoire  naturelle  , à Valen 
ciennes  (Nord). 

Hericart  de  Thury  ( le  Vicomte  ) , Membre  de  l’Académie  des 
Sciences,  Président  des  Sociétés  d’ Agriculture  et  d’Horticulture, 
rue  de  l’Université , n°  29  , à Paris. 

Héric art-Ferrand  (le  Vicomte) , Membre  de  diverses  Sociétés  sa- 
vantes, rue  Sainte-Catherine-d’Enfer,  n°  i , à Paris. 

Hoeninghaus  , Membre  de  plusieurs  Sociétés  savantes , à Crefeld , 
en  Prusse  (Westphalie). 

Hogard  (Henri),  Membre  de  la  Société  d’ Emulation  des  Vosges,  à 
Epinal. 

Huot,  Membre  de  la  Société  d’Histoire  naturelle  de  Paris  , à Ver- 
sailles. 

Jackson  (Charles-J.),  Docteur  médecin  , Membre  de  plusieurs  So- 
ciétés savantes,  à Boston,  Massachussetts  (Etats-Unis  d’Amérique). 

Jacquemin  (Maxime) , Capitaine  - instructeur  à l’Ecole  royale  de 
Saumur. 

Jacquemin,  Architecte,  à Tours  (Indre-et-Loire). 

Jameson  ( Robert  ) , Professeur  de  Géologie  , etc.  , à Edimbourg 
(Ecosse). 

Ignon  , Membre  de  plusieurs  Sociétés  savantes,  à Mende  (Lozère). 

Jobert  , Membre  correspondant  de  la  Société  d’Histoire  naturelle 
de  Paris,  rue  Guénégaud,  n°  y,  à Paris. 

Jouannet,  Président  de  l’Académie  de  Bordeaux,  à Bordeaux. 

Jouve,  Directeur  de  Sondages,  à Châlons-sur-Marne. 

Karsten  , Docteur  ès-sciences , Conseiller  supérieur  des  Mines  , à 
Berlin. 

La  Bêche  (de)  , Membre  de  la  Société  géologique  de  Londres , 
Atheneum  club  house , à Londres. 

Lacaze  (Louis),  rue  Neuve-des-Mathurins,  n°  34?  à Paris. 

Lacordaire  , Ingénieur  en  chef  des  ponts-et-chaussées  , à Pouilly- 
en-Auxois  (Côte-d’Or). 

Lajonkaire  (de)  , Membre  de  la  Société  d’Histoire  naturelle  de 
Paris,  au  Petit  Montrouge  , n°  63  , près  Paris. 

Lajoye  (Félix),  Vérificateur  des  Domaines,  quai  de  l’École  , n°  8, 
à Paris. 

La  Rochefoucault  (le  Comte  Alexandre  de),  Pair  de  France,  rue 
Saint-Dominique-Saint-Germain,  n°  ioo,  à Paris. 

Lockart,  Directeur  du  Cabinet  d’Histoire  naturelle  d’Orléans , 
Membre  de  plusieurs  Sociétés  Savantes,  à Orléans. 

Lefroy,  Inspecteur  des  études  de  l’école  des  Mines , rue  d’Enfer, 
n°  34?  à Paris. 


DES  MEMBRES.  ÎOÔ 

Legentil  (Laurencée),  Membre  de  plusieurs  Sociétés  savantes,  à 
Poitiers. 

Lehmann  (de),  Officier  des  Mines,  à Saint-Pétersbourg. 

Lenoir  (P.  N.  ),  à l’Athénée  des  arts,  près  le  Palais-Royal , à Paris. 

Leprevost  (Auguste),  Membre  de  plusieurs  Académies  , à Rouen , 
(Seine-Inférieure.) 

L’Eveillé  (Charles),  Vérificateur  des  Douanes  , à Maulde  , près 
St-Amand-les-Eaux  (Nord). 

Magneville  (Henri  de),  Membre  de  plusieurs  académies , à Caen, 
(Calvados). 

Marcel  (de  Serres),  Professeur  à la  Faculté  des  Sciences  de  Mont- 
pellier (Hérault). 

Martin,  Naturaliste,  aux  Martigues  (Bouches-du-Rhône). 

Mathieu  (Léopold  de),  à Valenciennes  (Nord). 

Meyranx  , Professeur  au  collège  Bourbon  , rue  des  Beaux-Arts 
n°  8,  à Paris. 

Michelin  (Hardouin),  Conseiller  référendaire  à la  cour  des  Comptes, 
rue  d’Orléans,  n°  5,  au  Marais,  à Paris. 

Montlosier  (le  Comte  de),  Président  de  l’académie  Royale  des 
sciences  et  des  arts  de  Clermont-Ferrand  (Puy-de-Dôme). 

Moreau  (César),  Directeur  président  de  la  Société  française  de  sta- 
tistique universelle,  Place  Vendôme , n°24,  à Paris. 

Morren,  Docteur  ès  sciences  et  Professeur  de  l’Université  deGand, 
en  Belgique. 

Murchison  , Président  de  la  Société  géologique  de  Londres  , etc., 
à Londres. 

Olivier  , ancien  élève  de  l’école  Polytechnique , rue  du  Haut  Pas, 
n°  34  , à Dieppe,  et  rue  Sainte-Anne,  n°  3G,  à Paris. 

d’Omalius  d’Halloy,  Membre  de  l’académie  Royale  de  Bruxelles 
à Halloy,  par  Namur  (Belgique). 

Pareto  (le  Marquis  Laurent),  à Gênes. 

Paris  (de),  ancien  Magistrat,  rue  des  Moulins , n°  16,  à Paris. 

Passini  (Louis),  à Schio , près  Vicence. 

Passy  (Antoine),  Préfet  de  l’Eure , à Evreux. 

Peghoux,  Docteur  - Médecin  , k Clermont  - Ferrand  ( Puy  - dc- 
Dôme). 

Perrot,  Géographe,  Membre  de  la  Société  de  Géographie  de 
Paris,  rue  d’Angoulême , n°  25,  Faubourg-duTemple  ? a Paris. 

Pouchet  , Professeur  d’Histoire  naturelle,  à Rouen  ( Seine  - Infé- 
rieure ). 

Prévost  ( Constant  ) , Professeur  de  géologie  à la  Faculté  des 


LISTE 


ioC 

sciences , Membre  des  Sociétés  Pli  ilomatique  et  d’Histoire  na- 
turelle de  Paris,  rue  de  Paradis,  n°  9,  au  Marais,  à Paris. 

Puillon-Boblaye  , Capitaine  d’Etat-Major  , Membre  de  plusieurs 
Sociétés  savantes , rue  des  Saint-Pères  , n°  27,  à Paris. 

Puzos , Sous-intendant  militaire,  rue  des  Beaux-Arts , n°  17,  à 
Paris. 

Pusch,  Professeur  de  géologie,  à Varsovie. 

Rançon,  Propriétaire  à Beauvais  (Oise). 

Ravergie,  Naturaliste-voyageur  du  Muséum,  rue  des  Foureurs  , 
n°  9,  à Paris. 

Razoumowski  (le  Comte  Georges),  à Vienne  (Autriche). 

Reboul  , Correspondant  de  l’Institut , à Pézenas  (Hérault). 

Regley,  aide-Naturaliste  au  Jardin  du  Roi,  rue  St-Denis,  n°  190, 
à Paris. 

Requien,  Administrateur  du  Muséum,  à Avignon  (Vaucluse). 

Robert  (E.),  rue  du  Mont-Parnasse , n°  1 bis,  à Paris. 

Roberton,  Docteur  en  médecine,  rue  de  la  Ville  l’Evêque,  n°  23, 
à Paris. 

Robin  Masse,  Docteur  en  médecine,  rue  des  Prêtres-St-Germain- 
FAuxerrois , n°  2 1 , à Paris. 

Roissy  (Félix  de),  Membre  de  la  Société  d’Histoire  naturelle  de 
Paris,  rue  Cadet,  n°  32,  à Paris. 

Roulland,  Officier  de  marine  en  retraite,  à Bricquebec,  par 
Valognes  (Manche). 

Rozet  , Capitaine  au  corps  Royal  des  Ingénieurs  géographes  , rue 
de  Verneuiï,  n°  9,  à Paris. 

Ruelle  , Chef  au  ministère  des  Finances,  rue  de  la  Michaudière, 
n°  12. 

Ruelle  (Antoine),  Payeur  du  Trésor,  Membre  de  plusieurs  Sociétés 
savantes,  au  Puy  (Haute-Loire). 

Savary  (le  général  de),  rue  Taitbout , n°  38,  à Paris. 

Savi  (Paul),  Professeur  d’Histoire  naturelle  à l’Université  de 
Pise. 

Schwerin  (le  Baron  de  ),  Conseiller  de  cour,  Membre  de  l’académie 
de  Munich  et  de  plusieurs  autres  sociétés  savantes  , à Hauzen- 
dorf,  près  de  Ratisbonne. 

Schull  (G.  S.),  avocat,  à Dordrecht , en  Hollande. 

Sedgwick,  professeurWoodwardien  de  l’Université  de  Cambridge, 
en  Angleterre. 

Spencer  Smith  (J.),  Docteur  en  droit,  Membre  de  l’académie  de 
Caen,  etc.,  rue  Leroy,  n°  2,  faubourg  Saint-Gilles,  à Caen. 


LES  MEMBRES.  Ï07 

Teissier  (Jules),  Membre  de  plusieurs  Sociétés  savantes , à Anduze 
(Gard). 

Thirria,  ingénieur  des  mines  , à Vesoul  (Haute-Saône). 

Thurman  (Jules),  ancien  élève  de  l’école  des  mines,  et  propriétaire 
à Porentruy  (en  Suisse). 

Tournal  fils,  Pharmacien  , à Narbonne  (Aude). 

Traulle  , Officier  supérieur  en  retraite , rue  de  Rochecliouart , 
n°  23,  à Paris. 

Tremeau  de  Rochebrune  , Directeur  du  Cabinet  d’Histoire  natu- 
relle, à Angoulême. 

Truman  , Docteur  médecin,  rue  St-Victor,  n°  29,  à Paris. 

Underwood  , Membre  de  la  Société  géologique  de  Londres , rue 
Neuve-St-Augustin  , n°  28,  à Paris. 

Vallejo,  à Léon,  en  Espagne. 

Van  Breda , professeur  d’Histoire  naturelle,  à I.eyde  , en  Hol- 
lande. 

Van-der-Maelen  , Membre  des  académies  Royales  de  Bruxelles, 
Turin  , etc.,  rue  du  Boulet,  n°  12,  à Bruxelles. 

Vemard  (Auguste),  rue  Rameau , n°  6,  à Paris. 

Verger,  à Nantes, 

Verneutl  (Edouard  de),  Avocat  attaché  au  ministère  de  la  Justice> 
rue  de  Vendôme  , nü  12,  à Paris. 

Vinard,  Ingénieur  des  Ponts-et-Chaussées , à Montbart,  ( Côte- 
d’Or). 

Virlet  (Théodore),  Membre  de  la  Commission  scientifique  de  la 
Morée,  rue  des  Pyramides,  n°  6. 

Voltz,  Ingénieur  en  chef  des  mines  à Strasbourg  (Bas-Rhin). 

Walferdin,  chef  de  bureau  à l’administration  des  douanes,  rue 
St-Lazare , 110  1 1 , à Paris. 

Zuber-Karth,  Président  de  la  Société  industrielle  de  Mulhouse  , à 
Mulhouse  (Ilaut-Rhin). 

M.  D’ORBIGNY, 

Agent  de  la  Socie'te,  rue  jacob,  n°  5 , a Paris. 

MM.  les  Membres  sont  instamment  priés  de  faire  connaître  au 
Secrétaire  leur  changement  de  domicile. 


io8 


SÉANCE  DU  S 5 JANVIER  l85‘2. 


Séance  du  23  janvier  1832. 

M.  Alexandre  Brongniart  occupe  le  fauteuil. 

M.  Desnoyers  tient  la  plume  comme  secrétaire  en  fonction. 

Après  la  lecture  et  l’adoption  du  procès-verbal  de  la  précé- 
dente séance,  le  président  proclame  membres  de  la  Société  : 
MM. 

Puzos,  ancien  sofas- intendant  militaire  à Paris  , présenté  par 
MM.  de  Roissy  et  Deshayes,* 

Lehmann,  officier  des  mines,  à Saint-Pétersbourg,  présenté 
par  MM.  de  Roissy,  Brongniart  et  Roué,* 

D’Abbadie,  à Paris,  présenté  par  MM.  Boué  et  Régley. 

On  passe  à la  correspondance. 

M.  Lockhart  annonce  à la  Société  qu’il  va  lui  envoyer  une 
suite  de  fossiles  de  l’Orléanais. 

M.  Keferstein  , de  Halle  , après  avoir  exprimé  tout  l’intérêt 
qu’il  attache  au  Bulletin  de  la  Société,  annonce  qu’il  va  lui 
adresser  le  dernier  cahier  de  son  journal,  auquel  il  joindra  la 
collection  complète  des  années  antérieures  * savoir  : 19  volumes 
avec  ï 2 cartes  et  coupes  géologiques. 

M.  le  président  charge  le  secrétaire  d’exprimer  spécialement 
à M.  Keferstein  les  remerciemens  de  la  Société. 

Il  est  fait  hommage  à la  Société  des  ouvrages  suivans  : 

i°  De  la  part  de  M.  Boué  : 

a.  Une  revue  des  observations  géognostiques  faites  dans 
l’Odenwald  ( Gedranzte  U bersicht  der  Ergebnisse  einer  geog- 
nostischen  Erforschunz  der  Odenwalder  ) , par  le  docteur 
A.  Klipstein.  — In-4°  de  j 8 pages.  Darmstadt,  1829. 

b.  Protogœa  de  Leibnitz.  — In- 4°  de  1749  pages,  avec 
12  planches. 

c.  Description  de  trois  genres  nouveaux  de  coquilles  fossiles 
du  terrain  tertiaire  de  Bordeaux  ; savoir  : Spiricella , par 
M.  Ranz;  Gratelupia  etJouannetia  , par  M.  Ch.  Desmoulins. 
— In-  8°,  1 828. 

d.  Traité  élémentaire  de  Géologie  , par  J,  A.  de  Luc.  — - 
In-8°.  Paris,  1809. 


SÉANCE  DU  25  JANVIER  l832.  I09 

e.  Distribution  technique  des  pierres  précieuses  avec  leurs 
caractères  distinctifs,  par  M.  le  comte  G.  Razoumowsky.  — 
In- 8°.  Vienne,  1825. 

F.  Second  voyage  de  deux  Anglais  dans  le  Périgord  et  leur 
pèlerinage  à Rocamdour  , par  M.  Jouannet.  — Petit  in-8°. 
Périgueux,  1828. 

g.  Supplément  aux  observations  géognostiques  ( Nachtrag 
zu  den  geognoslischen  Beobachtungen  , etc.)  , par  M.  G.  Ch. 
Sartorius,  avec  une  carte  de  hauteur  du  cercle  d'Eisenach.  — 
In-8°.  Eisenach,  1823. 

h.  Essai  d’une  description  géognostique  des  contrées  des 
bords  inférieurs  du  Necker,  près  de  Heidelberg  ( V ersuch  einer 
geognoslischen  Derstcllunz , etc.),  par  M.  le  docteur  H.Bronn. 

— In-8°,  avec  une  carte  géologique.  Carslrube,  1827. 

M.  Boué  offre  en  outre  à la  Société  deux  portraits  , l’un  de 
M.  de  Humboldt,  et  l’autre  de  M.  le  professeur  Mohs,  à Vienne. 
Ces  deux  portraits  sont  destinés  à être  réunis  à la  collection 
de  lettres  autographes  dont  la  Société  a autorisé  la  fondation. 

20  De  la  part  de  M.  Desnoyers,  les  mémoires  suivans  dont  il 
est  l’auteur  : 

a.  Notice  sur  le  T artuffite , ou  bois  fossile  à odeur  de  truffes. 

— In-4°,  avec  deux  planches.  1822. 

b.  Observations  sur  quelques  systèmes  de  la  formation 
oolitique  du  N.  O.  de  la  France,  et  particulièrement  sur  une 
oolithe  à fougères  de  Mamers  , département  de  la  Sarthe  ; sui- 
vies d’observations  de  M.  Prévost  sur  Stonesfield.  — • In-8°  de 
71  pages,  avec  une  carte  et  deux  planches.  1825. 

c.  Mémoire  sur  la  craie  et  sur  les  terrains  tertiaires  du 
Cotentin.  — In-4°  de  85  pages,  avec  carte  et  coupes.  1825. 

d.  Observations  sur  un  ensemble  de  dépôts  marins  , plus 
récens  que  les  terrains  tertiaires  du  bassin  de  la  Seine,  et 
constituant  une  série  de  formations  géologiques  distinctes 
( Form . quaternaires) , avec  un  Aperçu  de  la  non  simultanéité 
des  bassins  tertiaires.  — In- 8°  de  i36  pages.  1828. 

e.  Deux  caries  doubles  des  terrains  du  Cotentin. 

f.  Deux  planches , l’une  des  principaux  fossiles  de  Stones- 
field,  l’autre  des  empreintes  de  plantes  de  l’oolilhe  de  Mamers. 


1 10 


SEANCE  DU  25  JANVIER  l852. 

M.  Desnoyers  fait  encore  hommage  à la  Société  , pour  sa 
bibliothèque,  des  neuf  ouvrages  et  mémoires  suivans. 

A.  Essai  sur  la  théorie  des  volcans  d'Auvergne  , par  M.  de 
Montlosier.  — In-8°  de  184  pages.  1802. 

b.  Aperçu  général  des  mines  de  houille  exploitées  en  France 
par  M.  Lefebvre.  — In-8°  de  157  pages,  avec  carte.  1800. 

c.  Observations  minéralogiques  et  géologiques  sur  les  prin- 
cipales substances  des  départemens  du  Morbihan , du  Finistère 
et  des  Côtes-du-Nord  , par  M.  Bigot  de  Morogues.  — In-8°  de 
167  pages.  1810. 

d.  Mémoire  sur  les  bitumes , leur  exploitation  et  leurs  em- 
plois utiles,  par  M.  Payen. — In-8°  de  64  pages.  1824. 

e.  Lettres  sur  la  minéralogie,  la  géologie,  et  sur  divers  au- 
tres objets  de  l’histoire  naturelles  de  l’Italie,  écrites  par  Ferber 
à de  Born,  trad.  de  l’allemand  par  Dietricht. — In-8°  de  5oy  p. 
1776. 

f.  De  Systematibus  miner alogicis,  par  Wallerius — In-8C  de 
iÔ2  p.  1778.  C’est  la  première  et  la  plus  complète  histoire  des 
systèmes  minéralogiques  antérieurs  au  29e  siècle. 

g.  Traité  des  pierres  de  Théophraste,  trad.  du  grec  par  Hill. 
— In  12  de  287  pages.  1704* 

11.  Mémoire  sur  un  nouveau  genre  de  coquilles  de  la  famille 
des  Solénoïdes  , par  Mesoard  de  la  Groye.  — In- 4°  avec  une 
planche. 

1.  Observations  et  réflexions  sur  l’état  et  les  phénomènes  du 
V ésuve  , pendant  une  partie  des  années  181 5 et  1 8 1 4 > par  Ie 
même  , extrait  du  Journ . de  phys . — In-4°  de  1 1 2 pages.  18?  5. 

3°  De  la  part  de  M.  de  Gaumont  : 

a.  Son  Essai  sur  la  topographie  géognostique  du  départe- 
ment du  Calvados. — In-8°  de  3i2  pages  , avec  un  atlas  in-4° 
contenant  sept  planches  de  coupes.  Paris,  1828.  Chez  Lance, 
libraire. 

b.  Sa  carte  géologique  du  département  du  Calvados,  dressée 
en  1825,  et  publiée  en  1828. 

c.  La  troisième  partie  du  premier  volume  de  la  Revue  Nor- 
mande, rédigée  sous  la  direction  de  M.  de  Caumont.  — In-8°. 
Çaen,  1 85 1. 


1 1 I 


SÉANCE  Bü  20  JANVIER  l802. 

4°  Le  numéro  i3  du  Mémorial  encyclopédique  et  progressif 
des  connaissances  humaines , sous  la  direction  de  M.  Bailly  de 
Merlieux.  Janvier  1 85 1 . — ln-8°,  en  échange  du  Bulletin  de  la 
Société. 

5°  Les  numéros  6 et  7 du  Bulletin  des  Sciences  naturelles  et 
de  Géologie , sous  la  direction  de  M.  de  Férussac.  Juin  et  juillet 
1 83 1 . — In-8°* 

6°  Les  numéros  20 3 et  204  ( novembre  et  décembre  1 83  ï ) 
du  Bulletin  de  la  Société  de  Géographie  de  Paris.  — In-8°. 

70  Le  numéro  11  du  Journal  des  travaux  de  C Académie 
de  r industrie  agricole , manufacturière  et  commerciale,  fondée 
à Paris  par  M.  César  Moreau. — In-4°.  1 85 1 . 

8°  Les  numéros  6,  7 et  8 de  l’ Européen,  journal  des  sciences 
morales  et  économiques  , paraissant  tous  les  samedis. — In-4°. 

90  De  la  part  de  M.  Beshayes,  son  Tableau  d’une  classifi- 
cation méthodique  des  Mollusques  acéphalés  (Bivalves),  extrait 
de  V Encyclopédique  méthodique. 

io°  De  la  part  de  M.  J.  Steiningcr,  Observations  sur  les 
fossiles  du  calcaire  intermédiaire  de  C Eiffel.  — In-4°  de  44  P» 
Trêves,  1 85 1 . 

M.  de  Férussac  envoie  le  prospectus  de  la  continuation  de 
son  Histoire  naturelle  générale  et  particulière  des  Mollusques , 
et  annonce  qu’il  va  publier  sept  livraisons  de  12  planches  cha- 
cune de  la  classe  des  Céphalopodes. 

M.  le  professeur  Georges  Jan  et  M.  Joseph  de  Christophori 
envoient  l’annoncé  de  la  fondation  qu’ils  viennent  de  faire  h 
Milan  d’un  Musée  d’histoire  naturelle  et  d’une  bibliothèque. 
Leurs  collections  consistent  en  10,000  échantillons  de  miné- 
raux , 4»ooo  espèces  de  coquilles,  17,000  de  plantes,  etc.  Ils 
vont  en  publier  les  catalogues  , et  proposent  de  céder  leurs 
doubles  par  action  de  100  et  5o  fr.,àun  tiers  au-dessous  du  prix 
courant. 

Il  est  encore  fait  hommage  h la  Société  par  M.  Desnoyers, 
de  la  Description  de  V Ilot  volcanique  de  Sicile,  visité  par 
M.  Prévost. — Brochure  in-8°,  avec  deux  planches. 

Il  est  présenté  à la  Société  : 

i°  Par  M.  le  docteur  Turmah  , un  cahier  de  Vues  de  cette 


1 1 2 


SÉANCE  DU  2 5 JANVIER  l852. 

même  île,  publiées  à Naples  le  10  décembre  i85i,  par  M.  Mar- 
zolla. — In- 12  oblong. 

M.  Turman  communique  en  même  temps  deux  échantillons 
de  ce  volcan  et  de  l’eau  contenue  dans  le  cratère. 

2°  Par  M.  Boué  , 

a.  Le  troisième  cahier  des  Pétrifications  de  M.  le  professeur 
Goldfuss  , où  l’on  remarque  la  même  perfection  de  dessins  que 
dans  les  précédentes  livraisons. 

b.  Conchiologie  fossile  etapperçugéognostique  des  formations 
du  plateau  P olhyni-Podolien , par  M.  de  Dubois  de  Mont- 
perheux.  — In- 4%  avec  une  carte  et  8 pl.  Berlin,  i85i. 

On  annonce  que  M.  de  la  Bêche  va  publier  une  seconde 
édition  de  son  Traité  de  Géologie , ainsi  que  M.  Lyell  une  se- 
conde édition  du  premier  volume  de  ses  Principes  de  Géologie * 
Le  deuxième  volume  de  ce  dernier  ouvrage  vient  de  paraître. 

Il  est  enfin  fait  hommage  à la  Société  de  la  part  de  M.  de  la 
Bêche,  de  deux  fougères  arborescentes  de  la  Jamaïque,  longues 
de  17  pieds,  et  garnies  de  leurs  feuilles  et  racines. 

La  Société  vole  des  remerciemens  à M.  de  la  Bêche  , et 
adopte  la  décision  du  conseil  qui  détermine  que  ces  beaux 
échantillons  seront  déposés  dans  la  salle  de  ses  séances. 

Mt  Ciément-Muliet  présente  à la  Société  la  table  du  premier 
volume  du  Bulletin , qu’il  a bien  voulu  se  charger  de  rédiger. 
Cette  table  sera  imprimée  après  l’examen  de  la  commission 
d’impression. 

M.  Boubée  propose  qu’on  adresse  le  Bulletin  de  la  Société 
à l’Académie  royale  de  Toulouse  , en  en  demandant  l’échange 
contre  les  Mémoires  de  cette  Académie.  Cette  question  est 
renvoyée  au  conseil. 

M.  Desnoyers  communique  les  extraits  suivans  de  deux  lettres 
de  M.  Constant  Prévost,  adressées  à MM.  Brongniart  et  Cordier, 
la  première  de  Syracuse,  et  l’autre  de  Palerme  : 

Syracuse,  le  29  octobre  i83i. 

(Du  lazaret  où  M . Prévost  a fait  quarantaine  de  2 1 jours.) 

« Je  rapporte  de  Malthe  une  collection  très-nombreuse  de  roches 
et  de  fossiles.  Je  me  bornerai  à vous  dire  par  anticipation  qu’ après 
avoir  parcouru  l’île  dans  tous  les  sens,  je  la  regarde  comme  formée 


SÉÀNCB  mj  20  JANVIER  l85s.  n5 

de  terrains  très  nouveaux  et  qui  entrent  dans  le  groupe  que 
Desnoyers  a si  judicieusement  établi  sous  la  dénomination  de  ter- 
rains quaternaires.  Ce  sont,  ainsi 'que  moi- même  je  l’avais 
avancé  dans  mon  mémoire  sur  Yienne,  des  formations  intermé- 
diaires entre  les  anciens  terrains  tertiaires  parisiens  et  les  forma- 
tions que  je  suppose  (à  bon  droit , je  crois)  se  déposer  encore 
dans  les  bassins  des  mers  actuelles.  Seulement  ici  j’ai  retrouvé 
les  dépôts  pe'lasgiques , contemporains  des  dépôts  littoraux  , dont 
le  crag  de  Norfolk , les  faluns  de  Touraine  , du  Cotentin,  ceux 
de  Dax,  du  littoral  de  la  France  méridionale,  du  bassin  de  Yienne 
en  Autriche,  etc. , sont  des  exemples. 

Aussi  la  pierre  de  Malte,  les  argiles  qui  alternent  avec  les  bancs 
calcaires,  ont-elles,  par  leurs  caractères  généraux,  par  leurs 
faciès , la  plus  grande  analogie  avec  certaines  parties  des  terrains 
secondaires,  au  point  qu’un  géologue  qui  s’en  rapporterait  aux 
caractères  minéralogiques  des  roches  , à la  puissance  des  bancs  , 
à la  manière  d’être  des  fossiles , etc.  , pourrait  se  croire  sur  les 
côtes  de  la  Normandie  ou  de  l’Angleterre.  Il  trouverait  sans  peine 
les  glauconies  crayeuse  et  grossière  , le  green-sand  , Y iron-sahd , 
les  argiles  de  D iv es , celles  dJ Honfleur , le  calcaire  de  Caen , le 
coralrag  , etc.,  etc.  ; mais' sous  des  bancs  presque  entièrement 
composés  de  débris  de  polypiers,  de  térébratules , de  plusieurs 
espèces  d’oursins  , et  même  d’encrines  ; il  verrait  des  sables  et  des 
argiles  qui  enveloppent  les  coquilles  subapennines  roulées , les 
grandes  dents  de  squales,  des  os  de  lamantins  , et  peut-être  même 
de  mammifères  , etc.  Au  milieu  de  ces  dépôts  de  sédiment , on 
trouve  plusieurs  fois  des  bancs , ou  plutôt  des  masses  étendues  de 
polypiers  en  place ; et  le  sommet  ouest  de  Malte  et  de  Goze  est 
un  banc  de  polypiers  de  plus  de  0.5  pieds  d’épaisseur  qui  a l’as- 
pect caverneux  et  la  consistance  de  nos  meulières  , ou  plutôt  du 
calcaire  siliceux;  je  l’avais  pris  d’abord  pour  un  dépôt  de  calcaire 
travertin;  mais  je  me  suis  assuré  que  son  origine  est  marine  et 
qu’il  est  du  au  travail  des  polypes.  J’ai  retrouvé  également,  au- 
tour de  ce  témoin  d’un  sol  qui  avait  une  bien  plus  grande  étendue, 
les  marques  du  séjour  prolongé  de  la  mer  à différens  niveaux  , 
observation  analogue  à celle  que  j’ai  déjà  eu  l’occasion  de  faire 
dans  le  bassin  de  "Vienne,  oit  j’ai  indiqué  une  ligne  horizontale 
à plus  de  200  pieds  au-dessus  du  Danube,  le  long  de  laquelle  les 
roches  calcaires  sont  percées  par  des  mollusques  lithophages.... 

J’ai  retrouvé  dans  la  bibliothèque  de  la  cité  Lavallette  les  dé- 
bris des  collections  faites  pas  Dolomieu  ; ils  étaient  oubliés  depuis 
bien  des  années , et  l’abbé  B'ellanti , homme  aussi  éclairé  qu’obli- 
Soc.  gèol.  Toi».  II.  3 


i 1 4 SÉANCE  DU  *3  janvier  i83j. 

géant , a bien  voulu  les  faire  sortir  de  la  poussière  pour  les  mettre 
à ma  disposition.  J’ai  séparé  tout  ce  qui  appartient  au  sol  de 
Malte;  j’ai  obtenu  quelques  fossiles  que  je  n’avais  pas  trouvés  , en 
échange  d’autres  que  la  collection  ne  possédait  pas;  j’ai  dessiné 
tous  ceux  qui  n’existaient  pas  en  double  ; j’ai  mis  des  numéros 
d’ordre  qui  correspondent  avec  ceux  de  mes  échantillons  ou  de 
mes  dessins , afin  de  pouvoir,  à mon  retour,  envoyer  les  noms  des 
espèces , ou  demander  celles  qu’il  serait  le  plus  important  d’avoir 
à Paris.  J’espère  que  les  géologues  qui  viendront  après  moi  à 
Malte  me  sauront  gré  de  ce  travail  que  j’ai  fait  en  courant.  Je 
me  suis  ménagé,  au  reste,  les  moyens  d’obtenir  de  l’obligeance 
de  M.  Miege , notre  consul , et  de  celle  du  capitaine  du  génie 
anglais  M.  Barry- Jones , tout  ce  qui  pourrait  nous  manquer....  » 


Extrait  de  la  seconde  lettre  de  M . C.  Prévost , adressée  à 
M . Cordier  , de  P a 1er  me  , le  18  décembre  i83i. 

Après  avoir  parcouru  toute  la  côte  sud-est  et  nord  de  la 
Sicile  * depuis  le  cap  Passaro , et  avoir  fait  une  excursion  de  dix 
jours  dans  les  îles  d’Eole,  M.  Prévost  arriva  à Palerme.  Il  a 
soigneusement  comparé  dans  cette  seule  course  des  effets  et  des 
produits  volcaniques  d’époques  évidemment  bien  distinctes. 

u Le  cap  Passaro,  dit-il,  est  un  des  points  les  plus  intéressans; 
mais  au  lieu  de  ces  alternances  nombreuses  de  basalte  et  de  cal- 
caire dont  on  a parlé , je  n’ai  vu  qu’une  grande  formation  basal-, 
tique  qui  (probablement  sous  les  eaux)  a soulevé,  pénétré  de 
mille  manières  des  calcaires  de  différens  âges , depuis  la  craie  jus- 
qu’à un  terrain  tertiaire  moderne.  Cette  action  volcanique  a eu 
lieu*  par  conséquent , à une  époque  très  récente , et  elle  n’a  été 
suivie  que  parle  dépôt  d’un  terrain  qu’il  faudra  nommer  quater- 
naire, dépôt  très  puissant  lui -même  et  qui  renferme  un  très 
grand  nombre  de  fossiles  analogues  aux  animaux  actuellement 
existans  dans  la  Méditerranée.  C’est  ce  dépôt  qui  forme  une  cein- 
ture tout  autour  de  la  Sicile  , et  dont  on  retrouve  des  lambeaux 
dans  l’intérieur  de  Vile.  Il  me  semble  analogue  au  crag  et  à nos 
Jahms , comme  M.  Desnoyers  l’a  déjà  très  bien  remarqué.  C’est 
lui  qui  constitue  en  partie  le  sol  de  Malte. 

Contre  l’opinion  de  MM.  Daubeny  et  Lyell , je  crois  que  le 
calcaire  de  Passaro  est  de  la  craie  semblable  à celle  d’Angoulême , 
avec hippurites  ,età celle  du  midi  de  la  France.  Une  faut  pascon- 


SÉANCE  DU  25  JANVIER  l852.  1Î5 

fondre  ce  calcaire  avec  celui  du  val  di  Noto , qui  lui-même  n’est 
pas  semblable,  peut-être,  à celui  de  Syracuse.  J’ai  recueilli  un 
grandnombre  de  notes,  de  dessins , d’échantillons,  afin  de  pouvoir 
discuter  cette  opinion  des  alternances  des  basaltes  et  des  calcaires. 
A Millili , j’ai  visité  le  gisement  du  dussodyle  qui  se  trouve  au 
contact  des  roches  volcaniques  boueuses  et  des  calcaires  plus 
récens. 

Malgré  la  saison  avancée , et  grâces  aux  bonnes  directions  de 
MM.  Gemellaro  , notre  course  à l’Etna  a été  heureuse.  Il  faisait 
très  froid,  et  de  sept  que  nous  étions,  je  suis  arrivé,  moi  troisième, 
au  bord  du  cratère,  malgré  la  neige  et  les  vapeurs  qui  se  dispu- 
taient l’honneur  de  nous  arrêter.  Le  reste  de  la  caravane  a été 
forcé  de  rester  dans  la  maison  de  M.  Gemellaro.  J’ai  marché 
sur  une  petite  coulée  qui  y dans  le  mois  de  mars  dernier  , est  sor- 
tie par  la  bouche  même  du  cratère.  Je  me  suis  particulièrement 
attaché  à recueillir  les  produits  d’époques  différentes,  et  à cons- 
tater les  effets  des  influences  postérieures  aux  diverses  éruptions. 

DeCataneà  Messine,  la  route  est  très  intéressante.  Aux  envi- 
rons de  Taormine  commence  un  nouveau  système  de  roches 
anciennes  sur  lesquelles  reposent  encore  les  formations  récentes 
dont  la  brèche  de  Spallanzani  fait  partie  , selon  moi  ; car , malgré 
le  désir  que  j’aurais  eu  de  trouver  dans  cette  roche  un  dépôt  qui 
continuerait  à se  former  , les  faits  que  j’ai  observés  me  forcent  à 
croire  que  Spallanzani  a été  trompé  par  les  apparences , comme 
plusieurs  personnes  du  pays  le  sont  encore. 

A Messine,  j’avais  retrouvé  le  brick  : j’espérais  pouvoir  faire 
avec  lui  mon  excursion  dans  les  îles  d’Eole  ; mais  le  capitaine 
m’a  fait  craindre  qu’il  ne  lui  fut  impossible  de  débarquer,  et  surtout 
de  rester  dans  ces  parages  dangereux , si  la  mer  devenait  mau- 
vaise. Je  me  suis  décidé  en  conséquence  à partir  pour  Melazzo,afin 
de  prendre  une  barque  qui  pût  me  conduire  d une  île  à l’autre  y 
pendant  huit  jours  j’ai  été  retenu  par  les  vents.  Heureusement 
que  la  presqu’île  deMelazzo  m’a  offert  des  faits  tellement  curieux 
que  je  n’ose  en  parler  sans  avoir  des  pièces  de  conviction  à faire 
voir  en  même  temps.  Cette  presqu’île  est  formée  par  trois  pitons 
de  roches  anciennes  ( pcgmati  te , gneiss,  granité)  que  recouvre 
un  calcaire  quaternaire.  Mais  ces  roches  inférieures  ont  été  évi- 
demment bouleversées  à une  époque  postérieure  au  dépôt  du 
calcaire , qui  les  a pénétrées  jusqu’à  une  profondeur  de  plus  de 
200  pieds  dans  tous  les  sens  ; de  manière  que  dans  beaucoup  de 
cas  il  est  difficile  de  décider  si  c’est  le  calcaire  qui  a pénétré 
les  roches  feldspathiqucs , ou  bien  si  ce  sont  celles-ci  qui  ont  passé 


Il6  SÉANCE  DU  2 5 JANVIER  l852. 

à travers  mie  vase  calcaire , de  même  qu’au  cap  Passaro  le  basalte  a 
traversé  la  craie.  Leyalcaire  a contractéla  plus  forte  adhérence  avec 
le  gneiss;  il  a acquis  une  très  grande  dureté  au  contact  des  roches 
micacées.  J’ai  employé  dix  jours  à visiter  endétail  les  îles  de  Lipari, 
Vulcano  , Stromboli  , et  autres  îlots  volcaniques  de  cette  côte. 

De  Païenne,  je  vais  aller  à Sciacca  , à Girgenti , et  reviendrai 
par  le  centre  de  l’île.  Je  ne  compte  pas  pouvoir  partir  avant  le 
i5  janvier  pour  Naples. 

La  société  approuve  les  décisions  suivantes  prises  par  le 
conseil  les  7 et  21  janvier  i832. 

La  société  formera  une  collection  des  autographes  et  por- 
traits de  tous  les  géologues  connus. 

Elle  accepte  l’échange  contre  le  Bulletin,  i°  du  Journal 
des  travaux  de  l’ Acadèmié  d* industrie 9 fondée  à Paris  par 
M.  César  Moreau;  et  20  de  Y Européen  , journal  des  sciences 
morales  et  économiques  (paraissant  tous  les  samedis). 

Le  conseil  décide  qu’on  nommera  un  secrétaire  pour  l’inté- 
rieur en  remplacement  de  M.  de  Beaumont,  démissionnaire, 
et  que  ses  fonctions  dureront  deux  ans  à partir  du  ier  janvier. 

Le  second  secrétaire  deviendra  de  droit  secrétaire  pour 
l’étranger. 

M.  Boué  propose  que  désormais  la  société  tienne  trois 
séances  dans  le  mois  de  janvier,  dont  l’une  serait  spéciale- 
ment destinée  aux  élections  et  discnss:ons  du  budget.  — Le 
conseil  adopte  cette  proposition,  et  détermine  une  troisième 
séance  extraordinaire  pour  le  5o  janvier. 

En  conséquence  de  ces  décisions  , la  société  procède  à 
l’élection  d’un  secrétaire  pour  remplacer  M.  de  Beaumont, 
démissionnaire.  M.  Desnoyers,  vice-secrétaire,  obtient  la 
majorité,  et  est  proclamé  secrétaire. 

On  procède  ensuite  à l’élection  d’un  vice-secrétaire  en 
remplacement  de  M.  Desnoyers  ; la  majorité  des  suffrages  se 
porte  sur  M.  Delafosse. 

Les  secrétaires  sont  donc  M.  Desnoyers  pour  la  France, 
et  M.  Boué  pour  l’étranger.  Les  vice-secrétaires,  MM.  Du- 
frénoy  et  Delafosse. 

M.  le  trésorier  présente  le  budget  pour  i852  tel  qu’il  a 
été  adopté  par  le  conseil. 


SÉANCE  DU  23  JANVIER,  l83î.  H 7 

budget  présenté  pour  l’année  iS3a. 
RECETTE. 


1 

NATURE  DES  RECETTES. 

SOMMES 

admises  par  la 
société. 

Art.  ier.  Reliquat  de  z83i 

A.,  ..  Arriéré  de  r83o.  { *.  \ 

Art.  3.  Arriéré  de  i83i.  { J ! 

] Art.  4.  Année  .83,  . . { J ; 

Art  5.  Vente  du  premier  volume  du  bulletin 

a,i38  6o 
4oo  » 
3oo  • 
i4o  * 
1,780  » 

5oo  • 
5,25o  » 

45  » 

Totaux.  . . 

io,353  60 

DÉPENSE. 


! NATURE  DES  DÉPENSES. 

BUDGET 

de  i83i. 

SOMMES 

admises  par 
la  société. 

P Art.  icr.  Impressions  diverses  et  lithographies.  . 

200 

• 

200 

» 

| Art.  2.  Bulletin 

1,140 

• 

i,5oo 

• 

! Art.  3.  Mobilier 

200 

9 

200 

• 

| Art.  4.  Affranchissemens,  ports  de  lettres  et  paquets. 

260 

9 

3oo 

• 

1 Art.  5.  Agent 

4oo 

9 

800 

» 

P Art.  6.  Loyer 

1,000 

9 

1,000 

» 

1 Art.  7.  Chauffage  et  éclairage.  ...... 

200 

9 

260 

> 

|j  Art.  8.  Dépenses  diverses  et  imprévues.  . . . 

200 

9 

250 

■ 

i:  ( A.  Abonnemens  exislans  , 

Art.  q.  Bibliothèque.  > reliures  et  ports  de  livr. 
i v 1 j li.  Acquisitions  pour  la  bt- 

s 

9 

200 

» 

I ( bliothèque 

9 

9 

9 

» 

| { Ne  pourront  être  faites  que  sur  décision  de  la  société  ). 

I [ A.  Acquisitions  de  meubles 

Art.  CoUections. 

9 

9 

6«o 

• 

\ les  à la  société.  . • . 

9 

9 

• 

• 

( N’auront  lieu  que  par  décisiou  spéciale). 

Art.  11.  Impression  des  mémoires 

9 

9 

2,000 

• 

Totaux.  . . 

> — - - 

3,590 

• 

7,3i° 

» 

RÉSULTAT. 

La  Recette  présumée  étant  de  . . io,353  60 

La  dépense  autorisée  étant  de 7,5io  • 


La  Recette  présumée  étant  de  . . io,353  60 

La  dépense  autorisée  étant  de 7,5io  • 


L’excédant  de  la  recette  sur  la  dépense  serait  de  . . . 3,o43  60 

Ainsi  adopté  en  séance,  le  23  janvier  i832. 


1 I S SÉANCE  DU  25  JANVIER  l832. 

Une  longue  discussion  s’engage  au  sujet  des  collections  et 
de  l’esprit  dans  lequel  la  société  doit  les  faire. 

Plusieurs  membres  (MM.  Dufrénoy,  de  Bonnard,  de 
Beaumont , etc.  ) regardent  comme  inutiles  les  collections 
que  pourrait  former  ]a  société,  à raison  des  riches  et  nom- 
breuses collections  qui  existent  déjà  à Paris;  ils  les  regar- 
dent comme  pouvant  entraver  la  publication  des  mémoires, 
en  diminuant  trop  les  fonds  nécessaires  à ce  dernier  objet, 
et  enfin  comme  pouvant  embarrasser  promptement  la  so- 
ciété, par  suite  de  choix  indiscrets  d’échantillons.  Ils  deman- 
dent donc  que  la  société  ne  forme  point  de  collections , ou 
du  moins  qu’elle  y apporte  la  plus  grande  réserve. 

D’autres  membres  (MM.  Deshayes,  Boué,  Michelin)  pen- 
sent, au  contraire,  que  la  société  doit  former  des  collections 
les  plus  étendues  en  espèces  de  fossiles  et  en  échantillons  de 
roches  de  toutes  les  localités  , particulièrement  de  la  France  ; 
que  ces  collections,  surtout  celle  des  fossiles,  seront  delà 
plus  grande  utilité,  soit  pour  la  comparaison  d’espèces  de 
localités  différentes,  soit  pour  faciliter  des  échanges. 

Un  membre  (M.  de  Roissy)  propose  que  tout  envoi  d’é- 
chantillons soit  précédé  d’un  avis  au  conseil,  qui  ne  les 
accueillerait  qu’accompagnés  d’observations  ou  d’un  mé- 
moire. 

D’autres  membres  enfin  (MM.  de  Blainville , Paris,  etc.  ) 
proposent  que  la  société  en  restreigne  le  cercle  dans  de  petites 
collections  méthodiquement  classées  de  roches  et  de  fossiles, 
et  dans  la  réunion  des  pièces  à l’appui  des  mémoires,  ces 
deux  premières  sortes  de  collections  pouvant  être  particu- 
lièrement utiles  aux  membres  qui  n’ont  point  fait  encore  une 
étude  spéciale  de  la  géologie. 

M.  Desnoyers  rappelle  qu’on  doit  aussi  former,  d’après 
une  précédente  décision,  une  collection  de  fossiles  classés 
par  terrains. 

M.  le  président , résumant  la  discussion , propose  à la 
société  d’interpréter  ainsi  qu’il  suit  l’article  i'r  du  cha- 
pitre 7 de  son  règlement.  La  plupart  des  membres  se  ran- 
gent à cette  opinion , et  la  société  décide  que  ses  collections 
^composeront  : 


SÉANCE  EXTRAORDINAIRE  DÜ  3û  JANVIER  1852,*  1 1 g 

1°  j Des  échantillons  à l’appui  des  mémoires  ou  commu- 
nications verbales  ; 

2°  D’une  petite  collection  fondamentale  de  roches  classées 
méthodiquement  ; 

3°  D’une  petite  collection  paléontologique  également  fon- 
damentale et  distribuée  par  genres  ; 

4°  Enfin,  d’une  série  d’espèces  des  fossiles  les  plus  carac- 
téristiques., groupées  par  formations  géologiques . 


Séance  extraordinaire  du  30  janvier  1832. 

M.  Defrance  occupe  le  fauteuil. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et  adopté. 

Le  président  proclame  membres  de  la  société, 

MM. 

Traullé,  officier  supérieur  en  retraite  à Paris,  présenté 
par  MM.  Boué  et  Desnoyers  ; 

Hallowel,  docteur  en  médecine  de  Philadelphie  (Etats- 
Unis),  présenté  par  MM.  Elie  de  Beaumont  et  Nérée  Boubée. 

On  passe  à la  correspondance. 

La  société  reçoit  deux  lettres  de  M.  J.  Teissier,  docteur- 
médecin  à Ancluze,  l’une  à la  date  du  18  décembre,  l’autre 
du  5 janvier  1 85a. 

Dans  la  première  M.  T.  donne  des  détails  et  mesures  com-  * 
paratives  de  la  tête  humaine  trouvée  dans  la  caverne  de 
Mialet , dont  il  a déjà  envoyé  un  dessin  à la  société. 

« II  se  peut,  dit  M.  Teissier , que  l’angle  facial  que  j’ai  indiqué 
soit  un  peu  trop  faible , ayant  etc  obligé,  pour  l’obtenir,  d’in- 
cliner l’équerre  mobile,  pour  faire  passer  l’une  des  branches  par 
le  trou  auditif,  et  l’autre  parle  milieu  du  coronal.  Vous  calcule- 
rez facilement  ce  que  cette  projection  peut  faire  perdre. 

Par  mon  nouvel  examen  , je  me  suis  convaincu  que  cette  tête 
appartenait  à la  race  caucasique  ; bien  que  par  une  circonstance 
que  je  crois  produite  violemment  ( par  compression  dans  l’enfance, 
par  l’habitude  de  porter  des  fardeaux , ou  par  accident  plus  tard  ) , 
le  crâne  se  rapproche  de  la  forme  nègre. 

La  tête  de  Mialet  est  en  général  plus  petite  et  moins  massive 
que  celle  de  mon  squelette , qui  a appartenu  à un  homme  do 


no 


SÉANCE  EXTRAORDINAIRE 


5 pieds  4 pouces.  L’aspect  et  les  détails  de  cette  tête  de  Mialet 
ine  font  croire  qu’elîe  a appartenu  à une  femme.  Ce  qu’elle  pré- 
sente de  plus  remarquable,  c’est  son  alongement  d’avant  en  ar- 
rière , comme  les  mesures  le  prouvent. 

Cette  tête  semble  avoir  été  déprimée  de  haut  en  bas  par  une 
force  considérable  qui  aurait  produit  l’oblitération  de  la  suture 
sagittale  vers  le  milieu  de  sa  longueur.  Par  cette  pression , le  crâne 
a été  affaissé,  et  comme  obligé  de  s’alonger  dans  son  diamètre 
antéro-postérieur.  Les  pariétaux  se  sont  arqués  davantage  ; et  par 
suite , la  plus  grande  largeur  du  crâne  se  trouve  vers  leurs  bosses , 
au  lieu  d’être  vers  la  réunion  des  pariétaux  et  des  temporaux. 

L’occipital  est  l’os  le  plus  altéré  dans  sa  forme  ; ses  condyles 
sont  remontés  plus  haut  que  les  apophyses  mastoïdes;  iis  sem- 
blent rentrés  dans  le  crâne.  Une  grande  partie  de  la  portion  pos- 
térieure de  l’occipital  est  devenue  inférieure  par  suite  de  la  plus 
grande  courbure  qu’il  a prise. 

Les  orbites  ont  très  peu  de  hauteur;  mais  la  partie  orbitaire 
du  coronal  est  très  concave , ce  qui  fait  que  les  yeux  ont  pourtant 
en  dedans  à peu  près  la  même  place  pour  se  loger. 

La  mâchoire  inférieure,  dont  j’ai  envoyé  le  dessin , n’appar- 
tient pas  au  même  individu.  J’ai  parlé  dans  une  autre  lettre  de 
ce  que  les  dents  présentaient  d’extraordinaire  ; on  remarquera 
dans  le  mesurage  actuel  l’écartement  des  deux  branches  et  la  hau- 
teur et  l’écartement  des  apophyses  coronoïdes. 


Tête 
de  mon 
squelette. 


Tête 

de 

Mialet. 


Hauteur  de  la  tête  au-dessus  d’un  plan  horizontal, 
les  deux  têtes  reposant  sur  les  incisives  et  sur 
l’occipital,  c’est-à-dire , posées  sur  une  table, 

sans  mâchoire  inférieure.  . . 0,1 53 

Plus  grand  diamètre  antéro-postérieur  de  la  tête , 

des  bosses  frontales  à la  protubérance  occipitale,  0,175 
Diamètre  du  crâne  de  droite  à gauche,  d’une 

bosse  pariétale  à l’autre 0,1 45 

C’est  la  partie  la  plus  large  de  la  tête  de  Mialet. 

■ — Pour  la  tête  du  squelette , la  partie  la  plus 
large  est  au-dessous  et  en  avant  de  la  bosse  pa- 
riétale , à la  rencontre  de  la  portion  écailleuse 
du  temporal.  Là  les  proportions  sont  inverses.  0,1 5o 
Largeur  du  frontal  au-dessus  des  orbites.  ....  0,098 


o,i5o 

o,iq5 

o,i5o 

o,i45 

0,092 


DU  5o  JANVIER  l85î. 


ï 2 1 


Tête 
de  mon 
squelette. 


Distance  du  sommet  de  l’apophyse  mastoïde  à 

l’angle  supérieur  de  l’occipital o,i25 

Longueur  de  la  portion  de  l’occipital  tournée 

vers  le  bas 7 0,049 

Longueur  de  la  portion  de  l’occipital  tournée 

vers  le  derrière o;o65 

Distance  d’une  apophyse  mastoïde  à l’autre.  . . . 0,102 

Plus  grande  largeur  du  trou  occipital o,o36 

Plus  grand  diamètre  antéro-postérieur  du  trou 

occipital o;o34 

Condyles  de  l’occipital , plus  saiüans  en  bas  que 

les  apophyses  mastoïdes o,oo5 

D’une  arcade  zygomatique  à l’autre 0,1 3o 

D’une  grande  aile  du  sphénoïde  à l’autre,  sous 

l’arcade  zygomatique 0,077 

Plus  grande  hauteur  du  trou  orbitaire o,o33 

Plus  grande  largeur  du  trou  orbitaire 0,040 

Hauteur  de  l’os  malaire , prise  dans  son  milieu.  . 0,026 

Mâchoire  inferieure  d’un  autre  sujet . 

Distance  d’un  angle  à l’autre 0,110 


Distance  de  l’angle  au  sommet  du  condyie  ....  o,o65 
Distance  d’un  condyie  à l’autre  extérieurement.  . 0,1 18 
Distance  d’une  apophyse  coronoïde  à l’autre.  . . 0,096 
Largeur  de  la  branche  montante  de  la  mâchoire 

inférieure,  prise  à l’angle o,o35 

Distance  du  milieu  de  la  première  grosse  molaire 

à l’autre o,o45 


Télé 

de 

Mialet 


O,  l35 
0,066 

0,062 

°?°97 

0,028 

o,o32 

0,000 

0,124 

0,072 

0,025 

o,o38 

0,023 


0,1  t 3 
0,072 
0,125 
0,1 13 

0,028 

o,o5o 


Ayant  vu  une  autre  tète  de  Mialet  presque  entière,  je  me  suis 
assuré  que  les  différences  étaient  les  mêmes.  La  plus  saillante 
consiste  , chez  celle-ci , dans  la  distance  de  l’apopliysc  mastoïde 
à l’épine  occipitale.  Cette  distance  étant  de  o,go  pour  mon 
squelette  , est  de  110  à 120  pour  les  tètes  de  la  caverne,  ce  qui 
paraît  provenir  d’une  compression  soutenue  du  cerveau,  opérée 
vers  le  milieu  de  la  suture  sagittale  , laquelle  aurait  déprimé  les 
hémisphères  et  fait  saillir  d’autant  en  arrière  le  cervelet  et  la 
convexité  de  l’occipital,  en  augmentant  sa  courbure  et  son 


12*  SÉANCE  EXTRAORDINAIRE 

bombement  d’en  bas  et  en  arrière.  Deux  vertèbres  tiennent  à cette 
tête,  et  elles  sont  dérangées  dans  leurs  rapports  d’une  manière  si 
forte,  qu’elle  ne  peut  être  que  postérieure  à la  mort;  mais, 
quant  aux  différences  du  crâne  , elles  existaient  certainement  pen- 
dant la  vie  et  tenaient  probablement  à une  coutume  générale,  ou 
au  genre  de  travail. 

J’ai  pensé  que  ces  détails  intéresseraient  la  société,  qui  désirait 
savoir  si  les  tètes  de  Mialet  n’étaient  ni  mongolis , ni  caraïbes; 
elles  sont  caucasiques  , je  l’ai  déjà  dit,  mais  déformées  , je 
crois  , parla  violence,  comme  on  l’observe  de  différentes  manières 
chez  beaucoup  de  peuplades  sauvages. 

M.  Razoumovski  adresse  un  mémoire  manuscrit  sur  les 
Tubulipores,  dont  les  dessins  ont  été  déjà  remis  à la  société. 

M.  Marcel  de  Serres  envoie  deux  mémoires,  l’un  sur  les 
fossiles  végétaux  de  Lodève,  l’autre  sur  le  genre  Gloisonnaire. 
Il  annonce  en  même  temps  qu’il  a découvert  dans  la  Médi- 
terranée l’analogue  du  murex  tublfer  de  Lamarck  , et  dans 
les  sables  tertiaires  marins  de  Montpellier  le  genre  cloison ^ 
naire  ou  septaria , genre  connu  dans  les  mers  des  Grandes- 
Indes,  et  retrouvé  dernièrement  dans  la  Méditerranée. 

L’espèce  en  question  ne  diffère  pas  de  celle  décrite  par 
Lamarck  sous  le  nom  âarenaria. 

De  plus,  il  a vu  une  coquille  du  genre  clavagelle  dans  le 
calcaire  moellon  et  les  sables  marins  tertiaires. 

M.  Pitorre  a trouvé  dans  les  mêmes  couches  CHaliotis 
philberli  et  deux  autres  espèces  du  même  genre.  Le  calcaire 
moellon  lui  a aussi  offert  le  planorbis  cornu , Brong.  Ces  cal- 
caires sont  chargés  de  galets  de  calcaire  d’eau  douce,  ce  qui 
prouve  que  ces  roches  ont  été  déposées  bien  postérieure- 
ment à ce  calcaire. 

Au  sujet  du  murex  tubifer  cité  par  M.  Marcel  de  Serres 
dans  la  Méditerranée,  M.  de  Blainville  observe  qu’il  est 
connu  depuis  long-temps  dans  les  mers  de  Sicile.  M.  Des- 
hayes  ajoute  à cette  observation  qu’il  y a deux  espèces  con- 
fondues sous  le  même  nom,  et  qu’il  est  à présumer  que  ce 
murex  tubifer  indiqué  par  M.  Marcel  de  Serres  est  le  murex 
fistulosus  de  Brocchi  : tandis  que  le  murex  tubifer , fossile  aux 
environs  de  Paris  seulement , a aussi  son  analogue  vivant  8 


DU  5o  JANVIER  183a.  1*5 

dont  on  ne  connaît  encore  que  quelques  individus  et  dont 
la  patrie  est  ignorée. 

M.  Michelin  appuie  cette  observation  de  M.  Deshayes,  en 
disant  qu’il  possède  dans  sa  collection  un  individu  vivant  du 
murex  tubifer  de  Paris. 

M.  Boubée  observe  que  M.  de  Christol  a retrouvé  en 
quantité  des  Fistulanes  dans  le  bassin  de  Marseille,  et  que 
c’est  dans  ce  même  bassin  qu’ont  été  retrouvés  les  Septaria. 

M.  le  professeur  de  Lécnhard  offre  d’échanger  son  journal 
trimestriel  le  J ahrbuch  fur  Minéralogie,  Geognosie  et  Paléon- 
tologie, contre  le  Bulletin  de  la  société.  Il  annonce  en  même 
temps  que  son  ouvrage  sur  les  basaltes  est  très  près  d’être 
achevé,  et  qu’il  pense  que  probablement  les  calcaires  grenus 
de  l’Odenwald  sont  du  Muscheikalk  altéré  par  la  voie  ignée. 

M.  le  marquis  Paretto  de  Gênes  annonce  pour  le  mois  pro- 
chain un  envoi  de  fossiles  et  de  roches  de  Lygurie. 

M.  Boué  fait  hommage  à la  Société  d’un  nouveau  recueil 
qu’il  commence  à publier,  et  ayant  pour  titre  : Mémoires 
géologiques  et  p a léonto logiques.  Les  premières  feuilles  sont 
consacrées  à un  travail  intitulé  : C onsidérations  générales  et 
explicatives  de  sa  carte  géologique  d' Europe  9 sur  la  distri- 
bution géographique , la  nature  et  C origine  des  terrains  de 
l'Europe.  On  y trouve  ensuite  le  résumé  des  observations 
conchy  biologiques  de  M.  Deshayes,  relativement  au  classe- 
ment des  dépôts  tertiaires . In- 8°,  Paris,  96  pag. 

A l’occasion  de  ce  mémoire  sur  les  terrains  de  l’Europe, 
M.  Boué  fait  les  observations  suivantes  : 

Il  pense  avec  MM.  Jameson,  Cordier  et  d’autres  géologues  que 
M.  Brongniart,  dans  le  rapport  fait  en  iSag  sur  la  Théorie  des 
Soulèvemens,  par  M.  de  Beaumont,  n’aurait  pas  dû  prétendre 
qu’on  n’avait  encore  observé  avant  cette  époque  aucun  principe  de 
liaisons  entre  les  chaînes  composées  de  couches  redressées  et  les 
pays  plats,  à stratification  régulière  et  horizontale  ( Voy.  Ann.  de 
Chimie  et  de  Phys.  , p.  6 du  Rapport).  De  pareilles  déductions 
se  retrouveraient , suivant  M.  Boué,  dans  des  ouvrages  même 
bien  plus  anciens  que  ceux  de  Saussure,  ainsi  que  dans  des  publi- 
cations modernes. 

M.  Brongniart  donne  comme  une  idée  nouvelle  que  toutes  les 
chaînes  de  montagnes  n’ont  pas  été  soulevées  à la  même  époque. 
M.  Boué  n’y  peut  voir  qu’un  oubli  involontaire  de  sa  part* 


124  SÉANCE  EXTRAORDINAIRE 

M.  de  Beaumont  ayant  cité  lui-même  textuellement  les  grandes 
époques  de  souîèvemens  ( voy . Ann.  des  Sc.  liât. , déc.  1829, 
p.  3q5)  que  M.  Boué  a cru  pouvoir  établir  par  différentes  con- 
sidérations géologiques  auxquelles  il  reconnaît  que  la  direction 
des  chaînes  est  entièrement  étrangère  ( voy.  Mémoires  géolo- 
giques et  p alé ontologique s , p.  5).  — M.  de  Beaumont  a donc 
seulement  précisé  davantage  quelques  époques  de  souîèvemens 
dont  M.  Boué  ne  croit  pas  pouvoir  restreindre  le  nombre  autant 
que  le  fait  M.  de  Beaumont. 

En  réponse  à ces  observations , M,  Elie  de  Beaumont  fait  obser- 
ver que  le  nombre  des  personnes  qui , en  parlant  du  soulèvement 
des  montagnes,  y avaient  déjà  fait  diverses  distinctions  plus  ou 
moins  explicites,  était  tellement  considérable , qu’il  n’est  pas  éton- 
nant que  M.  Brongniart,  tout  en  en  citant  un  grand  nombre,  en 
ait  oublié  quelques  unes.  MM.  Parrot  et  Boué  sont  bien  loin  d’être 
les  seuls  géologues  dont  les  noms  pourraient  être  ajoutés  à la  liste 
des  citations  de  M.  Brongniart. 

MM.  de  Beaumont  et  Brongniart  se  seraient  peut-être  épargné 
toute  espèce  d’embarras,  si,  au  lieu  de  citer  quelques  géologues 
modernes  ou  contemporains , au  risque  d’en  oublier  quelques 
autres  , ils  avaient  eu  Fidée  de  remonter  tout  simplement  jusqu’à 
Stenon,  qui  écrivait  déjà  à Florence  en  1669,  (Ilje  ^ es  couches 
redressées  avaient  été  formées  horizontalement  ; que  les  mon- 
tagnes que  nous  voyons  aujourd’hui  n avaient  pas  existé  dès  le 
commencement  ; qu’il  y en  a qui  sont  le  produit  d’ éruptions 
ignées  ; qu  elles  ont  des  directions  diverses  sur  la  surface  du 
globe , etc.*  et  qui,  relativement  à la  Toscane  en  particulier, 
avait  démontré  par  des  figures  que  le  sol  horizontal  de  sédiment 
marin  (que  nous  appelons  aujourd’hui  tertiaire)^  est  postérieur 
à l’ existence  des  vallées  dans  lesquelles  il  s’est  déposé. 

Dates  géologiques  précises , noms  propres  de  montagnes  en 
rapport  avec  chacune  de  ces  dates,  direction  particulière  des 
chaînons  de  montagnes  de  chaque  époque , Stenon  avait  manqué 
de  données  pour  s’en  occuper;  or,  personne  n’y  avait  suppléé 
depuis,  et  il  est  défait  qu’en  1829  il  restait  à essayer  de  donner 
une  forme  positive  au  point  de  vue  que  Stenon  avait  aperçu  cent 
soixante  ans  auparavant. 

Aussi  la  réclamation  de  M.  Boué  ne  porte-t-elle  que  sur  un 
point  particulier,  sur  l’annonce  faite  par  lui  du  peu  d’ancienneté 
relative  des  Alpes , dans  un  passage  d’un  mémoire  allemand  im- 
primé à Heidelberg  en  juillet  1827.  M.  de  Beaumont,  qui  du 
reste  a reproduit  le  passage  en  question  dans  une  note  de  ses 
Recherches,  sur  les  Révolutions  du  globe , rappelle  que  dans  la 


DU  3o  JANVIER  lSSs.  125 

première  partie  de  son  Mémoire  sur  les  Vosges , imprimée 
dans  la  deuxième  série  des  Annales  des  Mines  (mai  etjuin  1827), 
il  avait  lui-même  , à une  époque  où  il  ne  pouvait  avoir  aucune 
connaissance  du  travail  de  M.  Boue,  opposé  les  Vosges  aux  Alpes 
(p.  4°5) , sous  le  rapport  de  leur  âge  relatif,  et  mentionné  la  dis- 
location des  couches  alpines  après  le  dépôt  des  terrains  tertiaires. 

La  société  reçoit  aussi  : 

i°  Le  n°  9 de  l’ Européen , journal  des  sciences  morales  et 
économiques.  Paris,  in-4°  ? 

20  Les  nos  28  à 4i  du  Lycée , journal  des  sciences  et  des 
sociétés  savantes.  Paris,  in-4°. 

La  société  reçoit  de  M.  Boubée  le  Prospectus  de  son  cours 
de  géologie  , divisé  en  deux  parties , cours  d’hiver  et  d’été. 

M.  le  secrétaire  pour  l’étranger  présente  à la  Société  les 
ouvrages  suivans  : 

i°  Une  Description  physique  et  médicale  des  sources  mi- 
nérales les  plus  connues  dans  les  principales  contrées  de 
l’Europe  ( Physikal  medicinisch.  Darstellung  der  bek.  Ileil- 
quellen , etc.) , par  M.  E.  Osann.  Le  premier  volume  in-8°  de 
46i  pag,  Berlin,  1829; 

20 Recherches  chimiques  sur  l’eau  près  de  Niedernau  [Che- 
mische  Cnlersucliung  des  Sauerwassers , etc.)  , par  C.-G. 
Gmelin.  ln-8°  de  3 1 pag.  Tubingue,  1828; 

5°  Recherches  sur  les  rapports  de  température  de  l’Alpe 
de  Souabe  ( Untersuckungen  uber  die  Temperatur-V  erhalt- 
Ijïnse,  etc.);  Dissert,  inaug.  du  Dr  W.  Fr.  Kern.  I11-80  de 
28  pag.  Tubingue  , 1 83 1 ; 

4°  De  Fonlium  mutinensium  admirandâ  scalurigine 
tractatus  physico  - hydros  ta  tiens  , par  Bernard  Ramazzini. 
ln~4°-  Modène,  1691.  C’est  le  premier  ouvrage  où  les  puits 
artésiens  soient  décrits  complètement  ; 

5°  Les  Catalogues  des  collections  de  minéraux,  de  roches 
et  de  pétrifications  qui  sont  en  vente  au  Comptoir  de  miné- 
ralogie à Heidelberg,  dans  le  pays  de  Bade. 

Le  secrétaire  pour  la  France  présente  l’ouvrage  anglais  de 
M.  Smith,  sur  les  fossiles  d’Angleterre,  distribués  par  ter- 
rain ( Strata  idenlified  et  stratifica l arrangement  ).  Londres , 
1816,  in-4°j  pi.  coloriées  diversement  suivant  les  terrains. 

M.  Boue  fait  hommage  à lu  Société  de  trente-huit  lettres 


1*6  SÉANCE  EXTRAORDINAIRE 

autographes,  destinées  à commencer  la  collection  de  lettres 

et  portraits  de  tous  les  géologues  connus. 

Elles  sont  de  MM.  de  La  Bêche,  Catullo,  Hérault,  Dau- 
beny,  Graves,  G.  Hisinger  de  Stockholm,  de  Hoff,  Hugi,  de 
Humboïdt,  professeur  Jaeger  de  Suttgardt,  professeur  Ja- 
meson,  Jouannet,  Keferstein,Klipstein , de  Léonhard,  André 
de  Luc,  Lill,  Murchison,  Nils  , Nordenskiold , Palàssou , 
Pusch,  Rengger,  de  Rosthorn,  Sadler,  Sartorius,  Sc'hubler, 
Steininger,  Studer,  Schwerin , Voith,  de  Vargas  , Voltz, 
Waldauf  de  Waldenstein,  Weavêr,  Webster  de  Boston,  et 
Razoumovski. 

M.  Desnoyers  développe  quelques  considérations  sur  les 
ossemens  humains  des  cavernes  (s)  du  midi  de  la  France  * 
tendant  à prouver  que  ces  bs , et  les  objets  de  fabrication 
humaine  qu’on  y a trouvés  avec  eux,  y ont  été  laissés  posté- 
rieurement aux  derniers  grands  cataclysmes , et  ne  sont  point 
contemporains  des  espèces  détruites  de  mammifères  aux- 
quelles on  les  trouve  réunis.  Il  s’appuie  d’abord  sur  un  passage 
de  Florus,  historien  du  commencement  du  deuxième  siècle. 

Florus  rapporte  que  César  ordonna  dJ enfermer  tes  rusés  ha - 
bitàns  de  T Aquitaine  dans  les  cavernes  où  ils  se  retiraient , sui- 
vant un  usage  commun  à plusieurs  tribus  de  race  celtique  qui 
cherchaient  dans  ces  retraites  souterraines  non  seulement  un 
refuge  en  temps  de  guerre,  mais  un  abri  contre  le  froid , des  ma- 
gasins pour  leurs  chétives  provisions  de  grains  , pour  les  produits 
de  leurs  chasses  et  de  leurs  pêches,  et  qui  même  y cachèrent  plus 
d’une  fois  avec  eux  des  animaux  déjà  soumis  à la  domesticité.  Les 
Gaulois  avaient  d’ailleurs , au  récit  de  César,  une  grande  habitude 
des  travaux  souterrains  pour  l’exploitation  du  fer  et  de  la  marne , 
mais  le  texte  de  Florus  est  bien  plus  spécialement  applicable  à 
notre  sujet  : Aquitani , callidum  genus , in  speluncas  se  recipie- 
hant , Cœsar  jussit  includi  ( Florus  , Jrlist.  Rom. , Epit . L.  Z , 
C.  10). 

(i)Ccs  observations  ont  été  aussi  présentées  à l’Académie  des 
Sciences,  et  font  partie  d’un  travail  plus  étendu  que  Fauteur  se  pro- 
pose de  publier  sur  ce  sujet  historico-géologique.  — Il  ne  sagit  pas 
seulement  ici  des  cavernes  qui,  comme  celles  de  Durfort , contenaient 
des  amas  d’os  humains  isolés  /mais  surtout  de  celles  où  a été  constaté 
leur  mélange  à des  os  de  mammifères. 


DÛ  5o  JANVIER  1832.  *27 

Ces  malheureux  Aquitains  auront  en  partie  péri  dans  ces 
grottes,  et  des  cours  d’eau  y pénétrant  postérieurement,  auront 
confondu  leurs  ossemens  avec  les  limons  , les  graviers  , et  les  dé- 
bris d’animaux  qui  déjà  étaient  enfouis  dans  quelques  unes,  peut- 
être  bien  long-temps  avant  eux.  Une  pâte  stalagmitique  aura 
depuis,  en  certains  endroits,  comme  à Bise  , cimenté  le  tout  en 
aggrégats  solides  • les  os  d’ours  et  de  cerfs , des  lits  inférieurs 
avec  les  os  humains , les  poteries  brisées,  les  coquilles  terrestres , 
elles  os  d’animaux  modernes,  du  limon  noir  superficiel.  L’a- 
baissement irrégulier  de  la  voûte  aura  produit  sur  certains  points 
un  contact , et  une  adhérence  égalé  des  différens  dépôts  aux  pa- 
rois de  la  roche. 

Cette  explication  est  d’autant  plus  naturelle  , que  l’examen  de 
plusieurs  cavernes  montre , même  sans  parler  du  fait  des  ébou- 
lemens  qu’on  y voit  si  fréquemment,  la  trace  évidente  de  diffé- 
rens cours  d’eau  séparés  par  des  intervalles  de  sécheresse  , des  lits 
de  graviers  ossifères  , alternant  jusqu’à  trois  fois  avec  des  couches 
de  stalagmites  (cav.  de  Schockier,  près  de  Liège).  Les  premiers 
limons  ont  été  d’ordinaire  tumultueusement  introduits  et  déposés 
en  lits  très  sinueux  dont  la  surface  ondulée  a été  irrégulièrement 
recouverte  de  limons  plus  modernes.  Des  couràns  moins  violens 
passant  ensuite  sur  ces  couches,  tantôt  les  ont  uniformément 
recouvertes  d’un  même  sédiment,  tantôt  ils  ont  disséminé  les  corps 
gissans  à la  surface  des  limons  plus  anciens  , et  les  ont  entassés 
dans  les  anfractuosités  du  sol  inférieur*  tantôt  enfin,  enlevant 
une  tranche  horizontale  de  tous  ccs  dépôts , ils  ont  dû  mettre 
à nu,  et  en  apparence , à un  même  niveau  géologique , des  corps 
appartenant  à des  époques  et  à des  couches  en  réalité  très  di- 
verses. Ces  différens  âges  de  graviers  et  de  limons  en  lits  ondulés 
se  voient  très  bien  dans  la  plupart  des  cavernes  du  midi  de  la 
France,  dans  celles  de  Bise , de  Sommières , etc.  ) et  les  alluvions 
récéntes  prédominent  même  dans  quelques  unes.  La  surface  très 
inéjg&le  du  limon  ossifère  est  un  fait  qui  s’observe  dans  beaucoup 
d’aütres  cavernes , quoiqu’on  ne  l’ait  pas  assez  remarqué.  M.  Des- 
noyers l’a  vu  de  la  manière  la  plus  évidente  dans  la  caverne  de 
Bahwell,  dans  les  Mendips,  en  Angleterre,  M.  Bertrand-Geslin 
l’a  signalée  dans  celle  d’Adelsberg. 

Recourant  de  nouveau  à la  comparaison  des  témoignages  his- 
toriques et  géologiques  , M.  Desnoyers  fait  observer  qu’un  grand 
nombre  de  cavernes  du  Périgord,  du  Sarladais  , du  Quercy,  de 
la  Guienne,  provinces  qui  faisaient  partie  de  la  Gaule  aquitanique, 
telle  quelle  fut  limitée  par  Auguste , montrent  eu  effet  des  traces 


Iî8  SÉANCE  EXTRAORDINAIRE 

évidentes  d’habitations,  et  même,  conformément  au  récit  de  Flo- 
rus , des  traces  de  clôtures  fort  anciennes.  On  les  nomme  en- 
core en  Périgord  C lus  eaux , mot  dont  on  peut  trouver  l’origine 
dans-  les  cavernes  inclasœ  par  César.  Dans  plusieurs  , dans  celle 
de  Breingues  (dép.  du  Lot),  celle  de  la  Combe-Grenant  ( dép. 
de  la  Dordogne),  décrites  par  M.  Delpon  et  M.  Jouannet,  de 
nombreux  ossemens  de  mammifères  d’espèces  en  partie  perdues , 
étaient  enfouis,  comme  dans  celles  du  Languedoc  , sur  le  même 
sol  qui , plus  tard  , reçut  les  débris  de  l’espèce  humaine  et  d’une 
grossière  industrie.  Si  l’on  examine  le  sol  extérieur  de  l’ancienne 
Aquitaine , on  le  voit  presque  aussi  couvert  de  monumens  d’ori- 
gine gauloise  que  la  Bretagne  ; dans  le  seul  département  du  Lot, 
sur  le  territoire  des  anciens  Cadurci , M.  Delpon  a signalé  près 
de  5oo  dolmen  et  un  plus  grand  nombre  de  tumulus . 

Mais  ce  n’est  pas  seulement  à la  période  gauloise  ou  gallo- 
romaine  que  peut  se  rapporter  l’habitation  des  cavernes  de  cette 
contrée;  elle  a dû  se  conserver  long-temps  dans  les  mœurs  d’un 
peuple  exposé  auxdésordres  des  guerres  presque  perpétuelles  qui  le 
tourmentèrent  durant  plus  de  dixsiècles,  sous  lesinvasions  successi- 
vesdesGoths,  desSarrasins,  des  Francs,  desNormands,  des  Anglais. 
On  en  retrouve  en  effet  une  preuve  aussi  authentique  que  celle  de 
Florus,  six  cents  ans  après  cet  historien.  Eginhard  nous  apprend 
(Annal,  de  Gestis  Car.  magni , an  767)  que  le  roi  Pépin,  après 
une  lutte  prolongée  contre  les  Aquitains  et  les  Wascons,  se  rendit 
maître  de  la  plupartdes  châteaux , roches  et  ça vern es  dans  lesquels 
se  défendaient  lessujei.sde  Waifre,  dernier  duc  d’Aquitaine  : Cas - 
tella  mulla , et  petras , atque  speluncas,  in  quibus  se  hostiwn  ma- 
nus  plurima  defendebat , capit  ( D.  Bouquet , Recueil  des  Hist. 
de  France  T.  F.,  p.  200).  On  retrouve  en  effet  dans  le  dép.  du 
Lot  des  traces  nombreuses  de  ces  cavernes  habitées  et  fortifiées  à 
différentes  époques  ; M.  Delpon  en  a décrit  plusieurs  dans  son 
intéressante  statistique  du  Lot.  On  peut  même  dire  que  cet  usage 
des  demeures  souterraines  , soit  passagères  , soit  fixes,  est  bien  loin 
de  s’être  anéanti  dans  nos  provinces,  puisque,  sur  les  bords  delà 
Loire  seulement,  quinze  à vingt  mille  familles  des  dép.  de  Loir-et- 
Cher,  d’Indre-et-Loire,  de  Maine-et-Loire,  n’ont  pas  d’autre  ha- 
bitation que  les  grottes  creusées  dans  les  collines  de  craie  tufau. 

Mais  pour  ne  parler  que  des  cavernes  à ossemens  humains 
du  midi  de  la  France^  et  même  en  supposant  ceux-ci  de  l’é- 
poque historique  la  plus  éloignée,  l’argument  que  MM.  Marcel 
de  Serres  et  Tournai  ont  particulièrement  cru  pouvoir  tirer 
de  la  grossièreté  des  produits  d’industrie  qu’on  y a découverts, 
pour  leur  attribuer  une  antiquité  fort  au-delà  des  temps  his- 


ȟ  5o  JANVIER  i83a.  129 

toriques , ne  présente  pas  à M.  Desnoyers  une  telle  conséquence. 
Les  observations  si  exactement  faites  et  une  partie  des  objets 
d’art  découverts  par  M.  J.  Teissier  dans  la  caverne  de  Mialet , 
près  d’Anduze  (lampe  et  figurine  d’argile  cuite,  bracelets  de 
cuivre),  indiquent  même  presque  incontestablement  pour  celle- 
ci  la  période  gallo-romaine,  comme  l’examen  attentif  des  crânes 
humains  démontre  la  race  Caucasique,  souche  des  habitans  pri- 
mitifs de  l’Europe  • ce  qui  confirme  encore  le  témoignage  de  Flo- 
rus,  même  pour  les  provinces  voisines  de  l’Aquitaine,  puisque 
dès-lors  le  territoire  actuel  du  Languedoc  faisait  partie  de  la  pro- 
vincia  romana , dont  les  habitans  primitifs , les  Volces  tectosages 
et  arécicomans , n’avaient  cependant  point  encore  perdu  tous 
leurs  usages  celtiques,  sous  l’influence  de  la  domination  romaine. 

Quant  aux  autres  objets  trouvés  dans  plusieurs  cavernes  des 
dép.  de  l’Aude,  du  Gard,  du  Lot,  de  la  Dordogne,  etc.,  et 
dans  celle  de  Paviiand,  en  Angleterre,  tels  que  des  fragmens  de 
poterie  noire  imparfaitement  cuite  et  pétrie,  des  haches  et  des 
dards  de  flèche  en  silex*  des  os  effilés  , tels  que  les  emploient  les 
sauvages  pour  armer  leurs  flèches  et  leurs  lances  ; des  os  taillés  en 
forme  de  fourchettes  et  de  peignes , des  coquilles  et  des  dents 
d’animaux  percées  comme  pour  servir  d’amulettes , etc.  ; tous 
ces  objets  se  retrouvent  très  fréquemment  dans  les  fouilles  des 
Tumulus,  de  s Dolmen  et  des  Oppidum , sépultures,  autels  et 
foyers  de  défense  des  habitans  primitifs  de  la  Gaule,  de  la  Grande- 
Bretagne  et  de  la  Germanie  ; ils  annoncent  le  même  degré  de 
civilisation  qui  fit  élever  ces  monumens  extérieurs,  et  non  point 
une  industrie  antédiluvienne. 

En  effet,  malgré  l’opinion  des  partisans  exagérés  de  notre 
civilisation  nationale  à son  berceau  , opinion  cependant  partagée 
par  des  savans  d’un  grand  mérite,  il  n’en  est  pas  moins  prouvé 
par  une  foule  de  témoignages  historiques  que  , même  à l’époque 
de  la  conquête  de  César,  la  plupart  des  tribus  gauloises  restées 
jusque-là  indépendantes  avaient  encore  l’usage  de  se  tatouer, 
de  se  peindre  le  corps,  de  sacrifier  des  victimes  humaines  dans  des 
sanctuaires  de  pierres  brutes,  d’habiter  au  milieu  de  vastes  forêts 
et  sur  le  bord  des  rivières , des  huttes  rondes  comme  celles  des 
sauvages,  de  se  servir  d’armes  de  pierre  , etc.  Beaucoup  d’autres 
usages  qui  montrent  chez  ces  peuples  une  civilisation  dans  l’en- 
fance , tout- à-fait  en  rapport  avec  les  monumens  grossiers  que  ces 
peuples  ont  laissés  sur  notre  sol  et  avec  les  objets  d’industrie  dont 
on  peut  avoir  rencontré  quelques  faibles  débris  dans  les  cavernes. 

Par  une  autre  coïncidence  très  intéressante  à constater,  on 
Soc.  géol.  Tom.  II.  9 


ïSo  SÉANCE  EXTRAORDINAIRE 

trouve  souvent  dans  les  fouilles  des  monumens  gaulois , avec  les 
mêmes  objets  d’industrie  découverts  dans  quelques  cavernes  à 
ossemens  de  mammifères  détruits,  des  os  d’espèces  encore  exis- 
tantes d’animaux  domestiques  ou  sauvages,  surtout  de  cerfs , de 
moutons , de  sangliers  , de  chiens , de  chevaux , de  bœufs , et  des 
coquilles  marines  analogues  à celles  qui.  vivent  sur  les  côtes  voi- 
sines. Ge  fait  a été  observé  dans  le  Quercy,  comme  dans  plusieurs 
autres  provinces.  Nul  doute  que  ces  corps  n’aient  été  placés  dans 
les  tombeaux  et  sous  les  autels  celtiques,  en  mémoire,  soit  de 
Sacrifices  offerts  aux  divinités  gauloises  , surtout  à Hésus,  le 
Mars  des  Gaulois  (Maiti,  animalia  capta  immolant , dit  César), 
soit  de  repas  religieux  et  funéraires , soit  enfin  par  suite  d’une 
croyance  superstitieuse  commune  à beaucoup  de  peuples , et  qui 
faisait  déposer  auprès  des  morts  de  là  nourriture  et  des  provisions 
destinées  aux  mânes,  pour  une  seconde  vie.  N’est-il  pas  très  pro- 
bable que  dans  certaines  cavernes  qui  ont  pu,  à la  fois  ou  succes- 
sivement, servir  d’habitations,  de  retraites  ^religieuses , comme 
les  antres  de  Mithra  et  les  grottes  druidiques,  et  enfin  de  sépul- 
tures, les  ossemens  d’animaux  plus  modernes  et  les  coquilles 
marines  qu’on  a trouvés  avec  les  os  humains , surajoutés  à l’an- 
cien limon  ossifère,si  constamment  fluviatiîe , auront  eu  une 
pareille  origine  historique  plutôt  que  géologique? 

C’est  dans  cette  nouvelle  sorte  de  gisement  des  Dolmen  et  des 
Tumulus , gisement,  pour  ainsi  dire,  historique  et  monumental, 
qu’il  faudrait  rechercher , mais  encore  avec  une  certaine  circon- 
spection, quoique  avec  une  plus  forte  garantie  d’authenticité  que 
dans  les  caveriies , les  débris  de  certains  animaux  contemporains 
des  plus  anciens  peuples  de  la  Gaule.  On  sait  en  effet  que  l’Au- 
roch,  le  Buffle  ou  taureau  sauvage,  certains  cerfs  qui  vivaient 
alors  dans  les  grandes  forêts , peu  à peu  défrichées , de  la  Gaule 
et  de  la  Germanie,  n’en  ont  été  qu’insensiblement  expulsés  par 
lès  progrès  dèla  culture  et  de  la  civilisation,  puisque  l’Urus  exis- 
tait encore  dans  les  "Vosges,  sous  les  premiers  rois  Francs,  au 
y*  siècle.  Les  Gaulois,  grands  chasseurs , se  faisaient  une  gloire 
des  dépouilles  dé  ces  animaux,  surtout  des  buffles  et  des  cerfs, 
qu’ils  offraient  à Cernunnos,  leur  divinité  de  la  chasse,  ou  qu’ils 
fixaient,  avec  les  crânes  de  leurs  ennemis,  aux  portes  de  leurs  ha- 
bitations. Les  cornes  d’urus  leur  servaient  aussi  de  coupes  dans 
les  festins. 

On  a donc  quelque  chance  de  retrouver  ces  objets  sous  les  pierres 
druidiques,  et  les  tombelles,  sous  celles  - là , du  moins  qui  sont 


ȟ  5o  janvier  i83a.  i5i 

antérieures  au  mode  de  combustion  des  morts  et  des  victimes , et 
antérieures  aux  invasions  des  Francs , des  Danois , des  Saxons , qui 
conservèrent  long-temps  partie  des  mœurs  celtiques  ou  germa- 
niques. 

Cette  recherche  est  un  nouvel  appui  que  les  antiquaires  peu- 
vent fournir  aux  géologues. 

M.  Desnoyers  a déjà  attentivement  examiné  sous  un  point  de 
vue  analogue  la  riche  collection  de  monnaies  gauloises  de  la  bi- 
bliothèque royale.  Sur  les  plus  anciennes;,  sur  celles  qui  ne  parais- 
sent pas  être  une  trop  évidente  imitation  des  monnaies  grecques 
ou  romaines  , il  a reconnu  le  plus  habituellement , autant  que  le 
permettent  des  grossiers  dessins,  des  représentations  d’animaux, 
surtout  de  sanglier,  de  cheval,  de  taureau  sauvage  et  de  cerf , 
espèces  qui  vivaient  alors  sur  le  sol  de  la  Gaule,  et  dont  les  os 
se  retrouvent  sous  les  monumens  celtiques.  On  y voit  bien  en- 
core, beaucoup  plus  rarement,  des  animaux  symboliques  ou 
monstrueux,  des  copies  infidèles  d’oiseaux,  ou  d’autres  animaux 
communs  sur  les  monnaies  grecques*  mais  les  plus  fréquens  et 
les  plus  caractéristiques  sont  les  quadrupèdes  que  l’histoire  nous 
apprend  avoir  été  propres  au  sol  de  la  Gaule  et  à la  vie  indus- 
trielle de  ses  habitans. 

Si  l’on  rencontrait  sous  les  monumens  celtiques  des  ossemens 
d’ours  , de  rhinocéros  ou  d’autres  espèces  perdues  qu’on  trouve- 
rait d’un  autre  côté  figurés  sur  les  monnaies,  c’est  alors  qu’on 
aurait  droit  de  conclure  la  contemporanéité  sur  le  même  sol  de 
ces  animaux  et  de  l’homme  , bien  plutôt  que  de  leur  réunion  dans 
des  cavernes  où  tant  de  causes  ont  pu  et  dû  produire  divers  re- 
maniemens.  Rien  jusqu’ici , cependant,  ne  contredit  les  résultats 
généraux  zoologico-géologiques  constatés  par  M.  Cuvier*  et  les 
fruits  du  très  petit  nombre  de  recherches  faites  dans  cette  nou- 
velle vue,  ne  nous  montrent  encore  que  des  espèces  analogues  à 
celles  qui  vivent  de  nos  jours.  C’est  ainsi  que  M.  de  Blainville, 
dans  l’examen  de  quelques  ossemens  des  Tumuli  et  des  Tuguria 
de  l’Oppidum  Gallo-Belge  ( Cité  de  Limes),  des  environs  de 
Dieppe,  n’a  reconnu,  dans  six  ou  sept  espèces  ( chien , cochon  , 
cerf,  mouton , boeuf,  etc.)  , aucune  espèce  détruite. 

• D’après  ces  diverses  considérations  et  d’autres  témoignages  his- 
toriques que  rappelle  M.  Desnoyers,  les  ossemens  humains  des  ca- 
vernes , qui  sont  eux-mêmes  de  différentes  époques,  lui  paraissent 
être  au  plus  loin  d’origine  gauloise  ou  celtique,  quelquefois  même 
bien  plus  récens  et  n’etre,  pas  plus  que  les  monumens  druidi- 
ques , antérieurs  aux  dernières  grandes  catastrophes  du  globe.  Il 


l5a  SÉANCE  EXTRAORDINAIRE 

ne  voit  pas  non  plus  jusqu’ici  de  preuves  suffisantes  que  depuis 
rétablissement  de  l’homme  dans  la  Gaule  d’autres  espèces  de  grands 
mammifères,  surtout  de  genres  des  contrées  équatoriales,  aient 
été  détruites,  que  celles  dont  l’histoire  y a constaté  l’existence. 

La  question  des  ossemens  humains  des  cavernes  présentait  trois 
points  de  vue  principaux  : 

Ou  ces  ossemens  étaient  antédiluviens,  comme  ceux  des  mam- 
mifères d’espèces  perdues  avec  lesquels  on  les  rencontre  (ours, 
hyènes,  rhinocéros,  etc.),  et  l’existence  de  l’homme  aurait  alors 
précédé  dans  nos  contrées  les  derniers  soulèvemens  de  montagnes 
qui  ont  dispersé  le  gravier  diluvien  , et  les  grands  çhangemens  de 
température  qui  paraissent  aussi  avoir  contribué  à leur  destruction. 

Ou  bien  ces  grandes  espèces  de  mammifères  n’auraient  été  dé  - 
truites par  des  causes  lentes  et  naturelles  que  depuis  les  temps 
historiques,  ou  du  moins  depuis  l’invention  des  arts  et  depuis 
l'établissement  des  hommes  sur  le  sol  de  notre  France  méridio- 
nale; et  les  Gaulois,  pourrait -on  dire,  auraient  chassé  aux 
rhinocéros  , aux  hyènes,  comme  à l’unis,  à l’élan  et  au  sanglier. 

Ou  bien  enfin  la  réunion  sur  le  môme  sol  souterrain  de  ces 
différens  corps  n’était  que  le  résultat  de  plusieurs  causes  fortuites 
non  simultanées  et  distinctes  du  phénomène  général  des  cavernes 
à ossemens. 

Plusieurs  géologues  se  sont  fortement  prononcés  pour  les 
deux  premières  opinions  et  pour  la  contemporanéité  de  l’homme 
et  d’un  assez  grand  nombre  d’espèces  entièrement  perdues. 
C’est  l’opinion  contraire  et  la  troisième  explication  du  fait  que 
M.  Desnoyers  a essayé  de  soutenir.  Cette  opinion  , qui  paraît 
devenir  celle  du  plus  grand  nombre  des  géologues  , ne  diminue 
en  rien  l’intérêt  des  découvertes  et  des  observations  dont 
MM.  Marcel  de  Serres,  Tournai,  de  Ghristol,  Farines,  etc., 
ont  tiré  des  conséquences  opposées  en  reproduisant , à l’égard  des 
cavernes,  la  présomption  à' hommes  fossiles  contredite  par  tous 
les  autres  gisemens;  mais  peut-être  qu’envisagée  plus  particuliè- 
rement sous  le  point  de  vue  historico -géologique,  la  question 
leur  semblera  plus  douteuse  et  pourra  être  éclairée  par  de  nou- 
velles observations. 

Toutefois  le  fait  des  os  humains  et  des  objets  d’industrie  dans 
les  cavernes  n’était  pas  nouveau;  il  avait  été  antérieurement 
signalé  surtout  par  MM.  Hosenmüîler  et  de  Sommering  pour 
les  cavernes  de  la  Franconie;  et  pour  celles  de  l’Angleterre,  par 
M.  Buckland  , qui  même  en  avait  fait  l’objet  *d’un  chapitre  spé- 
cial de  ses  Reliquiœ  diluvianœ ; mais  aucun  de  ces  savans,  non 


DU  3o  JANVIER  ï832.  1 53 

plus  que  M.  Cuvier,  n’en  avait  conclu  la  contemporanéité  de 
l’homme  et  de  plusieurs  grandes  espèces  détruites  , regardées 
comme  antédiluviennes , tant  le  sol  meuble  et  graveleux  du  fond 
des  cavernes,  exposé  à Faction  réitérée  des  cours  d’eau  souterrains, 
peut  avoir  subi  de  remaniemens  postérieurs  à un  dépôt  primitif. 

M.  Boubée  observe  que  l’examen  géologique  de  plusieurs 
cavernes  du  Midi  de  la  F rance  confirme , selon  lui , ces  témoi- 
gnages historiques.  Les  alluvions  qui  les  remplissent  lui  parais- 
sent être  plus  modernes  que  le  grand  attérissement  diluvien. 

Le  rapport  sur  la  gestion  de  M.  de  Roissy,  archiviste,  est 
renvoyé  à la  prochaine  séance,  par  suite  de  la  démission  de 
l’un  des  trois  commissaires  ( M.  Héricart  Ferrand). 

Le  président  nomme  en  remplacement , M.  Puzos. 

M.  Boué,  dans  le  dicours  suivant,  résume  les  progrès  de 
la  géologie,  et  ses  applications  pendant  l’année  écoulée. 

Messieurs  , 

Appelé  pour  la  seconde  fois  à l’honneur  de  vous  présenter  un 
tableau  des  progrès  de  la  géologie  et  de  ses  applications , pendant 
l’année  qui  vient  de  s’écouler,  je  le  ferai  d’après  mon  ancien  plan. 

La  science  devient  toujours  plus  vaste;  elle  acquiert  sans  cesse 
de  nouvelles  branches  de  recherches  ; la  multiplicité  des  journaux 
transmet,  dans  peu  de  mois,  les  nouvelles  découvertes  d’un  bout 
du  monde  à l’autre;  et  ainsi  la  plupart  des  mémoires  géologiques 
deviennent  classiques,  ou  sont  au  niveau  des  connaissances  du 
moment.  Si  cet  état  des  choses  va  bientôt  rendre  la  vie  d’un 
homme  trop  courte  pour  embrasser  toute  la  science,  il  m’ôte 
vraiment  la  faculté  d’être  bref,  tout  en  me  tenant  aux  seuls  faits, 
tandis  qu’il  m’oblige  à vous  donner  plutôt  un  catalogue  raisonné 
qu’une  dissertation  complète  qui  exigerait  un  volume. 

Les  personnes  qui  s’occupent  habituellement  de  géologie  vou- 
dront bien  pardonner  certains  détails  qui  ne  s’adressent  qu’à  ceux 
de  nos  confrères  plus  novices  dans  cette  science. 

Après  l’énumération  des  nouvelles  sociétés  et  des  publications 
périodiques  récemment  entreprises  et  intéressantes  pour  le  géo- 
logue , je  passerai  en  revue  les  principaux  travaux  géologiques 
exécutés  en  1 83 1 , savoir  : les  descriptions  géognostiques  de  cer- 
taines localité Y ça  de  grandes  contrées  ; les  cartes  géologiques , 
les  traités  généraux , les  ouvrages  et  les  mémoires  paie' ontolo- 
giques. 


?34  RÉSUMÉ  DES  PROGRÈS 

J’exposerai  ensuite  les  faits  ou  les  problèmes  géologiques  qui 
paraissait  avoir  attiré  plus  particulièrement  V attention  des  géo- 
logues, et  je  terminerai  par  résumer  les  travaux  et  les  résultats 
des  sondages  ou  des  puits  forés  dans  ces  derniers  temps. 

L’année  1 83 1 ayant  été  politiquement  et  sanitairement  fort 
agitée  pour  l’Europe , nous  ne  devions  guère  nous  attendre  à Yé- 
tablissement  de  sociétés  savantes  ou  de  publications  nouvelles. 

Néanmoins  je  trouve  à signaler,  en  Angleterre , deux  nou- 
velles associations  , i’une  à Bedford,  et  l’autre  à Chichester.  Un 
musée  a été  fondé  dans  la  première  ville , et  la  société  philo- 
sophique et  littéraire  de  Gliiçhester  forme  aussi  des  collections. 

Frappée  des  avantages  des  réunions  annuelles  et  nomades  des 
naturalistes  de  la  Suisse  et  de  l’Ailetïiâgçè , la  ville  d’York,  a vu, 
en  septembre  dernier,  la  première  assemblée  des  naturalistes  et 
physiciens  des  Iles-Britanniques. 

Des  personnes  distinguées  des  trois  universités  d’Edimbourg, 
d’Oxford  et  de  Cambridge , se  sont  mises  à la  tête  de  ce  nouveau 
mouvement  scientifique,  et  il  n’est  pas  douteux  que  cette  société 
naissante  ne  devienne  bientôt  nombreuse,  et  très  efficace  pour  les 
progrès  des  sciences  physiques  etnaturellés.  Déjà  le  compte-rendu 
des  séances  d’York  est  sous  pressé;  Oxford  est  choisi  pour  le  lieu 
prochain  de  réunion  ; et  le  bureau  a été  établi , pour  cette  année , 
sous  la  présidence  de  M.  Buckland. 

Aucune  réunion  n’a  presque  lieu  en  Angleterre  sans  qn’il 
n’en  coûte  quelque  argent  aux  membres  présens  ; et  les  Anglais 
étant,  d’une  autre  part,  fort  jaloux  de  la  gloire  scientifique  et 
nationale,  il  s’ensuivra  naturellement  que  cette  société  publiera 
incessamment  de  beaux  recueils,  et  distribuera,  comme  la  Société 
royale  et  la  Société  géologique,  des  encouragemens  aux  personnes 
qui  cultivent  les  sciences.  Elle  désire  déjà  spécialement  de  se 
mettre  en  rapport  avec  les  sociétés  semblables  du  continent;  de 
manière  que  l’on  arrivera  enfin  à l’établissement  de  grands  congrès 
scientifiques , qui , en  rapprochant  les  hommes  éminens  de  nations 
très  diverses  , feront  cesser  les  rivalités  et  feront  tourner  les  qua- 
lités et  les  connaissances  de  chacun  des  peuples  au  bénéfice  de  tous. 

Avant  de  quittet  l’Angleterre,  je  dois  mentionner  que  la  pre- 
mière distribution  du  prix  de  géologie  , fondé  par  M.  Wollaston , 
a étéàdjugéàM.  W.  Smith,  comme  auteur  de  la  carte  géologique 
de  l’Angletérre  , et  comme  ayant  le  premier  employé  les  caractères 
paléontologiques  dans  la  détermination  des  formations  britanniques. 

Dans  Y Europe  continentale  , les  grandes  réunions  scientifiques 
annuelles  n’ont  pas  eu  lieu;  en  Suisse,  à cause  des  évènemens  pm 


de  la  géologie  en  i83o  et  i85i.  i55 

litiques;  en  Allemagne,  par  suite  du  choléra.  Les  séances  de 
Tienne  ont  été  remises  à l’an  prochain. 

Les  publications  des  sociétés  savantes  en  Angleterre  n’ont  pas 
souffert  de  la  crise  européenne. 

En  Ecosse,  je  trouve  à signaler  la  publication  du  sixième  volume 
dés  Mémoires  de  la  Société  werne'rienne , qui  contient  trois  mé- 
moires géologiques,  savoir  : un  mémoire  sur  la  chaîne  de  Snow- 
don,  dans  le  pays  de  Galles , par  M.  Stuart-Menteath  ; une 
notice  intéressante  sur  un  fdon  d’asphalte,  dans  le  gneiss  des  monts 
de  Castleleod  , près  de  Dingwall,  en  Angleterre,  parM.  Witham, 
et  un  article  sur  les  os  fossiles  de  diverses  cavernes  d’Angleterre , 
par  M.  G.  Young. 

La  nouvelle  Société  de  Newcastle  sur  Tyné , ou  du  Northum - 
berland  et  du  Durham  , a fait  paraître  les  2*  et  3e  parties  de  son 
premier  volume , riche  en  documens  de  géologie  locale. 

La  société  philosophique  et  littéraire  de  Plymouth  a mis  en 
vente  le  premier  volume  in-  4°  de  ses  Transactions , contenant 
une  monographie  géologique  des  environs  de  cette  ville , par 
M.  Hennah. 

Si  l’on  n’est  pas  étonné  que  les  sociétés  royales  et  géologiques  de 
Londres  publient  chaque  année  de  beaux  volumes , l’apparition  et 
la  réussite  de  ces  publications  provinciales  sont  d’autant  plus 
étonnantes  qu’elles  ne  sont  point  achetées  par  tous  les  géo- 
logues anglais.  Ce  sont  les  simples  amateurs  et  les  gens  riches  qui 
soutiennent  ce  genre  de  publications. 

Un  nouveau  volume  des  Transactions  de  la  Société  géologique 
de  Londres  vient  de  paraître. 

La  Société  de  Cornouailles  est  occupée  à imprimer  son  qua- 
trième volume. 

Si  la  Société  wernérienne  était  en  retard  pour  ses  publi- 
cations, à cause  des  trois  journaux  scientifiques  existant  à Edim- 
bourg, les  Instituts  littéraires  d’Invcrness  (Northern  institute) , 
de  Banff  et  même  de  Ferth  , de  Scarborough  et  de  Bristol , et  la 
Société  d histoire  naturelle  de  Belfast,  en  Irlande,  promettent 
de  publier  des  documens  géologiques;  enfin  MM.  Webster  et 
Ainsworth  ont  donné  successivement  des  cours  de  géologie  à l’In- 
stitut royal  de  Londres.  M.  Lyell  est  devenu  professeur  de  géo- 
logie au  collège  royal  à Londres  ; et  la  vaste  collection  de  feu 
M.  Sowerby  l’aîné  a été  achetée  par  une  personne  qui  en  a fait 
une  espèce  de  musée  public  pour  l’étude. 

En  France,  les  sociétés  de  Strasbourg  et  de  Bordeaux  ont  été 
seules  actives.  La  dernière  a récemment  publié  un  cahier;  la 


1 56  RÉSUMÉ  DES  PROGRÈS 

seconde  partie  du  premier  volume  des  mémoires  de  celle  de 
Strasbourg  est  sous  presse. 

A Marseille,  on  vient  de  commencer  la  publication  d’un 
journal  scientifique  intitulé  Annales  des  Sciences  et  de  V Indus- 
trie du  Midi  de  la  France.  Il  recevra  surtout  les  travaux  des 
Languedociens  et  des  Provençaux. 

Vous  savez  que  M.  Boubée  vient  d’achever  son  second  voyage 
de  géologie  fait  avec  des  élèves. 

En  Allemagne,  outre  la  continuation  de  tous  les  recueils  pé- 
riodiques, la  Société  de  Marbourg , ainsi  que  Y Académie  impé- 
riale Léopoldine,  ont  fait  paraître  chacune  un  volume. 

Je  dois  aussi  signaler  les  articles  géologiques  de  la  Revue  de 
Berlin  ( Ialirbucher  fur  wissenschaftliche  Kritik  ). 

U Acad,  des  Sc.  dêBerlin  a proposé,  pour  1 833 , un  prix,  pour 
la  question  de  savoir  si  la  tourbe  est  bien  d’origine  végétale. 

M.  le  professeur  Czenmak  a commencé,  à Vienne,  un  jour- 
nal d’histoire  naturelle. 

Un  cours  de  minéralogie  et  de  géologie  est  donné  par  M.  Walch? 
ner  à Carlsruhe , dans  le  pays  de  Bade  ; et  un  cours  de  paléon- 
tologie a été  établi  à Freiberg  par  M.  Reich. 

De  plus  je  trouve,  dans  le  n°  8,  pour  1828,  de  Ylsis,  un  article 
intéressant  sur  les  objets  géologiques  et  palcontologiques  dont  se 
sont  accru  un  bon  nombre  de  collections  particulières  ou  de  mu- 
sées. Je  renvoie  les  voyageurs  naturalistes  a cette  énumération 
et  à notre  catalogue  des  collections  d’Allemagne. 

Enfin  je  remarque  que  le  Comptoir  minéralogique  de  Heidel- 
berg n’a  pas  envoyé  de  livraison  de  sa  Collection  géologico- 
paléontologique;  tandis  que  la  Société  wurtembërgëoise  d’Es- 
lingen  continue  d’enrichir  les  cabinets  des  particuliers  par  des 
voyages  entrepris  par  actions.  Un  Allemand,  M.  Teuschwanger, 
est  même  allé , par  spéculation , faire  des  collections  géologico- 
minéralogiques  aux  Etats-Unis. 

En  Italie  , les  troubles  politiques  ont  arrêté  la  publication 
régulière  des  Annales  d’hist.  nat.  de  Bologne , auxquelles  coopé- 
raient les  professeurs  Bartoloni , Ranzani , Alessandrini  etOrioli. 

Y^ePoligrqfe , rédigé  à Vérone  par  M.Berti,  a succédé,  depuisîe 
milieu  de  l’année  i83o,  au  journal  de  Trévise  ; et  les  Annales  des 
sciences  du  royaume  lombar do-vénitien , publiées  in-4°  à Vicence 
par  M.  Fusineri,  ont  remplacé  le  journal  d’histoire  naturelle  de 
Pavie.  Enfin  M.  Vieusseux , de  Florence,  a annoncé  la  publica- 
tion <Y  Annales  italiennes  pour  les  sciences  mathématiques , phy- 
siques et  naturelles. 


DE  LA  GEOLOGIE  EN  l85o  ET  1 83 1 . 

En  Sicile , la  géologie  est  assez  cultivée  par  MM.  Gemellaro  , 
Ferrara.,  Scina  , J . Alessi,  Nava  , G.  Alessi , Giacomo  , Bernardi, 
La  Via,  etc. ; et  M.  Philippi,  à Catane,  s’occupe  spécialement 
des  coquilles  fossiles  et  vivantes. 

La  révolution  de  Pologne  a arrêté  jusqu’ici  l’établissement  du 
Journal  des  Mines , projeté  par  MM.  Pusch  et  Pieklewsky.  Il 
n’y  a pas  encore  dans  ce  pays  de  chaire  spéciale  de  géologie,  et 
la  translation  de  l’université  de  Kielce  à Varsovie,  si  utile  pour 
d’autres  branches  d’études  , pourra  nuire  aux  progrès  de  la  géo- 
logie , vu  que  les  personnes  qui  la  cultivent  se  trouvent  placées 
plus  loin  des  montagnes  et  au  milieu  des  alluviôns. 

Nous  n’avons  pas  encore  la  certitude  que  la  Société  minéralo- 
gique de  Saint-P e'tersbourg  ait  achevé  la  publication  de  son  pre- 
mier volume  de  Mémoires  russes  et  allemands. 

U Académie  impériale  de  Saint-Pétersbourg  a commencé,  en 
i83o  , une  nouvelle  série  de  mémoires  en  français  ; MM.  Kupfer 
et  Hess  y ont  déposé  leurs  observations  géologiques.  Les  publica- 
tions françaises  mensuelles  de  la  Société  des  Natural.  de  Moscou 
continuent , et  les  amis  des  progrès  des  sciences  doivent  être  bien 
satisfaits  d’apprendre  qne  cette  association  a 10,000  roubles  à dé- 
penser par  an  , dont  3ooo  sont  destinés  à des  naturalistes  vovageurs. 

Depuis  1829,  le  Journal  des  Mines  russe  ou  de  Saint-P  éters- 
bourg  s’est  infiniment  amélioré , et  l’établissement  de  l’école  des 
mines  porte  déjà  ses  fruits  parmi  les  nombreux  élèves  répandus  sur 
l’immense  surface  de  cet  empire.  Les  trois  dernières  années  de 
ce  recueil  offrent  vraiment  des  mémoires  très  importans,  accom- 
pagnés souvent  de  cartes  géologiques  coloriées , dont  le  nombre 
s’élève  déjà  à.dix-sept.  L’addition  de  ces  dernières  est  inappré- 
ciable pour  les  étrangers;  car,  sans  apprendre  le  russe,  avec  un 
simple  alphabet  à la  main  , chacun  peut  assez  facilement  les  com- 
prendre ; les  termes  de  la  science  étant  les  mêmes,  et  la  diffé- 
rence des  lettres  étant  toute  la  difficulté.  Les  notices  les  plus 
importantes  ont  rapport  à diverses  parties  de  la  Russie  septen- 
trionale , de  l’Oural  et  des  provinces  turco-russes. 

Pour  mieux  faire  apprécier  ce  recueil,  je  pense  être  agréable 
à la  société  en  lui  en  donnant  une  idée  sommaire. 

Les  matières  y sont  distribuées  en  général  sous  les  titres  sui- 
vans  : la  minéralogie , la  géologie,  la  chimie  minéralogique,  la 
métallurgie,  la  bibliographie,  et  des  petites  notices.  Les  articles 
originaux  ont  surtout  rapport  à la  géologie  ou  à l’art  des  mines, 
et  rarement  aux  autres  sujets.  Depuis  1829,  les  rédacteurs  ont 
donné  plus  de  soin  à la  partie  bibliographique  ; ils  ont  traduit  des 


1 58  RÉSUMÉ  DES  PROGRÈS 

mémoires  étrangers  en  entier  , et  en  ont  analysé  un  plus  grand 
nombre  qn’auparavant.  La  paléontologie  a été  aussi  plus  souvent 
traitée  dans  ce  journal,  et  F on  peut  dire  qu’il  tient  le  lecteur  en 
Russie  au  courant  de  toutes  les  découvertes  géologiques  ou 
métallurgiques  qui  se  font  journellement  en  Europe. 

Comme  il  y a tout  lieu  de  penser  que  les  observations  géolo- 
giques tendent  à se  multiplier  toujours  plus  en  Piussie,  le  journal 
russe  deviendra  indispensable  à tout  géologue,  ou  du  moins  on 
sentira  le  besoin  de  donner  une  traduction  des  mémoires  origi- 
naux à Saint-Pétersbourg  même  ou  hors  de  l’empire  russe. 

Avant  de  quitter  l’ancien  continent,  je  ne  dois  pas  oublier  de 
faire  attention  à deux  foyers  nouveaux  de  lumières  qui  com- 
mencent à poindre  dans  l’Orient  j je  veux  parler  de  Y Institut 
scientifique  du  Caire , et  de  la  publication  d’une  Gazette  turco - 
française , par  le  gouvernement  du  grand-sultan. 

Les  prodiges  d’une  civilisation  toujours  progressive  aux  États- 
Unis  continuent  à étonner  notre  vieille  Europe,  qui  a de  la  peine 
à sortir  des  anciennes  routines. 

Une  nouvelle  société  scientifique  et  un  musée  ont  été  établis  à 
Chester  en  Pensylvanie ; et,  dans  le  Massachusetts , il  se  forme 
dans  ce  moment  plusieurs  lycées,  qui  ont  pour  objet  spécial 
d’établir  de's  collections  de  roches  et  de  minéraux  j de  faire  exé- 
cuter des  relevés  topographiques  et  géologiques  , et  de  répandre 
les  connaissances  des  sciences  naturelles  et  utiles. 

Une  nouvelle  université  §e  fonde  à New-York  sur' le  plan  de 
celle  de  Londres  • il  est  probable  qu’elle  aura  plus  de  succès  que 
cette  dernière,  qui  a eu  à lutter  contre  les  préjugés  les  plus  invé- 
térés et  contre  l’intérêt  personnel  de  savans  distingués  ou  d’autres 
établissemens. 

Enfin,  M.  Eaton,  professeur  à l’école  Rensselaer,  à Troyes, 
a entrepris  des  voyages  géologiques  avec  ses  élèves.  Le  dernier 
numéro  du  journal  de  Silîiman  contient  les  observations  faites 
dans  un  tel  voyage , qui  a coûté  à chaque  élève  1 5oo  fr.  pour  six 
semaines,  c'est-à-dire,  plus  de  35  fr.  par  jour.  Sous  un  habile 
professeur,  de  pareilles  courses  bien  dirigées  peuvent  enseigner 
promptement  la  géologie,  bien  mieux  que  tous  les  cours  et  les  ca- 
binets. Elles  sont  pour  la  géologie  ce  que  la  botanique  rurale 
est  pour  cette  dernière  science. 

Les  collections  géologiques  du  lycée  de  New-York , des  sociétés 
d’histoire  naturelle  de  Philadelphie,  d’Albany,  la  société  de 
Franklin  , à Providence  , etc. , augmentent  sensiblement. 

Au  Canada , les  deux  sociétés  de  Montréal  et  de  Québec  offrent 


de  la  géologie  en  i85o  et  i85i.  159 

un  avenir  prospère  ; leurs  collections  s’accroissent,  et  elles  im- 
priment déjà  chacune  un  second  volume  de  leurs  mémoires. 

Je  puis  encore  ajouter  qu’en  1829  le  président  de  la  répu- 
blique de  Guatimala  a fondé  une  espèce  d’académie  scientifique 
sous  le  titre  de  Société  économique  des  ,Âmis  du  pays.  Cette  so- 
ciété a déjà  publié  un  volume  de  mémoires  in-4°,  en  1829, 

( Memorie  de  la  Sociedad  de  los  Amigos  di  Guatemala  ) , et  un 
recueil  mensuel  de  i83o-i83i  , in-8°  ( Mensile  Giornale).  On  y 
trouve  surtout  des  notices  géographiques  et  statistiques. 

La  Société  dé  Histoire  naturelle  de  Vile  Maurice  doit  avoir 
commencé  une  publication. 

Après  ce  coup-d’œil  sur  les  sociétés  et  les  publications  pério- 
diques, je  passe  à l’énumération  des  descriptions  géologiques  de 
diverses  contrées  du  globe  (1). 

L’Ecosse  a été  visitée  récemment  par  deux  habiles  géologues 
prussiens,  MM.  d’Oeynhausen  et  deDechen.  Connaissant  bien  la 
géologie  de  l’Allemagne,  il  s*  ont  pu  d’autant  mieux  étudier  le  ter- 
rain classique  de  l’Ecosse.  Ce  voyage  nous  a procuré  déjà  cinq  mé- 
moires fortintéressans,  et  insérés  dans  les  Archives  deM.  Karsten. 

Le  porphyre  de  la  cime  du  mont  Ben- Ne  As , le  plus  élevé  de 
l’Ecosse,  repose,  suivant  eux,  sur  le  granité,  ou  plutôt  s’élève 
non  en-dessus,  mais  comme  un  culot,  du  milieu  d’une  masse  gra- 
nitique ousyénitique.  De  semblables  gisemens  paraissent fréquens 
en  Norwège.  h 

Le  Mémoire  sur  les  trapps  et  les  grès  d’ A rthur s Seat  n’est  nou- 
veau que  par  la  coupe  figurée  de  Salisburv-Craig;  mais  celui  sur 
Y île  de  Sky  est  très  important,  en  ce  qu’il  confirme  pleinement 
que  la  syénite  et  la  sélagite  sont  postérieures  au  lias;  que  la  syénite 
est  un  dépôt  plus  ancien  que  la  sélagite , que  le  basalte  est  dû  à 
une  éruption  ignée  encore  plus  récente  que  celle  qui  a produit 
la  sélagite,  et  que  le  lias  de  Sky  a été  modifié  ou  même  changé  en 
calcaire  grenu  au  contact  avec  la  syénite  cellulaire. 

Les  renseignemcns  sur  les  basaltes,  sur  le  grand  filon  de  réti- 
nite  du  Seuil*,  et  sur  les  dikes  de  basalte,  au  milieu  des  oolites  ju- 
rassiques inférieures  de  Vile  d'  ’ESS>  font  mieux  connaître  cette  île. 

J_jeur  travail  sur  Vile  dé  Arrari } déjà  décrite  par  quatre  géolo- 

(1)  Dans  le  résume  des  progrès  de  la  géologie  pour  i83o  cette  par- 
tie a été  omise;  le  Bulletin  ayant  pris  maintenant  plus  d’extension, 
nous  reproduisons  ici  une  partie  de  ce  qui  avait  rapport  à i83o; 
nous  croyons  répondre  ainsi  au  désir  manifesté  par  la  société. 


l40  RÉSUMÉ  DES  PROGRES 

gués  (MM.  Jameson,  Macculioch  Necker  et  moi)  , est  surtout 
intéressant,  comme  point  de  comparaison  avec  une  esquisse  sem- 
blable de  MM.  Murchison  et  Sedgwick  ( Trans . géol.  N.  S.  vol.  III, 
p.  1) , où  ces  géologues  établissent,  par  la  position  et  les  fos- 
siles des  grès  rouges  et  des  calcaires  de  la  côte  N.-E.  de  File 
d’Arran  , que  ces  roches  sont  l’équivalent  du  grès  pourpré  , du 
calcaire  de  montagne,  ou  terrain houiller,  du  calcaire  magnésien 
et  du  grès  bigarré. 

MM.  d’Oeynhausen  et  de  Dechen  arrivent  à la  même  conclu- 
sion, quoiqu’ils  précisent  moins  ces  subdivisions  artificielles  éta- 
blies dans  un  seul  et  grand  dépôt  de  grès  rouge. 

M.  Macgillivray  a donné  des  renseignemens  sur  les  roches  de 
gneiss,  de  serpentines,  etles  filons  granitiques  et  irappéens  des  Hé- 
brides extérieures  [Edinb.  Journ. of nat.  cindgeog.  Sc.  Jany.  i85o, 
p.  2^5,  et  mars,  p.  4o3). 

M.  Jameson  a publié  des  notes  géologiques  sur  les  gîtes  puis- 
sans  de  graphite  dans  le  gneiss , au  nord  du  canal  Calédonien , 
et  sur  le  groupe  granitique  et  schisteux  central  des  Grampians , 
autour  de  Castleton  ofBraemar  [Eclimb.  phil.  Journ. Oct.  i83o). 

On  y voit  que  ce  professeur , jadis  si  zélé  nepluniste,  a adopté 
les  idées  huttoniennes,  même  pour  les  granités  etles  filons  de 
cette  espèce. 

Aucun  fait  nouveau  n’est  venu  terminer  la  controverse  entre 
M.  Macculioch  et  MM.  Sedgwick  et  Murchison,  relativement  à 
la  question  sur  le  granité  de  Caithnes , postérieur,  suivant  ces 
derniers,  aux  dépôts  jurassiques  écossais.  M.  Macculioch  leur 
a contesté  le  dernier  ce  point  si  curieux  [Quart.  Journ.  1829). 

Enfin  , je  dois  signaler  l’annonce  de  nouvelles  forêts  sous- 
marines  découvertes  sur  la  côte  nord-est  de  l’Ecosse,  et  une  note 
sur  des  silex  de  la  craie  et  des  couches  argileuses  existant  sur  le 
rivage  de  la  mer,  près  de  Fetershead.  Le  silex  étant,  avec  le 
fluoré,  un  des  minéraux  communs  les  plus  rares  en  Écosse,  cette 
indication  est  curieuse,  et  l’on  peut  se  demander  si  le  terrain 
crayeux  n’existe  pas  au  fend  de  la  mer,  non  loin  des  côtes  du 
golfe  appelé  Firlh  of  Murray.  , 

En  Angleterre , il  y a eu  , ces  deux  dernières  années,  non  seu- 
lement des  publications  de  mémoires,  mais  aussi  des  monogra- 
phies géologiques  de  certaines  contrées  ou  de  certains  dépôts  ; 
tels  sont  le  travail  sur  le  sol  crayeux  de  la  partie  occidentale  du 
Sussex,  par  M.  P.-C.  Martin  [Geolog.  Memoir  on  a part  of 
Western  Sussex).  Le  bel  ouvrage  de  M.  Fhilipps,  sur  les  côtes 


DE  LA  GEOLOGIE  EN  l85o  ET  1 83 1 . l^l 

du  Yorkshire  ( Illustrations  of  the  geology  of  Yorkshire  ) , la 
réimpression  revue  de  celui  sur  le  même  sujet,  par  MM.  Bird  et 
Young  ( Geological  survey  of  llie  coast  of  Yorkshire) , la  des- 
cription de  la  géologie  et  des  cavernes  à ossemens  du  Sommersets- 
liire,  par  M.  J.  Rutiler  ( Délinéation  of  the  Northwestern  divi- 
sion of  the  county  of  Sommerset , etc.  ). 

Je  dois  rappeler  aussi  que  MM.  Robberds  et  Taylor  ont  chacun 
publié  un  ouvrage  sur  les  aîluvions  anciennes  à ossemens  et  fos- 
siles des  côtes  de*  Norfolk.  Le  classement  et  la  formation  de  ces 
dépôts  ont  été  éclaircis  au  moyen  d’une  controverse  entre  ces 
deux  géologues. 

Parmi  tous  ces  ouvrages,  celui  de  M.  Philipps  est  en  première 
ligne,  parce  qu’il  nous  donne  le  détail  complet  des  diverses  assises 
calcaires  marneuses,  arénacées  et  charbonneuses  du  lias  anglais, 
et  qu’il  en  décrit  et  figure  les  fossiles  jusqu’ici  incomplètement 
connus. 

Dans  les  Transactions  géologiques  de  Londres , pour  i85o, 
nous  trouvons  trois  mémoires  géologiques  concernant  l’Angle- 
terre. Le  premier,  de  M.  J.  Philipps,  est  sur  un  groupe  de  roches 
intermédiaires  du  Cumberland  et  du  TV eslmoreland , et  sur  deux 
failles  considérables  dans  le  calcaire  de  montagne.  Le  deuxième 
est  un  travail  très  considérable  sur  le  calcaire  magnésien  et  la 
partie  inférieure  du  grès  bigarré,  par  MM  Murchison  et  Sedgwick. 
Les  auteurs  retrouvent  dans  ces  dépôts  de  l’Angleterre  septen- 
trionale les  équivalens  des  cinq  terrains  secondaires  inférieurs  de 
l’Allemagne , à l’exception  du  Muscbelkalk,  comme  un  de  nos 
secrétaires  l’avait  déjà  dit  depuis  long-temps,  mais  sans  en  donner 
les  preuves  complètes.  Dans  la  partie  sud  du  même  pays,  l’ag- 
glomérat magnésien  remplacerait  le  grès  rouge  secondaire  et  le 
zechstein.  Le  grès  rouge  est  surtout  développé  dans  les  lieux  où 
il  couvre  le  grès  houiller  en  stratification  conforme.  Enfin,  ils 
appuient  sur  le  dépôt  mécanique  aqueux  du  calcaire  magnésien. 
Le  troisième  mémoire  est  de  M.  de  la  Bêche  , et  donne  des  ren- 
seignemens  nouveaux  sur  les  roches  secondaires  et  intermédiai- 
res, et  en  particulier  sur  les  fions  trappéens  d'une  partie  des 
côtes  du  Devonshire. 

Le  premier  volume  des  trafisactions  de  la  société  d’histoire  na- 
turelle de  Newcastle  sur  le  Tync , contient  .treize  mémoires  de 
géologie,  dont  six  ont  rapport  aux  filons  trappéens  et  à leur 
effet  sur  les  grès  houillers  ou  les  roches  du  calcaire  de  montagne 


RÉSUMÉ  DES  PROGRÈS 


142 

du  Northumberland  (i).  Les  mines  de  houille  de  ce  pays  offrent 
de  belles  occasions  de  s’assurer  de  l’élat  de  coke  auquel  est  ré- 
duite la  houille  près  des  masses  trappéennes.  M.  Francis  Forster 
a inséré  un  mémoire  étendu  sur  les  houillères  de  la  partie  méri- 
dionale du  pays  de  Galles . M.  N.  Wood  est  entré  dans  de  grands 
détails  sur  les  couches  houillères  du  Northumberland  et  les  dépôts 
supérieurs  et  inférieurs  de  ce  comté  et  du  Cumberland;  etM.  Hut- 
ton  a donné  un  aperçu  des  localités  et  des  coupes  du  grès  rouge  se- 
condaire sous  le  calcaire  magnésien  du  comté  de  Durham.  Enfin  , 
des  remarques  géologiques  sur  les  bords  de  la  .Tweed , près  de 
Berwick , en  Ecosse , ont  été  présentées  par  M.  'Winch  ; et  le  grès 
rouge  du  môme  comté  a occupé  M.  William. 

Parmi  les  autres  mémoires  publiés  sur  rAngleierre  , on  peut 
remarquer  un  mémoire  de  M.  Sedgwick  sur  le  calcaire  de  mon- 
tagne divisé  en  trois  ou  même  sept  groupes ; une  notice  sur  le 
graphite  en  filons  au  milieu  du  porphyre  verdâtre  ou  dioritique 
de  Borrowdale , par  M M.  Dechen  et  d’Geynhâussen  (Archiv.  de 
Karsten,  vol.  1,  cah.  2)  ; la  description  par  M.  Nelson  de  Vile  de 
Jersey , composée  de  schiste  cristallin  et  de  gneiss  ù filons  et  amas 
granitoïdes  ; une  description  des  filons  couches  trappéens  dans  le 
calcaire  de  montagne  de  V Angleterre  septentrionale  , par  M.  W. 
Hutfon;  un  aperçu  sur  les  fossiles  de  dépôts  secondaires  et  in- 
termédiaires dans  les  alluvions  anciennes  de  Birmingham  , par 
M.  Jukes  ( Mag . of  nat.  hist .,  juiil.  i83i)  ; une  notice  fort  im- 
portante de  M.  Gillierton  sur  des  alluvions  à coquilles  marines , 
àPreston , dans  le  Lancashire , à 6 milles  de  la  mer,  et  à 3oo 
pieds  au-dessus  de  l’Océan.  Ces  coquilles  ressemblent  beaucoup 
plus  aux  tests  des  mollusques  vivant  encore  sur  les  rivages 
d’Angleterre , qu’aux  fossiles  du  Crag  de  Suffolk 

Enfin  M.  Trimmer  a découvert  des  graviers  d'alluvion  conte- 
nant des  coquilles  des  mers  d’ Angleterre  au  sommet  de  Moel- 
Trifane , près  de  Caernarvon , dans  le  pays  de  Galles . Ces  co- 
quillages ont  été  remis  à la  Société  géologique  de  Londres.  De 
plus,  il  a trouvé  que  les  alluvions  anciennes  du  comté  de  Caer- 
narvon * entre  la  chaîne  de  Snowdon  et  le  détroit  de  Menai  , exis- 
tent non  seulement  dans  les  vallées,  mais  encore  sur  les  flancs 
et  les  sommités  des  montagnes  , et  qu’elles  offrent  des  débris  pri- 
maires et  crayeux.  Une  élévation  absolue  de  mille  pieds  est  la 

(1)  Ce  sont  les  mémoires  de  MM.  Buddle,  M.  Forster,  Trevelyan 
et  F.  Forster  et  Williamson,  Peile. 


DE  LA  GÉOLOGIE  EN  î83o  ET  1 85 1 . i45 

plus  grande  hauteur  qu’atteignent  ces  alluvions,  dont  le  char- 
riage a entamé  çà  et  là  les  rochers.  L'explication  de  ces  faits 
exige  la  supposition  d’un  niveau  plus  élevé  des  mers,  ou  bien 
d’un  soulèvement  continental,  ou  d’un  déluge.  D’un  autre  côté  , 
dans  les  pays  de  plaines  ou  de  collines,  il  arrive  souvent  que  les  al- 
luvions des  très  anciens  lacs  ou  des  cours  d’eau  se  trouvent  main- 
tenant recouvrir  des  plateaux  séparés  par  des  vallées.  Telle  est  au 
moins  l’opinion  d’une  partie  des  géologues. 

En  Irlande 9 M.  Weaver,  un  des  géologues  les  plus  instruits 
de  l’Angleterre , vient  de  décrire  le  S.  O.  de  V Irlande , et  en  a 
présenté  la  carte  géologique  à la  Société  géologique  de  Londres. 
Il  nous  fait  espérer,  dans  quelques  années,  un  travail  semblable 
sur  la  partie  occidentale  non  encore  décrite  de  cette  île,  de 
manière  que  la  carte  entière  de  ce  pays  sera  bientôt  achevée. 
Le  nord  a été  décrit,  vous  le  savez,  par  MM.  Berger,  Conybeare, 
Buckland  [Trans.  géol.)  ; l’ouest,  par  MM.  Weaver,  Steffens,  Fit- 
ton  et  Giesecke , les  dépôts  houillers  deConnaught,  de  Leinster  et 
Ballycastle  par  M.  Griffith  (trois  mémoires  séparés  sous  le  titre 
de  Miner,  and  geological  survey > etc.)  ; le  reste  le  sera  par  M. Wea- 
ver, qui  pourrait  déjà  donner  une  carte  complète  de  l’Irlande  , té- 
moin celle  qu’il  m’a  permis  de  copier;  mais  sa  modestie  égale  son 
savoir,  et  il  veut  donner  à son  travail  toute  l’exactitude  qu’on 
peut  attendre  d’un  seul  individu. 

Il  résulte  des  travaux  de  MM.  Weaver  et  Griffith,  qu’une 
partie  des  anthracites  de  V Irlande  est  au-dessous  du  grès  pour- 
pré, et  que  ce  dernier  recouvre  toujours  le  sol  intermédiaire 
en  stratification  transgressive. 

Vous  ne  vous  attendez  pas  à ce  que  je  m’arrête  long-temps  aux 
travaux  géologiques  concernant  la  France , et  publiés  à la  fin 
de  i83o  et  en  i85i;  vous  les  connaissez  mieux  que  tous  les 
autres  : il  me  suffit  donc  de  les  récapituler. 

MM.  de  Beaumont  et  Dufrénoy  ont  republié  leurs  grands  eliin- 
portans  Mémoires  sur  V ouest,  le  sud-ouest  et  le  centre  de  la  France. 
Ils  poursuivent  activement,  sous  l’inspection  de  M.  Brochant, 
le  perfectionnement  de  la  carte  géologique  de  la  France,  travail 
pour  lequel  ils  ont  visité,  en  i85o,  le  sud-est  de  ce  royaume  ; 
et  celte  année,  les  Pyrénées,  et  la  partie  sud-ouest. 

M.  Clerc  a donné  une  notice  géologique  sur  la  formation 
ardoisière  du  département  des  Ardennes. 

M.  Thirria  nous  a appris  à bien  connaître  le  calcaire  jurassique 
de  la  Haute-Saône  et  ses  cavernes , ainsi  que  ces  dépôts  argilo - 


RÉSUMÉ  DES  PROGRÈS 


i44 

ferriferes  qui  le  recouvrent  et  appartiennent  en  partie  au  grès 
vert.  Depuis  lors,  de  nouvelles  observations  lui  ont  fait  rectifier 
le  classement  de  quelques  points  ; ainsi  le  terrain  de  Chailles  est 
à placer  dans  le  haut  de  l’argile  d’Oxford,  et  non  pas  dans  le 
Coral-rag,  et  le  calcaire  de  Rupt  dans  le  Cornbrash.  Notre  con- 
frère M.  Thurmann  a bien  étudié  les  terrains  de  Mcntbelliard , 
où  les  superpositions  sont  plus  claires  que  dans  la  Haute-Saône. 
Il  a dressé , dit-on , des  profils  interessans  pour  le  redressement 
des  couches.  M.  Kœchlin  continue  ses  observations  sur  les 
molasses  et  les  alluvions  de  Mulhouse. 

MM.  Manès  et  Creissac  ont  imprimé  un  mémoire  fort  in- 
structif sur  le  sud-ouest  de  la  France;  ils  nous  ont  mieux  fait 
connaître  l’étendue  du  terrain  primaire  de  la  Vendée,  un  petit 
bassin  houiller  sur  son  bord  méridional,  et  la  distribution  dp 
lias.  Ils  nous  ont  donné  surtout  des  détails  précieux  sur  la  suc- 
cession des  dépôts  secondaires  de  la  Charente-Inférieure,  sujet 
déjà  traité  par  M.  Dufrénoy.  Vous  savez  que  M.  Fassy  a remis, 
il  y a deux  ans,  à l’Académie  de  Rouen  , une  Description  géolo- 
gique du  département  de  la  Seine-Inférieure.  Cette  esquisse  est 
sous  presse  et  n’a  été  retardée  que  par  la  gravure  d’une  grande 
carte  géologique  détaillée. 

M.  Graves  a donné  des  détails  inléressans  sur  les  cantons  de 
Nivillers  et  d.\ 'Auneuil , dans  le  département  de  l’Oise. 

On  a imprimé  dans  les  Annales  des  Mines  le  mémoire  très 
connu  de  M.  Eug.  Robert  sur  le  grès  coquillier  marin  à débris 
de  pagure,  au-dessus  du  calcaire  parisien,  de  Bregy  et  de 
Nanteuil-le-Haudoim 

En  Auvergne,  M.  Eecoq  vient  de  faire  paraître  un  Itinéraire 
au  Puy-de-Dôme , et  M.  Bouillet  imprime  ses  Observations  dans 
le  Cantal,  dont  il  donnera  une  carte  géologique. 

MM.  Lecoq  et  Peghoux  ont  continué  leurs  publications  géo- 
logiques dans  les  Annales  scientifiques  de  Clermont , et  le  premier 
a terminé,  avec  l’aide  de  M.  Bouillet,  sa  Collection  de  vues  et 
de  coupes  du  Puy-de-Dôme , ses,  livraisons  instructives  de  ro- 
ches, et  son  Itinéraire  géologique  de  ce  département.  Les  mémoi- 
res sur  l’Auvergne  de  MM.  Dufrénoy  et  Kleinschrod  sont  de  i83o. 

Depuis  le  mémoire  de  MM.  Chaubard  et  Reigniac  , sur  le 
sol  tertiaire  du  Lot-et-Garonne,  et  les  deux  mémoires  de 
M.  Jouannet  sur  celui  de  la  Gironde , et  sur  les  sondages  en- 
trepris près  de  Bordeaux;  il  n’y  a eu  sur  le  sud-ouest  de  la 


de  la  géologie  en  i83o  Et  i 85 i . i45 

France  que  le  mémoire  sur  les  cailloux  roulés  de  la  Gironde, 
par  notre  confrère  M.  Biliaudel. 

M.  Tournai  a donné  la  carte  et  une  Description  géologique  du 
département  de  V Aude.  Il  en  tire  la  conséquence  que  les  marnes 
bleues  marines  ou  subapennines  forment  la  base  du  sol  tertiaire 
du  Languedoc. 

M.  Desnoyers  vous  parlera  des  idées  de  M.  Reboul  sur  les  dé - 
partemens  de  V Hérault  et  de  V Aude. 

A Montpellier,  M.  Marcel  de  Serres,  depuis  ses  mémoires 
sur  Vaucluse  , Salinelle  et  le  Roussillon  , en  a composé  plusieurs 
autres  qui  sont  sur  le  point  d’être  publiés,  et  en  particulier  une 
indication  des  végétaux fossiles  de  Lodève. 

Les  deux  mémoires  publiés  par  M.  Pareto  sur  la  géologie  du 
Far  font  bien  désirer  qu’il  en  fasse  le  sujet  d’une  monographie, 
car  ce  département  contient  d’abord  presque  toutes  les  forma- 
tions secondaires,  y compris  le  grès  bigarré,  le  Muschelkalk 
et  les  dépôts  porphyriques  ; puis  il  est  à une  des  extrémités 
du  grand  système  géologique  qui  caractérise,  comme  je  l’ai 
détaillé  ailleurs,  tout  le  S.-E.  de  l’Europe  et  les  Alpes. 

J’ai  donné  un  aperçu  sur  le  gisement  si  curieux  du  gypse 
quarzifère  de  Fitou  dans  le  Roussillon.  Qu’on  veuille  y voir 
un  élfet  d’émanations  ignées  acides,  ou  qu’on  rejette  cette 
théorie,  il  n’en  résulte  pas  moins  qu’une  masse  syénitique  oudio- 
ritique  y est  sous  la  forme  d’un  gros  filon , dans  un  calcaire  dont 
elle  est  séparée  par  une  bande  de  cargneule  ou  rauchwacke  et  de 
calcaire  siliceux , et  que  ce  filon  ne  paraît  pas  avoir  percé  toute 
la  masse  calcaire,  puisqu’il  est  séparé  en  deux  portions  par  une 
butte  de  cette  nature. 

On  sait  que  le  dernier  gouvernement  des  Pays-Bas  avait  or- 
donné un  relevé  géologique  général , à la  tête  duquel  on  avait 
placé  MM.  Van  Breda,  Van  Gorkum  etd’Omalius  d’Halloy.  Pour 
accélérer  l’exécution  de  cette  entreprise , des  descriptions  géo- 
logiques de  certaines  contrées  avaient  été  mises  au  concours  par 
l’Académie  de  Bruxelles  et  la  Société  des  sciences  de  Harlem; 
c’est  ce  qui  nous  a valu  deux  Mémoires  sur  le  grand-duché  de 
Luxembourg , l’un  par  M.  Steininger,  et  l’autre  par  M.  Cauchy 
(en  1825).  En  1800,  MM.  Dumont  et  Davreux  ont  chacun  com- 
muniqué à l’Académie  de  Bruxelles  un  travail  important  sur  la 
province  de  Liège.  Le  dernier  géologue  a publié,  conjointement 
avec  M.  C.  Willekens  , une  note  sur  le  sol  charbonneux  et  cal- 
caire de  la  Belgique  ; et  dans  son  mémoire  sur  les  environs  de 

$oc.  géoh  Tome  II.  10 


l46  RÉSUMÉ  DES  PROGRÈS 

Liège  , il  reconnaît  les  divisions  anglaises  du  schiste  de  transi- 
tion, des  calcaires  intermédiaires , du  grès  pourpré  et  du  grès 
houiller.  Ce  travail  complétera  celui  de  M.  d’Oeynhausen  et  Dec- 
hen,  et  rectifie,  dit-on,  certains  classemens  proposés  par  RI.  llo- 
zct.  A la  fin  de  1829,  il  a été  publié  en  Belgique  deux  ouvrages 
en  hollandais  qui  sont  peu  connus,  savoir  : un  mémoire  de 
M.  Van  Breda  sur  V aspect  de  la  dolomie  près  de  Durbuy  dans  les 
Ardennes  et  sur  la  géologie  de  ce  pays  (in~4a  avec  5 planches)  ; 
et  une  brochure  de  M.  le  professeur  V.  Bronn  sur  les  moyens 
à' utiliser  des  terrains  incultes  des  Ardennes  (in- 8°). 

Les  troubles  politiques  ont  empêché  la  société  de  Harlem  de 
recevoir  pour  1801  la  description  du  Brabant  méridional  qu’elle 
avait  demandée.  Néanmoins  M.  Morren  a étudié  autant  qu’il  a 
pu  les  fossiles  des  dépôts  tertiaires  et  d’alluvion  des  Flandres . 
Il  serait  bien  à désirer  qu’il  décrivît  tous  les  ossemens  de  batra- 
ciens, de  rongeurs  et  de  mammifères  qu’il  a découverts  dans  le 
calcaire  tertiaire  du  Brabant.  Ce  fait,  rapproché  des  concrétions 
siliceuses  si  fréquentes  dans  ce  dépôt,  et  des  ossemens  découverts 
par  M.  Van  Hees  dans  un  pilier  des  souterrains  de  Maestricht, 
jette  encore  bien  du  doute  sur  le  classement  véritable  de  ces 
divers  aiftas  reconnus  tertiaires  par  MM.  Conybeare,  Buckland, 
Fitton  et  Hony.  N’y  a-t-il  pas  une  certaine  probabilité  à les  pla- 
cer dans  le  groupe  tout-à-fait  supérieur? 

En  Allemagne,  nous  trouvons  d*abord  dans  le  grand-duché 
de  Bade  l’ouvrage  de  M.  Eisenlohr  sur  le  Kaiserstuhl ; celui  de 
M.  d’Althaus  sur  le  gypse  d’eau  douce  et  les  molasses  de  l’Hégau  ; 
et  la  description  du  cercle  du  Necker  inférieur  par  M.  Bronn. 
M.  Jilipstein  nous  a décrit  Y Odenwald , le  Spessart  et  les  dé- 
pôts secondaires  anciens  de  la  Wettcravie.  M.  Walchner  nous  a 
bien  fait  connaître  le  dépôt ferrifère  soit  alluvial , soit  du  grès  vert 
de  Kandern  , dont  j’ai  aussi  parlé  en  publiant  une  note  sur  les 
dépôts  secondaires  anciens  qui  se  trouvent  réunis  et  redressés 
dans  cette  localité. 

En  Wurtemberg , depuis  l’ouvrage  classique  de  M.  d’Alberti 
et  les  belles  cartes  de  MM.  d’Oeynhausen  et  Dechen  , M.  le  doc- 
teur Hehl  nous  a donné  une  suite  de  mémoires,  dont  le  dernier 
traite  des  basaltes  en  filons  et  culots  au  milieu  du  calcaire  juras- 
sique , des  cavernes  de  ce  calcaire  et  du  minerai  de  fer  en  grains 
superficiel.  Il  lie  la  formation  de  ce  dernier  à des  sources  miné- 
rales gazeuses,  à des  phénomènes  ignés,  et  recherche  en  partie 
leur  origine  dans  les  oolites  ferrifères  inférieures  du  Jura  aile- 


de  la  géologie  en  i83o  et  i 85  i . 147 

mand.  Il  émet  meme  l’idée  que  de  cette  manière  des  cavernes 
ont  pu  être  remplies  de  minerai  de  fer. 

M.  d’Alberli  prépare  un  nouvel  ouvrage  sur  le  Keuper,  les 
marnes  charbonneuses  inférieures  de  ce  dépôt  et  le  Muschelkalk 
supérieur.  Il  montrera  que  ces  trois  masses  ont  exactement  les 
mêmes  fossiles. 

M.  le  professeur  Schubler  continue  à enrichir  de  détails  géo- 
logiques très  circonstanciés  la  statistique  du  Wurtemberg  que 
publie  M.  Memminger  ( Jahrb . fur  Slatïst .,  i83o.  cah.  2,  et  Bes- 
chreibung  des  Konigr.  Wurtembergs , cah.  8.)  Dans  le  dernier 
cahier  de  cet  ouvrage,  on  décrit  le  district  d’Urach. 

MM.  de  Yoigt  et  de  Schwerin  nous  promettent  de  nombreux 
renseignemens  géologiques  sur  la  Bavière , qui  possède  moins 
de  géologues  actifs  que  d’autres  parties  de  l’Allemagne.  M.  de 
Voilh  a publié  une  note  sur  le  bassin  d'eau  douce  d'I/n  Riess  au 
milieu  du  Jura  allemand.  M.  Hoff  a donné  un  mémoire  sur  le 
pays  de  Cobourg , district  intéressant , parce  que  le  Keuper  y 
renferme  une  puissante  assise  de  dolomie , et  que  près  de  là  s’élè- 
vent, sans  l'intermédiaire  du  calcaire  à gryphées  arquées,  les  dolo- 
mies et  les  calcaires  du  Jura,  placés  sur  le  grès  et  les  marnes  du 
lias.  Son  ouvrage  sur  le  nivellement  du  terrain  entre  Gotha  et 
Cobourg  se  rattache  à ce  mémoire. 

En  Saxe , M.  Tauschner  a décrit  le  sol  secondaire  ancien  et 
métallifère  de  Kamsdorf,  et  M.  Martini  a donné  des  détails 
sur  le  minerai  de  fer  au  contact  du  granité  et  du  schiste  de 
Schneeberg  ( Archiv , de  Karsten , vol.  19,  tab.  2).  M.  Rlipstein 
a visité  le  gîte  stannijere  d'Allenberg  et  de  Zinnwald , et  a ex- 
posé les  résultats  des  travaux  souterrains  entrepris  pour  s’assurer 
de  la  position  véritable  de  la  syénile  à l'égard  de  la  craie  et  du 
grès  vert.  Tout  aussi  partisan  dn  plutonisme  que  MM.  les  pro- 
fesseurs Weiss  et  Hoffmann,  il  ne  pense  pas  cependant  que  dans 
ce  cas  il  faille  précipiter  son  jugement,  et  il  lui  paraîtrait  même 
probable  que  les  couches  secondaires  se  sont  prolongées  dans 
les  anfractuosités  ou  les  cavernes  des  falaises  syénitiques,  de 
manière  que  la  craie  a l’air  d’être  couverte  par  la  roche  ignée. 

M.  Josa  a donné  une  notice  et  une  carte  géologique  des  envi- 
rons d’Altenbcrg  et  de  Zinnwald  dans  le  journal  russe  (n»  1,  i85i). 
M.  le  comte  Munster  a cherché  éprouver,  par  une  liste  desybs- 
siles  de  certaines  couches  mises  au  jour  par  l'éruption  syénitique 
de  Hohnslein , qu’il  y avait  dans  ce  lieu  des  oolites  inférieures. 
M.  Naumann  a rendu  encore  plus  évident  que  les  granités  entre 


l48  RÉSUMÉ  DES  PROGRÈS 

Dresde  et  la  Bohême  étaient  postérieurs  au  sol  intermédiaire. 

MM.  Zobel  et  (le  Carnall  viennent  de  compléter  notre  connais- 
sance des  terrains  houillers  à porphyre  trappéen  et  des  autres 
dépôts  soit  secondaires , soit  anciens  , d'une  partie  de  la  Silésie 
inférieure , du  pays  de  Glatz  et  des  montagnes  voisines  de  la  Bo- 
hême ( Archiv . de  Karsten,  vol.  3 et  4)-  Ce  travail  se  joint  à ceux 
de  MM.  Moteglek,  de  Raumer  et  d’Oeynhausen  ; il  est  beaucoup 
plus  étendu  que  ceux  de  MM.  Buch  et  Schulze,  et  est  au  niveau 
des  connaissances  actuelles.  La  société  scientifique  de  Breslau  et 
M.  Glocker  nous  promettent  do  nouvelles  données  sur  la  Silésie 
supérieure . 

Il  y a eu  un  mémoire  sur  Y or  de  Silésie  par  M.  Dechen  [Archw. 
de  Karsten ). 

M.  Kloden  a fait  une  étude  particulière  des  îlots  secondaires  et 
du  sol  tertiaire  du  Brandebourg.  Les  géologues  doivent  lui  savoir 
gré  de  ce  travail  difficile,  et  dont  M.  Hoffmann  s’était  déjà  occupé 
dans  tout  le  nord  de  l’Allemagne.  De  nouvelles  localités  de  gypse 
secondaire  et  d’autres  roches  anciennes  ont  été  le  fruit  de  ces  re- 
cherches. 

M.  Karsten  est  revenu  sur  le  gisement  de  Y ambre  en  Prusse , 
objet  déjà  traité  par  M.  d’Oeynhau.sen  dans  la  relation  de  son 
voyage  en  Poméranie  et  de  file  de  Rugen  ( Archw.  de  Karsten, 

vol.  18). 

Au  Harz , M.  Zinken  , ingénieur  des  mines  à Magdesprung,  a 
donné  une  carte  du  Harz  oriental , et  promet  de  nouveaux  détails 
sur  le  gîte  des  minerais  sélénitifëres  pr'es  des  masses  pyrogènes. 
C’est  encore  en  partie  à lui  qu’on  doit  la  découverte  du  Palla- 
dium au  Harz.  M.  Zimmermann  a publié  un  Guide  géologique 
dans  le  Hars , et  une  notice  intéressante  sur  les  amas  ferrifères 
accompagnant  des  filons  et  des  filons- couches  de  diorite  ou  de 
trapp  dans  celte  chaîne,  sujet  déjà  traité  par  M.  Bobert.  M.  Sec- 
kendorf  a observé  un  contact  de  la  grauwacke  et  des  granités 
des  frcigmens  coquilliers  de  la  première  roche  dans  des  filons  gmni- 
toides.  Dans  les  Transactions  des  Amis  de  V art  des  mines  de  Goë.t- 
tingue , nous  trouvons  un  mémoire  sur  le  lignite  du  Habicht- 
swald , par  M.  Strippelmann  ; un  autre  de  M.  Schwarzenberg 
sur  les  filons  basaltiques  et  leur  manière  d'être  dans  les  roches 
tertiaires  et  secondaires  au  Habichtswald ; un  troisième  sur  les 
roches  tertiaires  d’Almerode , par  M.  Strippelmann;  enfin,  le 
grand  travail  de  M.  Hausmann  sur  les  dépôts  secondaires  des 
bords  du  FFeser.  Malgré  quelques  taches  que  M.  F.  Hoffmann  a 


DE  LA  GÉOLOGIE  EN  1 83o  ET  1 83 1 . 1 49 

relevées  dans  ce  dernier,  il  n’en  reste  pas  moins  un  ouvrage  à pla- 
cer à côté  de  celui  de  M.  Freiesieben  sur  le  Mansfeld  etlaThu- 
ringe. 

M.  Hoffmann  a fait  de  son  côté  une  publication  qui  fait  épo- 
que dans  la  science  ; nous  voulons  parler  de  sa  superbe  Carte  du 
nord-ouest  de  V Allemagne  et  de  son  Atlas  de  coupes.  Jusqu’ici 
il  n’avait  pas  encore  paru  de  carte  si  chargée  de  détails  géolo- 
giques ; et  l’irrégulière  distribution  des  dépôts  en  Allemagne 
rendait  l’exécution  d’un  semblable  relevé  infiniment  plus  difficile 
qu  en  Angleterre  et  en  France. 

Il  est  à regretter  que  ce  savant  n’ait  pas  accompagné  ses  cartes 
d’une  description  complète  du  nord-ouest  de  V Allemagne.  Fati- 
gué malheureusement  d’avoir  consacré  huit  ans  de  sa  vie  à l’ex- 
ploration d’un  même  pays  , et  pressé  de  la  faveur  qu’on  lui  avait 
accordée  de  voyager  en  Italie,  il  ne  nous  a donné  que  deux  vo- 
lumes de  texte.  Le  premier  est  un  traité  complet  sur  Y orographie 
de  celte  partie  de  V Allemagne , et  on  ne  saurait  trop  en  recon- 
naître le  mérite;  mais  dans  le  second  il  ne  traite  que  de  quelques 
terrains  ou  de  quelques  questions  géologiques,  et  il  ne  fait  qu’ef- 
fleurer le  reste  de  son  sujet.  Un  mémoire  de  M.  de  Veltheim  , 
capitaine  des  mines  , sur  le  grès  rouge  , les  houilles  et  les  por- 
phyres, se  trouve  à la  fin  de  cet  ouvrage.  Il  est  bien  fâcheux  qu’un 
administrateur  aussi  savant  que  lui  ne  puisse  pas  nous  faire  con- 
naître toutes  les  nombreuses  observations  qu’il  a faites  dans  le 
Mansfeld  et  le  Harz.  Il  en  a dressé,  dit-on,  des  cartes  extrêmement 
détaillées  ; mais  le  bureau  central  militaire  topographique  de 
Berlin  n’en  a pas  voulu  permettre  la  publication. 

Le  Mecklembourg , pays  ondulé  et  de  plaine,  avait  jusqu’à 
C03  dernières  années  peu  excité  l’attention  des  géologues.  Dès 
i8a5,  M.  Bruchner  nous  a fait  connaître  les  hauteurs  qui  traver- 
sent la  portion  méridionale  du  pays , et  qui  abondent  en  craie  et 
en  lignite  ou  terre  aîunifère  placée  dans  des  sables.  En  1829, 
M.  de  Blucher  a publié  un  Aperçu  géologique  sur  tout  le  Mec- 
klembourg, et  s’est  occupé  des  sources  salées  de  ce  pays,  eaux 
dont  l’origine  est  encore  équivoque  dans  le  terrain  tertiaire. 
Des  amas  gypseux  reconnus  pà  et  là  sous  le  sol  vont  être  étudiés, 
complètement,  et  les  notions  que  M.  de  Blucher  a puisées  sur  les 
fossiles  pendant  son  séjour  parmi  nous,  nous  procureront  tous 
les  détails  désirables  sur  les  coquilles  d’un  calcaire  tertiaire  assez 
rare  dans  ce  pays  . Depuis  la  publication  de  notre  confrère,  M.  le 
docteur  Kastner  s’est  aussi  occupé  des  sources  salées  des  bords 


I f)0  RÉSUMÉ  DES  PROGRES 

de  la  Baltique , et  il  a combiné  ensemble  les  observations  de 
MM.  de  Bluoher  et  d’Oeynhausen. 

M.  de  Dechen  a décrit  longuement  deux  exploitations  de  li- 
gnite tertiaire  du  district  de  Brühl,  près  de  Bonn  [Archiv*  de 
Karsten,  vol.  o,  cah.  2). 

M.  Stifft  a donné  une  description  du  pays  de  Nassau , ouvrage 
surtout  précieux  par  ses  vues  sur  les  sources  minérales  et  les 
détails  sur  les  diorîtes  et  le  Schaalstein  du  sol  intermédiaire.  Le 
Schaalstein  est  une  roche  trappéenne  mélangée  de  débris  de  cal- 
caire ou  de  schiste,  ou  bien  un  schiste  très  modifié  et  même  bour- 
souflé, et  il  forme  tantôt  des  filons  ou  filons-couches,  tantôt  des 
salbandes  de  filons  feldspaliques , pyroxéniques  ou  dioritiques. 

M.  Bronn  a visité  soigneusement  les  deux  localités  coquillières 
du  Bensberg  et  du  Grafenberg  sur  les  bords  du  Rhin  inférieur. 

II  n’a  reconnu  dans  la  première  localité  que  des  fossiles  intermé- 
diaires, et  dans  la  seconde  des  coquillages  tertiaires.  M.  d’Hoe- 
riinghaus  adopte  le  même  classement;  et  M.  Fitton  a donc  eu 
tort  dé  réunir  le  dépôt  du  Grafenberg,  près  de  Dusseldorf,  au 
grès  vert  d’Aix-la-Chapeile.  11  y a dans  les  deux  endroits  quel- 
ques genres  semblables , mais  les  espèces  sont  différentes.  Les 
indications  géologiques  données  par  M.  Schlotheim  sur  ces  trois 
localités  étant  très  vagues,  M.  Bronn  a rendu  un  service  à la 
science  en  précisant  les  faits. 

MM.  Lowe  et  Noggerath  ont  revu  les  dômes  porphyriques  qui 
s'élèvent  hors  du  schiste  argileux  intermédiaire  au  mont  Issen - 
berg , dans  le  district  d’Arnsberg.  Ils  ont  un  gisement  remar- 
quable en  ce  qu’ils  s’y  enfoncent  en  coin  et  altèrent  sensiblement 
les  couches  schisteuses  ; ce  sont  des  culots  injectés  par  la  voie 
ignée.  M.  Schleiden  a découvert  des  morceaux  de  schiste  co- 
qu  il  lier  dans  ce  porphyre.  M.  Steininger  a observé  une  espèce  de 
filon  ferri fer e curieux  au  milieu  du  schiste  de  transition  du 
Hundsriick. 

Dans  les  états  autrichiens,  nous  trouvons  à citer  en  Bohême 
l’ouvrage  de  M.  Moteglek  sur  le  sol  ancien  et  secondaire  du 
pied  du  Riesengebirge.  Le  tableau  général  des  formations  du  pays 
par  M.  Zippe.  M.  le  comte  Rasoumowski  nous  a appris  à connaî- 
tre une  petite  portion  du  sol  primaire  de  la  Moravie,  qui  offre 
plusieurs  gîtes  métallifères,  et  en  particulier  des  quarz  résinites 
(fsfsi  i83i),  et  j’ai  communiqué  à la  Société  géologique  de 
Londres  une  Esquisse  générale  de  la  Moravie , avec  une  carte 
géologique.  M.  le  docteur  Reichenbaçh  promet  pour  Pâques  une 


DE  LA  GÉOLOGIE  EN  î85o  ET  S 83 1.  l5t 

description  des  environs  de  Bruno.  M.  le  comte  Razoumovski  a 
publié  ses  Idées  sur  le  grès  de  Vienne  et  certains  fossiles  de  ses 
environs.  M.  Partsch  a donné  une  coupe  et  une  description  géné- 
rale du  bassin  tertiaire  de  V ienne  , qui  cadrent  tout-à-fait  avec 
ce  que  j’en  ai  dit  dans  le  Journal  de  Géologie.  M.  Ancker  a publié 
une  Notice  historique  sur  les  points  volcaniques  de  la  Styrie. 

Vous  connaissez  le  Mémoire  de  M.  Murchison  sur  le  cak 
caire  alpin  à-fucoïdes  et  à poissons  de  Seefeld , en  Tyrol,  el  le 
beau  travail,  et  les  coupes  de  feu  M.  Lill  de  Lilienbach , sur  les 
montagnes  si  intéressantes  du  Salzbourg.  Vous  savez  aussi  que 
MM.  Murchison  et  Scdgwickse  sont  occupés  de  ce  pays  et  ont  donné 
une  coupe  générale  à travers  toutes  les  Alpes  du  Salzbourg  et  de 
la  Carinthie  jusqu’à  Venise.  Ge  Mémoire  avait  été  précédé  d’un 
autre  sur  les  Alpes  vénitiennes.  J’ai  aussi  parlé  brièvement  du  Salz- 
bourg. Avant  de  mourir,  M.  Lill  a insisté  sur  la  probabilité  de 
l’existence  du  lias  dans  le  Salzbourg.  11  en  a envoyé  des  fossiles  à 
M.Bronn,  et  a laissé  sur  ce  sujet  un  Mémoire  encore  inédit. M.Ros- 
thorn  a le  premier  spécifié  la  localité  du  calcaire  à hippurites  , et 
du  dépôt  de  Gosau  , près  d’Aussée  , en  Styrie.  On  connaissait  les 
fossiles  de  ces  assises,  mais  on  les  avait  trop  souvent  confondus  avec 
ceux  du  terrain  salifère-  Propriétaire  de  grandes  usines  àAVolfsberg 
en  Carinthie,  et  possesseur  d’une  vaste  et  belle  collection  de  mi- 
néraux, de  roches  et  de  fossiles,  ce  savant  s’occupe  depuis  long- 
temps de  la  géologie  de  son  pays.  Il  en  a dressé  dernièrement 
une  carte  géologique  qui  comprend  la  Carniole  et  la  Styrie  méri- 
dionale. La  publication  d’un  pareil  travail  sera  précieuse,  car 
depuis  M.  Hacquet  nous  n’avons  eu  presque  rien  de  semblable 
sur  ce  pays  intéressant.  * 

MM.  Studer  et  Iieferstein  nous  ont  appris  à connaître  certai- 
nes parties  de  la  Carinthie  et  la  Styrie  méridionale.  Leurs  travaux 
sont  de  véritables  acquisitions  pour  la  géologie.  Je  me  contente 
de  rappeler  ici  ces  lambeaux  épars  de  l'oches  secondaires  à co- 
quilles tertiaires , et  ces  molasses  accompagnées  d’agrégats  ira - 
chy tiques  et  ponceux , près  de  Cilly . M.  Studer  a même  poussé 
jusqu’en  Croatie , et  a vu  mieux  que  moi  le  gîte  de  soufre  et  de 
lignite  à poissons  et  insectes  de  Radeboy.  Le  même  géologue  a aussi 
revisité  Prcdazzo , le  mont  Mulazzo  et  le  mont  Raldo,  dans  le 
Tyrol  méridional.  11  est  de  ceux  qui  admettent  les  altérations  su- 
bies par  les  roches  calcaires  au  moyen  de  la  voie  ignée,  et  qui 
croient  aussi  que  le  calcaire  grenu  à idocrase  de  Predazzo  et 
du  mont  Monzoni  est  une  roche  jurassique  coquillière  modifiée. 


1Ô2 


RÉSUMÉ  DES  PROGRÈS 

M.  Zeuschner  vient  d’admettre  encore  la  même  opinion.  ( Isis ). 

M.  Necker  nous  promet,  enfin,  ses  observations  faites  en  Is- 
trie  , qui , [jointes  à^celles  que  j’ai  publiées,  et’que  je  publierai, 
achèveront  de  nous  faire  connaître  ce  pays  entièrement  occupé 
par  le  grand  système  secondaire  à numulites. 

On  trouve  dans  \e  Journal  de  Géologie  les  caries  de  tous  les  dis- 
tricts miniers  du  Bannat , et  des  données  sur  plusieurs  des  plus 
célèbresmines de  la  Transylvanie.  Nos  renseignemenssur  la  Hon- 
grie se  bornent  cette  année  à ce  que  j’ai  dit  du  sol  tertiaire  de  ce 
pays,  et  à une  note  où  j’ai  insisté  sur  l’erreur  de  M.  Beudant,  d’a- 
voir regardé  le  calcaire d’ eau  douce  de  Czigled,  comme  se  formant 
encore  actuellement.  Ce  vaste  dépôt,  particulier  par  le  test  con- 
servédes  coquilles,  est  de  la  dernière  époquetertiaire,  oumêmede 
la  période  alluviale  ancienne,  car  il  estaumilieu  de  la  grande 
plaine  orientale  de  la  Hongrie,  au  moins  à i5o  ou  200  pieds  au- 
dessous  du  calcaire  d’eau  douce  tertiaire  qui  recouvre  déjà  les 
sables  tertiaires  supérieurs  , et  qui  est  minéralogiquement  ana- 
logue à celui  du  Lot-et-Garonne.  J’ai  soumis  à la  Société  géolo- 
gique de  Londres  un  esquisse  générale  de  la  géologie  de  la  Tran- 
sylvanie, avec  une  carte  géologique.  Mes  conclusions  les  plus 
curieuses  sont  : que  le  terrain  salifere  y est  tertiaire  , que  les 
porphyres  métallifères  sont  des  éruptions  ignées  qui  lient  les  tra- 
chytes  aux  porphyres  secondaires  et  anciens,  et  que  ces  masses 
sont  postérieures  au  grès  carpathique , et,  par  conséquent,  de  la 
fin  de  la  période  crétacée;  enfin  ce  qu’on  a appelé  jusqu’ici  grau- 
wacke , en  Transylvanie , "n’est  autre  chose  que  le  grès  secondaire 
des  Garpathes,  plus  ou  moins  intact  ou  modifié. 

Le  système  ûesCarpathes  étant  intimement  lié  aux  Alpes , l’in- 
térêt que  la  structure  de  cette  chaîne  a inspiré  s’est  porté  aussi 
sur  les  premières  ; montagnes.  MM.  Lill,  Pusch,  Zeuschner, 
Keferstein  et  moi  nous  sommes  occupés  des  Carpathesen  1826, 
1827,  182g  et  i83o.  L’esquisse  de  M.  Pusch,  annexée  à sa  des- 
cription de  la  Pologne,  présentait,  suivant  moi,  des  classemens 
faux;  mais,  depuis  son  nouveau  voyage  en  i83o,  nous  sommes 
d’accord  sur  presque  tous  les  points.  Le  grand  massif  marno-aré- 
nacé  et  calcaire  à fucoides  repose  sur  du  calcaire  jurassique 
récent,  ou  bien  sur  le  calcaire  alpin.  Il  contient  des  couches  d’un 
calcaire  à bélemnites  et  ammonites  qui  a quelques  rapports  avec 
la  Scaglia.  Tout  ce  qui  est  supérieur  à cette  dernière  roche  ap- 
partiendrait déjà  au  grès  vert  ou  à son  système  à nummulites, 
tandis  que  ce  qui  est  inférieur  serait  encore  jurassique.  Le  soulè- 


de  la  géologie  en  i85o  et  i 85 1 . 1 53 

veinent  très  récent  du  Tatra  et  d’autres  masses  primaires  aurait 
donné  naissance  aux  courbures  des  grès  carpathiques,  et  aurait 
même  produit  des  effets  analogues  sur  la  molasse  au  pied  nord 
des  Carpathes. 

JVi.  Pusch  a publié  aussi  quelques  faits  sur  la  Gallicie ; mais  la 
plupart  sont  empruntés  au  travail  que  M.  Lill  a envoyé  à notre 
société,  et  qui  lui  a été  communiqué. 

En  Suisse,  je  dois  citer  en  première  ligne  l'ouvrage  sur  les 
Alpes  bernoises  , par  M.  Hugi,  dont  les  observations  si  impor- 
tantes viennent  d’être  vérifiées  par  M.  Studer. 

MM.  Merian  et  Rengger  nous  ont  donné,  dans  les  Mémoires 
de  la  Société  Helvétique , des  notions  bien  précises  sur  la  structure  . 
de  la  partie  septentrionale  du  Jura  suisse.  Les  dépôts  du  lias,  des  oo- 
lites  inférieures  des  oolites  proprement  dites,  et  du  calcaire  jurassi- 
que récent  y sont  distribués  d’une  manière  irrégulière,  soit  àcause  • 
des  dérangemens  éprouvés,  soit  à cause  de  la  surface  inégale  of- 
ferte par  le  Keuper  et  le  Mnschelkalk,  dépôts  qui  ressortent  cà  et  là 
dans  cette  pariiede  la  chaîne  jurassique  ; des  lambeaux  de  molasse 
complètent  la  composition  de  ccs  montagnes.  La  coupe  depuis 
le  Saint-Gothard  à Altdorf,  par  M.  le  docteur  Lusser,  est  un 
document  précieux  pour  l’histoire  des  Alpes.  Les  porphyres 
qu’il  a découverts  se  lient  probablement  aux  éruptions  dont 
M.  Studer  a trouvé  çà  et  là  quelque  trace  dans  les  Alpes  suisses, 
et  à celles  de  l’Àllgau  en  Bavière.  Ce  sont  les  ophites  des  Alpes, 
et  ils  paraissent  d’un  âge  très  moderne.  Il  faut  espérer  que  M.  le 
docteur  Lusser  pourra,  à force  de  recherches,  trouver  dans  les 
calcaires  foncés  bélcmnitiferes  et  placés  sur  le  gneiss,  des  pétri- 
fications dont  les  espèces  soient  déterminables. 

Je  dois  encore  rappeler  le  beau  travail  de  M.  Necker  sur  la 
vallée  de  V alorsine , où  il  a si  bien  détaillé  l’injection  des  gra- 
nités dans  les  couches  secondaires  et  les  altérations  et  les  déran- 
gemens que  ces  dernières  ont  subis.  Sa  découverte  des  sèla- 
gites  de  la  V dltelinc  est  encore  un  fait  tout  nouveau  dans  la 
géologie  des  Alpes.  Ce  savant  a fait  de  nombreuses  observations 
sur  celte  chaîne,  soit  en  Savoie,  soit  dans  les  Etats  autrichiens^ 
et  leur  publication  entière  paraît  très  prochaine,  et  il  nous  don- 
nera une  carte  géologique  des  montagnes  du  Chablais  et  du  F au- 
cigny%  M.  Studer  a examiné  de  nouveau  la  chaîne  du  Stockhorn  , 
et  il  ne  la  regarde  plus  que  comme  un  grand  massif  calcaire 
intercalé  entre  des  grès  marneux  gris  à fucoïdes,  et  de  l’époque 
secondaire  récente. 


RÉSUMÉ  DES  PROGRÈS 


I 54 

Les  ouvrages  et  les  mémoires  publiés  ces  deux  dernières  années 
sur  VItalic  nous  ont  fourni  peu  de  détails  nouveaux  pour  la 
partie  méridionale  de  cette  péninsule.  Sur  les  environs  de  Naples , 
nous  n’avons  à citer  que  le  résumé  des  dix  à douze  mémoires 
intéressans  dont  l’auteur  ou  le  compilateur  estM.  Forbes  ( Edimb ., 
Journ.  ofSc.).  M.  F.  Hoffmann  s’explique  les  phénomènes  du 
temple  de  Sérapis  comme  de  Jorio , Forbes  et  Lyell.  MM.  Mon- 
ticelli  et  Covelli  étaient  sur  le  point  de  publier  une  seconde 
édition  de  leur  Description  des  produits  minéralogiques  du 
Vésuve , lorsque  la  mort  a frappé  le  plus  jeune  de  ces  savans. 
M.  Monticelli,  à son  âge  , et  privé  du  secours  d’un  chimiste,  ne 
donnera  pas  peut-être  de  suite  à ce  projet.  M.  E.  Hoffmann,  de 
Russie,  a publié  un  mémoire  sur  les  environs  de  Rome ; M.  Proc- 
caccini  Ricci,  un  travail  sur  les  plantes  et  les  poissons  fossiles 
des  lignites  du  gypse-  tertiaire  de  Sinigaglia  ; et  M.  Capello  , des 
discussions  sur  les  changemens arrivés  au  cours  de  l’Anio  ( Opus - 
coli  scelti  Scientifici.  Rome , r85o  , in  8°). 

En  Toscane , M.  Savi  nous  a donné  des  détails  sur  le  grès 
des  Apennins , et  en  général  sur  les  roches  de  ce  pays  ( Nuov . 
Giorn.  n°  5o);  sur  les  environs  de  Campiglia  et  les  dolomies 
de  Seravezza.  Il  regarde  ces  dernières  roches  comme  des  pro- 
duits volcanisés , et  décrit  les  altérations  observées  autour 
d’elles.  Ce  mémoire  a fourni  à M.  Brongniart  l'occasion  de  faire 
une  remarque  intéressante  sur  le  groupement  du  talc  autour  de 
morceaux  empâtés  de  calcaire  grenu. 

M.  Guidoni  a décrit  les  roches  de  la  Speszia  en  Ligurie , où 
il  y a quelques  Ammonites  et  quelques  Bélemnites,  cas  rare  en 
Italie.  M.  de  la  Bêche  avait  aussi  parlé  de  ces  roches,  et  il  a 
repris  la  Description  des  environs  de  Nice  , faite  par  MM.  Risso  et 
Allan.  Il  en  a redonné  la  carte  et  l’a  coloriée  jusqu’à  Vintimiglia. 

II  est  de  l’avis  de  ceux  qui  y reconnaissent  un  vaste  système  de 
grès  vert  à nummulites  et  autres  fossiles.  M.  Buckland  a donné 
les  observations  qu’ils  a recueillies  en  se  rendant  de  Nice  à 
Turin  par  le  col  de  Tende. 

Quant  à la  Lombardie , depuis  la  belle  carte  des  environs  des 
lacs  de  Lugano  et  d’Orta,  et  du  Lac  Majeur,  par  M.  de  Buch, 
cette  contrée,  si  classique  pour  la  théorie  sur  la  dolomisation  et 
les  porphyres  pyroxéniques , a été  visitée  par  M.  Link , de 
Berlin,  qui  a confirmé  les  observations  de  l’illustre  géologue  de 
Berlin  ( Archiv . de  Karsten).  M.  de  la  Bêche  a fait  suivre  son 
mémoire  sur  les  bords  du  lac  de  Corne  d’une  jolie  carte  publiée 


DÉ  DA  GEOEOGIE  EN  1 83o  ET  1 85 1 . 1 55 

dans  son  Atlas  géologique.  M.  Stud.er  a donné  quelques  notes  sur 
Y Apennin  t an  sud  de  Castellarcuato  ( Zeitsch . f M inval). 

Dans  les  anciens  Etats  vénitiens , M.  Pasini  est  entré  dans  des 
détails  curieux  sur  les  bassins  tertiaires  et  les  craies  près  de 
Roveredo  ( Bibliolh.  ital.  ),  et  a cherché  à retrouver  dans  le 
Yicentin  les  systèmes  de  souîèvemens  proposés  par  M.  de  Beau- 
mont; il  a réuni  pour  cela  beaucoup  de  données,  tant  sur  la 
direction  et  le  redressement  des  couches  , que  sur  les  masses 
ignées  qui  les  ont  traversées  à diverses  époques.  Sa  conclusion 
a été  que  le  Yicentin  ne  paraissait  guère  se  prêter  à la  théorie , 
telle  qu’elle  est  exposée  actuellement. 

M.  Catullo  a continué  de  nous  faire  connaître  ses  travaux 
sur  les  fossiles  de  ce  pays  comme  complément  de  son  grand 
ouvrage  sur  le  même  sujet.  Il  a parlé  successivement  des  fos- 
siles des  monts  Euganéens  ( Giornale  sulle  scienze , etc. , janv. 
et  févr.  1829)  ; de  ceux  des  Pépérites  ( dito , vol.  2,  p.  207) 
de  la  classification  de  certains  dépôts  secondaires  du  pays 
de  Venise  ( Ann.  di  Sc.  nat.  de  Bologne  ) ; des  cailloux  et 
de  la  formation  des  vallées  ( Journ . de  Trévise  ).  J’ai  décrit 
le  porphyre  pyroxéniqiie  métallifère  pies  de  Schio  ; j’ai  mon- 
tré que  ces  roches,  postérieures  à la  craie,  changent  cette 
dernière  au  contact  en  un  calcaire  fendillé  fréquent  dans  les 
Alpes,  et  qu’entre  ces  deux  roches  il  y a une  bande,  composée 
des  débris  des  roches  anciennes  traversées.  Ce  sont  des  érup- 
tions contemporaines  avec  celles  de  plusieurs  roches  aurifères  de 
Transylvanie  et  de  Hongrie.  Enfin  j’ai  donné  la  coupe  de 
Volterre  et  de  Sienne  ; et  M.  le  docteur  Bronn  a publié,  dans 
le  deuxième  volume  de  son  Yoyage  scientifique  en  Italie,  des 
observations  sur  les  fossiles  et  les  ossemens  qu’il  a rencontrés 
dans  ce  pays.  MM.  P a veto  de  Gênes,  Savi  de  Pise,  Cristofero 
de  Milan  , et  Pasini  de  Schio  , travaillent  activement  à une  carte 
géologique  générale  de  tout  le  nord  de  V Italie,  y compris  la 
Toscane.  Les  relevés  de  la  Ligurie  et  des  états  vénitiens  sont 
déjà  très  avancés.  MM.  F.  Hoffman,  Escher  et  le  doct.  Philippe 
ont  parcouru  l’Italie, 

Nos  renseignemens  géologiques  sur  la  Sicile  se  bornaient  jus- 
qu’ici aux  ouvrages  ou  mémoires  de  Spallanzani,  Borch,  Bri- 
done  , Dolomieu  , Ilamillon,  Brocchi , ltecupero  , Ferra r a , 
Smith,  liephalides,  Morieaiid  , Daubeny  et  Hogg.  Bécemment 
cette  île  a été  non  seulement  examinée  sur  plusieurs  points  par 
pes  nombreux  géologues  , mais  encore  par  des  savans  distingués. 


1 56 


RÉSUMÉ  DES  PROGRÈS 


tels  que  MM.  Buckland,  Lyell,  de  la  Marmora  , Escher,  F.  Hoff- 
mann, Christie,  Prévost  et  Montalembert.  Nous  allons  donc  en 
avoir  une  connaissance  parfaite,  et  les  collections  des  roches  et 
des  fossiles  de  Sicile  deviendront  communes  en  Allemagne 
comme  sur  les  bords  de  la  Tamise  et  de  la  Seine. 

Les  trois  volumes  des  Actes  de  la  Société  dliistoire  naturelle 
de  Catane  contiennent  plusieurs  mémoires  géologiques  impor- 
tons, dont  cinq  sont  de  M.  le  docteur  Ch.  Gemettaro,  savoir: 
une  Esquisse  de  la  Topographie  physique  de  VEtna  et  de  ses 
environs ? sur  V étendue  occupée  parce  volcan , sur  le  Basalte 
et  sa  décomposition  ; une  Esquisse  des  environs  de  Contes  sa, 
d’une  partie  de  la  vallée  de  Mazzara  et  de  ses  S aises,  une  notice 
sur  les  volcans  éteints  du  Val  di  Noto.  On  y remarque  encore 
des  Observations  sur  le  comté  de  Sommalino , par  M.  G.  Barnaba 
La  Via;  une  Relation  géologique  des  environs  de  Militello , par 
M.  A.  de  Giacomo , une  Description  physique  et  minéralogique 
dyEnna  ou  de  Castro giovanni , par  M.  le  professeur  J.  Alessi  ; 
des  remarques  sur  les  environs  de  Nicosie , par  M.  La  Via,  et  une 
Histoire  critique  des  éruptions  de  VEtna , depuis  les  temps  fabu- 
leux jusqu  à la  domination  romaine,  par  M.  le  chanoine  G.  Alessi. 
Je  suis  fâché  que  l’espace  me  manque  pour  vous  analyser  ces  utiles 
documens. 

M.  de  la  Marmora  a donné  une  coupe  intéressante  des  couches 
coquillieres  tertiaires  supérieures  et  méditerranéennes  de  P alcrme 
( Journal  de  Géologie , i83i).  M.  le  docteur  Christie  a traversé 
la  Sicile  en  se  rendant  aux  Indes  par  l’Egypte;  il  a donné  un 
Aperçu  sur  les  formations  de  la  Sicile  ; il  a reconnu  le  système 
crayeux  à Nummulites  et  Hippurites,  et  il  distingue  deux  dépôts 
tertiaires,  outre  le  dépôt  alluvial  méditerranéen.  Les  coquilles 
de  ce  dernier  vivent  encore  toutes  dans  les  mers  voisines,  tandis 
que  celles  du  sol  tertiaire  sont  en  partie  éteintes. 

M.  F.  Hoffmann  a déjà  publié  quatre  Lettres  sur  la  Sicile  ( Arch . 
de  i^ar5/en,v.3,cah.2,et  v.4?cah.  i).Ilest  d’accord  avec  MM.  Lyell, 
Deshayes  et  Prévost  pour  reconnaître,  dans  le  sol  terÇai^e  d’une 
grande  partie  de  la  Sicile  , des  dépôts  très  récens  ou  quaternaires 
dont  la  plupart  des  fossiles  sont  des  coquillages  de  la  mer  médi- 
terranée.  lien  a déjà  cité  5y  espèces  d’une  localité  près  de  Ca- 
tane, à 200  pieds  sur  la  mer;  70  espèces  de  Cefali  ; 18  espèces 
à Buccheri  et  Sortino,  etM.  de  Giacomo  en  a trouvé  encore  da- 
vantage à Militello.  Mais,  outre  ces  coquilles  vivantes  dont 
M.  Hoffmann  augmentera  encore  le  nombre  lors  de  l’exnen  de 


DE  LA  GÉOLOGIE  EN  l83o  ET  l83l. 

ses  collections,  il  signale  aussi  dans  ce  même  sol  tertiaire  quel- 
ques pétrifications  sans  analogues  vi  vans,  tels  que  VArca  antiquata , 
des  Lenticulines  et  quatre  Térébratules. 

Le  même  savant  a retrouvé  les  mêmes  fossiles  ou  les  analogues 
dans  les  tufs  basaltiques  alternant  avec  le  calcaire  tertiaire,  ou 
en  amas,  dans  cette  roche  à Sortino,  Giormino,  etc.  Il  a bien 
observé  les  alternatives  de  ces  roches  avec  des  basaltes  et  des 
filons  basaltiques  traversant  les  couches  tertiaires  des  îles  des 
Cyclopes,  sans  altérer  sensiblement  le  calcaire.  A Militelîo,  il 
a signalé  dans  le  tuf  trappéen  un  filon  basaltique  à salbandes  vi- 
treuses. Il  a bien  vu  le  calcaire  à hippurites  et  à nummulites 
du  cap  Passaro,  reposer  sur  des  wackes  amygdalaires  et  pyroxé- 
niques  ; mais  il  n’a  pas  vu  alterner  ces  roches  comme  l’a  pré- 
tendu M.  Daubeny,  et  il  n’a  point  vu  de  cratères  dans  le  Yal  di 
Noto , ou  à Yizzini,  où  M.  Ch.  Cemellaro  en  avait  placé.  S’il 
reconnaît  dans  le  calcaire  à hippurites  celui  de  Trieste  , de  l’Is- 
trie,  des  Appennins  ( à Subiaco  et  Avezzano),  il  n’ose  pas  affir- 
mer que  ce  dépôt  soit  décidément  crayeux,  quoiqu’il  penche 
pour  ceite  opinion.  Enfin,  ayant  adopté  les  idées  de  M.  de  Buch 
sur  la  formation  des  cratères  de  soulèvemens,  il  a été  fort  étonné 
de  ne  pas  trouver  à la  base  de  l’Etna  cette  ceinture  basaltique 
dont  parle  M.  de*  Buch.  Le  basalte  n’y  paraît  que  çà  et  là  en 
mamelon;  mais  l’espèee  de  cavité  élevée  de  l’Etna,  appelée 
Valle  del  Bove , lui  a paru  un  cratère  de  soulèvement,  dont  les 
bords  sont  formés  d’alternats,  de  scories  et  de  roches  trachyli- 
ques  modifiées.  Le  trachyte  y paraît  même  en  masse  et  filons. 
En  Italie,  nolresavant  Prussien  aaussicru  retrouver  des  cratères 
de  soulèvement  dans  les  montagnes  d’AIbano  ; nous  devons  donc 
nous  attendre  à une  controverse  intéressante  entre  lui  et  M.  Pré- 
vost, qui,  comme  M.  Cordier,  paraîtrait  opposé  à cet  idée,  et 
m’admettrait  qu’une  formation  cratériforme , savoir  : celle  pro- 
duite par  des  déjections  incohérentes  et  des  coulées  de  laye  au- 
tour d’un^ cratère.  M.  Hoffmann  nous  a appris  que  Vile  de 
Pantcllarêa  est  volcanique,  et  qu’elle  renferme  beaucoup  de 
matières  vitreuses.  11  a lié  cette  île  et  les  sources  chaudes  de 
Sciacca , en  Sicile,  avec  le  nouveau  volcan  de  l’île  de  Julia 
(Preussische  Slaats  - Zeitung)  , à côté  de  laquelle  vient  de  s’é- 
lever un  second  volcan  plus  petit.  Un  Anglais  vient  d’appliquer  à 
la  formation  de  ces  îles  la  théorie  de  M.  de  Buch  , et  le  banc  sur 
lequel  elle  paraissent  assises  n’ayant  pas  été  observé  avant  leur 
élévation,  est  pour  lui  le  pourtour  du  cratère  de  soulèvement, 


1 58  RESUME  DES  PROGRES 

La  géologie  véritable  de  Malte  étant  presque  inconnue , nous 
devons  attendre  avec  impatience  les  observations  de  MM.  Prévost 
et  Christie. 

Quant  a la  Sardaigne,  M.  Prunner  de  Cagliari  en  étudie  la  mi- 
néralogie, et  M.  de  la  Marmora  travaille  activement  à l’achève- 
ment de  sa  description  détaillée  de  cette  île. 

Les  données  sur  la  péninsule  ibérique  sont  assez  rares  pour 
qu’on  puisse  dire  que  les  années  i83o  et  iS5i  nous  ont  fourni  sur 
cet  intéressant  pays  un  bon  nombre  de  faits.  M.  le  professeur 
Hausmann  , quia  traversé  ce  royaume,  nous  a esquissé  sa  struc- 
ture générale,  et  prépare  maintenant  un  plus  grand  travail  sous 
la  forme  d’un  voyage  ( Gotlinger  gelelirt.  Ànzeig.  et  Quart . 
Mining.  Review,  n°  1,  1802). 

Le  grès  vert  qu’il  a découvert  sur  le  bord  méditerranéen  de 
l’Andalousie,  l’étendue. qu’il  a reconnue  au  lias  et  au  grès  du  lias 
avec  des  couches  de  combustible  et  du  minerai  de  fer,  le  redmarl 
de  l’Angleterre  retrouvé  au  centre  de  l’Espagne,  et  couvert  d’un 
mince  dépôt  de  niagnésüe,  voilà  les  faits  les  plus  saillans  de  sa 
notice. 

D'autre  part,  M.  le  colonel  Silvertop  a publié  un  Mémoire  sur 
le  bassin  tertiaire  d’ Alabama  eide  Bazay  dans  le  royaume  de  Gre- 
nade. Cesont  des  cavités  du  solprimaire  et  intermédiaire,  garnies 
de  calcaire  secondaire  à nummulites  et  de  marnes  subapennines 
à gypse,  soufre  et  sources  salées,  et  couvertes  d’un  calcaire  d’eau 
douce.  S’il  n’y  a point  là  de  coquillages  marins  tertiaires,  l’au- 
teur en  a reconnu  dans  les  dépôts  flanqués  contre  le  revers  op- 
posé ou  méridional  de  la  haute  chaîne  de  Sierra-Nevada. 

M.  le  professeur  Gutierrez  a imprimé,  dans  le  Journal  de  géo- 
logie, une  Relation  des  tremblemens  de  terre  arrivés  en  Murcie. 
Il  y montre  clairement  que  le  terrain  bouleversé  est  formé  par 
la  marne  argileuse  subapennine,  couverte  près  de  la  mer  de 
sables  et  de  brèches  coquillières.  Le  sol  tertiaire  formerait  donc 
une  bande  presque  continue  le  long  de  là  Méditerranée,  depuis 
Barcelone  jusque  dans  le  royaume  de  Grenade,  s’il  ne  s’y  trou- 
vait, comme  sur  la  côte  de  Gènes  et  de  la  Toscane,  dans  des  es- 
pèces de  golfes  entre  les  promontoires  de  l’ancienne  mer,  qui  for- 
ment actuellement  des  chaînes  basses. 

La  sécheresse  qui  désole  en  été  les  plateaux  de  l’Espagne  cen- 
trale a fait  accueillir  avec  joie  la  proposition  de  forer  des  puits 
artésiens,  ce  qui  a donné  lieu  à une  petite  Notice  géologique  sur 
les  environs  de  Madrid , dans  la  Gazette  espagnole  de  Bayonne. 


DE  LA  GÉOLOGIE  EN  l83o  ET  1 83 1 . 169 

M.  de  Pineda  a imprimé  à Madrid , l’an  passé,  une  brochure  sur 
les  mines  de  plomb  de  la  Sierra-de-Gador. 

Il  paraîtrait  que  M.  Silverlop , long-temps  résidant  en  Espa- 
gne , nous  donnera  encore  d’autres  aperçus  géologiques.  De 
plus,  M.  Lyell  a visité,  en  1829,  le  nord  de  la  Catalogne,  et  en 
particulier  le  district  volcanisé  de  ce  pays.  M.  Dufrénoy  a revu 
Cardone,  et  vient  de  pousser,  avec  M.  de  Beaumont,  une  re- 
connaissance du  Mont-Perdu,  à Pampelürie;  M Schulze,  Hes- 
sois,  au  service  des  mines  royales  en  Espagne,  vient,  en  passant 
à Paris,  de  nous  promettre  des  détails  sur  toute  l’Espagne;  M.  le 
capitaine  Edward  Cook  vient  de  lire,  à la  Société  géologique  de 
Londres,  un  Mémoire  sur  V Espagne  méridionale.  Vous  savez  qué 
c’est  à MM.  Torrubïa,  Dillon,  Bowles , de  la  Borde,  Link  et  de 
Humboldt,  qu’on  doit  tout  ce  qu’on  savait  jusqu’ici  sur  l’Espagne; 
et  le  premier  est  le  seul  qui  ait  parlé  et  figuré  des  fossiles  du  pays. 

MM.  Pouqueville,  Clarke,  de  Bucli  et  la  collection  de  M.  Pa- 
roîini,  ont  jeté  quelque  jour  sur  la  géologie  de  la  Grèce;  et 
M.  Webb  a donné  un  fragment  géologique  sur  la  Troade  : mais 
toutes  ces  notes  isolées  vont  être  effacées  par  la  publication  vrai- 
ment géologique  de  nos  confrères  qui  ont  visité  ce  pays  derniè- 
rement. 

Le  voyage  de  M.  Yirlet  à Smyrne  et  Constantinople  doit 
nous  procurer  de  nouveaux  détails  sur  la  Turquie;  et  la  visite  de 
M.  delaBèche  aux  Iles  Ioniennes  des  renseignemcns  plus  précis 
sur  les  calcaires  jurassiques  supérieurs  à silex,  les  Colites  et  les 
gypses  de  cet  Archipel. 

La  Pologne , pays  en  grande  partie  plat,  n’avait  guère  occupé 
les  géologues  avant  ces  dernières  années.  Les  ouvrages  et  les 
mémoires  ( Rosz>  Towarz.  Krolewsk.  TVarszawsk.  prz.  nauk9 
vol.  7-10  ) du  savant  abbé  Staczie,  et  quelques  notes  éparses  dans 
les  ouvrages  de  Guètlard,  de  Hacquet,  de  Carosi  et  de  Razou- 
movsky,  et  ayant  rapporta  la  partie  méridionale  de  ce  royaume, 
étaient  les  seules  sources  de  renseignemcns.  Heureusement  pour 
la  science,  M.  Fuscli  devint,  il  y a quelques  années  , professeur 
de  l’université  de  Kielee,  et  conçut  le  projet  d’étudier  complè- 
tement le  royaume  de  Pologne  et  la  Gallicie, 

Après  plusieurs  années  de  courses,  M.  Pusch  présenta,  en 
1828 , un  résumé  de  ses  observations  à la  Société  des  naturalistes 
d’Allemagne,  réunie  à Berlin.  Ce  travail  augmenté  .parut  en 
i83o,  en  polonais,  à Varsovie,  et  se  trouve  aussi  dans  le  Jour- 
al  de  géologie.  Le  grand  ouvrage  allemand  de  l’auteur,  avec  de 


l6o  RÉSUME  DES  PROGRES 

belles  cartes  et  des  coupes,  est  sous  presse  à Stuttgardt.  En  atten- 
dant, il  est  bon  d’avertir  que  les  auteurs  de  la  grande  carte  de 
Gotthold,  coloriée  géologiquement,  ont  déjà  profité  des  documens 
recueillis  par  M.  Pusch.  L’on  sait  que  ce  savant  a reconnu  dans 
le  sud-ouest  de  la  Pologne,  non  seulement  une  petite  chaîne  in- 
termédiaire négligée  par  tous  les  géographes  , mais  encore  tous 
les  dépôts  secondaires , excepté  le  zechstein  et  le  lias , qui  paraît 
remplacé  par  son  grès.  M.  Pusch  donne  aussi  d’intéressans  ren- 
seignemens  sur  le  plateau  primaire  de  la  Podolie,  et  surtout  sur 
le  sol  tertiaire , çà  et  là,  si  coquillier  de  la  Pologne  méridionale. 
Il  est  d’opinion  qu’il  y a,  outre  les  dépôts  subapennins,  des  cal- 
caires coquiiliers,  qui  correspondraient  aux  bancs  moyens  du  cal- 
caire de  Grignon.  Je  ne  crois  pas  devoir  partager  cette  idée 
ni  celle  par  laquelle  il  admet  un  gypse  crayeux.  Celte  dernière 
opinion  a été  aussi  combattue  indirectement  par  M.  Becker,  géo- 
logue, peu  connu  jusqu’ici.  Son  ouvrage  sur  les  puits  salés  du 
sud-ouest  de  la  Pologne  russe  tendrait  à faire  croire  que  le  ter- 
rain de  Wieliczka  dépasse  les  limites  de  la  Gallicie. 

i\l.  Bloede  a publié  un  Traité  sur  le  sol  intermédiaire  des  schis- 
tes de  la  Grauwacke  et  du  calcaire  métallifère  de  la  Pologne 
méridionale.  Cet  opuscule  est  accompagné  d’une  carte  détaillée. 

Déjà  M.  A.  Schneider  avait  imprimé  dans  le  deuxième  cahier 
du  dix-neuvième  volume  des  Archives  de  M.  Karsten , un  mé- 
moire sur  le  même  sujet , excepté  qu’il  y parle  encore  d’une  partie 
de  la  Silésie.  Il  décrit  aussi  du  terrain  houiller,  du  Muschelkalk  , 
du  grès  bigarré  , et  du  keuper,  et  du  grès  de  lias , et  du  grès  vert. 
C’est  le  seul  écrivain  qui  parle  encore  de  zechstein  en  Pologne, 
ce  qui  est  évidemment  une  erreur. 

M.  le  professeur  Andrzejowski  s’est  occupé  avec  succès  des 
dépôts  tertiaires  de  la  Volhynie , dont  il  en  a tout  récemment 
figuré  treize  espèces  nouvelles  de  fossiles  dans  le  Bulletin  des  na- 
turalistes de  Moscou.  Il  avait  déjà  précédemment  donné  des 
observations  botaniques  et  géologiques  sur  le  pays  entre  le  Bug 
et  le  Dniester. 

M.  Dubois  de  Monipeyreux  vient  de  faire  paraître  à Berlin  une 
Conchyliologie  fossile  et  un  Aperçu  géologique  du  plateau  delà 
Volhynie  et  de  la  Podolie.  Cet  ouvrage  est  orné  de  plusieurs 
planches  lithographiées  représentant  des  pétrifications  tertiaires; 
l’auteur  y spécifie  celles  c re  elles  dont  les  analogues  existent 
encore. 

M.  Zeuschner,  professe  >r  de  minéralogie  à Cracovie,  a pu- 


DE  LA  CÉOLOGIE  EN  1 85o  ET  1 83  T.  ffit 

blié  un  Opuscule  polonais  sur  les  basaltes,  ül.  le  colonel  Jackson 
a inséré  clans  la  Bibliothèque  universelle  une  notice  sur  les  blocs 
erratiques  dans  lesquels  il  a retrouvé  des  roches  primaires  de 
la  Finlande  et  des  fossiles  intermédiaires  de  i’Ingrie. 

Enfin  , M.  Dmitrieva  donné  dans  le  J.  des  min.  rwssedeux  mé- 
moires, savoir  : une  revue  géognoslique  des  gîtes  de  houille  en  Po- 
logne { ’Journ . des  mines.  n°  12,  i82jj),  et  une  notice  sur  les  mines 
dece  royaume  ( Dito , n°  1,  1 85 1 ) . Cette  dernière  est  accompagnée 
d’une  carte  et  d’une  coupe  qui  offrent  une  idée  de  la  structure  de 
la  partie  de  la  Pologne  russe  non  loin  de  la  Silésie  supérieure. 

Tels  sont  les  travaux  à signaler  en  Pologne  ; il  n’est  pas  dou- 
teux que  le  nouveau  Journal  des  mines , réuni  aux  louables 
efforts  de  MM.  Pusch  et  Zeuschner,  ne  nous  procure  encore 
beaucoup  de  renseignemens.  En  i83o,  ces  deux  messieurs  on 
employé  six  semaines  à parcourir  ensemble  les  Carpalhes  de  Ia 
Gallicie  et  du  nord  de  la  Hongrie. 

La  Russie  ne  fournissait  guère  ou  point  de  renseignemens  géo- 
logiques, il  y a une  douzaine  d’années.  Cet  ordre  de  choses  ne 
pouvait  pas  durer  dans  des  contrées  auxquelles  des  connais- 
sances positives  de  géologie  pouvaient  procurer  de  si  grandes 
sources  de  prospérité  ; tandis  que  l’ouverture  de  nouvelles  rou- 
tes, le  creusement  de  canaux  et  l’établissement  de  grandes  fa- 
briques devaient  tourner  nécessairement  i’at tentîon  vers  la  géolo- 
gie. Un  changement  complet  a eu  lieu  à cet  égard,  et  le  zèle  le 
plus  louable  a succédé  à l’indifférence.  Les  exploitations  de  l'Ou- 
ral ont  commencé  d’abord  à être  poussées  avec  plus  de  vigueur, 
puis  on  a découvert  de  grands  gîtes  d’or  alluvial , connus  peut- 
être  par  les  anciens.  Plus  tard,  le  platine  et  le  diamant  sont  ve- 
nus se  joindre  au  métal  précédent. 

Depuis  ces  découvertes,  les  notices  géologiques  n’ont  cessé  de 
se  multiplier;  les  propriétaires  ont  fait  visiter  leurs  terres  par  des 
mineurs,  et  l’on  a senti  le  prix  réel  de  l'école  des  mines  de  Saint- 
Pétersbourg,  non  seulement  pour  former  (les  mineurs,  mais  en- 
core pour  élever  des  géologues.  Pénétré  de  cette  vérité,  l’empe- 
reur a augmenté  les  dotations  des  sociétés  de  Saint-Pétersbourg 
et  de  celle  des  naturalistes  de  Moscou,  et  a appelé  M.  de  Hum- 
boldt  en  Russie,  tandis  que  le  gouvernement  a fait  voyager  des 
savons  dans  presque  toutes  les  parties  de  l’empire,  et  a fait  exé- 
cuter même  le  relevé  de  la  carte  géologique  de  la  Lithuanie  , de 
la  Courlande  y de  VEsthonie  et  de  la  Livonie , par  MM.  UJprecht, 
d’Engelhardt , Ulmann  et  Liaclmicky. 

Soc.  géol.  Tome  II. 


iz 


162  résume  des  progrès 

VEsthoniee tla  Livonie  ont  fourni  à MM.  d’Engelhardt  et  TJIp- 
recht  le  sujet  d’un  mémoire  sur  les  calcaires  à orthocères,  etc. , 
les  marnes  gypsiferes  et  les  autres  roches  de  ces  contrées,  mais 
leurs  conclusions  sont  contraires  à tout  ce  qui  est  connu,  puis- 
que des  roches  regardées  jusqu’ici  comme  secondaires  récentes 
seraient  au-dessous  des  couches  intermédiaires  ( Arcliiv.  de 
Karsten , vol.  II).  Ce  rapport  ne  cadre  pas  non  plus  avec  l’es- 
quisse que  M.  Pusch  a donnée  de  la  Courlande  et  de  ces  pays 
d’après  des  collections  de  roches  et  comme  un  appendice  à sa 
géologie  de  la  Pologne. 

M.  Eichwald  a fait  suivre  son  mémoire  sur  la  Lithuanie  et 
l’Ingrie  d’un  grand  travail  sur  les  formations  de  ta  Lithuanie , de 
la  Volhynie  et  de  la  Podolie.  Il  a ajouté  des  détails  à ce  que 
M.  Pusch  et  d’autres  géologues  nous  avaient  déjà  appris  sur  le 
sol  granitique  et  schisteux  et  sur  le  calcaire  à orthocères  de  la 
Podolie.  Le  sol  tertiaire  dominant  dans  ces  pays,  il  nous  a donné 
beaucoup  de  coupes  de  ces  dépôts,  et  y a ajouté  une  liste  de 
leurs  nombreux  fossiles.  Malheureusement  il  paraîtrait  avoir  éta- 
bli trop  légèrement  beaucoup  d’espèces  nouvelles  dont  il  ne 
donne  que  la  phrase  caractéristique  latine. 

Comme  ces  contrées  ont  été  aussi  l’objet  des  recherches  de 
M.  Dubois  de  Neuchâtel , et  que  ces  deux  géologues  ont  envoyé 
à M.  de  Bucli  une  partie  de  leurs  récoltes  en  fossiles,  ce  der- 
nier a pu  rectifier  la  détermination  de  quelques  coquilles  ter- 
tiaires, et  donner  de  plus  Y indication  de  quelques  fossiles  du  sol 
intermédiaire  de  Lithuanie  décrit  par  M.  Dubois  dans  un  mé- 
moire séparé  ( Archiv . de  Karsten , vol.  II,  eha.  1 ). 

M.  Hermann  a dit  quelques  mots  sur  la  formation  crayeuse  du 
gouvernement  de  Moscou , composé  de  craie  dure  , de  grès , de 
marnes  en  partie  coquillières.  Ce  dépôt  forme  un  plateau  dans  la 
partie  nord  -du  gouvernement  de  Toula  jusque  dans  les  mont9 
\y aidai,  et  il  est  couvert  de  sable  rempli  de  zoophytes  pétrifiés.  Iï 
y cite  des  Favosites,  des  Rètépores , des  Astro'ites , des  Ortho~ 
cères , des  Bélemnites  , des  Ammonites , etc. 

L'ouvrage  de  M,  Erdmann  sur  plusieurs  endroits  de  la  Russie 
est  déjà  beaucoup  plus  ancien.  Dans  le  Journal  des  mines 
russe,  on  trouve  depuis  1.828  un  grand  nombre  de  document 
géologiques  , dont  l’analyse  m’entraînerait  trop  loin  , et  dont 
je  crois  cependant  utile  de  donner  les  titres.  Ce  sont  ; des 
Recherches  géôgnostiqües  dans  F arrondissement  de  Sarskoselo  , 
près  de  S L -P  été  rs  bourg 9 par  M.  Sokolov  (Jauni,  des  min . ,n°u 


DE  LA  GEOLOGIE  ÉN  l83o  ET  lS5l.  l65 

i85o)  ; un  mémoire  sur  les  environs  de  la  rivière  d'Onega  en  In - 
grie,  par  M.  Foulon  (dito,  n°i,  i85i) ; une  Esquisse géognostique 
du  bord  occidental  du  lac  Onega , par  M.  Boutenev  (dito , n*  5 
»83o);  un  Relevé  géologique  du  gouvernement  de  Nowogorod, 
par  M.  Olivieri  (dito , n°  3,  1 85 1)  ; un  Mémoire  sur  le  gou- 
vernement de  Voitsk , par  M.  Gramattchikov  ; un  autre  sur 
les  mines  d' Ononoketz  (n°  4,  i83o)  ; un  long  Mémoire  sur  les 
dépôts  et  les  houillères  des  bords  du  Donetz , par  M.  Kova- 
levski  (n08  î , 2 et  5,  1829);  un  autre  sur  la  géologie  de  V oyarsk, 
par  M.  Parandov  (n°  1,  1828);  une  autre  sur  les  mines  d'O- 
lonetz , par  M.  Butenev  (n°  (\,  1B28);  une  Coupe  géognostique  des 
mines  sur  les  bords  du  Don,  par  M.  Syrochvatov  (n°  5,  1828)  ; 
une  description  et  une  carte  géologique  des  bords  du  Don 
et  du  Donetz , près  de  leurs  débouchés  dans  la  mer  d'yjzow , 
par  M.  Olivieri  ( Journ . des  Mines , n°  2,  i83o).  Celte  contrée 
est  composée  de  terrain  houiller,  de  grès  bigarré,  de  grès  et  de 
calcaire  secondaire,  de  calcaire,  grès  et  sable  tertiaire  coquillier 
et  de  marne;  une  description  du  gîte  de  tripoli  dans  le  gou- 
vernement de  Koursk  et  des  environs  de  ce  gisement,  par 
M.  Olivieri  (dito  n°  2,  i85o);  un  relevé  géologique  de  la  rive  droite 
du  IVolga , de  Samara  jusqu'à  l'extrémité  du  gouvernement  de 
Saratov , par  M.  Chirokchin  (dito,  n°  3,  i83o)  ; on  Mémoire 
sur  les  houillères  du  gouvernement  d'Ecatharinoslavsk  et  de 
Tangarog , par  M.  Olivieri  (n°  6,  1828);  des  Observations  géo- 
logiques sur  les  environs  des  mines  d'Igor , par  MM.  Gauriev  et 
Dmilriev  (n°  10,  1828);  un  V oyage  minéralogique  en  Prusse,  en 
Silésie  et  en  Gallicie , par  M.  Kuhn  (n°  4?  1829);  une  Description 
géologique,  du  canton  de  Chilkin,  par  M.  Kovrighin,  avec  un  carte 
géologique  d’après  laquelle  le  pays  est  composé  de  granité  en 
partie  porphyrique , de  siénilc,  de  porphyre,  de  gneiss,  de 
schiste  micacé  ou  argileux,  de  calcaire  et  de  grauwacke  (n°  6, 
1829)  ; une  Esquisse  minéralogique  intéressante  du  littoral  de  la 
Crimée , tirée  de  la  description  de  M.  Kosin  (n°  5,  1828);  des 
détails  sur  le  lac  salé  d’Inder,  par  M.  Hermann  ; la  Découverte 
des  sables  aurifères  de  JValadimir  (n°  6,  1828);  celle  des  mines 
d'or  dans  le  gouvernement  de  Toinsk  (n°  2,  1829). 

Nous  avons  eu  successivement  sur  Y Oural  et  ses  richesses 
aurifères  deux  brochures  de  M.  d’Engelhardt,  l’une  sur  le  gisement 
du  platine  et  de  for , et  l’autre  sur  celui  du  diamant , gemme 
qu’il  voudrait  placer  dans  le  talc  schiste  (en  allemand  et  dans 
le  Journal  des  mines  russe,  n°  8,  1829;  n°6,  i83i).  Ensuite 


i64  RÉSUMÉ  DES  PROGRÈS 

a paru  le  tableau  de  V Oural , par  M.  Knpfer  ( Ann . des  sciences 
nat.  décemb.  1829,  et  Ann.  de  chimie,  vol.  17,  cab.  4)-  De  plus, 
on  trouve  dans  le  Journal  des  mines  russe , un  mémoire  sur  la 
houille  de  l'Oural  ( Journal  des  mines  russe , n°  4?  1828), 
des  recherches  sur  V arrondissement  d' Ekaterinenbourg , par 
M.  Chaikovski,  une  description  des  gîtes  diamantifères  près 
de  Vusine  de  Biserke  dans  les  domaines  de  la  comtesse  Po- 
lie t , par  M.  Karpov  {dito , n°  4 » ï83o)  , cl  une  description  et  une 
carte  géologique  des  environs  de  l'usine  de  Yongovsk , par  M.  Sa- 
moilov  ( dito , 6,  i83o)  ; une  description  et  une  carte  géologique 
des  bords  de  la  Toura  , par  M.  Protasov  , sur  laquelle  on  a tracé 
le  gisement  des  mines  de  cuivre,  métal  associé  avec  du  fer  et 
du  grenat,  et  entre  des  dioriles  et  du  calcaire  grenu  comine  dans 
le  Bannat  (J ourn.  des  mines  russe , i83o). 

Récemment  MM.  de  Helmersen  et  E.  Hoffmann  ont  visité  la 
partie  méridionale  et  S. -O.de  celte  chaîne,  et  viennent  de  publier 
leurs  observaions  ; MM.  de  Humboldt  et  Rose  ont  vérifié  avec 
eux  une  partie  de  leurs  observations.  Yous  savez  que  les  dépôts 
métallifères  de  V Oural  se  trouvent,  comme  dans  le  Bannat  sur- 
tout, au  milieu  d’un  terrain  schisto-talqueux,  en  amas  et  en  ré- 
seaux au  contact  des  roches  pyrogènes,  telles  que  la  serpentine, 
la  diorile,  la  syénite,  et  que  les  calcaires  compactes  y sont  aussi 
changés  en  marbre.  Vous  connaissez  aussi  la  structure  de  cette 
chaîne  dont  la  pente  est  si  douce,  surtout  sur  le  côté  européen, 
et  dont  le  granité  et  les  matières  d’épanchement  sont  sur  son 
revers  oriental.  La  présence  de  l’or  dans  les  serpentines  est  un 
fait  nouveau;  celle  du  platine,  de  l’iridium  et  du  diamant  dans 
les  débris  de  ces  montagnes  est  encore  plus  intéressante.  Là  , 
comme  au  Brésil,  les  schistes  talqueux  et  quarzeux  sont  l’un  des 
gîtes  de  l’or.  Les  plus  grandes  masses  d’or  et  de  platine  ayant 
été  naturellement  sublimées  au  milieu  des  portions  les  plus  supé- 
rieures des  roches,  la  destruction  de  ces  dernières  a disséminé 
ces  pépites  ou  morceaux,  dont  la  grosseur  paraît  surpasser  tout 
ce  que  l’on  rencontre  dans  les  filons. 

Deux  Anglais,  MM.  Morton  et  Webster,  ont  publié  en  i83o  leurs 
voyages  en  Russie,  le  premier  scus  le  titre  de  Travelsin  Russia , 
et  l’autre  sons  celui  de  Travels  through  Crimea  (2  vol.).  On  vient 
de  lire  à la  Société  géologiquede  Londres  un  mémoire  sur  la  par- 
tie méridionale  de  la  Crimée y et  M.  le  docteur  Brunner  de  Berne 
a parcouru  la  Russie  méridionale  jusqu’au  Caucase. 

Je  ne  ferai  que  rappeler  le  voyage  de  M.  de  Humboldt , se» 


DE  LA  GÉOLOGIE  EN  ï 83o  ET  1 85  1 . 1 65 

lettres  à M.  Arago,  et  son  mémoire  sur  les  chaînes  et  les  volcans 
del’Asie  centrale.  Le  monde  savant  attend  avec  impatience  toute 
la  relation  du  voyage  de  M.  de  Humboldt  et  la  partie  minéralo- 
gique qui  doit  être  rédigée  par  M.  G.  Rose. 

Dans  le  Journal  des  Mines  russe,  je  trouve  à signaler  pour 
la  Sibérie  une  description  géologique  de  la  vallée  d’ O non- B or- 
sinsk , par  M.  Taskin  ( Journ . des  mines , n°  7 et  8,  1829).  Uans 
ce  mémoire  fort  détaillé  et  accompagné  d’une  carte  géologique, 
l’auteur  décrit  les  roches  granitiques,  porphyriques,  schisteuses 
et  houillères  du  pays,  ainsi  que  leurs  amas  et  filons  de  minerais 
ou  de  minéraux  ; 

2°  Un  coup-d’œil  sur  les  environs  de  Doudergovsk  et  les  mon- 
tagnes voisines , par  M.  Arseniev  [Journ.  des  mines , n°9,  1829). 

3’  Une  description  de  la  chaîne  Adouchilon , par  M.  Koulibin 
(Journ.  des  mines , n°  10,  1829).  Les  deux  cartes  , qui  accom- 
pagnent cette  notice,  indiquent,  dans  ces  montagnes,  du  granité, 
du  schiste  siliceux,  du  schiste  argileux,  de  la  grauvvacke  et  du 
porphyre. 

4°  Une  description  géologique  de  la  vallée  de  Ichaginskoi , 
près  de  la  rivière  Argin,  par  le  même  savant.  D’après  la  carte, cette 
vallée  serait  composée  de  granité,  de  gneiss,  de  schiste  argileux 
et  de  porphyre  (Journ.  des  mines , n°  11  , 1829). 

5°  Une  notice  sur  le  gîte  du  jaspe , dans  le  mont  Revncva , dans 
V Allai  encore  par  le  même  savant  (J.  des  mines , n°  11,  1829). 

6°  Une  description  des  montagnes  sur  les  bords  de  la  rivière 
de  Gasiïnour,  par  M.  Melechin  (Journ.  des  mines , n°  12,  1829). 

70  Une  description  des  montagnes  qui  s'étendent  le  long  de  la 
rivière  d’Ouroulunga,  par  M.  Rik  (dito\ 

8°  Une  notice  sur  les  alluvio  ns  aurifères  de  U Allai  ( dito , n°  4* 
i83i,  et  mes  Mémoires  géologiques  vol.  I). 

On  sait  que  M.  le  docteur  Ermann  de  Berlin  a traversé  toute 
l’Asie  septentrionale , a passé  dans  l’Amérique  russe,  et  est  re- 
venu par  mer  en  touchant  à Olaïti  et  Rio-Janeiro.  Ses  lettres, 
datées  de  Sibérie,  finit  vivement  desirer  la  publication  de  toutes 
ses  observations  géologiques  sur  le  nord  de  l'Asie,  les  îlesAléoutes 
et  la  Californie.  Elles  seront  accompagnées  de  remarques  sur  la 
température  des  inities,  des  sources  et  de  la  surface  de  la  mer, 
d’une  carte  géognoslique  d’une  partie  de  la  Sibérie  et  du  Kamt- 
schalka  et  d’un  profil  des  montagnes  de  cette  dernière  contrée. 
La  partie  historique  du  voyage  sera  enrichie  de  quatre  vues  des 
mêmes  chaînes,  d’une  vue  du  volcan  de  Schwiweloutschi 


RÉSUMÉ  UES  PROGRÈS 


166 

de  celle  du  yolcan  de  Kiioutschewsk  ( Positions  géographiques 
de  VObi,  depuis  Tobolsk  à la  mer  glaciale,  1832). 

MM.  Ledebour,  Meyer  et  Bunge  ont  voyagé  dans  les  chaînes 
appelées  par  les  géographes  Allai  et  Koliwan , et  leurs  notes 
géologiques , revues  par  M.  d’Engelhardt , forment  un  appendice  à 
la  relation  de  leur  voyage  b oîanico-géo graphique.  Les  phéno- 
mènes offerts  par  les  filons  granitiques  se  rencontrent  dans  ces 
montagnes  sur  une  grande  échelle,  et  ce  voyage  a rectifié  le9 
données  publiées  par  Henovanz. 

M.  le  docteur  Hess  a visité  les  contrées  à l'est  du  lac  Baïkal 
( Zeitsch.  de  Leonard ; Journal  des  mines  russe , n°  3,  1.828,  et 
Mémoires  de  Vacadémiede  Saint-Pétersbourg,  séance  du  16  nov. 
1829).  M.  E.  Hoffmann  a publié  les  observations  qu’il  a faites 
sur  le  pays  volcanisé  du  Kamtschalka , sur  lequel  M.  Ermann 
nous  donnera  encore  des  détails.  On  se  rappelle  la  description 
du  très  petit  volcan  de  Kosima  , par  M.  Tiîesius.  M.  de  Hedens- 
trom  , qui  a parcouru,  il  y a quelques  années,  la  côte  maritime  de 
la  Sibérie , va  publier  sa  relation  de  voyage  dans  laquelle  il  don- 
nera des  détails  curieux  sur  cette  immense  quantité  d’os  d’élé- 
phans,  de  buffles,  etc.,  qu’il  a trouvés  au  milieu  des  glaces. 

Un  voyage  fait  en  181 5 par  MM.  Genz,  Teofiiatiev  et  Tche- 
kiaiov,  dans  la  Steppe  des  Kirghis,  a donné  lieu  à un  Essai  miné- 
ralogique sur  ces  pays  inconnus  jusqu’ici  [Go  moi  journal  1829  , 
n°  5 , et  Journal  de  géologie ).  Vous  vous  rappelez  que  les  expé- 
ditions russes  à Buchara  et  à Khiva  nous  ont  déjà  fourni  des  ren- 
seignemens  précieux  sur  une  vaste  étendue  de  l’Asie , et  nous  y 
ont  fait  connaître  non  seulement  la  nature  du  sol  tertiaire  très 
récent,  mais  encore  des  dépôts  secondaires  en  partie  coquilliers , 
et  des  montagnes  dioriliques  ou  porphyriques.  Le  docteur  Evers- 
mann , qui  a été  de  ce  voyage , en  a fait  de  nouveaux  sur  les 
bords  septentrionaux  de  la  mer  Caspienne. 

Il  paraît  que  MM.  Eichwa!d,de  Hehnersen  etE.  Hoffmann  ont 
aussi  bien  observé  les  rives  des  mers  Caspienne  et  d’Aral,  qui 
sont  un  énorme  affaissement  de  la  croûte  terrestre  dont  le  niveau 
est  plus  bas  que  celui  de  la  mer  Méditerranée  et  de  l’Océan. 

M.  Hermann  a donné  quelques  observations  sur  les  dépôts 
tertiaires  au  pied  du  Caucase.  Ces  roches,  qui  recèlent  les  co- 
quilles encore  vivantes  des  mers  Noire  et  Caspienne,  reposent 
quelquefois  à 2,5oo  pieds  d’élévation  absolue  sur  le  calcaire 
jurassique  recouvert  d’un  système  crayeux,  arénacé,  marneux, 
et  elles  s’élèvent  à 5^ooo  pieds.  JU  a observé  aussi  des  coquille» 


DE  LA  GEOLOGIE  EN  l83o  ET  1 83 1 . 16^ 

perforantes  et  d’eau  douce  dans  ces  couches  rehaussées.  Il  en 
conclut  que  le  Caucase  n’a  pris  son  relief  actuel  qu’après  leur 
formation.  M.  Eichwald  a imprimé  on  préparé  un  ouvrage  sur 
le  périple  de  la  mer  Caspienne,  dont  il  décrira  les  vastes  dépôts 
tertiaires  ainsi  que  les  curieuses  salses  qu’il  regarde  comme  de 
petits  volcans  réels  à cause  de  leurs  produits,  de  leurs  effets,  et 
des  blocs  rejetés  de  roches  anciennes. 

M.  Gouriev  a publié  des  recherches  géologiques  faites  eu  1829 
pendant  un  voyage  de  Kasachshoi  à Chamichadilskoi , dans 
V arrondissement  d’ Elisahethpol  au  Caucase.  L’auteur  donne  une 
carte  et  des  coupes  géologiques,  et  décrit  le  pays  sur  la  rivière 
Koura  noire  , près  du  lac  Gotchi , comme  composé  de  la  diorite, 
d’amygdaloïde,  de  porphyre,  de  porphyre  syénitique,  de  tra-. 
chyte,  de  basalte  et  de  calcaire  [Gornoi  Journal,  n°  10,  i83o). 

M.  Barozzi  de  Els  a décrit  l’éruption  boueuse  qui  a eu  lieu 
en  juin  i83o,  dans  le  mont  BozTépé,  près  de  Bakou  {dite.  n°  6, 
i83o).  Cette  salse,  au  milieu  d’un  sol  subapennin,  a lancé  beau- 
coup de  grosses  pierres  appartenant  à ce  terrain.  Il  y a eu  ensuite 
des  détonations,  des  éructations  argileuses,  enfin  un  affaisse-* 
ment.  L’hydrogène  carboné  était  un  des  principaux  agens  du 
phénomène, le  chlore  et  l’hydrogène  sulfuré  n’y  étaient  qu’acci- 
dentellement,  des,  sels,  du  soufre,  et  l’oxide  de  fer  se  trouvent 
dans  des  sources  de  la  montagne. 

Le  Caucase  central  a été  visité  par  MM.  Kupfer,  Hermann  et 
le  docteur  IHeljubin,  qui  ont  déjà  chacun  publié  quelques  notes,  sa- 
voir : le  preuiiersur  son  ascension  du  mont  trachilique  de  l’Elbrouz, 
et  les  autres  des  notes  sur  les  environs  des  bains,  au  pied  nord 
de  la  chaîne.  C’est  à MM.  d’Engclhardt , Perrot,  lleinegg,  Frey- 
gang  et  Klaproth,  que  nous  devions  jusqu’ici  nos  notions  sur  la 
constitution  géologique  de  cette  vaste  chaîne. 

II  y a dans  le  Journal  des  mines  russe  (i83o,  n°  2)  des 
Recherches  minéralogiques  sur  les  environs  de  la  colonie  Moux - 
Ravan  en  Géorgie , et  sur  les  mines  d’argent  et  de  cuivre  d’Ellah - 
verdi,  dans  le  même  pays. 

M.  Voskoboinikov  adonné  une  description  minéralogique  des 
environs  du  fort  Diadin  sur  V Euphrate , dans  la  Turquie  asia- 
tique [J oiirn.  des  mines  russe , n°  8,  1829,0!  mes  Mêm.  géoL  v.  I)« 

En  Arménie  on  a examiné  des  mines  de  sel  gemme  qu’on 
trouve  décrites  dans  le  11®  12  du  Journal  des  mines  russe  pour 
1828.  Des  mines  de  «outre,  d’arsenic,  de  plomb, d’argent  et  de 
cuivre  y ont  aussi  excité  l'attention. 


s 68  RÉSUMÉ  DES  PROGRÈS 

MM.  Kuhn  et  Berozzi  de  Els  ont  donné  une  description  geo/o- 
gtque  de  certaines  contrées  de  /* Arménie  dans  les  environs  du 
lac  de  Goklchi  ( Journ . des  mines , n°  2 , 1829),  pays  où  abon- 
dent les  roches  et  même  les  verres  volcaniques. 

L’on  sait  que  M.  Barrot  et  d’autres  savans  ont  escaladé  l’A- 
raral;  ces  sommités  volcaniques  sont  couvertes  de  ponce  et 
d'obsidiennes. 

* Depuis  les  rapports  de  MM.  Fraser  et  Monteith,  nous  n’avons 
guère  eu  de  renseignemens  géologiques  sur  la  Perse.  Sur  le  bord 
du  lac  Ourmiah  on  a indiqué  des  roches  primaires  du  calcaire 
grenu,  etc.  Le  Liban  nous  est  maintenant  connu  grâce  à 
M.  Botta  fils,  les  renseignemens  donnés  par  les  missionnaires 
américains  étant  très  vagues. 

La  Finlande  a été  examinée  par  M.  Nils  Nordenskiold , qui 
nous  en  promet  une  description  plus  complète  que  celle  de 
M.  d’Engelhardt.  Un  mémoire  sur  ce  pays  est  dans  le  Journal  des 
mines  russe  ( 1 828 , n"  11). 

M.  Foulon  a publié  un  voyage  minéralogique  de  Petrosavodska 
à V usine  de  Kontche  [dito , n°  2,  1 83 1) . 

M.  Koulibin  a fait  des  recherches  sur  les  gîtes  aurifères  sur 
VOpon  ( Journal  des  mines  russe , n°  1,  i83o).  M.  Kovrigbin, 
sur  les  mines  d’étain  d’Oponsk  {Dito,  n°  4 , i83o).  Sa  carte 
indique  dans  celte  contrée  du  granité,  du  gneis,  du  schiste  mi- 
cacé , des  schistes  argileux  primaires  et  intermédiaires. 

En  Suède,  je  ne  trouve  ù noter  qu’un  catalogue  français 
des  fossiles  de  ce  pays  parM.  Hisinger,  et  un  mémoire  de  M.  Pin- 
gel  sur  les  roches  intermédiaires  de  Bornholm.  Vous  savez  qu’en 
1825  ce  dernier  savant  décrivit  le  grès  vert  ou  charbonneux  de 
cette  île.  Ce  mémoire  fut  le  résultat  d’un  voyage  exécuté  par  le 
prince  Chrétien  de  Danemark,  avec  MM.  le  comte  de  Yargas  et 
Forchhainmer.  Il  s’agissait  de  déterminer  le  gîte  véritable  de  cer- 
tains minerais  de  fer.  Dans  son  second  mémoire,  il  parle  du 
schiste  argileux,  et  du  calcaire  intermédiaire  à E ntomo  s tracées  t 
Graplolithes  et  Trilobites , ainsi  que  d’une  espèce  d ’arkose  ( Tid~ 
skriftfor naturvidenskaberne.  Cah.  i5,  1828). 

Cette  île  avait  déjà  fait  le  sujet  de  plusieurs  mémoires  plus  an- 
ciens et  dus  à MM.  Hisinger,  Garlieb  et  Esmark.  L’ile  voisine 
d'Oeland a été  décrite  aussi  par  MM.  Wahlenberg  et  Hisinger. 

Les  géologues  du  Danemark , soutenus  par  les  encouragemens 
et  le  goût  du  prince  Chrétien , pour  les  sciences  minéralogiques, 
continuent  leurs  observations  sur  la  géologie  des  îles  et  du  conti* 


de  la  géologie  en  ï85o  et  i83i.  16g 

lient  danois,  si  MM.  Forchhammer,  Brecîsdorff  (professeur  de  mi- 
néralogie, à Soroe,  en  Zélande),  tardent  à réaliser  leur  projet 
d’exécuter  une  carte  géologique  du  Jutland,  du  moins  leurs 
observations  pourront  servir  à colorier  géologiquement  la  carte 
départementale  du  Danemark,  dont  le  gouvernement  danois  a 
commencé  le  relevé.  MM.  le  docteur  Pingel  et  Forchhammer  ont 
commencé  la  publication  de  mémoires  géologiques  sur  le  Jutland. 
Celui  de  M.  Pingel  décrit  la  partie  nord  ouïes  alluvions  anciennes 
du  Vendsyssel  ( Tidshrift , etc.,  n°  14),  celui  de  M.  Forchhammer, 
inséré  dans  le  5e  volume  des  Mémoires  de  la  Société  d’histoire 
naturelle  de  Copenhague  ( Kongl . Danske , etc.),  traite  delà  côte 
occidentale  du  Jutland;  il  y décrit  divers  sables  en  partie  à 
kaolin,  et  des  marnes  micacées  et  coquillières  du  sol  tertiaire.  11 
ne  donne  que  le  nom  générique  des  fossiles.  Plus  anciennement, 
M.  Forchhammer  avait  parlé  d u gypse  du  SegchcrgeX  de  la  Zélande, 
et  de  ses  roches  crayeuses  particulières  ( Mémoire  de  V Acadé- 
mie des  sciences  pour  i8a5),  ainsi  que  de  Vile  de  Syll  ( Mémoire 
de  l’Académie  des  sciences  de  Copenhague  pour  1828). 

L’île  de  Helgoland , au  débouché  de  l’Elbe,  a été  visitée  ces 
dernières  années  par  M.  F.  Hoffmann,  qui  y a reconnu,  outre  la 
craie , des  grés  secondaires. 

En  Nonwège , M.  Estnark  a publié  des  détails  intéressans  sur 
le  gisement  d’immenses  amas  de  porphyre  et  de  roches  granitoi - 
des  au-dessus  du  sol  intermédiaire  de  certaines  contrées  monta- 
gneuses peu  connues.  ïî  a donné  à des  roches  chlorileuses  et  quar- 
zeuses  comme  celles  d’Ecosse,  le  nom  de  Sparagmitc.  M.  Eve- 
rell,  Anglais,  a inséré  quelques  observations  géologiques  dans 
son  voyage  en  Norwège  et  en  Laponie.  M.  Bobert,  établi,  près 
de  Christiania,  a retrouvé  dans  ce  pays  les  diorites  perçons 
comme  au  Harz,  enfilons  et  filons  couches,  le  schiste  intermé- 
diaire. M.  Keilh.au  n’a  publié,  en  1800,  à Christiania,  que  des 
Esquisses  topographiques  de  ce  pays.  L’on  connaît  sa  notice  géo- 
logique sur  les  roches  secondaires  et  basaltiques  d’une  partie  du 
6 pitzberg  et  des  îles  de  Cherry  ; on  est  étonné  que  le  zèle  de  la 
géologie  aille  jusqu’à  pousser  les  savons  dans  ces  régions  glaciales. 

Je  dois  rappeler  que  ce  savant  est  encore  du  très  petit  nombre 
des  géologues  qui  n’adoptent  pas  la  théorie  huttonienne  pour  les 
roches  granitoïdes,  quoique  son  bel  ouvrage  sur  les  environs  de 
Christiania  soit  plein  de  faits  à l’appui  de  cette  doctrine.  Il  croit 
à la  formation  contemporaine  des  filons  et  des  roches  qui  les  con- 
tiennent. 


1JO  RÉSUMÉ  DES  RRO.GRÈS 

Enfin,  M.  Beck,  conservateur  du  cabinet  paléontologie  du 
prince  de  Danemark,  à Copenhague,  s’occupe  avec  zèle  de  la 
détermination  des  fossiles  Scandinaves.  Il  faut  espérer  qu’il  ren- 
dra moins  sensible  la  mort  de  M.  Dalman,  à qui  la  science  doit 
des  monographies  sur  les  trilobites  et  1rs  térébratules  ( Mémoires; 
de  l’Académie  de  Suède  pour  1824,  et  1827). 

L’Islande  a de  nouveau  fixé  l’attention  de  M.  le  comte  Vargas- 
Bedemar,  qui  est  du  petit  nombre  de  ceux  qui  ont  cru  y aperce- 
voir des  roches  altérées  par  la  voie  ignée  ( On  vulcaniske  pro- 
ducter , p.  9,  1817).  La  structure  géologique  générale  de  cette 
île  nous  est  assez  bien  connue  par  les  ouvrages  de  MM.  Macken- 
sie  , Henderson , Hoocker , Garlieb,  etc.  ; et  les  îles  de  Feroë  ont 
été  revues  par  M.  Forchhammer,  et  dernièrement  par  M.  le 
comte  de  Piaben.  Le  premier  a déjà  publié  ses  observations  dans 
les  archives  de  Karsîen. 

Pour  Y Afrique,  les  années  i83o  et  1 83 1 nous  ont  fourni  des 
notices  intéressantes  sur  les  états  du  pacha  d’Egypte.  MM.  Rup- 
pell  et  Ehrenberg  ont  complété  les  rapports  publiés  par  M.  Cail- 
laud,  et  la  commission  scientifique  d'Egypte.  Le  voyage  de 
M.  Ehrenberg  a fait  connaître  surtout  les  contrées  de  l’Oasis  de 
, Siwah,  et  les  calcaires  coquillier s du  plateau  du  désert  entre  ce 
point  et  la  vallée  du  Nil.  Les  données  sur  F Arabie-Pélrée,  et 
quelques  îles  de  la  mer  Rouge,  sont  aussi  fort  intéressantes;  et 
sa  carte  géologique  est  la  première  esquisse  d’une  portion  de 
l’Afrique  continentale.  M.  Iluppeli  a aussi  parlé  de  la  géologie  de 
V Arabie-P étrée  et  de  celle  du  Kordofan , où  il  n’y  a que  des 
roches  primaires 9 des  grès  secondaires  et  des  dépôts  tertiaires » 

La  mort  prématurée  de  M.  Brocchi  nous  a privé  de  la  publica-* 
tion  des  nombreuses  observations  qu’il  avait  faites  dans  les 
-mêmes  contrées. 

M.  llozet,  au  péril  de  sa  vie,  nous  a fait  connaître  une  partie 
du  pays  d’Alger.  Ses  courses  dans  V Atlas  et  à Oran  sont  de  véri- 
tables conquêtes  pour  la  science.  Si  le  lias  reconnu  dans  l’Atlas, 
et  le  terrain  subnpennin,  à Alger,  sont  des  faits  curieux,  le 
gîte  des  poissons  marins  d’ Oran,  différent  de  celui  d’Âix,  et  sem- 
blable à un  de  ceux  du  Liban,  ne  l’est  pas  moins. 

Le  nouveau  journal  du  Cap  de  Bonne- Espérance  contient  déjà 
quelques  notices  sur  cette  partie  de  l’Afrique.  Les  environs  du  Cap 
nous  ont  été  décrits,  il  y a plusieurs  années,  par  M.  Macdonald. 
M.  Verreaux  vient  de  rapporter  quelques  minéraux  du  pays  des 
Galfres. 


DE  LA  GÉOLOGIE  EN  1 85o  ET  1 85 1 . 1^1 

Vous  savez  que  le  reste  de  nos  documens  sur  l’Afrique  se  ré- 
duisent à quelques  notes  sur  la  Cyrénaïque,  par  MM.  de  la  Cella 
et  Beechey,sur  la  rouie  de  Tripoli  au  lac  Tchad,  par  MM.  Clap- 
perton  et  Laing,  sur  le  Sénégal  ( Annales  des  mines) , sur  Sierra- 
Leone  , par  M.  Bierley,  sur  le  Congo  , par  MM.  Tuckey  et  Smith. 

M.  Murray  a réuni  dernièrement  tous  les  documens  géographi- 
ques sur  les  différentes  parties  de  V Afrique  ; et  M.  le  professeur 
Jameson  y a ajouté  un  résumé  des  observations  géologiques . 

Dans  ces  dernières  années,  M.  Buckîand  adonné,  d’après 
M.  Farquharson,  quelques  renseignemens  sur  la  géologie  de 
Madagascar , MM.  Bowdich  et  Colebrooke  sur  les  îles  du  Cap - 
Vert , et  MM.  de  Bucli,  Bennett  et  Alison,  sur  les  Canaries . 

Aux  États-Unis  la  géologie  prend  de  plus  en  plus  faveur,  té- 
moin les  nombreux  travaux  géologiques  qui  sont  publiés  journel- 
lement dans  ce  pays,  et  la  rapidité  avec  laquelle  s’y  succèdent 
les  traductions  d’ouvrages  classiques  européens.  MM.  Jackson  et 
Alger  nous  ont  donné  la  carte  et  la  géologie  de  la  Nouvelle-Ecosse, 
Ce  pays  est  riche  en  roches  basaltiques  zooliliques , dépôt  rare  dans 
le  nord  de  l’Amérique.  M.  Geddes  a décrit  le  côté  sud  de  la  vallée 
de  V Ontario  ; M.  Shepard,  des  portions  de  la  Nouvelle- Angle- 
terre; M.  Morse,  les  Grauwackes  de  l’état  de  New-York;  M.  Henry, 
la  configuration  du  sol  de  cet  état  ; M.  Nash,  la  géologie  du  II amp- 
shire  {Amer.  J.  of  Sc.  v.  12).  MM.  Eaton  et  Silliman , les  dépôts 
anthracitifères  de  Pensylvanic  et  du  New-York;  M.  Silliman,  les 
effets  du  trapp  sur  des  grès  secondaires  [Amer.  J.  of  S.  ocl.  1829); 
M.  Elisha  Mitchell,  les  mines  d’or  alluvial  de  la  Caroline , qui 
avaient  déjà  occupé  MM.  Roth  et  le  professeur  Olmsted;  M.  Hil- 
dreth  , des  portions  de  l’Ohio;  M.  Joshua  Forman  , la  formation 
salifèrede  Salina;  M.  Finch , le  comté  du  Saint- Laurent  ; M.  Bon- 
nycastle,  le  sol  intermédiaire  de  Calaraqui;  M.  Morton,  le  grès 
vert  et  ferrugineux  du  Nouveau- Jersey  9 et  l'argile  tertiaire : dé- 
pôts dans  lesquels  il  a trouvé  plusieurs  fossiles  caractéristiques 
de  ces  formations.  Le  comté  d’Ontario  a offert  à Canandaigua 
des  jets  naturels  d’hydrogène  carboné.  Enfin,  les  dépôts  des  bords 
du  canal  Eric  ont  été  classés  de  nouveau  par  M.  le  professeur 
Eaton,  qui  n’a  pas  cru  y devoir  reconnaître  les  formations  éta- 
blies en  Europe,  et  qui  a donné  des  noms  nouveaux  non  seule- 
ment aux  terrains,  mais  aussi  à leurs  différentes  assises.  Heu- 
reusement, M.  Feasterslonough  est  venu  nous  donner  la  clef  de 
ces  dénominations  nouvelles  des  dépendances  du  sol  intermé- 
diaire et  secondaire.  U me  suffit  de  dire  que  M.  Eaton  distinguo 


172  RÉSUMÉ  DES  PROGRÈS 

trois  grauwackes  tant  secondaires  qu’intermédiaires  ; qu'il  parle 
du  lias  sans  faire  connaître  sa  place;  bref,  il  ne  donne  point  de 
synonymies  ,011  il  en  donne  de  fausses. 

Le  Canada  a été  examiné  ces  dernières  années  par  M.  le  doc- 
teur Bigsby,  et  va  l’être  encore  davantage  par  les  membres  des 
sociétés  de  Montréal  et  de  Québec.  M.  Big-by  nous  a donné  suc- 
cessivement d’intéressans  mémoires  sur  les  lacs  Supérieur,  Huron, 
Ontario , Erié , et  sur  les  environs  de  la  chute  du  Niagara.  Il  a 
complètement  confirmé  le  classement  proposé  par  M.  Feasters- 
tonaugh,  concernant  les  nouvelles  divisions  de  M.  Eaton.  Les 
grands  lacs  sont  entourés  de  terrain  primaire  et  trappéen , et  de 
terrains  arénacés  et  calcaires  de  la  classe  intermédiaire . Les 
sources  salées,  les  couches  marneuses  ou  ferrifères,  les  calcaires 
géodiquesou  coquilliers,  n’y  sont  que  des  accidens. 

Le  comlé  de  Saquenay  a occupé  M.  Stuart  ; et  les  environs  de 
la  chute  de  Montmorency,  M.  Green. 

M.  le  capitaine  Bonnycastle  a aussi  donné  une  notice  sur  la 
chute  du  Niagara,  tandis  que  le  capitaine  Bayfield  nous  a appris 
à mieux  connaître  les  alluvions  des  bassins  des  grands  lacs  du 
Canada,  et  en  particulier  du  lac  Supérieur. 

M.  Bair  a publié  quelques  notes  sur  Terre-Neuve;  M.  Baddeley 
a décrit  les  syénites  et  les  roches  primaires  de  la  côte  du  La- 
brador. 

Nous  n’avons  pas  eu  de  nouveaux  renseigncmens  sur  la  géologie, 
soit  du  nord-ouest  de  l’Amérique,  soit  du  Groënland,  depuis  les 
relations  des  voyages  de  MM.  Franklin  et  Richardson  dans  les 
premières  contrées,  et  de  MM.  Scoresby  et  Giesecke  dans  le 
second  pays.  M.  Jamcson  a réuni  tous  ces  documens  à la  suite 
d’une  relation  des  voyages  entrepris  dans  les  contrées  arctiques, 
publication  faite  par  M.  Murray.  M.  Pingel,de  Copenhague, 
vient  de  rapporter  beaucoup  de  roches  du  Groënland  occi- 
dental, où  il  avait  été  envoyé  .avec  une  expédition  pour  retrouver 
les  anciennes  colonies  qui  ont  existé  dans  ce  pays. 

Vous  connaissez  tous  le  résultat  des  voyages  dans  l’intérieur 
de  l’Amérique  septentrionale  et  aux  montagnes  rocheuses  par 
MM.  Schoolcraft,  Nutail,  Keating,  Lew,  Clarke,  et  Long. 
Quelques  nouveaux  détails  nous  sont  parvenus  sur  la  géologie 
des  bords  du  fleuve  Columbas  et  de  la  Californie  septen- 
trionale. 

Pour  la  Colombie , je  ne  trouve  à citer  que  les  notices  de  M.  de 
Uumboldt  sur  le  sol  sub-apennin  de  Carthagène,  et  en  général 


de  la  géologie  en  i83o  et  1801.  ï^3 

de  la  côte  de  la  Nouvelle-Grenade  et  sur  les  salses  de  Turbacoy 
genre  de  phénomène  que  ce  savant  croit  lié  aux  volcans.  Une 
formation  aréuacée  très  étendue  dans  La  Nouvelle-Grenade  est 
■classée  par  lui  dans  le  grès  rouge  secondaire.  Enfin  il  a donné  des 
aperçus  sur  les  bassins  du  Cauca  et  du  Funza  en  Colombie.  On 
y trouve  du  grès  liouiller,  un  dépôt  gypsijère  et  quelquefois  mu - 
riatiferc,  et  un  calcaire  secondaire  à poissons , à ammonites  et  ver- 
tèbres de  crocodiles. 

Le  dernier  volume  du  Voyage  au  Brésil , de  MM.  Spix  et  Mar- 
lias,  vient  d’être  mis  en  vente.  Les  trois  volumes  de  ce  bel  ouvrage 
sont  remplis  de  notices  géologiques  intéressantes.  Le  champ  de 
leurs  observations  n’a  pas  été  circonscrit,  comme  dans  le  cas  de 
MM.  Mawe,  Eschwege,  Schâffer,  Caldcleugh  et  autres,  à la  pro- 
vince de  Rio-Janeiro  , et  aux  districts  aurifères  et  diamantifères. 
Ils  ont  traversé  plusieurs  autres  gouvernemens,  et  ont  décrit  en 
particulier,  les  premiers,  la  Constitution  géologique  de  V immense 
bassin  du  fleuve  des  Amazones , occupé  surtout  par  un  dépôt 
de  keuper , avec  de  rares  lambeaux  d' aggrégats  coquilliers  rua - 
rins  et  des  îlots  granitiques  et  quarzenx  ; les  montagnes  calcaires 
près  du  St- François , leurs  cavernes  à os  de  Mégathérium  ; les 
dépôts  dioriliques  sur  la  frontière  des  provinces  de  Bahia  et  de 
>Saint-Francois , les  dépôts  de  lignites  de  la  côte  de  Bahia  , et  ses 
manias  coquilliers  élevés  et  abandonnés  récemment  parles  eaux  de 
da  mer , par  suite  du  soulèvement  du  continent . 

Il  est  fort  curieux  d’apprendre  que  le  phénomène  des  blocs  erra- 
tiques , et  même  les  dépôts  tertiaires,  sont  entièrement  étrangers 
iaux  plaines  du  fleuve  des  Amazones,  tandis  qu’ily  en  a des  traces 
(flans  le  bassin  colombien  de  l’Orénoque.  D’une  autre  part,  d’a- 
près ces  savons  bavarois , le  keuper  gypsifère,  mais  non  métal- 
lifère de  ces  plaines,  serait  le  même  dépôt  que  le  Tapanhaucanga 
aurifère  et  diamantifère,  encroûtant  les  montagnes  quarzo-lal- 
tqueuses  métallifères  de  Mineas-Geracs  et  d’autres  provinces  du 
.Brésil. 

Néanmoins  il  faut  observer  que  M.  de  Humboldt  place  parmi  le 
[grès  rouge  les  aggiégats  des  Llanos  de  l’Orénoque  et  de  la  ri- 
vière de  la  Madeleine,  et  que  M.  Rengger  n’a  guère  cru  voir  que  de 
4a  molasse  flans  les  plaines  du  Paraguay,  qui  paraissent  ne  faire 
'qu’un  tout  avec  celles  des  rivières  des  Amazones  et  de  l’Orénoque. 
La  partie  montagneuse  du  Brésil  aurait  donc  formé  jadis  une 
ümmense  île  iV  l’orient  des  Cordillières  des  Andes,  et  les  plaines 
4e  POrénoque,  du  fleuve  des  Amazones,  du  Paraguay  et  des 


174  RÉSUMÉ  DES  PROGRÈS 

Pampas,  une  fois  émergées,  n’auraient  plus  été  modifiées  que 
par  les  eaux  fluviatiles. 

Cette  considération  géologique  est  fort  importante  en  prin- 
cipe; car,  si  certaines  contrées  ont  été  abandonnées  pour  tou- 
jours par  la  mer  très  anciennement,  comme,  par  exemple,  après 
la  formation  du  grès  bigarré,  il  n’aura  pu  s’y  former  depuis  lors 
que  des  dépôts  lacustres,  fluviatiles  ou  terrestres,  qui,  malgré 
leur  nature  si  différente  de  celle  des  roches  déposées  sous  la 
mer,  leur  deviendront  parallèles  pour  i’ôge  de  leur  formation. 

M.  le  docteur  Pohl,  de  Vienne,  devrait  aussi  faire  connaître 
ses  remarques  géognostiques  sur  le  Brésil , pour  qu’on  en  puisse 
former  un  ensemble  avec  celles  des  voyageurs  précédens.  La 
collection  qu’il  a rapportée  du  Brésil  est  belle,  bien  classée,  et 
mérite  bien  de  ne  pas  rester  ignorée.  M.  Natterer,  autre  natu- 
raliste autrichien  envoyé  au  Brésil,  n’a  cessé  de  l’enrichir  jus- 
qu’à ce  moment;  et  MM.  Strauch  et  Regenhard  , ingénieurs 
des  mines,  achèveront  de  nous  faire  connaître  les  parties  abor- 
dables de  ce  vaste  empire.  II  est  bien  à regretter  que  M.  Les- 
chenault  n’ait  pas  pu  pénétrer  dans  l’intérieur  de  la  Guyane 
française , où  le  sol  paraît  primaire. 

Au  Pérou , M.  de  Rivero  a donné  une  carte  et  un  excellent 
mémoire  sur  les  environs  très  élevés  de  Pasco , où  il  y a des  mon- 
tagnes calcaires  et  des  mines  d’argent  et  d’autres  métaux  ( Journ . 
de  Lima ) ; il  n’a  négligé  que  la  détermination  exacte  des  fos- 
siles. Nous  aurons  incessamment  de  nouveaux  renseignemens 
6ur  les  volcans  des  Andes  du  Pérou,  puisque  M.  de  Humboîdt 
va  enfin  achever  son  V oyage  aux  régions  équatoriales.  II 
paraîtrait  qu’il  y réunira  les  observations  faites  dans  le  haut 
Pérou  par  M.  Pentiand,  qui  aurait  plutôt  dû  lui-même  nous 
donner  son  voyage.  M.  A.  d'Orbigoy  , maintenant  dans  cette 
contrée,  nous  en  rapportera  aussi  quelques  faits. 

M.  Maclure  s’est  établi , pour  quelques  années , à Mexico , et  a 
dit  quelques  mots  sur  la  géologie  du  pays.  MM.  Schiede  etDeppe 
ont  visité  le  volcan  d'Orlzaba  ( Hertha  1829),  mais  depuis  les 
belles  cartes  géologiques  de  V état  de  Mexico  par  MM.  Berghes  et 
Gérolt,  et  les  mémoires  de  MM.  Burkhart  et  Sartorius,  il  n’a  rien 
paru  de  saillant  sur  ce  pays,  à l’exception  de  deux  mémoires  im- 
portans  de  ce  dernier  géologue  ( Arch . de  Karsten , vol.  5).  Il  y 
décrit  divers  districts  miniers  avec  le  talent  qu’on  reconnaît  dans 
ses  mémoires  précédens,  et  de  plus  sa  Description  des  environs 
de  Ramos  transporte  le  lecteur  en  Hongrie.  On  y voit,  comme 


DE  LÀ  GÉOLOGIE  EK  l83o  ET  1 85 1 . 1 75 

dans  ce  pays,  le  sol  schisteux  intermédiaire  des  masses  Syéni - 
tiques  traversées  de  filons  argentifères , recouvertes  de  deux 
éruptions  trachy tiques , d’agglomérats  trachy  tiques  et  de  dépôts 
tertiaires , et  accompagné  çà  et  là  de  roches  basaltiques » I)’une 
autre  part,  autour  de  Catorze,  il  nous  montre,  comme  dans 
les  Alpes,  sur  les  schistes,  des  dépôts  arénacés  rouges  surmontés 
de  calcaires  ammonitifères  a filons  argentifères. 

M.  Burkhart  indique,  au  nord  de  Kamos,  des  roches  ter- 
tiaires et  des  laves  sur  le  terrain  schisteux  à filons  métallifères, 
et  il  a découvert  que  la  plaine  de  Salines,  à 6459  pieds  sur  la 
mer,  est  couverte  de  couches  tertiaires,  savoir,  d’agglomérat 
calcaire  , de  calcaire  à polypiers  et  dun  calcaire  tufacé.  L’eau 
potable  se  trouve  sous  ces  trois  masses  dont  on  ne  connaît  pas 
encore  le  mur.  Ne  serait-ce  peut-être  pas  une  argile  P La  grau- 
wacke  forme  les  montagnes  environnantes. 

Le  granité  est  très  rare  dans  la  partie  nord  du  plateau  mexi- 
cain; on  ne  le  connaissait  jusqu’ici  avec  du  gneiss  que  dans  la 
portion  méridionale  autour  d’Oaxaca  et  entre  Mexico  et  Aca- 
pulco; M.  Burkhart  l’a  retrouvé  au  nord  de  Guanaxuato,  près  de 
Comaiga,  et  dans  la  montagne  de  Penon-Blanco , où  cette  roche 
flanquée  de  grauwacke  s’élève  à 8917  pieds  anglais,  et  contient 
du  fluoré. 

Nous  avons  encore  à attendre  des  détails  bien  précis  sur  le 
Mexique,  soit  de  M.  Vanuxen,  soit  de  MM.  Lrbreich,  Sieze  et 
Schiëde  , tous  maintenant  voyageurs  stationnaires  dans  ce 
pays. 

Le  nivellement  de  l’isthme  de  Panama  a été  exécuté  et  a con- 
firmé une  différence  de  hauteur  entre  le  niveau  de  la  mer  Paci- 
fique et  des  eaux  du  golfe  Mexicain.  La  géologie  n’a  pas  recueiili 
d’autres  fruits  de  ce  travail;  elle  avait  clé  plus  heureuse  dans 
l’opération  semblable  faite , il  y a quelques  années,  par  le  gé- 
néral Orbegoso  sur  V isthme  de  Tehuantepec. 

Vous  vous  rappelez  que  le  capitaine  Ring  a donné  une  notice 
sur  les  côtes  de  la  Patagonie , près  du  détroit  de  Magellan.  La 
découverte  de  la  craie  et  du  grès  vert  dans  ces  contrées  est  un 
fait  curieux. 

M.  Gilies  a décrit  le  volcan  de  Pcùquènes  dans  les  Andes  du 
Chili.  M.  d’Orbigny,  qui  va  bientôt  revenir  en  France,  nous 
donnera  probablement  quelques  détails  géologiques  sur  les  deux 
derniers  pays  mentionnés,  dont  quelques  parties  ont  été  aussi 
décrites  par  MM.  Miers  et  Galdcleugh. 


RÉSUMÉ  DES  PROGRES 


l^G 

Les  voyages  de  WM.  Stevenson  et  Andrews  nous  ont  aussi 
fourni  quelques  renseignemens  sur  les  mines  de  l’Amérique mé- 
ridionale espagnole.  Quant  aux  Antilles,  M.  Wallon  a publié  en 
iSs5  un  rapport  sur  les  mines  de  la  division  orientale  de  Haïti. 
Dans  le  Journal  de  la  Havane , on  trouve  décrits  des  minerais  de 
fer  et  de  cuivre,  la  houille  de  Villa  Clara,  et  la  géologie  des  en- 
virons d’Àlquiza,  où  il  y a des  calcaires  coquilliers,  des  argiles, 
des  calcaires  tertiaires  et  du  gypse  [Biblioth.  univers . , avril 
1829).  Vous  savez  que  la  géologie  des  îles  de  la  Jamaïque , de 
MonlJ errât , de  Trinidad , de  la  Barbade  , d’ Antigua  et  des  An  • 
tilles  françaises,  nous  est  déjà  assez  bien  connue;  celle  de  Vile  Saint - 
Christophe , aussi  en  partie  volcanique,  a été  donnée  dernièrement. 

M.  Webster  a publié  quelques  notes  sur  la  terre  des  Etats  au 
sud  du  cap  Horn.  M.  Weston  a esquis.-é  la  géologie  d’une  partie 
de  Vile  Sainte-Hélène.  Nous  avons  eu,  il  y a quelques  années, 
des  détails  sur  la  constitution  des  îles  de  Y Ascension , de  Tristan, 
d* Acunha  , de  Timor , d* Albemarlc , de  Banda  , de  la  Nouvelle- 
Shetland  du  Sud.  M.  Bretero  nous  a appris  que  l’île  de  Juan 
Fernandez  n’était  composée  que  de  basaltes  sans  traces  de  vol- 
cans. 

M.  le  docteur  Macklot  a pénétré  dans  la  Nouvelle -Guinée , 
où  il  avait  été  envoyé  avec  M.  Rualten  et  Zippelius.  Cette  ex- 
pédition a visité  les  embouchures  des  rivières  Dourga,  la  Fausse 
Oclanata , l’üctanata,  la  Wameka,  l’île  d’Àiduma  , le  district 
de  Lobo  et  Morvara,  situé  sur  la  côte  occidentale.  Les  mon- 
tagnes s’y  élèvent  au  - dessus  de  la  ligne  des  neiges  perpé- 
tuelles; mais  celles  de  la  baie  de  Triton  n’excèdent  pas  5,too 
pieds;  les  chaînes  y sont  calcaires,  courent  du  sud-est  au  nord- 
ouest.  Le  calcaire  grenu  domine  et  repose  sur  un  autre  dépôt 
calcaire;  M.  Macklot  y a trouvé  des  fossiles  et  une.  vertèbre  d’un 
grand  animal.  Dans  l’intérieur  il  y a des  formations  argileuses, 
des  grauwaekes , des  grès  rouges , du  calcaire  intermédiaire  et 
primaire,  et  probablement  dt  s dépôts  volcaniques  à juger  par 
les  ponces  et  les  obsidiennes  charriées  par  les  rivières.  Les 
plaines  près  de  la  mer  sont  composées  de  sable  quarzeux  ou  de 
calcaire  composé  de  fragmens  de  coraux  blancs  et  rouges. 

Pendant  ma  visite  à Londres  en  1 83 1 , M.  le  docteur  Horsfebî  a 
eu  la  complaisance  démettre  sous  mes  yeux  une  Carte  géologique 
de  Banca  1 île  dont  le  sol  est  primaire  et  dans  laquelle  abondent 
les  granités , les  pegmalites , les  hyalomictes  slannifères  et  les 
gneiss . 


DE  LA  GEOLOGIE  EN  l83o  ET  1 83 1 . ] 77 

Les  roches  secondaires , les  schistes  et  les  syénitesdc  Swanriver 
et  de  Vile  de  Buache  à la  Nouvelle -Hollande  ont  été  décrites  par 
M.  Scott.  Dans  la  Ncuvelle-G  aUc->  c 1 }itd,on  a découvert  un 
'volcan  très  curieux  qui , si  l’on  en  croyait  les  rapports , tendrait 
seulement  à se  former  au  milieu  d’un  terrain  arénacé  près  duquel 
il  y a de  la  houille.  Malgré  les  détonations  et  les  mouvemens 
qu’il  paraît  causer,  la  chaleur  des  roches,  etc.,  il  ne  paraît  pas 
encore  sOr  que  ce  soit  un  volcan  véritable. 

Des  détails  sur  les  îles  volcaniques  de  Sandwich  ( TVoahoo , 
Morotoi,  Ranay , Mowee  et  Owhyhec)  ont  paru  dans  plusieurs 
journaux  américains  et  européens.  Ils  sont  dus  surtout  aux  mis- 
sionnaires Ellis  et  Goodrich  , et  à M.  Menzies-(Magaz.  de  Lon- 
don , n°  9).  M.  E.  Hoffmann  nous  a donné  quelques  notes  géo- 
logiques sur  les  mêmes  îles , sur  Olditi  et  les  environs  de 
Nootka  dans  V Amérique  russe , et  sur  la  côte  de  la  Californie. 
Enfin,  M.  Cordier  a présenté  un  résumé  des  observations  géo- 
logiques faites  par  V Astrolabe  sur  divers  points  de  V Amérique 
méridionale  et  de  V Océanie. 

En  i83o , les  mémoires  sur  les  possessions  anglaises  de  YInde 
ont  été  nombreux.  M.  Turnbnll  Christie  nous  a fait  con- 
naître le  pays  des  Marattes  ; M.  Hardie  le  Meywar ; M.  Frank- 
lin ( Trarts . géol.  et  Asiat.  researches ) les  mines  de  diamant  de 
Panna  et  les  districts  de  Sagar  et  de  Jebelpur ; M.  le  capitaine 
Coulthard,  le  trapp  de  Sagar;  M.  Macpherson  la  route  d'Hydra- 
bad  a Masulipatan  ; M.  Hardie,  celle  de  Raroda  à Udayapur ; 
M.  le  docteur  Govan , les  lalcschistes  et  les  schistes  du 
pays  entre  Sunlah  et  Fakho ; M.  Voysey,  la  géologie  des  mon- 
tagnes de  Silabaldi (Nagpur),  et  les fossiles  des  montagnes  de  Ga - 
wilgerh;  M.  Jenkins  a donné  une  Note  sur  les  mines  de  Nagpur  ; 
M.  Calder,  des  Observations  générales  sur  la  géologie  de  V Inde  ; 
M.  Jones  , une  Notice  sur  le  district  houiller  de  Jéria  à Sanan- 
pur  ; M.  Herbert,  des  Remarques  sur  les  dépôts  charbonneux  de 
Vlndc.  M.  Traill  a publié  des  renseignements  sur  le  Kamaon; 
M.  Eaton,  sur  VArracan;  M.  J.  Low,  sur  la  presqu'île  Malaise  ; 
et  la  géologie  de  V Himalaya  a occupé  MM.  Herbert,  Cautley, 
Colebrooke , Gérard  , Richardson  et  Govan.  Les  premiers  nous 
ont  fait  connaître  des  gîtes  de  gypse  en  partie  anhydre  et  de  li- 
gnite, et  les  derniers  voyageurs  ont  pénétré  jusque  sur  les  fron- 
tières du  Thibet,  et  ont  trouvé  à 17,600  pieds  au-dessus  de  la 
mer  des  champs  couverts  de  coquillages  aussi  frais  que  si  la  mer 
venait  de  les  laisser  sur  un  rivage.  Sur  les  frontières  du  Ludak 
Soc.  géol.  Totn.  II.  12 


378  RESUME  DES  PROGRÈS 

et  du  Bussahir,  les  roches  coquillieres  paraissent  atteindre  le  plus 
généralement  une  élévation  de  16,000  pieds  sur  l’Océan. 

Tous  ces  travaux  sur  l’Inde  nous  ont  fait  mieux  apprécier 
Y étendue  des  nappes  trappéennes  au  centre  de  la  Péninsule , et 
celle  des  granités  et  des  quarzites  de  la  portion  orientale.  Nous 
avons  appris  que  quelquefois  il  y avait  dès  coquillages  calcédo - 
niques  au  milieu  des  wackes.  La  découverte  du  grès  bigarré  sa- 
lifère  et  du  lias  dans  le  nord  de  V Inde  est  encore  une  autre 
conquête  récente.  II  est  important  d’avoir  des  détails  circon- 
stanciés sur  les  houillères  de  l’Inde  et  sur  leur  liaison  probable 
avec  des  calcaires  et  des  grès  plus  anciens,  comme  en  Angleterre. 
MM;  Turnbull  - Christie  et  Jones  nous  ont  décrit  un  singulier 
dépôt  argileux  alluvial  sous  le  nom  de  Latente.  Ne  serait-ce  pas 
un  détritus  trappéen  on  basaltique?  Il  est  très  intéressant  d’en- 
trevoir que  la  chaîne  si  élevée  de  Y Himalaya  s comme  celle  des 
Alpes  , *est  bordée  de  molasses  à lignite  , et  est  formée  en  partie 
de  roches  très  coquillieres.  Les  conquêtes  récentes  des  Anglais 
nous  ont  donné  des  aperçus  sur  les  roches  primaires , les  mar- 
bres, lès  calcaires  et  le  sol  tertiaire  du  royaume  cVAva  et  de 
Siam.  Vous  vous  rappelez  la  notice  de  M.  Buckland  sur  les 
roches  et  }es  fossiles  du  pays  des  Birmans.  M.  Jacquemont, 
maintenant  au  Thibet,  nous  en  rapportera  des  observations  géo- 
logiques. 

Nous  avons  aussi  reçu  des  renseignemens  nouveaux  sur  les 
îles  deSalsette , de  Senang  et  de  Singapore , sur  le  volcan  de  Vile 
de  Barren  dans  le  golfe  de  Bengale,  et  même  sur  Manille  et 
Bornéo'.  L’Eèsaî  minéraîogico-géoîogique  sur  Vile  de  Ceylan , par 
M.  John  Bavÿ,  est  déjà  trop  ancien  pour  en  parler.  D’un  autre 
côté,  dans  ces  dernières  années,  les  mémoires  de  MM.  Lesche- 
nauît , Yan  Boon  Mèsch  et  Jack,  et  les  voyages  de  MM.  Baffles, 
Cravvford  et  Borsfield  nous  ont  mieux  fait  connaître  les  volcans 
de  Java  et  de  Sumatra.  Le  docteur  Horsfield  m’a  fait  voir  sa 
belle  collection  , et,  si  l’on  en  excepte  un  calcaire  tertiaire , 
toute  l’île  de  Java  est  couverte  de  dépôts  trachidques  divers  sans 
la  moindre  tracé  de  basalte.  La  carte  géologique  de  cette  île  et 
de  ses  volcans  doit  être  publiée  incessamment. 

Il  nous  est  arri  vé  de  la  Chine , empire  si  curieux,  une  Description 
des  puits  artésiens  salés,  et  de  ceux  établis  pour  l’exploitation  de  la 
houille.  Les  premiers  donnent  lieu  à des  jets  de  gaz  hydrogène 
carboné,  qui  est  utilisé  comme  à Canîmdaigua  aux  Etats-Unis,  et 
dans  quelques  mines  de  sel  delà  Hongrie  , pour  l’éclairage  des 


DE  LA  GEOLOGIE  EN  ï83o  ET  l85l.  1 

maisons.  II  paraît  même  qu’on  fait  des  trous  de  sondes  très  profonds 
dans  le  but  de  se  procurer  ce  gaz.  On  doit  se  demander  s’il  y a 
en  Chine  du  sel  décrépitant,  ou  si  ïé  gaz  provient  de  mines  de 
houille,  ou  bien  si  ces  deux  cas  existent  peut-être  dans  ce  pays. 
II  est  heureux  qu’enfîn  un  naturaliste  , M.  le  physicien  Fuss,  ait 
été.  adjoint  à la  mission  russe  à.  Pékin  ; car  la  géologie  de  la 
Chine  jetterait  probablement  un  nouveau  jour  sur  plusieurs  pro- 
blèmes importans.  Un  autre  empire,  d’un  accès  presque  aussi 
difficile  que  la  Chine,  nous  voulons  parler  du  Japon  , a été  ou- 
vert. il  y a quelques  années  aux  recherches  de  M.  Siebold , qui  , 
quoique  zoologue  et  botaniste , doit  nous  rapporter  aussi  quelques 
notions  géologiques.  Dernièrement  M.  Klaproth  a donné  des 
renseignemens  sur  èix  volcans  de  ce  pays , en  appendice  à la 
dissertation  de  M.  de  Humboldt  sur  certains  points  volcanisés 
de TAéie  centrale. 

Le  nombre  des  cartes  géologiques' publiées  en  i85o  et  i85i 
est  considérable,  et  s’élève  à soixante-dix-huit.  Ce  sont  les  sui- 
vantes : les  Cartes  de  l’île  d’Arran,  de  la  côte  nord-est  de  l’Écosse 
et  de  la  partie  de  ce  pays  au  nord  d’Edimbourg  et  de  Glascow' 
par  MM.  Sedgwich  et  Mure  bison  ; celles  de  l’île.  d’Arran,  d’ime 
portion  de  l’île  de  Sky  et  du  mont  Ben-Nevis  en  Écosse,  par 
MM.  <1  Oeynhausen  et  Dechen;  celle  d’une  partie  du  Craven 
dans  le  Westmoreland,  par  M.  Philippe  celles  sur  quelques 
parties  du  Notlmghamshire , du  Derbyshire,  .du  YorksKire  et  du 
Durham,  par  M.  Scdgwick;  celle  de  la  côte  de  Torbay  dans  le 
Devonshire  par  M.  de  la  Bêche;  celles  de  quelques  filons  du 
Nor  humber  and,  par  MM.  Forster , Buddle , ïrevelyan  et 
Willamson  Pece;  celle  du  grès  rouge  de  Durham,  par  M.  W. 

uuon;  celle  cl  une  partie  du  Benvickshire,  par  MSI.  William 
et  Winch  ; celle  d une  portion  houillère  du  pays  de  Galles  mé- 
ridioua',  par  M.  T Forster;  celle  del’Aude,  par  M.  Tournai; 
ce'le  des  Pyrenees-Or.entales  , par  M.  Marcel  de  Serres  ; celle 
de  Puy-de-Dome,  par  MM.  Lecoq  elBouillet;  celle  du  Poitou,  de 
1 Angoumms,  de  la  Saintonge  et  d’une  partie  de  la  Vendée,  par 
MM.  Mânes  et  Cre.séac;  celle  de  Nice,  par  M.  de  la  Bêche; 

M r . TT’JT  *•  ra,e"°;  CC'lK  du  1:1  Toscane,  par 
M.  G, ni,;  celle  du  Val  di  Note,  par  M.  Gemellàro;  celle d„ 

cap  Passaro,  par  MM.  F.  Hoffmann  et  Escher;  celle  des  bords 
du  lac  de  Lugano  , par  M.  Bach  ; celle  de  s rives  du  lac  de  Gô.ue 

mr  MM 6 H Brhe;  CMC  de  q,,el<IUCS  l.,orlions  du  Jura  suisse, 
p.  MM.  Renggcr  et  Menan  ; celle  des  environs  d’Altorf,  par 


l80  RÉSUMÉ  DES  PROGRES 

M.  le  docteur  Lusser;  celle  du  Kaiserstuh! , par  M.  Eisenlohr  ; 
celle  du  cercle  du  Necker  inférieur  dans  le  pays  de  Bade,  par 
M.  Broun;  celle  de  l’Odenwald  et  du  sol  secondaire  de  la  Wet- 
teravie,  par  M.  Rlipslein  ; celle  du  cercle  de  Hofgeismar  en 
Hesse,  par  M.  Schwarlzemberg  ; celle  du  pays  de  Nassau,  par 
M.  Slifft;  celle  du  Hanovre,  par  M.  Keferstein;  celle  générale 
et  particulière  du  N. -O.  de  l'Allemagne,  par  M.  F.  Hoffmann; 
celle  des  environs  d’Àllenberg  et  de  Zinnwald,  par  M.  Josa; 
celle  du  pied  sud  du  Reisengebirge,  par  W.  Moteglek  ; celle  du 
pays  de  Glalz  et  d’une  partie  de  la  Silésie  inférieure,  par 
MM.  Zobe!  et  de  Carnall  ; celle  de  la  Boheme  coloriée,  par  M.  de 
Buch,  au  café  à Melon  du  Carlsbad  ; celle  des  environs  de 
Moldova,  Oravilza,  Dogoasca  et  Gïadna  dans  le  Bannat;  celle 
du  sol  intermédiaire  du  royaume  de  Pologne,  par  M,  Bloede  ; 
celle  d’une  partie  de  celte  même  formation,  par  Dmilriev; 
celle  du  sud  de  la  Pologne , par  M.  Becker;  celle  de  l’Esthonie 
et  de  la  Courlande,  par  MM.  d’Engelhardt  et  Ulprecht;  celle  de 
la  chaîne  du  Donetz  dans  le  sud  de  la  Russie  , par  M.  Kovalevki  ; 
celle  des  bords  inférieurs  du  Don  et  du  Douelz,  par  M.  OJivieri  ; 
celle  des  alentours  de  Chiikin  , par  M.  Kovrighin  ; celle  des 
environs  de  la  vallée  d’Onon-Borsinsk  en  Sibérie,  par  M.  Taskin  ; 
celles  delà  chaîne  Adouchilon  dans  le  même  pays,  par  M.  Rou- 
libin  ; celle  de  la  vallée  d’Ichaginskoï,  par  le  même  savant  ; 
celle  des  bords  de  la  rivière  Toura,  par  Protasov  ; celle  des 
environs  de  l’usine  de  Yougovsk  dans  l’Oural , par  M.  Sanioilov  ; 
celle  de  l’îîe  d’Égine,  parM.  Bobîaye;  celle  des  chaînes  de  l’Asie, 
par  M.  de  Humboldt;  celle  de  huit  di-lricts  dans  l’Indostan  ; 
celle  sur  l’Égypte  et  l’Arabie  Pétrée,  par  M.  Ehrenberg;  celle 
sur  les  îles  Feroë  , par  M.  Forchammer  ; celle  de  Ténériffe,  par 
M.  de  Buch;  celle  de  la  Nouvelle-Écosse  aux  États-Unis  , par 
MM.  Alger  et  Jackson;  celle  du  lac  Ontario  e*  le  Niagara  au 
Canada,  par  M.  E’igsby;  et  celle  des  environs  de  Pasco  au  Pérou, 
parM.  deRivero.  JL?  a carte  générale  de  l’Europe  vient  d’être  publiée 
de  nouveau  à Paris  , chez  Lance  , sur  une  assez  grande  échelle, 
par  les  soins  de  M.  de  Gaumont,  et  M.  Bobîaye  m’a  permis  d’y 
indiquer  ses  observât  ions  faites  en  Morée.  ïl  faut  ajouter  àcela  les 
cartes  dont  la  gravure  est  avancée  , et  celles  qui  sont  manuscrites. 
Dans  le  premier  cas,  so  nt  celles  de  la  France,  par  MM.  Brochant, 
de  Beaumont  et  Dufré  noy  ; celle  de  la  Seine-Inférieure,  par 
M.  Passy;  celle  de  l’Alsa*  ?<e,  entreprise  par  la  Société  industrielle 
de  Mulhouse;  celle  des  d épôis  dioritiques  aux  environs  de  Dax, 


DE  LA  GÉOLOGIE  EN  i83o  ET  l83l.  1 8 i 

par  M.  de  Poudins;  celle  sur  la  Pologne,  de  M.  Pusçh;  celle  du 
Jura  Argovien,  par  M.  Rengger;  celle  de  lu  Basse- Autriche , par 
M.  Partsch , el  celle  du  sud-ouest  de  l’Irlande,  par  M.  "Weaver. 
Dans  le  second  cas  , se  trouvent  la  carte  du  département  de 
l'Oise,  par  M.  Graves;  celle  de  la  Gallicie,  présentée  à notre 
Société  parM.  Lill  ; celle  de  toute  l’Irlande,  par  M.  Weaver  ; celle 
des  environs  de  Pzibram  en  Bohême,  par  M.  de  Meyer;  celle 
de  Salzbourg,  offerte  à la  Société  géologique  de  Londres,  par 
M.  Lill;  celle  de  la  Siyrie,  présentée  à la  même  Société,  par 
l’archiduc  Jean  d’Autriche  , MM.  Partsch  et  de  Uoslhorn  ; celle  de 
la  Carinthie  et  de  Carniole,  dressée  par  ce  dernier  savant  ; celle 
du  terrain  houiller  de  la  Bohême,  par  M.  de  Buch;  et  les  quatre 
cartes  de  la  Bavière  méridionale,  de  Parchiduché  d’Autriche  , de 
la  Moravie,  et  de  la  partie  occidentale  de  la  Hongrie  et  de 
la  Gallicie  et  de  la  Transylvanie,  cartes  que  j’ai  envoyées 
à la  Société  géologique  de  Londres.  Enfin  la  carte  de  toute 
lTtalie  septentrionale,  y compris  la  Toscane,  nous  est  promise 
par  MM.  Paretto,  Crislofero,  Pasini  et  Savi  ; celle  du  Val  d’Arno, 
par  M.  Bertrand  Geslin;  celles  des  environs  d’Alhano,  près  de 
Rome,  de  la  Sicile  occidentale  et  orientale,  par  M.  F.  Hoffmann  ; 
celle  de  la  Belgique,  par  MM.  Van  Brcda , d’Omulius,  etc.; 
celle  de  Brabant,  par  M.  Morren;  celle  des  Alpes  bernoises , par 
MM.  Sluder  et  Mousson;  une  vérification  de  celle  du  Saint- 
Golhard,  par  MM.  Lardy  el  Laine  ; celle  de  la  Saxe  royale  , par 
le  Conseil  des  mines  de  Freiberg;  celle  de  la  Lusace,  par  la 
Société  d’histoire  naturelle  de  Gorlitz;  une  rectification  de  celle 
de  la  Finlande,  par  MM.  Nils  Nordenskiold  ; celles  de  plusieurs 
parties  de  la  Russie,  par  la  Société  minéralogique  de  Saint- 
Pétersbourg;  celle  de  la  Morée,  par  MM.  Boblayc  et  Virlet  ; 
celles  des  deux  Garnîmes  aux  États-Unis  ; celle  de  l’île  de  Banca, 
par  le  docteur  Horsfieid;  celle  du  Liban,  par  M.  Bolla,  etc. 

Dans  peu  d’années  nous  aurons  donc  une  idée  exacte  et  suffi- 
samment détaillée  de  la  structure  géologique  de  l’Europe.  On  ne 
pourra  qu’à  cette  époque  se  faire  une  idée  des  changemens  par 
lesquels  a passé  le  continent  que  nous  habitons,  el  l’on  pourra 
alors  dresser  approximativement  des  cartes  représentant  l’état 
de  l’Europe  aux  diverses  phases  géologiques.  L’on  y suivra  des 
yeux,  comme  j’en  ai  fait  un  essai  dans  mon  Mémoire  alle- 
mand, la  position  des  îles  anciennes,  leur  réunion  en  con- 
linens  , le  contour  de  ces  derniers,  les  bouleversemens  qu’ils 
ont  subis,  les  endroits  des  chaînes  qui  se  sont  élevés  et  les  lieux 


182 


RÉSUMÉ  DES  PROGRÈS 


affaissés,  la  direction  des  courans  marins  et  des  anciens  cours 
d’eau  d’après  la  place  et  le  genre  des  dépôts,  les  mers  et  les  terres 
anciennement  habitées  ou  sans  êtres  vivons,  la  sortie  graduelle 
de  l’Europe  hors  des  eaux  de  l’Océan,  et  en  général  toutes  les 
causes  premières  de  la  configuration  actuelle  et  des  accidens 
divers  des  formations  européennes. 

La  surface  terrestre  se  dégrade  et  se  modifie  sans  cesse  ; indi- 
quer ces  changement , c’est  être  utile  au  géologue,  à l’historien 
de  la  vie  du  globe.  Si  la  compilation  de  pareils  documensest  un 
travail  long  et  souvent  fatigant,  nous  devons  en  savoir  d’au- 
tant plus  de  gré  à ceux  qui  s’y  livrent.  Parmi  ces  hommes  stu- 
dieux, M.  de  HofT  mérite  une  mention  particulière.  Tout  le 
monde  connaît  son  grand  ouvrage;  mais  tous  ne  savent  peut-être 
pas  que  depuis  cette  publication  il  est  toujours  occupé  à rassem- 
bler des  faits  semblables  et  à les  enregistrer  dans  quatre  journaux 
périodiques.  M.  Iieferstein  a aussi  présenté  des  catalogues  ana- 
logues pour  les  phénomènes  volcaniques.  M.  Balbi  nous  a donné 
la  date  des  désastres  plus  ou  moins  grands  arrivés  sur  les  côtes 
ou  dans  l’intérieur  des  pays. 

Les  mesures  de  hauteur  ou  les  nw  elle  mens  se  multiplient  de 
tous  les  côtés.  Une  mention  particulière  est  due  à M.  Nixon 
pour  plusieurs  parties  du  nord  de  l’Angleterre  ? à MM.  F.  Hoff- 
mann , d’Oeynhausen,  Dechen,  Michaeli , et  de  Hoff,  pour  l’Alle- 
magne ; à M.  Baumgartner  pour  l’Autriche;  MM.  Attilio,  Zuc- 
cagni,  Grlandini,  pour  la  Toscane  (Allas  géographique  et  phy- 
sique de  la  Toscane,  2 83 1 ) ; à MM.  Ledebour,  Meyer  et  Bunge, 
pour  l’Altaï;  à M.  de  Humboîdt,  pour  la  Sibérie,  et  à MM. 
E.  Hoffmann  et  Keîmcrsen,  pour  les  bords  affaissés  des  mers 
Caspienne  et  d’Aral,  etc.,  etc. 

Les  traités  généraux  de  géologie  ont  été  assez  nombreux  dans 
les  deux  années  qui  viennent  de  s’écouler.  M.  Bakewell  a vu  la  troi- 
sième édition  de  ses  élémens  de  géologie  réimprimés  aux  Etats- 
Unis.  M.  le  docteur  Vre  nous  a donné  un  Traité  de  géologie  ou 
une  Théorie  biblique  de  la  terre  qui  a été  amèrement  critiquée 
par  le  président  de  la  société  géologique  de  Londres. 

M.  Lyell  a publié  deux  volumes  de  ses  Considérations  phi- 
losophiques et  théoriques  sur  la  géologie , dont  la  vente  a été 
si  rapide,  malgré  un  tirage  nombreux,  que  tout  en  achevant 
la  publication  du  troisième  volume , il  réimprime  le  premier. 
Bans  le  premier , en  partant  du  connu,  il  cherche  à expliquer 
tous  les  phénomènes  par  ce  qui  se  passe  sous  00s  yeux,  Cet 


de  la  géologie  en  î85o  et  i83i,  i 83 

ouvrage  est  souvent  une  compilation  judicieuse  , et  montre  un 
homme  d’esprit.  Le  brillant  de  ses  théories  résistera-t-il  à 
toutes  les  objections  qu’on  peut  leur  opposer  P c’est  ce  que  l’a- 
venir nous  démontrera.  Dans  tous  les  cas,  l’auteur  avancera  la 
géologie , sans  avoir  écrit  un  traité  méthodique  ,.en  appliquant  la 
marche  philosophique  du  connu  à l’inconnu  suivie  depuis  îong- 
tempsparbeaucoup  de  géologues  du  continent.  Un  ouvrage  qui  nie 
le  déluge  mosaïque  et  le  diluvium  tel  qu’il  est  conçu  par  la  plupart 
des  géologues  anglais,  une  dissertation  qui  cherche  à expliquer  la 
température  plus  grande  du  globe , sans  recourir  à la  chaleur 
centrale  ; enfin  une  publication  qu’on  peut  appeler  hérétique 
sous  plus  d’un  rapport,  devait  naturellement  exciter  des  récla- 
mations, surtout  en  Angleterre.  L’auteur  avait  loué  le  travail  de 
M.  Scrope  sur  l’Auvergne,  dans  une  revue  de  Londres  ; ce  der- 
nier lui  a rendu  cette  politesse  dans  un  des  numéros  de  Tan 
passé;  mais  le  journal  de  M.  Brewster  a critiqué  certaines  par- 
ties de  l’ouvrage  de  M.  Lyell  ; puis  M.  Whewell,  ecclésiastique , 
lui  a fait  une  repartie  spirituelle  dans  un  autre  journal  périodi- 
que ( British  critic , janvier  1 85 1 ) . Enfin  , M.  Gonybeare  a com- 
battu plusieurs  de  ces  principes  fondamentaux , et  a cherché  à 
prouver  au  contraire  que  les  causes  agissantes  actuellement  ne 
peuvent  pas  être  mises  en  rapport  avec  celles  qui  ont  agi  jadis. 
Comme  les  systèmes  de  M.  Lyell  choquent  beaucoup  les  idées 
reçues,  il  doit  s’attendre  à de  nouvelles  attaques.  Cette  contro- 
verse fera  un  bien  infini  à la  science , puisqu’elle  roulera  sur 
tous  les  points  fondamentaux  de  la  géologie.  II  paraît  que  les 
idées  de  M.  Lyell  ont  donné  occasion  à M.  Herschell  de  consi- 
dérer si  certaines  causes  astronomiques  ne  pourraient  pas  rendre 
raison  de  quelques  uns  des  grands  phénomènes  géologiques. 

Dans  le  premier  volume , M.  Lyell  entre  en  matière  par  l’ex- 
posé des  différentes  théories  de  la  terre,  puis  il  passe  aux  phé- 
nomènes géologiques  qui  se  passent  sous  nos  yeux,  et  les  com- 
pare à ce  qui  doit  avoir  lieu  dans  les  temps  anciens.  Il  parle 
d’abord  des  phénomènes  climatoriaux , puis  de  ceux  produits 
par  les  eaux,  et  enfin  de  ceux  offerts  par  les  volcans.  Dans  cette 
dernière  partie  , on  trouve  une  compilation  judicieuse  de  faits 
accompagnés  souvent  de  très  jolies  vignettes. 

Le  second  volume  est  consacré  d’abord  à des  recherches  d’his- 
toire naturelle  qui  ont  une  liaison  immédiate  avec  la  géologie. 
Ainsi  l’auteur  donne  les  définitions  de  l’espèce  en  histoire  natu- 
relle ; il  énumère  les  variatious  qu’une  espèce  peut  éprouver,  la 


RÉSUMÉ  DES  PROGRÈS 


184 

distribution  géographique  des  êtres  et  des  plantes, et  les  caus  es 
qui  ont  une  influence  surcelte  distribution.  Ensuite  il  considère  les 
pouvoirs  vitaux  de  la  terre  ; l’aclion  exercée  sur  elle,  par  la  vie 
animale  et  végétale,  les  restes  organiques,  les  ossemens  humains 
et  les  objets  d’art  ensevelis  journellement  soit  dans  les  allu- 
vions  terrestres,  soit  dans  celles  qui  se  forment  sous  l’eau  des 
lacs  ou  des  mers,  et  il  termine  par  résumer  nos  connaissances 
sur  la  formation  des  récifs  ou  îlots  qui  sont  ie  travail  des  zoo- 
phytes. 

Ayant  employé  ma  carte  de  l’Europe , il  a voulu  représenter 
’état  physique  où  ce  continent  se  trouvait  avant  les  soulève- 
mens  éprouvés  après  l’époque  tertiaire  et  avant  l’écoulement 
de  certaines  grandes  mers  intérieures  tertiaires.  ïi  serait  à dé- 
sirer qu’il  en  fît  autant  pour  l’état  de  l’Europe  avant  le  commen- 
cement des  dépôts  secondaires  , après  la  fin  du  dépôt  du  keuper 
et  après  celle  du  calcaire  jurassique.  Trois  cartes  semblables  ne 
sont  pas  difficiles  à composer,  et  le  libraire  de  M.  Lyell  serait 
plus  que  tout  autre  en  état  d’en  supporter  les  frais.  Ce  serait  un 
service  incontestable  rendu  à la  science. 

Le  troisième  volume  de  l’ouvrage  de  M.  Lyell  sera  consacré 
aux  fossiles  , et  contiendra  les  tableaux  conchylioîogiques  que 
M.  Deshayes  a dressés  pour  étayer  sa  théorie  du  remplissage  suc- 
cessif des  bassins  tertiaires  l’un  après  l’autre. 

M.  le  docteur  Macculloch  a réuni  ses  précédens  mémoires 
et  sa  classification  des  roches  , et  en  a formé  un  Traité  de  géo- 
logie en  deux  forts  volumes,  dans  lequel  il  développe  au  long, 
comme  une  idée  venant  de  lui , ma  théorie  sur  la  formation  des 
schistes  cristallins  au  moyen  des  altérations  ignées  éprouvées 
par  les  dépôts  stratifiés  neptuniens.  D'une  autre  part,  il  lâche 
d’accorder  les  relations  bibliques  avec  les  données  géologiques. 
Mal  gré  les  critiques  amères  qu’on  trouve  contre  cet  ouvrage 
dans  certains  journaux  anglais,  il  n’en  reste  pas  moins  pré- 
cieux pour  ceux  qui  veulent  connaître  les  travaux  imporlans  sur 
lesquels  e?*t  basée  la  réputation  méritée  de  ce  savant. 

Un  auteur,  du  nom  de  Maria  Hack,  vient  de  publier  des  Es- 
quisses géologiques  et  des  aperçus  sur  le  monde  primitif  (Geo- 
la  gi  cal  sketches  , etc.,  in- 12.  Londres,  1832). 

M.  de  la  Bêche  a fait  paraître  un  Manuel  de  géologie  très 
portatif  et  utile  ; il  en  prépare  une  seconde  édition  où  disparaî- 
tront quelques  erreurs  duos  le  classement  géologique  de  certains 
ossiles, 


DE  LA  GÉOLOGIE  EN  l83û  ET  1 83 1 . 1 85 

En  Allemagne.  M.  de  Léonhard  , compilateur  érudit  et  au- 
teur qu’on  consulte  toujours  avec  lruit,  a publié  d’abord  un 
Agenda  géologique , puis  des  Elémens  de  géologie . Ce  dernier 
ouvrage-est  basé  sur  sa  classification  des  roches,  dont  la  nomen- 
clature s’écarte  malheureusement  quelquefois  de  celle  adoptée 
par  la  pluralité  des  géologues.  Une  seconde  édition  du  premier 
opuscule  doit  paraître  à Pâques,  et  perfectionné,  il  deviendra  un 
utile  Vade  mecuni  pour  le  voyageur  ou  l’étudiant. 

M.  le  docteur  G. -\Y.  Muncke  a consigné  dans  le  second  vo- 
lume de  ses  Elémens  d'histoire  naturelle  générale  ( Handbuch 
der Naturlehre , Heidelberg,  i83o)  un  résumé  bienfait  des  princi- 
pales données  de  la  géographie  physique  et  de  la  géologie.  Cet  ou- 
vrage est  plus  qu’une  compilation,  puisqu’ilémet  des  idées  particu- 
lières sur  les  parties  de  la  science  liées  à la  physique  ou  la  chimie. 

M.  Keferstein  a donné  le  Tableau  de  ses  idées  de  classification 
des formations  ; il  ne  diffère  desautres  géologues  qu’en  formant  de 
presque  tous  les  dépôts  alpins  un  groupe  postérieur  à la  craie,  qu’il 
appelle  Flisch , et  qu’il  met  en  parallèle  avec  le  terrain  crayeux. 

M.  Kuhn,  professeur  à Freiherg,  a enfin  fait  paraître  le  premier 
volume  de  son  Cours  de  géologie  qui  nous  va  mettre  au  fait  des 
connaissances  géologiques  auxquelles  est  arrivée  cette  école. 

M.  Sokolov  a donné  , dans  le  Journal  des  mines  russe , un  ar- 
ticle sur  les  nomenclatures  et  les  classifications  géologiques  ( Journ . 
des  mines , i85i,  n.  4 el  5). 

Les  ouvrages  de  MM.  Brongniart , Rozct , d O malins  et  Dela- 
fosse , ainsi  que  l’article  Terrain  «le  M.  Prévost  ( Diclionn . clas- 
sique),  et  ceux  de  Iluot  {Encyclopédie) , vous  sont  trop  connus 
pour  qu’il  soit  nécessaire  d’en  parler. 

Hors  de  l’Europe,  M.  Eaton  a publié  aux  Etats-Unis  lin  Traité 
de  géologie malheureusement  il  a adopté  une  nomenclature  des 
terrains  dont  il  ne  donne  pas  la  synonymie,  de  manière  que  sans 
M.  Featherstonaugh  , qui  a revu  les  gisemens  décrits,  toutes  ses 
descriptions  seraient  inutiles.  Ensuite  il  pèche  par  la  base  de  son 
édifice,  puisqu’il  n’a  pas  l’air  de  savoir  ce  que  c’est  qu'une  for- 
mation, idée  fondamentale  de  la  science  et  la  plus  belle  décou- 
verte de  Fuchscl  et  de  Werner.  Son  ouvrage  paraît  si  indéchif- 
frable , qu’on  en  a inséré  une  critique  des  plus  virulentes  dans 
la  Revue  américaine.  Néanmoins  la  nomenclature  proposée  par 
M.  Pinkerton  y est  traitée  avec  encore  moins  d’égards.  L’ouvrage 
de  M.  Eaton  n’a  donc  pas  remplacé  les  traités  utiles  publiés  soit 
par  M.  Cleaveland y soit  par  M.  Van  Rcnssçlaer. 


RÉSUMÉ  DES  PROGRÈS 


1 86 

MM.  Voltz  et  Studer  ontdonné  chacun  i a plan  d’un  traité  de  géo- 
logie. M.  TVolclmer , professeur  de  Carlsruhe,  a sous  presse  des 
Elérnens  de  géologie , dans  lesquels  il  exposera  ses  nombreuses 
recherches  sur  la  constitution  minérale  des  roches,  et  proposera 
même  quelques  nouvelles  subdivisions.  Cet  ouvrage  servira  à 
populariser  davantage  l’analyse  mécanique  des  roches  telle  qu’elle 
a été  décrite  par  M.  Cordier.  Si  cette  sorte  d’analyse  est  si  utile, 
je  ne  vois  pas  que  l’analyse  chimique  des  roches  puisse  conduire 
toujours  à de  grands  résultats.  Certes  ce  n’est  pas  moi  qui  dé- 
précierai les  savantes  recherches  de  M.  Gmelin  sur  les  roches 
magnésiennes  distribuées  parmi  les  grés  ou  les  calcaires,  et  celles 
qu’il  prépare  sur  les  phonolites  et  les  basaltes,  sur  les  roches 
neptuniennes  altérées  parle  contact  de  ces  dernières.  Mais  vou- 
loir déterminer,  au  moyen  d’une  formule  chimique,  la  nature 
d’une  roche  par  l’analyse  d’un  certain  nombre  d’échantillons 
delà  même  roche  pris  dans  divers  lieux,  c’est  arrivera  une 
combinaison  moyenne  qui  n’existe  peut-être  réellement  dans 
aucune  partie  de  la  roche.  C’est  faire  des  équations  de  proportions 
définies  pour  le  plaisir  d’en  composer,  et  pour  étonner  les  igno- 
rans  par  des  chiffres. 

C’est  un  véritable  service  que  M.  Kleinschrodt  a rendu  à la 
science  en  publiant  en  français  la  classification  des  roches  de 
'M.  Cordier.  Tout,  dans  ce  travail,  est  clair,  précis  et  calqué  sur 
la  nature  ; ce  ne  sont  pas  des  espèces  établies  sur  des  échantillons 
de  cabinet,  mais  sur  les  masses  des  rochers.  Je  trouve  même  que 
l’arrangement  général  en  est  devenu  meilleur  depuis  l’époque  où 
M.  Marasehini  publia  celte  classification  dans  la  Bibliothèque  ita- 
lienne. C’est  la  seule  classification  où  l’on  trouve  énumérées  les 
roches  soi-disant  décomposées,  altération  souvent  originaire. 
On  y voit  avec  plaisir  que  deux  professeurs  de  géologie  de 
Paris,  MM.  Cordier  et  Brochant , sont  d’accord  pour  le  classe- 
ment des  roches  et  même  pour  la  nomenclature,  si  l’on  en 
excepte  quelques  noms  des  roches  volcaniques  que  M.  Cordier 
a particulièrement  étudiées.  Si  M.  Prévost  suit  la  même  marche, 
ce  sera  un  grand  avantage  pour  les  personnes  qui  ne  font  que 
commencer.  Espérons  que  notre  dernier  président  voudra  enfin 
faire  jouir  le  monde  savant  non  seulement  de  ses  idées  sur  les 
roches,  mais  surtout  de  celles  qu’il  professe  sur  la  géologie,  et 
qui  m’ont  paru,  autant  que  je  les  connais,  souvent  nouvelles  ou 
particulières  à ce  professeur. 

Rien  de  plus  utile  pour  une  science  que  des  tableaux  synop * 


de  la  géologie  en  i83o  et  i 85 i . 187 

tiques ; ils  reposent  l’esprit  et  aident  la  mémoire.  Vous  connaissez 
tous  ceux  que  nous  ont  donnés  successivement  MH.  Defrance , 
Cordier,  Buckiand,  Refcrstein  , de  la  Bêche,  Brongniart  et  un 
de  nos  secrétaires.  Ii  est  à regretter  que  celui  de  M.  de  la  Bêche 
soit  trop  britannique,  si  j’ose  m’exprimer  ainsi , ou  insuffisant  pour 
les  dépôts  du  continent,  car  il  est  encore  le  plus  commode. 
M.  Brongniart  a voulu  remédier  dernièrement  à ce  desideratum , 
et  a publié  la  gravure  que  vous  connaissez. 

Si  de  semblables  tableaux  sont  indispensables  pour  l’enseigne- 
ment, des  collections  de  coupes  prises  dans  divers  pays  le  sont 
encore  davantage.  Pour  ce  but,  le  joli  Atlas  géologique  de  M.  de 
la  Bêche  est  une  compilation  sur  un  trop  petit  format,  et  le 
grand  Atlas  sorti  des  presses  lithographiques  d’Arnz  et  compagnie, 
à Bonn,  est  trop  imparfait  et  incomplet,  et  n’est  pas  accompagné 
d’un  texte  suffisant. 

La  paléontologie  est  une  science  à la  mode  et  ouvrant  un 
vaste  champ  à l’imagination;  c’est  ce  qui  explique  le  nombre 
d’ouvrages  ou  de  mémoires  qui  paraissent  sur  ce  sujet. 

En  Allemagne , les  descriptions  des  mondes  primitifs , publiés 
par  MM.  Kruger,  Link,  Schubert  et  Sommer,  ont  contribué  à po- 
pulariser cette  branche  delà  géologie. Une  seconde  édition  de  l’ou- 
vrage de  M.  Link,  et  celui  de  M.  Somrnerr,  viennent  de  paraître. 

M.  Fischer  a donné  , dans  le  dernier  volume  des  Mémoires  des 
Naturalistes  de  Moscou,  le  commencement  d'un  catalogue  com- 
plet des  publications  relatives  à la  paléontologie.  D’autre  part, 
profilant  de  la  richesse  en  fossiles  des  environs  et  du  cabinet  de 
Moscou,  il  a publié,  sous  le  titre  O ry  cto  graphie  du  gouver- 
nement du  même  nom , un  gros  volume,  petit  in-folio,  où  il  y 
a un  grand  nombre  de  planches  de  pétrifications.  Plusieurs  cépha- 
lopode» et  quelques  autres  fossiles  du  Caucase  011  de  la  Russie 
étaient  déjà  décrits  dans  les  Mémoires  de  la  Société  des  Natu- 
ralistes de  Moscou. 

M.  Keferstein  a dressé  un  catalogue  méthodique  et  alphabé- 
tique des  especes  fossiles.  On  se  rappelle  un  essai  semblable  fait 
par  M.  Iiruger.  La  synonymie  est  toujours  la  partie  trop  né- 
gligée, parce  qu’un  seul  individu  possède  rarement  tous  les 
ouvrages  nécessaires  pour  de  semblables  recherches , parce 
que  les  figures  sont  souvent  médiocres  , et  que  les  variations  natu- 
relles d’une  même  espèce  empêchent  d’arriver  à la  vérité.  Le 
catalogue  stratographique  des  fossiles  des  lies  Britanniques,  dressé 
récemment  par  M.  Woodward,  est  aussi  un  opuscule  utile. 


1 88 


RÉSUMÉ  DES  PROGRÈS 

Il  en  est  de  mC‘me  des  tableaux  de  M.  Taylor,  qui  sont  seu- 
lement plus  généraux.  M.  Mantell  nous  aaus  si  donné  un  ca- 
talogue des  fossiles  du  Sussex.  M.  Hisinger,  celui  des  pétrifi- 
cations de  la  Suède  , et  M.  Steininger  , celui  des  coquillages 
du  sol  intermédiaire  de  l’Eifel.  Il  faudrait  combiner  toutes  ces 
indications  sur  le  gisement  des  restes  organiques  avec  les  cata- 
logues de  M.  Brongniart,  celui  de  la  collection  de  M.  Hoenin- 
ghaus  et  les  ouvrages  de  Goldfuss,  de  Zieten,  de  Philipps,  de 
Calullo,  de  Brocchi , de  Deshayes,  de  Basterot,  d’Eichwald 
sur  la  Poçloiie;  de  Dubois  et  de  Buch,  sur  la  Lithuanie  et  la 
Volhynie;  de  Prévost,  etc.  On  pourrait  espérer  d’arriver  ainsi 
à une  liste  approximative  des  fossiles  distribués  dans  les 
couches  d’une  bonne  partie  de  l’Europe.  Néanmoins  ce  travail 
demanderait  l’établissement  complet  de  la  synonymie  ; tous  les 
fossiles  n’étant  pas  figurés, cet  ouvrage  resterait  toujours  impar- 
fait. M.  de  la  Bêche  a essayé  d’entreprendre  une  partie  de  cette 
tache  pour  les  fossiles  caractéristiques  des  dépôts  crayeux  et  juras- 
siques, ainsi  que  du  lias  de  l’Angleterre  et  de  la  France.  Ses  con- 
clusions sont  remarquables  en  ce  qu’un  petit  nombre  de  fossiles 
seraient , d’après  lui , décidément  propres  à celte  division  secon- 
daire récente.  Si  l’on  voulait  pousser  le  scepticisme  à son  plus  haut 
degré  on  pourrait  même  demander  si  l’examen  de  toute  la  croûte 
terrestre  ne  renversera  pas  encore  ses  jalons  zoologiques  des  ter- 
rains. Dans  notre  faiblesse,  nous  cherchons  à établir  des  divisions 
au  moyen  dece  qui  nous  frappe  le  plus , tandis  que  sur  une  grande 
échelle  ces  accidens  qui  étayent  notre  système  s’évanouiraient 
peut-être  tout-à-fail,  ou  du  moins  se  grouperaient  différemment. 

Parmi  les  monographies  utiles  publiées  sur  les  fossiles  en 
i83o  et  1 85 1 , je  dois  mentionner  la  réimpression  de  l’ouvrage  de 
Brander  sur  les  fossiles  du  Hampshire.  Les  4 premières  livrais,  de 
celui  de  M.  de  Zieten  sur  leu  pétrifications  du  FFurlernberg  et  le 
catalogue -prospectus  qu’a  publié  M.  Hartmann,  le  mémoire  de 
M.  de  Buch  sur  les  ammonites , qui  est  à comparer  avec  la  mo- 
nographie de  M.  de  Haan,  le  beau  travail  de  M.  Vollz  sur  les 
bélernnites , les  observations  de  MM.  Raspail  et  Munster,  et  les 
additions  qu’y  a faites  M.  le  comte  de  Munster,  la  continuation 
des  ouvrages  classiques  de  MM.  Goldfuss  et  Deshayes,  le  Traité 
sur  les  zoophites,  par  M.  de  Blain ville  ; le  mémoire  de  feu  Dalman 
sur  les  Té réhratule s p ou  r lesquels  il  propose  des  nouvelles  divisions 
(kongl.  Vetensk.  Acad . Handl  1828);  ceux  d’une  époque  an- 
térieuresur  les  trilobites,  par  M. Dalman  en  Suède,  et  M.  d’Eichwald 


de  la  géologie  en  i83o  et  i85i.  189 

en  Russie;  les  mémoires  de  M.  Marcel  de  Serres,  sur  les  fossiles 
du  sud  delà  France,  et  un  mémoire  de  M.  Roui  la  nd  sur  Les 
Ichlyosarcoliles , qui  ne  sont,  suivant  lui , que  des  débris  déna- 
turés d’Hippurites  et  de  Sphérulites  très  a longés  et  recourbés. 
( Annales  de  la  Société  Linnéenne  de  Bordeaux ).  M.  Des-» 
moulins  s’occupe  d’un  supplément  au  travail  de  M.  Basterof^ 
sur  les,  fossiles  de  Bordeaux;  M.  Grateloup,  d’une  description 
de  ceux  de  Dax. 

A Solenhofen  et  ailleurs  , dans  le  calcaire  jura*sique  supérieur, 
on  connaît  di  puis  long-temps  des  fossiles  qu’on  a classés  tantôt 
parmi  les  mollusques,  tantôt  parmi  les  débris  de  poissons  ou  de 
reptiles.  Par  des  raisons  assez  plausibles,  M.  Germar  les  a rap- 
prochés des  parties  cornées  du  Lepas  analifer.  M.  Ruppell,  frappé 
de  les  voir  dans  des  ammonites,  voudrait  les  regarder  comme 
des  opercules  d’ammonites  particulières,  tandis  que  M.  le  doc- 
teur Meyer  s’explique  cette  position,  en  supposant  que  les  ani- 
maux inous  des  ammonites  se  nourrissent  des  êtres  dont  ces 
lépadiles  sont  les  restes.  Ce  dernier  les  regarde  comme  des 
mollusques  à coquilles  bivalves,  leur  donne  le  nom  d'aptychus , 
en  décrit  quatre  espèces,  et  esquisse  leur  distribution  géologique 
( Jabrbuch  f.  Miner , i83o).  M.  de  Broun  a distingué  dans  le 
Pecten  salinarius  des  Alpes,  deux  genres  et  trois  espèces  nou- 
velles , et  M.  le  comte  Munster  vient  d’ajouter  deux  nouvelles 
espèces  à un  de  ces  genres,  celui  de  Monotis.  Le  Monolis  salinaria 
existerait  entre  les  couches  de  grès  vert  et  le  calcaire  jurassique 
moyen  , le  Monotis  decussala  dans  les  ooliles  inférieures  , le  Mo- 
notis sub  s tri  ata  dans  les  marnes  supérieures  du  lias.  Le  Monotis 
inœquivalvis  et  la  Halobia  salinanun  n’ont  encore  été  vus  que 
‘dans  le  calcaire  sa I if, ère  du  Salzbourg.  Le  même  savant  va  nous 
décrire  près  d’une  centaine  d’espèces  nouvelles  des  dépôts  secon- 
daires de  Saint- Ccissicin  dans  le  Tyrol.  11  a encore  fait  la  décou- 
verte de  Cythérés  (Millier)  dans  le  sol  intermédiaire,  et  de 
1 Cypris  dans  des  calcaires  d’eau  douce  d’Allemagne.  Enfin  , ainsi 
que  M.  Hessel,  il  a récolté  une  quantité  considérable  de  nou- 
velles espèces  de  coquillages  dans  le  sol  intermédiaire  du  pays  de 
Nassau  et  de  JJ  ri  bourg.  Tous  ces  travaux  peuvent  donner  uné 
idée  de  la  richesse  de  la  collection  du  comte  Munster,  qui  est 
unique  pour  le  sol  secondaire  et  intermédiaire.  Toutes  ces  nou- 
velles espèces  sont  figurées  dans  l’ouvrage  de  Goldfuss,  dont  la 
3*  livraison  vient  de  paraître,  et  dont  la  publication  entière  va 
être  accélérée.  On  est  bien  aise  de  voir  que  M.  de  Schlotheim, 


igo  RÉSUMÉ  DES  PROGRÈS 

maintenant  occupé  d’autres  objets,  est  non  seulement  remplacé 
par  M.  le  comte  Munster,  mais  encore  que  ce  dernier  marche 
complètement  avec  les  progrès  de  la  science,  et  nous  promet 
avec  M.  Goldfuss  et  MM.  d’Hoeninghaus  et  Zieten,  une  con- 
naissance complète  des  êtres  fossiles  de  l’Allemagne.  De  plus, 
les  mémoires  du  comte  de  Munster,  témoin  celui  sur  la  distri- 
bution des  fossiles  dans  les  diverses  assises  du  calcaire  jurassique 
inférieur  et  du  lias,  celui  sur  le  grès  vert  du  Kressemberg,  celui 
sur  les  fossiles  crayeux  d’Allemagne , celui  sur  le  mélange  de 
fossiles  secondaires  dans  le  sol  tertiaire  supérieur  de  la  West- 
phalie,  celui  sur  les  pétrifications  de  ce  dernier  terrain,  ceux 
sur  les  ammonites  et  Les  naulilaeées,  montrent  qu’il  comprend 
toute  l’importance  de  la  zoologie  géologique. 

M.  Sowerby  compte  donner  un  appendice  à ses  trois  volumes  de 
Conchyliologie  fossile  de  la  Grande-Bretagne , et  vous  connaissez 
tous  les  premiers  cahiers  de  la  Conchyliologie  fossile  de 
M.  Guérin,  et  la  Description  de  quelques  coquilles  caractéristi- 
ques des  terrains  par  M.  Deshayes,  qui  doit  nous  donner  Une 
Conchyliologie  fossile  générale. 

Les  nummulites  et  les  coquilles  microscopiques  méri feraient  de 
fixer  davantage  l'attention  des  zoologues;  car,  malgré  leur  pe- 
titesse, ces  mollusques  offriraient  peut-être  des  bons  caractères 
distinctifs;  du  moins  une  description  complète  de  ces  fossiles 
éviterait  aux  géologues  des  méprises  que  la  petitesse  des  objets, 
et  surtout  le  manque  de  description  , doit  faire  excuser  proba- 
blement trop  souvent.  M.  le  comte  Munster  a entrepris  l'examen 
d’une  partie  de  ces  céphalopodes. 

Dans  la  classe  des  mollusques , M.  de  Buch  a figuré  dans  un 
opuscule  particulier  quelques  fossiles  de.  l’Allemagne  septentrio- 
nale, en  particulier  des  coquilles  tertiaires  du  Mecklembourg. 
M.  Bennet  a publié  un  catalogue  des  fossiles  du  lias  du  Wiltshire, 
et  quelques  planches  y représentent  quelques  uns  d’entre  eux  qui 
lui  ont  paru  intéressans. 

M.  le  comte  Munster  a continué  de  donner  des  détails  sur  la 
distribution  des  fossiles  dans  les  diverses  assises  du  Jura  alle- 
mand. Parmi  ses  découvertes  , on  remarque  une  grande  Hamite 
trouvée  dans  les  oolites  inférieures. 

M.  Gatuüo  a décrit  les  Bêlemniles  de  la  Scaglia  des  monts  Eu~ 
ganéens , et  les  Nummulites  de  cette  localité;  il  s’élève  contre 
l’assertion  de  M.  de  Blainville,  qui  avait  été  induit  à penser  que 


de  là  géologie  ek  i83o  et  l83i.  191 

les  Bélemnites  étaient  moins  fréquentes  en  Italie  qu’ailleurs. 

Cette  péninsule  n’offre  pas  de  ces  dépôts  où  pullulent  les  Bé- 
lemnites,  et  fait  partie  tout  entière  du  grand  système  arénacéo- 
marneux  à calcaire  faïence  ( Scaglia ) et  nummulites  du  sud-est 
de  l’Europe;  or,  ces  terrains  renferment  tout  autant  de  Bélem- 
nites en  Italie  que  dans  d’autres  contrées. 

M.  Andrzejowski  a décrit  et  figuré  quelques  fossiles  tertiaires 
de  la  Podolie. 

Dans  la  classe  des  poissons,  M.  Fleming  a observé  des  écailles 
et  des  portions  de  poissons  (genres  Acipenser  et  Dipterus  ) dans 
le  grès  pourpré  intermédiaire  de  T Ecosse.  M.  Man  tell  a figuré 
des  poissons  entiers  extraits  artislement  de  la  craie.  M.  Bronn 
a décrit  une  nouvelle  espèce  de  poisson  dans  le  dusodile  tertiaire 
supérieur  des  environs  de  Bonn  et  de  Cologne.  Cet  ichtiolithe  est 
accompagné  de  débris  d’insectes  et  d’amphibies  , telles  que  des 
grenouilles.  M.  Goldfuss  a donné  sur  ces  derniers  un  mémoire 
fort  intéressant  dans  l’avant-dernier  volume  des  Actes  de  i’Aca* 
démie  des  Curieux  de  la  nature. 

Dans  la  classe  des  reptiles , M.  Mariteli  a découvert  des  osse** 
mens  qu’il  ne  peut  rapporter  à aucun  animal  connu  ; et  M.  le  doc- 
teur Menke  a trouvé  une  tortue  dans  le  lias  d’Eilsen  en  PVest- 
phalie.  Le  lias  de  Banz  en  Bavière  a offert  à M.  Theodori  une 
quantité  énorme  de  débris  et  même  de  squelettes  presque  entiers 
à'ichtiosaures  et  de  plésiosaures , ainsi  que  des  coprolites  et  des 
débris  de  ptérodactyles.  La  description  de  tous  ces  fossiles  for- 
mera le  sujet  d’un  ouvrage  particulier.  M.  Dunn  a trouvé  et 
décrit  un  bel  échantillon  du  plésiosaure  du  Havre  à Scarborough. 

Une  nouvelle  espèce  de  tortue  fossile  d’Oeningen  a été  décrite 
par  M.  Th.  Bell,  qui  l’appelle  Chelydra  Murchisonii , et  la  rap- 
proche d’une  tortue  d’Amérique.  Elle  a été  trouvée  dans  la  même 
couche  que  le  renard  fossile  décrit  par  M.  Murchison. 

La  découverte  àesfœces fossiles  de  div  ers  animaux  dans  les  cou- 
ches solides  de  presque  toutes  les  formations  neptuniennes  est 
encore  une  conquête  que  la  science  a faite  dans  ces  dernières  an- 
nées. L’existence  des  fœces  des  hyènes,  démontrée  habilement 
par  M.  Buckland,  l’a  conduit  à celle  nouvelle  et  curieuse  décou- 
verte des  coprolites , qui  fournissent  un  moyen  sur  de  connaître  la 
nourriture  de  certains  êtres  des  anciennes  créations. 

Les  coprolites  sont,  à n’en  pas  douter,  en  abondance  partout, 
et  leurs  formes  bizarres  n’ont  que  trop  souvent  trompé  ou  embar- 
rassé les  géologues.  Déjà  l’on  en  a signalé  aux  États-Unis , dans  la 


RÉSUMÉ  DES  PROGRÈS 


192 

Normandie  * dans  !e  schiste  à poissons  de  Seefeld,  en  Tyroï,  dans 
le  calcaire  tertiaire  de  Paris,  dans  le  lias  de  Trevicres,  de  Banz,  et 
dans  le  calcaire  de  Solenhofen. 

- Un  dépôt  curieux  qui  appartient  aussi  aux  coprolites,  c’est  le 
guano  ou  l’ornithocoprus  de  M.  Buekland,  des  îles  sur  la  côle  du 
Pérou.  M.  Rivero  a donné  des  détails  curieux  sur  ces  amas  cl’ex- 
crémens  d’oiseaux  maritimes  (Cormoran,  Pélican).  Cette  ma- 
tière rouge-blanche  ou  brunâtre  forme  des  masses  quelquefois  de 
5o  à 60  pieds  d’épaisseur,  et  se  trouve  dans  les  îles  de  Chincha, 
Iquique,  de  Lagarto  , d’Animas,  de  Margarita  , de  Jésus,  d’iiay, 
de  Braba,  de  la  Mansa  et  de  Hornillos.  Ce  savant  a vu  celte  ma- 
tière couverte  par  les  dunes  de  sables , et  il  pense  qu’elle  pourrait 
bien  avoir  été  déposée,  en  partie  du  moins,  avant  les  dernières  al- 
luvions  [Herllia , 1829). 

Dans  la  classe  des  insectes , M.  de  Behrendt  a commencé  à dé- 
crire ceux  de  l’ambre  des  bords  de  la  Baltique.  Cette  publication 
paraît  interrompue  , ce  qui  est  d’autant  plus  regrettable  que  la 
collection  de  MM.  Ratke  et  Behrendt  contient  771  espèces  d’in- 
sectes fossiles. 

M.  le  comte  Munster  a découvert  à Solenhofen  des  insectes  cq~ 
léoptères  et  même  des  arachnides. 

Dans  la  classe  des  mammifères , M.  Vernon  a indiqué  les  osse- 
mens  très  divers  découverts  à North  Clijf  A* ns  le  Norfolk. 

M.  Goldfuss  a décrit  une  cinquième  espèce  de  ptérodactyle , 
trouvée  à Solenhofen  , par  le  comte  Munster. 

M.  le  docteur  Jaeger  s'occupe  à décrire  les  ossemens  si  variés 
des  gîtes  de  fer  alluvial  ancien  du  Wurtemberg. 

M.  de  Mayer  a comparé  les  caractères  assignés  par  M.  Bronn 
aux  dents  de  son  Coelodonla  avec  ceux  des  dents  des  rhinocéros , 
et  a donné  des  indications  nouvelles  sur  ies  ossemens  de  mammi- 
fères du  Loss  ou  du  limon  alluvial  ancien  des  bords  du  Rhin. 
( J ahrb . f.  Min.  1 83 1 ) . 

M.  Jobert  nous  a décrit  un  renard  fossile  d' Auvergne  ; et 
M.  Murchison  un  autre  belle  espèce  du  dépôt  tertiaire  lacustre 
d ’ Oeningen. 

On  a découvert  des  os  de  Rhinocéros  dans  les  alluviotis  de  Ra- 
tisbonne , des  ossemens  de  Mammouth  dans  les  alluvions  auri- 
fères élevées  de  l' Oural,  etdes  os  de  grands  mammifères  àY aroslaff \ 
dans  la  Russie  méridionale.  M.  Fischer,  de  Moscou,  a divisé  les 
bœufs  fossiles  de  Sibérie  en  deux  espèces  nouvelles  , et  à établi 
plusieurs  espèces  nouvelles  de  Mammouth . M.  Baer  a donné  un 


DE  LA  GÉOLOGIE  EN  1 85 1 . ig5 

mémoire  sur  un  mammouth  semblable  à V éléphant  d\ Afrique. 

Aux  États-Unis  le  fameux  gîte  d’ ossemens  de  Big-Bone-Lick 
au  Kentucky  a élé  de  nouveau  examiné,  et  on  en  extrait  toute 
une  collection  d’os  gigantesques , qui  est  sur  le  point  d’être  trans- 
portée en  Europe  comme  une  entreprise  d’exposition  publique. 
MM.  Cooper,  Smith  et  de  Ray  en  ont  publié  un  rapport. 

Dans  Y Inde  septentrionale  on  vient  de  découvrir  récemment 
des  ossemens  de  divers  grands  animaux. 

Vous  connaissez  le  mémoire  do  M.  Buckland,  sur  les  ossemens 
d’éléphant  ou  de  mammouth  dans  la  boue  glacée  des  bords  de  la 
mer  Arctique , en  Sibérie  , et  sur  la  côte  américaine , prés  du  dé- 
troit de  Behring.  Le  capitaine  Beeehey  nous  a appris  à mieux  con- 
naître ces  gîtes  si  curieux  en  Amérique;  et  M.  Hedenstrom  va 
nous  donner  des  détails  nouveaux  sur  ceux  de  la  Sibérie.  Si  tout 
le  monde  paraît  d’accord  à voir  dans  ces  fossiles  l’indice  d’une 
catastrophe  ou  du  moins  d’un  charriage  assez  violent,  M.  Ran 
king , aimant  les  paradoxes  et  l’érudition,  a voulu  prouver  que 
ces  ossemens  provenaient  des  éléphans  employés  jadis  chez  les 
Mongols,  les  Tarlares  et  les  Chinois. 

Des  soulèvemens  de  montagnes  ont  pu  produire  des  inonda- 
tions épouvantables.  Les  contincns  ainsi  balayés,  les  carcasses 
des  grands  animaux  auront  pu  être  transportées  quelquefois 
jusque  vers  la  mer  Glaciale,  où  le  froid  aura  été  favorable  à leur 
conservation  plus  ou  moins  parfaite.  Les  autres  animaux  moins 
volumineux  n’ont  pas  pu  être  charriés  si  loin  ; ils  ont  été  complè- 
tement anéanlisou  leurs  os  ?ont  restés  épars  avec'  ceuxdeséléphans 
dans  l’intérieur  des  contineus. 

Le  nombre  des  cavernes  à ossemens  augmente  journellement; 
vous  connaissez  toutes  celles  du  midi  de  la  France , dont  s’occu- 
pent si  activement  MM.  Marcel  de  Serres,  Christol,  Tournai, 
Dumas  et  Tessier.  Celles  de  Chockier  en  Belgique  et  du  Som- 
merseishire  ont  élé  examinées  dernièrement;  celle  de  Han  , près 
Lesle  en  Belgique,  a donné  lieu  à un  ouvrage  de  luxe  publié 
par  M.  J.  Alleweiredt,  sous  le  titre  de  Description  pittoresque  de 
la  grotte  de  Han  (in-folio  avec  27  planches). 

En  Sicile , les  environs  de  Païenne  ont  offert  plusieurs  cavernes, 
qui  ont  élé  visitées  soit  par  MM.  delà  Marmora,  le  docteurChristie, 
M F.  Hoffmann,  soit  par  les  naturalistes  siciliens  MM.  Bernardi 
et  Scina.  MM.  Christie  ( Edinb . phil.  Journal , n°  4,  iS3i,  et 
n°  1 1832)  et  F.  Hoffmann  ont  trouvé,  l’un  près  de  Païenne 
et  l’autre  à Syracuse,  des  cavernes  à ossemens,  et  dans  la 

Soc.  géçl.  Tome  II.  ,3 


Î94  résumé  des  progrès 

brèche  ossifère  des  restes  d’éîéphant  et  d’Hippnpotame  mêlés 
avec  des  coquilles  marines  d’especes  vivantes  actuellement  dans 
la  Méditerranée.  La  caverne  de  San  Cira  offre  de  plus  des  traces 
de  lithodomes , quoique  ces  cavités  soient  à 70  pieds  au-dessus  de 
la  mer.  Dans  le  même  pays,  il  y en  a d’autres  où  ces  traces  du 
séjour  des  eaux  marines  ne  se  trouvent  pas.  Toutes  ces  cavernes 
sont  plutôt  des  fentes  remplies  de  brèches  osseuses  que  de  véri- 
tables cavernes  à ossemens,  comme  celles  d’Angleterre. 

Des  cavernes  à ossemens  fort  semblables  à celles  de  Palerme 
ont  été  découvertes  à la  Nouvelle-Hollande , et  ont  offert  aussi 
des  ossemens  humains. 

Aux  Etats-Unis  , Al.  Harlan  a décrit  une  caverne  à restes  de 
Mégalo  nix. 

MM.  Spix.  Martîus  et  Wagner  nous  ont  appris  à connaître  les 
cavernes  a ossemens  de  Mégnlonix  et  de  Mégathérium  dans  les 
calcaires  du  Brésil  (Prov.  Saint-François). 

Dans  l’Amérique  méridionale  comme  aux  États-Unis,  les  ca-? 
vernes  et  les  ' ailuvions  ne  contiendraient  donc  pas  de  débris 
d’ours  et  d’hyène,  tandis  que  les  ossemens  de  leurs  cavernes 
sont  inconnus  dans  les  allumons  d’Europe  D’où  peut  provenir 
cette  différence  qui  contraste  avec  la  profusion  avec  laquelle  les 
ossemens  de  mastodonte  sont  répandus  dans  les  deux  hémi- 
sphères? 

Les  brèches  osseuses  de  Sardaigne  étaient  jusqu’ici  mal  con- 
nues. M.  Wagner  vient  d’en  étudier  avec  soin  les  nombreux 
restes  d’oiseaux,  de  rongeurs  et  de  ruminans,  ossemens  charriés 
et  empâtés  accidentellement  dans  ces  fentes.  M.  de  la  Marmora 
est  venu  ajouter  de  nouveaux  détails  sur  le  même  sujet,  et  a 
appuyé  j pour  les  brèches  de  Cagliari,  sur  la  présence  des  coquilles 
marines  mélées  avec  des  coquillages  d'eau  douce.  Ce  fait  se  ré- 
pète, comme  l’on  sait,  à Nice,  à Gibraltar  et  près  de  Tripoli  en 
Syrie.  Il  a décrit  aussi  un  dépôt  de  subfossiles  marins , comme 
celui  du  cap  Saint-Hospice,  près  de  Nice,  et  de  certains  points 
de  la  Sicile,  et  il  y a remarqué  des  fragmens  de  poterie  grossière. 
Ce  dernier  accident  s’est  retrouvé  aussi  dans  les  brèches  osseuses 
de  la  Dalmalie  et  de  la  Syrie,  et  dans  beaucoup  de  cavernes  à 
ossemens  du  midi  de  la  France.  Des  ossemens  humains  accom- 
pagnent même  les  poteries  dans  celte  dernière  contrée  ainsi  que 
dans  la  caverne  de  Chokier,  et  se  retrouvent,,  d’après  M.  le 
comte  Razoumovski  , dans  les  sables  ossifè^es  de  Baden  ? près  de 
Vienne . On  se  rappelle  que  ces  sables  calcaires  mêlés  de  terre 


DE  LA  GÉOLOGIE  EN  |83l.  I g§ 

noire  remplissent  des  anfractuosités  ou  cavités  du  calcaire  des 
Alpes,  et  qu’ils  recèlent  des  restes  d’éléphans,  d’ours , de  cerfs, 
de  chevaux,  etc.  Ces  faits  ne  sont-ils  pas  trop  particuliers,  et  ne  se 
retrouvent-ils  pas  dans  trop  d’endroits  pour  pouvoir  se  plfer  à çes 
explications  plus  ou  moins  ingénieuses, par  lesquelles  pn,  fait  ar»^ 
ver  çes  poteries  et  ces  os  humains  dans  les  cavernp^  depuis  les 
temps  historiques?  Certes  ces  antres  ont  pu  servir, de  repaire 
à plus  d’une  race  d’hommes  ; mais  si  ces  ossemens  proviennent 
des  anciens  Gaulois,  des  Romains  ou  des  peuplais  conquérantes 
du  nioyen-âge,  les  têtes  offriraient  les  types  de  toutes  ces  raçef 
ou  de  l’une  d’entre  elles.  Or,  lorsqu’on  a eu  le  bonheur  de  ren- 
conlrer  des  têtes  comme  à Vienne,  il  s’est  trouvé  quelquefois 
que  leur  forme  se  rapprochait  de  celle  des  têtes  propres  aux  races 
africaines  ou  nègres,  et  s’éloignait  delà  forme, des  crânes  euro- 
péens. Les  têtes  des  Gaulois  et  des  races  actuelles  peuvent  aus^t 
y avoir  été  découvertes;  c’est  un  fuit  à établir. 

L’an  passé  j’ai  parlé  des  ossemens  humains  trouvésà  Kostritz, 
en  Saxe,  par  31JV1.  de  Schlotheim,  de  Sternberg  et  Scfyotlin, 
et  dans  la  marne  fluviatile  des  bords  du  Rhin  et  du  Danube.  Ces 
têtes  découvertes  en  Autriche,  et  dont  une  se  trouve  dans  1$ 
collection  du  Jardin  des  Plantes , ont  été  rapprochées  de  ctdles 
des  Caraïbes  ou  des  an  iens  habita  11s  du  Pérou  et  du  Chili.  Main- 
tenant, je  ledemande,  ces  données  zoologiques  militent-elles, en  fa- 
veur de  Y existence  de  l’espèce  humaine  pendant  l’ époque  alluviale 
ancienne?  Ne  serait-il  pas  prphahîe , à priori,  que  l'Europe  ayant 
encore  pendant  celle  période  un  climat  équatorial,  les  hommes  qui 
l’habitaient  devaient  être  des  races  semblables  à celles  qui  vivent 
présentement  entre  les  Tropiques,  tels  que  les  Nègres,  les  Éthio- 
piens et  les  Caraïbes?  Les  ossemens  d’autres  races  humaines  se 
retrouveront  peut-êti  e dans  d’auires  parties  du  glqbe , qui  jouis- 
saient déjà,  lors  du  dépôt  des  ulluvious  anciennes,  d’un  climat 
moins  chaud  que  l’Europe. 

Dire  que  ces  têtes  étrangères  aux  races  européennes  ou  cau- 
casiques  ne  sont  que  des  restes  de  cimetière  ou  d’êtres  malades, 
c’est  faire  des  hypothèses  sans  tenir  compte  des  détails  des  lo- 
calités et  de  ces  découvertes  d’ossemens.  Non,  plus  nous  avan- 
çons, plus  il  semble  que  les  probabilités  augmentent  en  faveur  de 
l’existence  d’une  race  humaine  particulière  lors  de  l’époque  allu- 
viale ancienne,  idée  que  quelques  géologues  ou  savans,  tels  que 
Pallas,  Prichard,  avaient  presque  entrevue , puisqu’ils  pensaient 


I96  RÉSUMÉ  DÈS  PROGRES 

que  le  genre  humain  aurait  bien  pu  commencer  par  la  race 
nègre.  1 

Parmi  les  ouvrages  qui  ont  traité  des  végétaux  fossiles , on 
peut  citer  cette  année,  outre  la  publication  classique  de  M.  Adol- 
phe Brongniart  et  la  seconde  édition  sous  presse  de  la  Flore 
du  monde  primitif  de  RI.  de  Sternberg  , les  deux  livraisons  de 
plantes  fossiles  df  Angleterre  publiées  par  MR!.  Lindley  et  Hutton. 
Ces  savans  nous  y feront  connaître  non  seulement  les  végéta- 
tions du  terrain  hou i lier,  mais  encore  celles  du  lias  et  des  oolites 
intérieures;  tandis  que  M.  le  docteur  Sauveur  va  décrire  celles 
des  houillères  de  la  Belgique.  M.  Murray  a déjà  donné  quelques 
détails  sur  les  plantes  fossi'es  du  lias  de  Scarborough. 

M.  Harlan  a décrit  quelques  fuco'ides  des  Etats  - Unis.  Je 
dirai  à celte  occasion  que  ce  genre  de  végétaux  est  liés  com- 
mun dans  beaucoup  de  depots  , si  ce  n’est  dans  la  plupart  des 
formations;  maison  ne  les  observe  pas  sou  vent,  parce  qu’ils  pren- 
nent toutes  sortes  île  figures,  et  qu’ils  s’effacent  ou  disparaissent 
pinson  moins  L<*  plus  fréquemment  les  fucoïJes  11e  forment  d.  ns 
les  roches  que;  des  taché'»'  «m  peu  plus  foncées  que  la  roche  : ce  cas 
a lieti,  par  èxeniph  , dam  les  craies  dures  de  Westphalie,  du  EJarz, 
de  Bohême , et%.  Ce  soûl  dés  amas  de  ces  végétaux  qui  y produi- 
sent fréqoeVnhiènl  des'  taches'  grises  où  tout  contour  végétal  a 
dis  parti 

MM.  W ilham  et  Nicolas  Wood  ont  figuré  et  décrit,  le  premier 
un  tronc  fossile  des  houillères -d’Edimbourg,  et  le  dernier  un 
autre  de  Celles  de  Newcastle  sur  le  Tyne.  En  outre,  M.  William 
s’est  occupé  dé  la  structure  intérieure  des  troncs  d’arbres  fossiles 
du  Berwiekshire  et  des  enviions  d’Edimbourg.  Il  en  a examiné 
au  microscope  des  tranches  transversales  très  minces,  et  est 
ainsi  parvenu  à distinguer  différons  genres  et  espèces  d’arbres 
auxquels  ces  bois  fossiles  ont  appartenu.  Il  serait  à désirer  qu’il 
voulût  aussi  figurer  des  tranches  longitudinales  , parce  que  leur 
examen  compléterait  nos  connaissances  sur  ces  portions  de  végé- 
taux ; malheureusement  les  frais  pour  scier  et  polir  des  échan- 
tillons arrêteront  bien  des  botanistes. 

MM.  Witham  et  Winch  sont  revenus  sur  l’existence  des  dicoty- 
lédons  dans  le  terrain  boitiller 9-e t me  paraissent,  conjointement 
avec  MM.  Schippan  , Sprengeï , Hoffmann  et  d’autres  savans, 
avoir  bien  démontré  que  M.  Ad.  Brongniart  s’était  trop  pressé 
en  avançant  que  les  dicotylédons  étaient  une  création  secondaire 
récente.  Il  est  intéressant  d’apprendre  de  M.  Meyer  que  le  schiste 


DE  LA  géologie  EN  1 83 1 . ig*7 

de  Solenhofen  présente  à Daiting,  comme  celui  de  Stonesficld, 
des  impressions  de  plantes. 

M.  Sembnitski , professeur  d’histoire  naturelle  à Pétersbourg, 
adonné  un  coup-d’œil  sur  les  plantes  fossiles  connues  jusqu’ici  ; 
il  expose  leur  gisement,  et  pense  que  le  système  botanique  naturel 
est  le  seul  applicable  à leur  détermination  ( Joum . des  mines  , 
n°  8,  i85o). 

M.  Brongniart  a été  attaqué  par  M.  Walchner,  relativement  à 
rétablissement  de  trois  genres  de  fougères,  et  MM.  F.  Hoffmann  , 
Yoltz,  Gruilhuisen,  et  la  Gazette  botanique  de  Ratisbonne  ont 
tâché  de  montrer  qu’il  n’était  pas  maître  de  tous  les  faits,  et  que 
sa  théorie  avait  des  côtés  faibles. 

Déjà  M.  Brongniart  a publié  de  nouveaux  argumens  tirés  de 
la  structure  des  liges,  en  faveur  de  l’établissement  de  sa  classe 
de  plantes  phanérogames  gymnospermes , classe  intermédiaire 
entre  les  monocotylédons  et  les  cryptogames  vasculaires.  C’est 
aux  botanistes  à s’établir  juges  de  ce  classement,  qui  est  appuyé 
et  rejeté  par  des  noms  également  respectables.  Comme  géolo- 
gues, nous  devons  surtout  attendre  avec  impatience  la  réponse 
que  M.  Ad.  Brongniart  fera  à M.  Hoffmann.  Personne  n’est 
mieux  placé  que  ce  premier  savant  pour  nous  donner  non  pas 
simplement  une  description  des  végétaux  fossiles,  mais  un  aperçu 
de  leur  distribution  géologique.  Tout  le  monde  le  reconnaît  et 
l’en  félicite;  mais  sa  théorie  est-elle  exempte  d’erreur?  Elle 
repose  sur  la  proposition  que  toute  la  croûte  terrestre  a subi,  à 
certaines  époques,  des  boulever>emens  universels  qui  ont  détruit 
tout  ce  qui  était  à sa  surface.  Or,  n’est-on  pas  en  droit  de  lui  de- 
mander d’abord  de  prouver  géologiquement  ce  principe  fonda- 
mental qui  n’est  point  encoredevenu  un  axiome  de  la  science  ? Au 
contraire,  n’v a-t-il  pas  beaucoupde  géologues  quicroient  qu’il  n’y 
a pas  un  seul  dépôt  stratifié  depuis  le  sol  alluvial  jusqu’aux  roches 
sèdimentaires  changées  en  schistes  cristallins  où  l’on  ne  puisse 
démontrer  dans  quelques  parties  du  globe,  et  pendant  sa  forma- 
tion, l’existence  de  végétaux  terrestres,  ou  du  moins  celle  d’un 
sol  découvert  ; or  tout  continent  a des  plantes,  à moins  d’y  sup- 
poser un  manque  d’air  et  d’eau,  ou  une  température  très  élevée 
ou  trop  froide  ; mais  ces  cas  particuliers  ne  paraissent  pas  s’être 
rencontrés  partout;  donc  il  y a eu  probablement  toujours  une 
végétation  quelconque. 

Je  m’attends  à la  citation  du  dépôt  pélagique  de  la  craie  des 
plaines;  mais  celle  des  Alpes,  fourmille  de  débris  de  plantes 


!$8  RÉSÜMÉ  DÈS  PROGRES 

terrestre^,  et  offre  même  des  lignifes  ; d’ailleurs  supposant  un 
moment  que  les  végétaux  fossiles  du  calcaire  jurassique,  du 
muschelkalk  9 du  zechstein  et  de  la  craie  sont  tous  marins, 
cela  n’exclut  pas  l’existence  d’un  sol  découvert,  puisque  ces 
dépôts  sont  loin  de  former  sur  tout  le  globe  une  croûte  con- 
tinue ; donc  la  mer  n’était  pas  partout,  donc  ces  révolutions  gé- 
nérales n’ont  pas  eu  lieu. 

Je  ferai , de  plus,  ici,  comme  dans  le  cas  des  ossemens,  la  re- 
marque que  le  botaniste  voudrait  trouver  des  végétaux  et  même 
d’abonrians  restes  de  plantes  dans  des  dépôts  qui  se  sont  formés 
sôus  une  mer  profonde,  et  peut-être  en  partie  au  moyen  de  ma- 
tières fournies  par  des  sources  minérales.  Comment  peut-on  rai- 
sonnablement en  attendre,  à un  assez  graud  éloignementdesconti- 
nens  ou  des  îles,  lorsque  la  nature  des  sédimens,  pauvres  en 
végétaux,  montre  clairement  que  ces  dépôts  ont  eu  lieu  dans  un 
temps  de  repos  et  non  de  charriage  ? Au  contraire,  les  plantes 
fossiles  abondent  là  où  il  y a des  matières  arénacées,  où  l’on  voit 
encore  des  marques  de  débâcles  et  d’inondations  épouvantables. 

J’ose  d'autant  plus  lui  présenter  ces  objections  qu’elles  lui 
Ônf  déjà  fait  modifier  quelques  unes  de  ses  époques  de  végé- 
tation. D’une  autre  part,  je  ne  puis  me  dispenser  de  recon- 
naître fout  le  parti  qu’il  a tiré  de  l’idée  que  la  quantité  d’acide 
Carbonique  était  jadis  plus  grande  dans  l’atmosphère  qn’ac- 
tuellerïient.  Cette  hypothèse,  qui  lui  est  commune  avec  JV1.  Parrot, 
est  liée  aux  phénomènes  volcaniques  primitivement  plus  consi- 
dérables qu’autrefois , ce  qui  devait  donner  lieu  à une  exhalaison 
jrlus  grande  de  gaz  et  à des  sources  minérales  énormes,  compa- 
rativement à celles  actuellement  existantes. 

Les  mànières  variées  par  lesquelles  les  substances  végétales  et 
animales  se  sont  pétrifiées , la  conservation  du  moule  dé  leur  con- 
figuration intérieure  ou  extérieure,  la  destruction  des  pétrifica- 
tî6n$  et  de  ces  moules  après  leur  formation,  et  le  remplissage 
postérieur  des  vides  ainsi  formés,  voilà  des  questions  sur  les- 
quelles les  géologues  ont  déjà  assez  écrit,  mais  dont  la  solution 
appartiendrait  plus  particulièrement  aux  chimistes.  Malheureu- 
sement ces  derniers  ont  tout-à-fait  négligé  cette  sorte  de  recher- 
che, qui  les  conduirait  nécessairement  à de  nouvelles  décou- 
vertes sur  les  affinités  de  certains  corps  placés  sous  des  circon- 
stances particulières  souvent  aisées  à entrevoir  et  même  à repro- 
duire expérimentalement.  L’an  passé  M.  Defrance  a donné  une 
àote  relativement  â la  formation  des  moules  de  fossiles  9 et  â ré- 


DE  LA,  GÉOLOGIE  EN  l83l.  | §§ 

pondu  à j\l.  Morreri,  qui  avait  prétendu  que  ces  moufes  étaient 
souvent  antérieurs  au  dépôt  qui  1rs  empâte.  Il  a décrit  de  cu- 
rieux échantillons  dans  l’un  desquels  le  test  de  la  coquille  a dis- 
paru, tandis  que  le  polypier  qui  la  couvrait  s’est  conservé  et 
adhère  par  sa  base  sur  son  moule  intérieur. 

D'une  autre  part,  Ri.  Brongniart  s'est  occupé  spécialement  du 
changement  de  la  demeure  des  polypiers  ou  du  lest  des  coquilles 
en  oihicules  siliceux.  Il  a ainsi  développé  une  partie  de  ce  qu’il 
avait  déjà  publié  dans  son  intéressant  article  intitulé:  Silex , et  il 
a donné  une  liste  des  principales  pétrifications  siliceuses  connues. 
Il  a surtout  appuyé  sur  l’état  gélatineux  que  ce  dépôt  siliceux  a 
eu  originairement,  et  il  a confirmé  pleinement  cette  idée  émise 
par  beaucoup  de  géologues. 

Je  puis  ajouter  que  l'état  gélatineux  originaire  des  concrétions 
siliceuses  est  quelquefois  clairement  indiqué  par  le  retrait  que 
la  masse  a éprouvé,  et  qui  a laissé  dans  son  milieu  non  seule- 
ment un  vide,  mais  encore  des  portions  arénacées  mobiles 
ou  quelquefois  un  noyau  calcaire  ou  sableux.  La  silice  est  proba- 
blement un  produit  de  sources  minérales  puisqu’elles  en  dépo- 
sent ou  en  contiennent  encore;  mais  comment  s’expliquer  sa  dis- 
tribution si  particulière  au  milieu  des  roches  volcaniques  ou  nep- 
tuniennes  P L’hyalile  , en  tapissant  des  fentes,  serait  un  effet  de 
sublimation,  un  dépôt  formé  par  les  vapeurs  chaudes  qui  ont 
traversé  les  masses  après  leur  éjection  du  sein  de  la  terre. 

Mais  pour  la  formation  des  agalhes , il  semble  que  l’attraction 
entré  les  molécules  siliceuses  doit  avoir  été  plus  grande,  ou  que 
leur  véhicule  gazeux  a pu  plus  aisément  traverser  la  roche,  cette 
dernière  affinité  n’étant  surmontée  que  dans  le  cas  où  ces  vapeurs 
atteignaient  des  cavités.  Ensuite  toutes  les  agalhes  ont-elles  été 
formées  par  sublimation,  ou  ne  doit-on  attribuer  celle  origine 
qu’à  une  partie  des  agathes,  ou  même  y a-t-il  possibilité  que 
dans  la  même  localité  certaines  agathes  aient  été  formées  comme 
certaines  druses  zoolitiques  et  calcaires,  moitié  par  la  voie 
ignée,  moitié  par  la  voie  aqueuse?  Ce  sont  des  questions  qui 
seraient  fort  intéressantes  à traiter  par  l’observation  géognosliqne 
et  les  expériences  chimiques.  Ou  comprend  bien  qu’une  masse 
volcanique  et  ses  vapeurs  élevant  la  température  de  l’eau  qui  la 
recouvre,  et  y introduisant  une  certaine  quantité  de  matières 
alcalines  et  siliceuses,  le  liquide,  amené  à la  température  con- 
venable, pourra  se  charger  de  ces  matières,  et  celle  dissolution 
pourra  former  des  dépôts  en  filtrant  à travers  les  fendillemcns 


aoo 


RESUME  DES  PROGRES 

et  les  porosités  qui  abondent  toujours  dans  les  roches  ignées. 
Ainsi  s’expliquerait  par  deux  voies  différentes  la  formation  des 
agathes  et  des  filets  qui  les  unissent  assez  souvent;  c’est  au  chi- 
miste à nous  guider  dans  l’application  de  nos  théories. 

On  a comparé  dès  long-temps,  et  en  particulier  M.  Jameson, 
les  filons  aux  agathes;  ces  derniers  rentrent  tout-à-fait  dans  le 
cas  des  fentes  couvertes  d’incrustations  formées  par  sublimation  ; 
aussi  voit-on  quelquefois  des  filons  d’agalhes.  Le  quarz  cristal- 
lisé n’y  forme  aussi  que  des  druses,  la  silice  y est  en  masse  cofti- 
pacle  et  seulement  à l’ordinaire  plus  mêlée  de  matières  étran- 
gères que  dans  les  agathes.  Les  roches  granitoïdes  ne  présentent, 
au  lieu  de  ces  derniers,  que  des  druses  quarzeuses,  parce  qu’elles 
ont  été  traversées  d’une  moindre  quantité  de  vapeurs  siliceuses , 
parce  qu’elles  devaient  offrir  moins  de  prise  aux  infiltrations 
alcalino-siliceuses  , cl  parce  que  le  quarz  entrait  déjà  souvent 
comme  élément  dans  ces  roches. 

Si  l’isolement  des  concrétions  siliceuses,  au  milieu  des  roches 
dont  je  viens  de  parler,  est  un  fait  jusqu’ici  inexpliqué,  celui 
des  silex  dans  les  roches  neptunicnnes  est  encore  bien  plus 
extraordinaire. 

D’après  nos  connaissances  chimiques  actuelles,  nous  devons 
admettre  que  des  géologues  ont  eu  tort  de  supposer  que,  sous 
certaines  circonstances  chimiques,  les  parties  animales  ou  cal- 
caires pouvaient  se  changer  en  matière  siliceuse.  Si  l’on  a pu 
croire  à quelques  indications  de  la  transformation  d’une  terre 
dans  une  autre  sous  certaines  conditions  électro-magnéliques , 
lu  silice  et  la  matière  gélatineuse  des  animaux  paraissent  par 
leur  propriété  se  refuser  tout -«à  - fait  à de  pareilles  supposi- 
tions. 

Néanmoins  il  n’en  reste  pas  moins  le  fuit  géologique  qu’au 
milieu  des  dépôts  aqueux  sédimentnires  ou  chimiques,  la  silice 
a trouvé  mnyén  de  former  des  noyaux  , des  concrétions  arrondies 
ou  fort  irrégulières  , des  petits  lits  et  des  filons , et  même  a rem- 
placé complètement  certains  animaux  entiers  ou  seulement  une 
partie  de  ces  êtres. 

Il  faut  donc  que  des  affinités  chimiques  particulières  aient 
forcé  le  fluide  chargé  de  parties  siliceuses  à déposer  cette 
matière  si  irrégulièrement  ; tandis  que  dans  d’autres  cas,  comme 
dans  ceux  de  la  pierre  de  Cos  ou  la  meulière,  le  Calp  et  le  Rot - 
tenslone  du  calcaire  intermédiaire,  etc.,  elle  a renfermé  le  cal- 
caire , l’argile  ou  le  sable  dans  une  espèce  de  réseau,  ou  même 


DE  LA  GÉOLOGIE  EN  1 83 1 . 201 

elle  s’est  combinée  plus  intimement  avec  les  parties  calcaires  et 
alumineuses. 

Ces  derniers  dépôts  se  conçoivent  facilement  une  fois  qu’on 
s’est  assuré  de  l’origine  de  la  silice  ; mais  il  n’en  est  pas  de  même 
des  premiers.  Néanmoins  il  y a une  circonstance  qui  me 
semble  assez  propre  à donner  une  idée  de.  leur  formation; 
je  veux  parler  de  la  nature  gélatineuse  de  la  silice  lors  de 
son  dépôt,  lin  effet,  supposant  celle  substance  flottante  au  mi- 
lieu d’un  fluide  chargé  de  particules  terreuses  ou  arénacées  de 
matières  animales  ou  végétales,  si  ces  dernières  se  déposent 
quelque  part  par  les  voies  chimique  ou  mécanique  pendant  que 
le  fluide  sera  agité  , il  est  évident  que  cette  matière  gluante , bal- 
lot'ée  d’un  point  à un  autre,  tendra  non  seulement  à s’agglo- 
mérer, mais  encore  à s’attacher  aux  corps  étrangers,  et  surtout 
à ceux  couverts  d’aspérités.  Or,  n’est-ce  pas  le  cas  des  polypiers, 
des  éehinidées,  des  alcyons,  des  éponges,  de  plusieurs  genres  de 
coquilles  surloutbivalves,  des  troncs  et  branches  d’arbres,  etc  ? Ce 
sont  . aussi  surtout  ces  différentes  sortes  de  corps  organisés  qu’on 
trouve  silicifiés.  Les  bivalves  le  sont  beaucoup  plus  fréquemment 
que  les  uriivalves,  et  certaines  parties  couvertes  de  rugosités  dans 
les  bivalves  le  sont  préférablement  à d’autres;  ensuite  cela  me 
paraît  aussi  la  raison  pour  laquelle  on  trouve  si  fréquemment 
des  corps  organisés  empâtés  dans  des  silex,  ou  attachés  à ces 
pierres  tuberculaires , dont  souvent  la  surface  indique  positive- 
ment un  corps  pâteux  roulé  ou  comprimé. 

La  matière  siliceuse,  amenée  ainsi  par  des  mouvemens  oscil- 
latoires en  contact  avec  les  corps  organisés  plus  ou  moins  décom- 
posés, il  est  encore  évident  que  petit  à petit  toutes  les  molécules 
des  premiers,  ou  seulement  cellesd’une  deleurs  parties,  auront  été 
remplacées  successivement  par  des  particules  siliceuses , comme 
l’on  voit  encore  dans  les  dunes  des  troncs  d’arbres  en  putréfaction 
remplacés  petit  à petit  en  entier  ou  en  partie  par  du  sable. 

Il  ne  resterait  donc  plus  qu’à  s’expliquer  comment  a lieu  cette 
transmutation  chimique  de  molécules;  ne  devrait-on  pas  avoir 
encore  recours  ici  aux  déplncemens  produits  soit  par  l'infiltra- 
tion aqueuse  , soit  par  les  faibles  affinités  moléculaires  électro- 
chimiques  ; et  ne  serait-il  pas  aisé  de  reproduire  ce  travail  lent 
par  des  expériences  directes  délicates? 

Les  autres  gisemens  de  la  silice  s’expliquent  tout  aussi  facile- 
ment par  notre  théorie.  Ainsi  le  silex  sépare  en  plaquettes  des 
lits  de  calcaire  ou  de  grès,  parce  que  le  dépôt  formant  le  slrate 


202 


RÉSUMÉ  DES  PROGRÈS 

supérieur  aux  plaques  siliceuses  a subi  assez  de  mouvement  avant 
sa  consolidation  pour  permettre  à la  silice  de  s’être  réunie  en 
petites  masses  pesantes  que  les  molécules  calcaires  ou  arénacées, 
et  pour  s’attacher  çà  et  là  à quelques  amas  de  corps  déjà  très 
désorganisés.  Plus  lard,  le  dépôt  se  consolidant  aura  aplati  par 
sa  pression  le  lit  siliceux,  tandis  que  les  nids  siliceux  restés  dans 
sa  masse,  pressés  de  tous  côtés,  ont  pris  diverses  formes. 

La  silice  a rempli  des  fentes  qui  partent  du  haut  ou  du  bas 
d’un  lit,  parce  que,  ballottée,  elle  s’est  agglomérée,  est  devenue 
pesante,  est  tombée  au  fond  du  dépôt,  et  a rencontré  un  efente 
qu’elle  a remplie  plus  ou  moins  bien. 

Pendant  long-temps  on  a cru  que  le  sol  du  nord  de  V Alle- 
magne ou  de  l’Europe  ne  recélait  que  des  dépôts  tertiaires  infé- 
rieurs. J’ai  été,  je  crois,  le  premier  qui  ait  comparé  les  sables 
dè  ces  immenses  plaines  , et  même  certains  de  leurs  blocs  ou 
Cailloux,  avec  les  alluvionsdu  groupe  tertiaire  supérieur.  Si  cette 
idée  a déplu  aux  Allemands  dans  le  premier  moment , ils  y sont 
revenus  plus  tard,  et  nous  avons  vu  M.  German  trouver  dans  les 
fossiles  tertiaires  du  Magdeboürg  plus  d’analogie  avec  ceux  du  sol 
tertiaire  supérieur  qu’avec  ceux  dé  sa  partie  inférieure. 

Depuis  lors  j’ai  insisté  encore  plus  fortement  sur  ce  classe-* 
ment,  et  même  j’ai  mis  en  doute  la  présence  en  Allemagne  des 
dépôts  parisiens  inférieurs,  si  ce  n’est  dans  une  ou  deux  localités 
douteuses.  Tous  ces  lignites  si  nombreux  en  Allemagne  et  mêirié 
ceux  des  basaltes  m’ont  paru  sur  un  horizon  plus  élevé  que  le 
calcaire  de  Paris. 

En  un  mot,  le  grand  bassin  de  la  Belgique  , de  V Allemagne 
septentrionale  et  de  la  Pologne , etc.  , m’a  paru  bien  plutôt 
subapennin  que  parisien.  Or,  celte  classification  paraît  se  con- 
firmer tous  les  jours  davantage,  d’un  côté  par  le  genre  des  fos- 
siles , et  en  particulier  par  les  nombreux  ossemens  très  divers  ob- 
servés parMàl.  Morren  et  VanHees.en  Belgique,  et  de  l’autre  par 
les  déterminations  des  coquillages  tertiaires  de  la  Pologne,  de 
la  Volhynie,  de  la  Gallieie  et  du  Mecklembourg.  MM.  de  Buch 
et  Dubois,,  à qui  o.i  doit  une  partie  de  ces  derniers  renseigne- 
mens , viennent  d’émettre  publiquement  la  même  opinion  que 
moi;  et  la  vue  du  sol  tertiaire  de  Sicile  a. suggéré  la  même  idée 
à M.  Hoffmann,  qui , comme  moi , place  de  plus  les  dépôts  aré- 
nacés  et  basaltiques  de  la  Hesse,  etc.,  dans  la  même  division.  Il 
reste  à voir  s’il  n’y  a pas  néanmoins  dans  le  bassin  de  l’Aile- 


DE  1Â  GEOLOGIE  Éff  1 85 1 . §ûd 

mngnë  septentrionale  quelques  points  qu’on  puisse  comparé?  atrx 
depuis  inférieurs  de  Paris. 

L’élude  de  ta  mer , de  ses  propriétés,  de  ses  profondeurs,  de 
sa  diverse  salure  , de  sa  température  , de  ses  eournns,  des  Vents 
qui  régnent  dans  ses  diverses  parties,  des  dépôts  qui  y ont 
lieu  , etc.  , a élé  perfectionnée  considérablement  par  les  notii- 
breux  navigateurs  de  ce  siècle. 

Dernièrement  encore,  M.  le  capitaine  Duperrey  a prouve,  par 
ses  observations  et  celles  d’autres  marins  et  physiciens,  que  la 
mer  Pacifique  avait  aussi  un  courant  circulaire  comme  l’Océan 
atlantique  ; mais  que  le  Centre  du  cercle  décrit  par  le  mouvement 
des  eaux  n’était  pas  situé  sur  le  meme  côté  de  l’équateur  quft 
celui  du  £rand  courant  équatorial.  Celle  découverte  a jeté  un 
nouveau  jour  sur  les  observations  climatoriales  des  côtes  ôcéi- 
denlales  de  l’Amérique. 

MM.  Scrope  et  Manlell  se  sont  occupés  d’examiner  les  depots 
neptiiniens , par  rapport  aux  traces  qu’on  peut  y reconnàitré  de 
l’action  plus  ou  moins  forte  des  vagues , du  flux  et  du  reflux , et  de 
la  marche  de  certains  petits  animaux  marins.  C’est  une  recherche 
qui  exige  des  observations  comparatives  et  qui  mérite  d’être  con- 
tinuée, pour  le  bien  de  la  science,  avec  toute  la  minutie  anglaise. 

Ces  apparences  doivent  être  soigneusement  distinguées  de  ces 
décompositions  bizarres  que  présentent  un  si  grand  nombre  de 
roches  à leur  surface. 

Ce  dernier  sujet  a été  traité  , l’an  passé,  par  MM.  Boblaye  et 
Philippe.  Ce  dernier  en  a parlé  surtout  pour  démontrer  l’origine 
des  matières  alluviales  et  la  masse  qui  en  est  journellement 
produite.  Il  est  revenu  en  particulier  sur  l’origine  des  blocs  ou 
rochers,  attribués  souvent  mulàpropos  aux  druides.  Le  charriage 
des  allumions  fluviatiles , la  manière  dont  les  eaux  courantes  les  dé- 
posent, les  accumulent  et  les  conduisent  jusqu’à  la  mer,  est  un 
autre  point  géologique  qui  a occupé  MM.  Conybeare,  Pli ilipps et 
Yates.  M.  Conybeare  a considéré  les  effets  de  l’action  actuelle 
des  rivières  , pour  les  comparer  avec  les  alluvions  anciennes  bu 
son  diluvium.  Si  les  phénomènes  atmosphériques  de  la  zone  tent- 
perée  ne  peuvent  être  mis  en  parallèle  avec  ceux  qui  ont  lieu 
entre  les  tropiques,  si  les  fleuves  de  ces  dernières  contrées  pro- 
duisent des  effets  que  les  rivières  européennes  n’offrent  qu’en 
miniature,  il  est  loui  simple  que  M.  Conybeare  démontre  facile- 
ment que  les  fleuves  de  l’Angleterre,  sous  le  climat  actuel , n’ont 
pas  élé  capables  de  produire  les  alluvions  anciennes  de  la  Grande- 


S04  RESUME  DES  PROGRES 

Bretagne.  Or,  il  oublie  cette  circonstance  essentielle,  que  ces 
dépôts  ont  eu  lieu  sous  un  climat  équatorial,  comme  le  prouvent 
les  restes  de  mammifères  qui  leur  sont  particuliers,  et  dont  les 
genres  ne  se  retrouvent  qu’entre  les  tropiques. 

D’une  autre  part  , MM.  Conybeare,  Sedgwick  et  Daubeny  ont 
avoué  avec  autant  de  franchise  que  de  bonnes  raisons  qu’ils  s’é- 
taient trompés  en  adoptant  la  théorie  diluvienne  telle  qu'elle  a été 
exposée  jusqu’ici  en  Angleterre.  Le  déluge  mosaïque  n’a  pu  pro- 
duire  et  ré  a pas  formé  ce  que  les  Anglais  appellent  diluvium . 

Le  travail  complet  de  M.  Haussman  sur  les  blocs  erratiques  a 
paru  dans  le  19e  vol.  des  Mém.  delà  Soc.  des  Scienc.  de  Harlem 
(p.27i-378). 

M.  le  docteur  Daubeny  a donné  un  mémoire  sur  certaines  par- 
ticularités des  allumions  de  V Auvergne , qui  ont  conduit  M.  Lyell 
à croire  que  le  diluvium  des  Anglais  ne  s’y  trouvait  pas.  Ja 
ne  pense  pas  que  cette  question  mérite  de  fixer  l’attention  d’un 
géologue  du  continent;  car  personne  n’avait  avancé,  jusqu’ici, 
pareil  paradoxe.  Si  les  alluvions  anciennes  de  l’Auvergne  diffèrent 
de  celles  de  l’Angleterre,  c’est  une  chose  toute  simple;  il  en  sera 
de  même  de  toutes  les  alluvions  des  pays  de  montagnes  compa- 
rées à celles  des  plaines  et  surtout  à celles  des  bords  de  la  mer. 
Ainsi  M.  Daubeny  a parfaitement  et  aisément  réfuté  M.  Lyell, 
qui,  probablement  sans  le  vouloir,  voulait  modeler  le  monde 
alluvial  sur  celui  delà  Grande-Bretagne  M.  Daubeny  a combattu 
aussi  les  idées  du  même  géologue  et  de  M.  Serope  sur  la  forma- 
tion des  buttes  trachytiques , et  il  a donné  raison  sur  ce  point  à 
la  théorie  de  soulèvement  de  M.  de  Buch  en  ne  l’exagérant  pas. 

Les  courons  diluviens  ont  laissé } dit-on , des  traces  de  leurs 
actions  sur  les  côtes  des  vallées  qu’ils  ont  parcourues , ou  sur  les 
rochers  et  les  sommités  qu’ils  ont  touchées.  Ces  bandes  de  rainures 
ou  de  sillons  ont  été  signalées  dès  long-temps  par  de  Saussure, 
sir  James  Hall,  Underwood , et  l’an  passé  par  M.  Yates  en  An- 
gleterre, et  M.  le  comte  Razoumovski  en  Moravie.  Ces  appa- 
rences doivent  être  frappantes  dans  plusieurs  parties  des  États- 
Unis;  car  plusieurs  mémoires  ont  déjà  été  publiés  sur  ce  sujet. 
Il  faut  étudier  pour  cela  les  récits  des  débâcles  ou  des  inonda- 
tions de  rivières,  telles  que  celles  qui  ont  eu  lieu  dernièrement 
dans  les  Grampians  en  Écosse,  et  qu’ils  ont  été  décrits  par 
M.  Dick-Lauderdale. 

Les  vagues  des  lacs  produisent  aussi,  comme  l’eau  de  la  mer, 
des  sillons  sur  leurs  bords,  et  si  ces  réservoirs  s’écoulent  petit 


DE  LÀ  GÉOLOGIE  E Tî  1 83  1 . 205 

à petit,  ils  laissent  des  vallées  bordées  de  terrasses  d’alluvions. 
Dans  le  cas  des  grands  courans  ou  déplacemens  d’eau  produits 
par  des  soulèvemens . il  a dû  se  former  non  seulement  des  dé- 
coupures dans  le  sol,  mais  encore  les  matières  et  les  blocs 
entraînés  ont  dû  entamer  les  bords  des  vallées  déjà  existantes, 
d’autant  plus  qu’elles  étaient  les  points  les  plus  bas  de  la  surface 
balayée.  Telle  nous  paraît  l’origine  de  la  plupart  des  alluvions 
anciennes  placées  aussi  bien  sur  des  plateaux  que  dans  des  fonds 
de  grandes  vallées. 

La  formation  de  ces  dernières  a été  traitée  dernièrement  par 
Màl.  d’Omalius  et  de  Hoff.  L’un  a démontré  les  effets  de  l’é- 
rosion aidée  par  des  actions  souterraines,  tandis  que  l’autre  a 
distingué  plusieurs  espèces  de  vallées,  savoir  : celles  d’écarte- 
ment , de  plissement,  d’éruption  , d’érosion  et  de  refoulement, 
ainsi  que  celles  formées  par  plusieurs  de  ces  causes  agissant  suc- 
cessivement ou  simultanément.  M.  de  Hoff  a cru  retrouver  dans 
b-  lac  circulaire  de  Salzungen  au  milieu  du  grès  bigarré  du  Mans- 
feM  ; un  exemple  de  V écoulement  d'un  ancien  cratère.  Ce  lac  est 
environné  de  loin,  au  sud-est,  nid  et  sud-ouest,  par  des  buttes 
basaltiques  près  desquelles  les  couche^  deg  ès  bigarré  sont  toutes 
aussi  tourmentées  qu’uutour  du  lac.  Il  a offert  des  phénomènes 
extraordinaires  lors  de  certains  grands  Ireinhlcmens  de  terre.  Des 
gaz,  se  sont  élevés  quelquefois  du  fond  de  cette  cavité.  lien  con- 
c!nl  que  lors  des  éruptions  basaltiques  des  pays  voisins,  un  sem- 
blable évènement  a pu  avoir  lieu  à l'endroit  occupé  maintenant  par 
ce.  Iac/  mais  plus  tard,  la  masse  soulevée  se  serait  affaissée  et  aurait 
entraîné  avec  elle  une  partie  des  grès  altérés  qui  l’entouraient. 

Nos  connaissances  sur  les  dépôts  ignés  et  les  phénomènes  vol- 
caniques n’ont  pas  été  augmentées  l’an  passé,  si  ce  n’est  par 
rapport  au  genre  de  formation  de  ce.^  volcans  sous  marins  qui 
s’élèvent  petit  à petit  au-dessus  des  eaux  au  moyen  des  matières 
projetées.  Les  observations  subséquentes  nous  montreront  si  la 
théorie  des  cratères  de  soulèvement  doit  être  totale  ment  rejetée 
ou  adaptée  seulement  à certains  cas  ou  à quelques  localités. 

Quant  aux  roehes  pluloniques  anciennes,  M.  Léonhard  va  faire 
paraître  un  Traité  complet  sur  les  basaltes , sur  leurs  variétés, 
sur  leurs  gisemens  divers,  et  surtout  sur  les  altérations  si  variées 
qu’ils  ont.  produites  par  leur  contact  avec  les  roches  nepluniennes. 

On  dira  peut-être  que  c’est  un  thème  trop  rebattu;  je  ne 
crois  qu’aucun  sujet  géologique  n’a  encore  été  traité  à fond, 
et  encore  moins  celui  dont  il  s’agit.  Ainsi,  par  exemple,  il  y a 


29$  îtÉSUajÉ  OE5  PROGRÈS 

bien  des  géologues  qui  oe  connaissent  pas  bien  le  phénomène 
de$  culots  basaltiques  ou  des  filons  semblables  sous  forme  de 
grades  cheminées,  ainsi  que  celui  des  buttes  basaltiques  im- 
plantées dans  le  sol  ancien  sous  la  forme  d’un  coin  dont  la  pointe 
est  dirigée  vers  le  bas.  Ces  gîtes  du  basalte  sont  pourtant  tout 
aussi  évidens  en  Allemagne  que  celui  des  basaltes  en  coulées  en 
Auvergne  ou  en  Vivarais , et  il  est  tout  naturel  que  celui  qui  n’en 
a pas  vu  de  ce  genre  ne  puisse  pas  comprendre  certains  gise- 
mens  tout  semblables  , des  serpentines  et  des  ejupholides,  J’en 
pourrais  dire  tout  autant  des  filons-couches  basaltiques;  l’étude 
trop  superficielle  que  beaucoup  de  géologues  ont  faite  de  ces  appa- 
rences est  funeste  à l’avancement  de  nos  connaissances,  relatif 
veroent  aux  filons-couches  des  roches  ignées  anciennes,  gisemens 
qui  abondent  dans  les  schistes  et  sont  le  plus  souvent  mal  dé- 
crits. Je  suis  certain  que  la  monographie  sur  les  basaltes  de 
M.  de  Léonbard  sera  lue  et  consultée  avec  un  grand  intérêt, 
parce  qu’elle  sera  non  seulement  un  résumé  de  tout  ce  qui  a été 
dit  d’essentiel  sur  la  matière,  mais  encore  un  tableau  des  obser- 
vations nombreuses  que  l’auteur  a faites  depuis  nombre  d’années 
dans  toutes  les  parties  de  l’Allemagne,  en  France  et  en  Belgique. 
De  plus  on  y trouvera  des  recherches  chimiques  sur  les  roches 
décolorées,  altérées,  endurcies,  fondues  ou  même  vitrifiées  prés 
du  basalte;  Ton  verra  les  altérations  et  les  accidens  particuliers 
à chaque  grand  district  volcanisé,  et  l’on  pourra  par  l’énumé- 
ration des  roches  étrangères  empâtées  dans  les  brèches  basaltiques 
se  former  une  idée  de  la  croûte  que  les  basaltes  ont  eue  à percer 
pour  arriver  jusqu’à  la  surface.  Bien  n’est  plus  curieux  et  plus 
instructif  pour  l’étude  des  dépôts  anciens  que  ces  roches  tufacées 
qui  forment  tantôt  des  salbandes  de  filons  ou  de  culots,  ou  de 
filons-couches,  tantôt  des  filons  entiers,  des  mamelons  ou  même 
la  partie  inférieure  de  masses  recouvrant  le  sol  neptunien  et 
dépendant  d’une  butte  ou  d’un  culot. 

On  doit  seulement  regretter  que  RI.  de  Léonbard  n’ait  pas 
visité  le  Vicenîin  et  le  Tyrol  méridional  ; car,  n’ayant  qu’un 
objet  en  vue,  il  y aurait  probablement  vu  des  choses  qui  ont 
échappé  aux  Arduini, Ferber , Maraschini,  Pnssini,  de  Buch,  etc. 

Avant  de  quitter  le  domaine  volcanique,  il  faut  que  je  signale 
le  mémoire  intéressant  de  M.  Gustave  Bose,  qui  remet  en  ques- 
tion la  séparation  de  V amphibole  et  du  pyroxène  par  des  raisons 
autant  cristallographiques  que  géogéniques.  Les  angles  des  deux 
minéraux  s c laissentrauienerles  uns  aux  autres,  leur  composition 


DE  LA  GÉOLOGIE  EN  l85l.  2<>7 

chimique  est  très  semblable,  leur  pesanteur  spécifique  relative 
forme  des  séries  qui  s’élèvent  tout  aussi  haut  dans  un  minéral 
que  l’autre  , quoique  la  série  des  pesanteurs  de  l’amphibole  des- 
cende plus  bas  que  celle  des  pesanteurs  du  pyroxène.  Les  diorites 
de  l’Oural  renferment  des  cristaux  qui  réunissent  la  forme  de 
ce  dernier  minéral  avec  le  clivage  de  l’amphibole.  Ces  deux 
minéraux  constituent  ensemble  des  groupes  réguliers  dans  les- 
quels les  cristaux  ont  des  axes  parallèles  et  les  arêtes  latérales 
plus  obtuses  de  l’amphibole  y sont  parallèles  aux  arêtes  plus 
aiguës  du  pyroxène.  L’Oural  et  l’Arendal  offrent  de  ces  cristal- 
lisations. Les  différences  de  formes  des  deux  substances  s’ex- 
pliquent par  les  circonstances  différentes  sous  lesquelles  elles  ont 
été  produites  par  la  voie  ignée.  La  forme  de  l’amphibole  est  le 
résultat  d’un  refroidissement  plus  leutque  celui  qui  a fait  cristal- 
liser le  pyroxène,  et  au  contraire  ce  dernier  a été  produit  par 
un  refroidissement  plus  Ainsi  on  obtient  des  cristaux 

de  pyroxène  en  fondant  dans  un  creuset  de  platine  de  l’amphi- 
bole seule  ou  mêlée  avec  du  pyroxène.  On  rencontre  dans  les 
scories  des  hauts  fourneaux  des  cristaux  de  pyroxène,  mais  non 
d’amphibole.  L’amphibole  est  associée  ordinairement  avec  des 
minéraux,  s’étant  cristallisés  par  un  refroidissement  lent  : dan9 
ce  cas  sont  le  quarz,  le  feldspath,  l’albite,  etc.;  tandis  que  le 
pyroxène  est  fréquemment  accompagné  de  péridot  formé  par  un 
refroidissement  prompt.  Lorsque  les  deux  minéraux  sont  réunis 
les  masses  sont  composées  diversement,  et  ont  par  conséquent 
une  fusibilité  différente;  la  plus  difficilement  fusible  est  la  masse 
pyroxénique , et  la  plus  aisément  fusible  celle  à amphibole , ce 
dernier  minéral  s’est  cristallisé  autour  du  premier. 

Ces  considérations  sont  très  importantes  pour  la  géogénie,  car 
les  dernières  sont  applicables  à la  formation  d’un  nombre  consi- 
dérable de  cristaux  empâtés  dans  d’autres  cristaux  à cause  de  la 
différente  fusibilité  des  substances,  Ensuite  elles  confirment  les 
idées  qu’on  avait  sur  la  différente  origine  des  siénites  et  des 
basaltes , des  amphibolites  et  des  roches  pyroxéniques. 

M.  Vollz  a appuyé  sur  les  circonstances  particulières  des 
gisemens  gypseux ; d’après  lui,  cette  roche  est  toujours  dans  des 
cavités  on  au  fond  do  vallées  et  de  crevasses.  C’est  une  obser- 
vation déjà  faite  ailleurs  et  étayée  sur  beaucoup  d’exemples.  On 
comprend  que  M.  Voltz  est  pour  la  théorie  de  sublimation,  et 
qu’il  attribue  aussi,  comme  Mi\l.  de  Buch  , Hoffmann,  de  Beau- 
mont * Dul'resnoy  et  nous*  la  formation  des  cargneules  ou 


2o8  RÉSUMÉ  DES  PROGRES 

rauchwncke  à l’action  des  gaz  acides,  accompagnés  quelquefois 
de  sublimations  siliceuses.  En  outre,  M.  Voltz  pousse  très  loin 
l’idée  que  les  calcaires  ont  été  changés  dans  le  voisinage  des 
gypses  en  marnes  ou  argiles , et  il  voudrait  étendre  celte  théorie 
i\  la  formation  de  certaines  grandes  masses  marno- argileuses , 
gypsifères  ou  métallifères.  Enfin  il  fait  observer  que  dans  les 
pays  à minerais,  ces  derniers  sont  situés  souvent  dans  les  dépôts 
qui  y ont  le  niveau  le  plus  inférieur. 

Les  Pyrénées  se  prêtent  fort  bien  à ces  idées,  comme  M.  Du- 
fresnoy  l’a  développé  en  parlant  des  ophytes,  et  moi,  en  décri- 
vant le  gîte  si  curieux  de  Filou. 

M.  Strombeck  est  revenu  sur  la  dolomiscilion  des  calcaires  ju- 
rassiques, et  observe  que  les  tests  des  coquilles  disparaissent  dans 
les  dolomies  de  certains  lieux  de  la  Franeonie,  pour  être  rem- 
placés par  une  matière  pulvérulente  silicéo-calcaire.  [Archives  de 
Karsten , vol.  5,  .cah.  2.) 

M.  Gerhard  a fait  de  nombreuses  observations  sur  la  lernpé- 
rature  des  mines  de  la  Prusse  à diverses  profondeurs  ; il  a trouvé 
que  certaines  mines  lui  ont  donné  un  accroissement  de  i°  de  tem- 
pérature pour  chaque  172,5  ou  178,95  ou  180,6  pieds.  Néan- 
moins il  conclut  qu’on  a encore  trop  peu  de  données  positives 
pour  pouvoir  en  déduire  une  augmentation  graduelle  de  chaleur 
de  la  circonférence  vers  le  centre  du  globe. 

Les  filons  n’ont  point  encore  été  étudiés  avec  assez  de  soin  ; 
cela  dépend  en  grande  partie  de  la  difficulté  du  sujet.  Dans 
les  districts  métallifères  on  n’a  tenu  compte  que  des  filons 
exploitables,  tandis  qu’une  bonne  carte  d’un  district  minier  de- 
vrait indiquer,  outre  tous  les  filons  riches,  ceux  recelant  peu 
de  minerais  et  ceux  qui  sont  stériles.  Alors  on  pourrait  seule- 
ment avoir  une  idée  parfaite  du  réseau  de  fentes  et  des  fentfille- 
mens  successifs  (pii  ont  été  remplis  par  sublimation  et  postérieu- 
rement par  infiltration.  M.  Ketèrslein  s’occupe  de  dresser  une 
carte  des  divers  groupes  de  filons  en  Europe  ; mais  avec  les  ma- 
tériaux actuels  ii  restera  bien  au-dessous  de  sa  tache,  malgré 
Futilité  de  son  travail. 

M.  J.  Carne  de  Cornouailles  a détaillé  les  i^apports  entre  les 
filons  et  les  couches  qui  les  renferment.  M Henwood  , un  ingé- 
nieur des  mines  du  Cornouailles,  a !u  à la  Société  géologique  de 
ce  pays  un  mémoire  sur  les  cailloux  roules  dans  les  filons , et  a 
proposé  un  plan  détaillé  d'examen  pour  les  filons.  Il  y note  soi- 
gneusement leurs  ehangemens  d’inclinaison  et  de  direction,  leurs 


DE  LA.  GÉOLOGIE  EN  1 85  1 . 


*0Q 

éntrecroisemens,  leur  richesse  à différentes  profondeurs,  la 
distribution  particulière  de  leurs  minerais  et  de  leurs  métaux  , 
la  température  des  mines  et  les  phénomènes  électro-magnétiques 
observés  dans  divers  lieux.  Il  y a un  point  sur  lequel  les  mineurs 
sont  encore  très  souvent  en  désaccord  avec  le  géologue , c’est 
la  fixation  des  limites  du  filon  et  l’indication  exacte  de  l’espace 
du  mur  ou  du  toit  qui  est  imprégné  de  minerai.  Tout  ce  qui  est 
exploitable  est  loin  d’être  le  plus  souvent  le  véritable  filon,  et 
combien  de  mines  qui  ne  poursuivent  que  des  fentes  impercep- 
tibles dont  les  côtés  sont  métallifères  et  exploités!  C’est  surtout 
dans  ces  malentendus  qu’on  doit  chercher  la  cause  de  la  théorie 
neptuniçnne  du  remplissage  des  filons. 

M.  Meyer,  habile  ingénieur  autrichien,  et  en  service  en  Bo- 
hème, a>  publié  , dit -on,  des  considérations  intéressantes  sur 
l’age  relatif  des  filons.  Au  fait  des  phénomènes  du  Tyrol  méri- 
dional, il  devrait  bien  faire  connaître  toutes  ses  observations 
sur  la  liaison  de  certains  filons  ou  amas  métallifères  avec  diverses 
roches  épanchées  du  sein  de  la  terre. 

L’étude  des  failles  a été  enrichie  l’an  passé  par  un  mémoire 
de  M.  Sedgwiek,  sur  les  principales  failles , 'dans  le  nord  de 
l’Angleterre.  Les  failles  ont  été  presque  entièrement  négligéée 
jusqu’ici , si  ce  n’est  dans  quelques  localités  d'exploitations 
métallifères.  Ces  observations,  en  se  multipliant,  nous  appren- 
dront à mesurer  les  mouvemeos  que  le  sul  a éprouvés,  et  à fixer 
leur  date  précise. 

D’après  ce  savant,  les  divers  soulèvemens  qui  ont  affecté  les 
schistes  intermédiaires  ont  eu  une  direction  N.-E.  vers  E.  à 
S. -O.  vers  O.,  tandis  que  le  calcaire  de  montagne  a été  acci- 
denté par  un  mouvement  dirigé  du  N.  au  S.,  ce  qui  l’a  placé 
en  stratification  discordante  contre  les  premiers  dépôts.  Il  attri- 
bue à un  même  soulèvement  la  formation  de  toutes  les  chaînes  de 
transition  de  l’Ecosse  méridionale  et  de  l’Angleterre  occidentale, 
et  trouve  que  les  éruptions  porphyriques  y ont  produit  des 
inflexions  dans  les  couches  schisteuses  inférieures  et  supérieures, 
tandis  que  le  système  central  du  sol  intermédiaire  n’a  été  que 
fendillé.  Enfin  les  axes  des  divers  bassins  houillers  ne  sont  pas 
parallèles  ; ces  derniers  gisent  en  stratification  contrastante  sur 
le  calcaire  de  montagne  entre  la  Tweed  et  Derby,  et  les  dislo- 
cations du  terrain  houiller  ont  affecté  les  couches  secondaires 
au  N.  de  Derby,  mais  très  peu  sur  le  canal  de  Bristol. 

Les  anciens  géologues  portaient  beaucoup  d’attention  aux 
Soc,  géçl.  Tom-  IL  14 


310 


RESUME  DES  PROGRES 
dépôts  en  stratification  discordante , e.t  attribuaient  à ce  carac- 
tère une  importance  peut-être  excessive.  Une  stratification 
transgressive  n’est  une  chose  fondamentale  que  lorsqu’elle  est 
un  phénomène  général  dans  un  continent  ou  du  moins  une 
contrée.  Ainsi  le  calcaire  jurassique  est  en  général  en  stratifica- 
tion concordante  sur  le  lias  , mais  localement  ces  deux  dépôts 
ont  été  vus  en  stratification  discordante  ; voilà  donc  un  cas  où 
ce  caractère  n’a  pas  de  valeur  , et  il  serait  facile  d’en  citer  de 
semblables.  Ainsi,  non  loin  de  Cobourg,  nous  nous  rappelons 
une  portion  de  grès  bigarré  redressé  très  fortement,  le  Mu- 
schelkalk  et  le  Keuper  placés  presque  horizontalement  à côté  de 
cette  roche. 

On  a aussi  eu  tort,  comme  l’a  bien  dit  M.  Deshayes , de  croire 
que  les  dépôts  en  stratification  discordante  recélaient  toujours 
des  créations  diverses;  ainsi  le  zeehstein  reposant  avec  le  terrain 
houiller  en  stratification  transgressive  sur  le  sol  intermédiaire, 
n’en  offre  pas  moins  des  fossiles  intermédiaires,  et  en  général 
les  pétrifications  de  la  formation  houillère  ont  plus  d’analogie 
avec  ces  dernières  qu’avec  celles  des  autres  dépôts  secondaires.  Il 
en  est  de  même  dest  fossiles  du  calcaire  de  montagne  et  de  cer- 
tains terrains  schisteux. 

Les  stratifications  discordantes  de  toutes  les  masses  ne  me  sem- 
blent que  de  grandes  exceptions  locales  produites  par  des  soulève- 
mens,  puisqu’en  combinant  l’état  géologique  des  masses  minérales 
des  divers  endroits  connus  de  la  terre,  on  arrive  à établir  que 
tous  les  dépôts  se  suiventdans  un  ordre  parfaitement  concordant. 

La  seule  exception  jusqu’ici  connue  et  non  encore  levée  est 
celle  de  la  position  relative  du  sol  tertiaire  et  de  la  craie.  Pour 
l’Europe,  et  en  particulier  pour  les  pays  de  plaines  de  ce  conti- 
nent , il  paraîtrait  qu’il  y a un  hiatus  immense  indiquant  des  ré- 
volutions épouvantables  ; mais  n’en  peut-il  pas  être  autrement 
dans  d’autres  continens,  ou  même  dans  les  contrées  monta- 
gneuses de  l’Europe  ? C’est  une  question  non  encore  résolue. 

Jusqu’à  ces  dernières  années  l’étude  des  sources  minérales 
ne  semblait  que  du  domaine  du  chimiste  et  du  médecin  , et  était 
bannie  des  traités  de  géologie.  Un  très  petit  nombre  de  géolo- 
gues ont  toujours  senti  îa  connexion  de  ces  eaux  avec  les  phé- 
nomènes géologiques.  Parmi  ces  derniers  je  me  plais  à placer 
nos  deux  présideus.  Ml.  Brongniart  a même  voulu  attribuer  des 
effets  prodigieux  aux  sources  minérales  qui  jaillissaient  du  sein 
de  la  terre  lors  des  époques  géologiques  anciennes  et  modernes. 


Î)E  LA  GÉOLOGIE  EN  l85l.  911 

Vous  vous  rappelez  que  M.  Rozet  a même  proposé  de  faire  sortir 
de  terre  des  eaux  diluviennes  chargées  d'acide  carbonique.  Cette 
liaison  des  sources  avec  les  propriétés  du  globe  a été  appelée 
une  respiration  sui  generis , par  M.  Kcferstein. 

Certes  le  globe  expire  ou  exhale  beaucoup  de  substances,  et 
dans  ce  sens  n’étant  pas  inerte,  on  peut  dire  métaphoriquement 
qu’il  vit;  mais  il  y a encore  loin  de  là  à la  vie  animale  , quoique 
les  parties  constituantes  des  êtres  animés  se  retrouvent  dans  la 
croûte  terrestre.  Et  supposant  même  qu’il  n’y  ait  entre  les  objets 
inanimés  et  animés  aucune  différence,  si  ce  n’est  celle  résultant 
de  la  diversité  élémentaire  et  de  l’emploi  varié  de  certains  fluides 
invisibles,  on  aurait  néanmoins  raison  d’avoir  des  terme  t dis- 
tincts pour  indiquer  la  vie  d’un  être  agissant  et  même  rais  J loant 
et  celle  d’un  objet  non  doué  de  ces  facultés. 

La  connaissance  exacte  de  la  nature  des  sources  numérales 
étant  toujours  plus  sentie  , et  d’une  autre  part  le  chimiste  et  le 
géologue  commençant  à y attacher  beaucoup  d’importance,  nous 
ne  devons  pa3  être  étonné  du  nombre  de  descriptions  locales  qui 
s’accumulent  chaque  année. 

On  a publié  dernièrement  les  analyses  des  eaux  sulfureuses 
de  Moffat  et  des  eaux  ferrugineuses  de  V ica  rs-B  ridge , près  de 
Dollar  en  Ecosse.  MM.  KaMner  et  Stifft  ont  donné  celles  des 
eaux  minérales  du  pays  de  Nassau , qui  sont  si  nombreuses  et  si 
variées.  MM.  Brandes  et  Pegeler  ont  examiné  les  eaux  de  Ta - 
tenhausen  en  tVestplialie ; M.  le  docteur  Schlegel  celles  de  Lie  - 
benstein  en  Thuringe. 

M.  Gmclin  a imprimé  une  brochure  intéressante  sx\v  V eau  aci- 
dulé de  Niedernau  en  FTurteniberg , qui  sort  du  milieu  de  ro- 
chers magnésiens  du  Muschelkalk.  M.  Vogel  nous  a fait  connaî- 
tre un  grand  nombre  de  sources  de  Bavière , M.  de  ïlolger  cer- 
taines eaux  d’Autriche  et  de  Styrie.  L’ouvrage  de  feu  M.  Kitai- 
bel  sur  toutes  les  eaux  minérales  de  la  Hongrie , du  Bannat  et 
de  la  Transylvanie , est  un  bon  index  à consulter  pour  celui  qui 
voudrait  les  étudier  à fond.  M.  G.  A.  Grundler  a présenté  dans  un 
volume  une  récapitulation  de  toutes  les  sources  minérales  de 
V Allemagne  et  des  états  dépendans  des  souverains  allemands. 

En  Italie,  M G.  Melandri  a publié  de  nouvelles  recherches 
et  des  analyses  sur  les  eaux  ferrugineuses  de  Hecoaro ? dans  le 
Vicentin  ; M T.  Giuly  une  Histoire  naturelle  de  toutes  les  eaux 
minérales  de  la  Toscane ; M.  Grandoni  une  Analyse  des  eaux  sa- 
lines etferrugineuses  de  Bovegno  dans  le  val  Trompia. 


212 


RÉSUMÉ  DES  PROGRÈS 

En  France,  on  a analysé  de  nouveau  les  eaux  de  Bourbonne , 
localité  curieuse  sur  laquelle  M.  Walferdin  doit  nous  donnerpro- 
chainement  une  notice,  avec  des  observations  sur  ses  sources 
thermales  sous  le  rapport  chimique  et  sous  le  rapport  géolo- 
gique. 

Les  eaux  nombreuses  du  pied  nord  du  Caucase  ont  fait  le  su- 
jet de  l’examen  de  MM.  Conradi , Niliubin  , Sobolev  et  Her- 
mann. Nous  avons  ainsi  acquis  une  connaissance  complète  des 
eaux  thermales  acido-hulfureuses  de  Mascluika,  et  du  pied  du 
cône  trach^tique  de  Kumgara,  de  la  source  acidulé  qui  jaillit  dn 
milieu  du  calcaire  jurassique  de  Kislawodsk  , et  des  eaux  chaudes 
et  salines  des  bords  du  Terek. 

En  Angleterre,  le  docteur  Daubcny  a continué  ses  observa- 
tions sur  les  eaux  thermales , et  vient  de  publier  de  nouveau  avec 
des  coupes  ses  idées  déjà  imprimées  dans  le  Journal  de  géolo- 
gie ( Edinib . philos,  journ n°  1 83a). 

Aux  États-Unis  on  a retrouvé  l’iode  et  le  brome  dans  plu- 
sieurs sources  salées  ; on  a analysé  les  eaux  de  Buffalo  , de  Bed- 
ford , de  Bath , de  ClinL  dans  le  New-York , et  de  Salina.  On  a 
donné  de  nouveaux  détails  sur  des  sources  de  NaphLeel  des  émana* 
tions  de  gaz  inflammable  dans  les  contrées  en  deçà  des  Àlleghanys. 

La  souiélé  helvétique  sentant  aussi  Futilité  de  Fexamén  des 
eaux  minérales,  avait  provoqué,  il  y a quelques  années,  une 
exploration  de  toutes  les  eaux  de  la  Suisse.  Il  est  à désirer  que 
la  mort  de  M.  Ebeî,  chef  de  la  commission,  ne  ralentisse  pas  ces 
travaux  , par  lesquels  se  sont  déjà  distingués  M.  Kries  pour  les 
Grisons,  M.  Brunner  et  Fagensteeher  pour  le  canton  de  Berne, 
M.  GimbernPit,  etc. 

Celle  année  a été  fertile  en  ouvrages  généraux  sur  les  sources 
minérales.  Le  docteur  Osann,  de  Berlin , a publié  le  premier  vo- 
,'iine  d’une;  Description  physique  et  médicale  des  eaux  miné- 
rales connues  en  Europe.  Cet  ouvrage,  auquel  il  a consacré  dix 
ans  de  travail  et  de  voyages,  paraît  devoir  remplir  un  vide  dans 
la  science,  et  mériterait  à tous  égards  d’être  traduit  en  français. 
Le  premier  volume  contient  les  propriétés  générales  des  sources 
connues  en  Europe;  les  volumes  suivons  offriront  la  collection 
des  monographies  locales.  C’est  surtout  d’après  cet  ouvrage  que 
M.  le  docteur  Slucke  a pu  publier  sa  Carte  géologique  des  sour- 
ces de  V Allemagne , de  la  Belgique , de  la  Suisse  , de  V empire 
autrichien  et  de  la  France  occidentale.  Il  y a joint  les  tableaux 
d’un  grand  nombre  des  meilleures  analyses  des  eaux  minérales. 


DE  LA  GÉOLOGIE  EN  3 85 1.  al 5? 

Vous  connaissez  la  manière  dont  ce  dernier  savant  les  divise;?, 
il  ne  me  reste  donc  plus  qu’à  vous  parler  des  idées  émises  sur 
leur  origine  par  MM.  Stucke,  Osann,  StifFt,  Benzenberg,  Dau- 
beny  et  Keferstein. 

M-  Benzenberg  n’a  pas  eu  de  peine  à prouver  par  les  eaux 
thermales  d’Aix-la-Chapelle  et  de  Burtscheid  , qu’elles  n’étaient 
qu’une  dépendance  de  la  chaleur  primitive  du  globe  et  des  an- 
ciennes actions  volcaniques  qui  ont  bouleversé  jadis  le  pays  voi- 
sin , et  qui  maintenant  ne  se  font  reconnaître  qu’en  épanchant  des 
eaux  salutaires  pour  l’homme.  Le  mal  est  donc  compensé  par  le 
bien  comme  dans  tout  le  reste  de  ce  qui  a lieu  dans  le  monde. 

Il  paraîtrait  qu’il  faut  distinguer  dans  les  sources  celles  qui 
proviennent  du  sein  de  la  terre , et  qui  ne  sont  que  peu  ou  point 
soumises  aux  influences  atmosphériques,  et  celles  qui  reçoivent  au 
contraire  leurs  eaux  de  l’atmosphère  et  leurs  parties  étrangères 
des  roches  qu’elles  traversent . 

MM.  Haussmann,  Bischof,  Liebig,  Brunner,  Struve,  etc.,  se 
sont  occupés  du  dernier  mode  par  lequel  des  eaux  pluviales  devien- 
nent minérales;  et  M.  Struve  a peut-être  poussé  la  chose  trop  loin 
en  voulant  reproduire  ainsi  artificiellement  les  eaux  minérales. 
MM.  Stifft  et  Muller  lui  ont  fait  ce  reproche  , et  ce  dernier  n’a 
pas  obtenu  par  les  procédés  de  M.  Struve  tous  les  résultats  an- 
noncés par  ce  dernier. 

Les  sources  produites  ainsi  dans  certaines  localités  par  le  la- 
vage des  roches  au  moyen  des  eaux  pluviales  ne  pourraient  com- 
prendre que  certaines  sources  minérales  froides  hydro-sulfu- 
reuses, ferrugineuses,  salées,  à sulfate  de  magnésie,  à salpêtre 
ou  alun. 

Les  laboratoires  où  ces  eaux  se  minéraliseraient  seraient  dans 
des  dépôts  de  gypse,  de  Muschelk.dk,  de  Keuper  ou  de  grès  py- 
riteux,  de  sel,  de  houille  et  de  lignite.  En  général  ces  sources 
sourdent  dans  le  pays  plat  au  milieu  des  alluvions  ; et  d’après 
M.  Osann  elles  n’atteignent  jamais  en  Allemagne  un  niveau  plus 
élevé  que  6 à 8oo  pieds. 

L’autre  classe  d’eaux  minérales  ou  les  eaux  volcaniques  com- 
prendraient les  eaux  thermales  et  acidulés  , et  surtout  les  sources 
acidulés  chargées  de  soude  et  de  fer.  Le  foyer  d’où  elles  dérivent 
est  situé  , non  pas  à la  surface  terrestre  comme  pour  les  autres, 
mais  sous  la  croûte  terrestre,  et  elles  sourdent  des  roches  pri- 
maires, intermédiaires,  et  ignées.  On  les  trouve  à des  niveaux 
très  divers,  tantôt  à de  grandes  élévations,  tantôt  dans  des  bas- 


fll4  RÉSUMÉ  DES  PROGRES 

fonds,  des  crevasses  et  des  fentes.  Déjà  l’an  passé  j’ai  noté 
l’observation  que  souvent,  dans  un  même  pays,  les  eaux  aci- 
dulés se  trouvaient  à des  hauteurs  plus  considérables  que  les 
sources  thermales.  L’ouvrage  de  M.  SlifTt  sur  les  eaux  minérales 
du  pays  de  Nassau  confirme  bien  cette  curieuse  remarque  de 
M.  Buch. 

Les  eaux  minérales  dont  je  m’occupe  se  trouvent  surtout 
dans  le  voisinage  des  volcans  ou  des  régions  anciennement  vol- 
canisées , et  elles  paraissent  sous  l’influence  des  grands  phéno- 
mènes volcaniques  qui  décèlent  leur  puissance  par  des  trem- 
blemens  de  terre. 

Les  eaux  thermales  sourdent  des  crevasses  au  milieu  des  gra- 
nités, des  gneiss,  des  roches  volcaniques,  ou  près  des  basaltes, 
des  porphyres,  des  roches  trappéenncs  et  dans  les  grauwackes 
traversées  d’éruptions  ignées.  MM.  Sickler  et  Keferslein  ont  tracé 
en  Europe  des  zones  basaltiques  accompagnées  de  séries  de 
sources  thermales;  et  M,  SlifTt  a pu  classer  Jes  diverses  sources 
volcaniques  du  Nassau  par  bandes,  comme  si  chaque  série  des 
eaux  du  même  genre  sortait  de  la  terre  par  une  faille  ou  fente 
séparée. 

Les  sources  acidulés  démontrent  leur  origine  ignée,  comme 
les  précédentes  par  leur  température,  leurs  parties  constituantes 
et  leur  position.  Si  elles  sourdent  de  diverses  roches,  telles  que 
le  calcaire  intermédiaire,  le  calcaire  des  Alpes,  le  grès  bigarré, 
le  schiste  argileux,  le  gneiss , les  roches  pyroxéniques,  les  argiles 
et  les  marnes , très  souvent  elles  sont  dans  le  voisinage  d’énormes 
dépôts  volcaniques  ou  basaltiques.  Un  exemple  frappant  de  cette 
dernière  position  existe  dans  la  Transylvanie  orientale,  où  la 
vallée  appelée  Szekler  Land , ou  pays  des  Hongrois  Szekler,  est 
remplie  de  sources  acidulés  sortant  du  sol  volcanique,  alluvial 
ou  intermédiaire;  tandis  qu’à  côté  s’élève  une  immense  chaîne 
traehytique  à cratères  encore  intacts  et  à solfatare.  Les  sources 
analogues  du  Caucase  ont  une  position  très  semblable,  d’après 
M.  Hermann;  tandis  que  tout  le  monde  sait  que  celles  de  la 
Bohème  et  de  la  Silésie  sont  au  pied  ou  au  milieu  des  phonoîiles 
et  des  basaltes. 

Je  terminerai  ces  généralités  sur  les  eaux  minérales  par  les 
considérations  présentées  par  M.  Stifft.  D’après  ce  savant,  les 
sources  minérales  paraissent  en  général  indépendantes  de  la 
constitution  géologique  des  lieux  d’où  elles  sourdent , et  sont  sou- 
vent environnées  d’un  terroir  marécageux  ou  tourbeux»  Elles  ne 


DE  LA  GÉOLOGIE  BUT  1 85 1 . T\ 

sortent  guère  isolément  de  la  terre  , mais  il  y en  a toujours  plu- 
sieurs ensemble  en  occupant  des  espèces  de  zones.  Dans  leur 
voisinage,  les  couches  ont  subi  des  redressemens , des  abaisse- 
rnens  et  souvent  des  fendilSemens.  Les  roches  dont  elles  sortent 
sont  réduites  à une  argile  ou  des  aggrégats  en  sable;  changemens 
identiques  avec  ceux  qu’on  a reconnus  près  des  filons.  Enfin  les 
sources  thermales  fournissent  une  plus  grande  quantité  d’eau  et 
un  volume  moins  variable  d’eau  que  celles  qui  sont  froides,  et 
elles  renferment  en  général  plus  de  particules  solides  et  moins 
de  parties  gazeuses.  Les  gaz  sont  plus  fortement  combinés  dans 
les  premières  eaux  que  dans  les  secondes;  tandis  que  les  gaz  qui 
né  sont  pas  combinés  dans  les  eaux  thermales  ne  sont  pas  mêlé3 
à l’eau,  mais  s’échappent  seulement  en  même  temps  qu’elle. 
Dans  les  sources  froides,  les  gaz  sont  rarement  libres,  mais 
plutôt  en  combinaison  plus  ou  moins  intime. 

Le  forage  des  puits  artésiens  continue  à avoir  la  vogue,  et  les 
notices  sur  ce  percement  perfectionné  se  multiplient  dans  tous 
les  pays.  Il  est  singulier  qu’on  ait  négligé  si  long-temps  une  ma- 
nière si  commode  d’avoir  de  l’eau  potable,  puisque  les  Chi- 
nois connaissent  les  puits  forés  depuis  très  long-temps,  qu’on 
les  employait  en  1740  (^ans  la  régence  d’Alger,  d’après  le  docteur 
Shaw,  et  qu’ils  ont  été  décrits  en  1691  par  Ramazzini  [de  Fort - 
tium  mutinensium  adrniranda  scaturigine  tractatus,  in~4°)  en  1729, 
par  Belidor  ( Science  de  l’ingénieur) , et  plus  tard  par  Cassinî 
( Acad . des  *Sc.);  cela  prouve  qu’il  est  bien  difficile  de  faire 
maintenant  une  découverte  qui  soit  tout-à-fait  nouvelle. 

Dernièrement  M.  Waldauf  de  Waldenstern  déjà  avantageuse- 
ment connu  par  des  ouvrages  sur  la  géologie  appliquée  à l’art 
des  mines,  a publié  à Vienne  un  Résumé  de  toutes  les  observa- 
tions et  les  découvertes  faites  à cet  égard  par  MM.  Garnier , 
Héricart  de  Thury , B aille  t,  di  O malius , F lâchât,  Beurier , de 
Bruckmann , etc.  (in- 8°,  i83i).  Je  ne  ferai  que  vous  rappeler  les 
puits forés  exécutés  à Paris  ou  dans  la  banlieue,  et  poussés  tantôt 
jusqu’à  l’argile  plastique  ou  les  sables  verts,  tantôt  jusque  dans 
la  craie.  Vous  connaissez  tous  les  rapports  répétés  que  M.  Héri- 
cart de  Thury  a faits  à ce  sujet  à la  Société  d’agriculture  et  d’en- 
courageinenl  de  Paris  ( Ann . des  Mines , i83i).  Vous  vous  sou- 
venez aussi  que  M.  Degoussé  a traversé  le  premier  la  craie  à 
Tours,  et  a trouvé  de  l’eau  jaillissante  à 371  pieds  de  profon- 
deur. C’est  ce  puits  qui  a offert  ces  graines  et  ces  mollusques 
décrits  par  M.  Dujardin. 


2 1Ô  RESUME  DES  PROGRES 

Le  puits  entrepris  à la  Rochelle  a été  interrompu  ; ceux  de  Bor- 
deaux, d’Agen  et  de  Toulouse  ne  paraissent  pas  avoir  réussi  ; ce 
qui  a arrêté  le  forage  de  celui  projeté  à Auch , tandis  qu’on  a été 
plus  heureux  h Narbonne  , à Perpignan  et  dans  les  environs  de 
Montpellier.  On  en  fore  actuellement  dans  la  commune  de  Saint- 
Arnaud  dans  le  Cher.  Vous  connaissez  l’ouvrage  dans  lequel 
M.  Marcel  de  Serres  a consigné  le  détail  des  couches  tertiaires 
traversées  dans  le  Languedoc.  Les  argiles  marno  - sableuses 
bleues  forment  décidément  le  fond  de  ces  bassins  ou  anses  mé- 
diterranéennes. Le  forage  a fait  découvrir  des  bancs  de  sel  à 
Salis  près  d’Arthes,  et  à Si-Paul  près  de  Dax;  et  des  lits  de 
houille  à Réalmont  et  Laguepy  près  de  Carmont,  non  loin 
d’Albi. 

M.  Roulland  a donné,  dans  le  Journal  de  la  Charente , un 
petit  article  sur  l’origine  des  eaux  des  puits  artésiens,  et  sur  la 
réussite  probable  d’un  puits  semblable  creusé  à Beaulieu  dans 
la  Charente.  Nous  ne  savons  pas  si  son  heureux  pronostic 
s’est  trouvé  vrai. 

En  Italie  , on  s’en  est  surtout  occupé  dans  la  Toscane  et  dans  le 
Piémont,  pays  où  ce  genre  d’industrie,  pratiqué  dans  ie  Modénois  et 
décrit  par  Ramazzini  dès  1692,  n’avait  pas  encore  pénétré.  En  Pié- 
mont, un esociélé pourle  forage  despuits  artésiens  s’estétablie  sous 
les  auspices  du  roi  actuel;  et  en  1829  M.  le  professeur  Carpena  a 
publié  un  ouvrage. sur  cette  matière  sous  le  titre  : Serbatoj  artifi - 
cialei  d'acque  piovane , etc.  , Réservoirs  artificiels  des  eaux  plu- 
viales pour  l’arrosement  ïégulier  des  campagnes  privées  d’eau, 
avec  un  Appendice  sur  les  puits  artésiens  (in-8°,  Turin).  M.  Ricci  a 
donné  les  détails  des  forages  entrepris  autour  de  Florence  , dont 
une  partie  ont  entamé  le  grès  secondaire  récent,  et  ont  eu  géné- 
ralement du  succès  lorsqu’on  a achevé  le  percemeutdes  alluvions 
et  des  argiles  bleues  subapennines.  Néanmoins  certaines  couches 
du  système  secondaire  redressé  offrent  peut-être  aussi  les  condi- 
tions nécessaires  pour  la  réussite.  M.  Ricci  entre  dans  quelques 
détails  sur  les  émanations  gazeuses  qui  s’échappent  quelquefois 
du  fond  des  puits  artésiens  ; il  demande  si  c’est  un  effet  de  causes 
passagères  ou  locales , et  il  raconte  qu’en  nettoyant,  en  1828,  le 
fond  d’un  puits  ordinaire, il  s’en  échappa  avec  explosion  une  quan- 
tité considérable  de  gaz. 

En  Basse- Autriche , M.  le  baron  de  Jacquin  a publié  toutes 
les  données  géologiques  recueillies  jusqu’ici  sur  les  nombreux 
forages  qui  ont  eu  lieu  dans  le  bassin  de  Vienne.  L’argile  sub- 


/ 


DE  LA  GÉOLOGIE  EN  1 83 1 . 21  7 

apennine  y offre  des  lits  aquifères  de  sables  et  de  cailloux,  et  l’eau 
y provient  probablement  des  montagnes  voisines  connues  a Flo- 
rence et  dans  le  Modénois.  Dans  ce  dernier  pays  les  couches 
aquifères  sont  fréquemment  à 63  pieds  sous  le  sol. 

Des  forages  ont  eu  lieu  près  de  Nuremberg , dans  les  terrains 
secondaires  anciens,  mais  sans  résultats,  si  ce  n’est  de  foire 
mieux  connaître,  la  succession  des  combes  du  keuper,  etc.; 
tandis  que  ceux  de  Munich  ont  été  intéressans  et  productifs. 

A Greifenwald  en  Poméranie  on  a cherché,  par  le  forage, 
des  eaux  salées  ; et  M.  Hunefeld  a détaillé  les  couches  traversées 
et  a confirmé  ce  que  M.  de  Ëlucher  avait  dit  sur  la  position  des 
sources  salifères  dans  un  sol  tertiaire  argilo-sableux  sans  fossiles 
et  couverts  de  tourbières  ou  d’aiiuvions.  On  verra  dans  la  suite 
si  ce  terrain  à lignite  et  à ambre  n’est  pas  identique  avec  celui 
qui  ressort,  en  Gallicie  , de  l’autre  côté  du  grand  bassin  du  nord 
de  l’Europe,  ou  si  l’on  doit  admettre  des  dépôts  tertiaires 
supérieurs  ou  subapennins  au  sud,  et  des  dépôts  tertiaires  in- 
férieurs ou  parisiens  au  nord.  Nous  avons  déjà  dit  combien  il  y 
avait  plus  de  probabilités  pour  la  première  opinion  que  pour  la 
seconde. 

En  PVestplialie  , on  a traversé  les  dépôts  crétacés  inférieurs 
pour  arriver  à des  couches  aquifères  qui  dans  un  lieu  ont  offert, 
dit-on,  des  poissons.  En  Angleterre  on  a fait  des  puits  forés 
dans  le  Middlesex,  et  M.  W.  Bland  a lu  à la  Société  géologique 
de  Londres  un  mémoire  sur  l’influence  des  saisons,  sur  la  quan- 
tité d’eau  des  sources. 

En  Russie  cette- industrie  commence  à prendre  pied,  et  on 
trouve,  dans  le  Journal  des  Mines  russe,  la  traduction  des  arti- 
cles de  M.  Héricart  de  Thury  à ce  sujet  {/.  des  M.  1800,  n°  7). 
Enfin  les  journaux  des  États-Unis  contiennent  des  discussions  sur 
l’origine  des  sources  jaillissantes. 

Arrivé  à la  fin  de  mon  compte-rendu  des  progrès  de  la  science, 
il  ne  me  reste  plus  qu’à  remercier  la  Société  de  la  bienveillance 
qu’elle  a bien  voulu  m’accorder  pendant  mon  année  de  secréta- 
riat, et  de  mettre  à sa  disposition  mon  temps. 

Si  nous  continuons  nos  travaux  avec  la  même  ardeur,  notre 
association  est  appelée  à devenir  très  nombreuse  et  extrêmement 
utile  sous  tous  les  rapports.  Nous  sommes  sur  le  point  de  recevoir 
l’autorisation  royale;  nous  allons  publier  nos  Transactions  avec 
un  certain  luxe;  notre  Bulletin  est  devenu  plus  considérable;  nos 
collections  et  notre  bibliothèque  s’augmentent  journellement.  Ces 


21 8 SBÀWCB  DÛ  6 FÉVÏBH  l85a. 

derniers  changemens  dans  notre  organisation  vont  nous  procurer 
nécessairement  plus  de  membres  en  province,  chacun  voudra 
faire  déterminer  ses  fossiles  ou  ses  roches , et  faire  partie  d’une 
société  aussi  utile  qu’honorable. 

Si  déjà  il  est  peu  de  pays  étrangers  où  nous  n’ayons  pas  des 
confrères,  les  mêmes  motifs  vont  stimuler  encore  plus  les  étran- 
gers à entrer  dans  nos  rangs,  où  ils  seront  charmés  de  voir  enfin 
la  publication  de  leurs  cartes  levées  avec  soin , mais  dont  aucun 
libraire  ne  voudrait  entreprendre  l’exécution  dans  leur  pays. 
Enfin  l’autorisation  royale  ouvre  l’accès  à la  Société  , aux  géo- 
logues des  pays  autrichiens  et  d’autres  contrées,  où  les  sociétés 
savantes  doivent  être  toutes  sous  le  contrôle  du  gouvernement. 
Si  la  voix  de  l’honneur  et  du  patriotisme  a de  l’écho  en  France, 
l’amour  de  la  science  et  de  son  avancement  distingue  bien  des 
étrangers.  Espérons  que  ces  nobles  mobiles  tourneront  au  profit 
d’une  société  si  éminemment  utile  à l’économie  publique. 

Plus  tard  le  bienfait  d’une  tranquillité  plus  parfaite  achèvera 
une  œuvre  commencée  avec  succès,  malgré  le  temps  malheu- 
reux où  nous  vivons.  Ainsi  notre  association  et  la  géologie  arrive- 
ront infailliblement  à leurs  grandes  destinées  pour  le  bien  du 
genre  humain  et  en  particulier  de  la  grande  société  européenne. 


Séance-  du  6 février  1832. 

M.  Brongniart  occupe  le  fauteuil. 

Après  la  lecture  et  l’adoption  du  procès-verbal  de  la  pré- 
cédente séance,  le  président  proclame  membres  de  la  Société: 

MM. 

Mtttel-Delïsle  , avocat  à la  Cour  royale , présenté  par 
MM.  Boué  et  Boubée; 

Louis  Agassiz,  docteur  en  médecine  et  en  philosophie, 
présenté  par  MM.  Voltz  et  Elie  de  Beaumont. 

. M.  le  comte  G.  Razoumovski  adresse  à la  Société  un 
mémoire  accompagné  de  planches,  intitulé  Monographie  d un 
nouveau  genre  de  Polipites , et  M.  Marcel  de  Serres  un 
Mémoire  sur  les  animaux  découverts  dans  les  diverses  cou- 
ches des  dépôts  quaternaires , et  une  notice  sur  le  genre 
Cloisonnaire. 


SÉANCE  DU  6 FEVRIER  l852.  3I9 

La  lecture  de  ces  mémoires  sera  faite  dans  l’ordre  de  leur 
date  d inscriplion. 

— M.  Jameson  annonce  qu’un  exemplaire  est  aussi  par- 
venu aux  sociétés  royale  et  Wernérienne  d’Edimbourg.  Il 
promet  de  faire  à la  Société  un  envoi  de  roches  d’E- 
cosse. 

Il  dit  avoir  eu  depuis  long-temps  l’idée  que  le  pyroxène  et 
l’amphibole  n’étaient  qu’une  seule  substance. 

M.  Buckland  a sous  presse  un  ouvrage  sur  la  géologie  et 
la  minéralogie  en  général  : 

M.  Heuland  fait  imprimer  à Londres  un  ouvrage  intitulé 
Minéralogie  descriptive , en  3 vol.  in-8°,  et  dont  l’auteur  est 
M.  Levy,  professeur  à Paris. 

Il  est  fait  hommage  à la  société  des  ouvrages  suivans  : 

i°  Par  la  Société  géologique  de  Londres,  la  liste  de  ses  mem- 
bres, au  ier  janvier  i832,  et  les  vingt-trois  premiers  numéros 
de  ' ses  procès-verbaux  ( Procedings  of  the  geological 
Society  of  London)  de  1826  à i832,  formant  6 cahiers  in-8°. 

20  Par  M.  Ethelred  Bennett  : 

Catalogue  des  restes  organiques  du  comté  de  Wilts 
(a  Catalogue  ofthe  organic  Romains  of  the  countyofW ilts), 
Warminster  1 83 1 , in-4°,  avec  18  planches  lithographiées. 

3°  Par  M.  de  Bonnard,  les  neuf  mémoires  et  ouvrages  sui- 
vans dont  il  est  l’auteur  : 

À.  Notice  sur  les  diverses  recherches  de  houille  entreprises 
dans  le  département  du  Pas-de-Calais , et  spécialement  sur 
celles  de  Mouchy-le-  Preux, près  Arras;  précédée  d’un  Aperçu 
sur  les  terrains  houillers  du  nord  de  la  France  ( Ext.  du 
Journal  des  Mines , tom.  XXVI,  décembre  1809) , in-8°,  de 
32  pages. 

B.  Mémoire  sur  les  filons  (Ext.  du  nouveau  Dict . d'Hist. 
nat . deuxième  édit.  tom.  XI),in-8°,  1817. 

C.  Mémoire  sur  la : houille  ( Ext.  du  nouv.  Dict . d'Hist. 
nat . deuxième  édit.  tom.  XV),  in-8°,  1817. 

D.  Résumé  sur  les  mines  ( Ext.  du  nouv.  Dict.  d'Hist . 
nat.  deuxième  édit,  tom  XXI),  1818,  in-8°,  de  9 3 pages. 

E.  Roche  (Art.  Ext.  du  tom.  XXX  de  la  deuxième  édit, 
du  nouv.  Dict.  d llist.  nat.) , 1819,  in-8°,  de  84  pages. 


320 


SEANCE  DU  6 FÉVRIER  l852. 

F.  Aperçu  gèognostique  des  terrains  (Ext.  du  nouv.  Dlct. 
d’Hist.  nat.  deuxième  édit.  tom.  XXXIII),  Paris,  1819,  in-8°, 
de  206  pages. 

G.  Notice  gèognostique  sur  la  partie  occidentale  du  Pala - 
tinat  (Ext.  des  Ann.  des  Mines , tom.  VI),  Paris,  1821,  un 
caliier,  in  8°. 

H.  Notices  sur  le  Hartz  ( Ext.  des  Ann.  des  Mines  , tom. 
VII),  1822,  in-8°. 

J.  Notice  sur  une  formation  métallifère  observée  récem- 
ment dans  F ouest  de  la  France  ( Ext.  des  Ann . des  Mines , 
tom.  VIII),  Paris,  1823,  in-8°. 

M.  Bonnard  fait  encore  hommage  à la  Société,  pour  sa  Bi- 
bliothèque du  Traité  de  géognosie  de  M.  d’Aubuisson  de 
Voisins,  in-8°,  avec  coupes,  1819. 

4°  Le  n°  21  du  Bulletin  de  la  Société  industrielle  de  Mul- 
hausen,  in-8®. 

5°  Le  n°  11  de  F Européen , journal  des  sciences  morales  et 
économiques,  Paris,  in-4°. 

Le  secrétaire  pour  1’éfranger  présente  les  ouvrages  suivans: 

i°  Le  second  volume  des  Principes  de  Géologie  deM.  Ch. 
Lyeil , avec  une  carte  de  l’état  de  l’Europe  lors  de  l’époque 
tertiaire  , et  une  vue  de  l’Etna,  in-8°,  i852. 

2°  Le  numéro  de  janvier  i832  du  Journal  philosophi- 
que d' Edimbourg , contenaiit  un  mémoire  sur  les  dépôts 
récens  de  la  Sicile,  et  les  phénomènes  accompagnant  leur 
soulèvement,  par  le  docteur  Alex.  Turnbull-Christie , et  des 
remarques  sur  les  eaux  thermales  et  leur  connexion  avec  les 
volcans , par  M.  Ch.  Daubeny. 

3°  Le  second  cahier  du  troisième  volume  des  Archives 
pour  la  Minéralogie , la  Géognosie  et  Fart  des  Mines , par  le 
docteur  C.-T.-B.  Karsten,  contenant  une  description  géognos- 
tique d’une  partie  des  montagnes  de  la  Silésie  inférieure,  de 
Glatz  et  de  Bohème,  par  MM.  Zobeli  et  de  Carnall;  quatre  let- 
tres de  M.  F.  Hoffmann  sur  les  environs  de  Rome,  l’Etna  et  les 
dépôts  crayeux  tertiaires  et  quaternaires  de  la  Sicile , une 
lettre  de  M.  Burkart  sur  les  environs  de  Ramos  au  Mexique  ; 
une  notice  sur  la  dolomie  jurassique,  par  M.  de  Strombeck. 

M.  Boue  présente,  de  la  part  de  M,  de  Huraboldt,  trois 


221 


SÉANCE  DU  G FÉVRIER  1 83^. 

échantillons  d 'Ouralite,  minéral  qui  offre,  d’après  M.  Gustave 
Rose,  la  forme  du  pyroxène  et  le  clivage  de  l’amphibole;  ce 
sont  : un  morceau  de  porphyre  de  Cavellinskj  près  de  Miask, 
dans  l’Oural;  un  autre  de  Mostovaja  près  d’Ekatherinen- 
bourg  ; un  troisième  de  Muldakajevsk  près  de  Miask  ; et  un 
cristal  de  la  dernière  localité.  Dans  le  troisième  échantillon 
les  cristaux  d’uralite  renferment  un  noyau  de  pyroxène. 

M.  de  Humboldt  fait  observer  qu’en  décrivant  les  roches 
de  Quilichao  , dans  son  Essai  géognoslique  sur  le  gisement 
des  roches  dans  les  deux  hémisphères  (pag.  i4o  et  \l\%)  , il 
a parlé  de  grunsteins  amphiboliques  à pyroxène,  jaune 
verdâtre,  minéral  qu’il  prit  sur  les  lieux  pour  ce  que 
M.  Freisleben  appelait  son  olivine  lamelleuse.  Il  paraîtrait 
que  ces  roches  de  la  Colombie  ont  la  composition  de  celles 
de  l'Oural. 

M.  Boue  communique  les  nouvelles  suivantes,  extraites 
des  journaux. 

Le  i5  janvier  la. ville  de  Foligno,  dans  la  Romagne,  a été  dé- 
truite de  fond  en  comble  à la  suite  de  trente-trois  chocs  de  trem- 
blement de  terre.  La  première  secousse  a eu  lieu  le  i3  janvier 
à 2 heures  après  minuit. 

Les  communes  de  Monte-Falco  et  de  Bevagna  ne  sont  plus  que 
des  monceaux  de  décombres;  plus  de  cent  cadavres  ont  été  retirés 
de  dessous  les  édifices  détruits.  La  plaine  autour  de  Bevagna  a 
présenté  pendant  trois  jours  le  cratère  d’un  volcan  qui  vomissait 
des  feux  souterrains,  dés  pierres  calcinées  et  des  cendres  sulfu- 
reuses. Les  tremblemens  de  terre  se  sont  fait  sentir  à Perugia, 
Spello,  et  Cannaro. 

M.  Boué  fait  observer  que  ces  commotions  sont  probable- 
ment en  quelques  rapports  avec  l'éruption  récente  du  Vé- 
suve , et  même  avec  celle  de  l’Etna , ce  qui  ferait  paraître 
peu  fondée  l’idée  qu’il  n’y  a point  de  connexion  entre  les 
contrées  volcanisées  de  l’Italie.  . 

M.  le  président  fait  connaître  à la  société  les  décisions  pro- 
posées par  le  conseil. 

La  Société  décide  : 


322 


SÉANCE  DU  6 FÉVRIER  l852. 

i°  que  le  Recueil  géologique  de  M.  de  Leonhard  sera  ac- 
cepté en  échange  du  Bulletin. 

2°  Que  le  premier  article  adopté  par  le  conseil , relative- 
ment à l’impression  des  mémoires  et  au  format  de  leur  pu- 
blication, soit  immédiatement  discuté. 

La  Société  adopte  en  conséquence  le  format  grand  in-8° 
pour  le  texte  , et  in-8°  oblong  pour  les  planches , tel  que  la 
admis  la  majorité  du  conseil. 

La  discussion  des  autres  articles  du  même  projet  de  traité 
pour  la  publication  des  mémoires , est  renvoyée  à la  pro- 
chaine séance. 

M.  Deshayes  présente  quelques  observations  sur  l’ouvrage 
de  M.  Dubois , intitulé  Conchyliologie  fossile  du  plateau 
Wolhini-Podolien , 1 83 1 . 

Cet  ouvrage  très  intéressant  contient  la  description  et  les  figures 
très  bien  faites  de  1 12  espèces;  malheureusement  les  détermina- 
tions des  espèces  ne  sont  pas  fai  tes  avec  toute  la  précision  désirable, 
et  on  y remarque  un  grand  nombre  d’erreurs  ; M.  Deshayes  les 
a inscrites  avec  soin  , et  elles  sont  au  nombre  de  quarante-neuf. 

i°  Le  Conus  Antediluvianus  n’est  pas  le  véritable  cône  an- 
tédiluvien qui  ne  se  trouve  qu’aux  environs  de  Paris  , et  qui  est 
propre  à ce  bassin.  Le  cône  nommé  de  la  sorte  par  Fauteur  est 
le  Conus  Acutangulus  qui  se  trouve  à Bordeaux,  Dax  et  dans  la 
Touraine. 

2°  Marginella  auriculala.  Cette  coquille  n’est  d’abord  pas  du 
genre  margineîle,  c’est  une  de  celles  qui  ont  été  confondues  avec 
F Auricula  ringens  de  Lamarck.,  et  il  n’est  pas  bien  certai  n que 
Celle-ci  soit  î’analogne  de  l’espèce  vivante  de  la  Méditerranée. 

3°  La  Mitra  lævigata  me  paraît  une  variété  de  la  Mitra  inco - 
gnita  de  M.  Basterot. 

4°  La  Terehra  pücatula  de  Fauteur  est  une  espèce  toute  diffé- 
rente de  laPIicatule  de  Lamarck  et  des  environs  de  Paris. 

5°  Buccinum  obliquatum  est  l’analogue  d’une  espèce  de  Bor- 
deaux et  de  Vicence  , et  non  de  celui  de  l’Italie. 

6°  Buccinum  reticuiutum.  L’espèce  que  Fauteur  donne  comme 
l’analogue  de  celle  qui  est  vivante,  en  est  toute  différente;  elle 
est  semblable  à l’une  de  celles  qui  sont  communes  en  Touraine. 

70  Ûe  Buccinum  semi-costaium  me  paraît  fort  douteux,  en 
ce  que  c’est  une  coquille  encore  très  jeune. 


SÉANCE  Dü  6 février  185a.  as3 

8°  Buccinum  dissitam  n’est  autre  chose  que  le  Buccinum 
Listeri  Bast.  , lequel  se  trouve  à Bordeaux  , Dax , eu  Touraine , 
à Turin  , et  vivant  au  Sénégal. 

9°  Il  s’en  faut  de  beaucoup  que  la  coquille  fossile  que  l’auteur 
donne  comme  le  Murex  brandaris  ait  avec  cette  espèce  vivante 
la  moindre  ressemblance.  Je  ne  conçois  pas  comment  l’auteur 
ayant  sous  les  yeux  les  figures  qu’il  cite  dans  sa  synonymie  a pu 
commettre  une  erreur  aussi  forte  que  le  moindre  écolier  aurait 
évitée.  Au  reste  la  coquille  fossile  figurée  sous  le  nom  de  Murex 
brandaris  est  la  même  que  celle  qui  se  trouve  très  rarement 
à Dax. 

io°  Ranella  granifera.  Cette  coquille  n’est  pas  une  Ranelle, 
c’est  une  variété  du  Fusus  blavatus  de  Basterot. 

1 1°  Fusus  echinalus . D’abord,  la  coquille  que  l’auteur  donne 
comme  la  même  que  le  Murex  echinatus  de  Brocchi,  ne  lui  res- 
semble en  aucune  manière:  l’une,  celle  de  l’auteur,  est  un  fuseau 
qui  a son  analogue  fossile  à Dax^  l’autre,  celle  de  Brocchi,  est  un 
Pleurotomus  qui  a son  analogue  vivant. 

12°  Fusus  harpula  de  l’auteur  est  une  espèce  toute  différente 
de  celle  que  Brocchi  nomme  ainsi.  L’espèce  de  Podolie  est  un 
petit  pleurotome  qui  se  trouve  aussi  à Dax. 

i3°  Cancellarià  macrosloma.  Cette  coquille  n’est  très  proba- 
blement pas  une  cancellaire;  elle  ressemble  beaucoup  à une 
petite  espèce  de  Rissoa  que  l’on  trouve  à Dax,  et  qui  a une  petite 
inflexion  pliciforme  surla  columelle. 

4°  Cerithiuni  rubiginosum  est  une  variété  du  Cerithium  cal- 
cules uni.  Bast. 

i5°  Cerithium  baccatum  est  une  variété  du  Cerithium  incon- 
stans.  Bast. 

i6°  Cerithium  coronatum . La  coquille  donnée  sous  ce  nom 
comme  la  même  que  celle  de  Bruguière  et  de  Brocchi  en  est  en- 
tièremen t différen te;  si  elle  ne  se  trouve  pas  en  Italie,  elle  est  fré- 
quente à Bordeaux. 

170  Cerithium  thiara.  L’auteur  donne  sous  ce  nom  une  espèce 
qui  n’est  pas  le  Thiara  de  Lamarck  ; elle  en  diffère  par  plusieurs 
caractères  essentiels.  L’espèce  de  l’auteur  a son  analogue  à Vienne 
et  Dax. 

180  Turritella  duplicata.  Je  ferai  observer  à l’égard  de  celte 
espèce  que  la  Turritella  duplicata  de  Brocchi  n’est  pas  l’analogue 
de  celle  vivante  de  Linné,  et  que  celle  de  l’auteur  n’est  analogue 
ni  à celle  de  Brocchi  ni  à celle  de  Linné, 


224  SEANCE  DU  6 FEVRIER  l85  2. 

19*  Tlirritella  Archimedis , variété  de  l’espèce  précédente. 

20°  Turbo  rugosus.  La  coquille,  figurée  sous  ce  nom  par  l’au- 
teur n’est  point  l’analogue  du  Turbo  rugosus  de  Liunée,  mais 
bien  celui  d une  espèce  qui  se  trouve  fossile  à Angers  et  dans  les 
faluns  de  la  Touraine. 

2i°  Trochus  turgiclus.  Ce  troque  n’est  pas,  comme  le  croit 
l’auteur,  le  même  que  le  Turgidus  de  Brocclii;  c’est  une  espèce 
nouvelle  analogue  à Dax  et  Bordeaux. 

220  Trochus  détritus  me  semble  la  pointe  d’une  cérite  ou  d’une 
autre  coquille  turriculée. 

23°  Scalariapseudo-scalaris.  La  très  petite  coquille  que  l’au- 
teur décrit  est  très  différente  de  celle  de  Brocchi,  qui  est  toujours 
très  grande  et  dont  le  jeune  âge  diffère,  par  tous  les  caractères,  de 
la  coquille  de Podolie*  cette  dernière  aurait  plus  de  ressemblance 
avec  le  Scalaria  mululamella  de  Bast.  ; mais  je  pense  qu’elle  doit 
faire  une  espèce  à part. 

24°  Si garetus  haliotideus.  D’après  la  figure,  cette  espèce  me 
semble  la  même  que  celle  de  Bordeaux  et  Dax,  qui  certainement 
n’est  pas  l’analogue  de  X haliotideus  actuellement  vivant. 

2.5°  Neritina  pi  et  a est  la  même  que  celle  de  Bordeaux  , que 
M.  Basterot  avait  confondue  avec  le  fluviatilis. 

26°  Melania  lœvigata.  L’espèce  de  l’auteur  n’est  pas  la  même 
que  celle  de  Paris. 

27 0 Cj'dostoma  scalare  me  semble  un  Rissoa  ; 

28°  Cyclastoma  planatum , une  paîudine. 

290  Bit  lit  nus acicula.  D’après  la  figure , cette  coquille  fossile 
ne  ressemblerait  aucunement  au  Bulimus  acicula  qui  est  une 
Agathine. 

3o°  Bulla  ovulata.  L’espèce  de  l’auteur  n’est  pas  la  même  que 
celle  de  Brocclii , quoiqu’il  lui  donne  le  même  nom , et  elle  n’est 
pas  non  plus  celle  de  Lamarck;  c’est  donc  une  nouvelle  espèce. 

3i°  Bulla  clandestine  , Bulla  spirata  , Bulla  terebellata , 
sont  trois  variétés  d’age  de  la  même  espèce,  et  cette  espèce, 
connue  depuis  long-temps  , est  la  Bullina  lajonkairiana , de 
M.  Basterot. 

i°  Panopea  Faujasii.  La  coquille  figurée  , si  elle  est  de  cette 
espèce  , ce  que  je  ne  crois  pas  , est  identiquement  la  même  que 
celle  de  Bordeaux  , toujours  plus  étroite. 

2°  Maclra  deltoïdes.  Si  la  figure  donnée  parl’auteur  est  exacte, 
cette  espèce  ne  serait  pas  celle  des  environs  de  Paris. 

3°  Corbula  rugosa.  Je  crois  que  l’espèce  à laquelle  l’auteur 
donne  ce  nom  est  nouvelle,  et  non  la  même  que  la  striata  ou  revo - 


SEANCE  DU  6 FEVRIER  l85g.  2S*5 

luta , de  Brocchi  ; ce  n’est  certainement  pas  la  même  que  cette 
dernière,  qui  est  l’analogue  fossile  du  Corbula  nucléus. 

4°  Tellina  plcmata.  L’espèce  figurée  par  l’auteur  est  exacte- 
mentla  Tellina  zonaria  de  Bordeaux  et  de  Dax,  dont  l’analogue  est 
vivante  au  Sénégal;  ce  n’est  donc  pas  la  Tellina planata  de  Linné, 
qui  a des  formes  et  une  charnière  toutes  différentes. 

5°  Tellina  restralina.  Elle  n’a  pas  la  moindre  analogie  avec 
l’espèce  de  Paris. 

6°  Cytherœa  polita.  L’espèce  figurée  est  plutôt  un  jeune  indi- 
vidu du  Cytherœa  chione. 

7°  Luciha  circinaria.  Ce  n’est  pas  l’espèce  de  Lamarck , ce 
n’est  pas  non  plus  celle  citée  de  Brocchi  ; mais  bien  une  espèce 
encore  nouvelle  qui  se  trouve  aussi  à Bordeaux. 

8°  Lucina  incrassata.  Je  cherche  vainement  dans  Lamarck 
une  espèce  qui  porte  ce  nom;  ce  que  je  puis  dire,  c’est  que  l’espèce 
indiquée  sous  ce  nom  est  la  Lucina  scopulorum  de  M.  Basterot; 
coquille  qui  se  trouve  aussi  en  Touraine. 

9°  Cyclas  triangularis , Cyclas  globus.  Ces  deux  coquilles  ne 
ressemblent  pas  aux  autres  cyclades,  ce  ne  sont  pas  non  plus  des 
cyrènes;  on  les  prendrait  plus  volontiers  pour  des  lucines. 

io°  Cytherea  chione.  L’auteur  donne  comme  variété  de  cette 
espèce  une  coquille  à gros  sillons  qui  ressemble  beaucoup  à une 
variété  constante  de  la  Cytherea  erycina. 

1 1°  Venus  senilis , la  Venus  senilis  de  Brocchi  est  l’analogue 
fossile  de  la  Venus  gallina  de  Lamarck;  celle  de  notre  auteur  est 
nouvelle  et  identique  avec  un  fossile  dans  les  faluns  de  la 
Touraine. 

12°  Venus  incrassata . Cette  coquille  de  Brocchi  est  lisse,  elle 
appartient  au  genre  Astarte  Crassina  de  Lamarck.  L’espèce 
figurée  par  l’auteur  est  une  véritable  Vénus  fortement  striée  en 
travers.  C’est  une  espèce  nouvelle. 

i3°  Venericardia  intermedia.  L’espèce  que  l’auteur  nomme 
de  cette  manière  n’est  pas  du  tout  la  même  que  Y intermedia  de 
Brocchi  et  de  Lamarck,  déjà  M.  Bastcrot  avait  donné  le  même 
nom  à une  espèce  qui  n’est  pas  non  plus  Y intennedia  ; de  sorte 
que  sous  cette  dénomination  voilà  actuellement  trois  espèces. 

i4*  Cucullea  alata.  Cette  coquille  n’est  pas  une  cucullée,  mai* 
une  arche  dont  les  dents  antérieures  de  la  charnière  ne  sont  point 
divergentes  comme  les  postérieures. 

i5°  Pectunculus  pulvinatus.  C’est  encore  Y Area  glycimeris  9 
(Linné,)  qui  se  trouve  partout  dans  ma  seconde  période. 

Soc.  géol.  Tom.  II.  i5 


1*6  SÉANCE  DB  6 FEVRIER  l8$2. 

Le  Pectunculus  pulvinatus  n’est  dans  aucune  des  localités  oii 
il  est  cité,  si  ce  n’est  dans  celle  de  Paris. 

Parmi  les  espèces  de  Peignes  il  y en  a trois  qui  sont  aussi  fossiles 
à Bordeaux. 

Sur  les  46  genres  il  faut  en  ôter  5 , reste  4-1 5 sur  les  4°  espèces 
d’Italie  il  faut  en  ôter  23  , reste  17  ; sur  les  21  espèces  de  Grignon 
il  faut  en  ôter  1 3 , reste  8 ; aux  16  espèces  de  Bordeaux  ajoutez  37, 
cela  fait  53;  sur  les  î3  espèces  vivantes  il  faut  en  ôter  12,  reste  1 1. 

Deux  sortes  de  considérations  peuvent  se  déduire  de  ce  qui 

1°  Qu’il  est  nécessaire  que  les  auteurs  qui  n’ont  pas  à leur  dispo- 
sition tous  les  élémens  nécessaires  à la  bonne  détermination  des 
espèces  qu'ils  observeront  dans  un  terrain  les  fassent  figurer  sans 
exception , puisque  la  figure  devient  le  seul  et  bon  moyen  de  rec- 
tifier les  erreurs  qui  pourraient  échapper. 

2*  Selon  que  l’on  étudie  les  espèces  avec  plus  ou  moins  de  soin 
on  arrive  à des  résultats  très  différens  ; il  est  important,  en  con- 
séquence, de  n’établir  de  tableaux  numériques  que  sur  des  maté- 
riaux suffisamment  élaborés  pour  que  les  résultats  de  chiffres  no 
subissent  point  d’altérations  trop  fortes,  et  l’on  voit,  d’après  les 
rectifications  qui  précèdent  que  les  nombres  posés  par  l’auteur 
soit  pour  les  genres,  soit  pour  les  diverses  analogies  sont  fautifs; 
il  en  résultait  une  grande  analogie  des  espèces  de  Podolie  avec 
celles  d’Italie,  tandis qu’après  rectifications  cette  analogie  a lieu 
surtout  avec  les  espèces  de  Dax,  Bordeaux,  la  Touraine,  etc* 

M.  Desnoyers,  secrétaire  pour  la  France,  commence  la 
lecture  de  son 

RAPPORT 

SUR  LES  TRAVAUX  DE  LA  SOCIÉTÉ  GEOLOGIQUE  , 
PENDANT  L’ANNÉE  1 83  1 . 

Messieurs , 

Quoiqu’ayant  accepté  avec  empressement  le  soin  de  vous  pré- 
senter le  résumé  des  travaux  de  la  Société  de  géologie , durant  le 
cours  de  l’année  dernière,  je  n’en  ai  pas  moins  senti,  comme  la 
plupart  d’entre  vous  peut-être,  que  cette  tâche  appartenait  plus 
naturellement , plus  convenablement  à celui  de  vos  secrétaires 
qui , durant  cet  intervalle,  enregistrait  vos  travaux  avec  la  plus 
constante  assiduité , et  qui  a si  bien  su  faire  profiter  à la  Société 


SÉANCE  DU  6 FÉVRIER  î 852- 


ses  nombreuses  relations  avec  lés  géologues  français  ou  étrangers  , 
sa  coopération  active  à la  rédaction  de  plusieurs  recueils  de  géo- 
logie, les  ressources  infinies  de  ses  collections  et  de  sa  biblio- 
thèque , enfin  sa  connaissance  approfondie  de  plusieurs  langues 
étrangères  (i). 

Aussi  n’ai-je  consenti  à vous  priver , Messieurs , de  l’intérêt 
plus  réel  que  vous  eussiez  trouvé  dans  le  rapport  de  celui  de  vos 
secrétaires  qui  fut  chargé  de  ce  soin  l’an  dernier,  que  pour  ne 
pas  laisser  peser  sur  un  seul  une  tâche  qui  doit  être  partagée 
entre  plusieurs  membres  du  bureau. 

Si  je  ne  réussis  pas  à vous  retracer,  comme  je  l’ai  senti  et  avec 
l’impartialité,  avec  l’exactitude  dont  j’ai  cherché  à me  pénétrer, 
tout  l’intérêt  de  la  plupart  de  vos  séances , dans  le  cours  de 
l’année  dernière,  vous  en  aurez  déjà  été  dédommages  parle  vaste 
tableau  que  vous  a présenté  M.  Boue  des  progrès  de  la  géologie 
en  Europe  durant  le  même  intervalle.  Mais  au  milieu  de  cette 
immensité  de  travaux  utiles,  d’observations  nouvelles , fruits  des 
recherches  de  plus  de  cinquante  sociétés  scientifiques  et  des  géo- 
logues disséminés  sur  toute  la  surface  de  l’Europe,  les  travaux 
d’une  seule  société  isolée,  et  ne  comptant  pas  encore  deux  années 
d’existence,  risqueraient  fort  de  passer  inaperçus  et  d’être  comme 
étouffés  par  le  nombre. 

Voyons,  cependant.  Messieurs,  si  la  Société  géologique  de 
France  a rivalisé  de  zèle  avec  les  sociétés  ses  aînées , si  elle  a com- 
mencé à réaliser  les  espérances  que  sa  création  fit  concevoir  en 
Europe  , si  elle  a su  profiter  de  son  heureuse  position  centrale  j 
enfin,  si  elle  s’est  approchée  du  rang  qu’elle  doit  un  jour 
occuper. 

Vous  savez  d’avance , Messieurs , que  la  France  n’est  restée  en 
arrière  sur  aucune  des  questions  importantes  qui  excitent  le 
plus  vivement  l’attention  des  géologues  ; qu’elle  a,  au  contraire , 
continué  de  donner  la  même  impulsion  dans  certaines  routes 
nouvelles  où  les  savans  étrangers  se  sont  empressés  de  la  suivre; 
et  que  cette  Société  devenue  un  lien  entre  les  observateurs  de 
l’Allemagne  et  ceux  de  l’Angleterre,  comme  elle  l’a  été  entre  les 
géologues  disséminés  sur  le  sol  de  la  France,  dans  les  provinces, 
n’a  pas  peu  contribué  à cet  heureux  résultat , à cette  transfusion 

(i)  D’un  autre  côté  , M.  Élie  de  Beaumont  était  encore  en  voyage, 
lorsque  la  société'  me  confia  le  soin  de  ce  rapport,  ce  qui  put  seule- 
ment me  déterminer  à l’accepter. 


/ 


*28  RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX 

de  faits , de  doctrines , dont  le  rapprochement  est  si  propre  à 
faire  découvrir  la  vérité. 

En  effet , les  bases  larges  et  l’esprit  indépendant  de  votre  asso- 
ciation vous  ont  attiré,  en  moins  d’un  an,  l’adhésion  d’un  assez 
grand  nombre  de  géologues  étrangers. 

La  Société  compte  maintenant  plus  d’une  notabilité  scienti- 
fique à Bruxelles  , Mons , Namur,  Gand , Valenciennes  et  Leyde  ; 
à Londres,  Oxford,  Cambridge  et  Edimbourg  ; à Vienne,  à 
à Berlin,  à Stuttgard,  à Crefeld  , à Darmstadt , à Brunswick  ; à 
Léon  en  Espagne  et  jusqu’à  Boston  et  à Panama.  Vous  voyez 
donc,  Messieurs,  que  la  remière sympathie  excitée  en  Europe, 
par  la  naissance  de  cette  Société,  ne  fait  que  s’accroître.  Au  com- 
mencement de  1 83 1 , vous  comptiez  cent  quarante  membres;  à 
la  fin  de  la  iqême  année,  leur  nombre  était  de  cent  soixante, 
quoique  la  mort  et  plusieurs  démissions  l’eussent  diminué  d’une 
douzaine.  Si  nous  devons  juger  des  accroissemens  futurs  parle 
premier  mois  de  i832,  ils  seraient  bien  plus  rapides , puisqu’à 
la  fin  de  janvier  huit  membres  nouveaux  ont  déjà  donné  leur 
adhésion. 

Si  nous  passons  du  nombre  des  membres  à celui  de  leurs  tra- 
vaux , nous  trouvons  une  progression  bien  autrement  favorable 
aux  succès  futurs  de  la  Société.  Pendant  les  huit  séances  tenues 
en  i83o,  elle  n’a  eu  communication  que  de  huit  notes  ou  mé- 
moires. Pendant  les  seize  séances  de  i83i,  il  lui  a été  présenté 
quatre  - vingts  mémoires  ou  notes , ou  renseignemens  sur  des 
découvertes  géologiques , c’est-à-dire , dix  fois  plus  dans  un  in- 
tervalle double,  et  plus  de  quatre  communications  par  séance, 
en  ajoutant  les  deux  séances  de  Beauvais.  Je  n’en  ai  pas  mesuré 
l’importance  à l’étendue,  ce  serait,  vous  le  savez,  Messieurs, 
une  bien  fausse  base , et  la  science  a souvent  plus  à profiter  de 
l’annonce  bien  précise  d’un  fait  que  des  plus  longues  disserta- 
tions. Mais  le  nombre  n’a  point  fait  tort  à l’importance , et  beau- 
coup de  ces  travaux  sont  de  nature  à concourir  aux  progrès  de 
la  géologie. 

Il  eût  été  facile  d’augmenter  ce  total  de  quatre-vingts  com- 
munications scientifiques , car  je  n’ai  point  divisé  les  mémoires 
de  géographie  géognostique  qui  contiennent  souvent,  sur  un 
même  pays,  plusieurs  observations  capitales.  On  ne  compte  point 
non  plus  ici  les  communications  verbales  qui  ont  eu  lieu  après 
la  lecture  de  plusieurs  mémoires , et  qui  plus  d’une  fois  ont  été 
l’occasion  de  discussions  très  instructives.  On  ne  fait  pas  mention 
d’avantage  delà  plupart  des  observations  dont  plusieurs  membres 


DE  LA  SOCIÉTÉ  EN  1 83 1 . SâQ 

ont  accompagné  la  présentation  d’échantillons  ou  d’ouvrages 
nouveaux.  On  ne  peut  non  plus  faire  entrer  dans  ce  cadre  plu- 
sieurs mémoires  importans  qui  ont  été  adressés  à la  Société  vers 
la  fin  de  i83i,  mais  trop  tard  pour  que  vous  ayez  pu  jusqu’ici 
en  avoir  connaissance.  Vous  voyez,  Messieurs,  que  c’est  plutôt 
le  temps  que  l’action  qui  a manqué  à la  Société  géologique. 

Ce  grand  nombre  de  descriptions  et  de  découvertes  permet  de 
les  présenter  dans  un  certain  ordre  qui  aurait  l’avantage  de  faire 
mieux  ressortir  les  lumières  qu’elles  se  portent  mutuellement;  et , 
comme  la  science  fait  des  progrès  si  rapides  que  dans  le  cours 
d’une  seule  année  le  même  fait  peut  avoir  donné  lieu  aux  inter- 
prétations les  plus  opposées,  ou  avoir  été  observé  par  différens 
géologues  qui  tiendraient  à la  date  de  leurs  découvertes  , j’ai  tâché 
d’allier  l’ordre  chronologique  à un  plan  méthodique  en  énonçant 
pour  chaque  mémoire  l’époque  de  sa  communication. 

Quant  au  choix  du  plan  selon  lequel  il  était  le  plus  convenable 
de  grouper  les  faits , j’ai  adopté  celui  qui , dans  l’étude  de  la 
géologie  en  elle-même , me  semble , comme  à plusieurs  autres 
géologues , le  plus  rationnel , le  plus  propre  à faire  découvrir  la 
vérité , c’est-à-dire  que  j’ai  procédé  du  connu  à l’inconnu  , de  la 
nature  actuelle  à la  nature  ancienne.  levais  donc  avoir  l’honneur 
de  vous  soumettre,  messieurs , le  résumé  des  travaux  de  la  société 
dans  cet  ordre  : 

1.  Observations  relatives  aux  phénomènes  de  U époque  ac- 
tuelle ; 

2.  Observations  relatives  à V ensemble  de  faits  qua  tort  ou  à 

raison  on  a nommés  diluviens  , c est-a- dire  aux  graviers  , aux 
cavernes , aux  brèches  osseuses  , etc.  ; é 

3.  Observations  relatives  aux  terrains  quaternaires  et  ter- 
tiaires ; 

4*  Observations  relatives  aux  terrains  secondaires  ; 

5.  Mémoires  de  géographie  géognostique ; 

6.  Observations  plus  particulièrement  relatives  aux  direc- 
tions et  soulèvemens  des  montagnes  ; 

7.  Classifications , mélanges , théories. 

J’ai  essayé  d’apprécier  ensuite  la  tendance  que  ces  travaux,  et 
ceux  publiés  hors  de  la  société  dans  le  même  espace  de  temps , 
semblent  avoir  imprimée  à la  science. 

Autant  qu’il  a été  possible,  les  observations  applicables  aux 
fossiles  ont  été  rapprochées  du  groupe  de  formations  aux- 


s5o 


RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX 


quelles  elles  se  rapportaient.  C’est  ainsi  que  le  travail  de  M.  Des- 
haves  commence  la  série  des  terrains  tertiaires  dont  il  facilite  de 
nouvelles  divisions,  et  que  ceux  de  M.  le  comte  Munster  sont  placés 
dans  la  série  des  terrains  secondaires  auxquels  ils  se  rattachent 
presque  uniquement. 

On  ne  peut  attendre  , que  ces  divisions  soient  bien  rigoureu- 
sement conservées  et  qu’elles  soient  plus  précises  que  la  nature 
et  l’état  de  la  science  ne  le  permettaient.  Plus  d’une  fois  je  serai 
forcé  de  passer  d’un  groupe  à l’autre,  et  aussi  de  ne  point  sé- 
parer des  ensembles  d’observations  dont  le  partage  eût  détruit 
la  piquante  nouveauté;  je  veux  parler  surtout  des  travaux  sur 
laMorée.  la  Barbarie  et  le  Liban.  Mais  au  moins,  les  faits  ainsi 
rapprochés,  tantôt  géologiquement,  tantôt  géographiquement, 
s’éclaireront  davantage. 

Avant  d’aborder  chaque  travail  isolément,  il  m’a  semblé  qu’un 
tableau  de  leur  ensemble  serait  intéressant  à envisager  d’un  seul 
coup-d’œil. 

r*  SÉRIE.  — - PÉRIODE  ACTUELLE. 

1 . Altérations  des  roches  calcaires  du  littoral  de  la  Grèce , 
par  M.  Boblaye  (4  avril  ) ; 

2.  Observations  sur  le  nouvel  ilôt  volcanique  qui  s* est  formé 
en  juillet  i83i  dans  la  mer  de  Sicile  , par  M.  Constant  Prévost 
(lettre  du  3 octobre , séance  du  7 novembre). 

3.  Sur  le  volcan  de  Stromboli , par  M.  Donati,  de  Naples 
( 18  juillet)  ; 

4.  Sur  les  coquilles  marines  et  les  coquilles  perforantes  du 
temple  de  Pouzzole , par  M.  Roberton  (6  mars). 

Cette  note  a été  l’objet  d’une  discussion  à laquelle  plusieurs 
membres  ont  ajouté  leurs  observations  ou  opinions  personnelles. 

5.  Sur  un  affaissement  de  terrain  près  de  Ratisùonney  par 
M.  Peterson  (6  septembre)  ; 

6.  Sur  le  puits  artésien  de  Tours  et  les  objets  rapportés  à 
la  surface  par  Veau  courante  souterraine , par  M.  Dujardin 
( 7 février). 

Les  puits  artésiens  n’étant  point  ici  considérés  sous  le  rapport 
des  terrains  qu’ils  traversent , mais  seulement  des  phénomènes  de 
l’eau  courante  et  ascendante , on  renvoie  aux  autres  groupes  les 
faits  de  stratification  que  le  forage  a fait  connaître. 

6 bis.  Sources  intermittentes , et  tufs  modernes , observés  en 
Lorraine  et  en  Alsace,  par  MM.  Barbe  et  Robert  (24  janv.). 


DE  LA  SOCIÉTÉ  EN  1 83  1 . 201 

7.  Observations  relatives  a la  température  souterraine  dans 
la  mine  de  sel  de  Dieuze  , par  les  mêmes  (24  janvier). 

8.  Sur  la  présence  de  V azote  dans  plusieurs  eaux  thermales 
des  Alpes , par  M.  Daubeny  (24  janvier  et  7 novembre) 5 

g.  Sur  le  gisement  des  os  de  castors , de  loutres  et  de  chiens 
enfouis  dans  les  tourbières  du  Brabant  , par  M.  Morren  (7  nov)  ; 

10.  Tourbières  des  environs  de  Beauvais.  Observations  recueil- 
lies par  la  Société  dans  la  course  géologique  de  septembre. 

llme  SÉRIE.  TERRAINS  NOMMÉS  DILUVIENS. 

Sur  la  limite  de  l’époque  actuelle  et  de  la  plus  moderne  des 
périodes  géologiques , je  place  les  cavernes  où  des  ossemens  hu- 
mains ont  été  trouvés  réunis  à des  ossemens  de  mammifères  d’es- 
pèces perdues. 

1 1 . Observations  sur  les  ossemens  humains  et  les  objets  de 
fabrication  humaine  trouvés  réunis  ci  des  ossemens  de  mam- 
mifères appartenant  à des  espèces  perdues , par  M.  Tournai 
( 16  mai)  } 

12.  Note  sur  la  grotte  de  Rancogne , arrondissement  de  La 
Rochefoucault  (Charente)  , par  M.  Roulland  (16  mai). 

13.  Note  sur  la  grotte  d’Ussat  (Arriège)  f avec  nombreux  osse- 
mens humains,  par  MM.  Boubée  et  Beltrami  (16  mai  ). 

14.  Observations  sur  la  caverne  à ossemens  de  Miallet , près 
d* Anduze  (Gard);  contenant,  avec  des  ossemens  d’ours,  et  d’au- 
tres animaux , des  os  humains  et  des  objets  d’une  industrie  assez 
perfectionnée;  par  M.  Jules  Teissier  (10  septemb.  — 22  nov.  — » 
10  décembre). 

15.  Note  de  M.  Sauveur  sur  les  nouvelles  découvertes  de  ca- 
vernes à ossemens  des  environs  de  Liège , par  M.  le  docteur 
Schraerling  (20  juin). 

t6.  Sur  les  ossemens  fossiles  d'une  brèche  de  la  Nouvelle- 
Hollande  , par  M.  Pentland  (4  avril); 

17.  Expériences  et  considérations  théoriques  sur  le  mode  de 
formation  des  brèches  osseuses  de  Bise , de  Cette  et  autres  lieux 
voisins  cle  la  Méditerranée  , par  M.  l’ingénieur  D’Estrem 
(4  juillet); 

18.  Sur  deux  Variétés  de  V éléphant  primo-genus , d'après 
une  mâchoire  inférieure  trouvée  dans  le  Brabant  méridional , 

par  M.  Morren  (7  noy-  ). 


202 


RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX 


IIIme  SÉRIE.  — ■ TERRAINS  QUATERNAIRES  ET  TERTIAIRES. 

19.  Tableau  comparatif  des  espèces  de  coquilles  vivantes  avec 
les  espèces  de  coquilles fossiles  des  terrains  tertiaires  de  l’Eu- 
rope, et  des  espèces  fossiles  de  ces  terrains  entre  elles , par 
M.  Desliayes  (2  mai). 

Observations  verbales  de  plusieurs  autres  membres  ; divisions 
proposées  par  M.  de  Beaumont  ; groupes  des  terrains  tertiaires 
récens , ou  quaternaires , proposés  plus  anciennement  par  M.  Des- 
noyers. 

20.  Des  terrains  tertiaires  des  départemens  de  V Aude  et  de 
V Hérault  ; précis  d’une  comparaison  des  terrains  de  la  seconde 
époque  tertiaire  dans  les  bassins  hétérogènes , par  M.  Reboul 
(21  mars , 18  avril , 2 mai).  Ce  mémoire  a donné  lieu  à l’exposé 
des  opinions  de  plusieurs  membres. 

2 1 . Détails  sur  les  terrains  traversés  par  le  puits  artésien  de 
Toulouse ; 

22.  Coupe  géologique  du  bassin  tertiaire  de  Toulouse  et  de  la 
Haute- Garonne , par  M.  Boubée  (24  janvier  et  4 avril)  ; 

23.  Sur  les  Coquilles  fossiles  d’ un  calcaire  d’eau  douce  des 
bords  du  même  bassin  , par  M.  Boubée  (6  juin  ) ; 

24*  Sur  des  batraciens  fossiles  et  autres  os  semens  des  calcaires 
tertiaires  du  Brabant , par  M.  Morren  (7  nov.  ). 

25.  Note  sur  la  position  géologique  du  calcaire  de  la  Brie  , 
et  en  particulier  de  celui  des  environs  de  Champigny , par 
M.  Dufresnoy  (20  juin). 

Objet  de  discussions  intéressantes  et  du  rapprochement  de  plu- 
sieurs coupes,  par  MM.  Brongniart,  Cordier,  C.  Prévost , D’Oma- 
lius , Underwood. 

26.  Observations  recueillies  par  la  Société , sur  les  terrains 
tertiaires  des  environs  de  Beauvais  (course  de  septembre). 

27.  Coupe  géognostique  du  département  de  l’Oise  , entre 
Chezy  et  Gournay,  avec  profil  , que  M.  le  vicomte  Héricart- 
Ferrand  a fait  exécuter  à ses  frais , et  dont  il  a offert  un  exem- 
plaire à chacun  des  membres  (6  sept.). 

28.  Age  des  grès  marins  de  Lévignan , de  Nantheuil-le- 
Haudouin  et  de  Brégy  (Oise) , par  le  même  (7  nov.). 

29.  Coupe  de  Lisy-sur- O arques  et  de  Saint- Aulde  } près  la 
Ferté-sous-Jouarre  , par  M.  Lajoye  (7  nov.). 

30.  Note  sur  les  environs  d’Epernay,  parM.  Beshayes  (22  nov.). 

3 1 . Note  sur  une  coupe  géologique  des  environs  de  Pontchar- 
train , par  M.  Boubée  ( 18  juillet). 


DE  LA  SOCIÉTÉ  EN  1 83 1 • 255 

32.  Strates  découverts  par  le  j orage  du  puits  artésien , voisin  du 
Jardin  des  Plantes  et  de  celui  du  faubourg  Saint- Antoine  ( 1 9 déc.  ). 

L’histoire  des  terrains  tertiaires  a encore  reçu  des  documens 
nouveaux  de  la  part  de  MM.  Boblaye  et  Bozet  ; nous  ne  les  avons 
point  séparés  de  leurs  descriptions  géogn.  de  la  Morée  et  de  la 
Barbarie. 

IVm®  SÉRIE.  TERRAINS  SECONDAIRES. 

Sur  la  limite  encore , on  peut  placer  les  dépôts  de  Gosau , dont 
l’âge  a été  si  contesté , et  qui  ont  été  considérés  comme  types  de 
terrains  tertiaires  de  transition. 

33.  Description  de  divers  gisemens  intéressons  de fossiles  dans 
les  Alpes  autrichiennes  (Hallein,  Gosau,  Aussée) , par  M.  Boué 
( 7 mars). 

C’est  ce  mémoire  qui  a été  l’occasion  des  importans  renseigne- 
mens  que  la  Société  a reçus  de  M.  le  comte  Munster , sur  plusieurs 
genres  de  fossiles  des  terr.  secondaires , et  de  réflexions  présentées 
par  plusieurs  membres,  MM.  Prévost , Boué,  deBlainyille  , sur 
le  mélange  des  fossiles  de  différons  âges. 

33  bis.  Craie  de  Laversine,  près  Beauvais  (course  de  la  Société). 

34.  Notice  sur  l'âge  des  mines  de  sel  de  Cardone , par  M.  Du- 
fresnoy  (24  février  ). 

35.  Sur  une  lumachelle  formée  du  pecten  salinarius , par 
M.  le  comte  de  Munster  ( 18  avril  ). 

36.  Note  sur  la  position  géologique  des  principales  mines  de 
fer  de  la  partie  orientale  des  Pyrénées , parM.  Dufresnoy  (6  déc.). 

37 . Notice  de  M.  de  Studersur  les  Alpes  benioises , sur  V âge  de 
leurs  calcaires  et  sur  leur  relèvement  par  V injection  du  gneiss . 
(22  novembre). 

38.  Observations  de  M.  Voltz  sur  les  coquilles  fossiles  de  ces 
calcaires  ( id . 22  novembre). 

3q.  Observations  sur  la  craie  des  environs  de  Beauvais , le  grès 
vert  et  le  calcaire  jurassique  du  pays  de  B ray , recueillies  par 
la  Société  dans  la  course  de  septembre. 

40.  Note  sur  les  calcaires  de  la  Rochelle , par  M.  Bertrand 
Geslin  ( 7 nov.  ). 

4o  bis.  Sur  un  fossile  particulier  du  calcaire  jurassique  de  la 
Répentie , près  de  la  Rochelle , par  M.  Fleuriau  de  Bellevue(  1 8av.) . 

Objet  de  rapprochemens  intéressans  par  d’autres  membres. 

41.  Mémoire  sur  le  Liban  et  V dnti-Liban  , par  M.  Botta  fils 
(20  juin  et  4 juillet). 

42  à 45.  Observations  de  M.  de  Munster  sur  le  gisement  et  la, 
distribution  géognostique  en  Allemagne , 


RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX 


«54 

fpi  bis.  des  ammonées . 

43.  des  nautilaceés  ( orthocères  et  nautiles). 

44-  des  bélemnites. 

45.  des  nummulites. 

Communications  de  divers  membres  relatives  à l’âge  de  ces 
fossiles  (24  janvier,  21  février,  7 mars,  2 et  19  mai , 22  nov.). 

46.  Sur  les  I cthyosar  colites , par  M.  Boulland  (16  mai); 

47*  Sur  les  oolithes  formées  de  coquilles  multiloculaires , par 
le  même  (id.)  -; 

48  et  49*  Sur  les  Coprolites ; doutes  présentés  sur  quelques  uns 
de  ces  corps  par  MM.  de  Blain ville  et  Boubée  (4  juillet)  ; 

50.  Sur  un  poisson  fossile  (Zea)  de  la  craie  des  environs  de 
Troyes , par  M.  Clément  Mulîet  (18  avril)  ; 

5 1 . Sur  des  coquilles  en  partie  gypseuses , en  partie  calcaires, 
du  mont  Warberg,  près  Heilbronn  en  Wurtemberg,  par 
M.  Boué  ( 4 avril  ) ; 

Ym*  SÉRIE.  MÉMOIRES  PARTICULIERS  DE  GEOGRAPHIE 

GEOGNOSTIQUE. 

52.  Carte  manuscrite  de  V Irlande,  par  M.  Weaver,  commu- 
niquée, avec  développement,  par  M.  Boué  (24 février); 

53.  Carte  manuscrite  du  Vicentin , par  M.  Pasini,  commu- 
niquée par  le  même  ; 

54.  Sur  la  structure  géognostique  des  environs  d’ Anduze,  par 
M.  J.  Teissier  (22  novembre)  ; 

55.  Notes  géologiques  recueillies  par  MM.  Barbe  et  Robert, 
dans  un  voyage  fait  en  i83o  dans  la  Lorraine  et  V Alsace 
(24  janvier); 

56.  Extraits  d'un  voyage  dans  V Argolide  et  Vile  dlEgine , 
avec  une  carte  et  des  coupes,  par  M.  Boblayej 

57.  Observations  sur  la  constitution  géognostique  de  la  Morée , 
par  le  même  ( 24  janvier)  ; 

57  bis . Observations  de  M.  Virlet  sur  la  meme  contrée  ; 

58.  Notice  géognostique  sur  le  pays  parcouru  par  V armée 
française  dans  é expédition  de  Média  en  Afrique , par  M.  Bozet 

( 24  janvier). 

5p.  Note  géognostique  sur  quelques  parties  de  la  Barbarie , 
parle  même  (21  mars). 

60.  Observations  géognostiques faites  dans  le  petit  Atlas , par 
le  même  (20  juin  ) ; 


DE  LA  SOCIÉTÉ  EN  1 85  1 . 2 35 

6 1 . Notice  sur  les  environs  dJ Or an , par  le  même  (21  nov.). 

Enfin , M.  Rozet  a complété  ses  intéressantes  communications 

en  vous  donnant  une  collection  de  trois  cents  échantillons  de 
roches  et  de  quatre-vingt-seize  fossiles  du  pays  qu’il  a décrit. 

Vl,ne  SÉRIE.  COMMUNICATIONS  RELATIVES  A LA  DIRECTION 

DES  CHAINES  DE  MONTAGNES,  A LEUR  SOULEVEMENT,  A LEURS 

DIFFERENS  AGES. 

62.  Note  de  M.  de  Studer  sur  la  direction  dJ une  certaine  partie 
des  Alpes  ( 5 décembre  ) • 

63.  Précis  de  quelques  observations  sur  la  structure  et  la  di- 
rection des  Pyrénées , par  M.  Reboul  ( 5 décembre  ) ; 

64.  Note  de  M . Dufresnoy  sur  les  quatre  systèmes  de  direc- 
tion que  M . de  Beaumont  et  lui  ont  reconnus  dans  la  meme 
chaîne  (5  décembre). 

65.  A ces  trois  communications  on  peut  ajouter  les  détails 
que  M.  de  Beaumont  vous  a présentés  : Sur  les  différens  systèmes 
de  dislocation  reconnus  par  M.  Sedgvich  dans  les  anciens  ter- 
rains calcaires  du  nord  de  V Angleterre , ainsi  que  la  réponse 
du  même  géologue  , M.  de  B.,  à l’opinion  de  M*.  Rozet  sur  diffé- 
rens âges  de  soulèvement  dans  l’Atlas  et  les  faits  constatés  dans 
le  même  esprit  par  M.  Boblaye,  en  Morée,  par  M.  Rozet , en 
Barbarie par  M.  Botta,  dans  le  Liban.  Voir  aussi  les  § 2,  4?  5, 
17,  19,  34,  36,  37,  3g. 

VIIme  SÉRIE.  MÉLANGES,  THEORIES  ET  CLASSIFICATIONS. 

66.  Immédiatement  après  les  travaux  relatifs  au  redressement 
des  couches  et  à la  formation  des  montagnes,  on  peut  placer  les 
considérations  générales  sur  l’importance  des  fossiles  en  géologie 
car  il  paraît  y avoir  une  intime  connexité  entre  les  révolutions  qui 
ont  changé  le  relief  des  continens  et  les  successions  d’organisation. 

Essai  pour  apprécier  les  avantages  de  la  paléontologie  ap- 
pliquée à la  géognosie  et  h la  géologie , par  M.  Boué  (19  décemb.)* 

Réflexions  de  M.  Deshayes  et  de  M.  Dufresnoy  à ce  sujet  ( id .)  j 

67  .Sur  les faces  polies  de  certaines  roches,  par  M.  Boué  (4  avr.); 

68.  Observations  de  M.  le  comte  de  Montlosier  sur  la  forma- 
tion des  lacs  ( 5 septembre  ) • 

69.  Sur  diverses  sortes  de  joints  et  déformés  inorganiques  des 
grandes  masses  minérales  , par  M.  d’Omalius  (18  avril)  • 

70.  Sur  la  classification  des  terrains , par  le  même  (6  juin)  ; 


RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX 


*56 

70.  Tableau  mnémonique  des  terrains  primordiaux  , par 
M.  Boubée  (7  mai)  5 

7 1 . Nouveaux  moyens  propres  à faciliter  la  détermination  des 
fossiles  , par  le  même  (4  juillet)  ; 

72.  Considérations  sur  la  précession  des  équinoxes  et  V incli- 
naison de  V axe  de  la  terre  , par  M.  Byarley  (20  juin). 

Ire  SERIE.  PÉRIODE  ACTUELLE. 

La  société  a reçu  des  communications  relatives  à Faction  de  la 
mer  sur  ses  rivages  j aux  phénomènes  volcaniques , à Faction 
des  eaux  souterraines  et  à certains  dépôts  alluviens  continen- 
taux. 

§ 1 . L’un  des  mémoires  les  plus  intéressans  qui  vous  aient  été 
présentés  dans  le  cours  de  l’année  expirée,  l’un  de  ceux  où  l’examen 
des  causes  physiques  actuellement  agissantes  puisse  le  plus  éclai- 
rer les  phénomènes  des  périodes  antérieures , est  celui  de  M.  Bo~ 
blaye  sur  les  altérations  des  roches  calcaires  du  littoral  de  la 
Grèce. 

L’auteur  vous  a fait  connaître  les  différentes  zones  d’action  de 
la  mer  sur  les  calcaires  durs  de  ces  rivages  ; il  en  a distingué  trois: 
la  première,  qu’il  nomme  zone  du  flot , forme  un  talus  souS’ 
marin  au  niveau  moyen  de  la  mer*  elle  se  termine  du  côté  du 
continent  par  des  roches  cariées , fracturées , parfois  caverneuses , 
où  le  flot  vient  se  briser,  s’engouffre,  et  d’où  il  rejaillit  en  jets 
d’eau. 

On  doit  retrouver  de  ces  cavernes  littorales  aux  anciennes  li- 
mites des  bassins  marins  ; elles  se  distingueront  des  cavernes 
d’érosion  continentale,  par  un  niveau  à peu  près  constant,  par 
des  parois  arrondies  inférieurement , et  par  l’absence  de  galeries 
de  communication. 

Aux  produits  de  cette  première  zone  du  flot,  M.  Boblaye  rap- 
porte l’existence  de  quatre  ou  cinq  terrasses  semblant  indiquer 
par  des  amas  de  coquilles  et  par  les  perforations  des  roches , au- 
tant de  niveaux  successifs  de  la  Méditerranée  au-dessus  de  ses 
rivages  actuels. 

La  seconde  zone  que  Fauteur  nomme  zone  noire  ou  cariée , se 
montre  au-dessus  de  la  limite  supérieure  du  flot  dans  une  épais- 
seur de  sept  ou  huit  mètres  au  plus.  La  roche  y est  corrodée  et 
couverte  d’aspérités  sinueuses  et  réticulées,  qui  lui  donnent  l’ap- 
parence de  récifs  de  polypiers.  G’est  à la  surface  de  ces  aspérités 
qu’on  remarque  presque  constamment  une  substance  d’un  brun 


DE  LA  SOCIÉTÉ  EN  1 85  1 . 23? 

noir  éclatant,  mamelonée,  lisse,  et  ressemblant  beaucoup  au  fer 
hématite. 

Enfin  , en  continuant  de  s’élever  au-dessus  de  la  limite  que  la 
lame  peut  atteindre , on  voit  une  zone  blanche  dont  la  surface 
est  unie,  et  encore  criblée  en  tous  sens  de  très  petites  cavités  et 
de  sillons  se  ramifiant  à l’infini,  et  se  dirigeant  suivant  la  ligne  de 
plus  grande  pente. 

Cette  action  ne  s’observe  plus  à quarante  mètres  au-dessus  et 
à deux  mille  mètres  au  loin  de  la  mer  ; elle  paraît  entièrement 
due  à la  dissolution  des  particules  salines  déposées  par  X aura 
maritima , et  se  voit  sur  les  monumens  comme  sur  les  roches 
naturelles.  Dans  l’intérieur  des  continens  , dans  les  Apennins, 
dans  les  Alpes  , fort  loin  et  fort  au-dessus  de  la  mer,  et  au  contact 
des  sédimens  d’époques  différentes,  on  a décrit  des  surfaces  de  cal- 
caires ainsi  corrodées  et  sillonnées,  qui  peuvent  bien  annoncer  de 
même  d’anciens  rivages  et  éclaircir  la  question  si  compliquée  des 
émersions  successives  d’une  surface  continentale. 

§ (i. — De  tous  les  agens  géologiques  de  la  période  actuelle,  les 
mieux  étudiés  sont  assurément  les  volcans  ; et  si  les  causes  eu  sont 
encore  à peu  près  inconnues  , leurs  produits  du  moins  et  les  cir- 
constances de  leur  dépôt,  bien  plus  faciles  à apprécier  que  les 
phénomènes  exclusivement  sous -aqueux,  ont  pu  être  scrupu- 
leusement étudiés.  Ce  né  sont  pas  cependant  les  volcans  exté- 
rieurs, quelle  que  soit  l’énorme  masse  et  la  variété  de  leurs  pro- 
duits, qui  pourraient  répandre  le  plus  de  lumières  fuir  les  périodes 
géologiques  plus  anciennes.  L’étude  des  volcans  sous-marins , 
dont  le  nombre  paraît  être  infiniment  plus  considérable  que  celui 
des  volcans  terrestres,  présenterait  de  bien  plus piqu ans  résultats, 
s’il  était  possible  d’en  étudier  toutes  les  circonstances* 

On  verrait  l’alternance  de  leurs  produits  primitifs  ou  remaniés 
par  les  eaux,  avec  les  couches  marines  ; alternances  ou  i nfliltrations 
dontles  terrains  de  sédiment  présentent  tant  d’exemplos  (le  val  de 
Ronca , le  val  di  Noto,  pour  les  basaltes,  et  tant  d’autres  pour  les 
roches  cristallines  ignées,  réputées  plus  anciennes).  On  étudierait 
les  modifications  produites  sur  les  sédimens  calcaires  pairies  roches 
brûlantes  ou  par  des  vapeurs  acides;  l’influence  d’un  sof  soulevé 
sur  les  strates  déjà  déposés  à sa  base  ; l’influence  sur  le  niveau  des 
eaux  de  l’apparition  de  montagnes  au  milieu  d’un  bassin  ; les  di- 
verses sortes  d’altérations  que  la  pression  , les  courans  et  la  nature 
du  liquide  , favorisant  le  jeu  des  affinités  chimiques,  doivent  faire 
éprouver  aux  coulées  ou  aux  cendres , ou  même  aux  parois  inté- 
rieures des  cratères.  Ou  étudierait  encore  la  destruction  et  l’en- 


RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX 


258 

fouissement  des  êtres  marins  dans  le  voisinage  de  ces  volcans  sous- 
aqueuv*  ce  qui  pourrait  expliquer  la  réunion  sur  un  petit  nom- 
bre de  points  , de  bancs  de  poissons  frappés  d’une  mortalité  spon- 
tanée et  simultanée.  On  apprécierait  peut-être  l’une  des  princi- 
pales causes  du  développement  de  certaines  classes  amies  d’une 
haute  température , comme  paraissent  être  les  polypes  coralli- 
gènes  qui  entourent  de  leurs  produits  tant  d’îlots  volcaniques  de 
l’Océan  austral.  Ce  sont  autant  de  questions  qui,  soulevées  par 
l’étude  des  terrains  volcanico-marins  pourraient  être  éclairées  ou 
résolues  par  l’étude  des  volcans  sous-marins  actuels  -,  et  sans  doute 
on  prendrait  sur  le  fait  la  formation  des  basaltes,  des  trachytesr 
des  gypses,  des  dolomies , du  sel  gemme,  du  soufre,  etc. 

L’histoire  conserve  et  la  nature  actuelle  offre  de  nombreux 
témoignages  de  i’existeuce  de  ces  sortes  de  volcans,  tels  que  les 
îles  Santorin , dont  la  principale  éruption  est  du  commencement 
du  dix-huitième  siècle  , une  partie  des  îles  Lipari , quelques  unes 
j du  golfe  de  Naples , une  partie  de  celles  des  Açores,  des  Canaries , 

I des  Antilles , ces  nombreux  îlots  à lagunes  centrales  , de  l’Archipel 
austral , etc.  Mais  ils  ne  se  manifestent  pas  toujours  par  l’éruption 
au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  d’un  sommet  cratériforme  : Ce  ne 
j paraissent  être,  le  plus  souvent,  que  des  fumerolles  sulfureuses 
■|  si  connues  dans  l’Archipel  grec  , des  dégagemens  de  vapeurs  , des 
I jets  d’eau  , ou  des  sortes  de  trombes  marines , des  oscillations  des 
eaux , des  bancs  à fleur  d’eau , des  crêtes  de  roches  sous-marines, 
des  eaux  fortement  colorées , etc. , etc. 

Enfin  ce  sont  des  volcans  qui  tendent  à devenir  extérieurs  : ce 
qui  a donné  lieu  à diverses  théories  de  soulèvement , d’éruption  , 
et  même  de  séparation  complète  de  masses  flottantes , comme  on 
le  voulait  croire  de  Santorin.  Rarement  les  géologues  ont  eu 
occasion  d’observer  l’instant  précis  où  le  terrain  volcanique  sor- 
tait des  eaux,  et  d?en  étudier  les  premiers  phénomènes.  Cette  cir- 
constance, qui  s’était  présentée  en  iBn  pour  File  de  Sabrina  y 
dans  les  Açores,  s’est  reproduite  en  juillet  i83i  dans  la  mer  de 
Sicile,  et  vous  savez  l’intérêt  général  qu’elle  a excité.  Ce  phé- 
nomène arrivait  d’autant  plus  à propos  que  jamais  l’esprit  des- 
géologues  n’avait  été  plus  diversement  dirigé  vers  la  question  des 
soulèvemens , et  qu’il  était  important  de  reconnaître  s’il  y avait 
là  soulèvement  ou  éruption. 

L’îZot  volcanique  qui  a surgi  dans  le  commencement  de  juillet,, 
entre  File  volcanique  de  la  Pantellerie  et  Sciacca  , sur  la  côte  oc- 
cidentale de  Sicile  , a été  presque  aussitôt  observé  par  un  célèbre 
géologue  prussien,  M.  F.  Hoffmann,  par  plusieurs  voyageurs  delà 


DE  LA  SOCIÉTÉ  EH  1 85  ï . 25g 

mariné  anglaise,  et  par  l’un  de  vos  anciens  vice-présidens , 
M.  Constant  Prévost  , spécialement  chargé  par  l’Académie  des 
Sciences  d’aller  étudier,  dans  l’intérêt  de  la  géologie,  ce  point 
nouveau  du  globe  dont  le  gouvernement  français  envoyait  cons- 
tater la  position  réelle  dans  l’intérêt  de  la  navigation. 

Je  ne  vous  reproduirai  point  le  récit  succinct  qui  vous  a été 
communiqué  des  premières  observations  de  M.  C.  Prévost.  Vous 
l’avez  suivi  avec  un  vif  intérêt  sur  cette  île  qu’il  a mesurée  , étu- 
diée sous  tous  ses  aspects.  A son  retour  il  vous  offrira  la  descrip- 
tion la  plus  complète  du  phénomène,  envisagé  tant  en  lui-même 
dans  ses  différentes  phases  que  dans  ses  rapports  avec  l’ensemble 
des  autres  phénomènes  volcaniques  des  contrées  environnantes , 
objet  spécial  de  sa  mission  scientifique.  Mais  je  ne  puis  me  refuser 
à vous  retracer,  en  attendant,  quelques  traits  de  la  courte  exis- 
tence de  cette  terre  volcanique  presque  aussitôt  détruite  que 
formée,  et  dont  on  suit  sans  interruption  tous  les  paroxysmes. 
J’en  emprunte  les  détails  aux  différons  récits  qui  ont  été  publiés, 
sans  en  discuter  la  valeur. 

On  a vu  naître,  s’agrandir,  puis  diminuer  et  disparaître  à une 
grande  profondeur  sous  les  eaux,  après  six  mois  d’existence,  cette  île 
successivement  nommée  Nerita-Ferdinanclea-  Graem  - Hoiham- 
Corao-Julia7  que  semblaient  devoir  se  disputer  plusieurs  grandes 
puissances,  etqui  n’existe  déjà  plus  que  dans  les  annales  géologiques. 

Des  secousses  de  tremblemens  de  terre  s’étaient  fait  ressentir, 
du  28  juin  au  1 juillet,  sur  la  côte  occidentale  de  Sæiie  , dans  la 
direction  du  S.  O.  au  N.  E. , et,  suivant  une  observation  curieuse 


de  M.  Hoffman  . parallèlement  à la  ligne  des  phénomènes  volca- 
niques de  cette  contrée.  Le  28  juin,  le  vaisseau  de  l’amiral  anglais 
Pultney-Maîcolm , traversant  la  place  où  l’île  a surgi,  éprouva 
les  mêmes  secousses  que  s’il  eût  heurté  contre  un  banc  de  sable. 

Le  8 ou  10  juillet,  un  batiment  sicilien  aurait  vu  s’élever  de  la 
mer,  entre  la  Pentellerie  et  la  côte  de  Sicile  , une  masse  d’eau  qui 
surgit  jusqu’à  soixante  pieds  de  hauteur,  sur  une  circonférence 
d’à  peu  près  quatre  cents  brasses.  Cette  sorte  de  trombe,  difficile 
à concevoir  sur  une  aussi  large  base,  et  qui  11’était  peut-être  déjà 
que  la  masse  vaporeuse  elle-même , [était  accompagnée  de  déto- 
nations violentes , et  aurait  été  remplacée  un  peu  plus  tard  par 
une  épaisse  vapeur  aqueuse,  s’élevant  jusqu’à  près  de  1,800  pieds. 

Le  18 , à son  retour  de  Girgenti , le  capitaine  du  même  bati- 
ment, Jean  Corr'ao , dit  avoir  reconnu  qu’à  la  place  où  il  aurait 
ainsi  vu  la  mer  se  soulever  était  apparue  une  terre  ayant  la  même 
étendue  que  la  masse  d’eau  soulevée.  Cette  île,  haute  seulement 


RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX 


*4o 

alors  de  douze  pieds , présentait , aurait-il  dit , vers  son  centre  un 
cratère  qui  ne  cessait  de  projeter  des  matières  volcaniques  et  d’im- 
menses colonnes  de  vapeur.  Ce  premier  sommet  n’était  sans 
doute  qu’un  des  bords  du  cratère.  La  mer  était  couverte  aux  alern 
tours  de  scories,  de  cendres  délayées  ou  suspendues,  et  de  pois- 
sons morts.  Il  semble  que  les  apparences  lumineuses  ne  se  sont  pas 
manifestées  dès  les  premiers  momens  de  l’émersion  des  bords  iné- 
gaux du  cratère. 

Du  i3  au  2a  juillet , le  volcan  était  dans  sa  plus  grande  activité, 
vomissant  d’énormes  colonnes  de  vapeurs  noires , de  matières  pier- 
reuses, de  cendres  rouges  , offrant,  ainsi  que  l’électricité  très  vive 
de  l’atmosphère , l’apparence  de  flammes;  de  violentes  détona- 
tions se  faisaient  entendre;  les  explosions  se  renouvelaient  toutes 
les  deux  heures. 

Les  voyageurs  qui  observèrent  l’île  à cette  époque  et  vers  la  fin 
de  juillet,  particulièrement  le  capitaine  anglais  Swinburne,  auteur 
d’un  rapport  au  vice-amiral  anglais  en  station  à Malte,  sir  Ilo- 
tham  etM.  Hoffmann  la  trouvèrent  haute  d’environ  5o  à 90  pieds 
et  d’une  circonférence  de  trois  quarts  de  mille  anglais.  Elle  était 
alors  presque  circulaire  , son  cratère  ne  paraissait  plus  vomir  que 
des  vapeurs  aqueuses  avec  odeur  sulfureuse. 

Le  4 août,  elle  aurait  atteint  trois  milles  de  circonférence. 

Le  25  août , un  voyageur  anglais  lui  trouva  deux  milles  de 
tour,  ou  14000  palmes;  elle  commençait  à diminuer  sous  l’action 
érosive  des  vagues  qui  avaient  déjà  formé,  des  débris  du  cratère, 
une  sorte  de  grève  à l’entour.  Dès-lors  on  ne  voyait  plus  dans  le 
cratère  que  de  l’eau  bouillante  d’où  s’échappaient  toujours  d’é- 
paisses vapeurs.  Les  bords , très  inégalement  élevés  par  les  déjec- 
tions successives  du  cratère,  avaient  alors  trente,  quatre-vingts  et 
deux  cents  pieds  de  hauteur.  L’effervescence  volcanique  d’éruption 
était  déjà  entièrement  calmée. 

Le  28  septembre,  lorsque  M.  C.  Prévost  visita  l’île , elle  avait, 
d’après  des  mesures  plus  scrupuleusement  prises  qu’aucune  de 
celles  précédement  indiquées,  sept  cents  mètres  de  circonférence 
et  trente  à soixante-dix  de  hauteur;  elle  paraissait  de  loin  par- 
tagée en  deux  mornes  distincts.  Il  reconnut  un  cratère  dé  éruption 
presque  central , rempli  d’eau  bouillante , et  dont  les  bords  avaient 
été  uniquement  formés , ainsi  que  l’étroite  grève  circulaire  et  tout 
l’ensemble  de  l’îlot,  par  l’éjection  de  matières  meubles  incohé- 
rentes (scories,  ponces  , rapilli,  et  surtout  cendres)  stratifiées  , en 
sens  diversement  incliné  autour  de  la  bouche  cratériforme.  Aux 
débris  volcaniques  étaient  mêlés  quelques  fragmens  de  cale,  dolo- 


DE  LA  SOCIÉTÉ  EN  l83l.  'à kl 

mitique.  Le  soi  était  brûlant  et  lançait  par  des  crevasses  et  par 
de  petits  monticules  des  gaz  non  inflammables , des  vapeurs 
blanches  sortaient  aussi  du  cratère  et  de  la  mer  à Tentour, 
Mais  plus  de  détonations , ni  d’apparences  lumineuses , ni  d’éà 
jection  de  matières  solides;  la  destruction  «avait  commencé  à succé- 
der à une  création  première.  Les  vagues  avaient  déjà  violemment 
rongé  les  bords  de  File , et  les  parties  les  plus  élevées  étaient  dans 
un  état  de  désaggrégation  qui  annonçait  une  destruction  pro- 
chaine. 

M.  G.  Prévost  présuma  que  le  volcan  avait  eu  des  coulées  sous- 
marines,  et  que  l’apparition  du  cratère  si  visible  d’éruption  avait 
pu  être  précédée  du  soulèvement  du  sol  sous  lequel  surgissait  le 
volcan  , et  qui  paraît  avoir  été  de  cinq  à six  cents  pieds  sous  le  ni- 
veau de  la  mer.  Dans  ce'cas,  Fiiot  aurait  été  entouré  d’une  cein- 
ture de  roches  sous-marines , qui  cependant  auraient  pu  être  for- 
mées par  les  pentes  inégales  du  cône  volcanique,  non  moins 
que  par  les  bords  du  massif  soulevé. 

Un  mois  après  le  passage  de  M.  C.  Prévost  (le  27  octobre) , un 
Anglais  qui  visita  File,  ne  vit  plus  qu’une  plàme  unie  presqu’au 
niveau  de  la  mer,  et  vers  le  milieu  un  monticule  dê  sables  et  de 
scories  terminé  à pic  de  toutes  parts,  le  tout  ayant  une  circonfé- 
rence de  deux  mille  palmes,  c’est  à dire  déjà  sept  fois  moindre 
qu’à  la  fin  d’août.  Ce  voyageur  dit  qu’on  ne  voit  pas  la  moindre 
apparence  de  cratère  ; seulement  il  signale  à Fouest  du  monticule, 
sur  la  plage.,  un  petit  lac  d’environ. cenL  soixante  palmes  de  tour, 
qui  contenait  de  F eau  bouillante,  et  d’où  s’échappaient  des  fu- 
merolles. Il  est  évident , quoique  Fauteur  italien  , M.  Marzoia,qui 
a publié  ce  récit  avec  quelques  vues  de  File  qui  vous  ont  été  com- 
muniquées , 11e  Fait  pas  exprimé,  que  c’était  le  cratère  reconnu 
presque  entier  par  M.  C.  Prévost,  et  dont  les  bords  n’existaient 
plus  quodu  côté  du  tertre  central , primitivement  bien  plus  élevé. 

Gettc  rapide  altération  de  la  physionomie  extérieure  d’un  sol  qui 
semblerait  devoir  être  aussi  facilement  reconnaissable  que  la  bou- 
che, d’un  volcan,  ne  montre-t-elle  pas  combien  les  apparences 
actuelles  des  terrains  représentent  peu  leur  état  primitif? 

Il  paraît  que  depuis  novembre  les  vapeurs  ont  peu  à peu  cessé, 
et  que  de  hautes  vagues  ont  de  plus  en  plus  démantelé,  jusqu’à 
fleur  d’eau , les  vestiges  du  cratère , suivant  les  prévisions  de 
M.  C.  Prévost. 

Vers  la  fin  de  décembre,  quelques  journaux  ont  annoncé  que 
sur  remplacement  de  File  on  avait  vu  surgir  des  jets  d’eau  sem- 
blables à ceux  qui  auraient  précédé  sa  première  apparition  ; 

Soc.  gêoU  Tome  II.  j6 


RAPPORT  SUR  LES  TRATAUX 


2 42 

mais  ce  fait  qui  semblait  annoncer  une  nouvelle  éruption  n*a  point 
encore  été  authentiquement  vérifié. 

On  a dit  aussi  qu’un  nouvel  îlot  avait  apparu  dans  le  voisinage 
du  premier  ; ce  serait  assez  présumable,  puisque  sur  plusieurs 
points  environnans  on  a remarqué  des  fumerolles  et  des  eaux 
troubles  qui  provenaient  de  la  même  action  volcanique;  mais  ce 
fait  est  encore  moins  certain. 

Les  nouvelles  du  commencement  de  janvier  ont  appris  qu’il 
ne  restait  plus  alors  de  l’île  que  desbrisans  sous-marins  sur  lesquels 
la  mer  battait  avec  violence.  A la  fin  du  même  mois  et  en  février, 
nous  apprenons  de  différentes  sources  qu’on  a reconnu  une  hau- 
teur de  cinquante , de  cent  et  de  cent  cinquante  pieds  d’eau  au- 
dessus  du  cône  solide.  Cette  disparition  graduelle  de  l’île  doit- 
elle  être  attribuée  à des  causes  mécaniques  ou  à un  agent  physique 
plus  intérieur;  c’est-à-dire  Faction  des  vagues  et  les  influences  at- 
mosphériques ont-elles  seules  contribué  à dégrader  si  rapidement 
le  sol  extérieur,  ou  bien  doit-on  reconnaître  un  affaissement  résul- 
tant des  mêmes  causes  qui  auraient  produit  un  cratère  de  soulè- 
vement? Les  premières  circonstances  de  la  désaggrégation  et  de 
ja  destruction  progressive  de  l’îlot  ne  laissent  pas  douter  que  l’ac- 
tion mécanique  n’ait  d’abord  été  la  seule,  comme  son  origine  a 
été  si  évidemment  analogue  à celle  de  tous  les  cratères  d’érup- 
tion. Mais  cet, abaissement  considérable  et  rapide  de  cent  cin 
quant e pieds  au-dessous  du  niveau  de  la  mer  n’est  peut-être  pas 
uniquement  le  résultat  de  ces  désaggrégalions.  D’un  autre  côté , 
il  paraît  évident  que  celles  de  ces  sortes  d’îles  volcaniques  dont 
l’existence  a été  plus  durable,  n’ont  été  ainsi  préservées  de  Faction 
érosive  des  eaux  que  par  la  présence  de  coulées  solides  servant  de 
lien  aux  cendres  incohérentes.  Selon  M.  le  capitaine  Lapierre,  ce 
n’est  point  sur  le  banc  de  Hérita,  comme  le  répètent  la  plupart 
des  premières  descriptions , que  s’est  élevé  cet  îlot.  M.  C.  Prévost, 
qui  est  retourné  sur  la  côte  O.  de  la  Sicile  quatre  mois  après  sa  pre- 
mière visite  àTîlÇÿ  aura  constaté  tous  ces  faits. 

La  dernière  éruption  du  Vésuve  qui  a été  assez  violente,  et  le 
désastreux  tremblement  de  terre  de  Foligno,  coïncident  d’une 
manière  assez  remarquable , moins  avec  l’éruption  qu’avec  la 
disparition  de  l’activité  volcanique  de  File. 

§ 3.  Rien  n’est  plus  propre  que  la  formation  de  ce  volcan,  à 
expliquer  l'origine  analogue  des  îles  Lipari.  également  volcani- 
ques, mais  montrant  des  produits  de  différentes  époques  d’érup- 
tion : de  ces  îles,  les  unes  sont  centres  de  cratères , les  autres  par- 
ties démantelées  d’un  foyer  volcanique  commun.  M.  G.  Prévost 


DE  LA  SOCIÉTÉ  EN  1 85 1 . $43 

les  a soigneusement  étudiées  et  en  a distingué  plusieurs  âges.  La 
description  de  l’une  d’elles,  de  Stromboli .,  vous  a été  adressée  par 

M.  Donati  de  Naples  ; il  fait  connaître  autour  du  foyer  , actuelle- 
ment ignivome,  sept  bouches  placées  sur  une  ligne  du  S.  E.  au 

N.  O. , il  en  a vu  cinq  à la  fois  en  activité  plus  ou  moins  forte  , 
jetant  des  flammes,  de  la  fumée,  des  vapeurs  accompagnées  d'é- 
jections de  matières  fondues  et  pulvérulentes,  de. détonations  et 
de  tremblemens  du  sol  $ il  fait  connaître  les  matières  projetées  par 
chacune  de  ces  bouches.  Les  différentes  crêtes  de  File  sont  formées 
par  les  produits  d’éruptions  d’époques  différentes  et  par  des  laves 
pétrosiliceuses,porphyriques,  ou  trachytiques,  toutes  à pyroxène. 

. Dans  la  partie  méridionale  de  l’île  se  voit  un  cratère  éteint , 
large  d’un  mille  , profond  de  trois  cents  p.,  nommé  la  plaine  de 
Poriella  , d’où  sont  sorties  dans  toutes  les  directions  de  très  nom- 
breux courans  délavés  trachytiques,  porphyriques  et  basalti- 
ques, séparées  par  dessables,  des  ponces  et  des  scories.  Sur  un 
seul  point  on  compte  plus  de  douze  de  ces  alternances. 

M.  Donati  n’a  vu  dans  cette  île  que  des  cratères  d’éruption  et 
ne  parle  point  des  cratères  de  soulèvement,  adopté^  ,pav  beau- 
coup de  géologues  d’après  les  ingénieuses  théories  de  M.  de  JBuch. 

Il  signale  encore  sur  plusieurs  points  de  File  , entre  autres  vers 
le  sommet  de  Fun  des  cratères  en  ignition  des  fumerolles  qui  dé- 
posent des  efflorescences  muriatiques,  et  altèrent  les  roches  ignées 
plus  anciennes.  Il  a observé  , au  milieu  des  débris  de  scories,  des 
fragmens  de  syénite , et  un  gros  bloc  de  granité  qui,  outre  ses 
élémens  constitutifs , renfermait  encore  du  pyroxène. 

Si  ce  bloc  que  signale  M.  Donati,  comme  étant  granitique,  est 
en  effet  analogue  aux  granités  anciens,  sauf  la  présence  du  py- 
roxène , doit-il  être  regardé  comme  de  formation  moderne , ou 
ne  peut-on  pas  y voir  une  application  de  la  curieuse  découverte 
de  M.  Gustave  Rose,  sur  l’identité  du  pyroxène  et  de  l’amphi- 
bole , formés  à des  températures  différentes  ? 

D’autres  observations,  relatives  aux  terrains  volcaniques  de  File 
d’Egine  et  de  la  Barbarie , vous  ont  été  communiquées  par 
MM.  Boblayc  et  Rozet  ; pour  ne  point  détruire  l’ensemble  de  leurs 
descriptions  géologiques , je  n’en  isolerai  point  ici  cette  partie. 

§ 4»  — A la  question  des  phénomènes  volcaniques  et  parti- 
culièrement des  tremblemens  de  terre , se  rattache  le  fait  des  co- 
lonnes du  temple  de  Puzzoli , percées  par  des  coquilles  lithopha- 
ges , fait  qui  a été  l’objet  de  tant  de  recherches  et  de  discussions. 

La  communication  faite  à la  Société  par  M.  le  doct.  Roberton, 
de  coquilles  marines  recueillies  par  lui  dans  le  sol  environnant  le 


RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX 


*44 

temple , coquilles  reconnues  pour  être  analogues  à des  espèces 
vivantes  aujourd’hui  sur  le  rivage  voisin,  a donné  lieu,  dans  le 
sein  de  la  Société , à un  nouvel  examen  des  causes  de  la  perfo- 
ration de  ces  colonnes. 

Vous  avez  entendu  à ce  sujet  les  observations  et  les  opinions 
de  plusieurs  membres  ; un  rapport  devait  même  vous  être  fait , 
et  il  m’a  semblé  que  ce  pouvait  être  ici  l’occasion  de  résumer  les 
divers  scntimens  des  géologues.  Celui  de  vos  membres  qui  devait 
vous  présenter  ce  rapport , M.  C.  Prévost , ne  terminera  pas  son 
voyage  sans  recueillir  sur  les  lieux  mêmes  , dans  le  golfe  de  Na- 
ples , tous  les  faits  propres  à l’ éclairer. 

Je  ne  vous  rappellerai  qu’une  partie  des  explications  si  oppo- 
sées , plus  ou  moins  susceptibles  d’objections,  et  la  plupart  si  peu 
vraisemblables , qui  en  ont  été  imaginées.  On  a dit  que  les  colonnes 
avaient  pu  être  retirées  de  la  mer  ainsi  perforées  avant  d’être 
employées  au  temple  ( Spallanzani).  On  a dit  encore  (Raspe) 
qu’elles  étaient  peut*êti e percées  même  avant  d’être  taillées,  et 
que  le  niveau  des  pholades  sur  les  colonnes  correspondait  au 
niveau  d’un  banc  percé  par  les  coquilles  litliophages , avant  la 
retraite  des  eaux  marines.  Selon  d’autres  encore  , après  l’enfouis- 
sement du  temple  sous  le  tuf  volcanique , il  se  serait  formé  au- 
tour une  excavation  qui  devint  un  lac  salé  où  les  pholades  auraient 
vécu  , et  qui  même  eut  pu  avoir  une  destination  artificielle  pour 
pêcherie,  piscine  ou  autrement  (Goëthe , Desmarets , Fini,  de 
Jorio,  Daubeny). 

Mais  les  deux  opinions  les  plus  vraisemblables  étaient  celles  de 
l’élévation  et  de  l’abaissement  successif  ou  de  la  mer  ou  du  sol  sur 
cette  partie  de  la  côte. 

Il  s’élevait  contre  la  première,  ou  l’élévation  delà  Méditer- 
ranée à une  vingtaine  de  pieds  au-dessus  de  son  niveau  actuel , 
à une  époque  très  rapprochée  de  nous,  trop  d’objections  histo- 
riques et  physiques  pour  qu’elle  obtînt  généralement  du  crédit, 
quoique  soutenue  par  Ferber  et  Breislack. 

Restait  donc  la  seconde , qui  est  en  effet  adoptée  le  plus  géné- 
ralement , quoique  la  plus  ancienne,  que  MM.  Forbes  et  Lyell  ont 
le  mieux  développée  et  appuyée  du  plus  grand  nombre  d’observa- 
tions locales,  positives  (Forbes,  Ediiub.,  journ.} oct.  182g. — Lyell, 
princ . of.  geol. , 1 p.  449)  y et  (lue  M.  Hoffman  a aussi  adoptée. 

Cette  explication,  qui  suppose  la  submersion  et  l’émersion  de 
l’édifice  par  l’abaissement  et  le  soulèvement  alternatif  du  conti- 
nent , réunit  en  sa  faveur  le  plus  de  témoignages  empruntés  soit 
k Thistoire , soit  à la  géologie. 


DE  LA  SOCIÉTÉ  EN  1 83 1 . 245 

Découvert  en  1749?  et  déblayé,  Tannée  suivante,  des  cendres  et 
vases  marines  dans  lesquelles  il  était  enfoui , l’édifice  fut  nommé 
dès-lors  temple  de  Se'rapis , et  regardé  comme  consacré  à cette 
divinité  égyptienne  dont  le  culte  admettait  dans  ses  rites  l’usage 
de  l’eau  minérale.  On  voit  en  effet  dans  son  enceinte  une  source 
chaude  qui  se  joint  au  plan  particulier  de  l’édifice  pour  ne  pas 
laisser  douter  que  ce  ne  fut,  dès  l’origine,  un  de  ces  nombreux 
établissemens  thermaux,  la  plupart  sous  l’invocation  de  quelque 
divinité , que  les  anciens  fréquentaient  dans  le  golfe  de  Naples  , 
dont  Sidoine  Apollinaire  parle  encore  vers  la  fin  du  cinquième 
siècle,  et  dont  l’usage  s’est  perpétué  à travers  toute  la  durée  du 
moyen  âge. 

Construit  à la  fin  du  deuxième  ou  du  troisième  siècle,  en  grande 
partie  ruiné  dans  le  sixième  ou  septième  par  les  Goths  et  les 
Lombards,  cet  édifice  aurait  été,  en  1 198,  en  partie  rempli  de 
cendres  par  l’éruption  de  la  Solfatare,  et  ses  débris  auraient  été 
ainsi  préservés  pour  l’avenir  de  l’action  éversive  des  secousses  du 
sol. 

En  1488,  un  grand  tremblement  de  terre  qui  ruina  Pouzzuole 
et  toute  la  contrée  environnante,  l’aurait  plongé  sous  la  mer  avec 
d’autres  édifices  de  la  côte  dont  une  partie  se  voit  encore  sous  les 
eaux;  et  des  sédimens  marins  auraient  achevé  de  le  combler  jus- 
qu’à la  hauteur  de  dix  pieds  au-dessus  de  la  base  des  colonnes. 
C’est  en  effet  à cette  hauteur  qu’on  observe  la  zone  percée  par 
les  coquilles  lithophages,  dans  une  épaisseur  de  six  pieds  au- 
dessus. 

En  i53o,  le  témoignage  de  Loffredo  , auteur  presque  contem- 
porain, indique  positivement  que  la  mer  baignait  toute  la  plaine 
basse  dite  la  Starza  , dont  le  temple  fait  partie. 

En  i538,  le  19  ou  20  de  septembre,  se  manifesta  la  terrible 
explosion  suivie  de  l’apparition  subite  du  Monte -Nuovo.  Elle 
produisit  une  oscillation  en  sens  inverse  de  la  première , et  sou- 
leva le  sol  où  étaient  ensevelis  les  débris  du  temple,  mais  non 
point  à la  meme  hauteur  que  son  niveau  primitif,  puisque  le  pavé 
du  temple  est  encore  aujourd’hui  à un  pied  au-dessous  du  niveau 
de  la  mer  qui  n’en  est  distante  que  de  cent  pieds. 

L’édifice  n’aurait  donc  été  que  cinquante  ans  environ  à dix- 
huit  ou  vingt  pieds  sous  les  eaux,  et  les  coquilles  lithophages 
n’auraient  eu  que  ce  temps  pour  opérer  leurs  perforations.  Spal- 
lanzani , je  ne  sais  d’après  quelle  base,  avait  conclu  du  seul  exa- 
men de  ces  cavités , et  sans  témoignage  historique , que  les  rao- 
dioles  n’avaient  pas  du  creuser  les  colonnes  pendant  plus  dm 


RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX 


24G 

cinquante  ans.  C’est  aussi  dans  cet  espace  de  temps , si  toutefois 
il  est  incontestable  que  l’exhaussement  du  sol  n’ait  été  le  produit 
que  d’un  seul  tremblement  de  terre  dans  une  contrée  où  ce  phé- 
nomène est  si  fréquent,  que  se  seraient  formés  les  lits  de  vases 
marines  remplies  de  coquilles  , *de  débris  de  marbre , et  alternant 
avec  des  cendres  et  des  rapilli  dont  le  temple  et  le  rivage  con- 
servent tant  de  traces. 

Au  pied  des  falaises  verticales  de  tuf  endurci , qui  forment  le 
rivage  depuis  Naples  jusqu’après  Pouzzole , et  au  pied  du  Monte- 
nuovo , le  terrain  méditerranéen  forme  un  second  étage , épais 
d’une  vingtaine  de  pieds  au-dessus  des  eaux,  et  en  talus  vers  la 
mer.  C’est  de  ce  dépôt  moderne  volcanico-marin  , où  il  était  en- 
seveli comme  Pompeï  dans  ses  cendres  volcaniques , que  le  temple 
a été  exhumé  vers  le  milieu  du  dernier  siècle.  C’est  là  qu’ont  été 
recueillies  les  coquilles  que  vous  a communiquées  M.Roberton,  et 
que  MM.  Forbes  et  Lyell  en  ont  aussi  reconnu  plusieurs  espèces, 
toutes  analogues  à celles  vivant  encore  dans  la  même  baie.  C’est 
aussi  dans  ces  couches  de  vase  marine  que  gisaient  de  nombreux 
fragmens  de  poteries,  de  marbre,  dont  les  cassures  sont  couvertes 
de  serpules,  de  colonnes,  dont  une  a présenté  à M.  Underwood 
des  trous  de  coquilles  perforantes , aux  deux  extrémités. 

Combien  d’autres  exemples  ne  voit-on  pas  sur  les  côtes  de  la 
Méditerranée,  même  ailleurs  que  dans  le  golfe  de  Naples,  de  ces 
immersions  d’anciens  édifices  sous  les  eaux  de  la  mer  par  l’effet  des 
tremblemens  de  terre? 

§ 5.  A l’histoire  des  mouvemens  du  sol,  pendant  l’époque 
actuelle  constatés  durant  l’année  dernière,  se  rattache  encore  cet 
affaissement  décrit,  aux  environs  de  Ralisbonne,  par  M.  le  colonel 
Peterson.  Le  sol  supérieur  à des  cavités  souterraines,  s’est  enfoncé 
de  seize  à vingt  pieds,  sur  80  arpens,  avec  un  grand  dégagement  de 
calorique. Les  nuages  de  poussière,  qui  ont  dû  en  résulter,  auraient 
pu  faire  supposer,  comme  il  y a peu  d’années  sur  les  bords  du 
Rhin,  un  mouvement  volcanique  interne  $ mais,  de  part  et 
d’autre, le  phénomène  paraît  avoir  été  uniquement  mécanique. 

§ 6.  Si  le  sondage  des  puits  artésiens } qui  fait  chaque  jour 
plus  de  progrès  en  Europe,  comme  vous  en  avez  eu  la  preuve  par 
le  rapport  de  M.  Boué , est  d’une  si  haute  utilité  sociale , s’il  four- 
nit des  renseignemens  précieux  sur  la  température  du  sol  inté- 
rieur, sur  la  stratification  et  sur  la  présence  de  minerais  utiles  à 
de  grandes  profondeurs , ce  phénomène  peut  aussi , envisagé 
sous  un  autre  point  de  vue,  éclairer  la  question  des  cours  d'eau 
souterrains . 


DE  LA  SOCIÉTÉ  EN  l85l.  $47 

Les  eaux  jaillissantes  se  rattacheraient  ainsi  à un  ordre  de  faits  j 
dont  le  rôle  géologique  n’a  pas  été  sans  importance  durant  les  j 
périodes  antérieures  : je  veux  parler  des  sources  intermittentes  , 
des  eaux  qui  s’engouffrent  pour  ne  reparaître  à jour  qu’après  un. 
assez  long  trajet  souterrain  , comme  on  en  voit  fréquemment  dans 
les  pays  de  craie  à silex , de  celles  qui  sortent  brusquement  avec 
une  grande  abondance  d’eau  • de  celles  qui  traversent  encore  pé- 
riodiquement des  cavernes,  suivant  les  crues  plus  ou  moins  fortes 
des  courans  extérieurs , suivantles  barrages  accidentels,  et  qui  ont 
contribué  et  continuent  à les  remplir  de  graviers  et1  d’ossemens. 

Les  géologues  de  l’expédition  de  Morée,  MM.  Boblaye  et  Virlet 
ont  observé  dans  ce  pays  un  phénomène  qui  peut  éclairer  vive- 
ment la  question  des  eaux  souterraines , en  même  temps  que  celle 
des  alluvions  continentales  : ce  sont  les  katavotrons  des  vallées! 
closes  de  la  Morée  centrale,  sortes  de  gouffres  où  se  précipitent  en 
tourbillonnant  Jes  eaux  torrentielles  amassées  [durant  les  saisons 
pluvieuses,  entraînant  avec  elles,  après  en  avoir  déposé  une  par- 
tie sur  les  plaines  superficielles , le  limon  rouge  qui  les  colore  et 
les  squelettes  d’animaux , les  débris  de  mollusques  et  de  plantes  , 
les  graviers  qu’elles  introduisent  dans  les  cavités  souterraines  d’où 
elles  ressortent  pures , limpides  et  douces , souvent  à une  assez 
grande  distance  dans  la  mer.  Ce  phénomène,  qui  sert  à expliquer  I 
d’une  manière  si  satisfaisante  le  remplissage  de  la  plupart  des  ca- 
vernes, ne  peut-il  aussi  expliquer  certains  puits  ou  canaux  sinueux, 
remplis  de  sables , de  graviers  qu’on  ne  voit  point  traverser  les 
couches  supérieures,  et  dont  la  présence  au  milieu  de  bancs  régu- 
liers à d’assez  grandes  profondeurs , a fait  plus  d’une  fois  illusion. 
C’est  ainsi  que  dans  les  environs  de  Paris,  surtout  du  côté  de 
Triel,  de  Nanterre  et  de  Sèvres,  des  lits  ondulés  de  graviers  et 
de  limons  ferrugineux , observés  entre  les  systèmes  inférieur  et 
moyen  du  calcaire  grossier,  considérés  par  M.  Brongniart  lui- 
même  comme  ayant  été  déposés  dans  des  cavités  sinueuses  à parois 
lisses,  formées  avant  le  calcaire  du  second  étage,  pourraient  bien 
n’être  que  les  témoins  de  ces  anciennes  eaux  souterraines. 

Quoi  qu’il  en  soit  de  ces  rapports  plus  ou  moins  réels  des  eaux 
souterraines  avec  certains  dépôts  de  sédimens,  les  deux  faits  sin- 
guliers dont  vous  avez  eu  connaissance  , à l’occasion  des  puits  ar- 
tésiens , démontrent  suffisamment  que  les  eaux  jaillissantes  ne  pro- 
viennent pas  uniquement  de  minces  nappes  d’eau  au  contact  do 
couches  imperméables,  et  résultant  de  filtrations  à travers  des  cou- 
ches de  sables,  mais  qu’elles  traversent  de  véritables  canaux,  ou  du 
moins  qu’elles  ont  communication  avec  des  cours  d’eau  superficiels. 


RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX 


248 

Le  premier  de  ces  faits  vous  a été  indiqué  par  M.  Dujar- 
din, professeur  de  chimie  à Tours , qui  s’est  occupé  avec  un  très 
grand  soin  des  fossiles  de  la  craie  de  ce  pays.  Il  a observé,  à la 
fin  de  janvier  i83o,  que  dans  le  puits  foré  ouvert  à Tours  en  1829 
jusqu’à  une  profondeur  de  trois  cent  trente-cinq  pieds  , au  milieu 
de  la  craie  inférieure,  l’eau  s’étant  élevée  durant  plusieurs  heures 
avec  une  grande  vitesse,  avait  amené  beaucoup  de  sable  fin  et  de 
petits  fragmens  d’épines,  des  graines  de  plantes,  la  plupart  ma- 
récageuses ( galium  uliginosum  ) , ainsi  que  des  coquilles  d’eau 
douce  et  terrestres  non  altérées  (Plauorbzs  niarginalus , Hélix 
rotunda  et  striata). 

De  leur  état  de  conservation  et  de  la  maturité  des  graines , 
M.  Dujardin  a pensé  pouvoir  conclure  que  ces  eaux  et  les  corps 
étrangers  qu’elles  ont  entraînés*,  n’avaient  pas  mis  plus  de  trois  ou 
quatre  mois  à descendre  de  quelque  vallon  humide  de  l’Auvergne 
ou  du  Vivarais.  Mais  cette  présomption  ne  porte-t-elle  pas  un 
peu  loin  la  source  de  ces  corps  organiques , et  n’ont-ils  pu  être 
entraînés  dans  le  courant  souterrain  principal  par  quelque  petit 
affluent  de  source  bien  plus  rapprochée  ? 

Un  second  fait  de  ce  genre  est  venu  récemment  à la  con- 
naissance de  la  Société.  L’eau  d’un  puits  foré  à Riemke,  près 
de  Boehuin  en  Westphalie,  a amené  jusqu’à  son  orifice  , de  la 
profondeur  de  cent  quarante- trois  pieds  , de  petits  poissons  longs 
de  trois  à quatre  pouces  • les  cours  d’eau  superficiels  les  plus 
voisins  sont  à deux  ou  quatre  lieues. 

Sur  quelques  graines,  coquilles,  poissons,  sables  ou  graviers, 
qui , de  ces  profondeurs , parviennent  à la  surface , combien  11e 
s’arrêtent  pas  en  route  dans  les  sinuosités  des  canaux  que  ces  ob- 
jets finissent  par  obstruer.  Que  les  courans , par  suite  de  ce  rem- 
plissage , viennent  à changer  de  direction  , voilà  pour  les  obser- 
vations futures  la  source  de  plus  d’une  erreur,  ou  du  moins  l’ex- 
plication très  naturelle  de  faits  qui  déjà  ont  embarrassé  ou  trompé 
les  géologues,  et  surtout  de  l’intercalation  d’amas  de  matières 
hétérogènes  traversant  des  bancs  réguliers. 

§ 6 bis.  — Quant  à d’autres  faits  relatifs  aux  eaux  souterraines, 
l’histoire  des  cavernes  bientôt  nous  en  fournira.  Je  me  bornerai 
à vous  rappeler  ici,  messieurs,  la  fontaine  intermittente  dont 
M.  Robert  vous  a signalé  l’existence  à Massevaux  dans  les  Vosges, 
et  le  dépôt  épais  de  travertin,  observé,  par  le  même  géologue, 
dans  la  profonde  vallée  de  Charmoz , près  de  Lussel , et  dans 
Je  voisinage  de  minerais  de  fer  pisolithique  formés  dans  des 
vallées , et  probablement  dans  des  circonstances  semblables. 


DE  LA  SOCIÉTÉ  EN  1 85 1 . 349 

§ 7.  — M.  Robert  nous  a fait  connaître  que  la  température  du 
puits  d’exploitation  de  la  mine  de  sel  de  Dieuze  ( Meurthe  ) à ^oo 
pieds  de  profondeur,  au  niveau  de  la  huitième  couche  de  sel  ex- 
ploitée , qui  est  la  plus  épaisse,  s’élevait  à i5°  7/  io  cent.  L’ob- 
servation présentée  à la  Société  en  i83o  par  M.  Fleuriau  de  Bel- 
levue  , sur  le  puits  foré  de  la  Rochelle,  indiquait  à 36g  pieds 
une  température  de  i8°  i a cent.,  et  une  augmentation  sur  la 
température  moyenne  du  pays,  d’un  degré  par  jq,  7 1 m. , c’est  à 
peu  près  la  proportion  la  plus  habituelle  (i°  par  25  m.),  d’après  le 
relevé  des  nombreuses  observations  recueillies  par  M.  Cordier  , 
sauf  certains  excès  locaux  extraordinaires  en  plus  ou  en  moins  , 
attribués  par  M. Cordier  à l’épaisseur  variable  de  l’écorce  terrestre. 

g 8.  — M.  Daubeny  poursuit  ses  intéressantes  recherches  sur 
les  eaux  thermales  ci  sur  leurs  relations  avec  les  phénomènes! 
d’origine  ignée,  et  avec  les  anciens  foyers  volcaniques,  relations' 
qui  paraissent  jouer  un  grand  rôle  dans  la  théorie  de  la  terre, 
ainsi  que  MM.  Brongniart  et  Cordier  le  soutiennent  depuis  long- 
temps. M.  D.  a retrouvédans  plusieurs  eaux  thermales  des  Alpes, 
et  dans  toutes  celles  d’Angleterre,  Yazote,  dont  il  avait  déjà  cons-f 
taté  la  présence  dans  l’eau  de  plusieurs  autres  sources  chaudes 
où  ce  gaz  se  trouve  rarement  seul.  Ces  eaux  thermales,  gazeuses 
ou  acidulés,  paraissent  suivre  la  grande  faille  du  calcaire  de  Der- 
byshire  et  de  l’Yorckshire  , de  même  qu’elles  sont,  dans  les  au- 
tres pays,  liées  à quelques  vestiges  d’une  action  ignée  plus  ou 
moins  ancienne.  Il  en  a conclu  de  nouveau  une  oxcidation  lente 
de  l’écorce  du  globe  et  des  phénomènes  naissant  dans  cette  écorce, 
de  préférence  à la  théorie  du  feu  central.  Les  deux  opinions  sont 
défendues  par  des  savans  d’un  égal  mérite  : M.  Ampère  s’est  pro- 
noncé pour  celle  qu’appuie  M.  Daubeny.  Vous  avez  vu,  par  le 
rapport  de  M.  Boue  , quels  dévcloppeincns  a pris  cette  branche 
nouvelle  de  la  géologie  (Hist.  des  sources  min.),  qui  s’est  surtout 
enrichie  des  travaux  deMM.  Osann  , Stuke , Stifft  et  Keferstein. 

§ 9.  — A un  autre  ordre  de  phénomènes,  se  continuant  en- 
core de  nos  jours,  à celui  des  tufs  et  des  tourbes  d’origine  la- 
custre ou  continentale , se  rattache  la  découverte  des  ossemens  de 
chiens , de  cochons , de  castors  et  de  loutres  enfouis  dans  les  tour- 
bières du  Brabant;  M.  Morron  les  a trouvés  gisans  en  fort  grand 
nombre  , surtout  ceux  de  chien  d’une  grande  taille  (sur  dix  crânes 
neuf  de  cette  espèce)  à 2 m. , sous  la  tourbe  et  au  contact  du  sable 
qui  forme  la  base  des  tourbières  de  ce  pays. 

§ 10.  — Guidée  par  M.  Graves,  qui  explore  depuis  plusieurs 
années  avec  tant  de  zèle  la  géologie  du  département  de  l’Oise , la 


RAPPORT  sur  les  travaux 


n5o 

Société  a observé  près  de  Saint-Germer  et  Goincourt,  entre  Gour- 
nay  et  Beauvais,  un  depot  tourbeux  intéressant  sous  plus  d’un 
rapport.  On  y voit  une  représentation  parfaite  , durant  la  période 
actuelle  , des  argiles  à lignites  fiuviatiles  ou  lacustres  d’un  âge  plus 
ancien.  Cette  tourbe,  pénétrée  d’une  aussi  grande  abondance  de 
fer  sulfuré  que  les  lignites  tertiaires  de  Picardie,  est  de  même  ex- 
ploitée pour  en  extraire  de  l’alun  et  du  vitriol.  Ce  lignite  pyri- 
teux  acquiert  une  épaisseur  de  20  pieds  et  présente  plusieurs  al- 
ternances d’argiles , de  galets , de  graviers , et  de  lignite  compacte 
ou  friables;  des  ossemens  de  bœuf,  de  cheval , de  cerf  et  de  che- 
vreuil se  rencontrent  abondamment  dans  les  différens  lits.  On  y 
voit  un  amas  d’arbres  renversés  formant  une  sorte  découché,  et 
parmi  lesquels  on  reconnaît  des  saules,  des  noisetiers  et  des  bou- 
leaux. INous  visitâmes , M.  Prévost  et  moi,  ce  même  dépôt,  il  y a 
cinq  ou  six  ans,  et  nous  fûmes  frappés  de  l’étonnante  similitude 
que  l’ensemble  de  ces  couches  offrait  avec  les  argiles  à lignites  du 
Soissonnais,  et  même  avec  certains  lignites  d’argiles  de  la  forma- 
tion jurassique,  quoique  d’un  âge  si  différent..  A la  vérité,  le 
dépôt  de  Beauvais  est  exclusivement  continental  et  sans  nul  mé- 
lange marin,  dont  on  voit  tant  d’exemples  dans  plusieurs  baies 
des  deux  rives  de  la  Manche. 


IP 


SERIE. 


TERRAINS  DILUVIENS. 


§ 1 1.  — Que  doit-on  entendre  par  dépôt  ou  terrain  diluvien? 
faut-il  le  considérer  comme  résultat  d’une  cause  unique  et  géné- 
rale qui  séparerait  d’une  manière  tranchée  les  époques  géologi- 
ques de  F époque  historique?  Est-ce  au  contraire  le  produit  de 
plusieurs  inondations,  de  causes  variables  suivant  les  temps  et  les 
localités?  Et  faut-il  admettre  un  passage  insensible  des  temps  an- 
ciens à l’époque  actuelle  qui  présenterait  les  mêmes  lois  et  la  plu- 
part des  mêmes  phénomènes  que  les  autres  périodes  géologiques? 
* M.  Tournai,  en  nous  rappelant  cette  difficile  alternative,  objet  de 
tant  de  discussions , s’est  prononcé  pour  la  seconde  opinion  , celle 
qui  a gagné  le  plus  de  partisans,  après  avoir  été  long-temps  sou- 
tenue par  un  de  vos  membres , M.  G.  Prévost.  Il  vous  a aussi  ex- 
posé la  difficulté  de  préciser  rationnellement  la  valèur  et  les  limites 
du  mot  fossiles , dans  le  but  de  déterminer  que  les  os  humains  trou- 
vés par  lui  et  par  quelques  autres  géologues  du  midi  de  la  France, 
||  dans  les  cavernes  à ossemens  , étaient  bien  fossiles  et  contempo- 
,|  rains  des  espèces  éteintes  avec  lesquelles  ils  ont  été  découverts. 

1 Drun  autre  côté  cependant  , la  destruction  de  ces  mammifères 


DE  DA  SOCIÉTÉ  EN  I 85  1 . 25  1 

paraissant  coïncider  avec  le  dépôt  de  la  plus  grande  masse  de  dilu- 
vium les  ossemens  humains  auraient  été , suivant  l’opinion  d’un 
autre  géologue  du  midi,  et  de  M.  Tournai  lui-même,  enfouis  par 
cette  même  grande  catastrophe  plutôt  que  par  aucune  autre  des 
causes  secondaires  et  moins  évidentes  dont  M.  Tournai  admet  lacon- 
tinuation.  Le  fait  essentiel  était  de  montrer  le  mélange  intime;  de 
prouver  que  nulle  cause  postérieure  ne  pouvait  avoir  opéré  un  re- 
maniement de  débris  dont  le  dépôt  et  d’êtres  dont  l’existence  peu- 
vent avoir  été  séparés  par  un  très  grand  espace  de  temps,  et  sans 
doute  par  l’une  de  ces  révolutions  qui  ont  si  puissamment  modifié 
ïe  relief  des  continens.  Mais  vous  savez , messieurs , que  les  conclu- 
sions de  tous  }es  géologues  du  midi  (hors  M.  Teissier),  auteurs  de 
ces  intéressantes  découvertes  , ont  été  pour  la  contemporanéité  de 
l’houime  et  des  grandes  espèces  détruites  d’ours,  hyènes,  de  cerfs, 
auxquelles  ils  en  ont  trouvé  les  ossemens  associés.  Cette  question 
a même  remplacé  , dans  l’histoire  des  cavernes,  ceileà  peu  près  ré- 
solue du  remplissage  de  la  plupart  de  ces  cavités  par  un  violent  |J 
agent  extérieur,  par  des  cours  d’eau  en  partie  superficiels  , en  par- 
tie souterrains,  opinion  que  M.  C.  Prévost  s’est  surtout  efforcé  d’é- 
tablir et  queMiVl.  Bertrand  Gesîin  et  Marcel  deSerres  ont  aussi  for- 
tement soutenue, contre  l’opinion  ingénieuse  de  M.  Buckland,  mais 
trop  exclusive  , qui  tendait  à se  généraliser  , de  l’habitation  de  ces 
grottes  par  des  carnassiers , surtout  par  des  hyènes  qui  y au- Il 
raient  entraîné  les  os  d’animaux  paisibles,  leurs  contemporains. '( 

C’est  à cette  discussion  plus  qu’à  toute  autre  qu’il  convient 
d’apporter  l’esprit  d’éclectisme  si  nécessaire  en  géologie  ; car  nul 
phénomène  peut-être  plus  que  celui  des  cavernes  à ossemens  n’a 
été  , malgré  son  apparente  uniformité  , le  résultat  de  plus  de  mo- 
difications secondaires,  indépendantes  d’une  première  cause  effec- 
tivement plus  générale.  Des  cavernes  auront  été  remplies  par  les 
dépouilles  de  mammifères  qui  y seront  morts  naturellement; 
d’autres  l’auront  été  , en  partie  par  cette  cause  , en  partie  par  les 
débris  qu’y  entraînèrent  des  animaux  carnassiers;  le  plus  grand 
nombre,  toutefois,  aura  été  rempli  par  les  eaux  courantes,  qui  j 
ont  également  combié  les  fissures  superficielles  et  formé  les  brè-  | 
clies  osseuses  avec  les  mêmes  limons  et  graviers. 

Si  le  remplissage  de  la  plupart  des  cavernes  s’est  opérée  pen- 
dant la  période  tranquille  qui  a précédé  le  dernier  grand  soulève- 
ment de  montagnes , si  le  remplissage  d’un  grand  nombre  d’autres 
n’a  été  au  contraire  que  le  résultat  de  cette  cause  violente,  com- 
bien de  causes  postérieures,  dont  on  a tant  de  preuves  et  d’exem- 
ples, ont  pu  modifier  ces  plus  anciens  dépôts,  telles  que  l’intro-» 


RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX 


2Ô2 

duction  d’animaux  vivans  plus  modernes  qui  y seront  morts , telles 
que  le  passage  plusieurs  lois  répété  et  interrompu  d’eaux  cou- 
rantes , qui  auront  charrié  les  premiers  limons  par  les  fentes  su- 
périeures , qui  en  auront  ensuite  entraîné  et  mêlé  de  nouveaux. 

Mais  en  restreignant  la  question  des  cayernes , à celle  des  os- 
semens  humains  qu’on  y a quelquefois  rencontrés,  n’est- il  pas  évi- 
dent que  le  doute  devient  plus  nécessaire  encore  ? Combien  de  fois 
ces  lieux  n’ont-ils  pu  servir  de  sépultures  , de  retraites  ou  passa- 
gères, ou  même  durables,  aux  diverses  races  d’habitans  qui  se 
sont  succédé  sur  le  même  sol , et , s’il  est  permis  de  le  dire , même 
à un  géologue,  en  stratification  discordante ! L’histoire,  même 
celle  des  temps  modernes,  en  a conservé  de  nombreux  témoigna- 
ges, et  les  persécutions  religieuses,  depuis  celle  du  druidisme, 
sous  Claude,  jusqu’à  celle  du  calvinisme,  au  seizième  siècle,  les 
guerres  d’invasion,  les  luttes  de  la  féodalité,  ont  été  autant  d’oc- 
casions qui  auront  pu  rendre  les  cavernes  des  lieux  de  refuge , si 
même  il  n’en  est  pas  qui  aient  servi  d’habitations  à des  races  d’une 

Î civilisation  moins  avancée.  De  ces  grottes,  les  unes  (Bize,  Som- 
mières,  Mialet,  Breingues,  Paviland) , étaient  en  partie  déjà  rem- 
plies d’ossemens  de  mammifères;  les  autres  (Burfort,  Ussat , et  la 
plupart  des  cluseaux  du  Périgord),  étaient  vides  quand  les  os 
humains  y ont  été  délaissés. 

ICe  sont  encore  les  objets  d’industrie  trouvés  avec  les  ossemens 
de  quelques  cavernes  et  annonçant  un  état  social  assez  barbare, 
qui  ont  porté  plusieurs  géologues  à faire  remonter  jusqu’au  ber- 
ceau de  la  société , et  même  au-delà  des  temps  historiques  et  dans 
l’obscurité  des  dernières  périodes  géologiques,  les  ossemens  hu- 
||  mains  trouvés  avec  ceux  des  ours  et  des  hyènes,  dont  on  les  a 
Il  supposés  contemporains. 

Or,  messieurs , le  témoignage  de  Florus  que  j’ai  cité  à la  der- 
nière séance,  me  semble  d’un  grand  poids  dans  cette  discussion. 
Florus , parlant  des  habitans  de  la  Gaule  méridionale , à l’époque 
où  César  en  fit  la  conquête , c’est-à-dire  cinquante  ans  avant  notre 
ère,  il  V a dix-neuf  siècles  environ,  dit  au  sujet  des  moyens  bar- 
bares que  César  employa  pour  les  soumettre  : Les  Aquitains  f 
race  prévoyante  et  rusée , se  reliraient  dans  les  cavernes , César 
ordonna  de  les  y enfermer . Aquitani , callidum  genus,  in  spe~ 
luncas  se  recipiebant -,  jussit  includi.  (Florus,  lib.  III,  cap.  io. 
Edit,  de  Duker , pag.  5 1 9.) 

Il  est  inutile  de  faire  de  longs  commentaires  sur  le  récit 
aussi  positif  d’un  écrivain  qu’on  n’accusera  certainement  pas  de 
partialité;  mais  si  l’on  ajoute  à ce  témoignage  l’habitude  de  plu- 


Ï)E  LA  SOCtÉTE  EN  i85l.  s55 

sienrs  peuplades  de  race  celtique  de  vivre  dans  des  cavernes , qui 
s’est  conservée  dans  plusieurs  de  nos  provinces,  sur  les  bords  de  la 
Loire,  du  Rhône,  etc.,  on  pourra  conjecturer  que  les  ossemens 
humains  et  les  poteries  des  cavernes  du  midi  de  la  France,  dé- 
couverts en  partie  dans  l’ancienne  Aquitaine  , en  partie  dans  cette 
division  de  la  Celtique  devenue  plus  tard  la  Provincia  romana  et 
la  Narbonaise , ont  très  probablement  appartenu  à quelques  uns  || 
des  malheureux  Gaulois  que  César  fit  murer  dans  leurs  retraites.  Il 

Là  où  le  mélange  est  complet , des  cours  d’eau  auront  bien  pu  ]{ 
produire  un  remaniement  assez  récent;  le  même  degré  d’altéra-  D 
tion  des  os  d’hommes  et  de  quadrupèdes  , ensevelis  sur  un  même 
soi , ne  suffit  pas  pour  prouver  leur  contemporanéité  , puisqu’il 
est  constant  que  l’état  de  calcination  et  l’odeur  argileuse  produits 
par  la  perte  de  la  matière  animale,  et  caractère  de  la  fossilisation  , 
se  sont  manifestés  sur  des  corps  enfouis  depuis  les  temps  histo- 
riques. 

La  civilisation  d’une  grande  partie  de  la  Gaule  , à l’époque  de 
la  conquête  romaine,  n’était  certainement  pas,  d’après’tous  les  té- 
moignages historiques,  et  quoiqu’en  aient  dit  les  partisans  exagérés 
de  notre  gloire  nationale  à son  berceau  , la  civilisation  gauloise 
n’était  pas  plus  avancée  que  ne  le  donnent  à penser  les  débris  de 
poterie  mal  cuite,  les  épingles,  et  autres  insirumens  en  os,  les 
bâches  et  les  couteaux  de  silex  trouvés  avec  les  ossemens  humains 
dans  les  cavernes,  c’est-à-dire  celle  de  peuplades  à peu  près  au 
même  degré  social  que  la  plupart  des  tribus  sauvages  de 
l’Amérique  à l’époque  de  la  conquête,  se  tatouant,  adorant  les 
arbres,  les  pierres,  les  fontaines,  sacrifiant  des  victimes  humaines 
à leurs  dieux,  et  en  suspendant  les  têtes  ou  celles  d’animaux  à 
à leurs  arbres  sacrés,  etc.  Que  l’on  compare  les  débris  d’indus- 
trie des  cavernes  à ceux  qui  proviennent  évidemment  d’éta- 
blissemens  gaulois , et  Ton  verra  la  pi  us  parfaite  identité. 

Partout  où  l’on  fouille  les  tombelles  qui  servirent  de  sépulture 
à ces  mêmes  hommes  de  race  celtique  , habitans  de  la  Gaule,  ou 
de  la  Grande-Bretagne , ou  de  la  Germanie , partout  où  l’on  creuse 
sous  leurs  dolmen , grossiers  autels  formés  de  pierres  brutes,  ou 
bien  sur  l’emplacement  de  leurs  oppida , on  retrouve  précisé- 
ment ces  mêmes  objets  découverts  dans  les  cavernes,  et  on  les 
trouve  souvent  accompagnés  d’ossemens  d’animaux  domestiques 
ou  sauvages , mais  d’espèces  non  détruites,  et  qui  n’ont  été  pla- 
cés là  que  par  honneur  pour  le  mort,  à la  suite  de  sacrifices  ou 
de  repas  funèbres , autre  source  d’erreurs  possibles  à l’égard  des 
ossemens  des  cavernes.  Qu’ou  examine  ces  monumens  en  eux- 


RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX 


*2  54 

mêmes,  on  ne  les  supposera  pas  antédiluviens , comme  l’a  fait 
un  Anglais  qui  montre  à Londres  des  reliefs  des  grands  sanctuai- 
res de  Stoneheoge  et  d’Aybury,  et  pourtant  on  y reconnaîtra 
l’état  social  le  moins  avancé. 

(Tout  en  présentant  ces  aperçus  à l’appui  de  l’origine  récente 
des  débris  humains  dans  les  cavernes  , je  suis  bien  loin  de  croire 
la  question  résolue  et  d’en  faire  une  application  trop  générale. 
Les  opinions  sont  encore  très  divisées  : MM.  Cuvier,  Buckland , 
Rosen-Müller,  Soëinmering  , qui  ont  cité  , il  y a longtemps,  des 
os  humains  dans  les  cavernes  à osseraens  d’espèces  perdues,  n’ont 
point  admis  la  contemporanéité.  Pour  l’opinion  contraire,  vous 
ayez  vu  , outre  les  faits  décrits  par  MM.  Marcel  de  Serres,  Tour- 
nai, de  Christol , Farines  et  Dumas  , ceux  que  M.  Boué  vous  a 
rappelés  de  poteries  ou  dJos  humains  dans  certaines  brèches  os- 
seuses , dans  les  sables  ossifères  de  Baden  , de  Kosritz  en  Saxe,, 
dans  les  marnes  du  Rhin.  La  similitude  fort  curieuse  d’une  des, 
têtes  découvertes  en  Autriche,  avec  les  races  nègres , a même, 
inspiré  cette  idée  ingénieuse,  que  s’il  a effectivement  existé  sur  le 
sol  de  l’Europe  une  race  d’homme  contemporaine  des  anciennes 
alluvions , elle  a dû  offrir,  avec  les  races  de  l’équateur,  la  même 
ressemblance  que  la  plupart  des  animaux  de  cette  période  offraient 
avec  ceux  des  pays  chauds.  Mais  si  i’011  pouvait  attribuer  à la 
même  époque  les  crânes  de  la  caverne  de  Miallet,  cette  analogie 
ne  serait  pas  constante  ; car  ceux-ci,  quoique  comprimés,  sont  plu- 
tôt de  race  caucasique.  D’on  autre  côté,  M.  Cuvier  a prouvé  que 
les  mammifères  de  cette  période , qui  annonceraient  un  climat 
tropical,  sont  accompagnées  d’autres  mammifères  de  climats  sep- 
trionaux;  pour  les  débris  de  l’espèce  humaine,  s’ils  remontaient; 
aussi  loin,  il  pourrait  y avoir  déjà  mélange  de  races.  Mais,  je  le; 
' répète,  on  ne  peut  encore  que  recueillir  les  faits  et  les  objections.. 
Excusez-moi , messieurs , d’être  revenu  sur  des  considérations 
plus  historiques  que  géologiques -j  mais  il  m’a  semblé  que  la  lumière 
nouvelle  qu’elles  répandent  sur  un  intéressant  objet  de  contro- 
verse me  ferait  pardonner  cette  digression.  Je  reviens  aux  ca- 
vernes et  aux  ossemens  dont  plusieurs  de  vos  membres  vous  ont 
entretenus. 

M.  Tournai,  après  les  considérations  générales  que  je  vous  ai 
rappelées,  en  a fait  l’application  à la  caverne  de  Bize , dans  la- 
J jjquelle  il  a le  premier  découvert  le  mélange  d’os  humains  et  de- 
] poteries  avec  les  os  d’animaux  perdus.  Il  l’applique  aussi  aux  ca- 
vernes de  Sommières  (Gard) , où  le  même  mélange  a été  constaté 
par  M.  de  Christol.  Les  os  de  mammifères  des  cavernes  de  l’Aude 


DE  LA.  SOCIÉTÉ  EN  1 83  1 . 255 

sont  surtout  de  cerf , de  chamois  , de  chevreuil , d’antilope , 
d’ours  ; ceux  des  cavernes  du  Gard  sont  de  rhinocéros , de  bœuf, 
de  cheval,  de  cerf  et  d’hvène.  M.  Tournai  s’appuie  surtout  sur 
le  même  degré  d’altération  des  os  d’hommes  et  de  mammifères , 
et  sur  leur  mélange  complet  dans  le  même  limon.  Ses  conclusions 
sont  que  l’existence  des  ossemens  humains  à l’état  fossile  ne  peut 
être  révoquée  en  doute;  que  ceux  des  cavernes  de  Bize  sont  anté- 
diluviens, et  que,  avant  le  dernier  grand  cataclysme  , l’homme  vi- 
vait en  société  dans  la  Gaule  méridionale , simultanément  habitée 
par  un  assez  grand  nombre  de  mammifères  d’espèces  aujourd’hui 
anéanties. 

§ 12.  La  caverne  de  Rancogne,  située  à 3 lieues  d’Àngouléme, 
est  l’une  des  plus  vastes  et  des  plus  anciennement  renommées  du 
canton  de  La  Rochefoucault  (Charente);  mais  sa  réputation  ne  se 
fondait , comme  celle  de  tant  d’autres,  que  sur  la  variété  et  l’abon- 
dance de  ses  stalactites. 

M.  Roulland  y a découvert,  sous  le  plancher  staîagmitique  et 
alluvial,  une  grande  quantité  d’ossemens  de  mammifères  mêlés  à 
des  ossemens  humains,  à des  débris  de  poteries  et  à des  galets  des 
roches  environnantes. 

Mieux  qu’aucune  autre  peut-être  cette  grotte  laisse  aperce- 
voir les  circonstances  probables  de  l’enfouissemeiit  de  ces  corps 
étrangers.  Un  ruisseau  la  traverse  encore.  La  Tardouère , qui  coule 
à peu  de  distance  et  perd  une  partie  de  ses  eaux  dans  divers  autres 
gouffres  de  la  contrée  qu’elle  traverse  , l’une  de  celles  que  M.  Des- 
marest  père  nommait,  avec  justesse  , cantons  absorbans , a sou- 
vent aussi , dans  ses  débordemens , pénétré  dans  la  grotte  de  Ran- 
cogne. Les  traditions  du  pays  ont  conservé  le  souvenir  que  des 
hommes  s’y  sont  réfugiés  à différentes  époques,  et  que  des  loups, 
vivant  en  grand  nombre  dans  la  forêt  de  la  Braconne , s’y  retiraient 
aussi  habituellement , y transportant  leur  proie  et  même  des  par- 
ties de  cadavres  exhumés  du  cimetière  le  plus  voisin. 

Du  mode  de  remplissage  de  cette  grotte,  tel  que  le  conçoit 
M.  Roulland,  aux  idées  exprimées  par  M.  Tournai , la  différence 
est  extrême;  et,  si  l’on  rapproche  d’une  partie  des  explications 
présentées  par  M.  Roulland  ce  que  MM.  Yirlet  et  Boblaye  ont 
observé  des  gouffres  absorbans  de  Morée , on  verra  combien  ce 
phénomène,  qui  se  continue,  avec  tant  d’autres,  durant  notre 
période,  peut  éclairer  l’histoire  des  cavernes. 

§ i3.  — D’autres  faits  demandent  d’autres  explications , et  le 
remplissage  de  la  caverne  d’Ussat,  dont  vous  a entretenu  M.  Bou- 
bée, ne  paraît  pas  être  du  à une  cause  analogue.  Dans  la  seconde 


RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX 


à56 

partie  de  cette  grotte , creusée  au  milieu  du  calcaire  de  transition,' 
étaient  amoncelés,  en  très  grande  abondance,  des  os  humains,  en 
partie  recouverts  et  empâtés  par  les  incrustations  calcaires,  et  su- 
perposés eux-mêmes  à un  dépôt  alluvial  très  puissant  de  sable  et 
de  galets  de  roches  primitives  , qui  ne  contient  plus  de  débris  hu- 
mains, mais  qui  est  également  recouvert  par  les  stalagmites  sur  le 
point  où  ne  se  voit  pas  la  couche  ossifère.  On  peut  donc  recon- 
naître dans  cette  grotte  deux  périodes  distinctes  , celle  de  l’intro- 
duction fîuviatile  des  graviers  et  le  dépôt  postérieur  des  os  hu- 
mains. 

Le  témoignage  que  j’ai  précédemment  cité  me  semble  assez  ap- 
plicable à cette  caverne , eu  égard  à la  grande  quantité  des  os» 
semens  humains.  Toutefois,  il  ne  paraît  pas  que  dans  cette  grotte 
il  y ait  eu  réunion  d’ossemens  de  mammifères  d’espèces  perdues. 
§ i4*  — Mais  de  tous  les  faits  de  ce  genre  communiqués  à la 

I Société,  il  n’en  est  peut-être  pas  de  plus  instructif  que  celui  de 
la  caverne  de  Mialîet,  près  d’Anchize  (Gard),  dontM.  J.  Teissier 
vous  a plusieurs  fois  entretenu , avec  des  détails  qui  ont  vivement 
intéressé  la  Société.  Cette  grotte,  située  sur  les  bords  du  Gardon, 
est  ouverte  dans  une  roche  dolomitique  subordonnée  au  lias  , sur 
une  pente  abrupte,  et  à 3o  mètres  au-dessus  de  la  vallée.  Le  lit 
inférieur  de  l’intérieur  de  la  grotte  est  un  sable  dolomitique  re- 
couvert irrégulièrement  d’une  couche  mince  stalagmitique  , et  çà 
et  là  d’un  limon  argilo-ferrugineux  , dont  l’épaisseur  atteint  plus 
d’un  mètre,  et  adhère  en  plusieurs  points  à Ta  voûte  et  aux  pa- 
rois. C’est  dans  cette  couche  , semblable  aux  graviers  diluviens  os- 
sifères  les  plus  anciens  des  cavernes,  qu’on  a découvert,  en  très 
grande  abondance,  des  ossemens  et  des  têtes  d’ours  d’une  fort  belle 
conservation.  M.  Teissier  vous  en  a adressé  les  dimensions,  qui 
indiquent  une  plus  grande  taille  que  celle  habituelle  de  Yursus 
spæleus ; ils  étaient  accompagnés  de  quelques  débris  beaucoup 
plus  rares  d’hyène,  de  rummans  et  d’oiseaux. 

Sous  les  stalagmites , et  sous  une  couche  de  sable  limoneux  de 
2 à 4 décimètres,  ont  été  trouvés  en  très  grand  nombre  des  osse- 
mens humains  dans  différentes  parties  de  la  grotte.  Dans  le  fond, 
ils  sont  incontestablement  mêlés  avec  ceux  d’ours,  qui  prédomi- 
nent ; vers  l’entrée , au  contraire , ce  sont  les  os  humains  qui  pré- 
dominent et  qui  paraissent  un  peu  plus  récens.  Sur  le  limon  ossifère, 
et  sous  un  petit  avancement  de  roche,  a été  découvert  un  squelette 
humain  presque  entier,  auprès  duquel  étaient  une  lampe,  une 
figurine  en  terre  cuite,  et  à peu  de  distance  des  bracelets  de  cuivre; 
en  d’autres  points  ont  été  découverts  des  débris  de  poteries  gros- 


DE  LA  SOCIÉTÉ  EN  1 83  I . 25 7 

sières  , des  os  travaillés , de  petits  outils  de  silex  , objets  d’une  in- 
dustrie plus  grossière  que  les  précédons. 

Les  crânes  humains  , mesurés  par  M.  Teissier,  lui  avaient  pré- 
senté une  dépression  de  haut  en  bas  et  urt  alongement  d’avant 
en  arrière,  qu’il  regarda  d’abord  comme  un  caractère  de  race  et 
comme  offrant  certaines  analogies  avec  lès  races  nègres*  mais  il  a 
bien  reconnu  depuis  que  cet  aplatissement  était  artificiel,  soit 
qu’il  provînt  de  l’usage  de  porter  des  fardeaux  sur  le  crâne  , soit 
qu’il  dût  être  attribué  à une  compression  produite  dès  l’enfance  , 
usage  constaté  chez  plus  d’une  peuplade  sauvage.  Tous  les  autres 
caractères  de  ces  têtes  ont  indiqué  la  race  caucasique . 

M.  Teissier  a distingué , avec  une  très  grande  précision,  les  dif- 
férentes périodes  qui  semblent  pouvoir  être  reconnues  dans  les 
débris  dont  cette  grotte  a été  remplie.  t°  une  époque  anté-dilu- 
viennepour  les  ours , dont  l’espèce  est  actuellement  perdue  , et  qui 
peuvent  s’y  être  succédé  en  plusieurs  générations  , ou  bien  y avoir 
été  poussés  en  grand  nombre  à l’époque  de  quelque  grand  cata- 
clysme; 20  une  époque  de  civilisation  peu  avancée  (gauloise)  pour 
les  hommes,  dont  les  ossemens  sont  accompagnés  d’objets  d’une 
industrie  fort  grossière.  U peut  y avoir  eu  séjour  prolongé , refuge 
en  temps  de  guerre,  ou  sépulture  : c’est  à cette  dernière  opinion 
que  s’est  arrêté  plus  volontiers  M.  Teissier;  3°  une  époque  romaine 
indiquée  par  les  vestiges  d’un  art  plus  perfectionné,  et  qui  peut 
avoir  présenté  les  mêmes  circonstances  que  la  période  gauloise. 
Quant  au  mélange  des  ossemens  d’ours  et  d’homme,  il  ne  prouvé 
nullement  leur  contemporanéité,  puisqu’il  est  évident  que  les 
uns  et  les  autres  n’ont  pu  vivre  en  même  temps  dans  cette  grotte; 
et  en  admettant,  comme  «1  est  impossible  de  s’y  refuser,  que  la 
lampe,  la  figurine,  les  bracelets  ne  sont  pas  antédiluviens,  ce  se- 
rait tout-à-fait  arbitrairement  qu’on  les  séparerait  chronologi- 
quement, par  un  grand  cataclysme , des  objets  plus  grossiers  qui 
les  accompagnent  et  se  sont  retrouvés  seuls  dans  d’autres  cavernes. 
Le  mélange  dans  les  parties  où  il  existe  paraît  donc  s’être  opéré 
ou  par  l’action  d’un  cours  d’eau,  ou  par  l’excavation  artificielle 
d’une  sépulture  dans  le  limon  primitivement  ossifère. 

La  plupart  de  ces  objets  précieux  font  maintenant  partie 
du  Musée  de  Nîmes. 

§ i5. — Le  nombre  des  cavernes  à ossemens  dont  les  découvertes 
se  sont  si  rapidement  multipliées  en  France,  ne  paraît  pas  être 
moins  grand  en  Belgique. 

M.  Sauveur,  de  Liège,  vous  a fait  connaître  que  le  nom- 
bre de  celles  découvertes  aux  environs  de  la  même  ville,  par 
Soc.  géol.  Tom.  II.  rn 


RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX 


«58 

M.  Sclimerling,  s’élève  maintenant  a plus  de  quinze.  L’une  d’elles,, 
celle  d’Engissoul,  contenait  des  ossemens  humains  enfouis  dans 
une  couche  argileuse  mêlée  de  cailloux  roulés , avec  des  débris 
d’ours , de  rats  , d’oiseaux,  etc. 

§ 16.  — M.  Pentland  vous  a fait  part  de  la  découverte  d’osse- 
mens  de  plusieurs  espèces  de  kanguroos  fossiles,  dans  une  brèche 
calcaire  de  la  partie  N.  N.  E.  de  la  Nouvelle-Hollande,  sur  les 
bords  de  l’IIunter.  Ces  os  ont  été  envoyés  au  Muséum  par 
M.  Jameson,  qui , avec  M.  Clifft , les  a décrits.  Ils  appartiennent  à 
sept  ou  huit  espèces  détruites,  mais  de  genres  existans  encore  dans 
le  pays;  ils  étaient  accompagnés  de  débris  d’éléphant  ou  de 
mastodonte , et , d’après  l’examen  de  M.  Buckland , d’un  autre 
mammifère  plus  grand  que  l’hippopotame  connu.  La  découverte 
en  a été,  je  crois,  annoncée  d’abord  en  Angleterre,  à la  Société 
géologique  de  Londres , par  M.  Mittchell , qui  a le  plus  complète- 
ment décrit  les  circonstances  du  gisement.  On  a déjà  rencontré  de 
ces  ossemens  dans  plusieurs  localités  de  l’Australie,  et  particu- 
lièrement dans  la  partie  occidentale,  à Wellington-Walley.  Ils 
semblent  appartenir  à un  même  système  , qui  montre , entre  les 
brèches  osseuses  des  fentes  et  le  gravier  ossifère  des  cavernes  , la 
même  liaison  qui  s’observe  si  évidemment  sur  les  bords  de  la 
Méditerranée,  particulièrement  aux  environs  de  Paîerme  et  dans 
le  département  de  l’Aude. 

La  brèche  calcaire  qui  les  empâte  est  aussi  tout-à-fait  semblable 
à celle  de  l’Europe , et  formée  de  fragmens  de*palcaire  compacte, 
et  de  débris  osseux  réunis  par  un  ciment  rouge. 

Yoilà  donc  à la  Nouvelle-Hollande  le  dépôt  ossifère  des  brèches 
et  des  cavernes  comme  dans  les  autres  parties  du  globe  : est-il 
contemporain  de  celles  de  notre  Europe  ? c’est  bien  peu  pro- 
bable : il  n’y  aura  eu,  à différentes  époques,  d’analogue  que  le 
mode  deformation;  plusieurs  catastrophes  auront  détruit  et  en- 
foui dans  les  fentes,  dans  les  cavernes  ou  dans  les  lits  alluviens,  les 
grands  ossemens  de  l’Ohio , ceux  de  l’Irrawadi , ceux  des  mers^ 
du  Nord,  de  l’Europe  centrale  et  de  l’Australie. 

Quoi  qu’il  en  soit,  dès  l’époque  de  ce  dépôt,  l’organisation 
du  continent  austral  était  en  grande  partie  déjà  ce  qu’elle  est 
aujourd’hui,  puisqu’on  y trouve4es  types  d’une  classe  de  mam- 
mifères qui  lui  est  encore  particulière , mais  toutefois  accom- 
pagnés de  genres  (éléphant  ou  mastodonte  ) qui  y sont  tout-à-fait 
inconnus. 

J § 17. — Les  brèches  osseuses  sont  généralement  attribuées  à 
[des  eaux  courantes  qui  auraient  entassé  les  ossemens  et  les  frag- 


DE  LA  SOCIÉTÉ  EN  I 83 1 . 2Ôg 

mens  de  roches  dans  des  fentes  formées,  soit  par  le  brisement  des 
couches , soit  par  le  retrait  et  la  dessiccation  de  couches  sorties  de 
la  mer,  soit  par  le  passage  de  gaz  et  de  sources  acides.  M.  D’Es- 
trem,  ingénieur  des  ponts  et  chaussées,  en  a exposé  une  nouvelle 
théorie  qu’il  appuie  sur  des  expériences.  Il  a soumis  à une  cha- 
leur violente  (cent  degrés  de  Wegwood)  des  blocs  des  différentes 
roches  qui  contiennent  les  brèches  osseuses,  et  il  a vérifié  quelle 
peut  être  l’action  de  la  chaleur  sur  la  production  des  fentes  et  des 
fragmens;  les  uns  se  sont  fendillés,  d’autres  ont  décrépité  en  pous- 
sière, en  petits  débris  ou  en  plus  grosses  masses. 

Il  en  conclut  que  la  formation  et  le  remplissage  des  fentes  ont 
eu  lieu  presque  instantanément  et  résulteraient  d’une  sorte  de 
calcination  qui  se  serait  aussi  exercée  sur  les  os.  Il  suppose  qu’à 
l’époque  d’une  des  dernières  catastrophes  du  globe  , un  épanche- 
ment de  matière  métallique  bouillante  , sorti  de  quelque  point 
des  Pyrénées  à l’état  de  fluidité  ignée  , aurait  coulé  sur  les  bords 
delà  mer,  détruit  les  animaux,  et  fendillé,  fracturé  les  roches 
sur  lesquelles  il  passait  et  entassait  instantanément  les  débris  dans 
les  fentes. 

L’auteur  suppose , comme  on  voit,  à l’extérieur,  une  action 
qui  paraît  au  contraire  avoir  été  en  grande  partie  intérieure.  Il 
n’est  pas  probable  que  cette  hypothèse  ait  jamais  de  nombreux 
partisans,  et  qu’on  admette  ces  courans  d’une  nouvelle  espèce 
qui  auraient  fait  le  tour  de  la  Méditerranée,  et  dont  on  ne  retrou- 
verait d’autre  trace  que  la  pâte  ocreuse  qui  cimente  les  brèches  à 
ossemens. 

On  sait  que  M.  Savi  a expliqué  la  formation  de  la  brèche , 
beaucoup  plus  ancienne  ( mischio ) de  Seravizza , dans  les  Alpes 
apueones , par  une  action  ignée  qui  aurait  également  fendillé, 
brisé  la  roche,  et  qui  en  aurait  cimenté  les  fragmens  dans  les 
fentes  j mais  cette  action  aurait  été  toute  intérieure  et  souterraine 
comme  toutes  celles  de  cémentation  et  d’épanchement  des  roches 
avec  altération  ignée.' 

g !8. — M.  Morren  a annoncé  avoir  reconnu  dans  les  alluvions 
du  Brabant  une  nouvelle  variété  de  l’éléphant  primôgenius.  Il 
se  propose  d’en  décrire  une  mâchoire  inférieure  se  terminant  par 
une  symphisc  à long  bec.  On  sait  que  M.  fischer  a déjà  dis- 
tingué plusieurs  espèces  dans  les  mammouths  de  Russie  et  de 
Sibérie. 


RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX 


aGo 

III®’  série.  — Terrains  quaternaires  et  tertiaires. 

§ ig.  Je  ne  puis  mieux  commencer  l’énumération  des  Mémoires 
qui  ont  été  présentés  à la  Société,  relativement  aux  terrains  ter- 
tiaires , qu’en  vous  rappelant  les  principaux  résultats  du  grand 
travail  de  M.  Desliayes  sur  les  coquilles  fossiles  de  ccs  terrains, 
fruit  de  plusieurs  années  de  recherches  et  de  la  plus  consciencieuse 
comparaison  d’un  nombre  infini  de  coquilles  fossiles  et  vivantes. 

Ce  travail  ouvre  d’autant  mieux  la  série  des  terrains  les  plus 
riches  en  fossiles  , qu’il  a soulevé  plusieurs  questions  capitales  sur 
les  différens  âges  de  ces  terrains,  et  sur  la  valeur  des  caractères 
zoologiques  en  général. 

Vainement  je  chercherais  à donner  une  forme  nouvelle  à l’ana- 
lyse de  tableaux  dont  les  chiffres  ont  été  plusieurs  fois  reproduits 
depuis  six  mois  qu’ils  ont  été  livrés  à la  publicité  ; par  cela  même 
que  la  base  et  les  conséquences  en  sont  numériques , et  presque 
mathématiques,  elles  ne  sont  pas  susceptibles  de  variantes;  leur 
vérité  et  leur  intérêt  consistent  dans  le  plus  simple  énoncé  des 
résultats.  Il  serait  aussi  difficile  d’ajouter  aux  éloges  que  M.  Cu- 
vier en  a fait  dans  son  rapport  à l’Académie. 

Voyons  cependant  comment  M.  Deshayes  a procédé  dans  ses 
recherches,  et  comment  ses  résultats  se  lient  à d’autres  considéra- 
tions géologiqiies. 

Fermant  les  yeux  sur  tous  autres  caractères  empruntés  , soit  à 
la  nature  des  terrains , soit  à leur  superposition , et  laissant  aux 
géologues  le  soin  de  faire  coïncider  les  faits  de  leur  science  avec 
ceux  de  la  zoologie  , il  s’est  borné  à comparer  les  coquilles  fossiles 
de  nombreuses  localités,  réputées  appartenir  aux  principales 
formations  tertiaires  ou  secondaires  ; il  a groupé  , pour  en  former 
des  systèmes  distincts , celles  qui  offraient  entre  elles  les  plus 
grandes  masses  de  ressemblances  zoologiques , et  le  plus  d’espèces 
identiques  ; puis  il  a classé  ces  groupes  chronologiquement  suivant 
la  présence  ou  l’absence,  suivant  le  nombre  plus  ou  moins  grand 
d’espèces  analogues  à celles  de  la  nature  actuelle , et  il  a fait  des 
périodes  zoologiques  pour  les  coquilles,  comme  d’autres  savans 
avaient  fait  pour  les  mammifères  , pour  les  végétaux , et  pour  plu- 
sieurs grandes  familles  organiques.  Par  cette  adoption  du  carac- 
tère zoologique  comme  seul  et  véritable  type  d“es  grandes  périodes 
géologiques,  et  comme  le  représentant  le  plus  réel  des  lois  fixes  et 
naturelles  des  grandes  révolutions  du  glohe , M.  Deshayes  est 
allé  plus  loin  , sous  ce  rapport , que  M.  Brongniart  lui-même,  qui 


DE  LA  SOCIÉTÉ  EN  l85l.  ifil 

le  premier  a fait  sentir  si  positivement  toute  la  valeur  de  ces  ca- 
ractères pour  déterminer  l’âge  d’une  formation  , quelle  que  fût  la 
nature  des  roches  dont  elle  se  compose.  M.  Brongniart,  en  effet , 
a toujours  laissé  en  première  ligne , non  les  caractères  exté- 
rieurs, auxquels  nul  géologue  un  peu  exercé  n’attache  plus  d’im- 
portance , mais  le  fait  de  la  superposition  directe  qui  restera  tou- 
jours le  plus  certain  et  le  moins  contestable. 

On  pourra  objecte*!’ , entre  autres  argumens  contre  les  caractères 
zoologiques , la  nécessité  de  tenir  compte  des  circonstances  de  vie 
particulières  aux  différentes  espèces  , de  l’influence  de  la  tem- 
pérature, des  niveaux,  des  courans  marins  ou  fluviatiles  , de  la 
nature  des  fonds,  de  la  proximité  ou  de  l’éloignement  des  ri- 
vages, toutes  circonstances  qui  doivent,  dans  un  même  bassin  et 
dans  une  même  période  , produire  des  différences  qu’il  est  souvent 
bien  difficile  de  distinguer  des  différences  chronologiques.  On 
objectera  l’influence  des  causes  locales  variables  selon  les  contrées, 
selon  les  temps  , presque  selon  les  saisons , et  susceptibles  de  pro- 
duire de  très  grands  changemens  d’une  couche  à l’autre,  même 
dans  une  seule  grande  période. 

On  demandera  quelles  sont  les  limites  précises  du  caractère 
zoologique  pour  fixer  une  période. 

On  pourra  objecter  encore  cette  très  forte  probabilité  que  les 
mêmes  espèces,  expulsées  d’un  bassin  par  les  révolutions  du  sol 
qui  les  ont  empêchées  de  continuer  d’y  vivre  et  d’y  imprimer  pour 
l’avenir  le  même  caractère  zoologique,  auront  pu  se  reproduire 
dans  des  bassins  plus  éloignés , où  leurs  germes  auront  transmigré 
avec  les  mers  chassées  de  leurs  premiers  bassins . 

On  pourra  dire  encore,  avec  une  apparence  de  solidité,  qu’à 
la  même  époque  les  différences  de  température  ont  dû  produire 
dans  des  bassins  éloignés  des  différences  aussi  grandes  peut-être 
que  celles  qui  peuvent  servir  à distinguer  des  périodes  différentes. 

On  fait  et  l’on  a fait  bien  d’autres  objections  plus  ou  moins 
spécieuses,  et  l’un  de  vos  membres,  M.  Boué,  vous  a même  dé- 
veloppé un  assez  grand  nombre  d’exemples  des  erreurs  auxquelles 
l’emploi  des  caractères  organiques,  à la  vérité  mal  compris,  a 
exposé  les  géologues;  tandis  que  contre  la  superposition  envisagée  j 
en  grand  , comme  moyen  de  classification  chronologique  des  ter-  ! 
rains  de  sédiment,  avec  l’appui  de  tous  les  autres  caractères,  et  ! 
en  tenant  compte  du  fait  si  compliqué  des  redressemens  , il  n’y  a 
pas  d’objection  sérieuse,  à.  moins  de  renoncer  à toute  possibilité 
de  reconnaissances  géologiques.  Mais,  de  son  côté , M.  Deshayes  a 
envisagé  la  question  de  haut , tout  en  tirant  ses  argumens  du  plus 


262 


RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX 


minutieux  examen  des  espèces , et  nous  verrons  bientôt  qu’il  y a 
jusqu’ici  une  harmonie  des  plus  heureuses  entre  les  résultats  de  la 
géologie  et  ceux  de  la  zoologie. 

Quoi  qu’il  en  soit,  M.  Deshayes , s’appuyant  sur  le  caractère 
zoologique  seul  , distingue  deux  puissans  groupes  de  terrains. 

A.  Ceux  qui  ne  contiennent  aucune  espèce  de  coquilles  analo- 
gues avec  celles  de  la  nature  actuelle , et  nous  voyons  déjà  ce 
groupe  correspondre  à l’une  des  divisions  géologiques,  les  plus 
générales  et  les  plus  anciennement  reconnues,  celle  des  terrains 
secondaires. 

B.  Les  terrains  avec  espèces  analogues , ou  les  terrains  ter- 
tiaires. Se  restreignant  à ceux-ci , M.  Deshayes  s’est  servi  du  même 
caractère  pour  les  partager  eux-mêmes  en  plusieurs  périodes,  et 
la  proportion  plus  ou  moins  grande  d’espèces  analogues  propres  à 
chaque  système  lui  a fait  distinguer  trois  groupes  qu’il  regarde  , 
a priori , comme  de  plus  en  plus  récens,  selon  que  le  nombre 
des  espèces  analogues  est  plus  considérable. 

i°  Le  premier,  le  plus  ancien  , comprend  les  bassins  tertiaires 
les  plus  anciennement  étudiés,  celui  de  Paris  d’abord j et  quoi- 
que M.  Deshayes  ue  l’exprime  pas,  sans  doute  tout  l’ensemble  de 
ce  bassin  , susceptible  d’être  subdivisé  lui’- même  eu  plusieurs 
groupes,  déjà  si  nettement  déterminés,  mais  tous  antérieurs, 
ainsi  que  j’avais  essayé  de  le  prouver,  à la  formation  marine  de  ce- 
lui de  la  Loire,  qui  ne  commença  à recevoir  le  dépôt  des  faluns 
que  lorsque  le  bassin  de  Paris  était  à peu  près  intégralement  rempli. 

Au  bassin  de  Paris , M.  Deshayes  ajoute  ceux  de  F alognes , de 
Xî le  de  FFight,  de  Londres, partie  de  celui  de  la  Belgique,  une 
faible  partie  de  celui  de  la  Gironde  et  la  plus  grande  partie  de 
celui  du  Vîcentin. 

Ils  ont  présenté  déjà  quatorze  cents  espèces  environ  , dont 
trente-huit  analogues  à des  espèces  vivantes,  ou  environ  3 p.  °/G. 
Quarante-deux  espèces  seulement  se  retrouvent  dans  les  dépôts 
postérieurs.  Ils  n’offrent  nulle  analogie  d’espèces  avec  les  terrains 
secondaires  les  plus  récens.  Cette  considération  soulève  la  ques- 
tion des  terrai  ns  tertiaires  intermédiaires , dont  j’aurai  bientôt  à 
vous  entretenir. 

20  Le  deuxième  groupe  comprend  les faluns  de  la  Touraine  et 
du  reste  de  la f Loire,  la  plus  grande  partie  du  bassin  delà  Gironde, 
en  y ajoutant  celui  de  Dax,  Y Autriche,  la  Hongrie , la  Pologne ; et, 
par  une  distinction  qui  n’est  pas  l’un  des  faits  les  moins  piquans 
du  travail  de  M.  Deshayes,  et  qui  lui  appartient  en  propre , une 
très  petite  partie  seulement  des  collines  subapennines  , c.-à-d. 


ît  65 


DE  LA  SOCIÉTÉ  EN  l85l. 

les  environs  de  Turin.  Jusqu’ici  tous  les  géologues  et  les  zoo-  : 
légistes  n’avaient  formé  qu’un  seul  groupe  des  terrains  tertiaires 
de  l’Autriche  et  de  ceux  de  l’Italie ; on  se  souvient  que  leur  pre- 
mier rapprochement  fut  même  un  des  principaux  résultats  du 
Mémoire  sur  Vienne,  de  M.  Constant  Prévost,  qui  fit  voir  que  ces 
deux  terrains  offraient  plus  de  rapports  d’époque  avec  la  forma- 
tion marine  supérieure  parisienne  qu’avec  la  formation  inférieure 
au  gypse,  aperçu  qui  fut  adopté  plus  formellement  par  M.Bron- 
gniart.  Ce  fut  un  premier  pas  vers  cette  subdivision  des  terrains  j 
tertiaires  envisagés  en  grand  ; mais  alors , et  jusqu’à  ces  dernières) 
années,  on  n’avait  eu  l’idée  que  de  deux  grandes  formations  ma- 
rines tertiaires , à peu  près  parallèles  avec  les  deux  terrains  pari- 
siens , opinion  qui  a encore  tant  de  partisans. 

Sur  neuf  cents  espèces  que  M.  Deshayes  a comparées  de  ce 
groupe  ainsi  formé , cent  soixante- une  ont  leurs  analogues  vivans, 
c’est-à-dire  18  p.  °/0,  et  cent  soixante-treize,  ou  19  p.  °/0,  ont 
continué  de  vivre  dans  le  groupe  postérieur. 

3°  Dans  ce  dernier  groupe , qui  plus  tard,  étant  mieux  connu , 
sera  susceptible  de  subdivisions  nouvelles,  M.  Deshayes  fait  entrer 
les  collines  subapennines , les  terrains  tertiaires  de  Sicile  (que 
des  observations  plus  récentes  forceront  certainement  de  subdi- 
viser) , ceux  de  M.orée,  le  petit  bassin  de  Perpignan,  et  sans  doute 
d’autres  petits  bassins  des  bords  de  la  Méditerrannée.  Toutefois  , 
il  me  paraît  que  les  bassins  de  l’Hérault , de  l’Aude,  des  Bouches- 
du-Rhône,  delà  Suisse,  auraient  plus  de  rapport  avec  le  deuxième; 
mais  M.  Deshayes  ne  les  a point  classés,  n’ayant  pu  en  étudier  un 
assez  grand  nombre  d’espèces.  Il  y rapporte  aussi  provisoirement 
le  Crag.  Dans  ce  dernier  groupe,  le  plus  artificiellement  formé, 
c’est-à-dire  celui  des  trois  qui  paraît  composé  d’un  certain  nombre 
de  dépôts  ( surtout  les  différentes  parties  des  collines  subapen- 
nines, et  de  la  Sicile  ) que  la  géologie  porterait  à ne  pas  regar- 
der comme  contemporains , M.  Deshayes  connaît  sept  cents  es- 
pèces, dont  plus  de  moitié  auraient  leurs  analogues  vivans. 

M.  Deshayes  a encore  remarqué  que  treize  espèces  seulement 
étaient  communes  aux  trois  groupes  , et  avaient  résisté  seules  aux 
causes  destructives  qui  ont  ainsi  successivement  modifié  l’organi- 
sation sous-marine  ; il  propose  de  regarder  ces  espèces  comme  ca- 
ractéristiques de  tout  l’ensemble  des  terrains  tertiaires. 

M.  Deshayes  a envisagé  la  question  des  analogues  sous  un  autre 
point  de  vue,  qui  peut  se  lier  de  la  manière  la  plus  heureuse  avec 
l’histoire  dessoulèvemcns  des  dernières  chaînes , et  qui  peut  même 
servir  à reconnaître,  jusqu’à  un  certain  point,  les  limites  des 


fi  APPORT  sur  les  travaux 


264 


1 


derniers  bassins , ou  du  moins  les  directions  suivant  lesquelles  les 
limites  plus  anciennes  des  chaînes  et  des  bassins  se  rapportent  avec 
la  distribution  géographique  actuelles  des  mers;  c’est  en  détermi- 
nant la  distribution  sur  le  globe  des  espèces  encore  vivantes  qui  exis- 
taient déjà  à l’époque  des  terrains  tertiaires.  Il  a constaté  que  sur  les 
trente-huit  espèces  vivantes  de  la  première  époque  , dont  douze 
seulement  lui  sont  propres , il  y en  a aujourd’hui  de  réparties  à 
toutes  les  latitudes;  que  le  plus  grand  nombre  cependant  appar- 
tient aux  régions  intertropicales.  Il  en  est  de  même  des  cent 
soixante-une  de  la  seconde  époque.  La  plus  grande  partie  se  trouve 
au  Sénégal,  à Madagascar  et  dans  l’Archipel  des  Indes;  un 
moindre  nombre  habite  le  midi  de  la  Méditerrannée,  et  quel- 
ques unes  seulement  les  mers  d’Europe. 

Quant  aux  espèces  analogues  de  la  troisième  époque , elles  vi- 
vent encore  en  grande  partie  dans  les  mers  qui  baignent  une  par- 
tie des  dépôts  qui  les  recèlent;  c’est  ce  qu’on  observe  pour  les 
collines  subapennines  dont  les  analogues  sont  surtout  de  l’Adria- 
tique, et  pour  le  crag  des  comtés  de  Suffolk  et  de  Norfolk  , qui 
contient  des  espèces  de  la  mer  du  Nord.  Ces  rapports  seraient  en- 
core plus  frappans  si  l’on  y ajoutait  les  dépôts  plus  récens  de 
Nice , de  la  Rochelle  , du  Caernarvon , d’Udewaîia  , les  couches 
supérieures  de  la  Sicile,  etc.,  dont  toutes  les  espèces  paraissent 
analogues  à celles  des  mers  voisines;  mais  il  me  paraît  incontes- 
table que  ces  dépôts  littoraux  forment  une  sous-période  très  dis- 
tincte, et  qui  lie  zoologiquement  l’ordre  de  choses  actuel  aux 
époques  antérieures. 

Cette  distribution  géographique  semble  annoncer  que  la  tem- 
pérature a été  encore  en  décroissant  depuis  le  commencement  du 
dépôt  des  terrains  tertiaires , et  que  le  relief  extérieur  du  sol  et  les 
limites  des  bassins  actuels  de  nos  mers  ont  plus  de  rapports  avec 
les  limites  des  mers  aux  périodes  tertiaires  les  plus  récentes  qu’aux 
plus  anciennes. 

A ce  dernier  résultat  se  rattache  une  opinion  trop  exclusive- 
ment appliquée  par  M.  Marcel  de  Serres  aux  bassins  tertiaires 
méditerranéens , c’est  que  les  terrains  de  ceux-ci  ont  été  formés 
depuis  que  la  Méditerranée  occupe  ses  limites  actuelles. 

Les  résultats  du  travail  de  M.  Deshayes  s’appuient  donc, 
ce  me  semble,  sur  trois  principes  qui  se  lient  assez  intime- 
ment. 

r Le  premier , que  les  terrains  sont  d'autant  plus  récens  quils 
contiennent  plus  de  coquilles  fossiles  analogues  aux  espèces  ac- 
tuellement vivantes  ; 


DE  DA  SOCIÉTÉ  EN  1 53  1 . ü65 

Le  deuxième,  qu’un  changement  notable  dans  U organisa 
lion  et  dans  les  proportions  d’ analogie  entre  les  coquilles  vi- 
vantes et  fossiles , doit  suffire  pour  constituer  des  formations  diffé- 
rentes, et  coïncider  avec  les  grandes  révolutions  de  la  surface  du 
globe  ; 

Le  troisième  , qui  en  est  à la  fois  la  conséquence  et  la  preuve, 
suivant  les  argumens  dont  on  l’appuie,  est  que  les  bassins  ter- 
tiaires n ont  été  simultanément  ni  formés  ni  remplis. 

Si  la  superposition  directe  ne  venait  confirmer  la  première  de 
ces  conséquences , elle  serait  sans  doute  aussi  rationnelle  qu’ingé- 
nieuse , mais  théorique  : heureusement  qu’elle  est  confirmée  par 
l’observation  des  autres  classes  de  fossiles  qui  conduisent  toutes 
jusqu’ici  au  même  résultat.  Heureusement  encore  que  la  géologie 
a fortifié,  en  partie  du  moins  , ces  résultats  zooîogiques,  et  que, 
par  exemple,  pour  la  coïncidence  des  époques  de  redressement  des 
couches  avec  les  changemeus  d’ organisation,  elle  s’est  trouvée  jus- 
qu’ici assez  en  harmonie  avec  les  grandes  distinctions  zoologiques  : 
résultat  que  M.  de  Beaumont  avait  déjà  rattaché  à ses  considéra- 
tions sur  l’âge  des  montagnes.  Il  est  toutefois  plus  d’un  gisement 
contrastant  non  accompagné  de  différences  organiques  impor- 
tantes : M.  Sedgwick  en  a cité  plusieurs  exemples. 

Quant  à la  série  des  terrains  tertiaires  particulièrement,  il  est 
bien  reconnu  qu’elle  a été  interrompue  plusieurs  fois  par  de  puis- 
sans  redressemens  de  couches.  A la  vérité  ces  deux  considérations 
des  différons  âges  tertiaires  et  des  différens  âges  de  soulèvemens 
les  plus  modernes,  sont  trop  neuves  encore  pour  qu’elles  soient 
bien  précisément  constatées  dans  tous  leurs  rapports.  Jusqu’ici, 
par  exemple , il  paraît  que  le  dépôt  de  la  craie  a été  séparé  de  ce- 
lui des  terrains  tertiaires  par  une  plus  grande  révolution  physique 
que  les  différens  terrains  tertiaires  entre  eux  • aussi  la  différence 
organique  est-elle  plus  forte  et  le  vide  plus  grand.  La  conserva- 
tion do  certains  genres,  et  peut-être  de  certaines  espèces  d’une 
formation  à l’autre,  doit  tenir  aussi  au  plus  ou  moins  de  violence 
de  ces  catastrophes , et  à la  distance  plus  ou  moins  grande  du  foyer 
d’action. 

Quant  au  fait  de  la  superposition  directe , le  seul  qui  soit  le 
garant  géologique  le  plus  certain  de  toutes  ces  distinctions  zoolo- 
giques,  et  qui  permette  de  saisir  au  moins  en  un  point  la  chaîne 
de  ces  terrains  tertiaires  récens,  et  leur  liaison  avec  les  terrains 
tertiaires  anciens,  j’eus,  il  y a quelques  années,  la  bonne  fortune 
de  le  constater  pour  le  bassin  de  la  Loire,  et  je  pus  dès  lors  le 
rattacher  à de  nombreuses  considérations  d’un  autre  ordre  qui  me 


RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX 


«66 

permirent  de  proposer  une  nouvelle  période  géologique  (1). 

Persuadé,  par  l’examen  des  terrains  marins  tertiaires  de  ce 
; bassin  déposés  si  près  de  celui  de  Paris,  et  cependant  si  complè- 
j tement  différens  , qu’ils  ne  pouvaient  appartenir  à la  même 
période,  je  ne  tardai  pas  à constater  sur  divers  points  leur  super- 
position directe  au  dernier  terrain  d’eau  douce  des  bords  méri- 
dionaux du  bassin  de  la  Seine.  Je  fus  naturellement  amené  à 
i conclure  que  le  sol  où  ils  ont  été  déposés  était  à peine  accessible 
aux  eaux  marines  du  bassin  de  la  Seine  quand  celui-ci  se  rem- 
I plissait  5 et  réciproquement  qu’à  l’époque  postérieure  où  le  bassin 
de  la  Loire  commença  à devenir  rivage  ou  afchipel , et  à recevoir 
le  dépôt  des  faluns , celui  du  bassin  de  la  Seine  , antérieurement 
rempli , resta  inaccessible  à ces  nouvelles  eaux*  c’est-à-dire,  en 
d’autres  termes , que  les  oscillations  du  sol  et  les  soulèvemens 
des  grandes  chaînes  s’étaient  manifestées  plus  ou  moins  fortement 
sur  des  bassins  plus  ou  moins  éloignés,  de  manière  à les  émerger 
ou  les  immerger  à des  époques  différentes  durant  la  période  ter- 
tiaire ) en  un  mot,  que  les  bassins  tertiaires , je  ne  dis  pas  seu- 
lement les  terrains,  mais  les  bassins,  comme  réceptacles,  furent 
successivement  formés  et  remplis , et  que  les  derniers  formés 
tenaient  à la  nature  actuelle  par  des  relations  zoologiques  et  géo- 
graphiques plus  intimes.  Répondant  ainsi  d’avance  à une  des 
objections  le  plus  souvent  reproduites  : « Que  se  formait-il  dans 
» tel  ou  tel  bassin  tertiaire  pendant  les  dépôts  des  deux  systèmes 
» marins  du  bassin  de  Paris,  si  vous  refusez  d’y  reconnaître  les 
» analogues  et  les  contemporains  de  ces  mêmes  dépôts  ? » Les 
bassins,  remplis  de  dépôts  avec  un  plus  grand  nombre  de  fossiles 
analogues  à ceux  de  la  nature  actuelle , n’ont  eu  que  tardivement 
cette  disposition  sous-marine*  pendant  les  plus  anciennes  pé- 
riodes tertiaires  ils  faisaient  probablement  partie  d’un  sol  conti- 
nental, terrestre  ou  sous-lacustre  ; ce  n’étaient  pas  des  bassins 
marins. 

Je  rassemblai  le  plus  de  preuves  géologiques  et  physiques  que 
je  pus  à l’appui  de  cette  opinion  que  je  développai  en  1828,  et 

(1)  Ann.  des  Sc.  nat.,  fév.  et  avr.  182g.  J’en  avais  précédemment 
communiqué  les  résultats  aux  Soc.  Philom.  et  d’Hist.  nat.,  et  à la 
plupart  des  géologues  de  Paris,  auxquels  je  cherchai  à faire  parta- 
ger ma  conviction.  Dès  i8a5  ( Mém . Soc.  d’Hist.  nat.  de  Paris , II, 
238  ) j’en  annonçai  la  base  , et  depuis  je  rassemblai  le  plus  de  faits 
que  je  crus  propres  à la  fortifier.  Il  est  aisé  de  voir  que  ce  travail  ne 
fut  pas  improvisé. 


DE  LA  SOCIÉTÉ  EN  l83i. 


267 

j’en  fis  l'application  directe  à un  ensemble  de  terrains  que  je  pro- 
posai d’appeler  provisoirement  quaternaires , invoquant,  à l’appui 
de  cette  distinction  nouvelle,  la  considération  des  ossemens  de 
mammifères  , des  polypiers , des  coquilles , et  surtout  de  la  su- 
perposition directe.  Accueillies  d’abord  avec  une  défiance  natu- 
rellement produite  par  leur  nouveauté  , ces  observations  et  leurs 
conséquences  n’ont  pas  tardé  à être  confirmées  par  l’adhésion  ou 
Jes  observations  personnelles  de  MM.  G.  Prévost,  Lvell,  de  Beau- 
mont, Boué,  Dufresnoy , de  Studer,  d’Omalius , Sedgwick  , 
de  La  Bêche,  Hoffmann  et  de  quelques  autres  géologues  (1). 

Mais  il  n’en  est  pas  , en  cette  matière,  de  plus  imposante  que 
celle  de  M.  Brongniart,  du  géologue  qui,  le  premier,  a donné 
aux  terrains  tertiaires  toute  leur  importance,  et  en  a distingué 
de  nombreux  types  devenus  classiques.  En  admettant  décidément, 
comme  il  vient  de  le  faire  dans  son  dernier  Traité  et  dans  son 
Tableau  géologique,  que  les  J aluns  de  la  Loire  sont  postérieurs 
au  terrain  d’eau  douce  le  plus  récent  de  la  Seine  , M.  Bron- 
gniart entraîne  à leur  suite,  dans  cette  série  moderne,  par  une 
conséquence  inévitable,  quoique  non  exprimée,  une  grande  partie 
des  terrains  tertiaires  de  la  Gironde,  des  Landes,  de  l’Hérault , 
du  Rhône,  de  l’Autriche,  delà  Pologne,  des  collines  subapen- 
nines,  de  la  Sicile,  et  d’autres  bords  de  la  Méditerranée;  eh  un 
mot  les  deux  groupes  les  plus  récens  de  M.  Deshayes. 

Qu’on  11e  se  méprenne  point , en  effet,  sur  l’état  incohérent  des 
faluns  de  la  Loire,  qui  pourrait  faire  supposer  un  trouble,  un 
remaniement  postérieur  des  fossiles  de  différons  âges,  un  dépôt 
tout  superficiel  facile  à confondre,  sans  conséquence,  dans  la  série 
des  terrains  meubles  : ce  serait,  selon  moi,  une  grave  erreur. 

La  grande  masse  des  coquilles  marines  y est  toute  spécifiquement 
différente  de  celles  des  deux  étages  parisiens  : sur  quatre  cents 
espèces  environ,  à peine  en  voit-on  une  vingtaine  d’analogues.  Les 
coquilles  terrestres  ou  fluviatiles  y sont  dans  le  même  état  de  fos- 
silisation que  les  coquilles  marines  ; les  ossemens  de  grands  mam- 
mifères terrestres  (mastodonte,  rhinocéros,  hippopotame,  etc.) 
dans  le  même  état  que  les  os  de  cétacés , et  ils  sont  recouverts  les 
uns  et  les  autres  de  polypiers  encroûtans,  de  scrpules  , qui 


(1)  En  adoptant  le  mot  quaternaires , M.  Marcel  de  Serres  semble 
l’avoir  restreint  aux  seuls  terrains  récens , formés  depuis  que  les 
mers  sont  dans  leurs  limites  actuelles.  Je  l’avais  applique  à tous  les 
terrains  postérieurs  à l'ensemble  des  terrains  tertiaire»  de  la  Seine, 
si  généralement  pris  pour  types. 


RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX 


268 

prouvent  un  séjour  prolongé  dans  une  mer  quelque  temps  sta- 
tionnaire, fait  dont  on  n’a  pas  le  moindre  exemple  pour  les  grands 
mammifères  terrestres  de  cette  période  dans  le  bassin  parisien , 
qui  semble  cependant  n’être  point  séparé  physiquement  de  celui 
delà  Loire*  tandis  qu’on  le  retrouve  au  contraire  dans  ceux  de 
Dax  , de  l’Hérault,  du  Rhône  , dans  les  collines  subapennines  et 
en  Sicile. 

Les  faiuns , du  moins  ceux  de  la  Loire  , sont  un  dépôt  très  ré- 
gulier, le  plus  souvent  meuble,  il  est  vrai , mais  formé  durant 
une  époque  de  calme , et  soumis  à des  lois  dont  faction  se  conti- 
nue sur  les  rivages  actuels.  Leur  incohérence  habituelle  offre  bien 
plutôt  le  caractère  d’un  dépôt  littoral  que  d’un  dépôt  diluvien; 
c’est  ce  que  j’essayai  de  prouver  dans  le  mémoire  que  je  rappelle. 
Je  ne  connaissais  alors  de  cette  période  que  des  dépôts  littoraux  ; 
mais  M.  Prévost  vient  de  retrouver  à Malte  des  dépôts  pélagi- 
ques, qu’il  considère  comme  pouvant  être  contemporains.  Or,  les 
conséquences  si  précises  du  travail  deM.  Desliayes,  sur  les  fossiles 
tertiaires  , tendent  incontestablement  à faire  considérer  le  groupe 
des  faiuns  de  la  Loire  comme  l’un  des  plus  anciens  dépôts  de  cette 
longue  série,  postérieure  à tout  l’ensemble  des  terrains  de  la  Seine  , 
dont  il  diffère  cependant  déjà  lui-même  sous  tant  de  rapports  , sur- 
tout par  les  fossiles,  que  nous  devons  supposer  la  série  fortement  in- 
terrompue au  contact  des  dépôts  des  deux  bassins.  En  un  mot , les 
faiuns  sont  distincts  de  tous  les  terrains  tertiaires  de  la  Seine  ; ils 
sont  superposés  au  plus  récent  d’entre  eux,  et  cependant  ils  pa- 
raissent à leur  tour  n’être  que  le  terme  le  plus  ancien  d’un  nou- 
veau système  plus  important , plus  vaste  que  les  terrains  de  Paris 
et  de  Londres , et  qui  s’est  continué  jusqu’à  notre  époque , à tra- 
vers de  nombreux  soulèvemens  du  sol , des  changemens  de  niveau 
des  mers  et  des  continens  , et  des  modifications  successives  d’orga- 
nisation. 

En  propôsant  ce  grand  ensemble  aux  géologues,  j’indiquai 
bien  qu’il  me  semblait  devoir  être  sous-divisé  en  plusieurs  sys- 
tèmes , suivant  le  nombre  des  fossiles  analogues.  J’insistai  surtout 
sur  la  non-simultanéité  des  bassins  , sur  la  coexistence , à chaque 
sous-période , de  dépôts  marins  littoraux  ou  pélagiques , de  dé- 
pôts continentaux , lacustres  ou  jluviatiles , et  de  dépôts  de  mé 
langes.  Mais  je  ne  me  sentais  pas  le  droit  d’aller  plus  loin  : les 
premiers  pas  étaient  faits , c’était  à la  zoologie  de  les  poursuivre 
et  de  les  préciser. 

Voilà  donç  , Messieurs , plusieurs  formations  géologiques  intro- 
duites incontestablement  dans  la  science  par  des  voies  assez  dîffé» 


DE  LA.  SOCIÉTÉ  EN  1 83 1 . 269 

rentes , par  le  fait  de  la  superposition  directe  , par  la  comparaison 
des  fossiles , par  1* observation  de  bassins  très  différens  , et  par  les 
conséquences  de  la  théorie  des  soulèvemens;  ce  sont,  il  me  semble, 
d’assez  fortes  garanties  en  faveur  de  leur  distinction.  Je  me  suis 
permis  de  vous  reparler  de  ces  faluns  de  la  Loire,  parce  qu’ils 
sont  le  point  de  départ  de  ce  nouvel  ordre  de  terrains  destinés 
peut-être  à jouer  dans  la  science  un  aussi  grand  rôle  que  ce 
rôle  a été  important  dans  la  nature,  et  parce  que  seuls  jusqu’ici  - 
ils  ont  montré  les  relations  de  stratification  du  groupe  récent  ; 
sur  le  groupe  ancien  des  terrains  tertiaires. 

C’est  à ces  terrains  tertiaires  récens  que  se  rapportent  ceux  que  . 
vous  ont  fait  connaître  M.  Boblaye  , dans  son  Mémoire  sur  la  Mo 
rée  ; M.  Piozet,  dans  ses  différentes  notices  sur  la  Barbarie;  plu- 
sieurs autres  que  M.  de  La  Marmora  a récemment  décrits  en  Sar- 
daigne... les  plus  récens  de  ceux  dont  M.  Prévost  vous  a entre- 
tenus dans  ses  précédentes  lettres  de  Malte  et  de  Sicile,  et  que 
MM.  Lyell,  Hoffmann  et  Christie  ont  également  observés  dans 
cette  dernière  contrée.  Je  ne  dissimulerai  pas  cependant  qu’entre 
autres  divergences  d’opinions,  dont  l’histoire  des  terrains  tertiaires 
récens  sera  sans  nul  doute  le  sujet,  les  rapports  des  terrains  médi- 
terranéens de  Malte  et  de  Sicile  , avec  ceux  de  la  France  méridio- 
nale et  de  la  Loire , en  présenteront  de  suite  une  des  plus  fortes. 

M.  Deshayes  a classé,  d’après  l’examen  des  espèces,  tous  ces  ter- 
rains dans  son  dernier  groupe,  auquel  il  associe  également  lescollines 
subapennines,  et  vous  vous  souvenez  que  M.  Prévost  a été  frappé  de 
l’étonnante  analogie  qu’ils  présentaient  avec  l’ensemble  du  groupe 
quaternaire , surtout  avec  ceux  de  la  Loire  et  du  Cotentin  , ana- 
logie qui  m’avait  aussi  vivement  frappé  lorsque  j’en  indiquai  le 
rapprochement,  d’après  l’examen  d’un  certain  nombre  d’espèces 
de  polypiers  et  de  coquilles.  Les  apparences  des  caractères  exté- 
rieurs nous  auraient-ils  donc  fait  illusion  ? Selon  M.  Deshayes,  les 
terrains  des  collines  subapennines  auxquels  se  rapportent  incon- 
testablement quelques  uns  des  terrains  tertiaires  inférieurs  de  Si- 
cile , seraient  déjà  postérieurs  à ceux  de  la  Loire  et  de  D.x  , et 
cependant  les  analogues  de  ceux-ci  en  Sicile  semblent  plus  moder- 
nes que  les  collines  subapennines. 

§ f20.  — Contradictoirement  à ces  résultats,  et  sous  un  point 
de  vue  tout  différent , M.  Reboul  a continué  de  reconnaître,  dans 
les  bassins  de  l’Aude  et  de  V Hérault , deux  grandes  formations 
marines,  avec  des  terrains  mixtes  fluvio-marins , intermédiaires , 
à nombreuses  alternances;  et  ces  trois  systèmes  il  lesn  identifiés, 
sinon  couche  par  couche,  du  moins  système  à système  avec  les 


RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX 


27O 

1 

terrains  parisiens  , distinguant  toutefois  les  bassins  qu’il  nomme  , 
avec  M.  Brongniart,  épilymnéen  et  prolymnéen , c’est-à-dire  ceux 
qui  se  terminent  par  une  formation  d’eau  douce  , comme  les  bas- 
sins de  Paris  et  de  l’île  de  Wigbt , et  ceux  dont  la  série  finit  par 
des  dépôts  marins  comme  la  plupart  de  ceux  du  midi , celui  de 
la  Loire , etc. 

Mais , partant  de  ce  principe  si  long-temps  regardé  comme  vé- 
ritable et  appuyé  de  tant  d’ingénieuses  probabilités  par  les  tra- 
, vaux  de  M.  Brongniart , qu’il  n’y  a eu  dans  la  grande  série  ter- 
tiaire que  deux  formations  marines  , qui  toutes  deux  ont  dans  le 
bassin  de  Paris  leurs  types  séparés  par  la  formation  gypseuse , 
M.  Reboul  a mis  en  rapport  et  identifié  les  différens  étages  des 
bassins  du  midi  avec  ceux  de  la  Seine  - il  a aussi  dressé  des  ta- 
bleaux comparatifs  , principalement  des  genres  propres  à ces  deux 
formations,  et  il  trouve  entre  eux  certaines  analogies  numériques 
que  je  ne  vous  rappellerai  pas.  Fondés  sur  l’examen  des  genres 
seulement,  ces  rapports  n’ont  aucun  poids  dans  la  question,  car 
les  genres  sont  une  création  artificielle , et  l’on  sait  de  plus  en 
plus  qu’ils  peuvent  se  rencontrer  les  mêmes  dans  les  formations 
les  plus  différentes.  Dans  la  comparaison  directe  de  ces  bassins  du 
midi  et  de  celui  de  la  Seine  le  fait  est  si  réel,  que,  malgré  des  rap- 
ports génériques  assez  frappans  , il  n’y  a pas  la  moindre  analogie 
entre  les  espèces  • celles  des  bassins  de  l’Aude  , de  l’Hérault , des 
Basses-Pyrénées , offrent  un  très  grand  nombre  d’espèces  analo- 
gues ; elles  ont , de  plus , une  foule  d’identiques  avec  celles  des 
collines  subapennines.  Les  ossemens  des  mammifères  les  plus 
communs  sont  ceux  de  la  période  des  mastodontes  5 rien  de  pareil 
ne  se  voit  dans  le  vieux  et  classique  bassin  de  la  Seine. 

M.  Tournai  paraît  partager  entièrement  l’opinion  de  M.  Re- 
boul;  mais  les  descriptions  de  géographie  géognostique  données  par 
ces  deux  géologues  d’une  contrée  qu’ils  ont  étudiée  à fond  , peu- 
vent être  fort  utiles.  Si  les  géologues  ne  s’accordent  pas  à voir 
dans  ces  bassins  les  représentai  et  les  contemporains  de  ceux  du 
nord  de  la  France,  la  science  profitera  des  nombreux  gisemens 
recueillis  en  dehors  de  toute  idée  hypothétique. 

La  solution  de  la  question  ne  pouvant  plus  reposer  que  sur  des 
analogies  , puisque  la  superposition  directe  aux  terrains  parisiens 
est  impossible  à constater  , tient  beaucoup  maintenant  au  carac- 
tère zoologique , et  nous  devons  attendre  de  vives  lumières  du 
grand  travail  entrepris  par  M.  Grateloup  sur  les  fossiles  du  bas- 
sin de  Dax  , et  dont  les  dessins  inédits  encore  sont  d’une  si  grande 
perfection.  Le  bassin  de  Dax  n’est  pas , il  est  vrai , complètement 


DE  LA  SOCIÉTÉ  EN  I 85  1 . ‘2  7 ï 

identique  à celui  de  l’Aude  et  de  l’Hérault,  mais  il  s’en  rapproche 
beaucoup  plus  que  celui  de  la  Seine;  il  représente  dans  le  midi 
celui  de  la  Loire,  et  les  descriptions  et  les  dessins  de  M.  Grateloup 
pourront  éclairer  plus  d’une  incertitude  de  détermination  spécifi- 
que existant  encore  à l’égard  des  coquilles  fossiles  de  l’Hérault , 
malgré  les  utiles  travaux  de  M.  Marcel  de  Serres  9 et  spécialement 
sa  géognosie  des  terrains  tertiaires. 

§ 20  bis.  — M.  de  Beaumont  propose  aussi  de  diviser  en  trois 
étages  les  terrains  tertiaires,  en  se  basant  sur  les  débris  des  grands 
mammifères  qu’ils  contiennent;  chacun  correspond  à une  pé- 
riode de  tranquillité  intermédiaire  entre  deux  époques  de  trou- 
bles, et  chaque  génération  paraît  être  détruite  par  une  catas- 
trophe. i.  Jusqu’aux  marnes  supérieures  au  gypse;  2.  Le  grès  de 
Fontainebleau,  le  terrain  d’eau  douce  supérieur,  les  faluns  de 
Touraine , les  calcaires  des  Bouches-du-Rhône  , les  molasses  de 
Suisse  et  celle  de  Supergue  ; 3.  Le  terrain  de  transport  de  la 
Bresse  , OEninghen  , le  grès  d’Aix , le  terrain  marin  supérieur  de 
Montpellier  , les  collines  subapennines , la.  Sicile  et  le  crag  de 
Suffolk. 

La  première  période  comprendrait  comme  caractéristiques  les 
paléotlières;  la  seconde  les  mastodontes;  la  troisième  les  élé- 
pbans.  Ces  trois  périodes  correspondraient  assez  avec  celles  éta- 
blies par  M.  Deshayes  sur  l’examen  des  coquilles.  Sans  arriver  à 
un  résultat  identique,  j’essayai,  dans  mon  mémoire  sur  les  ter- 
rains tertiaires  récens,  de  réunir  le  plus  d’exemples  que  je  pus 
pour  démontrer  la  réalité  d’une  grande  période  à mastodontes  , 
hippopotames  et  rhinocéros,  dont  une  partie  des  sédimens  étaient 
marins  et  littoraux,  et  l’autre  lacustre  et  continentale.  Ce  fut 
ce  même  caractère  des  os  de  mastodonte  qui  se  réunit  aux  co 
quilles  et  aux  polypiers  pour  m’engager  à soutenir , malgré 
l’opinion  imposante  de  M.  Boue,  que  les  conglomérats  du  Leitlia- 
gcbirge  n’étaient  point  de  l’âge  de  la  craie,  mais  des  plus  récens 
terrains  tertiaires  contemporains  des  dépôts  de  la  Loire.  Ces 
derniers,  il  est  vrai , n’ont  pas  encore  présenté  d’éléphans;  mais 
les  dépôts  d’anciennes  alluvions  continentales  du  même  bassin,  qui 
me  semblent  bien  être  contemporaines  des  dépôts  marins  de  la 
Loire , en  contiennent  en  même  temps  que  toutes  les  autres 
grandes  espèces  qui  sont  dans  les  faluns,  recouvertes  de  flustres  et 
de  scrpules , circonstance  tout-à-fait  inconnue  dans  le  terrain 
marin  , même  supérieur,  de  la  Seine. 

S’il  y a effectivement  dans  les  dépôts  marins  ces  trois  périodes 
de  mammifères , elles  doivent  passer  insensiblement  de  l’une  à 


RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX 


l’autre.  En  effet  , dans  les  faluns  de  la  Loire  et  dans  le  calcaire 
moellon  de  Montpellier,  des  os  de  paléotlières  sont  encore  réunis 
aux  os  de  mastodontes  et  d’hippopotames  et  dans  le  Plaisantin  , 
il  s’y  ajoute  des  os  d’éléphans.  On  cite  même  des  brèches 
fluviatiles  ferrugineuses  du  Wurtemberg,  où,  sont  mêlés  les  os  de 
ces  trois  périodes. 

§ 2 i et  22.  — Le  bassin  de  Toulouse  a été  aussi  le  sujet  d’une 
opinion  nouvelle , contraire  a celle  que  la  plupart  des  géologues 
en  avaient  exprimée.  On  s’accordait  à y reconnaître  un  terrain 
de  molasse  tertiaire  surmonté  vers  les  bords  par  des  calcaires 
d’eau  douce,  auxquels  le  premier  dépôt  se  hait  par  des  alter- 
nances; c’était  une  disposition  assez  analogue  à celle  observée 
dans  le  grand  bassin  de  la  Gironde  : dans  celui-ci  les  sédimens 
marins  prédominaient,  et  dans  le  bassin  de  la  Haute-Garonne 
c’était  au  contraire  les  sédimens  d’eau  douce  à l’état  de  marnes, 
argiles  ou  calcaires , de  sables , de  graviers  , de  galets  , de  grès , 
d’argile  presque  entièrement  dépourvue  de  fossiles. 

M.  Boubée  a développé  une  opinion  différente  en  vous  pré- 
sentant une  coupe  géologique  du  puits  artésien  creusé  à Tou- 
louse dans  le  cours  de  l’année  dernière , jusqu’à  une  profondeur 
de  4°o  mètres , o5o  pieds  au-dessous  du  niveau  de  la  mer.  Selon 
cet  observateur,  tout  le  système  meuble  de  marnes  et  de  graviers 
découverts  dans  ce  bassin  par  cette  profonde  excavation  serait 
effectivement  d’eau  douce;  les  fossiles,  coquilles,  poissons, 
mammifères , la  nature,  la  structure  des  couches,  la  présence  de 
certains  minerais  coïncident  pour  démontrer  cette  origine;  mais 
ce  ne  serait,  selon  M.  Boubée,  qu’une  formation  alluviale  des 
plus  récentes  déposée  dans  un  grand  lac  creusé  au  milieu  du 
terrain  tertiaire,  par  les  débordemens  des  eaux  pyrénéennes,  et  à 
laquelle  il  propose  de  donner  le  nom  de  post-diluvium  toulousain. 

Il  en  a déterminé  les  principales  limites , il  l’a  vu  recouvert 
par  d’autres  terrains  d’ail uvion  plus  modernes,  et  limité  vers 
les  bords  par  des  collines  de  calcaires  d’eau  douce;  mais  c’est 
précisément  le  contact  du  » terrain  meuble  et  de  ces  derniers 
calcaires  qui  doit  laisser  de  l’incertitude  sur  l’isolement  que 
M.  Boubée  propose  du  dépôt  central.  En  effet,  si,  vers  quelques 
unes  de  ses  limites,  à Àvi^nonet,  par  exemple,  le  système  meuble, 
graveleux,  paraît  s’appuyer  obliquement  sur  les  calcaires  d’eau 
douce,  ceux-ci,  de  leur  côté,  reposent  sur  d’autres  bancs  de 
grès , de  sables,  d’argiles  , de  pouddingues , de  marnes  à gypse, 
dont  l’ensemble  forme  une  alternance  de  couches  qu’il  est  diffi- 
cile de  ne  pas  rapprocher  de  celles  du  dépôt  central  de  Toulouse 


DE  LA  SOCIÉTÉ  EN  l83l.  ‘2^3 

et  d’Agen , que  M.  Boubée  propose  d’en  distinguer  d’une  façon 
aussi  positive. 

Il  n’en  résulte  pas  moins  des  observations  de  M.  Boubée,  même 
en  n’en  adoptant  pas  les  conséquences  théoriques , que  les  dépôts 
d’alluvions  ont  pris  un  grand  développement  au  pied  des  Pyré- 
nées, au-dessus  des  terrains  tertiaires  deToulouse,  et  qu’ils  remon- 
tent très  haut  vers  leur  source  dans  plusieurs  grandes  vallées  de 
cette  chaîne. 

§ 23.  — M.  Boubée  vous  a aussi  présenté  plusieurs  très  belles 
espèces  fossiles  de  coquilles  terrestres  et  d’eau  douce  provenant 
d’un  calcaire  de  la  partie  sud-est  de  ce  même  bassin.  Ce  sont 
des  bulimes,  helices,  cyclostomes,  lymnées  qui  paraissent  être  des 
espèces  nouvelles,  et  que  M.  Boubée  a nommés  bul.  lœvolongus , 
etmumia;  cycl.  elegantilites  ; hel . lapicidites , serpentinites , ne- 
moralites ; lymn.  orelongo.  Vous  avez  remarqué  surtout  le 
B.  lœvo-longus  assez  semblable  aux  clausilies  et  d’une  longueur 
de  près  de  5 pouces.  Par  leur  grande  taille,  ces  coquilles  rappel- 
lent une  physionomie  presque  tropicale  , comme  les  coquilles 
marines  de  la  plupart  des  terrains  tertiaires  inférieures  et  moyens, 
dont  les  analogues  vivans  existent  encore. 

§ 24.  — M.  Morren  a annoncé  la  découverte,  près  de  Bruxelles, 
de  nouveaux  ossemëns  de  batraciens  et  de  salamandres , avec  des 
os  de  petits  mammifères.  Leur  gisement  est  incertain;  mais  M.  M01- 
-ren  les  présume  du  calcaire  grossier,  comme  ceux  qu’il  a précé- 
demment découverts. 

Le  même  géologue  a retrouvé  les  nombreux  fruits  fossiles  ca- 
ractéristiques du  calcaire  grossier  de  Gand  , et  dont  Burtin  a plus 
anciennement  figuré  une  partie. 

§ 25.  — Quelque  complète  que  puisse  paraître  la  connais- 
sance du  bassin  de  la  Seine , rendu  si  classique  en  Europe  par 
l’ouvrage  de  MM.  Bronguiart  et  Cuvier,  il  n’est  cependant  point 
d’année  qu’une  étude  minutieuse  des  différentes  couches  de  ce 
bassin  n’ajoute  quelques  observations  de  détail  au  vaste  ensem- 
ble de  leur  description  ; et  il  reste  encore  plus  d’une  question  im- 
portante à résoudre  ou  à fixer  : l’âge  positif  des  lignites  du  nord,  des 
deux  grands  systèmes  de  grès  de  cette  même  partie  du  bassin  , des 
j calcaires  d’eau  douce  du  sud  et  de  l’est , etc.  La  Société  a eu , l’an 
| dernier,  huit  communications  qui  touchent  à une  partie  de  ces 
j questions. 

! Dans  une  note  sur  la  position  géologique  du  calcaire  de  Brie  , 

| et  en  particulier  sur  celui  des  environs  de  Champigny , JM.  Du- 
fresnoy  vous  a exposé  qu’il  considérait  celui-ci  comme  intercalé 
Soc.  géol.  Tom.  II. 


274  RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX 

entre  le  gypse  et  le  grès  marin  supérieur , et  comme  étant  le 
dernier  terme  de  la  grande  formation  d’eau  douce  moyenne,  ter- 
rain dont  on  aperçoit  des  traces  dans  les  petits  lits  calcaires  à 
coquilles  d’eau  douce , des  marnes  supérieures  du  gypse.  Néan- 
moins, M.  Dufresnoy  ne  doute  pas  qu’une  partie  du  calcaire  de 
la  Brie  ne  soit  plus  ancienne,  et  ne  corresponde  aux  silex  de  Saint- 
Ouen  ; mais  non  point  les  marnes  magnésiennes  de  Coulommiers. 

Selon  ce  géologue,  la  formation  gypseuse  serait  un  grand 
amas  subordonné  au  calcaire  siliceux,  formation  d’eau  douce 
importante , soit  calcaire,  soit  marneuse,  soit  gypseuse , com- 
prise entre  les  deux  formations  marines  de  la  Seine , et  dont 
les  différent  membres  peuvent  se  remplacer  l’un  l’autre. 

C’est  une  opinion  sur  laquelle  M.  C.  Prévost  a fortement  insisté 
dans  sa  théorie  du  bassin  de  Paris,  du  moins  pour  le  parallélisme 
du  calcaire  siliceux,  du  gypse,  et  du  système  supérieur  du  cal- 
caire grossier. 

M.  Dufresnoy  va  plus  loin  en  rapportant  précisément  à la  par- 
tie supérieure  du  système  d’eau  douce  moyen  le  calcaire  siliceux  , 
que  primitivement  M.  Brongniart  avait  mis  en  parallèle,  et 
comme  placé  bout  à bout  à l’égard  du  calcaire  grossier,  et  que 
plus  tard  il  a considéré , avec  M.  d’Omalius , comme  intercalé 
entre  cette  dernière  formation  et  le  gypse  , et  dans  le  même  étage 
que  celui-ci. 

M Dufresnoy  considérerait  volontiers,  ainsi  queM.  de  Beaumont, 
les  terrains  parisiens,  comme  partagés  seulement  en  deux  groupes, 

dont  la  ligne  de  séparation  serait  le  grès  marin  supérieur  ; les  assises 
de  chaque  groupe  se  remplaçant  ou  prédominant  souvent  l’un  sur 
l’autre. 

C’est  évidemment  à cette  prédominance  acquise  en  différens 
points  par  chacun  des  systèmes  subordonnés  que  tient  la  divergence 
des  opinions  sur  les  relations  des  différentes  parties  du  calcaire 
grossier  supérieur , du  calcaire  siliceux  et  de  la  formation  gyp- 
seuse. MM.  Brongniart , Cordier , C.  Prévost , de  Beaumont , d’O- 
malius , Underwood , Boubée  , ont  insisté  sur  la  distinction  ou  le 
groupement  de  ces  différentes  parties.  Très  rarement  en  Vôit-on 
une  série  complète  comme  à Maffliers.  Il  y a passage  évident , 
enchevêtrement , prédominance  mutuelle.  Les  ossemens  de  pa- 
léothérium du  calcaire  grossier  de  Nanterre  ; les  lignites  fluvio- 
marins du  même  étage  de'  Yaugirard  • le  sable  à coquilles  flu- 
viatiles  et  marines  deBeauchamps;  les  marnes  marines  intercalées 
dans  la  masse  inférieure  du  gypse  j le  calcaire  compacte  (cliquart), 
tantôt  dans  le  calcaire  grossier,  tantôt  en  rognons  au-dessus  du 


I 


DE  LA  SOCIÉTÉ  EN  1 85 1 . 

gypse , tantôt  enfin  isolé  comme  dans  la  Brie  • les  marnes  vertes 
supérieures  à ce  dernier  dépôt , et  contenant  des  crustacés  mêlés 
à des  coquilles  fluviatiles , comme  les  sables  inférieurs , ce  sont 
autant  d’exemples  de  ces  passages  zoologiques  et  de  composition  , 
qu’expliquent  si  bien  les  affluens  fluviatiles  au  milieu  d’un  bassin 
marin. 

§ 26.  — Une  partie  des  terrdins  tertiaires  des  environs  de 
Beauvais  présentait  une  difficulté  que  la  Société  ne  pouvait  ré- 
soudre, dans  une  course  rapide,  et  dont  la  solution  tient  au 
rapprochement  d’un  grand  nombre  de  coupes  prises  sur  différens 
points  du  département.  Je  veux  parler  de  l’âge  des  sables  de 
Bracheux , riches  en  fossiles  marins  particuliers , qui  ne  se  retrou- 
vent point  dans  d’autres  strates  du  calcaire  grossier. 

M.  Graves  en  a découvert  plusieurs  localités  , toujours  dans  la 
même  sorte  de  gisement , en  îlots  au  milieu  de  vallées , dont  les 
bords  sont  le  plus  souvent  de  calcaire  grossier.  Cette  disposition 
analogue  à celle  des  lignites  soissonais , et  la  présence  dans  les 
deux  terrains  de  Yostrœa  hellovacina,  ne  peuvent-elles  faire  présu- 
mer qu’ils  ne  s’enfoncent  pas  plus  que  les  lignites  sous  la  grande 
masse  calcaire  ? 

Ces  sables  coquilliers  sont  très  différens  du  calcaire  de  Laversine, 
dont  nous  parlerons  plus  loin  , et  qui  semble  plutôt  de  l’âge  de  la 
craie. 

Les  autres  couches  tertiaires , observées  par  la  Société  aux 
environs  de  Beauvais  , sont  au-dessus  de  la  craie  de  bas  en  haut  : 
un  sable  vert  avec  cucullées , une  marne  brune  avec  traces  de  li- 
gnites, avec  coquilles  fluviatiles  et  marines,  et  Je  calcaire  gros- 
sier en  lambeaux. 

g 27.  — La  coupe  ge'ognoslique  du  dép alternent  de  V Oise 
que  vous  a présentée  M.  le  vicomte  Héricart  Ferrand  , traverse  ce 
département  de  l’est  à l’ouest , sur  une  longueur  de  122,000  met. 
(26  à 27  lieues  communes)  entre  Chezy  en  Orceois , sur  les  confins 
du  département  de  l’Aisne  et  Gournay-sur-Epte  , vers  le  dépar- 
tement de  la  Seine-Inférieure.  Ce  profil  coupe  huit  vallées , dont 
les  différentes  profondeurs  laissent  apercevoir  les  terrains  sui- 
vans,  les  plus  récens  sur  les  sommets  de  l’est  et  du  centre,  les 
plus  anciens  vers  la  chaîne  crayeuse  de  l’ouest.  C’est  aussi  dans  cette 
dernière  direction  que  la  dénudation  des  vallées  atteint  les  cou- 
ches les  plus  anciennes,  qui,  de  ce  côté,  forment  les  vallées  les 
plus  profondes  (celles  de  l’Oise  à Creil  et  du  Therrain) , ainsi  que 
les  sommets  les  plus  élevés  du  département  ( le  Vauroux , la 
montagne  Sainte-Geneviève,  et  le  plateau  d’entre  l’Epte  et 


RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX 


276 

l’Oise  , dont  le  point  culminant  est  à 268  mètres  au  Coudray 
Sainte-Germer.  Les  vallées  de  Chézy  et  de  Mareuil  sont  dans  le 
calcaire  grossier;  les  nombreux  yallons  entre  Mareuil  et  Creil  ne 
pénètrent  pas  au-dessous  des  sables  ; la  vallée  de  l’Oise  à Creil  mon- 
tre l’argile  plastique  à sa  base  , et  la  rivière  coule  sur  la  craie  ; celle 
du  Therrain  montre  la  craie. 

Les  terrains  signalés  par  M.  Héricart  F.  sont  donc  : 

i°  Le  terrain  lacustre  supérieur , composé  d’argile,  de  silex  et 
de  marnes.  Ce  terrain  , au  mont  Epiloy , a été  rapporté  par  un 
autre  membre  de  la  Société,  M.  Robert , au  terrain  d’eau  douce 
moyen. 

2°  Un  épais  dépôt  de  sables  et  de  grès  que  sa  superposition 
immédiate  au  calcaire  grossier  ne  permet  pas  de  rapporter  in- 
contestablement au  grès  supérieur  à la  formation  gypseuse  , 
plutôt  qu’à  ceux  dépendant  du  calcaire  grossier.  M.  H.  F.  re- 
connaît deux  systèmes;  les  grès  marins  supérieurs,  et  la  grande 
masse  des  sables  et  des  grès  d’Ermenonville  , de  Mortefontaine  , 
qu’il  identifie  avec  ceux  de  Fontainebleau.  Les  coquilles  des  grès 
marins  supérieurs  sont  toujours  intactes;  celles  de  la  grande 
masse  de  sables  semblent  avoir  été  roulées.  Le  dépôt  de  Levi- 
gnan  est  rapporté  par  l’auteur  aux  sables  supérieurs  ^ tandis  que 
M.  Graves  et  M.  Robert  y reconnaissent  un  troisième  dépôt  de 
l’âge  de  Beauchamps.  Nous  verrons  bientôt  cette  question  plus 
spécialement  étudiée. 

3°  Vers  l’extrémité  orientale  de  la  coupe  et  du  département, 
le  gypse  exploité  dans  des  puits  entre  ces  deux  terrains  fournit 
un  argumen  t en  faveur  de  la  première  opinion  ; mais  partout 
ailleurs,  la  masse  des  sables  et  grès  s’est  montrée  sans  discontinuité 
sur  le  calcaire  grossier. 

4°  Le  calcaire  grossier  offre  quelques  lambeaux  de  calcaire 
siliceux  , et  des  couches  à milliolites  et  à nummulites. 

5°  U argile  plastique  qui  s’arrête  brusquement  sur  la  rive 
orientale  du  Therrain , où  est  sa  plus  grande  épaisseur,  présente  à 
Creil  et  à Mello , les  coquilles  marines  et  fluviatiles  des  argiles  du 
Soissonais. 

6°  La  craie  qui  forme  le  fonds  du  bassin  et  qui  le  borde  vers 
l’ouest  se  montre  seule,  sur  la  rive  occidentale  duTherrain,  où  elle 
atteint  un  niveau  et  une  épaisseur  de  236  mètres;  elle  continue 
cette  falaise  presque  verticale  , cette  chaîne  de  dunes  crayeuses  , 
si  caractéristique  de  la  partie  occidentale  du  département  de 
l’Oise. 

Les  hapts  plateaux  crayeux  du  nord-est  sont  recouverts , à 


DE  LA  SOCIETE  EN  1 85  1 . 277 

Gournay,  d’une  grande  abondance  de  galets  siliceux,  que  M.  Ilé- 
ricart  rapporte  au  terrain  diluvien,  mais  qui  m’ont  semblé  , sur 
plusieurs  points  où  je  les  ai  observés,  représenter,  quoiqu’à  un 
niveau  bien  différent,  le  pouddingue  de  V argile  plastique  que  ce 
géologue  indique  comme  étant  encore  à trouver  sur  le  trajet  de  sa 
coupe. 

70  Enfin , le  terrain  de  sable  vert  et ferrugineux  qui  se  montre 
à jour  dans  la  vallée  de  l’Epte  , et  s’étend  ensuite  vers  le  nord  ; 
mais  cette  coupe  passe  au  sud  de  l’ilot  soulevé  du  pays  de 
Bray. 

Si  l’on  prolongeait  ce  profil  géologique  vers  l’orient,  à travers 
le  département  de  l’Aisne  jusqu’à  la  craie  de  Champagne  vers 
Epernay , on  verrait  cette  dernière  formation  se  relever  comme 
à l’ouest , et  constituer  de  même  la  falaise  qui  limite  de  toutes 
parts  le  golfe  septentrional  du  bassin  tertiaire  de  la  Seine. 

g 28.  — La  question  de  l’âge  des  grès  marins  de  Levignan , de 
Nanteuil-le-IIaudouin , de  Bregy  , a été  de  nouveau  examinée 
par  l’auteur  du  précédent  mémoire.  Ces  grès,  fort  développés  au 
nord  et  au  sud  de  la  coupe  qui  vous  a été  présentée  , dépendent- 
ils  du  calcairfe  grossier , et  sont-ils  analogues  à ceux  de  Beau- 
champs,  comme  le  pensent  MM.  Graves  et  Robert , ou  bien  ap 
partiennent-ils  au  grand  système  des  sables  supérieurs  au  gypse  , 
ainsique  l’avait  primitivement  énoncé  M.  Brongniart  ? C’est  à 
cette  dernière  opinion  que  se  range  M.  Héricart  Ferrand. 

Il  continue  de  rapporter  au  terrain  d’eau  douce  supérieur  le 
vaste  dépôt  de  calcaire  superficiel  qui  surmonte  les  grès  marins 
de  Nanteuil , de  Levignan  , de  Montepillois  qui  forme  la  plaine 
de  Dammartin , et  que  MM.  Graves  et  Robert  considèrent , au 
contraire,  comme  de  l’âge  du  calcaire  de  Saint-Ouen,  et  par 
conséquent  inférieur  au  gypse  et  au  grès  de  Fontainebleau. 

Dans  le  calcaire  des  carrières  d’Ognes  , reposant  sur  une  grande 
masse  de  sables  et  de  grès,  M.  Graves  avait  reconnu  le  calcaire 
d’eau  douce  moyen , et  présumait  que  les  grès  des  plus  hauts 
sommets  lui  étaient  superposés;  mais  M.  Héricart  n’adopte  point 
non  plus  ce  classement , remarquant  que  la  grande  masse  de 
sable  inférieur  au  calcaire  d’Ognes,  qu’il  identifie  avec  les  grès 
de  Fontainebleau , ne  laisse  paraître  le  calcaire  grossier  qu’à  une 
assez  grande  distance,  et  à un  niveau  bien  inférieur  ; d’où  il  paraît 
inférer  que  dans  l’intervalle  pourraient  exister  des  représenta  ns 
du  système  d’eau  douce  moyeu.  Si  l’on  adoptait  l’âge  moyen  de 
ces  grès,  iljfaudrait  y rattacher  plus  de  la  moitié  de  la  grande 
formation  des  sables  de  la  partie  nord  du  bassin,  que  M.  Bron 


RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX 


278 

gniart  a classés  dans  la  dernière  formation  marine,  conséquence 
que  M.  Héricart  trouve  inadmissible. 

La  question  ne  paraît  pouvoir  être  décidée  que  par  l’examen 
des  fossiles  et  par  la  comparaison  de  ces  couches  problématiques 
avec  celles  qui  occupent  une  place  incontestable  dans  d’autres 
parties  du  bassin. 

Ne  pourrait- on  pas  aussi  concilier  ces  opinions  divergentes  , en 
supposant  d’une  part,  que  tous  ces  calcaires  d’eau  douce  n’occu- 
pent pas  le  même  niveau  géologique,  et  d’autre  part,  que  cet 
ensemble  de  grès,  de  sables  représente  en  réalité  sur  plusieurs 
points  les  deux  systèmes  inférieur  et  supérieur  au  gypse , par 
suite  de  l’absence  du  terrain  intermédiaire,  fait  si  fréquent  dans 
le  bassin  parisien  ? 

Les  couches  immédiatement  superposées  au  calcaire  grossier, 
et  dont  les  coquilles  ressemblent  à celles  de  Beauchamps,  comme 
Levignan  et  Nanteuil-le-Haudoin , dépendraient  de  cette  der- 
nière formation,  dont  la  place  est  incontestablement  fixée  au 
milieu  du  système  fluvio-marin , compris  entre  le  calcaire  gros- 
siér  et  le  gypse.  La  grande  masse  de  grès  sans  coquilles  de  Mor- 
tefontaine  et  d’Ermenonville  pourrait , au  contraire , appartenir 
au  grès  de  Fontainebleau.  Peut-être  aussi  en  est-il  à l’égard  des 
grès  comme  des  calcaires  siliceux? 

§ 29.  — M.  La  Joye  vous  a présenté  les  coupes  de  Lisy-sur - 
Ourcq  et  de  Sainte-  Aulde  près  de  La  Ferté-sous-Jouarre , en 
les  accompagnant  d’une  série  d’échantillons  de  roches  et  de  fos- 
siles de  ces  deux  localités. 

Toutes  deux  comprennent  les  systèmes  moyen  et  supérieur  du 
calcaire  grossier.  Le  dépôt  principal  àLisy,  est  une  masse  de 
sables  et  de  grès  très  riches  en  coquilles , entre  deux  couches  de 
calcaire  à cérithes , dont  le  lit  supérieur  contient  de  nombreux 
débris  de  pagures.  Dans  le  grès  se  voient , comme  à Valmon- 
dois , des  galets  de  calcaire  grossier,  percés  de  coquilles  perfo- 
rantes. 

A Sainte- Aulde , la  masse  inférieure  du  calcaire  grossier  paraît 
comprendre  plus  de  couches  ainsi  que  des  alternances  de  marnes 
et  de  silex  ménilites  ou  cornés.  La  masse  des  sables  et  des  grès 
passe  insensiblement  au  terrain  d’eau  douce  moyen  à cyclostoma 
mumia. 

§ 3o.  — M.  Deshayes  a constaté  que  les  lignites  d'Épernay 
reposaient  entre  la  craie  et  des  meulières  qui  recouvrent  aussi  le 
calcaire  grossier  ; et  il  a été  porté  à conclure  que  ces  lignites 
étaient  déposés  parallèlement  au  calcaire  grossier , qui , dans  une 


DE  LA  SOCIÉTÉ  EN  1 83 1 . 279 

localité  voisine,  à Dammerie , contient  près  de  quatre  cents  espè- 
ces de  coquilles.  11  a vu  près  de  Rheims  le  calcaire  grossier  et  l’ar- 
gile à lignites  placés  bout  à bout,  l’argile  déposée  dans  des  vallées 
du  calcaire  grossier,  et  les  deux  formations  recouvertes  par  des 
meulières. 

Les  mélanges  fluvio-marins  de  ce  dépôt  des  lignites  du  nord-est 
de  la  Seine  avaient  depuis  long-temps  fait  naître  des  soupçons 
sur  leur  prétendue  contemporaineté  de  l’argile  plastique.  Lors- 
que M.  G.  Prévost  et  moi  nous  parcourûmes,  il  y a cinq  ans,  la  Pi- 
cardie , le  Soissonais  et  une  partie  de  la  Champagne , pour  re- 
connaître l’âge  des  lignites  du  bord  septentrional  du  bassin  de 
Paris , dont  le  gisement  d’Epernay  est  une  dépendance , nous 
restâmes  à peu  près  convaincus  que  la  plus  grande  partie,  pour 
ne  pas  dire  le  système  entier,  ne  passait  pas  sous  le  calcaire  gros- 
sier inférieur , mais  en  remplissait  les  vallées  et  était  appuyé  sui- 
des bords  calcaires.  Cette  manière  de  voir,  qui  était  alors  en  op- 
position avec  les  idées  généralement  reçues,  a été  depuis  for- 
tifiée par  la  découverte  d’ossemens  de  mammifères  dans  ces 
lignites,  et  par  la  présence  de  ménalopsides  analogues  à des  es 
pèces  encore  vivantes,  et  du  très  petit  nombre  de  coquilles  ayant 
leurs  analogues,  qui  se  trouvent  dans  les  terrains  tertiaires  de  l’âge 
du  bassin  de  Paris.  Cette  opinion  que  les  lignites  du  Soissonais 
appartiennent  à une  époque  plus  récente  que  l’argile  plastique 
paraît  donc  à peu  près  démontrée;  elle  a été  adoptée  par  M.  Bron- 
gniart , et  il  ne  reste  plus  qu’à  déterminer  leur  position  dans  les 
terrains  supérieurs , recherche  qui  a retardé  la  publication  du 
travail  dont  nous  avons  réuni  de  nombreux  matériaux  et  déposé 
des  échantillons  dans  les  collections  du  Musée. 

§ 3i.  — M.  Boubée  a présenté  à la  Société  les  détails  d’une 
coupe  prise  dans  les  environs  de  Neauphle-le-Yieux.  Les  collines 
de  cette  partie  ouest  du  bassin  lui  ont  montré  dans  une  épaisseur 
de  plus  de  ioo  pieds  les  couches  suivantes  de  bas  en  haut.  a.  Cal. 
Caire  d’eau  douce;  b.  Calcaire  à milliolites  et  corbulcs  ; c . Cal- 
caire siliceux  ; d.  Marnes  d’eau  douce  à cyclostoma  mumia ; e. 
Calcaire  grossier  avec  nombreuses  coquilles  marines.  C’est,  comme 
on  voit , les  systèmes  moyen  et  supérieur  du  calcaire  grossier , et 
un  nouvel  exemple  de  cet  état  mixte  fluvio-marin , compris  entre 
les  parties  inférieures  de  cette  formation  et  le  gypse.  M.  Boubée,  qui 
a adopté  ce  groupe  antérieurement  reconnu  par  plusieurs  autres 
géologues , insiste  surtout  pour  ne  point  en  confondre  le  cal- 
caire d’eau  douce  avec  le  calcaire  siliceux  supérieur  au  gypse , 
dont  il  est  question  au  § 2$.  Les  marnes  dendritées,  le  cliquart, 


RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX 


2S0 

les  grès  de  Beauchamps , le  calcaire  de  Saint-Ouen  font  partie 
de  ce  système,  ainsi  que  plusieurs  autres  couches  que  j’ai  précé- 
demment rappelées. 

§ 3a.  — Deux  puits  forés  l’an  dernier,  dans  l’intérieur  de 
Paris , l’un  rue  de  la  Hoquette  , dans  le  faubourg  Saint -Antoine , 
sur  la  rive  droite  de  la  Seine,  l’autre  près  du  Jardin-des-Plantes , 
sur  la  rive  gauche  , ont  bien  montré  les  deux  systèmes  d’argile  ; 
l’argile  plastique  et  l’argile  de  calcaire  grossier.  Le  premier  a 
présenté  jusqu’à  la  nappe  d’eau  ascendante  qui  a été  atteinte  à 
i5o  pieds,  3o  pieds  de  sable,  3o  pieds  de  marne,  48  pieds  de 
calcaire  et  de  marne  , 3o  pieds  d’argile  pyriteuse , et  au-dessous 
enfin  des  sables  verts  et  des  grès. 

Ces  derniers  lits  étaient  ceux  du  calcaire  grossier  inférieur,  et 
les  3o  pieds  d’argile  pyriteuse,  immédiatement  supérieure  , cor- 
respondaient sans  nul  doute  au  système  argileux  à lignites  du  cal- 
caire grossier  moyen  de  la  plaine  de  Vaugirard,  mentionné  dans 
le  paragraphe  précédent. 

Le  second  puits , qui  n’a  rencontré  le  niveau  d’eau  qu’à  4oo  p. 
de  profondeur,  a traversé,  au-dessous  des  strates  de  l’autre  puits, 
l’argile  inférieure  au  calcaire  dans  une  épaisseur  de  60  à 80  pieds  $ 
c’est  la  plus  grande  épaisseur  connue  aux  environs  de  Paris. 

La  prédominance  du  système  d’argile  plastique  paraît  avoir 
eu  lieu  , en  ce  point , aux  dépens  du  calcaire  grossier,  mais  seule- 
ment de  ses  bancs  inférieurs. 

IVe  SÉRIE.  — TERRAINS  SECONDAIRES. 

g 33.  — Les  transitions  des  grands  terrains  l’un  à l’autre 
sont  l’un  des  objets  les  plus  dignes  d’examen.  Ces  dépôts  inter- 
médiaires peuvent  jeter  quelque  jour  sur  la  succession  des  êtres, 
et  sur  l’importance  variable  des  modifications  apportées  aux  pé- 
riodes organiques  par  les  catastrophes  successives  que  le  globe  a 
subies. 

Jusqu’ici , la  limite  de  la  craie  et  des  terrains  tertiaires  avait 
été  considérée  comme  l’une  des  plus  tranchées  sous  les  deux 
rapports  géologique  et  organique  , celle  qui  offrait  l’une  des  in- 
terruptions les  plus  brusques  ; mais  durant  les  deux  dernières 
années  , la  découverte  d’un  terrain  très  riche  en  coquilles  d’ap- 
parence tertiaire , dont  le  type  est  à Gosau , et  dans  quelques 
autres  localités  du  Salzbourg  et  des  Alpes  autrichiennes  s’est 
jointe  à d’autres  faits  observés  par  M.  Dufresnoy  dans  le  midi  de 
la  France , et  au  terrain  plus  anciennement  connu  de  Maestricht , 


DE  LA  SOCIÉTÉ  EN  1 85  ï . 28  î 

pour  faire  naître  l’idée  d’un  terrain  tertiaire  clc  transition  qui 
comblerait  cette  lacune  dans  quelques  bassins. 

MM.  Scdgwick  etMurchison,  guidés  par  les  apparences  tertiai- 
res de  la  grande  masse  des  fossiles  de  Gosau , et  par  la  position 
du  dépôt  au  fond  de  vallées  alpines,  lui  ont  assigné  cet  âge  inter- 
médiaire. Ils  distinguent  dans  les  Alpes  autrichiennes  deux  cal- 
caires à nummuiites,  l’un  dépendant  de  la  craie  supérieure, 
l’autre,  plus  nouveau,  et  constituant  à Gosau  et  ailleurs  le 
groupe  qu’ils  ont  nommé  terrain  tertiaire  de  transition.  Dans  le 
dépôt  de  Gosau,  particulièrement,  ils  semblent  reconnaître  aussi 
deux  systèmes  ; l’un  inférieur  avec  les  fossiles  de  la  craie  roulés , 
hyppurites  ,nérinés , gryphées  (G.  colombe) , et  l’autre  supérieur, 
formé  de  marnes  bleues  avec  coquilles  tertiaires.  Cette  considéra- 
tion des  fossiles  roulés,  introduits  d’un  terrain  plus  ancien  dans  une 
formation  postérieure  a été  reproduite  à la  Société  par  plusieurs 
membres.  Elle  doit  jouer  un  grand  rôle  à presque  toutes  les  épo- 
ques géologiques  ; mais  il  paraîtrait  qu’à  Gosau  , les  fossiles  habi- 
tuels de  la  craie  sont  pénétrés  de  la  même  pâte  que  les  fossiles  de 
genres  tertiaires  , ce  qui  diminuerait  la  valeur  de  l’explication. 

M.  Boue  , contrairement  à l’opinion  des  deux  géologues  anglais, 
a continué  de  rapporter  à la  partie  inférieure  du  grès  vert  ( Mé- 
moire sur  divers  gisemens  intéressans  de  fossiles  dans  les  Alpes 
autrichiennes)  l’ensemble  du  terrain  de  Gosau,  et  il  vous  a pré- 
senté un  grand  nombre  de  coupes  et  de  rapprochemens  pour 
établir  l’intime  liaison  de  ce  terrain  avec  le  grand  système  num* 
mulitique  des  Carpathes  et  de  la  Dalmatie. 

Relations  de  gisemens , parité  de  dépôts  dans  une  vaste  étendue 
géographique,  absence  desédimens  tertiaires  dans  les  grandes  val- 
lées alpines  plus  récentes  qUe  ces  mêmes  terrains  tertiaires,  et  analo- 
gues à celle  de  Gosau,  tels  sont  les  principaux  argumenssur  lesquels 
M.  Boue  s’est  appuyé.  Si  la  vallée  transversale  de  Gosau  offrait 
des  couches  tertiaires  de  molasse  analogues  à celles  déposées  par 
la  grande  mer  qui  a comblé  les  bassins  au  pied  des  Alpes  orien- 
tales, n’en  retrouverait-on  pas,  dit-il,  dans  les 'autres  grandes 
vallées  transversales?  L’opinion  de  M.  Boué  s’accorde  avec  celles 
de  MM.  Keferstein  , Lill  et  de  Munster.  M.  Boué  a reconnu  inti- 
mement réunis  aux  coquilles  d’apparence  tertiaire  de  cette  loca- 
lité devenue  célèbre  un  bien  plus  grand  nombre  d’espèces  carac- 
téristiques de  la  craie  que  n’en  ont  indiqué  MM.  Sedgwick  et 
Murcliison*  il  cite  des  inocérames,  hamites,  gryphées , trigonies , 
le  pecten  cjuinque  costatus , etc.  ; et  ce  qui  est  plus  important  en- 
core , c’est  que  les  espèces  même  dont  l’état  de  calcination  et  le 


RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX 


caractère  générique  semblaient  le  plus  annoncer  celles  de  la  pé- 
riode tertiaire  en  sont  toutes  différentes  spécifiquement , d’après 
l’examen  de  M.  Deshayes.  L’argument  tiré  des  fossiles  serait 
donc  ici  bien  moins  fort  que  pour  la  craie  du  pied  nord  des  Py- 
rénées , où  M.  Dufresnoy  a nommé  des  espèces  identiquement 
tertiaires. 

On  sait  que  dans  des  couclies  incontestablement  de  l’âge  du 
grès  vert  et  de  la  craie , et  probablement  dans  les  couches  littora- 
les , se  trouvent  des  coquilles  de  genres  assez  nombreux,  ordinai- 
rement. considérés  comme  tertiaires.  Je  me  souviens  d’en  avoir  vu 
à Bristol , dans  la  collection  de  M.  Miller,  si  malheureusement 
enlevé  aux  sciences , une  série  fort  intéressante,  provenant  du 
Green-Sand  de  Blackdown.  M.  Deshayes  en  possède  aussi  un 
bon  nombre  de  la  Belgique,  et  j’en  ai  du  Maine  et  du  Perche, 
dont  la  physionomie  tertiaire  est  étonnante;  mais  toutes  ces  co- 
quilles sont  spécifiquement  différentes  de  celles  supérieures  à la 
craie.  La  question  de  Gosau  est  donc  diversement  soutenue  par 
des  géologues  également  bons  observateurs , et  qui  ont  visité  les 
lieux  à plusieurs  reprises  et  en  conscience  : de  quel  côté  est  la 
vérité? 

§ 33  bis.  — On  a quelquefois  présenté  le  terrain  de  Maestricht 
comme  un  autre  exemple  du  passage  de  la  craie  aux  dépôts  ter- 
tiaires; les  membres  de  la  Société  qui  ont  suivi  les  séances  de 
Beauvais  ont  observé  au  village  de  Laversine , près  de  cette 
ville , un  lambeau  de  calcaire  coquillier  d’apparence  assez  analo- 
gue à la  roche  de  Maestricht , et  paraissant  reposer,  dans  le  fond 
d’une  vallée  crayeuse,  sur  la  craie  à Belemnites.  Quelques  fossiles 
ont  semblé  à plusieurs  membres  présenter  des  analogies  avec  ceux 
des  faluns,  et  on  a été  porté  à en  conclure  certains  rapports  entre 
ceux-ci  et  le  dépôt  de  Maestricht  et  celui  de  Laversine  , qui  tous 
deux  cependant  ont  bien  plus  d’analogie  avec  le  grand  système 
crayeux. 

La  similitude  extérieure  de  la  roche , c’est-à-dire  un  mode  de 
granulation  commun  aux  dépôts  littoraux  de  toutes  les  forma- 
tions, avait  déjà  occasi'oné  dans  le  Cotentin,  dans  la  Loire  et 
en  Autriche,  des  rapprochemens  forcés  entre  certains  strates 
crayeux,  et  les  couches  tertiaires  les  plus  récentes,  que  depuis 
on  a reconnus  pour  être  tout-à-fait  distincts.  Le  gisement  de  La- 
versine reste  donc  un  point  des  plus  intéressans  à observer  , et  la 
fixation  précise  de  son  âge  sera  un  nouveau  service  que  la  géo- 
logie pourra  devoir  à M.  Graves , qui  l’a  déjà  fort  enrichie  par 
de  nombreuses  et  de  précieuses  découvertes  de  fossiles  dans  le  dé- 
partement de  l’Oise. 


DE  LA  SOCIÉTÉ  EN  1 85 1.  285 

§ 34*  — Tandis  que  d’un  côté  on  s’efforçait  de  retrancher 
certaines  couches  de  l’immense  formation  crayeuse,  d’un  autre  , 
son  domaine  s’agrandissait  aux  dépens  des  terrains  plus  anciens  , 
et  vous  vous  souvenez  , Messieurs , combien  depuis  peu  d’années 
le  caractère  seul  de  la  superposition  a acquis  à son  égard  de  pré- 
dominance sur  tous  les  autres. 

Les  roches  les  plus  différentes  de  Y état  crayeux  , autrefois  si 
caractéristique  de  cette  formation,  des  marbres  compactes  et  cris- 
tallins, des  calcaires  bitumineux,  des  calcaires  oolithiques  , des 
grès  , des  pouddingues , les  couches  les  plus  tourmentées , les 
plus  élevées  des  Pyrénées  et  des  Alpes  y ont  été  successivement 
introduits. 

Nous  venons  de  voir  comment  des  fossiles , considérés  jusque 
là  comme  exclusivement  propres  aux  terrains  tertiaires  , du 
moins  quant  aux  genres  , ont  cessé  d’étre  un  obstacle  à l’interca- 
lation de  certains  dépôts  dans  cette  même  période  crayeuse. 

Vous  vous  rappelez  par  quel  ensemble  d’autres  caractères  tirés 
du  gisement,  M.  Dufresnoy  fut  conduit,  l’an  dernier,  à rappor- 
ter à cette  période , des  terrains  du  sud-ouest  de  la  France  et  des 
Pyrénées,  que  les  caractères  zoologiques  semblaient  le  plus  en 
éloigner. 

La  présence  de  certaines  substances  minérales  a pareillement 
cessé  d’être  un  obstacle  aux  classemens  géologiques;  les  exemples 
s’en  sont  multipliés  rapidement , et  vous  en  avez  un  des  plus  frap- 
pans  dans  le  nouveau  Mémoire  que  M.  Dufresnoy  vous  a lu  sur 
les  mines  de  sel  de  Cardonne  en  Catalogne , mines  que  M.'Cordier 
le  premier  a fait  connaître  géologiquement,  il  y a une  vingtaine 
d’années, Déjà  M.  D.,dans  son  travail  surla  craie  des  Pyrénées,  avait 
constaté  l'existence  d’amas  puissans  de  gypse,  accompagnés  de 
souffe,  au  milieu  des  terrains  qu’un  ensemble  d’autres  caractères 
le  portait  à classer  dans  le  groupe  crayeux.  C’est  la  même  série 
d’observations  et  de  rapprochemens  qui  l’a  d’abord  conduit  à y 
rapporter  l’étonnant  dépôt  salin  de  Cardonne. 

Il  l’a  vu  subordonné  à un  puissant  système  formé  de  couches 
altcrnativesde  grès, de  pouddingues,  deschistes  micacés  avec  fucus, 
de  calcaire  gris  à liippurites  , nmnmulites  et  milliolites,  et  même 
de  gypses  sur  plusieurs  points.  Une  semblable  association  de  roches 
s’est  présentée  sur  le  versant  septentrional  des  Pyrénées , dans  le 
voisinage,  et  comme  sous  1 influence  des  ophites. 

On  pourrait  désirer  que  l’intercalation  du  système  salin  au  \ 
milieu  du  groupe  de  roches  rapportées  à la  craie  par  M.  Dufres-  \ 
noy  fut  plus  incontestablement  établie  ; mais  l’auteur  a déterminé  1 


I 


rapport  sur  les  travaux 

dans  les  couches  ool,  h, ques.tout-à-fait  supérieures,  au  contact  du 
grand  système  de  calcaire  alpin  récent  représentant  pour  la  plu 
part  des  géologues  le  sable  vert  et  la  craie.  Ce  dernier  terrah, 
rnontie  en  Bavière  Une  certaine  analogie  pour  les  fossiles  de 

MnrDufrertiaUeS  "**  7 r°CheS  du  Pied  des  Pyrénées,  que 
M-  Dufi  esnoy  rapporte  egalement  à la  craie. 

Mais  s. , comme  il  est  très  probable , le  sel  et  le  gypse  ont  été 

généralement  formés  et  introduits  postérieurement  fu  dépôt  de! 

roches  qu,  les  enveloppent,  par  la  voie  ignée  , soit  par  sublimation 

STZZT  8YPSeS  ’ 7 Cémemati°n  de  calcai-  pi™  an- 
ciens , et  par  1 évaporation  de  gaz  acides  , comme  il  s’en  produit 

nns  dfr,éeS  T* T ^ rinfluence  de  volc™  sous-ma- 
' f \ ^ Corinthe,  de  Santorin  et  ailleurs  cette 

introduction  peut  s’ être  manifestée  à plusieurs  époques,  ou  bien 
dans  le  meme  temps , s’ être  arrêtée  a différens  étages.  C’est  ainsi 
que  les  dépôts  salifères  habituels  au  g ü bigarré  et  au  Lper-  I 

et  des  C ^ fr8  6 13  v 16 Sel  Ct  16  6ypSe  deS  Alpes  autrichiennes 
dans  mm  d '-  “f  1 °°?itIle  SUPérieure  et  le  Green-Sand,  ou 
;rm  dCri;leie  formatl0n  elle-même;  le  gypse  et  le  soufre  de 

fetngM  BnS  ra  î:,Se!°n  M’  P"SCh’  ^ -1  tertiaire,’ 
selon  M.  Boue;  le  sel  de  la  Catalogne  dans  la  'craie  ou  dans  lés 

ZlZl  CdUi  de  Wi6lista  et  ^ la  Transylvanie  dans  les 

= ^atres, pourrait  n’être  pas  contemporains  des  roches 
auxquelles  ils  paraissent  subordonnés. 

de^T^emm^f  ^ *7  1>âf  d6S  dépÔtS  de  «yPse,  de  soufre  et 
de  sel  gemme,  dans  quelque  formation  qu’ils  semblent  intercalés, 


DE  LA  SOCIÉTÉ  EN  1 85  1 . 285 

quand  ils  ne  sont  point  en  bancs  réguliers , mais  en  amas-,  ou  dans 
des  crevasses,  dans  des  vallées , gisement  le  plus  habituel,  s’est  re- 
présen  tée  à tous  les  observateurs,  et  dans  presque  toutes  les  contrées 
étudiées.  Ce  fut,  il  y a peu  d’années,  et  c’est  encore  une  question 
des  plus  controversées  relativement  aux  gisemens  de  gypse  des 
Apennins.  Par  une  circonstance  très  remarquable,  dans  cette  con- 
trée comme  dans  les  Pyrénées,  l’incertitude  est  entre ‘la  période 
crayeuse  et  les  terrains  tertiaires.  Ëxisterait-il  en  effet  quelque 
coïncidence  entre  l’une  des  plus  abondantes  expansions  de  matières 
gazeuses  et  le  changement  d’organisation  et  la  forte  lacune  qui 
sépare  ces  deux  grandes  périodes  ? 

g 35.  — Le  Pecten  salinarius  (Schlott)  des  Alpes , qui  avait 
déjà  fourni  à M.  Brown  la  distinction  de  deux  genres,  Monotis 
et  Halobia , contient  un  assez  grand  nombre  d’espèces  auxquelles 
M.  de  Munster  en  a récemment  ajouté  deux  nouvelles  apparte- 
nant au  premier.  Les  espèces  de  ces  deux  genres  se  rapportent 
à des  formations  secondaires  différentes , au  grès  vert  et  au 
calcaire  jurassique.  Deux  espèces  , M.  Inœquivalvis  et  H.  Sa- 
linaria , sont  exclusivement  dans  le  calcaire  ammonitifère  du 
Salzbourg  et  de  l’Autriche , auquel  paraissent  subordonnés  les 
amas  salifères  des  Alpes  orientales.  M.  Boué  vous  les  a commu- 
niquées. 

M.  le  comte  Munster  vous  a écrit  avoir  trouvé  ces  memes  co- 
quilles formant  une  lumaclielle  entre  le  grès  vert  et  le  calcaire 
jurassique  supérieur,  près  de  Ratisbonne;  ce  qui  peut  jeter  un 
nouveau  jour  sur  l’âge  des  gypses  salifères  de  cette  partie  des 
Alpes,  que  MM.  Boué,  Sedgwick  et  Murchison  , paraissent  s’ac- 
corder à classer  dans  le  grès  vert  inférieur,  ou  vers  le  contact  de 
cette  formation  et  du  calcaire  jurassique. 

g 36.  — Dans  son  travail  sur  la  position  géologique  des  prin- 
cipales mines  de fer , de  la  partie  orientale  des  Pyrénées , M.  Du- 
fresnoy  a encore  montré  l’un  des  plus  curieux  exemples  de  la  for- 
mation de  certains  minerais  , et  de  l’altération  de  sédimens  par 
la  voie  ignée  , en  même  temps  que  l’apparition  assez  moderne 
de  roches  granitiques. 

Ces  mines , extrêmement  abondantes  et  depuis  long-temps  ex- 
ploitées , forment  une  espèce  de  zone  circulaire  de  8,000  toises  de 
diamètre,  autour  du  Canigou,  et  une  série  de  bandes  ou  d’amas 
au  contact  de  roches  cristallines  (gneiss  et  granités),  et  d’un  cal- 
caire noir  saccarin.  Le  minerai  se  trouve  également  dans  le  cal- 
caire et  dans  le  granité. 

Mais  dans  la  vallée  de  la  Gly  , le  calcaire  au  contact  duque 


RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX 


sS6 

s’est  pareillement  trouvé  le  minerai , et  qui  présente  la  même 
apparence  cristalline,  dépend  de  la  grande  formation  crayeuse 
des  Pyrénées  si  étonnamment  modifiée  par  l’action  ignée  et  le 
redresserfient  des  couches.  Au  même  système,  M.  Dufresnoy  rap- 
porte la  mine  de  Rancée,  dans  l’Arriége. 

M.  Dufresnov  a soigneusement  décrit  les  divers  modes  d’alté- 
rations , et  surtout  la  dolomisation  que  ces  roches  ignées  ont  fait 
subir,  à différentes  distances,  aux  calcaires,  soit  de  l’époque  de 
la  craie , soit  d’époque  antérieure , ainsi  que  les  entrelacemens  de 
filets  feldspathiques  et  métalliques  dans  le  calcaire. 

Il  en  a conclu  que  l’âge  de  ces  mines  est  en  rapport  intime 
avec  le  soulèvement  de  la  chaîne  granitique , et  par  conséquent 
bien  plus  ancien  que  la  formation  des  gypses  et  du  sel  pro- 
duits par  la  même  voie,  mais  dus  à l’éruption  des  ophiolites. 
C’est  un  nouveau  pas  dans  la  théorie  huitonienne  ; les  faits  à l’ap- 
pui de  la  cémentation  de  certaines  roches  et  de  la  production 
de  métaux  par  la  voie  ignée  se  multiplient  tous  les  jours. 

Les  mines  de  fer  des  Pyrénées  offrent  des  faits  analogues  au 
gisement  des  mines  de  fer  du  Bannat , produits  de  sublimation 
ignée , entre  la  syénite  et  les  calcaires  , qui  semblent  pareil- 
lement altérés  par  les  vapeurs  acides.  On  sait  aussi  que  certaines 
substances  minérales,  la  baryte  sulfatée,  le  plomb  sulfuré,  etc. , 
fréquentes  au  contact  de  roches  cristallines  et  de  sédimens  secon- 
daires, pénètrent  également  les  deux  sortes  de  dépôts,  de  même  que 
les  substances  métalliques  de  la  plupart  des  filons,  qui  s’insinuent 
en  réseaux  infinis  dans  les  strates  formant  les  parois. 

§ 3^  et  38.  — Dans  une  Notice  sur  les  Alpes  bernoises , M.  de 
Studer,  qui  a appliqué  depuis  nombre  d’années  à l’étude  des  ter- 
rains secondaires  de  la  Suisse,  l’excellent  esprit  d’observation  avec 
lequel  il  en  a décrit  les  terrains  tertiaires,  vous  a fait  connaître  l’âge 
des  calcaires  de  la  chaîne  alpine  entre  la  Dent  de  Morde  et  la  Jung- 
frau. Ce  sont  toujours , comme  dans  les  autres  parties  des  Alpes 
calcaires , différens  systèmes  de  la  formation  jurassique , dont  les 
fossiles  examinés  par  M.  Woltz  montrent  beaucoup  d’analogie 
soit  avec  ceux  du  troisième  étage,  le  calcaire  Portlandien  de 
Besançon , soit  avec  ceux  du  calcaire  jurassique  du  Wurtemberg, 
soit  avec  ceux  du  lias  de  Normandie;  ce  sont  en  outre  les  assises 
inférieures  de  la  craie , terrain  qui  prédomine  presque  exclusi- 
vement , surtout  à l’est  du  lac  de  Thoun  j usqu’au  Rhin. 

Les  calcaires  des  Alpes , comme  ceux  des  grands  bassins  secon- 
daires , ne  présentent  point  de  systèmes  long-temps  continus , 
mais  une  succession  de  groupes  successivement  prédominans  aux 


DE  LA  SOCIÉTÉ  EN  1 83  1 . 287 

dépens  l’un  de  l’autre.  L’ignorance  de  ce  fait  et  la  recherche 
d’une  conformité  qui  n’est  point  dans  la  nature  paraissent  à 
M.  de  Studer  avoir  contribué  à la  confusion  qui  a si  long-temps 
régné  sur  ce  terrain.  C’est  à l’étage  jurassique  moyen  que  ce 
géologue  rapporte  le  calcaire  du  Stockhorn  et  des  Voirons,  et  au 
Kimmeridgeclay  la  houille  de  Boltigen. 

Mais  un  fait  bien  plus  piquant , et  dont  M.  de  Studer,  après 
M.Hugi,vousa  confirmé  l’existence, est  celui  de  l’entrelacement, 
de  l’alternance  plusieurs  fois  répétée,  et  de  l’enfoncement  en  forme 
de  coin  au  milieu  du  gneiss  , d’amas  épais  de  4 à 5oo  pieds  d’un 
calcaire  à Bélemnites  analogue,  par  ses  autres  fossiles,  au  lias,  ou 
aux  assises  jurassiques  inférieures.  C’est  surtout  dans  le  vallon  de 
Rpththal,  sur  la  pente  occidentale  de  la  Jungfrau  et  dans  la  vallée 
d’Urback , près  Grindelwald  , que  s’est  montré  en  grand  ce  nou- 
veau témoignage  du  soulèvement  des  couches  alpines  secondaires, 
par  l’éruption  des  roches  cristallines  , comme  la  géologie  en  pos- 
sède déjà  plusieurs,  mais  la  plupart  sur  de  moins  grandes  échelles. 

On  ne  connaît  de  comparable,  pour  l’étendue  du  phénomène 
et  pour  la  précision  des  détails,  que  celui  constaté  en  1829  par 
M.  E.  de  Beaumont,  dans  les  montagnes  de  l’Oisans  en  Dauphiné, 
sur  le  redressement  de  bancs  énormes  de  calcaires  de  l’âge,  de  la 
craie,  et  du  terrain  jurassique  par  des  granités  qui  les  recouvrent, 
et  sont  entrelacés  avec  eux  d’une  façon  tout-à-fait  analogue,  et 
même  encore  plus  en  grand. 

C’est  dans  cet  intéressant  mémoire  inséré  au  tome  Y des  Mé- 
moires de  la  Société  d’Histoire  naturelle  de  Paris , qui  n’a  point 
encore  été  livré  au  public  , que  M.  E.  de  Beaumont  a exposé  les 
rapports  de  forme  et  de  formation  qu’il  conçoit  entre  certaines 
montagnes  de  la  Lune,  et  des  sommets  granitiques  se  présentant 
en  crêtes  circulaires  autour  d’un  centre  creux  , disposition  ana- 
logue, dans  les  anciens  terrains  de  cristallisation,  aux  cratères  de 
soulèvement , plus  modernes,  de  M.  de  Bucli. 

M.  Necker  de  Saussure  a récemment  aussi  observé  dans  la  Va- 
lorsine  l’injection  du  granité  dans  les  couches  secondaires. 

Les  gneiss  viennent  donc  se  joindre  aux  granités , aux  syénitcs, 
aux  porphyres  pyroxéniques,  aux  porphyres  rouges  et  verts , aux 
serpentines,  aux  euphotides,  aux  ophites,  comme  a gens  de  re- 
dressement des  couches,  postérieurement  aux  terrains  secondaires 
même  les  plus  modernes. 

§ 3q.  — Un  fait  géologique  relatif  aux  terrains  secondaires, 
qu’on  avait  cru  se  rattacher  aussi  cà  cette  théorie  des  soulèvemens 
du  sol , est  Y ilôt  jurassique  du  pays  de  B ray,  bordé  et  dominé  de 


2®®  RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX 

toutes  parts  par  des  collines  crayeuses  dont  les  couches  semblent 
avoir  ete  relevées  circulairement  en  sens  divers  par  le  bombe- 
ment du  terrain  central.  L’examen  de  cette  petite  région  natu- 
relle a ete  1 un  des  objets  qui  ait  le  plus  fixé  l’attention  de  la  so- 
ciete  durant  la  course  de  Beauvais. 

On  a très  bien  reconnu  les  étages  suivans  : la  craie  blanche 
et  la  glaucome  crayeuse  des  falaises  de  la  bordure;  2»  le  sable 
ferrugineux  accompagné  à’ argiles  long-temps  confondues  avec 
1 argile  plasüque,  et  qui  forment  la  vallée  de  Bray  proprement 
dite;  3 un  autre  etage  de  grès  et  de  sables  verts  semblables  à ceux 
qui , dans  1 île  de  Wight , alternent  avec  les  sables  ferrugineux 
;°  f terrain  jurassique,  formé  de  l’argile  weldienne 
1 eWealdday)  et  des  lumachelles  à gryphées  virgules  si  carac- 
tenstiques  du  système  jurassique  supérieur. 

ra  H*?.  p6  ,V°S  ;“Cml:''CS  le,s  Plus  distingués , qui , des  premiers , a 
.appelé  I attention  des  géologues  vers  les  puissans  et  nombreux 
effets  de  1 action  ignee  a l’intérieur  de  la  terre,  mais  sous  un  point 
de  vue  different  de  la  theone  des  soulèvemens  de  montagnes  en 
masses  M.  Cordier  a exprime  l’opinion  que  le  pays  de  Bray  n’était 
probablement  pas  l’axe  central  d’un  soulèvement  qui  aurait  re- 
dresse tout  autour  les  falaises  crayeuses  qui  bordent  cette  dénu 

Le  peu  d’inclinaison  de  toutes  ces  couches  lui  a fait  penser 
quel  es  étaient  dans  leur  position  originaire,  et  qu’elles  avaient 
pu  etre  ams.  déposées  sur  les  pentes  d’un  sommet  préexistant. 
Une  opinion  differente  était  appuyée  par  les  différons  sens  d'in- 
clinaison de  couches  argileuses  et  sableuses,  inclinaison  qui  atteint 
jusqu  a vingt  pieds  autour  du  mamelon  jurassique , et  par  l’exis- 
tence d un  phenomene  a peu  près  analogue  dans  les  Laids  du 

kÜais  hlre  SUl  k C°te  °PP°Sée  de  rAnSIeterre  et  dans  le  Bou- 

§ 4o.  - Le  terrain  jurassique  de  la  Charente-Inférieure  ré- 
cemment  étudié  par  M.  Bertrand  Geslin , ne  lui  a pas  présenté  Ls 
différons  étages  distingues  par  M.  Dufresnoy,  mais  seulement  le 
système  moyen  dont  La  Rochelle  serait  le  type.  M.  Bertrand  Ges! 
hn  n a pu  reconnaître  d’argile  ( V argile  d’ Oxford)  intermédiaire 
aloolitheinfeneureet  à l’oolithe  moyenne;  il  partage  en  cela 
1 opinion  de  MM.  de  Cressac  et  Manès,  qui  ont  décrit  ce.  te 
postérieurement  à M,  Dufresnoy.  M.  Roulland  a remarqué'^ 
les  couches  oohthiques  a nérinées  dp  pp  ^ ^ue 

généralement  à la  craie  , alternaient  avec  l^lum^!^ 
giles  a gryphees  virgules.  Seraient-elles  donc  plutôt  une  dépen- 


DE  LA  SOCIÉTÉ  EN  1 83 1 . 289 

dance  du  système  oolithique  supérieur? 

§ 4°  frfr*  — C’est  au  calcaire  jurassique  moyen  du  même  pays 
qu’appartiennent  des  fossiles  singuliers  , sur  lesquels  M.  Fleuriau 
de  Bellevue  a fixé  l’attention  de  la  société.  Ces  corps , qui  sem- 
blent , au  premier  coup  d’œil , avoir  appartenu  à des  alcyons  ou 
à des  éponges , consistent  en  tiges  et  en  rameaux  très  anastomosés, 
très  flexueux , se  terminant  à l’une  des  extrémités  en  massues 
alongées , comme  Y alcy onium  tulipa  du  Green-Sand.  Ils  compo- 
sent , aux  environs  de  La  Rochelle  , une  couche  de  près  d’un  pied 
d’épaisseur,  sur  une  étendue  de  7 à 800  mètres , intercalée  au 
milieu  de  l’oolithe  moyenne.  Ces  fossiles,  qui  ne  montrent  pas  à 
l’intérieur  la  moindre  structure  organique , ont  rappelé  la  pré- 
sence en  d’autres  localités  de  fossiles  d’une  forme  extérieure  assez 
analogue.  Les  uns  sont  de  véritables  polypiers  de  l’ordre  des 
alcyonnées  (les  paramoudra , les  caricoïdes , les  halliroé , etc.)  ; 
les  autres  sont  probablement  d’épais  fucus,  et  c’est  à cette  der- 
nière classe  que  m’ont  paru  ressembler  davantage  les  corps  dé- 
couverts à La  Rochelle. 

§ 41-  — C’est  en  partie  à la  formation  crayeuse  et  en  partie  à 
la  grande  formation  jurassique  que  se  rapportent  les  observa- 
tions, aussi  neuves  qu’intéressantes,  que  M.  Botta  fils  vous  a 
adressées  sur  la  structure  géognos  tique  du  Liban  et  de  V Anti- 
Liban , accompagnées  d’une  nombreuse  série  d’échantillons  de 
roches  et  de  fossiles.  En  voici  les  principaux  résultats  : 

Cette  chaîne  court  à peu  près  N .-S.  ; le  Liban  et  le  Sannine  en 
sont  les  deux  plus  hauts  sommets  ; les  pentes  sont  très  rapides,  et 
forment  presque  une  muraille  de  4 à 5 lieues  de  largeur.  La  di- 
rection des  couches  est  N-.N.-E.  S. -S. -O.,  presque  parallèles  à la 
chaîne.  Leur  inclinaison  est  à l’O.-N.-O.,  à peu  près  dans  le  sens 
des  pentes  et  jusqu’à  la  verticale;  tandis  que  les  strates  du  sommet 
sont  restés  à peu  près  horizontaux.  Voilà  bien  un  exemple  de  sou- 
lèvement et  de  redressement  de  couches  réunis. 

Ces  montagnes  se  composent  de  trois  différens  terrains  , qu’un 
ensemble  de  caractères  zoologiques  et  géologiques  permet  de  rap- 
porter aux  trois  formations  suivantes  : 

i°  Calcaire  jurassique  supérieur,  à nérinées  ; 

a°  i Grès  ferrugineux  et  grès  vert; 

3°  Calcaire  crétacé , à sphérulites  et  à gryphées  voisiiies  de 
celles  du  Salève. 

Leur  ensemble  rappelle  en  grand  le  terrain  crétacé  des  Bou- 
ches-du-Rhône et  du  Périgord. 

L’auteur  décrit  trois  principales  coupes  de  cette  chaîne , celle 
Soc.  géoL  Xom.  II.  19 


2 gO  RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX 

de  la  vallée  du  fleuve  du  Chien , celle  du  mont  Sannine  et  cefle 
du  mont  Liban  proprement  dit.  Dans  toutes  trois  on  retrouve  la 
même  succession  de  couches  , à de  légères  nuances  près,  c’est-à- 
dire  un  terrain  de  sable  et  grès  ferrugineux  entre  deux  puissans 
systèmes  calcaires,  avec  silex,  fossiles  nombreux  et  cavernes, dont 
quelques  unes  à ossemens.  C’est  dans  des  couches  schisteuses  du 
calcaire  supérieur  à sphérulitès  que  sont  les  gisemens  de  poissons 
depuis  long-temps  connus  des  naturalistes.  Le  plus  important , 
celui  d’Hakel,  est  à une  très  grande  élévation  au-dessus  de  la 
mer  ; celui  de  Sahel-Aalma  n’est  qu’à  3oo  pieds  : il  appartient  aux 
couches  inférieures  du  même  groupe , mais  les  espèces  paraissent 
être  toutes  différentes,  ainsi  que  les  circonstances  de  leur  gise- 
ment. Le  terrain  sableux  contient  des  mines  de  fer  et  des  lignites 
exploités  ; à la  surface  on  rencontre  , dans  une  seule  localité  , du 
porphyre  pyroxénique  en  boules  au  milieu  d'une  espèce  de 
wacke.  Sur  toute  la  côte  de  Syrie,  depuis  Beyrout  jusqu’à  Tri- 
poli , on  trouve  de  distance  en  distance  des  aggrégats  coquilliers 
de  formation  récente , qui  se  durcissent  à l’air , comme  on  l’a  si 
long-temps  prétendu  de  ceux  de  Messine  et  de  la  presqu’île 
d’Aboukir,  en  Egypte. 

La  chaîne  calcaire  du  Liban  montre  des  traces  de  violens  bou- 
leversemens;  les  assises  supérieures  semblent  avoir  été  soulevées  et 
s’être  fait  jour  à travers  les  autres,  qui  se  seraient  écartées  , re- 
dressées en  sens  contraire.  Le  soulèvement  ou  le  brisement  des 
couches  semble  avoir  eu  lieu  suivant  une  ligne  parallèle  à la 
chaîne , mais  un  peu  à l’ouest  de  son  axe. 

Ce  Mémoire,  dont  nous  devons  désirer  la  publication  daps  le 
premier  volume  de  nos  Mémoires,  confirme  et  augmente  les  con- 
naissances que  l’on  avait  déjà  de  la  Syrie  et  de  la  Palestine  , où 
l’on  avait  surtout  décrit  des  calcaires  secondaires  et  des  roches 
volcaniques. 

§ 4.2  , 4^  ? 44  5 4$-  — Les  nombreuses  observations  que  nous  a 
communiquées  M.  de  Munster,  de  Bayreuth,  sur  les  ammonées,  les 
nautilacées,  les  bélemnites  et  les  nummulites,  sont  presque  toutes 
relatives  à des  fossiles  de  terrains  secondaires  , dont  ses  collections 
sont  si  riches. 

§ 42.  - Ammonées.  — M.  de  Munster  a distingué  trois  groupes 
dans  la  famille  des  ammonées , dont  les  différences  organiques  coïn- 
cident, avec  des  différences  de  gisemens , depuis  les  terrains  les  plus 
anciens  jusqu’à  la  craie  inclusivement  : les  ammonées  des  terrains 
de  transition,  celles  du  muschelkttlk  et  celles  des  calcaires  secon- 
daires récens . Il  n’en  reconnaît  point  au-dessus  de  la  craie  , non 
plus  qu’aucun  autre  géologue.  Chacun  des  types  caractérise  un 


DE  LA.  SOCIETE  EN  1 83  ï . 29 1 

grand  système  de  couches;  ces  types  principaux  sont  les  mêmes 
que  ceux  de  MM.  de  Buch  et  de  Haan. 

Quoique  M.  de  Munster  n’ait  établi  ses  résultats  que  sur  les 
fossiles  d’Allemagne  , il  est  facile  de  reconnaître  qu’ils  s’appli- 
quent également  à ceux  de  France,  d’Angleterre,  de  Suède  , et 
même  aux  terrains  de  transition  de  l’Amérique  septentrionale. 

i°Les  ammonites  des  terrains  de  transition  appartiennent  à des 
genres  particuliers,  les  'goniatit.es  et  les  cératites  de  M.  de  Haan  , 
très  distincts  des  ammonites  proprement  dites.  Elles  forment  pas- 
sage aux  nautiles  ; leurs  loges  et  leurs  selles  sont  entièrement  lisses . 
L’auteur  en  Connaît  dix-neuf  espèces,  provenant , la  plupart,  des 
parties  les  plus  anciennes  du  terrain  de  transition  (du  calcaire 
marbre  de  Bayreuth);  elles  sont  beaucoup  plus  rares  dans  les 
couches  plus'  récentes , le  calcaire  de  l’Eiffel  par  exemple. 

On  ne  voit  jamais  dans  ce  terrain  d’espèces  à lobes  déchiquetés, 
caractère  des  espèces  plus  modernes. 

2°.  Les  ammonées  du  muschelkalk  , des  marnes  irisées , et  du 
keuper , terrains  dont , à raison  des  fossiles,  M.  de  Munster  ne  fait 
qu’un  groupe,  ont  les  lobes  seulement  dentelés  et  les  selles  lisses . 
Ce  caractère  est  si  saillant,  et  ces  espèces  sont  si  particulières  au 
muschelkalk  , qu’un  fragment  a souvent  suffi  pour  en  reconnaître 
l’âge,  vérifié  ensuite  par  la  superposition  directe.  L’auteur  en 
connaît  quatre  espèces. 

3°  Vient  enfin  la  grande  famille  des  véritables  ammonites  à 
lobes  et  à selles  également  déchiquetées , et  qui  se  trouvent  dans 
tous  les  systèmes,  depuis  le  lias  jusqu’à  la  craie.  Le  nombre  en  est 
prodigieux  , et  M.  de  Munster  pense  , ainsi  que  MM.  de  Buch  , de 
Haan  , et  la  plupart  des  zoologistes-géologues  qui  les  ont  étudiées, 
que  la  forme  et  Je  nombre  des  décliiquctures , la  position,  le  dia- 
mètre du  syphon  , permettront  d’y  reconnaître  des  sous-familles, 
/qui  caractérisent  probablement  autant  de  terrains. 

A cette  division , l’auteur  rapporte  les  orbulites,  les  baculites, 
les  hamites,  les  scaphites  et  les  turri  1 i tes , genres  qui  caractérisent 
également  l’ensemble  des  formation^  secondaires  supérieures  au 
muschelkalk,  jusqu’à  la  craie  inclusivement. 

§ 43.  Nautilackks.  — Les  naiitilacées  droites , ou  orthocèresy 
paraissent  à M . de  Munster  exclusivement  propres  aux  terrains  in- 
termédiaires. C’est-,  vous  vous  en  souvenez,  messieurs,* la  solution 
de  cette  question,  qui  a valu  à la  Société  les  premières  commu- 
nications de  ce  savant.  On  peut  cependant  encore  lui  opposer 
deux Objections  : l’une  est  l’existence  d’une  très  petite  01  thocère, 
que  M.  de  la  Bêche  a figurée  comme  provenant  du  lias  de  Lime- 


RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX 


*92 

Regis  et  une  autre  petite  espèce  d’orthocère,  qui  a été  présentée 
par  M.  Boue,  comme  provenant  du  calcaire  salifère  du  Salzbourg, 
de  l’âge  du  grès  vert.  Mais  il  serait  possible,  de  l’aveu  même  de 
l'auteur  de  cette  dernière  découverte , qu’il  existât  sur  ce  point 
un  petit  relèvement  de  calcaire  intermédiaire;  et  quanta  l’autre, 
son  extrême  ressemblance  avec  Y orthoceratites  gracilis  figurée 
par  Blumenbach  et  reconnue  dans  des  schistes  de  transition  , 
permettraitde  supposer  qu’un  fragment  schisteux  intermédiaire  se 
serait  glissé  dans  des  collections  de  fossiles  du  terrain  auquelM.de 
la  Bêche  la  rapporte. 

La  grande  masse  des  orthocères , dont  M.  de  Munster  compte 
plus  de  trente^  espèces , la  plupart  des  couches  de  transition  les 
plus  anciennes,  offre  toujours  l’un  des  fossiles  les  plus  caractéris- 
tiques de  ces  terrains.  Cet  observateur  a remarqué  qu’elles  sont 
bien  plus  rares  dans  le  calcaire  de  montagne,  ou  calcaire  de  transi- 
tion plus  récent  ; elles  sont  très  rares  dans  les  schistes  et  les 
grauwackes. 

M.  de  Munster  a réfuté  quelques  citations  fausses  ou  douteuses 
d’orthocères  dans  des  terrains  comparativement  nouveaux , et  il 
ne  doute  pas  que  ces  fossiles  , comme  beaucoup  d’autres , n’aient 
pu  y être  introduits  fossiles  déjà,  comme  l’auraient  été  des  galets 
inorganiques  : ce  ne  sont  le  plus  souvent  que  des  alvéoles  de 
grandes  bélemnites. 

Les  nautiles  proprement  dits  sont  les  seuls  céphalopodes  à 
syphon  qui  se  retrouvent  dans  tous  les  terrains,  depuis  les  cal- 
caires intermédiaires  les  plus  anciens  jusqu’à  la  nature  actuelle. 

Il  est  vrai  que  les  nautiles  de  transition  montrent  bien  le  carac- 
tère particulier  d’avoir  toutes  les  cloisons  concaves  , à bord  non 
courbé  , et  une  partie  à syphon  à peine  visible. 

L’auteur  distingue  deux  groupes  de  ces  nautiles  de  transition  , 
dont  il  n’a  point  retrouvé  les  espèces  dans  d’autres  terrains. 

Les  deux  espèces  de  nautiles , communs  dans  le  muschelkalk , 
forment  le  passage  des  groupes  du  terrain  de  transition  à ceux  des 
terrains  secondaires. 

L’auteur  divise  encore  en  deux  groupes  les  nautiles  apparte- 
nant aux  terrains  postérieurs  au  muschelkalk , jusqu’aux  ter- 
rains tertiaires  inclusivement. 

i°  Ceux  avec  des  cloisons  à bords  simples,  sans  lobes  et  non 
fortement  courbés.  Ce  sont  les  vrais  nautiles;  ils  se  retrouvent  en 
toutes  les  formations. 

•2°  Ceux  avec  des  cloisons  dont  le  bord  offre  des  anfractuosités 
sondulées  et  fortement  courbées  (Aganides  de  Montfprt).  Ils  ne  peu- 


DE  LA.  SOCIÉTÉ  EN  1 83 1 . 2q5 

vent  être  caractéristiques  de  formations  ; car  l’auteur  les  connaît 
également  et  dans  les  oolithes  et  dans  les  dépôts  tertiaires. 

g 44*  Bélemnites.  — M.  de  Munster  a confirmé,  pour  les 
terrains  secondaires  de  l’Allemagne,  les  résultats  de  MM.  de 
Blainville  et  Miller  pour  la  France  et  l’Angleterre  , savoir,  qu’il 
n’existe  point  de  bélemnites  dans  les  terrains  de  transition  ; que 
ces  fossiles  commencent  au  lias , et  ne  s’élèvent  pas  au-dessus  de 
la  craie  : il  n’en  connaissait  point  dans  le  muschelkalk,  et  a com- 
battu les  observations  contraires. 

Cependant  M.  Woîtz,  qui  a rendu  tant  d’autres  services  à la 
science,  vous  a fait  connaître  que  le  muschelkalk  de  Marback 
avait  présenté  à M.  d’Althaus  une  alvéole  de  ce  fossile,  mais  sans 
traces  de  gaîne  : toutefois,  il  ne  doute  pas  qu’on  n’ait  trouvé  des 
bélemnites,  si  non  dans  le  muschelkalk  même , du  moins  dans  des 
couches  à peu  près  contemporaines , dans  les  marnes  du  Keuper. 

M.  de  Munster  a adopté,  d’après  M.  de  Blainville,  pour  carac- 
tère distinctif  de  ces  fossiles,  et  pour  leur  distribution  par  forma- 
tions, la  fente  ou  la  gouttière  de  leur  base  et  de  leur  sommet.  Les 
plus  anciennes,  celles  du  lias  n’en  ont  point  à la  base  , mais  elles 
en  ont  jusqu’à  trois,  fort  courtes,  à la  pointe.  Les  bélemnites  des 
oolithes  supérieures  ont  à la  base  une  gouttière  qui  ne  dépasse  ja» 
mais  la  moitié  du  fourreau  ; celles  de  la  craie  ont  à la  base  cette 
gouttière  courte  et  large  si  caractéristique,  qu’elle  s’est  retrouvée 
dans  les  bélemnites  de  la  craie  de  tous  les  pays  , depuis  Mcudon 
jusqu’en  Scanie. 

M.  de  Munster  a présenté  d’autres  distinctions  des  bélemnites 
plus  ou  moins  en  rapport  avec  celles  admises  par  MM.  de  Blain- 
ville, Woltz  et  Miller  • mais  son  travail,  étant  sur  le  point  d’être 
publié  en  français,  avec  les  dessins,  on  y pourra  trouver  des  dé- 
tails qui  ne  furent  pas  suffisamment  saisis  lors  d’une  première 
communication  à la  Société. 

g 45.  INTummulites  — Tous  devez  encore  à M.  de  Munster 
quelques  observations  sur  les  nummuutes.  Il  n’en  connaît  point 
dans  la  craie  , ni  dans  le  sol  tertiaire  de  la  Bavière,  les  deux  ter- 
rains qui  en  contiennent  le  plus  , et  presque  exclusivement . dans 
d’autres  contrées , particulièrement  les  calcaires  secondaires  de 
l’Istric,  des  Alpes  et  des  Pyrénées.  M.  de  Munster  a toutefois  re- 
cueilli plusieurs  centaines  d’espèces  d’autres  céphalopodes  foi  ami- 
nés dans  les  terrains  tertiaires  de  l’Allemagne.  Il  a aussi  reconnu 
des  nummulites  dans  les  Alpes  bavaroises  entre  la  craie  et  les  ter- 
rains secondaires;  mais  non  point  dans  le  muchelkalk  du  même 
pays,  ni  dans  la  craie  de  Maestriclit,  comme  on  l’a  répété. 


RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX 


*94 

Nous  avons  déjà  vu  que  MM.  Sedgwick  et  Murchison  ont  dis- 
tingué dans  la  même  contrée  deux  sy  stèmes  à nummulites,  l’un  de 
l’âge  de  la  craie  et  du  green-sand ; l’autre  comprenant  les  couches 
qu’ils  ont  nommées  tertiaires  de  transition.  Viendrait  un  troisième 
grand  système,  celui  du  calcaire  grossier , inférieur  aux  plus  an- 
ciens terrains  tertiaires;  puis  enfin  un  quatrième  , des  calcaires 
tertiaires  récens,  ou  quaternaires,  de  ces  conglomérats  à polypiers 
du  Leithagebirge , où  les  nummulites  paraissent  également  très 
abondantes  : mais  pour  établir  ces  systèmes  nummulitiques  qu’on 
peut,  ce  me  semble  , déjà  distinguer,  une  bonne  monographie  de 
ce  genre  si  difficile  serait  bien  désirable.  Un  géologue  anglais  du 
plus  grand  mérite , M.  Lonsdale , conservateur  actuel  des  collec- 
tions de  la  Société  géologique  de  Londres,  a commencé  à s’en  oc- 
cuper, et  il  est  parvenu  à distinguer  déjà  quatre  ou  cinq  espèces 
dans  celles  des  Alpes  autrichiennes  seulement.- 

§ 4^.  — Les  coquilles  de  l’ordre  des  Rudistes  ont  été  l’objet 
d’opinions  et  d’un  classement  très  divers.  M.  Lamarck  lésa  placées 
dans  les  cloisonnées ; M.  de  Blainville  dans  les  multigaines  ; M.  Des- 
moulins en  fit  aussi  des  corps  voisins  des  balanes,  supposant  le 
birostre  déposé  dans  une  matière  cartilagineuse. 

M.  Desliayes  en  a fait  des  coquilles  bivalves,  qu’il  place  entre 
les  chahve-s  et  les  ostraçées  ,.,et  ne  voit  plus,  dans  la  plupart  des 
Icthiosarcoîites , que  la  partie  corticale  des  coquilles,  le  test 
intérieur  ayant  été  détruit  comme  il  l’a  démontré  pour  d’autrës 
coquilles  du  groupe  des  spondyles.  Pour  lui , le  birostre  n’est  que 
le  moule  intérieur,  et  les  deux  cavités  du  test  persistant  sont  les 
tubes  d’insertion  des  crochets  de  la  valve  supérieure. 

M.  Roullaiid , à ans  les  observations  qu’il  vous  a présentées, 
propose  la  suppression  du  genre  ichly osar colite , prétendant 
qu’on  a fait  un  double  emploi  du  birostre  des  hippuritese  t des  sphé- 
rulites  tubuliformes  pour  former  les  iclityosarcolites.  Il  reconnaît 
le  syphon  marginal  double  comme  caractéristique  des  sphéru- 
lites , syphon  n’existant  pas  dans  les  hippurites , qui  ont,  au 
contraire,  à la  valve  inférieure,  deux  arêtes  doubles  à gauche 
de  la  carène.  Les  caprines  même  de  M.  Dorbigny  pourraient  bien 
en  partie , selon  M.  Roulland,  n’être  que  des  hippurites , auxquelles 
il  réunit  aussi  le  genre  sphérulite. 

§ 4*7 - — Le  même  observateur  a confirmé  la  découverte  faite 
depuis  plusieurs  années,  par  MM.  Dufresnoy,  de  Cressac  et 
Manès,  de  milliolites  dans  les  couches  oolithiques  à nerinées  de 
la  craie  de  Saintonge  et  d’autres  provinces  méridionales,*  mais 
ayant  étudié  au  microscope  des  échantillons  de  ces  roches  de  la 


DE  LA  SOCIÉTÉ  EN  1 85  1 . 2 96 

Charente,  il  a reconnu  que  la  plupart  des  plus  petits  grains  d’oo- 
lithe  dont  elles  sont  formées  étaient  de  véritables  alvéolites, 
des  melonies  et  d’autres  coquilles  multiloculaires,  long-temp  s 
regardées  comme  postérieures  à la  craie. 

§ 48  et  49-  — L’intéressante  découverte  faite  par  M.  Buc- 
kland  de  fœces  fossiles  d’animaux  de  toutes  les  classes , enfou  i s 
dans  presque  toutes  les  formations , et  auxquels  il  a donné  le  nom 
commun  de  coprolites , fut  des  plus  rapidement  généralisées,  quo  i 
que  des  plus  neuves. 

La  belle  collection  de  ces  corps  , que  la  société  a reçue  de 
M.  Buckland  lui-même , a été  l’occasion  de  doutes  exprimés  par 
deux  de  vos  membres  , non  sur  la  généralité  de  la  curieuse  obseï  - 
vation  de  M.  Buckland , qui  les  considère  essentiellement  comme 
les  fœces  des  animaux  dont  on  trouve  les  débris  dans  les  mêmes 
couches,  mais,  sur  l’origine  de  quelques  uns  d’entre  eux.  M.  de 
Blainville  remarquant  que  les  matières  fécales  des  reptiles  se  trou- 
vent dans  un  cloaque  sans  disposition  en  spirale,  en  conclut  que 
les  coprolites  du  lias  n’ont  pu  appartenir  aux  Mégalosaures  ni 
aux  Plésiosaures,  et  qu’à  tort  on  les  avait  comparés  à des  moules 
pris  dans  le  rectum  de  la  raie  disposé  au  contraire  en  valvules 
spiriformes.  M.  de  Blainville  ne  nie  point  toutefois  qu’on  ne 
puisse  trouver  des  coprolites  de  reptiles,  aussi  bien  qu’il  reconnaît, 
avec  M.  Buckland,  la  réalité  et  l’intérêt  de  cette  découverte  pour 
les  fœces  d’animaux  d’autres  classes  (mammifères,  poissons,  etc.). 

M.  Boubée  a émis  l’opinion  que  les  coprolites  pourraient  bien 
n’être  souvent  que  des  moules  d’intestins  , puisqu’ils  en  présen- 
tent si  exactement  la  forme , la  matière  pierreuse  ayant  pu  s’y 
introduire  après  la  mort  de  l’animal,  gonfler  l’intestin,  et  s’y  pé- 
trifier avec  la  matière  animale  elle-même. 

§ 5o.  — Les  poissons  fossiles  sont  plus  habituellement  repré- 
sentés dans  la  formation  crayeuse  de  la  France  par  des  écailles 
disséminées  que  par  des  squelettes. 

M.  Clément  Mullet  vous  a présenté  de  la  craie  des  environs  de 
Troie  un  squelette  bien  conservé  qui  se  rapproche  du  genre  Zéa. 
Cette  espèce  paraît  assez  analogue  à une  des  belles  et  nombreuses 
espèces  de  la  craie  du  Sussex  figurées  par  M.  Mantell. 

§ 5i.  — Lu  offrant  à la  société  des  échantillons  de  gypse  co- 
quillier  du  mont  Wartberg  , près  de  Hcilbronn  en  Wurtemberg, 
M.  Boue  est  entré  dans  des  détails  fort  intéressans.  Cette  mon- 
tagne est  composée  des  marnes  gypsifères  du  keuper  reposant  sur 
des  lits  calcaires  du  muscliélkalk  ; les  couches  supérieures  de  ce  cal- 
caire compacte  sont  irrégulièrement  converties  en  gypse,  ou  traver- 


RAPPORT  SUR  UES  TRAVAUX 


*96 

sées  de  petits  filets  gypseux,  accompagnées  de  taches  de  galène , 
de  cuivre  oxidulé  et  carbonate  ; les  mêmes  réseaux  gvpseux  pas- 
sent du  muschelkalk  dans  le  keuper , et  représentent  au  mieux 
le  produit  de  ces  émanations,  sulfureuses  et  métalliques , qui  pa- 
raissent avoir  joué  un  si  grand  rôle  durant  la  plupart  des  pé- 
riodes géologiques.  Les  coquilles  fossiles  qui  se  sont  trouvées  sur 
le  trajet  de  ces  gaz  ont  été  partiellement  converties  en  gypse , fait 
analogue  à ce  que  j’ai  observé  très  habituellement  dans  les  co- 
quilles fossiles  de  l’oolithe  inférieure  d’Alençon  (Orne),  qui  sont 
en  partie  tapissées  delà  même  galène  et  baryte,  qui,  du  gra- 
nité, a pénétré  dans  les  bancs  calcaires,  très  probablement  aussi 
à l’état  de  vapeurs  acides  et  métalliques  (voir  les  § 34  et  36). 

Ve  SÉRIE.  MÉMOIRES  DE  GEOGRAPHIE  GEOGNOSTIQÜE. 

Il  me  reste  à vous  entretenir,  messieurs,  des  mémoires  qui, 
embrassant  une  certaine  étendue  de  pays  et  plusieurs  terrains  , 
pouvaient  difficilement  être  morcelés  sans  perdre  une  partie  de 
leur  intérêt. 

§ 52.  — M.  Boue  vous  a communiqué  une  Carte  géologique 
inédite  de  V Irlande,  coloriée  d’après  les  nombreuses  et  conscien- 
cieuses observations  recueillies  par  M.  Weaver , sur  une  contrée 
dont  il  a déjà  décrit  plusieurs  parties  et  le  mieux  étudié  ïâ  struc- 
ture : je  ne  pourrais  rien  ajouter  à ce  que  vous  a dit  M.  Boué  du 
mérite  de  ce  travail , qui  sera  sans  doute  publié  par  la  Société 
géologique  de  Londres. 

§ 53.  — C’est  encore  à M.  Boué  que  vous  devez  connaissance 
d’une  carte,  également  manuscrite,  du  Vicentin , dressée  par 
M.  Pasini.  Vous  vous  rappelez  que  cette  partie  de  l’Italie  sep- 
tentrionale a fourni  déjà  des  descriptions  importantes  à M.  Bron- 
gniart  pour  les  coquilles  de  terrains  tertiaires  des  plus  anciens  de 
l’Italie,  et  à M.  Maraschini  pour  la  structure  géologique  de  l’en- 
semble du  pays.  Cette  contrée  offre  un  grand  intérêt  pour  les 
relations  et  les  contacts  des  roches  pyroïdes  et  des  terrains  de  sé- 
diment. 

§ 54*  — En  déterminant  la  position  de  l’intéressante  caverne 
de  Miadet , M.  Jules  léissier  a rappelé  les  principaux  traits  de  la 
distribution  géographique  des  terrains  du  département  du  Gard , 
dont  M.  Dumas,  de  Sommières,  prépare  une  carte,  et  particuliè- 
rement des  environs  de  Nîmes  et  dJ Anduze.  On  y observe  les  for- 
mations suivantes,  ,des  plus  modernes  aux  plus  anciennes,  et  à 
peu  près  du  sud  au  nord. 


DE  LA  SOCIÉTÉ  EN  1 83  J . 297 

i°  De  Nîmes  à la  Méditerranée,  un  terrain  d’alluvion  analogue 
à celui  de  la  craie. 

20  Un  grand  système  d'eau  douce  superposé  à la  craie,  et  qui , 
de  l’est  à l’ouest , couvre  une  grande  partie  du  département,  et  se 
prolonge  dans  les  départemens  voisins  de  Vaucluse  , de  l’Aude  et 
de  l’Hérault.  Il  est  surtout  composé  de  calcaire , et  montre  aussi 
des  poudingues  et  des  marnes  sableuses.  C’est , je  crois,  dans  ce 
terrain  que  le  même  observateur  découvrit,  il  y a plusieurs  années, 
à Briguolles,  près  d’Anduze,  un  gisement  intéressant  de  reptiles. 

3°  Le  terrain  de  craie  est  l’un  de  ceux  qui  modifie  le  plus 
l’aspect  extérieur  du  soi  de  ce  département.  Il  comprend  une 
craie  compacte  et  oolitbique  employée  dans  la  plupart  des  grands 
monumens  romains  de  Nîmes  , qui  sont  bâtis  au  pied  des  collines 
crayeuses.  Cette  roche  paraît  dépendre  du  calcaire  à hyppurites ; 
on  la  voit  aussi  accompagnée  de  marne  bleue  et  de  craie  argileuse. 

4°  Le  calcaire  du  Jura  forme  des  montagnes  au  pied  des- 
quelles est  bâtie  la  ville  d’Anduze. 

5°  Le  lias,  plus  développé  que  la  formation  précédente,  com- 
mence à se  montrer  dans  les  vallons  voisins  de  cette  ville  ; il  se 
compose  , en  approchant  des  terrains  plus  anciens  vers  le  nord, 
de  calcaire  bleu  , dont  un  banc  est  très  riche  en  fossiles;  de 
schistes  noirs  et  de  dolomie  compacte.  C’est  dans  cette  dernière 
roche,  qui  forme  des  collines  près  d’Anduze,  que  s’ouvre  la  grotte 
du  fort  de  Miallet. 

6°  Des  grès  rouges , des  arkoses , des  marnes  irisées  , se  mon- 
trent entre  le  lias  et  les  terrains  de  transition. 

70  Celui-ci  enfin  , qui  constitue  surtout  la  chaîne  de  P aliènes, 
ramification  des  Cévennes  , est  formé  de  schistes  micacés  et  de 
granité  traversés  de  filons  de  wacke,  de  baryte  sulfatée,  de  quartz 
et  de  fer  sulfuré. 

g 55.  — Je  vous  ai  précédemment  rappelé  la  plupart  des 
faits  recueillis  par  MM.  Barbe  et  Robert  dans  une  course  géolo- 
gique eu  Lorraine  et  en  Suisse;  la  température  du  puits  d’ex- 
ploitation du  sel  de  Dieuze  , la  fontaine  intermittente  de  Masse- 
vaux  , le  travertin  de  la  vallée  de  Charmoz , et  le  fer  oolitbique 
déposé  dans  des  vallées  semblables. 

Ces  messieurs  ont  particulièrement  étudié,  en  outre,  le  calcaire 
jurassique  qui  forme  des  plaines  au  pied  des  Vosges,  de  Dieuze  à 
Baccarat;  le  passage  intime  de  l’oolithe  au  calcaire  compacte, 
les  amas  de  fossiles  roulés , irrégulièrement  disséminés  dans  le 
même  terrain  oolitbique  , entre  Porentruy  et  Bienne  , comme  le 
sont  les  coquilles  vivant  sur  les  rivages  actuels.  Ils  ont  aussi  fixé 


RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX 


298 

leur  attention  sur  les  grands  amas  de  cailloux  roulés  au  pied  du 
Jura,  entre  Haltkirk  et  Ferret,  et  sur  les  mêmes  terrains  de  trans- 
port et  les  blocs  erratiques  qui  s’élèvent  à une  très  grande  hau- 
teur aux  environs  de  Neufchâlel.  Ils  pensent , avec  plusieurs 
géologues  , que  le  Jura  n’était  primitivement  que  le  prolonge- 
ment des  Alpes,  et  que  les  blocs  y avaient  été  transportés  des 
cimes  alpines,  avant  la  séparation' violente  des  deux  chaînes,  et 
que  l’exhaussement  postérieur  du  Jura  aura  pu  les  placer  aux  ni- 
veaux élevés  où  on  les  trouve  maintenant;  ce  qui  ne  s’accorde- 
rait pas  avec  l’antériorité  que  M.  de  Beaumont  attribue  à cette 
dernière  chaîne  relativement  aux  Alpes. 

§ 56  et  57.  — Les  plus  intéressans  résultats  que  la  géologie, 
et  peut-être  les  sciences  naturelles  , aient  jusqu’ici  retiré  de  l’ex- 
pédition scientifique  de  Moréç , . sont  les  observations  recueillies 
et  qui  nous  ont  été  en  partie  communiquées  par  MM.  Boblaye 
et  Virlet,  attachés,  l’un  comme  ingénieur  géographe , l’autre 
comme  géologue,  à cette  même  expédition.  M.  Boblaye  vous  a 
lu,  sur  la  constitution  géognoslic/ue  de  ce  pays  , un  mémoire  ac- 
compagné d’extraits  de  son  Voyage  dans  V Argolide  et  dans 
l’île  d’Egine,  et  d’une  carte  fort  détaillée  de  cette  île. 

Cet  observateur  a reconnu  en  Morée  les  formations  suivantes  ; 
après  de  longues  et  pénibles  recherches , rendues  plus  difficiles  par 
la  prédominance  des  calcaires  et  des  pouddingues  sans  fossiles  : 

i°  Des  phyllades  et  des  mica-schistes  , qui  forment , entre  au- 
tres montagnes  , la  base  de  la  haute  chaîne  du  Tavgète. 

2°  Des  schistes  talqueux  et  diverses  autres  roches  feldspathi- 
ques  et  quarzeuses , associées  avec  la  plupart  des  marbres  variés 
qui  sont  entrés  , ainsi  que  les  calcaires  tertiaires,  mais  durant  les 
derniers  âges  , dans  la  construction  des  grands  monumens  de  la 
Grèce.  Les  roches  ont  tout-à-fait  l’apparence  des  terrains  de  trans- 
ition ; mais  leurs  relations  intimes  avec  le  groupe  suivant  doivent 
plutôt  les  faire  considérer  comme  secondaires  et  subordonnées  à 
la  formation  jurassique,  telles  qu’elles  se  montrent  modifiées  par 
les  soulèvemens  et  l’éruption  des  roches  cristallines  dans  les  au- 
tres grandes  chaînes  de  l’Europe. 

3°  Des  calcaires  gris  compactes  avec  bélemnites , avec  jaspes 
et  épanchemens  d’ophiolites,  paraissant  représenter  tout-à-fait  les 
systèmes  moven  et  supérieur  du  Jura. 

4°  Le  grès  vert  et  la  craie  compacte  à nummulites , dicérates  , 
hippurites  , entièrement  analogues  à ces  mêmes  formations  des 
Alpes  maritimes  , du  Mont-Perdu  , des  Alpes  autrichiennes  , et 
sans  doute  aussi  du  Liban  et  de  Sicile. 


DE  LA  SOCIÉTÉ  EN  l83l.  299 

Ce  système , si  important  dans  l’Europe  sud-orientale , ne 
paraît  pas  se  retrouver  dans  la  grande  série  (Trayeuse  du  nord  et 
de  Fouest.  Il  sJélève  jusqu’à  plus  de  2,000  mètres  au-dessus  de 
la  mer j des  roches  porphyriques  et  amvgdaloïdes  paraissent 
être  fréquemment  Associées  à ce  groupe  dans  toute  l’Argolide  et 
la  Laconie. 

5°  Des  argiles  et  des  pouddlngues  atteignant  à i,5oo  mètres, 
et  représentant  peut-être  dans  le  bassin  méditerranéen  les  terrains 
tertiaires  anciens  de  Paris.  Cette  formation  est  en  gisement  trans- 
gressif avec  le  groupe  suivant.  Des  pouddingues  de  la  Morée,  les 
uns  paraissent  subordonnés  au  groupe  crayeux  inférieur  (Mes- 
sénie) , les  autres  aux  terrains  tertiaires  (nord  de  la  Moréë). 

6°  Le  terrain  tertiaire  méditerranéen , soit  continental , soit 
littoral  : le  premier  remplissant  tous  les  hauts  bassins  intérieurs, 
souvent  couronnés  par  des  calcaires  d’eau  douce  ; le  second , 
formé  de  marnes  bleues  recouvertes  de  sables  calcarifères  , et 
offrant  le  plus  grand  rapport  avec  le  terrain  tertiaire  subapennin  ; 
il  s’étend  dans  les  grandes  vallées  du  Pamissus , de  FAlphée , de 
FEurotas,  et  couvre  les  riches  plaines  deFElide. 

7°  Des  brèches  coquillières  toutes  récentes  avec  débris  de  po- 
teries, et  cependant  à ciment  cristallin  , comme  le  calcaire  coral- 
lique  de  la  Méditerranée  plus  septentrionale. 

8°  Des  trachytes  et*autres  produits  de  volcans  anciens  qui 
forment  près  de  la  moitié  de  File  d’Egine,  et  dont  l’éruption  ne 
paraît  pas  remonter  au-delà  des  marnes  bleues.  Enfin  , des  traces 
d’éruption  , contemporaines^es  temps  historiques. 

Ces  différens  systèmes  ont  éprouvé  plusieurs  brisemens  et 
soulèvemens  ; M.  Boblaye  en  a reconnu  au  moins  trois  époques  , 
iddépendaminent  de  nombreuses  oscillations  partielles  et  locales. 

Le  soulèvement  des  principales  chaînes  de  la  Grèce  , surtout 
des  montagnes  de  l'Arcadie,  et  dirigées  du  nord-ouest  au  sud- 
est  , serait  contemporain  du  soulèvement  des  chaînes  parallèles  de 
l’Apennin,  et  des  Pyrénées,  et  antérieur  au  terrain  tertiaire. 

Une  seconde  révolution  aurait,  dans  la  direction  du  nord  au 
sud  , imprimé  , au  sol  de  la  Laconie  et  de  la  Messénie,  les  princi- 
paux traita  de  son  relief. 

Une  troisième  série  de  fractures  se  serait  opérée  sur  les  ter- 
rains tertiaires  de  FAttique  , de  FArgolide  , et  se  serait  prolongée 
jusque  dans  le  grand  massif  de  la  Morée,  suivant  une  direction 
est-nord  à ouest-sud  , direction  qui  coïncide  avec  celle  des  Alpes 
du  Valais  jusqu’en  Autriche. 

Je  ne  poursuivrai  pas  plus  loin  les  descriptions  si  précises  de 


RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX 


5oo 

M.  Boblaye  ; mais  vous  vous  souviendrez , messieurs , de  l’intérêt 
que  vous  a présenté  son  Itinéraire  de  Napoli  à Egine  , et  la  des- 
cription du  srallon  d’Epidaure , et  cette  observation  , que  les  tem- 
ples consacrés  en  grand  nombre  à Esculape  , dans  la  Morée  , 
étaient,  suivant  le  précepte  de  Vitruve , la  plupart  situés  sur  le 
bord  de  sources  d’eaux  vives  et  pures,  mais  nullement  minérales; 
comme  si  leur  salubrité , leur  fraîcheur,  au  milieu  d’arides  mon- 
tagnes , étaient  regardées  en  elles-mêmes  comme  un  remède  effi- 
cace, comme  un  bienfait  des  dieux. 

La  description  de  Y île  cC  Egine  par  M.  Boblaye  vous  a montré, 
dans  la  partie  méridionale  des  tracbytes,  au  centre  des  calcaires 
compactes  et  dans  le  nord  des  terrains  tertiaires  composés  de 
marnes  vertes , de  calcaire  grossier , de  conglomérats  trachy- 
tiques  et  de  calcaires  lacustres  : il  reconnaît  trois  époques  dans 
les  révolutions  plutoniques  de  cette  île , dont  la  plus  récente  date 
très  probablement  des  temps  historiques  , et  est  contemporaine 
de  l’éruption  du  volcan  de  Méthana. 

Ces  différentes  périodes  de  redressement  des  chaînes  de  la 
Morée  coïncident  avec  celles  que  M.  de  Beaumont , d’après 
l’étude  de  la  direction  des  chaînes , les  observations  et  l’examen 
des /échantillons  rapportés  par  MM.  Boblaye  et  Virlet,  a fait 
coïncider  avec  plusieurs  âges  des  chaînes  de  France  et  d’Italie. 

M.  Boblaye  avait  déjà,  en  1829  , adressé  quelques  observations 
géologiques  sur  la  Morée  qui  ont  été  insérées  dans  le  Bulletin  des 
sciences  naturelles  (octobre  1829).  Aux  premiers  aperçus  géolo- 
giques , M.  Boblaye  avait  joint  des  considérations  relatives  à la 
géographie  physique  , s’appliquant  avec  le  plus  grand  soin  à 
constater  les  relations  de  la  topographie  et  de  la  géognosie  de  la 
nature  du  sol  avec  son  relief. 

§ 57  bis.  — Avant  ces  travaux  de  M.  Boblaye  , la  géologie  de 
la  Morée  n’était  connue  que  pour  quelques  points  de  la  Messénie , 
et  hormis  les  environs  de  Modon  et  de  Navarin  , qui  furent  dé- 
crits presque  en  même  temps  par  un  autre  membre  de  cette  so- 
ciété , par  M.  Virlet , dans  une  lettre  adressée  à l’Académie  des 
sciences  , tous  les  autres  résultats  de  M.  Boblaye  sont  aussi  nou- 
veaux qne  piquans. 

Quoique  les  premières  observations  deM.  Virlet  n’aient  pas  été 
communiquées  à la  société  , comme  elles  forment  avec  les  précé- 
dens  mémoires  à peu  près  les  seules  notions  positives  que  nous 
possédions  sur  la  géologie  de  cette  contrée  si  classique  pour  l’an- 
tiquaire et  si  neuve  pour  le  géologue , il  ne  sera  sans  doute  pas 
sans  quelque  intérêt  d’en  retracer  ici  les  principaux  résultats. 


DE  LA  SOCIÉTÉ  EN  l85l.  3ol 

Dans  le  bassin  de  Navarin  et  de  Modon  , M.  Virlet  a décrit , 
outre  des  dépôts  alluviens  et  diluviens , un  calcaire  tertiaire  à 
nombreuses  coquilles  marines  , la  plupart  analogues  à celles  en- 
core vivantes  sur  les  mêmes  rivages,  et  parmi  lesquelles  se  trouve 
la  même  huître-grvphée  que  M.  Rozet  a rapportée  d’un  calcaire 
analogue  d’Oran  en  Barbarie.  Ce  terrain  tertiaire  couvre  les  som- 
mités des  collines  qui  bordent  les  vallées  de  ces  deux  villes; 
M.  Virlet  a reconnu  en  outre  un  système  puissant  atteignant 
au-delà  de  mille  mètres  de  hauteur,  formé  de  bancs  inclinés  et 
alternant  plusieurs  fois,  de  calcaires  compactes  et  schisteux,  de 
psammites,  de  jaspes  , de  phtanites,  d’argiles,  et  surtout  de  poud- 
dingues  en  masses  énormes.  Ce  terrain , qui  n’a  présenté  à M.  Vir- 
let ni  minéraux,  ni  fossiles  , se  prolonge  au-delà  de  la  vallée  de 
l’ancienne  Messénie. 

Sans  rapporter  aussi  nettement  que  l’a  fait  depuis  M.  Boblaye, 
à la  formation  du  grecn-scind , cet  ensemble  de  couches  , et  par- 
ticulièrement la  grande  masse  des  pouddingues  à ciment  siliceux 
du  grès  vert , qui  forment  la  plus  grande  partie  de  la  Messénie, 
toutefois  M.  Virlet  les  distingua  nettement  d’autres  amas  consi- 
dérables de  pouddingues  à ciment  calcaire  observés  par  M.  Bo- 
blave  dans  le  nord  de  la  Moréc  , ou  ils  s’élèvent  également  jus- 
qu’à 2,000  mètres  , et  que  plusieurs  géologues  regardent  comme 
tertiaires;  le  fait  le  plus  piquant  de  l’histoire  de  ces  pouddingues 
de  la  Messénie , plus  anciens  que  ceux  du  nord  de  la  Morée,  est 
leur  intime  liaison  par  alternances  avec  les  autres  systèmes  de  la 
formation  crayeuse  et  du  green-sand y il  en  résulte  que  cette 
dernière  grande  formation  avait  déjà  subi  des  dislocations  et  des 
modifications  importantes  avant  son  dépôt  complet,  puisque  les 
galets,  les  sables  et  les  cimcns  appartiennent  également  au  ter- 
rain du  grès  vert , au  milieu  duquel  ces  pouddingues  se  trouvent 
intercalés  avec  une  puissance  de  près  de  i ,000  mètres. 

Je  ne  puis  vous  parler  des  autres  observations  recueillies  par 
M.  Virlet  durant  un  voyage  de  près  de  deux  ans  tant  en  Morée 
que  sur  les  côtes  de  l’Asie  mineure  , à Srnyrnc,  à Constantinople, 
dans  les  Cyclades  ; il  se  propose  de  les  communiquer  successi- 
vement à la  société  , et  déjà  il  lui  a fait  don  d’une  collection  des 
principales  roches  anciennes  de  la  chaîne  du  Taygète. 

Les  autres  travaux  réunis  des  deux  géologues  français  attachés 
à l’expédition  purement  scientifique  de  Morée,  destinés  à être 
insérés  dans  la  relation  que  dirige  M.  le  colonel  Bory  Saint-Vincent, 
augmenteront  les  notions  que  nous  leur  devons  déjà  sur  ces 
contrées. 


002 


RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX 


§ 58  à 61.  — C’est  encore  à la  France  que  la  science  sera 
redevable  des  premières  notions  exactes  sur  la  géologie  de  la 
Barbarie . L’expédition  militaire  d’Alger  en  a fourni  l’occasion  , 
et  M.  Rozet , attaché  à l’armée  française  en  qualité  d’ingénieur 
géographe , vous  en  a communiqué  des  descriptions,  et  donné  à 
l’appui  de  ses  mémoires  des  collections  dont  la  nouveauté  aurait 
seule  déjà  un  grand  intérêt. 

Les  résultats  de  l’étude  que  ce  géologue  a faite  de  cette  partie 
de  l’Afrique  septentrionale  ont  été  consignés  dans  les  notices  que 
je  vous  ai  précédemment  citées.  J’y  ajouterai  sa  première  des- 
cription d’Alger,  qui  complétera  tout  ce  que  nous  possédons  jus- 
qu’ici sur  cette  contrée. 

Les  formations  reconnues  par  M.  Rozet,  sont  : «.un  terrain  de 
transition  formé  de  schistes  , de  calcaires  ; b.  le  lias  ; c.  le  cal- 
caire marneux  a poissons  di  Or  an , probablement  tertiaire  ; d.  un 
calcaire  noir  à fer  carbonaté  d’age  également  douteux  , mais 
aussi  probablement  tertiaire ; e.  les  vrais  terrains  tertiaires  sub- 
atlantiques , vaste  système  de  marnes  bleues  , de  calcaires  , de 
pouddingues  ; fi  le  terrain  récent  superméditerranéen  ; g.  à' an- 
ciennes allumions  ; h.  desN roches  volcaniques. 

Voyons  ces  terrains  dans  les  principales  localités  que  M.  R.ozet 
a observées. 

Alger.  — La  roche  fondamentale  d’Alger  et  du  pays  environ- 
nant est  un  schiste  talqueux,  à filons  de  quarz,  tout-à-fait  sem- 
blable à celui  de  Toulon.  Les  strates  en  sont  fort  tourmentés  y ils 
plongent  de  20  à 4$  degrés  au  sud*  ils  acquièrent  une  épaisseur 
de  5oo  mètres,  et  une  élévation  de  4oo.  Le  schiste  talqueux  passe 
à des  roches  que  M.  Rozet  rapporte  au  schiste  micacé  et  au  gneiss. 
Ce  dernier  recouvre  même  les  couches  talqueuses,  quoique  celles- 
ci  semblent  appartenir  aux  terrains  de  transition. 

Dans  le  groupe  talqueux  est  intimement  intercalé  , en  strati- 
fication concordante,  un  système  de  calcaire  gris  sublamellaire 
ou  blanc  saccarin , dont  l’épaisseur  atteint  îoo  mètres.  Ce  calcaire 
paraît  être  à M.  Rozet  de  transition,  comme  le  phyllade  tal- 
queux. Le  rapprochement  qu’il  a fait  plus  tard  d’un  calcaire  de 
l’Atlas  également  subordonné  à des  schistes  , avec  le  lias  d’Eu- 
rope, n’est  sans  doute  pas  applicable  ait  calcaire  d’Alger. 

Au  dessus  de  ce  groupe  ancien,  et  jusqu’à  une  hauteur  de 
236  mètres  sur  la  mer,  surtout  vers  la  pointe  de  Sidy-el-Ferruch , 
se  voit  un  terrain  tertiaire  qui  consiste  : i»  en  grès  calcaire  sem- 
blable au  calcaire  moellon  de  Montpellier  et  de  Provence  pour 
la  structure  et  les  fossiles  (grandes  huîtres,  grands  peignes)}  2°  en 


DE  LA  SOCIÉTÉ  EN  l83l.  5o3 

Un  calcaire  compacte  contenant,  dans  une  pâte  d’eau  douce, 
des  lymnées  et  des  hélices,  mêlés  à des  débris  de  coquilles  marines. 
3°  Enfin,  en  pouddingues  formés  de  débris  des  roches  anciennes 
environnantes. 

Ce  sol  tertiaire  paraît  s’étendre  en  petites  collines  sur  une  sur- 
face de  plus  de  vingt  lieues  Carrées  au  sud  d’Alger. 

Ce  double  rapport  des  terrains  tertiaires  et  de  transition  d’Al- 
ger, avec  ceux  du  sud-est  de  îa  France  *>ffre  une  analogie  curieuse 
entre  ces  deux  bords  opposés  de  la  Méditerranée,  analogie  qui , 
du  moins  pour  les  terrains  tertiaires  récens  , se  retrouve  sur  pres- 
que tout  le  contour  de  ce  vaste  bassin  , et  dans  la  plupart  des  îles 
de  cette  mer,  en  France,  Italie,  Sicile,  Sardaigne,  Malte,  Es- 
pagne, Grèce , et  sur  les  côtes  d’Afrique,  tant  vers  Tunis  et  l’est , 
que  vers  Alger  et  le  nord. 

En  décrivant  le  pays  parcouru  par  Vannée  française , dans 
V expédition  de  Méde'a  , M.  Pajzel  a fait  connaître  la  plaine  de 
Méditja,  située  entre  les  collines  tertiaires  au  sud  d’Alger,  for- 
mées de  marnes  bleues  recouvertes  de  grès  calcaires  semblables 
eficore  au  calcaire  moellon  de  la  Provence  , et  les  premiers  ra- 
meaux de  l’Atlas.  I/alluvion  ancienne  fort  épaisse  qui  recouvre 
cette  contrée  plate  paraît  postérieure  à toutes  les  dislocations  de 
couches  j elle  est  formée  de  couches  horizontales  de  marnes  argi- 
leuses et  de  galets  arrachés  des  chaînes  environnantes. 

A Bleida,  les  rameaux  bas  du  petit  Atlas  atteignent  leur  plus 
grande  élévation  , qui  est  de  1/200  mètres.  La  crête  en  est  décou- 
pée et  les  flancs  très  déchirés;  des  deux  côtés  il  paraît  se  perdre 
dans  la  mer  ; il  est  formé  vers  sa  base  d’un  terrain  que  M.  Rozet 
a pensé  être  de  même  nature  (schiste  et  calcaire  de  transition) 
que  celle  de  Beaujareali,  près  Alger,  et  plongent  de  même  au  sud. 

Les  pentes  supérieures  observées  directement  par  M.  Rozet  lui 
ont  présenté  une  formation  du  calcaire  gris  noirâtre  , compacte, 
ou  marno-schisteux  , accidentellement  bréchiforme.  Ce  calcaire 
est  traversé  par  de  nombreux  filons  verticaux  de  fer  hydraté  et 
carbonate,  de  baryte  sulfaté,  de  cuivre  grh  et  carbonate,  et 
de  spath  calcaire.  Il  est  très  généralement  incliné  de  10  à 70  de- 
grés au  sud.  Ce  calcaire  constitue  presque  tout  le  versant  sud  du 
premier  chaînon  de  l’Atlas  , et  forme  des  montagnes  hautes  de 
1,100  mètres.  Les  fossiles  peu  nombreux  queM.  Rozet  y a obser- 
vés (fragmens  d’huîtres,  de  bélcmnites,  de  coquilles  du  genre  Pos- 
sidonie),  et  surtout  l’aspect  général  de  l’ensemble  de  cette  forma- 
tion, ont  porté  M.  Rozet  à y reconnaître  le  Lias  tout-à-fait  ana- 
logup  à celui  de  notre  continent. 


RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX 


5o4 

Au  sud  de  ce  premier  chaînon  calcaire  , qui  paraît  s’étendre 
fort  loin  , de  l’est  à l’ouest , M.  Rozet  a observé  , entre  les  deux 
bras  de  l’Atlas,  un  grand  dépôt  du  même  terrain  tertiaire  qu’il 
avait  déjà  observé  près  d’Alger.  Ce  terrain  , toujours  analogue  à 
celui  des  collines  subapennmes  , et  d’autres  points  du  littoral  de 
la  Méditerranée , et  formé  comme  lui  à la  base  de  marnes  argi- 
leuses bleuâtres  non  stratifiées,  atteignant  une  épaisseur  de  plus 
de  ioo  mètres.  Cette  marne  contient  du  gypse  laminaire  exploité 
dans  le  voisinage  de  Média  • M.  Rozet  y a vu  des  peignes  et  des 
bucardes  : plus  au  sud  , elle  est  surmontée,  comme  dans  les  col- 
lines subapennines , d’uu  grès  jaune  ferrugineux , en  masses 
cariées,  alternant  avec  des  sables  aussi  ferrugineux.  Ce  système 
supérieur  plonge  de  20  degrés  au  nord  , et  constitue  des  escarpe- 
mens  nus,  et  atteignant  une  épaisseur  de  3o  à 5 o mètres;  on  y 
trouve  des  peignes  depetuncles,  et  une  immense  quantité  de  ces 
grandes  huîtres  si  caractéristiques  du  calcaire  moellon  de  la 
France  méridionale,  et  qui  atteignent  jusqu’à  3 décimètres.  Elles 
paraissent  être  dans  le  lieu  où  elles  ont  vécu. 

Jusqu’à  Media , trois  lieues  sud-est  de  l’Atlas,  et  tout  autour  de 
cette  ville  , le  terrain  tertiaire  subatlantique  règne  exclusivement 
dans  le  même  ordre  de  superposition  ; il  constitue  de  petites  col- 
lines et  des  montagnes  , dont  plusieurs  atteignent  une  hauteur  de 
1,000  mètres,  se  terminent  par  des  plateaux  , et  sont  coupées  de 
vallées  profondes  à bords  très  escarpés. 

Cette  formation  est  tout-à-fait  identique  avec  celle  que  M.  Ro- 
zet a reconnue  au  nord  de  l’Atlas  et  de  la  plaine  de  Méditja , et 
qui  s’étend  sur  les  côtes  voisines  d’Alger;  elle  aurait  été  déposée 
en  même  temps  sur  les  deux  versans  du  petit  Atlas,  mais  non 
dans  l’intérieur  de  la  chaîne  presque  parallèle , qui  s’étend  fort 
loin  à l’est  et  à l’ouest,  et  semble  se  terminer  au  sud  par  une  se- 
conde chaîne  , que  l’auteur  a considérée  comme  le  grand  Atlas. 
Les  principaux  sommets  étaient  à quarante  lieues  de  Média  ; le  sol 
tertiaire  paraît  occuper  tout  l’intervalle  de  ces  deux  chaînes,  et  y 
constituer  des  groupes  de  collines  échelonnées  du  nord  au  sud. 

Confirmant  et  développant  ses  premières  descriptions  dans  une 
coupe  de  Sidi-el-Ferruch  à Alger,  M.  Rozet  a montré  les  diverses 
superpositions  du  terrain  tertiaire  au  gneiss,  et  a signalé  les  nom- 
breux fossiles,  peignes,  bucardes,  grands  clvpéastres,  huîtres,  po- 
lypiers , toujours  d’une  physionomie  parfaitement  analogue  à ces 
couches  marines  tertiaires  de  la  Provence,  de  la  Corse  et  delà 
Sardaigne. 

A 1,000  mètres  de  l’ancien  Rustonium,  M.  Rozet  a observé  des 


DB  LA  SOCIÉTÉ  EN  1 83 1 . 3o5 

porphyres  trachy  tiques  perçant  les  terrains  tertiaires  dont  ils  ont 
relevé  les  couches.  N’est-ce  pas  un  gisement  analogue  aux  tra 
chytes  de  l’île  d’Egine  et  de  la  côte  sud-occidentale  de  la  Sar- 
daigne? 

Le  schiste  talqueux  qui  forme  le  fond  du  sol  sur  la  côte  d’Al- 
ger se  montre  le  même  dans  la  province  de  Titerv,  et  y est  éga- 
lement recouvert  de  collines  tertiaires. 

Dans  son  dernier  Mémoire  , M.  Rozet  a fait  connaître  les  en - 
virons  cï  Oran , dont  la  structure  géologique  se  lie  au  même 
système  que  la  côte  d’Alger.  Oran  est  situé  dans  une  baie,  sur  les 
bords  d’une  vaste  plaine  tertiaire  , qui  s’étend  au  sud , à Test,  et 
dont  les  inégalités  se  prolongent  jusqu’aux  pieds  de  l’Atlas,  dis- 
tant de  b ou  7 lieues.  La  ville  est  bordée  à l’ouest  par  des  collines 
hautes  de  4 à 5oo  mètres,  et  formées  de  schiste  de  transition  , plu- 
tôt ardoisier  que  talqueux,  en  lits  souvent  verticaux,  recouverts 
de  lits  tertiaires  également  inclinés,  dont  la  partie  inférieure  pré- 
sente un  amas  immense  de  coquilles  regardées  par  M.  Rozet 
comme  identiques  avec  celles  qui  vivent  dans  la  nier  voisine. 

Les  couches  tertiaires  de  la  plaine,  toujours  horizontales,  sont 
alternativement  marneuses  et  calcaires;  l’une  d’elles,  plus  blan- 
che , plus  feuilletée,  contient,  comme  le  terrain  d’eau  douce 
d’Aix  en  Provence,  un  très  grand  nombre  de  poissons  fossiles, 
donl  M.  Rozet  a reconnu  trois  espèces , qu’il  présuma  être  d’eau 
douce.  Cette  détermination  ne  semble  cependant  pas  définitive, 
et  vous  avez  entendu  M.  Boué  vous  annoncer  cette  découverte 
comme  celle  d’un  gîte  de  poissons  marins  différent  de  celui 
d’Aix,  et  semblable  à l’un  de  ceux  du  Liban  , dépendant  de  la  for- 
mation crayeuse.  Des  bancs  de  grandes  huîtres  et  de  gryphées 
[Ostr.  ncivicularis,  espèce  identique)  recouvrent  cet  étage  moyen  ; 
la  base  de  ce  terrain  tertiaire  est  encore  çà  et  là  la  marne  bleue , 
et  le  dépôt  supérieur  une  brèche  tantôt  calcaire , tantôt  ferru- 
gineuse. 

L’une  des  montagnes  voisines  d’Oran  , à l’ouest , le  fort  Santa 
CruXf  est  en  partie  formée  , au-dessus  des  schistes  de  transition  , 
d’un  calcaire  noir,  compacte,  à lamelles  brillantes,  très  dense, 
et  parfois  cellulaire,  pénétré  de  veines  de  fer  oligiste.  Cette  même 
roche  s’étend  depuis  Oran  jusqu’au  cap  Fulcon  , où  elle  se  pénè- 
tre d’une  très  grande  quantité  de  fer  carbonate.  Les  apparences 
de  ce  calcaire  l’avaient  d’abord  fait  regarder  par  M.  Rozet  comme 
un  trapp  volcanique  ; mais  il  a reconnu  à son  retour  que  cette 
roche  avait  pu  seulement  être  modifiée  par  l’action  des  gaz  sou- 
terrains. L’âge  de  cette  roche  ne  paraît  pas  à M.  Rozet  aussi  cer 

Soc.  géol . Tome  II.  ao 


5o6  RAPPORT  ÂUR  LES  TRAVAUX 

tain  qu’il  l’avait  d’abord  annoncé  en  le  regardant  comme  posté- 
rieur aux  terrains  tertiaires. 

Mais  si  cette  roche  n’est  point  volcanique,  il  existe,  non  loin 
du  cap  Matifou,  des  porphyres  trachytiques  couverts  de  grès 
tertiaires.  Enfin,  une  brèche  ferrugineuse  avec  coquilles  spathi- 
sées,  analogues  à celles  de  la  mer  voisine , aurait  été  déposée  pos- 
térieurement à tous  les  terrains  tertiaires  de  cette  côte. 

Abordant  la  question  des  révolutions  du  sol  dans  cette  contrée, 
M.  Eozet  reconnaît  que  le  dépôt  du  terrain  tertiaire  subatlanti- 
que y est  postérieur  au  soulèvement  des  schistes,  et  que  dans  la 
chaîne  de  l’Atlas , le  terrain  secondaire  aura  été  redressé  entre  l’é- 
poque ool  ithique  et  la  fin  de  l’époque  crayeuse  ; postérieurement  le 
sol  tertiaire  aura  été  soulevé  jusqu’à  nulle  mètres;  mais  il  u’y  aurait 
pas  eu  de  grands  dérangemens  depuis  l’altérissement  diluvien.  La 
dislocation  de  l’Atlas,  antérieure  aux  terrains  tertiaires,  aurait  été 
parallèle  au  soulèvement  de  la  chaîne  principale  des  Pyrénées. 

M.  Rozet  avait  pensé  que  ses  observations  sur  ces  différens 
âges,  de  redressement  ne  coïncidaient  pas  avec  les  différentes  pério- 
des reconnues  parM.  de  Béaumont,  qu’il  croyait  n’admettre  pour 
cette  chaîne  qu’une  seule  époque  de  soulèvement  postérieure  au 
terrain  diluvien.  M.  B.ozet  fait  remarquer  de  nouveau,  i°  que 
le  terrain  diluvien  de  la  plaine  de  Mcditja  n’a  éprouvé  aucun 
bouleversement  ; ri°  que  les  terrains  secondaires  ont  été  redressés 
avant  le  dépôt  du. terrain  tertiaire,  puisque  les  marnes  bleues 
viennent  buter  en  plateaux  horizontaux  contre  les  marnes  in- 
clinées du  lias;  3°  enfin,  que  les  terrains  tertiaires  marins,  déposés 
dans  de  grands  golfes  au  milieu  de  la  chaîne,  auront  été  posté- 
rieurement élevés  au  grand  niveau  qu’ils  occupent  aujourd’hui 
par  le  soulèvement  de  l’Atlas. 

M.  deBeaumont,  dans  une  lettreadresséeleiôjanvieràM.  Arago, 
a répondu  qu’il  n’avait  jamais  énoncé  que  l’Atlas  format  une  chaîne 
unique  et  d’un  seul  jet  comme  les  Pyrénées;  mais,  qu’au  con- 
traire, il  le  considérait  comme  composé  de  plusieurs  ordres  de 
chaînons  se  croisant  dans  des  directions  différentes  , et  soulevés  à 
des  époques  diverses,  comme  les  Alpes  et  les  Apennins  ; qu’il  avait 
indiqué  dans  les  montagnes  de  la  Barbarie  des  dislocations  paral- 
lèles aux  Pyrénées,  et  comme  telles  antérieures  aux  terrains  ter- 
tiaires, et  reposant,  ainsi  que  l’a  indiqué  M.  Bozet,  sur  la  tranche 
des  couches  plus  anciennes. 

D’un  autre/côté,  le  fait  des  couches  tertiaires  s’élevant  obli- 
quement dans  l’Atlas  jusqu’à  mille  mètres , confirme  ce  qu’au- 
gurait M.  Elie  de  Beaumont,  qu’en  Barbarie , comme  eu  Pro- 


DE  LA  SOCIETE  EN  1 85 1 • So? 

vence,  les  derniers  soulèvemens  ont  été  postérieurs  au  dépôt 
des  terrains  tertiaires.  Des  alluvions  de  la  plaine  de  Méditja  ne 
paraissent  à M.  de  Beaumont  être  que  des  alluvions  plus  ré- 
centes que  le  dernier  grand  cataclysme. 

VIme  SÉRIE.  AGES  ET  DIRECTIONS  DES  CHAINES  DE  MONTAGNES, 

BRISEMENT  DES  COUCHES. 


§ 62  à 65.  — Vous  avez  remarqué  , messieurs,  dans  plusieurs 
Mémoires  dont  je  viens  de  tracer  l’analyse,  de  fréquentes  appli- 
cations de  la  théorie  des  brisures  , des  redressemens  , des  soulè- 
vemens à la  direction  des  couches  et  à l’âge  des  chaînes  de  mon- 
tagnes. M.  Boblaye  en  Murée,  M.  Rozet  en  Barbarie,  M.  Botta 
dans  le  Liban  , M.  de  Studer  dans  les  Alpes  , M.  Dufresnoy  et 
M.  Reboul  dans  les  Pyrénées,  ont  ajouté  plusieurs  faits  intéres- 
sans  à cette  branche  nouvelle , dont  la  géologie  française  a offert 
les  premiers  et  les  plus  ingénieux  développemens. 

Vous  vous  souvenez  aussi  d’avoir  déjà  entendu  M.  Elie  de 
Beaumont,  celui  de  tous  nos  géologues  qui,  avec  M.  de  Buch  , 
a ouvert  le  plus  largement  cette  route  nouvelle,  qui  en  a intro- 
duit les  principes  le  plus  avant  dans  la  science , et  qui  leur  a 
donné  le  plus  de  popularité  , vous  exposer  les  résultats  des  nom- 
breuses et  consciencieuses  observations  de  M.  Sedgwick,  sur  une 
partie  des  terrains  anciens  du  N. -O.  de  l’Angleterre. 

Trois  années  à peine  se  soiit  écoulées  depuis  que  M.  Elie  de 
Beaumont  a réuni  en  corps  de  doctrine  les  idées  capitales  et  les 
faits  qui  forment  la  base  de  celte  brillante  théorie,  admis  isolé- 
ment pour  la  plupart  par  d’autres  géologues  , mais  que  leur  isole- 
ment même  avait  rendus  moins  saillans  ; et  déjà  ces  principes  ont 
été  appliqués  à la  plus  grande  part  e des  chaînes  de  l’Europe. 

La  base  fondamentale  du  po.ut  de  vue  sous  lequel  M.  de  Beau- 
mont envisage  cette  question  repose  surtout,  vous  le  savez,  sur 
les  considérations  suivantes  : 

Le  redressement  des  couches  inclinées,  opéré  antérieurement 
au  dépôt  des  strates  horizontaux  qui  les  recouvrent.  Ce  fait  des 
gisemens  transgressifs  est  un  de  ceux  qui  ont  le  plus  ancienne- 
ment lixé  l’attention- des  géologues. 

La  coïncidence  générale  entre  la  direction  des  couches  et  celle 
des  chaînes;  celles-ci  s’étant  élevées  sur  autant  de  lignes  de  dis- 
locations. 

Le  parallélisme  constant  des  dislocations  d’une  même  épo- 
que et  des  chaînes  contemporaines,  même  à de  grandes  dis- 
tances. 


3o8  RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX 

Le  non-parallélisme  des  chaînes  et  des  couches  d’époques  diffé- 
rentes. 

Les  soulèvemens  en  dômes  ou  en  cirques,  les  intercalations  et 
injections  entre  les  couches  de  sédimens  de  roches  cristallines , 
sous  forme  de  filons  ou  de  culots,  et  non  en  coulées,  paraissent 
avoir  coïncidé,  comme  cause  déterminante,  avec  différens  systèmes 
de  dislocations,  et  être  devenus  le  noyau  , Taxe  de  chaînes  dont 
la  crête  est  formée"  de  ces  mêmes  roches  cristallines,  et  les  pentes 
de  strates  diversement  redressés.  Aux  porphyres  noirs,  pyroxé- 
niques  , d’abord  considérés  par  M.  de  Buch  comme  l’agent  pres- 
que unique  du  soulèvement  des  montagnes  , se  sont  bientôt  ajou- 
tées toutes  les  autres  masses  cristallines , regardées  jadis  comme 
primitives  , et  qui  forment  relativement  aux  principales  chaînes, 
tantôt  des  crêtes  centrales , .tantôt  des  séries  de  mamelons  au 
pied  de  leurs  pentes. 

L’apparition  des  plus  hautes  chaînes  aux  époques  les  plus 
récentes.  Et  parmi  les  conséquences  les  plus  immédiates  , des  al- 
térations, et  modifications  dans  les  couches  soulevées,  des  chan- 
gemens  dans  les  êtres  organisés  après  chacune  de  ces  périodes  de 
révolutions. 

La  distinction  de  plusieurs  terrains  diluviens,  produits  de  cha- 
cun de  ces  nombreux  cataclysmes.  Enfin,  de  très  fréquens  chan- 
gemens  dans  les  niveaux  et  la  nature  des  eaux  marines,  lacustres 
oufluviatiles,et  dans  les  limites  de  leurs  bassins,  dont  cette  théorie 
explique  bien  les  nombreuses  variations. 

Mais  ce  qui  distingue  particulièrement  le  point  de  vue  sous 
lequel  M.  de  Beaumont  a envisagé  l’origine  des  montagnes  et 
des  brisemens  de  couches , des  autres  interprétations  de  ces  deux 
phénomènes  , c'est  l’idée  de  leur  coïncidence  et  de  leur  liai- 
son intime  avec  les  changemens  géologiques  et  organiques  pro- 
duits entre  les  grands  étages  des  dépôts  de  sédiment,  c’est  l’in- 
fluence de  l'érection  de»  montagnes  sur  les  périodes  des  ter- 
rains; c’est  surtoutla  limitation  des  âges  des  montagnes  à treize  pé- 
riodes, personnifiées,  pour  ainsi  dire,  par  autant  d’exemples 
empruntés  aux  grandes  chaînes  * les  phénomènes  du  redressement 
se  seraient  manifestés  simultanément  à chacune  dans  des  contrées 
fort  éloignées , et  sous  l’influence  d’oscillations  parallèles.  C’est 
par  cette  détermination  précise  d’âges  et  de  noms  propres  que 
M.  de  Beaumont  diffère  davantage  de  l’opinion  de  plusieurs  géo- 
logues qui  admettraient  au  contraire  un  grand  nombre  d’oscilla- 
tions , de  dislocations  partielles  ou  locales  et  d’épanchemens  de 
roches  cristallines  , même  pendant  les  périodes  de  calme. 


DE  LA.  SOCIÉTÉ  EN  1 85 1.  3t>9 

M.  de  Beaumont,  au  contraire,  rapporte  ces  phénomènes  à 
ses  treize  grandes  périodes  de  disturbations , intermédiaires  aux  pé- 
riodes de  sédimens  tranquilles,  les  trois  plus  anciennes  jusqu’au 
terrain  houiller  inclusivement  - les  six  suivantes,  jusqu’à  la  fin  des 
terrains  secondaires  ; enfin  les  quatre  plus  récentes  , jusqu’au  der- 
nier grand  cataclysme  diluvien. 

Tels  sont,  si  je  ne  me  trompe,  les  points  et  les  résultats  les 
plus  saillans  de  cette  vaste  théorie  , dont  les  élémens  étaient  dis- 
séminés , et  n’ont  été  admis  qu’un  à un,  pour  ainsi  dire  , dans  la 
science.  Mais  les  difficultés  infinies  de  la  classification  des  diffé- 
rentes périodes,  et  des  observations  qui  doivent  en  être  la  base  , 
n’ont  pas  tardé  à fournir  sujet  à objections. 

Tout  en  abondaut  dans  le  sens  de  cette  ingénieuse  doctrine, 
tout  en  admettant  la  justesse  des  principaux  résultats  auxquels  ils 
étaient  eux- mêmes  arrivés  par  d’autres  voies,  plusieurs  géologues 
ont  commencé  à en  combattre  des  parties.  Deux  principes  sur- 
tout, qui  cependant  semblaient  être  les  plus  conformes  à la  sim- 
plicité habituelle  des  lois  de  îa  nature,  je  veux  parler  du  parallé- 
lisme invariable  des  fractures  de  la  surface  terrestre  à chaque 
révolution  , et  par  suite  la  divergence  des  fractures  non  contem- 
poraines, ont  été  contredits. 

Rien  ne  prouvait,  même  a priori,  si  ce  n’est  pour  des  espaces  peu 
étendus,  que  l’action  perturbatrice  intérieure  ne  se  fut  pas  mani- 
festée au  dehors  par  des  mouvernens  contraires  durant  une  même 
période,  et  que  ces  mouvernens  ne  se  fussent  pas  répétés  les 
mêmes  à différentes  époques.  Le  phénomène  des  trombîemcns 
de  terre  actuels  présente  en  effet  souvent  plusieurs  lignes  de  dislo- 
cations contemporaines.  Toutefois  , en  dernier  lieu,  IM.  de  Beau- 
mont admet  des  retours  de  la  même  direction,  à des  époques  diffé- 
rentes , mais  dans  une  certaine  régularité. 

L’un  des  membres  de  cette  société,  M.  Bouc,  qui  dans  plusieurs 
écrits  a soutenu  relativement  à l’age  récent  des  Alpes , une  partie 
des  mêmes  idées  que  M.  de  Beaumont,  et  qui  a nettement  fixé,  l’un 
des  premiers,  la  contemporanéité  à toutes  les  périodes  géologiques 
dérochés  d’éruption  ignée,  causes  de  perturbations  , et  de  sédi- 
mens aqueux,  objets  de  ces  perturbations  , M.  Bouc  a recueilli 
récemment  (n°  n de  son  Journal  de  Géologie)  la  plupart  des 
objections,  dont  la  grande  théorie  des  soulèvemcns  , ou  plutôt  la 
classification  chronologique  des  chaînes  , telle  que  l’a  présentée 
M.  de  Beaumont,  a été  le  sujet. 

Ces  objections  n’ayant  point  encore  été  la  plupart  développées 
dans  le  sein  de  la  Société , je  me  bornerai  à vous  rappeler  les 


RAPPORT  SUR  UES  TRAVAUX 


3lO 

principales  : outre  l’attaque  des  deux  principes  du  parallélisme 
des  fractures  contemporaines  , elles  portent  encore  sur  la  conti- 
nuité, sans  dislocations , de  certaines  chaînes  en  lignes  courbes  et 
très  fléchies  , non  susceptibles  par  conséquent  d’établir  des  parallè- 
les fixes  et  comparables  ; 

Sur  le  nombre  trop  limité  des  époques  de  soulèvemens  admises 
par  M.  de  Beaumont , et  sur  la  difficulté  de  faire  coïncider  des 
dislocations  parallèles  de  chaînes  éloignées  ; 

Sur  la  possibilité  que  certains  sédimens  aient  été  déposés  très 
irrégulièrement  sur  des  plans  de  pentes  inclinées,  qu’il  faut  bien 
distinguer  des  relèvemens  du  soi;  sur  la  nécessité  de  tenir  compte 
des  dislocations  des  strates  par  bascule  , autant  par  affaissement 
que  par  redressement;  sur  l’insuffisance  de  nos  connaissances 
géographiques  et  géologiques  touchant  la  direction  et  la  structure 
de  plusieurs  chaînes,  dont  M.  de  Beaumont  a fait  coïncider  l’épo- 
que de  formation  avec  le  soulèvement  des  terrains  les  mieux  con- 
nus de  l’Europe  occidentale. 

Quoi  qu’il  en  soit , la  théorie  de  l’age  successif  des  montagnes 
n’en  restera  pas  moins  Tune  des  phis  ingénieuses.  Toutes  les  doc- 
trinesphilosophiques,  celles  même  qui  reposent  sur  la  combinaison 
la  plus  judicieuse  du  plus  grand  nombre  de  faits,  sont  sujettes  àcon- 
troverse.  Il  était  impossible  qu’un  aussi  vaste  ensemble  d’observa- 
tions , présenté  dans  un  esprit  de  généralisation  si  piquant  et  si 
hardi,  ne  dût  pas  au  temps  et  à l’examen  quelques  modifications  im- 
portantes; et  M.  de  Beaumont  sera  sans  doute  le  premier  à reve- 
nir sur  des  idées  qui  auraient  pu  être  généralisées  ou  exagérées 
au-delà  même  de  sa  propre  conviction. 

Néanmoins , pour  mieux  apprécier  les  progrès  rapides  de  cette 
branche  de  la  géologie,  et  la  vive  sympathie  qu’elle  a excitée  , il 
suffirait  de  comparer  son  état  actuel,  quelque  incomplet  qu’il  soit 
encore ,.  avec  les  opinions  exprimées  dans  le  seul  Traité  français 
de  géologie  qui  fût  classique,  il  y a douze  ans. 

On  y lit  que  la  présence  des  corps  marins  sur  les  hautes  monta- 
gnes est  bien  plus  facilement  explicable  par  le  soulèvement  des 
eaux  mobiles  de  l’Océan  que  par  le  redressement  de  masses  miné- 
rales, inertes  et  immobiles;  cette  seule  pensée  d’un  géologue, 
wernérien  modéré , rapprochée  de  l’état  actuel  des  esprits  sur 
cette  matière,  montre  un  progrès,  ou  un  changement  non  moins 
grand  sur  cette  question  que  sur  l’âge  des  granités,  et  autres  ro- 
ches cristallisées  , long-temps  appelées  primitives. 

Bien  plus  récemment  encore  des  géologues  d’un  très  grand 
mérite  ne  répétaient-ils  pas  que  les  terrains  les  plus  dislo- 


DE  LA  SOCIÉTÉ  EN  l83l.  5 1 I 

qués  sont  les  plus  anciens  ? On  pourrait  tirer  des  groupemens 
de  M.  de  Beaumont  une  conséquence  presque  diamétralement 
opposée. 

Il  ne  m’appartient  pas  de  reproduire  quelques  objections  plus 
spéciales,  et  pour  ainsi  dire  géographiques,  qui  ont  été  faites  à 
plusieurs  déterminations  d’âge  ou  de  directions  de  chaînes  , telles 
que  M.  de  Beaumont  les  a présentées  : M.  Paretto  pour  la  Ligu- 
rie , M.  Pasini  pour  le  Yicentin , M.  Keferstein  pour  les  Carpa- 
thes,  M.  de  Studer  pour  les  Alpes,  M.  Sedgwick  pour  quel- 
ques points  de  la  Grande  Bretagne,  M.  Reboul  pour  les  Pyré- 
nées, ont  élevé  des  doutes  sur  lesgroupemens  deM.  de  Beaumont. 
Ce  géologue  a déjà  répondu  à plusieurs  ; dès  l’an  dernier,  à 
M.  Paretto,  sur  la  direction  des  montagnes  serpentineuses  delà 
Ligurie,  et  à M.  Rozet  sur  l’Atlas.  Je  dirai  seulement  quelques 
mois  des  faits  ou  des  opinions  dont  la  Société  a eu  communication 
immédiate. 

— M.  de  Studer  a observé  que  la  chaîne  du  Stockhorn  en  se  pro- 
longeant dans  lepavs  de  Fribourg  perdait  insensiblement  sa  direc- 
tion première  de  PE.  à PO.  , et  courait  du  N.-E.  au  S. -O.  sans 
dislocation  ni  entrecroisement.  Il  y aurait  donc  là  dans  un  même 
système  d’une  seule  époque  une  double  direction. 

Le  même  géologue  n’admet  pas  les  indices  du  système  pyré- 
néo-apenmn  que  M.  de  Beaumont  a indiqués  à l’extrémité  orien- 
tale de  la  même  chaîne.  Il  ne  reconnaît  pas  non  plus  les  empiè- 
temens  du  système  des  Alpes  occidentales  à travers  les  Alpes 
suisses.  A leur  extrémité  orientale  les  Alpes  se  courbent  pour 
se  prolonger  dans  les  Carpathes  ; cette  courbure  ne  constituerait 
point  un  système  différent , et  dans  lequel  M.  de  Beaumont  a re- 
connu son  groupe  pyrénéo-apennin.  La  chaîne  calcaire  de  l’Is- 
Irie  , rangée  par  M.  de  Beaumont,  à raison  du  contour  extérieur, 
dans  le  système  N. -S.  , paraît  bien  plutôt  à M.  de  Studer  apparte- 
nir au  système  des  Apennins. 

M.  Sedgwick , tout  en  professant  un  vif  assentiment  aux 
idées  de  M.  de  Beaumont,  qu’il  a dit  si  heureusement  dévelop- 
per un  sens  géologique  nouveau,  trouve  un  trop  grand  nombre  de 
dislocations  locales  pour  pouvoir  faire  coïncider  tous  les  redresse- 
mens  de  l’ Angleterre  avec  les  grands  systèmes  des  chaînes  de  mon- 
tagnes du  reste  de  l’Europe.  Il  remarque  qu’on  pourrait  indi- 
quer des  directions  différentes  dans  des  dislocations  de  couches 
que  l’ensemble  des  caractères  porterait  à regarder  comme  con- 
temporaines , que  les  axes  de  quelques  bassins  houillers  con- 
temporains ne  sont  point  parallèles,  et  qu’il  y a des  exemples 


RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX 


5i  a 

d’une  direction  parallèle  entre  des  systèmes  qui  paraissent  être 
d’âges  différens.  Cet  habile  géologue  montre  aussi  que  la  discor- 
dance de  stratification  entre  de  puissans  terrains  n’est  pas  toujours 
accompagnée  d’un  changement  notable  dans  les  fossiles. 

M.  de  Beaumont  a répondu  à une  partie  de  ces  faits  en  mon- 
trant que  M.  Sedgwick  avait  réuni  deux  époques  de  dislocations 
distinctes  dans  le  seul  système  calcaire  du  Westmoreland. 

— Les  Pyrénées , suivant  la  première  opinion  de  M.  de  Beau- 
mont, auraient  été  soulevées  d’un  seul  jet  à la  fin  des  terrains 
secondaires,  antérieurement  à tous  les  terrains  tertiaires. 

M.  Reboul  a combattu  ce  résultat,  prétendant  au  contraire 
y reconnaître  plusieurs  directions  de  couches  contrastantes. 

Cette  dernière  opinion  paraît  plus  près  de  la  vérité;  M.  de  Beau- 
mont lui-même,  et  M.  Dufresnoy,  dans  leur  dernier  voyage  à ces 
montagnes,  ont  reconnu  quatre  systèmes  de  direction  et  de  re- 
dressement , dont  ils  ne  manqueront  pas'  de  vous  entretenir  avec 
plus  de  détails. 

Mais  il  faut  toutefois  bien  distinguer,  que  dans  beaucoup  de 
circonstances  une  dislocation  récente  a dû  réagir  sur  des  dislo- 
cations antérieures,  et  les  compliquer,  soit  en  imprimant  une  phy- 
sionomie plus  générale  aux  produits  du  dernier  âge  , soit  en  lais- 
sant prédominer  le  caractère  primitif.  Relativement  aux  Pyrénées 
en  particulier,  les  directions  contraires  à celle  assignée  à la  grande 
chaîne  ne  sont  que  des  accidens  comparativement  à cette  direc- 
tion générale.  Cette  direction  elle-même,  que  M.  de  Beaumont  à 
reconnu  être , comme  la  plupart  des  géologues  et  géographes , 
de  l’E.-S.-E.  à l’O.^N.-O.  , ainsique  celle  des  strates,  M.  Re- 
boul la  contredit , et  décomposant  toutes  les  petites  chaînes  pa- 
rallèles, mais  non  précisément  bouta  bout,  qui  effectivement 
courent  de  l’E.-S.-E.  160  au  N.  , à l’O.-N.-O. , il  en  déduit  une 
ligne  moyenne  de  faîtes  qui  lui  paraît  moins  s’écarter  des  sinuosités 
de  la  crête  centrale,  et  qu’il  indique  être  à peu  près  de  l’E.  à l’O. 
depuis  le  cap  Cervères  jusqu’à  la  Corogne.  D’après  cette  nou- 
velle direction  peut-être  artificielle,  les  strates  ne  seraient  plus 
parallèles  à la  chaîne,  et  M.  Reboul  indique  d’assez  nombreuses 
anomalies  dans  cette  direction.  Le  chaînon  du  Canigou  et  du 
Puygmal , celui  des  sources  de  l’Ariège  et  du  Salat  se  croisent 
sous  un  angle  de  plus  de  3o°  , et  ne  lui  paraissent  pas  avoir  pu 
être  le  produit  d’une  même  évulsion. 

Il  conclut  que  la  chaîne  des  Pyrénées , quoique  des  plus  sim- 
ples , est  néanmoins  composée  de  plusieurs  arêtes  qui  affectent 
des  .directions  différentes,  soit  dans  l’alignement  de  leurs  masses. 


DE  U SOCIÉTÉ  EN  1 85  1 . 5 1 5 

soit  dans  celui  de  leurs  strates.  Cette  disposition  porte  à croire 
que  son  exhaussement  s’est  opéré  par  le  concours  de  plusieurs 
évulsions  en  sens  divers  , soit  contemporaines  , soit  successives. 

Il  admettrait  donc  un  certain  nombre  d’époques  de  redresse- 
ment des  couches  de  cette  chaîne  ; le  plus  ancien  serait  celui  des 
grauwackes  de  la  Maladetta'  et  de  l’anthracite  intermédiaire 
avec  empreintes  de  calamites;  le  plus  moderne,  celui  qui  a agi 
sur  les  terrains  tertiaires  eux-mêmes , et  serait  contemporain  de 
celui  qui  a réagi  des  Alpes  occidentales  sur  ïa  molasse  de  Suisse. 
Loin  d’admettre  que  le  redressement  des  Pyrénées  soit  plus  an- 
cien que  celui  des  Alpes,  M.  Reboul  pencherait  vers  l’induction 
contraire,  parce  que  le  terrain  de  craie  qui  occupe  aux  Pyrénées 
le  point  central  du  mont  Perdu  ne  se  rencontre  aux  Alpes  que  sur 
des  hauteurs  moyennes,  et  parce  que  les  molasses  suisses  lui  sem- 
blent plutôt  s’adapter  au  système  de  redressement  du  Jura  qu’à 
celui  des  Alpes,  tandis  que  des  terrains  tertiaires  du  pied  des  Py- 
rénées ont  évidemment  participé  au  relèvement  de  cette  chaîne. 

MM.  Dufresnoy  et  de  Beaumont  ayant  étudié  de  nouveau  les 
Pyrénées,  admettent  effectivement  trois  systèmes  de  direction, 
outre  le  redressement  général  qui  imprime  à la  chaîne  son  relief, 
les  deux  antérieurs  ayant  été  modifiés  par  le  soulèvement  de  la 
chaîne,  et  le  dernier,  celui  des  Ophite y,  n’étant  que  très  local , très 
moderne,  et  seulement  appréciable  là  où  l’Ophitc  s’est  fait  jour. 

Le  plus  ancien  est  celui  des  terrains  intermédiaires;  le  deuxième, 
entre  le  dépôt  de  la  craie  ancienne  et  celui  de  la  craie  supérieure. 
Voilà  une  nouvelle  période  qui  n’avait  point  encore  été  reconnue 
entre  ces  deux  membres  d’un  même  terrain;  la  direction  est  celle 
des  Alpes  occidentales.  Le  troisième  , postérieur  à tout  le  système 
crayeux,  et  qui  court  de  l’O.  i6°  N.,  à l’E.  i6°  S.,  est  la  direction 
principale  ; le  quatrième  enfin  , postérieur  aux  terrains  tertiaires, 
et  dont  la  direction  O.  i2°S. , à E.  1 2°  N. , est  le  même  que  celui 
de  la  chaîne  centrale  des  Alpes;  c’est  lui  qui  contient  le  sel,  les 
gypses  et  les  Ophites . 

— Je  ne  puis  terminer  l’article  des  révolutions  du  globe  dues  au 
soulèvement  des  chaînes  de  montagnes,  sans  vous  rappeler,  mes- 
sieurs, la  publication  récente  des  Fragmens  géologiques  sur V Asie 
centrale , fruits  du  dernier  voyagedeM.dcIIumboldt,  dont  le  nom 
appartient  à l’Europe  entière,  et  surtout  à la  France,  sa  patrie 
scientifique,  s’il  n’est  pas  encore  inscrit  parmi  ceux  des  membres  de 
cette  société. 

M.  de  Humboldt  a reconnu  que  la  partie  haute  de  l’Asie  cen- 
trale; qu’on  appelait  vulgairement  le  grand  plateau , se  corapo- 


RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX 


5i4 

sait  de  quatre  puissans  systèmes  de  montagnes , tous  dirigés  de 
l’est  à l’ouest , et  supportés  par  une  base  commune  également  sou- 
levée au-dessus  des  pays  qui  l’entourent. 

Au  pied  de  cet  immense  système  est  une  énorme  cavité  de  dix- 
huit  mille  lieues  carrées  de  surface  et  d’une  profondeur  de  i5o 
à 3oo  pieds  au-dessous  de  l’Océan  ; le  niveau  supérieur  de  la  mer 
Caspienne  et  de  la  ville  d’Astracan  y est  à 3oo  pieds , le  cours  du 
Volga  à i5o.  Cet  affaissement  considérable  a paru  à M.  de  Hum- 
boldtêtre  le  résultat  du  souJèvément  du  plateau  qui  porte  la 
chaîne  de  l’Himalaya  , de  l’Iran,  et  peut-être  aussi  du  Caucase, 
masse  énorme  dont  le  soulèvement  ne  serait  comparable  à aucun 
phénomène  géologique  du  même  ordre  observé  sur  les  autres 
continens. 

M.  de  Humboldt  a aussi  rapproché  les  traces  encore  subsistantes 
dans  le  centre  de  l’Asie,  des  agens  volcaniques  qui  peuvent  se 
lier  plus  ou  moins  directement  avec  la  puissance  intérieure  qui  a 
produit  de  si  énormes  résultats. 

L’âge  présumable  de  ces  soulèvemens  n’a  pas  été  précisément 
indiqué  par  M.  de  Humboldt  ; mais  les  découvertes  récentes  dans 
les  régions  les  plus  élevées  du  Caucase  et  même  de  i’Himalava , de 
coquilles  tertiaires  analogues  à celles  des  mers  environnantes,  doi- 
vent porter  à envisager  ces  chaînes  comme  de  formation  postérieure 
à l’ensemble  des  terrains  tertiaires;  ce  qui  confirmerait  encore  ce 
résultat  si  imprévu  que  les  plus  hautes  chaînes  sont  les  plus  ré- 
centes. 

— A l’histoire  de  ces  révolutions  se  rattache  encore  l’ingénieux 
plaidoyer,  pour  me  servir  d’une  expression  de  l’auteur,  que  l’un 
de  vos  vice-présidens , M.  Arago , secrétaire  perpétuel  de  l’Aca- 
démie des  sciences,  vient  de  publier  en  faveur  des  comètes  {Ann. 
du  Bureau  des  longitudes , i83‘2).  La  comète  de  six  ans  trois 
quarts,  dont  l’apparition  prévue  pour  t832,  semblait  devoir  jeter 
l’épouvante,  à raison  de  la  distance  assez  rapprochée  à laquelle 
elle  doit  passer  de  notre  planète  , a fourni  à M.  Arago  l’occasion 
de  passer  en  revue  les  effets  possibles  de  ces  corps  célestes  relati- 
vement à la  terre.  Ce  savant  astronome,  qui  a montré  dans  l’ana- 
lyse des  idées  de  M.  de  Beaumont  sur  l’âge  des  montagnes,  insérée 
dans  l’un  des  derniers  volumes  du  même  recueil , tout  l’intérêt 
qu’il  portait  aux  grandes  questions  géologiques,  a démontré,  avec 
l’admirable  clarté  qui  caractérise  tous  ses  écrits  , que  le  rôle  des 
comètes  ne  pouvait  avoir  été  en  aucun  temps  la  cause  des  grandes 
catastrophes  de  notre  planète,  ainsi  que  le  supposent  de  célèbres 
théories  et  les  préjugés  populaires.  11  en  résulte  aussi  que  l’ori- 


DE  LA  SOCIÉTÉ  ETÏ  1 85 1 • 5l5 

gine  de  ces  puissans  phénomènes  est  bien  plus  probablement  ter- 
restre qu’astronomique.  Le  mémoire  de  M.  Arago  est  donc  plu- 
tôt un  plaidoyer  en  faveur  de  l’innocence  que  de  la  puissance 
des  comètes. 

VIIme  SÉRIE.  MÉLANGES. 

§ 66.  — Les  réflexions  présentées  à.  la  société  par  M.  Boué, 
tendant  à apprécier  les  avantages  de  la  paléontologie  appli- 
quée h la  géognosie  et  à la  géologie , se  rattachent  à une  des  plus 
importantes  questions  de  la  science  ; mais  vous  ayant  déjà  entre- 
tenus, messieurs  , à l’occasion  du  travail  de  M.  Deshaves  sur  les 
coquilles  des  terrains  tertiaires  (5  19),  des  objections  plus  ou 
moins  spécieuses  dont  peuvent  être  l’objet  les  caractères  zoolo- 
giques trop  exclusivement  employés,  je  me  bornerai  à repro- 
duire ici  en  peu  de  mots  les  conclusions  particulières  de  M.  Boué. 

iVL  Boué  s’est  surtout  attaché  à opposer  les  unes  aux  autres  les 
classifications  et  les  conséquences  géogéniques,  fondées  d’une  part 
sur  la  géologie  de  superposition  proprement  dite,  d’une  autre 
sur  la  paléontologie  appliquée  à cette  science.  L’observation  de 
la  continuité  des  couches  lui  semble  rester  encore  la  règle  de  dé- 
termination la  plus  sûre.  Il  trouve  que  la  géologie,  sans  les  fos- 
siles, possède  assez  de  données  pour  conduire  à tous  les  grands 
résultats,  à toutes  les  divisions  chronologiques  admises;  que  le 
caractère  paléontologique , qui  peut  être  un  bon  chronomètre 
dans  les  limites  d’un  seul  bassin,  ou  sur  un  grand  continent  bien 
connu  , et  être  fort  utile  quand  la  superposition  est  incertaine  , 
ne  peut  suffire , sans  risque  des  plus  graves  erreurs,  pour  faire  de 
la  géologie  sur  toute  la  surface  terrestre,  et  au  milieu  de  bassins 
dont  les  relations  de  couches  n’ont  pas  été  antérieurement  déter- 
minées. 

M.  Deshayes,  considérant  que  la  géologie  est  la  science  des 
couches  de  la  terre  dans  leur  nature  et  dans  leurs  rapports,  que 
cette  série  de  couches  ne  présente  à l’esprit  qu’un  long  chrono- 
mètre décomposé  en  autant  de  sous-périodes  qu’on  peut  recon 
naître  d’influences  diverses  ayant  présidé  uniformément  chacune 
à un  dépôt  d’un  certain  nombre  de  couches,  M.  Deshayes  définit 
ainsi  une  formation  géologique  : espace  de  temps  représenté  par 
lin  certain  nombre  de  couches  de  la  terre  déposées  sous  l'in - 
jluence  du  meme  phénomène. 

Or,  ces  phénomènes  n’ont  pu  agir  que  sur  la  matière  inorga- 
nique ou  organisée  : la  première  est  essentiellement  variable  à la 
même  époque  suivant  les  circonstances  locales  qui  l’auront  mo- 


5l6  RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX 

difiée;  on  voit  au  contraire  les  mêmes  espèces  de  corps  organisés 
fossiles  persister  eux-mêmes,  malgré  la  diverse  nature  des  cou- 
ches qui  les  renferment.  Le  'moyen  de  reconnaissance  le  plus  fixe 
semble  à M.  Deshayes  devoir  remporter  sur  tout  autre,  et  tandis 
qu’une  période  minéralogique  est,  selon  lui,  inadmissible,  les 
périodes  zoologiques  sont  seules  naturelles  et  susceptibles  d’être 
limitées.  La  succession  des  terrains  en  présente  évidemment  plu- 
sieurs auprès  desquelles  la  période  actuelle  peut  servir  de  terme 
de  comparaison  5 les  giscmèhs  contraslans , la  dislocation  des  cou- 
ches peuvent,  ainsi  que  la  différence  minéralogique,  être  des  acci- 
dens  locaux  : les  changement  d’organisation  au  contraire  tien- 
draient à des  lois  plus  générales,  et  seraient  seuls  propres  à faire 
envisager  sous  un  point  de  vue  philosophique  les  révolutions  que 
la  surface  du  globe  terrestre  a subies. 

Ces  raisonnemens  ont  porté  de  nouveau  M.  Deshayes  à,  con- 
clure qu’il  n’y  avait  point  de  géologie  possible  sans  zoologie , 
conclusion  diamétralement  opposée  à celle  de  M.  Boué , et  qui 
mettrait  un  peu  brusquement  hors  de  la  science  les  travaux  des 
de  Saussure,  des  Dolomieu,  des  Werner,  des  Deluc,  et  d’autres 
géologues  qui  ne  furent  point  zoologistes. 

M.  Desjiayes  a montré  aisément  le  peu  de  réalité  de  cette  ob- 
jection , que  l’emploi  incorrect  et  erroné  du  caractère  zoologique 
devait  prémunir  contre  l’importance  du  caractère  même  ; mais  il 
en  est  de  plus  sérieuses , de  plus  philosophiques,  et  que  ne  peu- 
vent se  dissimuler  les  naturalistes  même  aux  yeux  desquels  ce  ca- 
ractère conserve  le  plus  de  valeur.  Il  en  est  une  surtout  à laquelle 
on  n’a  point  encore  répondu  , quoiqu’elle  se  fonde  sur  l’examen 
attentif  de  la  nature  actuelle  et  sur  les  considérations  les  plus  ration- 
nelles et  les  plus  simples.  Je  veux  parler  de  l’impossibilité  de 
préciser  l’étendue  géographique  et  les  limites  chronologiques  de 
ce  qu’on  voudrait  nommer  exclusivement  une  période  zoologique. 

En  comparant,  comme  le  fait  M.  Deshayes  lui-même,  à l’é- 
poque actuelle  les  périodes  antérieures,  ne  pourrait-on  pas  de- 
mander quels  seraient  les  moyens  de  reconnaître  et  d’identifier 
comme  contemporains  et  membres  d’une  seule  période  les  fos- 
siles des  couches  qui  se  forment  aujourd’hui  sous  les  différentes 
latitudes,  dans  les  différens  bassins  de  mers,  de  lacs  , de  fleuves, 
sous  l’influence  des  énormes  courans  sous-marins , sur  les  rivages, 
dans  les  profondeurs?  Et  si  ces  dépôts  venaient  à être  mis  à sec  par 
une  des  grandes  catastrophes  qui  semblent  avoir  limité  les  plus 
importantes  formations , d’après  quelles  données  pourrait-on  re* 
garder  comme  contemporains  les  débris  de  marsupiaux  de  la 


DE  LA  SOCIÉTÉ  EN  1 83  1 . 3 1 ^ 

Nouvelle-Hollande,  les  éléphans  d’Afrique  et  d’Asie  et  les  rennes 
du  nord,  les  plantes  alpines  et  les  fougères  en  arbres,  les  co- 
quilles de  la  Baltique  et  celles  de  l’équateur,  en  un  mot  les  êtres 
des  différentes  zones  géographiques  et  climatériques,  si  l’on  ne 
trouvait  eii  dehors  de  ces  physionomies  organiques,  si  différentes, 
quelque  point  de  repère , quelques  relations  même  éloignées  de 
superpositions  , qui  permissent  de  lier  de  proche  en  proche  les 
uns  aux  autres  ces  dépôts  si  disparates,  zoologiquement  plus  en- 
core que  géologiquement , et  d’y  reconnaître  les  élemens  d’une 
seule  et  même  période. 

Les  bases  de  cette  objection  se  trouvent  dans  le  mémoire  de 
M.  C.  Prévost  sur  la  submersion  itérative  des  continens , où 
sont  clairement  développées  les  nombreuses  causes  physiques 
qui  peuvent  avoir  fait  varier  sur  la  même  place  les  corps  orga- 
nisés fossiles  d’une  seule  période.  L’exemple  qu’il  a choisi  des  dé- 
pôts uniformes  que  doit  entasser  durant  notre  ■ ériode,  sur  des 
espaces  immenses  comparativement  à nos  bassins  géologiques,  le 
grand  courant  équatorial , taudis  qu’en  même  temps  se  forment, 
sous  les  mêmes  latitudes,  des  produits  organiques  si  différens,  et 
que  le  moindre  changement  dans  la  direction  de  ce  courant  peut 
faire  brusquement  changer,  cet  exemple , dis-je  , est  aussi  philo- 
sophique, qu’il  serait  décourageant  pour  les  conséquences  à tirer 
des  caractères  zoologiques , si  l’on  ne  convenait  qu’il  est  encore 
nécessaire  en  géologie,  autour  du  caractère  capital  des  fossiles, 
de  grouper  tous  les  autres  moyens  possibles  de  détermination  et 
de  distinction  chronologiques.  Les  différentes  voies  de  reconnais- 
sance conduiront  sans  doute  à des  résultats  assez  identiques,  et 
c’est  ce  qu’a  fait  observer  M.  Dufresnoy.  à l’occasion  des  idées 
opposées  de  M.  Boué  et  de  M.  Deshayes.  Les  formations  géolo- 
giques n’étant  que  des  séries  de  couches  déposées  dans  les  mêmes 
circonstances,  comme  entre  deux  soulèvemens  de  montagnes,  il 
est  tout-à-fait  présumable  que  les  révolutions  qui  ont  suivi  les 
soulèvemens  ont  nécessairement  donné  naissance  à des  groupes 
zoologiques  qui  devront  le  plus  souvent  s’accorder  avec  les  diffé- 
rences de  stratification. 

L’étude  des  superpositions  paraît  toujours  être  à M.  Dufresnoy 
la  base  de  la  distinction  des  terrains  , et  depuis  vingt-cinq  ans  on 
s’est  à peu  près  borné  à faire  coïncider  le  caractère  des  fossiles, 
d’ailleurs  si  généralement  utile,  avec  les  âges  de  formations  de- 
puis Ion  g- temps  établies  par  le  seul  fait  des  superpositions. 

§ 67.  Un  fait  intéressant  qui  aurait  pu  se  rattacher  à l’his- 
toire  des  dislocations  du  sol , est  le  fait  des  surfaces  naturellement 


5 1 S 


RAPPORT  SÜR  LES  TRAVAUX 


polies  de  certaines  roches , sur  lequel  M.  Boue  vous  a commu- 
niqué des  détails  intéressans  , appuyés  d’une  série  d’échantillons. 
M.  Boue  pense  que  la  plupart  de  ces  polis  naturels  sont  dus  à des 
glissemens  et  à des  frotte  mens  plus  ou  moins  considérables  produits 
la  plupart  par  le  brisement  des  couches.  On  les  observe  en  petit 
dans  un  grand  nombre  de  roches  argileuses  , marneuses , char- 
bonneuses, et  même  calcaires  ou  arénacëes , ainsi  que  dans  cer- 
tains minerais,  particulièrement  auprès  des  failles  et  des  plisse- 
mens  de  couches.  On  a aussi  observé  fréquemment  dans  les  Alpes 
des  masses  calcaires  fendillées  qui  présentent  sur  de  très  grandes 
surfaces  ce  poli  naturel , accompagné  de  stries  parallèles  indiquant 
la  direction  dans  laquelle  s’est  opéré  le  frottement  de  grandes 
masses  de  roches,  et  dans  celles-ci  des  parties  séparées  semblent 
avoir  été  frottées  les  unes  contre  les  autres  par  un  mouvement 
plutôt  prolongé  que  brusque  et  passager. 

Ces  stries  de  dislocation  sont  à distinguer  de  celles  que  présen- 
tent souvent  les  parois  des  filons,  et  qui  sont  plutôt  le  résultat  de 
la  cristallisation. 

§ 68.  — M.  le  comte  de  Montlosier,  dont  le  nom  respectable 
se  réunit  à ceux  de  GueUard  , de  Desmarets,  de  Malesherbes,  de 
Monnet , pour  rappeler  l’un  des  premiers  ouvrages  classiques 
(1788)  sur  l’iiistoire  des  volcans  éteints  de  l’Auvergne  , n’a  point 
cessé  d’appliquer  son  espr.t  d’observation  aux  phénomènes  géo- 
logiques, quoiqu’il  n’ait  presque  rien  publié  depuis.  La  création 
de  cette  Société  a ranimé  ses  anciens  goûts  , et  il  s’est  empressé 
de  s’associer  à vos  travaux , en  vous  communiquant  sa  manière 
d’envisager  les  méthodes  d’observation  dans  les  sciences  natu- 
relles, particul.èremenV en  géologie. 

Il  vous  a aussi  communiqué  ses  idées  sur  la  formation  d'un 
grand  nombre  de  lacs , d’après  des  observations  anciennement 
recueillies  par  lui  en  Suisse,  en  Italie  et  ailleurs. 

On  sait  que  le  bassin  du  lac  d’Aidat,  en  Auvergne,  a été 
formé  par  le  barrage  opéré  sur  la  vallée  de  ce  nom  par  des  coulées 
délavé  sorties  du  cratère  connu  sous  le  nom  de  P uy- de-la- Vache. 

Appliquant  ce  fait  des  barrages  des  vallées,  non  uniquement 
par  des  coulées  volcaniques,  mais  bien  plus  généralement  par  des 
dépôts  d’alluvions , M.  de  Montlosier  a observé  que  tous  les  lacs 
de  la  Suisse,  sans  exception  , et  encore  tous  les  lacs  sur  le  versant 
de  l’Italie  avaient  été  formés  , sur  une  bien  plus  grande  échelle 
que  le  lac  d’Aidat , par  des  digues  naturelles,  par  des  transports 
énormes  de  terrains  d’alluvions  qui  arrivant  à angle  droit  sur 
lès  anciennes  vallées  où  coulaient  tranquillement  des  fleuves,  les 


ÎDE  LA  SOCIETE  EN  1 85  1 . SlQ 

Ont  fermées  à leur  extrémité  et  ont  occasioné  ces  vastes  stagna- 
tionsd’eaux  douces,  qui  figurent  aujourd’hui  sous  différens  noms. 

Un  pareil  obstacle  formé  par  des  matières  meubles  n’est-il  pas 
de  nature  à céder  tôt  ou  tard  à la  pression  d’une  aussi  énorme 
masse  d’eau  , et  plus  d’un  lac  des  périodes  antérieures , formé 
peut-être  de  la  même  façon,  n’a-t-il  pas  dû  sa  rupture  à la  cause 
même  de  son  origine? 

M.  de  M.  ne  peut  entendre  appliquer  cette  théorie  de  la  for- 
mation des  lacs  à tous  les  grands  réceptacles  d’eau  douce  , car 
ceux  des  contrées  volcaniques  paraissent  occuper  la  plupart 
des  fonds  d’anciens  cratères , ainsi  que  M.  de  M.  les  a distin- 
gués lui-même  sous  le  nom  de  cratères -lacs.  D’autres  remplis- 
sent dans  les  montagnes  à calcaires  secondaires  des  bassins  for- 
més par  les  dislocations  des  couches  ; d’autres  enfin  peuvent  oc- 
cuper les  sinuosités  de  la  surface  ondulée  des  grandes  plaines 
formées  de  terrains  de  sédiment. 

§ 69  et  70.  — M.  d’Omalius  d’Halloy  a publié,  l’année  der- 
nière, des  Elémens  de  géologie  dont  il  vous  avait  communiqué 
plusieurs  fragmcns.  Dans  une  première  note  sur  la  structure  de 
V écorce  solide  du  globe , il  a passé  en  revue  les  différentes  sortes 
de  joints  que  l’on  peut  observer  dans  la  masse  incohérente  de  la 
terre;  il  en  reconnaît  cinq  modifications  : joints  de  texture , de 
stratification,  d*  injection , fissures  et  failles ; les  trois  premiers  états 
lui  présentent  des  formes  qu’il  range  sous  quatre  subdivisions, 
massives , fragmentaires  , cristallines  et  organiques  ; puis  il  fait 
rentrer  dans  les  deux  premières  les  différentes  variations  habi- 
tuelles de  la  matière  inorganique  irrégulière.  M.  d’Omalius  con- 
vient toutefois  que  ces  distinctions  ne  sont  pas  le  plus  souvent 
plus  saillantes  qu’on  ne  le  doit  attendre  de  substances  pour  ainsi 
dire  amorphes. 

M.  d’Omalius  vous  a aussi  communiqué,  messieurs  . des  ob- 
servations sur  la  classification  qu’il  a suivie  dans  ses  Elémens 
de  Géologie.  Sa  base  première  a été  celle  adoptée  par  M.  Bron- 
gniart , et  proposée , je  crois  , par  M.  Boue  , des  terrains 
plutoniens  et  des  terrains  neptuniens  formant  deux  séries  paral- 
lèles. Il  a de  même  adopté  les  deux  dénominations  créées  par 
M.  Brongniart  de  terrains  agalysiens  pour  les  roches  cristallines 
des  terrains  primordiaux  ou  de  transition  et  de  terrains  hémily - 
siens  pour  les  dépôts  de  sédimens  de  ces  deux  mêmes  groupes.  Il  a 
nommé  les  terrains  secondaires  ammonéens , et  les  terrains  ter- 
tiaires, en  y comprenant  le  diluvium , terrains  teriairès , à rai- 
sou  de  l’abondance  de  débris  de  grands  animaux  qu’ils  renfler- 


320  RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX 

ment*  à ces  groupes  il  ajoute  les  terrains  modernes  et  les  terrains 

pyro'ides. 

Je  ne  pourrais  suivre  l’auteur  de  cet  ouvrage  dans  les  subdi- 
visions secondaires  correspondant  aux  formations  ou  unités  géo- 
logiques , sans  reproduire  l’ensemble  même  de  ses  tableaux,  qui 
présente  22  de  ces  unités  partagées  en  97  types  de  roches  ou 
sous-formations.  Yoici  toutefois  , en  allant  du  plus  récent  au  plus 
ancien,  les  terrains  admis  par  M.  d’Omalius,  dont  quelques  uns 
ont  reçu  de  lui  des  dénominations  nouvelles  : 

Terrains  nept u n iens . Terrains  modernes  : terrains  madré- 
porique,  tourbeux,  détritique , alluvial,  (fluviatile  et  marin);  tuf- 
face  (terrestre  et  marin);  terrains  teriaires  : diluvien , nymphéen 
(ce  terrain  contient  les  différées  étages  d’eau  douce  tertiaires) , 
tritonien  (tous  les*  étages  marins  de  la  même  période)  ; — terrains 
ammonéens  : crétacé , jurassique , liasique , keuprique  ? pénéen ; 
— terrains  hémylisiens  : houiller , anthraxij ère , ardoisier , tal- 
queux. 

Terrains  teuton ïens.  Terrains  agalvsiens  : granitique , por- 
phyrique  ; terrains  p y roïdes  : basaltique  , trachy tique , volca- 
nique. 

Si  j’avais  à vous  entretenir  de  l’ouvrage  de  M.  d’Omalius  dans 
son  ensemble  et  en  dehors  de  cette  division  méthodique,  qui 
n’en  est  pas  la  partie  la  plus  importante  , je  ne  croirais  pas  me 
tromper  en  exprimant  qu’on  y reconnaît  l’esprit  clair  et  métho- 
dique propre  à tous  les  travaux  de  ce  géologue.  Ii  est  divisé  en 
trois  parties  : Géographie  physique  , ou  histoire  de  la  forme  ex- 
térieure du  globe;  Géognosie  , nature  et  division  des  matériaux 
constituant  la  science  d’observation  proprement  dite;  Gcogénie  , 
partie  théorique  embrassant  les  explications  diverses  données  de 
la  formation  des  terrains.  Cette  dernière  partie  est  d’un  grand 
intérêt  par  la  précision  avec  laquelle  M.  d’Omalius  a rapproché 
les  doctrines  les  plus  récentes  et  les  plus  importantes  pour  l’inter- 
prétation des  grands  phénomènes  géologiques. 

La  publication  de  cet  ouvrage  a coïncidé  avec  celle  de  plusieurs 
autres  traités  élémentaires  dus  à MM.  Brongniart,  de  la  Bêche, 
Macculloch,  Lveîl , de  Léonhard ; récemment  encore  M.  Bron- 
gniart a complété  son  ouvrage  par  un  tableau  graphique  de  la 
succession  la  plus  générale  en  Europe  des  terrains  qui  compo- 
sent V écorce  du  globe.  Dans  ce  tableau  , ou  les  alternances  et  les 
enchevêtremens  des  terrains  ont  été  si  heureusement  indiqués, 
M.  Brongniart  a rendu  plus  sensible  sa  nouvelle  et  méthodique 
nomenclature  des  formations  que  vous  connaissez,  messieurs. 


DE  LA  SOCIÉTÉ  EN  1 S 5 1 . 5âi 

Le  nom  de  M.  d'Omalius  vous  aura  rappelé  la  seule  Carte 
géologique  de  France  que  nous  possédions  encore.  Bientôt 
elle  sera  remplacée  par  le  grand  travail  dont  s'occupent  depuis 
plusieurs  années  MM.  Brochant , de  Beaumont  et  Dufres- 
noy,  fruit  d’une  masse  énorme  d'observations  recueillies  dans 
des  voyages  multipliés,  et  rendues  plus  intéressantes  par  leur  grou- 
pement dans  un  vaste  ensemble,  et  par  leur  représentation  gra- 
phique. Mais  les  géologues  ne  devront  pas  oublier  que  M.  D’O- 
malius,  le  premier,  recueillit  sur  le  terrain , et  combina,  avec  les 
observations  rassemblées  parM.  Coquebert  de  Montbret,  dont  lé 
vaste  savoir  eût  produit  tant  de  fruits  s'il  n'eût  été  gêné  par  une 
excessive  modestie , les  matériaux  d’une  carte  qui , malgré  ses 
groupes  trop  limités  et  la  petitesse  de  son  échelle , n'en  aura  pas 
moins  été  long-temps  utile. 

§ jo  bis.  — M.  Boubée  vous  a communiqué  , sous  le  titre  de 
Tableau  mnémonique  des  terrains  primordiaux , une  sorte  de 
représentation  graphique  des  roches  cristallines  autrefois  consi- 
dérées comme  primitives.  Son  but  paraît  avoir  été  de  montrer 
comment  les  principales  roches  de  ce  terrain  (gneiss , mica- 
schiste, etc.,  etc.),  gravitent,  pour  ainsi  dire,  autour  du  granité 
comme  centre  , comme  type  de  toutes  les  autres , qui  n’en  se- 
raient , selon  ce  géologue  , que  des  modifications  la  plupart  con- 
temporaines, et  passant  de  l'une  à l’autre  le  plus  souvent  avec  les 
mêmes  substances  minérales  disséminées,  mais  avec  prédominance 
soit  du  mica,  soit  du  talc,  soit  de  l’amphibole  , réunis  au  quartz  et 
au  feldspath.  M.  Boubée  en  représente  quatre  séries  : dans  chacune 
des  trois  premières  prédomine  l’un  de  ces  trois  élémens  qui  man- 
quent tous  trois  dans  la  quatrième  série.  11  a cherché  à expiimer 
leurs  relations  de  superpositions  présumées,  mais  très  incertaines, 
et  à montrer  comment  chacune  de  ces  roches  , après  avoir  été  le 
type  d’un  groupe  principal , se  retrouve  isolée  dans  les  autres 
groupes.  Tous  les  terrains  dits  primordiaux  ne  constitueraient , 
selon  lui , qu’une  seule  et  même  formation  , à laquelle  il  joint , 
comme  étant  d’origine  plus  évidemment  plutonique  , certains 
porphyres  , des  gypses  , des  dolomies.  Mais,  avec  la  tendance  ac- 
tuelle de  la  géologie  à considérer  les  granités  et  autres  roches 
cristallines  dites  primordiales  comme  étant  aussi  bien  roches 
d’épanchement  et  d’origine  ignée  que  les  porphyres , et  comme 
ayant  dû  surgir  à plusieurs  époques  même  des  terrains  secon- 
daires , il  semble  bien  difficile  de  fixer  encore  un  groupement 
vrai  de  ces  roches  qui  soit  d’une  utile  application;  le  résumé 
graphique  de  M.  Boubée  peut  avoir  toutefois  l'avantage  d’ai- 
4 Soc.  gcol.  Toro.  II.  ai 


322  RAPPORT  SUR  UES  TRAVAUX 

der  la  mémoire  et  de  montrer  les  relations  les  plus  habituelles  de 
ces  dépôts  cristal  lins. 

M.  de  Bonnard  , dans  son  traité  des  terrains  ( Dict . dJhist.  nat, 
1819) , avait  aussi  distribué  les  roches  des  formations  géologique- 
ment et  minéralogiquement  par  séries  , dont  chacune  avait  pour 
types  le  quartz le  feldspath  , le  pyroxène , ete. , et  il  pour- 
suivait ces  séries  depuis  les  terrains  les  plus  anciens  j usqu’aux  plus 
modernes.  Malgré  d’assez  fortes  ressemblances,  le  point  de  vue 
sous  lequel  M.  Boubée  a rédigé  son  tableau  mnémonique , borné 
aux  roches  anciennes,  n’est  pas  tou t-à-fait  analogue. 

§ 71.  — M.  Boubée  , pour  dégager  la  détermination  des  co- 
quilles fossiles  d’erreurs  trop  fréquentes  dans  les  descriptions  des 
géologues,  propose  une  sorte  de  c on chilio mètre  qui  permettrait 
de  déterminer  les  espèces  et  même  les  variétés  de  ces  corps,  soit 
en  nature,  soit  à l’état  de  moules  intérieurs  ou  extérieurs,  avec 
une  précision  plus  rigoureuse  que  par  l’usage  des  caractères  ha- 
bituellement énoncés,  précision  presque  géométrique  et  à peu 
près  analogue  à celle  du  goniomèti  e. 

Dans  les  coquilles  univalves,  il  y aurait  à mesurer  l’angle  de  la 
spire  à son  sommet , l’angle  d'ouverture  , et  celui  que  fait  la  di- 
rection des  tours  despire  avec  l’axe  de  la  coquille.  Dans  les  co- 
quilles bivalves  équilatérales  , l’angle  extérieur  de  la  charnière 
serait  le  meilleur  caractère , auquel  se  joindrait  pour  les  inéqui- 
latérales la  mesure  des  autres  angles. 

M.  Boubée  pense  que  l’application  du  même  instrument  se- 
rait facile  aux  moules  de  coquilles,  aux  écltinides,  aux  radiaires 
et  aux  polypiers. 

Sans  obtenir  la  précision  rigoureuse  qu’on  pourrait  attendre 
d’un  instrument  de  mathématiques  , les  zoologistes  exercés  , sur- 
tout les  conchyliologistes,  expriment  souvent,  parmi  les  caractères, 
des  ouvertures  d’angles,  tout  en  décomposant  le  plus  possible  les 
dimensions  des  diverses  parties.  On  en  voit  de  fréquentes  appli- 
cations dans  le  premier  volume  de  Bruguières  ( Encycl . nie'th. 
y ers ),  ouvrage  si  consciencieusement  continué  par  M.  Deshayes. 

M.  Desmarets , dont  la  méthode  descriptive  est  toujours  si 
vraie  et  si  précise,  se  sert,  pour  chaque  espèce  à décrire,  de 
cadres  lithographiés  où.  sont  inscrits  d’avance  tous  les  caractères 
jusque  dans  les  plus  minutieuses  subdivisions  et  dans  l’ordre  de 
leur  importance,  ce  qui  rend  toute  omission  impossible.  C’est 
d’après  cette  méthode  qu’il  avait  commencé  à exécuter  le  traité 
des  oursins  fossiles  , dont  M.  Brongniart  devait  faire  la  partie  géo- 
logique, travail  qui  comblait  une  lacune  dans  la  science  avant  le 
magnifique  ouvrage  de  M.  Goldfuss. 


DÉ  LA  SOCIETE  EN  163 i . 

î/ouvrage  deM.  Miller  sur  les  crinoïdes,  autre  modèle  de  des- 
criptions, paraît  avoir  été  exécuté  d’après  des  principes  analogues. 
En  combinant  l’usage  de  l’instrument  proposé  par  M.  Boubée, 
avec  cés  cadres  descriptifs  * on  aurait  une  forte  garantie  d’exacti- 
tude pour  les  fossiles  des  classes  inférieures. 

§ 72.  — Le  mémoire  de  M.  Byarley  sur  la  précession  des 
équinoxes  et  V inclinaison  de  V axe  de  la  terre  , ayant  été  seule- 
ment communiqué  à la  société  , et  n’étant  point  resté  dans  ses 
archives , j’ai  le  regret  de  ne  pouvoir  vous  en  rappeler  que  le 
titre. 

Les  astronomes  et  les  physiciens  ont  plus  d’une  fois  prêté  leur 
appui  à la  géologie,  à cette  science  qui  tient  à presque  toutes 
les  autres  , et  fait  avec  elles  un  mutuel  échange  de  faits  et  de  lu- 
mières. Il  y a peu  de  temps  que  M.  Herschell  a communiqué  aux 
sociétés  royale  et  géologique  de  Londres  ses  idées  touchant  l’in- 
fluence des  phénomènes  astronomiques  sur  les  révolutions  géo- 
logiques. ! 

MM.  Foncier,  Ampère  , Àrago  , ont  aussi  montré  en  France 
combien  il  y avait  loin  des  lumières  que  la  géologie  pouvait  at- 
tendre des  hautes  sciences  physiques  et  mathématiques  , à l’abus 
qu’on  en  faisait  autrefois  pour  appuyer  les  théories  conçues  en 
dehors  de  toutes  observations  des  faits,  et  sans  tenir  compte  des 
conséquences  directes  auxquelles  la  géologie  conduit  par  ses  pro- 
pres voies  d’induction. 

Tels  sont , messieurs  , les  nombreux  travaux  dont  j’avais  a vous 
retracer  l’esprit  et  l’essence;  heureux  si  j’ai  pu  , en  retour  de  la 
Confiance  que  vous  m’avez  témoignée  en  me  chargeant  de  cette 
honorable  tache,  montrer  de  l’impartial. té  et  de  l’exactitude. 

Pour  compléter  l’histoire  des  travaux  de  la  société  depuis  sa 
première  séance  scientifique,  tenue  le  21  juin  i83o  jusqu’au 
ier  janvier  i832  , je  rappellerai  qu’en  i83o  elle  avait  eu  commu- 
nication des  mémoires  suivans  : 

1 . Des  caractères  particuliers  que  présente  le  terrain  de  craie 
dans  1e  sud  de  la  France  , et  principalement  sur  les  pentes  des 
Pyrénées , par  M.  Dufresnoy  (21  juin  i83o). 

2.  Aperçu  sur  le  sol  tertiaire  de.  la  Gallicie , par  M.  Boue 
(28  juin  18  >0). 

3.  Considérations  sur  la  valeur  attachée  aux  expressions  sui- 
vantes : Epoque  ancienne  et  époque  actuelle  ; époque  an te'di la- 
rme et  postdiluvienne  ; époque  antékistorique  et  historique  ; 


RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX 


f>*4 

période  saturnienne  et  période  jovienne , par  M.  Constant  Pré- 
vost (28  ju%^i83o). 

4.  Sur  la  présence  de  cycladcs  et  d' ancyles  dans  le  calcaire 
d'eau  douce  supérieur  d' Etampes,  par  M.  J.  Desnoyers  (28  juin 
i83o). 

5.  Notice  sur  la  température  du  puits  artésien  entrepris  en 
i83o  près  de  La  Rochelle y par  M.  Fleuriau  de  Believue  (8  no- 
vembre). 

6.  Remarques  sur  un  Mémoire  de  MM.  Sedgwich  et  Murclii - 
son , relatif  aux  terrains  de  Gosau,  dans  les  Alpes  autrichiennes , 
par  M.  Boue  (8  novembre). 

7 . Note  sur  des  ossemens  (de  pachydermes)  dans  un  terrain 
de  transport  près  de  Nancy , par  M.  Bobert  (22  novembre). 

8.  Description  du  bassin  ? ou  pays  plat  de  la  Gallicie  et  de  la 
Podolie , par  feu  M.  Lili  de  Lillienbaeh  : Mémoire  accompagné 
d’une  carte  et  de  coupes  géologiques  (22  novembre). 

9.  Observations  sur  la  direction  et  l'âge  relatif  des  montagnes 
serpentineuses  de  la  Ligurie , en  réponse  à une  Note  de  M.  Lau- 
rent Pareto  , par  M.  E.  de  Beaumont  (6  décembre). 

10.  Observations  sur  un  Mémoire  de  MM.  Buckland  et  de  la 
Bêche , relatif  aux  liges  de  cycadées  et  de  conifères  gisant  ver- 
ticalement dans  un  limon  noiry  entre  le  Purbeck  et  le  Portland- 
Stone,  de  l'ile  de  Portland,  par  Ms  C.  Prévost  (6  décembre). 

Je  terminerai  ce  rapport,  dans  lequel  je  me  suis  permis,  peut- 
être  indiscrètement , d’introduire  quelquefois  mes  propres  opi- 
nions ou  mes  incertitudes  , toujours  guidé  , j’aime  à le  répéter, 
par  une  conscience  que  je  me  suis  efforcé  de  rendre  impartiale  , si 
je  n’ai  pu  réussir  à la  dégager  d’erreurs  ou  de  préventions,  en  in- 
diquant la  direction  que  la  géologie  me  semble  avoir  prise  durant 
le  cours  de  l’année  dernière,  direction  à laquelle  n’a  certainement 
pas  été  étrangère  la  fondation  de  cette  société. 

S’il  était  possible  d’apprécier  la  tendance  générale  d’une  science 
dont  les  élémens  se  rattachent  à tant  d’autres  connaissances  posi- 
tives, et  à laquelle  apportent  leur  tribut  tant  d’observations  iso- 
lées et  indépendantes , tant  d’opinions  individuelles  parfois  con- 
tradictoires , 11e  pourrait-on  pas  formuler  ainsi  en  quelques  traits 
celle  que  les  nouvelles  découvertes  ont  imprimée  à la  géologie? 

La  marche  n’en  a été  ni  brusque  ni  rétrograde  , elle  s’est  conti- 
nuée dans  le  même  sens  que  les  quatre  ou  cinq  années  précé- 
dentes. 


DE  LA.  SOCIÉTÉ  EN  1 85  1 . 5*5 

L’éclectisme  s’y  est  de  plus  en  pins  profondément  introduit. 

Chaque  jour  s’est  affaiblie  une  précision  trop  rigoureusement 
méthodique  , commode  sans  doute  pour  l'étude  , mais  qui , sou- 
vent au  détriment  de  la  vérité,  ne  laissait  d’incertitudes  ni  sur 
l’âge  d’un  terrain  , ni  sur  la  valeur  réelle  de  caractères  zoologi- 
ques ou  minéralogiques  propres  à le  fixer,  sur  les  limites  vraies 
ou  possibles  de  ces  caractères  et  des  formations  géologiques  elles- 
mêmes. 

C’est  ainsi  que  le  caractère  zoologique  , d’abord  limité  à un 
petit  nombre  de  genres  par  formations , s’est  étendu  peu  à peu  à 
des  limites  bien  plus  larges  , et  que  , tout  en  conservant  son  im- 
portance , cette  importance  s’est  restreinte  aux  espèces  les  plus 
nettement  caractérisées. 

Les  types  de  chaque  terrain  ont  été  regardés  comme  de  moins 
en  moins  exclusifs  , de  moins  en  moins  généralisés;  et  l’on  a tenu 
plus  rigoureusement  compte  des  nombreuses  influences  locales 
modifiantes  auxquelles  les  sédimens  ont  été  exposés.  Il  ne  paraît 
pas  qu’on  ait  appliqué  aussi  généralement  aux  fossiles  cette  in- 
fluence si  puissante  des  agens  locaux  naturels  qui  peuvent  avoir, 
durant  une  même  période , changé  les  espèces  des  corps  organisés 
enfouis  dans  les  couches  superposées  d’un  même  bassin,  sans  que, 
de  cette  différence , on  soit  en  droit  de  conclure  des  destructions  et 
des  renouvellemens  si  fréquens  d’organisation. 

On  a continué  d’attacher  la  plus  grande  valeur,  en  la  fortifiant 
par  une  foule  d’observations  directes,  à cette  vaste  théorie  de  la 
puissance  du  calorique  dans  l’intérieur  et  au-dessous  de  l’écorce 
solide  de  la  terre;  soit  qu’elle  se  soit  manifestée  dans  les  anciennes 
périodes  par  les  injections  et  soulèveniens  de  roches  cristallines  à 
l’état  d’une  fluidité  pâteuse  , soit  par  les  altérations,  carbonisa- 
tion , cristallinéité  , ou  par  la  cémentation  des  roches  préexi- 
stantes, au  contact  des  dépôts  d'épanchement,  soit  par  la  subli- 
mation de  métaux  dans  les  filons  et  autres  gangues  métallifères , 
soit  par  les  produits  des  émanations  gazeuses  ou  acidifères,  sulfu- 
reuses, carboniques,  magnésiennes,  etc.,  soit  enfin  , durant  notre 
époque,  par  les  gaz  des  eaux  thermales,  la  chaleur  croissante  avec 
la  profondeur,  et  par  les  différons  phénomènes  volcaniques. 

Le  rajeunissement  de  presque  toutes  les  anciennes  roches  cris- 
tallisées long-temps  dites  primordiales  et  de  transition,  autant  des 
granités  et  des  gneiss  que  des  syénites  , des  euphotides  , des  por- 
phyres; la  probabilité  de  leur  éjection , même  à des  époques  secon- 
daires assez  récentes,  ont  continué  de  reposer  sur  des  observations 
nouvelles  , de  plus  en  plus  précises. 


3 2 6 RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX  UE  LA  SOCIETE  EN  l8)I. 

. Il  en  a été  de  même  du  parallélisme  et  de  la  contemporanéité 
à toutes  les  périodes  de  roches  de  stratification  et  de  roches  d’é- 
panchement et  de  leur  mutuelle  intercalation*  cette  distinction, 
presque  unanimement  admise , a achevé  de  faire  disparaître  la 
vieille  querelle  des  neptunistes  et  des  vùlcamstes. 

La  théorie  des  mouvemens  du  sol , de  leurs  dates  , de  l’âge  des 
montagnes  , des  dislocations  découches  , jadis  considérées  comme 
caractère  d’ancienneté,  et  reconnues  aujourd’hui  comme  propres 
à toutes  les  périodes,  et  même  plus  en  grand  aux  plus  récentes, 
a continué  d’obtenir  un  grand  crédit  en  Europe^  et  les  objections 
qu’on  a faites  à cette  ingénieuse  théorie  , en  rectifiant  certaines 
parties  faibles,  ne  paraissent  devoir  que  l’éclairer  et  en  fortifier 
les  bases.  Déjà  la  direction  des  strates  et  des  chaînes  commence  à 
se  joindre  aux  fossiles  et  à la  superposition  pour  fournir  un  nou- 
veau chronomètre  géologique. 

La  tendance  à rajeunir  certains  terrains  de  sédiment  a été  pres- 
que aussi  sensible  que  pour  les  terrains  de  cristallisation  , et  s'est 
étendue  depuis  les  calcaires  des  hautes  montagnes  jusqu’à  une 
partie  des  dépôts  tertiaires. 

A la  contemporanéité  , durant  la  même  période  et  dans  le 
même  bassin,  des  dépôts  ignés  et  aqueux  , s’est  jointe  , comme  une 
loi  naturelle  dont  la  vérité  a été  assez  généralement  reconnue,  la 
simultanéité  des  dépôts  fhiviatiles  et  marins,  littoraux  ou  profonds 
et  par  conséquent  delà  nature  la  plus  diverse,  sous  un  mêmeliquide. 

La  succession  de  longues  périodes  de  calme  et  d’époques  passa- 
gères de  violens  bouleversemens  ; 

La  distinction  des  sédimens  tranquilles  et  des  dépôts  de  char- 
riage; 

La  reproduction  à chaque  période,  même  les  plus  récentes  , 
des  causes  et  des  résultats  long-temps  limités  à des  époques  plus 
anciennes , tels  que  la  cristaîlinéité  des  sédimens , la  production 
de  certaines  substances  métalliques,  etc.  ; 

Le  mode  d'examen  du  connu  à l’inconnu  appliqué  aux  phéno- 
mènes géologiques,  en  opposition  à la  théorie  d’abord  plus  sédui- 
sante de  grandes  lois  et  d’une  puissance  d’action  anéanties  ; 

Telles  sont  encore  quelques  unes  des  tendances  qui  semblent  se 
manifester  de  plus  en  plus.  En  un  mot , deux  idées  philosophiques 
prédominantes,  si  elles  ne  sont  point  générales,  l’action  de  la 
température  intérieure  de  la  terre  , et  la  continuation  jusqu’à 
notre  période  inclusivement  des  phénomènes  de  la  plupart  des 
époques  antérieures  de  tranquillité,  paraissent  tendre  à obtenir 
l’assentiment  général  des  géologues. 


SÉANCE  DU  20  FEVRIER  l832. 


627 


En  voyant  les  chefs  de  la  science  céder  au  mouvement,  appuyer 
eux-m^mes  de  leurs  observations  ou  de  l’autorité  de  leur  assen- 
timent , des  idées  nouvelles  contraires  à des  opinions  qu’ils  ont 
long-temps  professées  et  fait  adopter  en  Europe  comme  vraies , 
on  doit  reconnaître  autant  de  véritable  savoir  que  de  générosité,  et 
bien  augurer  de  l’avenir  de  la  science. 

Ne  devons-nous  pas  espérer  que  la  formation  d’une  société  géo- 
logique française  continuera  à diriger  dans  ces  voies  rationnelles, 
à les  éclairer,  à répandre  plus  généralement  des  principes  qui 
fructifieraient  moins  isolés  , et  à apprendre  que  le  doute  n’est  pas 
moins  propre  souvent  que  le  dogme  à faire  découvrir  la  vérité. 

Depuis  longues  années,  l’Europe  avait,  dans  la  Société  géolo- 
gique de  Londres y un  modèle  dont  la  France  devait,  plus  qu’au- 
cune autre  contrée,  être  jalouse.  En  la  suivant  dans  une  route 
que  cette  société  a si  bien  tracée  , guidée  par  l’amour  du  vrai , 
par  l’examen  consciencieux  des  faits,  par  l’indépendance  la  plus 
entière  des  opinions  et  des  doctrines,  et  manifestant,  autant  qu’il 
appartient  à la  France,  une  absence  de  toute  individualité  natio- 
nale , pour  ne  voir  dans  les  géologues  de  tous  les  pays  que  des 
observateurs  de  la  nature,  des  amis  d’une  même  science,  réunis 
par  un  lien  commun  , et  tendant  à un  seul  but,  les  progrès  de 
cette  science,  la  société  géologique  française  est  assurée  d’un  suc- 
cès qui  non  seulement  sera  national , mais  qui  peut  devenir  eu- 
ropéen. 


Séance  du  20  février  1832. 

M.  Brongniart  occupe  le  fauteuil. 

Après  la  lecture  et  l’adoption  du  procès  verbal  de  la  der- 
nière séance , le  président  proclame  membres  de  la  Société  : 
MM. 

Gràteloup,  docteur  en  médecine,  à Bordeaux,  présenté 
par  MM.  Boué  et  Deshayes; 

Bonnet  (Gatien  François) , étudiant  en  médecine,  à Paris, 
présenté  par  MM.  Eugène  Bobert  et  Michelin  ; 

Levy,  professeur  à l’école  normale  de  Paris,  présenté  par 
MM.  Gordier  et  Brongniart; 

Reynaud,  ingénieur  des  mines,  à Paris,  présenté  par 
MM.  Dufresnoy  et  Élie  de  Beaumont. 


5*8  SEANCE  DU  20  FÉVRIER  l85*. 

La  Société  royale  de  littérature  de  Londres  adresse  à la 
Société  ses  remerciemens  pour  le  premier  volume  du  Bul- 
letin. 

La  Société  reçoit  le  prospectus  d’une  nouvelle  société 
fondée  par  M.  Spurzheim,  sous  le  titre  de  Société  anthro- 
pologique. 

La  Société  reçoit  les  ouvrages  suivais  : 

1°  De  la  part  de  M.  Herman  de  Meyer,  son  Mémoire  sur 
des  pétrifications.  (Extrait  des  actes  de  l’Académie  des  cu- 
rieux de  la  nature,  Torn.  XV , part.  2.  Bonn  , 1829.  ) In-4*, 
avec  8 planches  lithographiées. 

a*  De  la  part  de  M.  Alcide  d’Orbigny,  son  Tableau  mé- 
thodique de  la  classe  des  Céphalopodes , et  le  Rapport  fait 
sur  cet  ouvrage  à l’Académie  des  sciences , par  MM.  Geoffroy 
Saint-Hilaire  et  Latreille. 

5°  De  la  part  de  M.  Underwood,  un  ouvrage  intitulé: 
Association  impériale  des  mines  du  Brésil  : Rapports  des 
directeurs  adressés  à leurs  cominettans  ( Reports  of  the  di- 
rectorSy  etc.).  Londres,  1826,  in-8°  de  128  pages,  avec  une 
planche. 

4®  Les  nM  11  et  12  de  l' Européen , journal  des  sciences 
morales  et  économiques.  Paris,  i85a. 

5°  Les  nM  10  à i5  du  Journal  de  C Académie  de  C indus- 
trie , fondé  à Paris  , par  M.  César  Moreau.  i832. 

6°  Le  n°  14  du  Mémorial  encyclopédique  et  progressif 
des  connaissances  humaines , sous  la  direction  de  M.  Bouilly 
de  Merlieux.  Paris,  in-8°. 

y*  De  la  part  de  M.  Defrance,  un  exemplaire  de  son  por- 
trait gravé. 

Il  est  fait  hommage  à la  Société  géologique  de  France, 
par  souscription , des  sept  années  (de  1824  à i83o  inclusi- 
vement) du  Bulletin  universel  des  Sciences  et  de  ly Industrie 
(section  des  sciences  naturelles  et  de  géologie) , par  MM.  de 
Blainville,  de  Bonnard , Boubée , Boué,  Brochant  de  Villiers, 
Clément  Mullet,  Cordier,  Defrance,  Delpon,  Desnoyers, 
Fleuriau  de  Bellevue,  La  Joye,  Michelin,  de  Paris,  Puzos, 
Régley,  Robin  Massé,  de  Roissy,  Yemard,  de  Yerneuil , Un- 
dtrwood* 


SÉANCE  DU  îi  O FÉVRIER  l832. 


M.  Lehmann  offre  à la  Société  deux  échantillons  de  grès 
des  Carpathes,  altérés  et  prismatisés  par  la  chaleur  des  hauts 
fourneaux. 

Le  secrétaire  à l’étranger  présente  le  quatrième  cahier  , 
pour  1 83 1 , du  J ahrbuch  fur  minéralogie , géologie , etc.,  qui 
contient  en  particulier  un  mémoire  sur  le  gisement  géolo*. 
gique  de  quelques  Monolis , par  M.  le  comte  Munster;  un 
article  sur  la  température  de  l’intérieur  du  globe,  par 
M.  Kloden  ; une  esquisse  du  système  géognostique  de  M.  Ke- 
ferstein  ; une  note  sur  les  fossiles  du  cabinet  d’histoire  natu- 
relle de  Carlsruhe,  par  le  docteur  Bronn;  une  lettre  de  M.  de 
Meyer  sur  te  genre  Cœlodonla , et  une  autre  de  M.  le  comte 
Munster  sur  certains  fossiles  jurassiques. 

Il  annonce  que  quatre  nouveaux  cahiers  du  Montkly  .Ame 7 
rican  journal  of  Geology  and  nalural  I listory , sont  arrivés 
à Paris  ; mais  il  n’y  a que  peu  d’articles  géologiques,  savoir; 
une  description  des  mâchoires  et  dents  du  Megalonyx  lar 
queatus , par  R.  Haplan  (n°  2)  ; un  voyage  aux  cavernes  de 
Virginie  avec  une  liste  proportionnelle  des  espèces  de  mam- 
mifères dont  on  y a découvert  les  ossemens  ( n°  2 );  et  une 
notice  sur  des  fossiles  trouvés  à Ann,  comté  d’Arundel,  dans 
le  Maryland  (n°  3 ). 

— M.  Virlet  lit  une  notice  géologique  sur  l’ile  de  Therraia, 
suivie  d’un  essai  sur  une  nouvelle  théorie  de  la  formation 
des  cavernes  : > 


L’île  de  Thermia,  la  Cythnos  des  anciens , fait  partie  du  groupe 
des  Cycladcs  proprement  dites,  et  se  trouve  sur  les  lignes  de  pro- 
longemens  sous-marins  des  chaînes  de  la  Livadie  et  de  la  Thessalie. 
Son  sol  très  montagneux  est  essentiellement  compose  de  roches 
primordiales;  ce  sont  des  gneiss  talcifères  avec  pyrites  de  fer  et 
quelques  grenats , des  micaschistes  grenatifères  et  amphiboleux , 
des  phyllades  satinés  à filons  et  noyaux  de  quarz , traverses  par 
des  filons  de  fer  oligiste;  (c’est  la  roche  dominante  de  l’île) , des 
stéachistes  et  des  calcaires  grenus , qui  sont  très  peu  développes  et 
très  subordonnés  aux  stéachistes. 

Dans  la  partie  septentrionale  de  l’ile , dans  un  lieu  appelé  Lou- 
tro  (bains) , à quelques  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer  et 


330  SÉANCE  BU  *20  FEVRIER  l83ll. 

à peu  de  distance  du  rivage,  se  trouvent  plusieurs  sources  ther- 
males, salées,  un  peu  amères,  sans  odeur  sensible , et  contenant 
peu  de  gaz;  elles  sourdent  du  sol  d’une  petite  plaine , en  produi- 
sant de  petits  bouillons,  qui  se  réunissent  pour  former  un  ruisseau 
qui  va  se  jeter  à la  mer  : quoique  très  rapprochées  , elles  diffèrent 
cependant  de  température  ; la  source  principale,  qui  sert  encore 
aujourd’hui  de  bains,  n’a  élevé  le  thermomètre  qu’à  4o°,  tandis 
qu’une  autre  le  fait  monter  à 5o°,  et  une  troisième,  la  plus  chaude 
de  toutes,  à 57°  centigrades. 

Au  village  de  Sillaka , situé  dans  la  partie  centrale  del’île,  à 
environ  45o  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  existe  une 
caverne  immense  qui  a son  entrée  dans  le  village  même;  elle  est 
en  tièrement  creusée  dans  des  micaschistes  et  des  phyllades  souvent 
très  durs. 

L’existence  d’une  semblable  caverne  dans  des  roches  de  cette 
nature,  est  un  fait  nouveau  et  intéressant  pour  la  géologie,  qui 
tf avait  pas  encore  été  signalé  ; elle  est  d’une  étendue  considérable, 
et  ses  Caractères  sont  parfaitement  conformes  à tout  ce  qu’on  ob- 
serve dans  les  cavernes  à ossemens.  Des  parois  arrondies  et  irré- 
gulières, divers  embranchemens  dans  lesquels  régnent  d’autres 
petites  cavités  latérales  sans  issues,  une  suite  de  salles  nombreuses, 
plus  ou  moins  vastes  , communiquant  entre  elles  par  des  couloirs 
Souvent  fort  étroits,  sont  les  principaux  de  ces  caractères  ; ils  sont 
d’autant  plus  faciles  à saisir  que  , par  la  nature  des  roches  et  l’ab- 
sence du  calcaire  dans  les  environs,  elle  est  dépourve  de  stalactites 
et  stalagmites. 

Toutes  ces  circonstances  ne  permettent  pas  à M.  Virlet  de 
douter  qu’elle  n’ait  servi  de  passage  à un  courant  souterrain,  au- 
quel est  dû  le  dépôt  limoneux  et  argileux  bleuâtre  qui  en  forme 
Te  sol.  Il  exprime  ses  regrets  de  ce  que  la  fièvre,  qu’il  avait  con- 
tractée depu  s long-temps  en  Morée,  ne  lui  ait  pas  permis  défaire 
faire,  dans  la  grotte  de  Sillaka,  des  fouilles  pour  s’assurer,  comme 
il  en  est  persuadé,  que  c’est  une  véritable  caverne  a ossemens;  et 
il  cite  à l’appui  de  cette  opinion  un  fait,  que  M.  Boblaye  et  lui 
ont  eu  souvent  l’occasion  d’observer  en  Morée,  et  dont  ils  parle- 
ront à l’article  de  la  configuration  générale  de  cette  contrée;  ce 
sont  des  espèces  de  gouffres  ou  canaux  souterrams,  appelés  dans 
le  pays  Katavotrons , par  où  s’écoulent  les  eaux  des  grandes  plai- 
nes fermées,  si  remarquables,  qui  donnent  à la  Grèce  un  aspect 
tout  particulier.  Ces  katavotrons,  comme  il  a eu  occasion  de  le 
vérifier  plusieurs  fois,  sont  de  véritables  cavernes  à ossemens, 


SÉANCE  Ï)ÏI  50  FÉVRIER  î8$2.  35 1 

dont  le  dépôt  limoneux  ossifère  se  forme  encore  tous  les  jours. 

M.  Virlet  passe  ensuite  en  revue  toutes  les  hypothèses  par  les- 
quelles on  a cherché  à expliquer  la  formation  des  cavernes,  et  il 
reconnaît  que  si  elles  ne  sont  pas  même  admissibles  pour  le  cas  de 
roches  solubles,  comme  les  calcaires  , elles  le  seront  encore  bien 
moins  pour  des  roches  phvlladiqucs  anciennes  de  la  nature  de 
celles  de  Sillakas  En  effet,  dit-il,  comment  doncevoir  que  les  eaux 
d'un  lac,  d’un  torrent,  etc.,  etc.,  de  quelque  nature  qu’elles  fus- 
sent, auraient  pu  se  creuser  un  passade  a travers,  des  montagnes 
d’une  épaisseur  immense,  comme  ces  canaux  souterrains  qui 
existent  en  grand  nombre  en  Morée  et  dans  la  Grèce  continen- 
tale , si  ces  canaux  n’avaient  pas  existé  préalablement? 

Pour  arriver  à une  explication  probable  de  la  formation  de 
la  caverne  de  Sillaka,  et  expliquer  cette  préexistence , M.  Virlet 
a recours  à un  autre  ordre  de  phénomènes ; il  suppose  que  la 
plupart  des  cavernes  ont  bien  pu  n’èti  e dans  le  principe  que  des 
fractures  ou  fissures  occasionées  par  quelques  actions  volcaniques, 
telles  que  de  violentes  secousses  de  trembtemens  de  terre;  que 
ces  fissures,  dans  quelques  circonstances  , sont  devenues  de«  es- 
pèces de  cheminées  par  où  se  dégageaient  les  gaz  produits  par 
l’action  intérieure  des  volcans.  Ces  gaz,  soit  qu’ils  aient  été  mu- 
riatiques, fluoriques  , sulfureux,  etc.,  etc.,  élevés  à une  très  haute 
température  par  le  fait  seul  de'îeur  propre  ‘formation  , ont  très 
bien  pu , par  une  action  plus  ou  moins  prolongée  , altérer  les  ro- 
ches qu’ils  avaient  à traverser,  quelle  que  fut  d’ailleurs  leur  nature. 

M.  Virlet  rapporte  à ce  sujet  un  fait  qu’il  a eu  occasion  d’ob- 
server dans  l’isthme  de  Corinthe,  et  qui  prouve  très  bien  la 
possibilité  de  ces  altérations  pour  des  roches  autres  que  les  cal- 
caires; des  jaspes  et  dcS  silex  y Sont  journellement  corrodés  et 
dénaturés  par  l’action  prolongée  de  gaz  souterrains,  arrivant  à la, 
surface  avec  une  température  encore  très  élevée.  Il  regarde  ces 
gaz  comme  le  résultat  d’une  action  volcanique  qui  se  manifeste 
depuis  long-temps  dans  le  voisinage,  et  à laquelle  sont  sans  doute 
dus  les  trachy tés  d’Eginc  , de  Méthana  et  de  Paros  ; cetle  action 
continuerait  à se  manifester  aujourd’hui  d’un  côté  par  ces  dégage- 
mens  de  gaz,  de  l’autre  par  la  production  des  eaux  chaudes  de 
Loutro(i),  situées  aussi  dans  l’isthme,  et  par  les  eaux  thermales 
sulfureuses  de  Méthana. 

M.  Virlet  admettant  ensuite  que  ces  fentes  corrodées  ou  non 

(i)  Le  mot  Loutro  est  un  mot  générique,  employé  en  Grèce  pour 
indiquer  toute  espèce  de  sources  thermales. 


55a  SÉANCE  DU  20  FÉVRIER  l85î». 

corrodées  par  des  gaz,  ont  été  relevées  ensuite  par  des  actions 
volcaniques  plus  violentes  qui  ont  donné  naissance  à quelque 
chaîne  de  montagnes,  ou  ont  exhaussé  celles  qui  existaient  déjà; 
alors  plusieurs  de  ces  fentes  ou  fissures  planes  ou  peu  inclinées , 
ont  pu  fournir  passage  aux  eaux  de  la  surface , qui  ont  eu  d’au- 
tant moins  de  peine  à s’y  introduire  que  les  roches  qu’elles  tra- 
versaient avaient  été  plus  corrodées. 

Telle  est  l’origine  qu’il  suppose  à la  plupart  des  cavernes,  sur- 
tout de  celles  qui  ont  servi  ou  qui  servent  encore , comme  en 
Morée , de  passage  aux  eaux  de  la  surface  ; mais  là  il  n’y  a eu  au- 
cune action  corrodante,  tandis  que  la  grotte  de  Sillaka,  aussi  bien 
que  le  canal  qui  sert  encore  aujourd’hui  de  conduit  aux  eaux 
thermales  deThermia,  ont  été  très  probablement  de  ces  chemi- 
nées ou  fissures  par  où  s’échappaient  les  produits  gazeux  de  l’in- 
térieur. 

Une  circonstance  fort  importante  qui  à Sillaka  vient  surtout  à 
l’appui  de  cette  hypothèse,  et  qui  semble  se  lier  à la  formation 
de  la  caverne,  c’est  la  présence  des  nombreux  filons  de  fer  qui 
courent  dans  tous  les  sens  au  milieu  des  micaschistes  et  des  phyl- 
lades , en  se  rapprochant  toutefois  de  la  perpendiculaire  au  plan 
des  couches  qu’ils  traversent.  On  peut  donc  supposer  raisonna- 
blement qu’ils  sont  contemporains  de  la  fissure  ou  cheminée  prin- 
cipale qui  a donné  naissance  ensuite  à la  caverne , et  que  c’était 
par  cette  grande  fissure  que  s’échappaient  et  les  gaz  et  le  fer  qui , 
en  se  sublimant,  est  venu  remplir  toutes  les  petites  fissures  laté- 
rales du  terrain , et  donner  naissance  aux  nombreux  filons  qu’on 
y remarque. 

Enfin,  M.  Virlet  pense,  d’après  son  hypothèse,  que  si  les  ca- 
vernes sont  plus  nombreuses  dans  les  roches  calcaires  que  dans  les 
autres  roches,  cela  ne  tient  pas  seulement  à leur  nature  plus  so- 
luble , mais  bien  aussi  à leur  nature  plus  cassante  et  peu  flexible  • 
circonstances  qui  font  qu’elles  ont  dû  se  fracturer  bien  plus  sou- 
vent que  les  roches  schisteuses,  au  moindre  soulèvement,  quelque 
faibje  qu’il  ait  été,  et  donner  lieu  à de  nombreuses  crevasses, 
élémens  d’autant  de  cavernes;  tandis  que  les  roches  schisteuses, 
naturellement  plus  flexibles  et  plus  tenaces  , en  résistant  à de  fai- 
bles soulèvemens,  ont  éprouvé,  au  lieu  de  se  fracturer,  une  certaine 
extension  qui  a été  quelquefois  assez  considérable,  si  l’on  doit  en 
juger  paries  nombreuses  ondulations  et  plis , ou  refoulement  de  la 
roche  sur  elle-même,  qu’on  y observe  souvent , et  qui  se  seront 
formés  lorsque  ces  roches  momentanément  soulevées  ont  repris 
ensuite  leur  position  première. 


SÉANCE  DÜ  30  FÉVIlIEft  1 83^.  555 

Il  termine  son  mémoire  en  annonçant  que  J a fameuse  grotfe 
<TAntiparos , ainsi  que  celle  de  Jupiter  à Naxos,  appartiennent, 
comme  celle  de  Thermia,  aux  mêmes  roches  primordiales;  mais 
que  celles-ci  sont  creusées , non  dans  les  phyllades  comme  à Sil- 
Jaka,  mais  bien  dans  les  calcaires  grenus,  qui  dans  ces  deux  îles  ont 
•acquis  un  bien  plus  grand  développement  qu’à  Thermia , où  ils 
n’ont  fait  pour  ainsi  dire  qu’apparaître. 

Plusieurs  membres  objectent  à l’auteur  de  ce  mémoire,  que 
Ja  cause  première  de  l’excavation  de  la  grotte  de  Thermia 
pourrait  bien  être  l’exploitation  du  minerai  de  fer;  que  le 
défaut  de  traces  d’altérations  des  parois  rend  difficile  à ex- 
pliquer l’élargissement  de  la  grotte  par  des  éruptions  ga- 
zeuses, qui  modifient  superficiellement  plutôt  qu’elles  ne 
dissolvent  les  roches;  que  l’action  d’eaux  acides  souterraines 
aurait  pu  plus  aisément  dissoudre  ces  roches  phylladiques. 

Mais  M.  Virlet  est  bien  convaincu , d’après  tous  les  carac- 
tères que  présente  cette  grotte,  quelle  n’a  pu  être  formée 
par  d’anciennes  exploitations  de  fer;  il  n’a  reconnu  sur  les 
roches  aucune  trace  d’eaux  érosives,  et  ce  qui  semblerait  le 
prouver,  c’est  la  plus  grande  conservation  des  filons  de  fer. 
d’altération  produite  par  des  émanations  gazeuses  aurait  été, 
'Selon  lui,  entièrement  effacée  par  les  courans  qui  se  sont  in- 
troduits postérieurement  dans  cette  grotte.  Quant  à la  légère 
•croûte  altérée  qu’ori  trouve  cependant  à la  surface , il  la  croit 
"simplement  le  résultat  des  actions  atmosphériques,  et  de 
Thumidité  constante  de  la  grotte. 

Mi  Cordier  annonce  que  M.  Tournai  vient  de  découvrir, 
près  de  Saint-Pont,  dans  le  département  de  l’Aude,  au  milieu 
d’un  terrain  primordial  et  à 4oo  mètres  au-dessus  de  la  Mé- 
diterranée, une  fente  remplie  de  brèches  osseuses. 

M.  de  Bonnard  observe  que  les  grottes  du  Harz  sont  aussi 
-creusées  dans  un  terrain  de  transition , mais  seulement  dans 
des  roches  calcaires. 

— M.  Nérée  Boubée  présente  une  nouvelle  espèce  de  co- 
quille terrestre  provenant. du  calcaire  lacustre,  qui  limite  au 
.sud-est  le  terrain  du  bassin  de  Toulouse  qu’il  a décrit  sous  le 
iiiom  de  Postdiluvium  toulousain  (v.  Bull.,  Tom.  i , p.  j^G). 
On  se  rappelle  que  ce  dépôt,  faisant  partie  du  terrain  tertiaire 


554  SEANCE  DU  20  FEVRIER  l85à. 

lacustre  supérieur,  a déjà  fourni  à M.  Boubée  sept  especes 
nouvelles  (voy.  Bull  , Tom.  i,  pag.  2 1 2).  Il  donne  le  nom  de 
Cyclostoma  formosum  à la  nouvelle  espèce  . caractérisée  par 
l'épaisseur  de  son  test , par  sa  bouche  supérieurement  anguleuse, 
fortement  rebordée  , et  à peu  près  dans  un  même  plan  que  l’axe 
de  la  coquille,  ce  qui,  joint  à rallongement  de  la  spire  et  au  peu 
de  convexité  des  tours,  donne  à cette  coquille  le  port  d’une  Pa- 
ludine.  Mesurée  au  conchyliomètre  de  M.  Boubée,  cette  espèce 
offre  les  caractères  géométriques  suivans  : angle  de  la  spire  270, 
angle  d*  ouverture  78°,  angle  latero-dorsal  120°,  angle  de  direc- 
tion , longueur  5 2 millim. , largeur  23  miliim. 

M.  Boubée  fait  remarquer  que  le  plus  grand  nombre  des  co- 
quilles trouvées  par  M.  Viala  et  par  lui  dans  ce  calcaire,  sont  des 
espèces  terrestres,  et  que,  dans  leur  ensemble,  elles  diffèrent  de 
celles  qui  vivent  aujourd’hui  dans  les  mêmes  lieux  , autant  que 
les  coquilles  d’Egypte  par  exemple  diffèrent  de  celles  qui  vivent 
dans  les  environs  de  Paris. 

Déplus,  M.  Boubée  annonce  qu’après  un  nouvel  examen  du 
bassin  de  Toulouse , il  conserve  la  même  opinion  sur  le  terrain  qui 
le  remplit,  et  il  présentera  incessamment  des  preuves  qui  devront 
fixer  la  place  du  Postdiluvinm  toulousain  dans  la  série  géognos- 
tique. 

— M.  Desnoyers  présente  à la  Société  des  ossemens  de  boeuf, 
de  mouton  et  de  cheval,  trouvés  dans  les  fouilles  du  nouvel 
égout  de  la  rue  Saint-Denis.  Les  os  ont  perdu  une  partie  de 
leur  imatière  animale;  ils  répandent  une  odeur  argileuse  par 
insufflation,  et  ils  gisaient , dans  un  limon  sableux  noir  pres- 
qu’au  contact  du  limon  blanc  de  la  rivière,  à 8 ou  io  pieds 
au-dessous  du  pavé  actuel,  à plusieurs  pieds  sous  l’ancien, 
formé  de  gros  blocs  de  calcaire  grossier  et  de  grès,  qu’on  re- 
garde comme  de  l’époque  de  Philippe-Auguste.  Ces  os  étaient 
également  au-dessous  du  chemin  antérieur  encore  à ce  der- 
nier,  et  que  quelques  personnes  considèrent,  mais  pro- 
bablement à tort , comme  la  voie  romaine , qui  de  l’île  des 
Parisii  se  dirigeait  au  nord  de  Lutèee , en  passant  à travers 
des  marécages. 

M.  Desnoyers  fait  remarquer  que  dans  cette  partie  de  la 
ville  le  sol  se  serait  exhaussé  depuis  le  douzième  siècle,  par 
des  remblais  successifs , de  6 ou  8 pieds , fait  analogue  à ce  qui 


SÉATÏCè  DU  5 MARS  1 85  * . 555 

s’observe  sur  plusieurs  autres  points  de  Paris , particulièrement 
sur  la  place  Notre-Dame,  puisque  autrefois  on  montait  par 
plusieurs  degrés  à l’église  qui  est  maintenant  de  près  de  4 
pieds,  au-dessous  du  sol  environnant.  Sur  plusieurs  autres 
points  de  Paris  les  fouilles  ont  souvent  présenté  des  ossé- 
mens  à demi  fossiles  ; mais  ce  n’est  que  dans  le  gravier  blanc 
inférieur  qu’ont  été  trouvés  des  restes  d’espèces  véritable- 
ment fossiles  et  détruites. 

Le  sol  de  la  ville  de  Londres  a présenté , dans  les  fouilles 
d’un  égout  pratiqué,  il  y a environ  quarante-quatre  ans, 
dans  le  Lombard-Street,  à seize  pieds  au-dessous  de  la  sur- 
face du  pavé  actuel,  une  quantité  de  blé  qui  avait  évidem- 
ment subi  faction  du  feu,  du  bois  brûlé,  des  poteries  celti- 
ques et  autres  objets  qui  paraissent  dater  de  l’an  5q  de  notre 
ère,  époque  du  saccage  de  la  cité  de  Londres  par  Buodicea, 
reine  de  Ffeénie.  Ce  fait  a été  communiqué  à M.  Desnoyers 
par  M.  Underwood.  Il  serait  facile  de  citer  un  grand  nombre 
d’autres  exemples  de  ces  exhaussemens  rapides  du  sol  dans 
les  villes  populeuses , d’ancienne  date  surtout,  pour  les  épo 
ques  où  un  pavé  continu  ne  fixait  point  encore  de  niveau 
régulier.  Nulle  part  ils  ne  sont  plus  remarquables  qu’à  Rome. 

La  Société  procède  à la  discussion  du  projet  de  traité  avec 
un  libraire  pour  la  publication  de  ses  mémoires.  Elle  adopte, 
après  quelques  modifications,  le  projet  arrêté  par  la  com- 
mission avec  M.  Levrault  libraire.  Il  en  sera  fait  une  dernière 
lecture  à la  Société  pour  quelle  en  adopte  l'ensemble. 


Stance  du  5 mars  1832. 

M.  Brongniart  occupe  le  fauteuil. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

La  société  reçoit  de  M.  Lockhart,  conservateur  du  Musée 
d’Orléans,  une  collection  d’ossemens  fossiles  du  Loiret , de 
Loir-et-Cher  et  de  l’Indre.  Ces  ossemetis  de  mammifères,  de 
reptiles  et  de  cétacés,  proviennent  des  localités  suivantes: 
€hevilly,  Àvaray,  les  Barres,  les  Aides  et  Argenton.  Ils  ap- 


5&6  séance  eu  5 mars  i85a. 

partiennent  au  mastodonte  à dents  étroites,  à plusieurs  es- 
pèces d’hyppopotames,  de  rhinocéros,  au  tapir  gigantesque, 
à des  cerfs,  à des  lophiodons,  à des  chéropotames , anthra- 
cotherium,  émydes,  crocodiles  et  lamantins.  Ils  proviennent 
tous,  excepté  ceux  d’Argenton  , du  gravier  diluvien. 

Un  membre  (M.  Desnoyers)  rappelle  que  l’identité  con- 
statée par  lui  entre  la  plupart  des  ossemens  de  mammifères 
du  Loiret  et  ceux  des  faluns  d’Indre-et-Loire,  le  porte  à 
conclure  que  ces  ossemens  avaient  été  entraînés  au  milieu 
du  dépôt  marin  littoral  de  la  Loire  centrale  et  inférieure  par 
des  cours  d’eau  traversant  la  Loire  supérieure , où  ils  ont 
laissé  les  mêmes  ossemens  dans  des  dépôts  uniquement  flu- 
viatiles.  Le  tableau  ci-joint  présente  ces  relations  telles  qu’il 
les  indiqua  dans  son  Mémoire  sur  les  terrains  tertiaires  ré- 
cens , d’après  les  découvertes  faites  dans  l’Orléanais  par 
M.  Lockhart,  en  Auvergne  par  MM.  Croizet,  Jobert,  etc.  ; 
on  a ajouté  ici  les  nouvelles  découvertes  faites  dans  le  Yelay 
par  MM.  Bertrand-Roux  et  Eugène  Robert. 

M.  Tournai  fait  hommage  à la  société  de  échantillons 
de  roches  du  département  de  l’Aude,  savoir  : 

i 1 échantillons  de  Fitou  (diorite,  calcaire  et  gypse  quar- 
zifère);  12  échantillons  de  Prat.  près  Narbonne  (roche  amyg- 
dalaire,  calcaire  et  gypse);  10  échantillons  de  Saint-Eugène, 
près  Narbonne  (roche  trappéenne,  gypse);  4 échantillons  de 
roches  ignées  de  Ville -Sègne  , près  Narbonne. 

Cet  envoi  est  accompagné  d’une  notice  géologique  sur  les 
roches  volcaniques  des  Corbières. 

M.  Morren  écrit  qu’on  a découvert  à Merenclri  et  à Alte- 
ren,  entre  Bruges  et  Gand,  un  nouveau  gîte  de  bois  et  de 
fruits  fossiles.  Burtin  en  avait  déjà  dit  un  mot. 

La  société  accepte  l’échange  de  son  bulletin  proposé  par 
M.  Pfaundler,  d’Inspruck  en  Tyrol,  contre  le  journal  pério- 
dique scientifique  publié  dans  cette  ville  sous  le  titre  de 
Zeitschrist  für  Tyrol  uncl  V orarlberg.  Ce  naturaliste  se  pro- 
pose d’envoyer  à la  société  les  sept  volumes  qui  ont  paru  de 
ce  recueil  annuel , et  dont  le  dernier  date  de  cette  année.  Il 
annonce  en  même  temps  qu’il  n’a  pas  visité  lui-même  les  en- 
virons de  San  Cassian,  si  riches  en  fossiles  (voyez  le  Bulletin, 


Bull.  Soc.  géol.  tome  II , pag.  336. 


RELATIONS  GÉOLOGIQUES  ET  GÉOGRAPHIQUES,  DANS  LE  BASSIN  DE  LA  LOIRE, 

I des  dépôts  d’ossemens  de  mammifères  terrestres , de  reptiles  fluviatiles  et  de  mammifères  marias , des  terrains  tertiaires  marins , plus  récens  que  ceux  du 
bassin  de  la  Seine  et  des  alluvions  anciennes  de  l’Orléanais  et  de  la  France  centrale , indiquant  la  direction  d’anciens  courans  qui  auraient  charrié  les 
ossemens  depuis  le  lieu  du  séjour  des  animaux  jusqu’aux  plages  marines.  (J.  Desnoyers). 


Pachydermes  ( 


Carnassiers . . 


Reptiles . . 


NOMS 

des  Mammifères,  Reptiles,  etc. 


Mammifères  terrestres  (surtout  des  ruminans  ) 
des  alluvions  anciennesde  l’Auvergne  et  du 


postérieurs  aux  calcaires  d’eau  douce.  Source 
du  transport  del’E.  et  du  S.  vers  l’O.  et  le  N.-O, 
Squelettes  souvent  entiers. 


Les  Perriers  ; 
(Puy-de-Dôme) 
MU.  Croizel  et 


Saint-Privat 
d' Allier. 

M.  Bertrand-Roux. 


Eléphant  E.  primigenius 

Mastodonte. 

M.  maximus 

M.  angustidens 

M.  minorct  arvernensis. . 

Hippopotame 

Rhinocéros.  U,  lcptorliinus  outichor. 

ClIEROPOTAME 

Tapik 

T-  gigas 

An'TIIRACOTÈRE 

Sanglier 

Cheval 

Palceotuère  ....  

Lopiiiodon 

Cerfs  

Bieufs 

Ruminant  de  la  taille  du  Chevreuil. . 

Antilope 

Traces  de  Carnassiers 


1 1 

f H.  major, 
t R-  lepl... 


lammifères 
marins 


Hyène 

Felis 

O ORS 

Chien 

Loutre 

Castor 

Lièvre 

Rat  d’eau 

Rongeurs  indéterminés. 

Échassiers 

Palmipèdes 

Crocodile 

Trionix  ( T.  de  rivière). 

Emyde  (T.  terr.) 

Lamantins 


f 10  à i5  es 
| 2 esp 


|2  esp 

f 5 ou  4 esp. 
t3  esp 

t 

t 

+ 

t 

t 


3 esp. 
t 2 esp. 


Cussac 
et  Solilhac. 
i lieue  du  Puy. 
M-  Robert. 


Mammifères  terrestres  des  alluvions  anciennes 
de  l’Orléanais 

(Avaray,  Chevilly,  les  Aides,  les  Barres), 
réunis  à des  reptiles  fluviatiles,  et  à des  lamantins, 
avec  coquilles  fluviatiles.  Trajet  des  cours  d’eau 
dirigés  vers  les  plages  maritimes,  et  marais 
voisins  de  ces  plages.  A Avaray  les  os  sont  rioi 
et  roulés  comme  ceux  des  faluns,  mais  ils  sont 
dans  un  sable  à coquilles  d’eau  douce. 

(M.  Lockart.) 


fR.  lept... 
f T.  arvern 


1 7 esp. 
1 2 esp. 


iforc»  terrestres  (surtout  des  pachyder 
i , des  faluns  marins  do  l.i  Touraine  ; 
l couverts  de  ccllépores,  et  réunis  à 
des  mammifères  marins,  à des  reptiles  fluvia- 


f î Ivoire  d’éléphant  ou  de 

t? 
t- 


istodonte. 


f M.  minor. 

{ plusieurs  espèces.  II.  major  et  minutus. . 
f plus.  esp.  lept. , incis. , minut.  et  minutul 

t 

t? 

t V .’ .' .' .’ .' .’ .' .’ ‘ .' .’  ‘ .' .'  ‘ ! ; ! ; 


f 4 esp.,  dont  une  gigant.  (peut-étrebyène), 

t 

•f  2 esp 


f H.  major  et  minalus. 
■j-R.  lept.  et  minutus. 


f t petite  ésp. 


f petite  esp. 
■(•Pal,  magnum. 


f Empreintes  de  dents  s 
de  pachydermes. 


t 
t 

t 
t 

t et  nombreux  débris  de  cétacés. 


On  peut  voir  d’autres  exemples  de  relations  analogues  entre  les  surfaces  continentales  et  sous-marines  de  diverses  périodes , dans  le  Mémoire  de  M.  Desnoyers  sur  les  terrains  tertiaire,  réem 
[An n.  Sciences  nnf.  février  et  avril  1829  ). 


\ 


sÉAifcE  au  5 mars  1852.  55y 

i.  — tome  II  ),  mais  qu'il  a été  clans  le  voisinage  de  cette 
localité,  et  qu’il  y a rencontré  des  grauwackes,  des  grès  secon- 
daires, du  calcaire  et  delà  dolomie  secondaire  des  Alpes, 
avec  des  amygdaloïdes  et  des  basaltes. 

Le  secrétaire  de  la  société  royale  d’Edimbourg,  en  offrant 
à la  société  ses  remerciemens  pour  l’envoi  du  premier  volume 
du  Bulletin,  lui  promet  de  lui  adresser  par  échange  le  der- 
nier volume  de  ses  Transactions,  et  de  continuer  cet  échange 
, régulièrement. 

M.  Schubler  écrit  qu’on  a trouvé  des  dents  de  morse 
(wallross)  dans  la  mollasse  grossière  de  Baltringen , près  de 
Biberach  ; elles  y sont  accompagnées  de  YOstrza  gryphoïdes 
de  Schlotheim,  qui  se  trouve  aussi  à Niederstozingen. 

« La  mollasse  de  Giengen , appelée  grès  vert  dans  le  pays , est  la 
partie  supérieure  et  endurcie  de,  ce  dépôt*  c’est  cette  assise 
qui  contient  cette  grande  huître  très  bien  figurée  par  Fichtel 
t{ Beschreibung  Siebenbïirgens , pl.  IV,  fig.  9 a),  et  appelée  par  de 
Schlotheim  Oslrea  gryphoïdes.  Le  sable  provenant  de  la  décom- 
position de  cette  roche,  a ordinairement  une  couleur  jaune  grise. 
Elle  contient  de  dix  à vingt  pour  cent  de  carbonate  de  chaux. 
M.  Schubler  a déterminé  dans  quelques  lieux  le  niveau  qu’elle 
atteint  sur  les  pentes  de  nos  montagnes  j urassiques  : à trois  quarts 
de  lieue  au  N.-E.  de  Giengen  , la  couche  la  plus  supérieurede  la 
Mollasse  atteint  une  hauteur  de  1620  pieds  parisiens  au-dessus  de 
la  mer,  et  vis-à-vis  près  de  Niederstozingen,  à 2 lieues  au  S. -O. 
de  Giengen,  son  niveau  mJa  donné  1625  pieds  par.  La  ville 
t de  Giengen , bâtie  sur  le  calcaire  jurassique,  est  à 1 433  pieds  pari- 
siens, et  la  rivière  de  Brenz  , au  lieu  du  meme  nom  , a i36i  pieds 
par.  La  Molasse  s’élève  donc  sur  le  versant  sud  de  l’Alpe  de  Souabe 
à 3oo  pieds  au-dessus  de  la  vallée  du  Danube  , et  elle  atteint  la 
me  nie  hauteur  près  d’Uhn,  où  ce  fleuve  baigne  les  roches  juras- 
siques. 

Quant  au  curieux  calcaire  d’eau  douce  du  Stubentlial , près  de 
Stcinhcim , décrit  par  M.  Boue  ( Ann.  des  Sc.  tint. , mai  1824  ) , 
sa  partie  la  plus  inférieure,  et  fourmillant  de  coquilles,  atteint 
une  hauteur  de  1629  pieds  parisiens,  et  sa  cime  1783  pieds;  de 
manière  que  sa  puissance  est  de  1 54  pieds. 

Le  mémoire  de  M.  le  professeur  Jacger  sur  les  ossemens  fossiles 
de  mammifères  dans  le  Wurtemberg  va  bientôt  paraître,  et  la 
lithographie  de  G planches  in-folio  est  déjà  terminée. 

Soc.  géol.  Tom.  II. 


l 


558  SEANCE  DÜ  5 MARS  l85l. 

M.  de  Blainville  communique  une  lettre  de  M.  Hachette,* 
membre  de  l’Académie  des  sciences  , annonçant  que  dans  le 
puits  foré  de  la  rue  de  la  Roquette  le  sondage  a fait  reconnaître 
à i54  mètres  de  profondeur  une  couche  de  lignite  épaisse  de 
a mètres  85  centimètres.  Au-dessus  de  cette  couche  , on 
trouve  de  l’argile  plastique  et  de  l’eau;  au-dessous,  du  sable 
noir  et  de  l’eau. 

M.  Hachette  annonce  encore  que  le  niveau  inférieur  de 
l’eau  jaillissante  du  puits  de  la  rue  de  la  Roquette  est  à 8 mè- 
tres 20  centimètres  au-dessous  de  celui  de  la  forteresse  de 
Tincennes. 

La  société  reçoit  les  ouvrages  suivans  : 

i*  De  la  part  de  M.  Lockhart,  les  deux  mémoires  suivant 
dont  il  est  Fauteur  : 

A.  Notice  sur  les  ossemens  fossiles  d’Avaray . Orléans  f 
1827,  in-8°  ; 32  pages. 

B.  Description  des  ossemens  fossiles  d'Avaray.  Orléans, 
1829,  in-8°;  8 pages. 

20  De  la  part  de  M.  Hérault,  ingénieur  en  chef  des  mines 
à Caen , son  ouvrage  intitulé  : 

Tableau  des  terrains  du  département  du  Calvados . Caen, 
i832,in-8°;  192  pages. 

3°  De  la  part  de  M.  William-Frédéric  Kern  , son  mémoire 
intitulé  : Recherches  sur  les  rapports  de  la  température î de 
l’Alpe  de  Souabe  [Untersuchungen  über  die  temperatUT- 
V erhahnisse  der  sckwâbischen  Alp).  Tubingue,  i83i,  in -8°; 
33  pages. 

4°  Le  N°  io5  (janvier  i83â)  du  Bulletin  de  la  société 
de  géographie , in-8°  avec  5 cartes. 

Les  N°*  1 3 et  1 4 de  F Européen , journal  des  sciences 
morales  et  économiques. 

6°  Le  catalogue  des  minéraux  et  des  collections  classées 
du  comptoir  de  minéraux  à Heidelberg.  1826,  in -8°  ; 
58  pages. 

Les  ouvrages  suivans  sont  présentés  à la  Société  : 

1°  Commentaire  physiographique  sur  les  eaux  thermales 
d’Aponium , dans  le  territoire  de  Padoue  [De  thermis  apo - 
nensibus );  par  M.  Éraste-Étienne  Andrejewsky,  docteur  en 


SfiATfCB  DÎT  5 MARS  |8$8.  53<$ 

médecine.  «Un  cahier  in-4°  de  42  pages,  avec  une  planche 
lithographiée. 

2°  Recherches  géognostiques  faites  dans  l’Oural  méridio- 
nal en  1828  et  en  1829  ( Geognostische  TJntersuchung  der 
Sud-Ural  Gebirges , etc.);  par  MM.  E.  Hoffmann  et  G.  de 
Helmersen.  In-8°  de  82  pages,  avec  2 cartes  et  4 profils. 
Berlin,  1 85 1 . 

3°  Le  premier  cahier  du  quatrième  volume  des  Archives 
pour  la  minéralogie  de  M.  Karsten , contenant  la  fin  de  la 
description  géognostique  d’une  partie  de  la  Basse-Silésie,  du 
pays  de  Glatz , par  MM.  Zobel  et  de  Carnall  ; un  mémoire 
sur  les  rochers  bas  de  la  côte  du  Brésil , par  M.  J.-F.-M.  de 
Olfers;  une  notice  sur  le  contact  du  granité  et  des  schistes 
sur  la  rive  gauche  de  l’Elbe,  par  M.  Naumann  ; une  des- 
cription et  des  figures  des  hippurites  de  Lisbonne  , par 
M.  d’Eschwege  ; une  lettre  de  M.  Hoffmann  sur  la  grotte 
ossifère  et  à coquilles  marines  de  Mardolce,  près  de  Palerme; 
enfin,  une  note  sur  l’analogie  du  gîte  du  cobalt  sulfuré  à 
Skuterud  en  Norwége,  et  à Yéna  en  Suède,  par  M.  Robert. 

A l’occasion  du  Mémoire  de  M.  Naumann  , sur  le  contact 
du  granité  et  des  schistes  sur  les  bords  de  l’Elbe  et  à Dohna  , 
M.  de  Bonnard  rappelle  qu’il  a fait  connaître  le  même  fait  il 
y a plusieurs  années. 

4°  Le  volume  des  Mémoires  de  l'Académie  des  sciences 
de  Stockholm  pour  1827  (in-8°  avec  7 pL,  1828).  On  y 
trouve , outre  la  classification  et  la  description  des  térébra- 
tules  de  la  Suède,  par  Dalman  (Mémoire  avec  6 planches), 
deux  notices  de  M.  Berzélius,  l’une  sur  l’ambre,  et  l’autre 
sur  les  eaux  minérales  de  Rouneby,  et  quatre  mémoires  mi- 
néralogiques, l'un  par  M.  Bonsdorf,  sur  un  minéral  d’Abo, 
et  les  autres  de  M.  Trolle  Waehtmeister,  savoir  : l’analyse 
d’un  minéral  pulvérulent  des  Etats-Unis  , un  examen  du 
Fahlunite  , et  une  analyse  d’un  minéral  jaune  de  fahlun. 

5°  Un  mémoire  de  M.  le  professeur  Parrot. (senior),  irv 
titulé  : Considérations  sur  divers  objets  de  géologie  et  de 
gèognosie  ( Mémoires  de  l'Académie  impériale  des  sciences 
de  Saint-Pétersbourg . 6e  série  , sec.  , math. , pli  y s.  et  nat. , 
vol.  1,  6°  livraison,  pag.  657). 


54q  sbakcb  Ȇ  5 MARS  i85*. 

M.  Puzos,  rapporteur  de  la  commission  nommée  pour 
examiner  la  situation  des  Archives  de  la  société  au  i,r  jan- 
vier i832,  lit  son  rapport,  dont  voici  le  résumé.  : 

Les  Archives  de  la  société  se  composent  de  cinq  parties 
distinctes,  savoir  : les  collections,  la  bibliothèque,  le  mobi«\ 
lier,  les  objets  en  magasin,  et  les  archives  proprement  dites  ; 
le  détail  de  ces  cinq  parties  est  présenté  en  autant  de  cha- 
pitres, qui  sont  successivement  passés  en  revue,  et  offrent  la 
situation  exacte,  au  1er  janvier  i852  , des  divers  objets  con- 
fiés à la  garde  de  M.  l’archiviste.  Ce  premier  compte  rendu, 
conformément  au  règlement , servira  de  point  de  départ  ; il 
sera  facile  à l’avenir  de  reconnaître  les  accroissemens  qui 
auront  lieu  clans  chaque,  chapitre. 

. Les  Collections  ont  déjà  acquis  une  certaine  importance, 
grâce  au  zèle  et  à la  générosité  de  plusieurs  naturalistes  fran- 
çais et  étrangers , dont  les  noms  ont  déjà  été  signalés  à la  re- 
connaissance de  nos  collègues  par  les  procès-verbaux  des 
séances  de  la  société. 

Lés  collections  de  la  société  se  composaient , au  1er  janvier 
i8$2  , de  2,383  échantillons,  dont  1,461  de  roches,  et  93» 
de  fossiles. 

Les  séries  de  roches  sont  réunies  par  localités , avec  un  ca- 
talogue particulier  pour  chaque  donateur,  et  avec  étiquettes 
correspondantes. 

Jusqu’à  présent  les  corps  organisés  fossiles  restent  annexés 
aux  roches  auxquelles  ils  appartiennent  ; par  la  suite  on  se 
conformera  à la  décision  de  la  société  du  22  novembre  der- 
nier, par  laquelle  il  a été  arrêté  que  les  fossiles  seraient  clas- 
sés géologiquement. 

La  Bibliothèque  se  composait  de  84  volumes,  9 1 numéros 
d’actes  de  sociétés  ou  écrits  périodiques,  6 cartes,  12  des- 
sins, et  12  gravures  ou  lithographies. 

Le  catalogue  de  la  bibliothèque  n’a  été  tenu  jusqu’à  pré- 
sent que  par  dates  des  séances  où  les  ouvrages  ont  été  pré- 
sentés à la  société  et  reçus  par  elle.  Ce  catalogue  sera 
continué;  mais  à l’avenir  il  en  sera  dressé  deux  autres,  un 
par  noms  d’auteurs , et  un  par  ordre  de  matières  et  de  cir- 
conscriptions géographiques. 


SÉANCE  DU  5 MARS  1 85a.  34 1 

La  société  adopte  les  conclusions  du  rapport  tendantes  : 

i 0 A approuver  la  gestion  de  l’archiviste  pendant  les  six 
derniers  mois  de  i 83o  etT année  i85 1 ; 

2°  A ordonner  l’insertion  au  Bulletin  des  principaux  ré- 
sultats du  rapport  ainsi  que  la  confection  d’un  tableau  indi- 
catif de  tous  les  dons  faits  à la  société et  qui  sera  imprimé  à 
à la  fin  du  deuxième  volume  du  Bulletin. 

M.  Virlet  présente  à la  Société  plusieurs  échantillons  d’un  fos- 
sile tout-à-fait  inconnu,  qu’il  a trouvé  près  de  Gliiotza  , sur  le  lac 
Plionia  dans  la  haute  Arcadie  (Morce) , au  milieu  d’un  calcaire 
gris  noir,  compacte  ; reposant  sur  des  Grauwakes  schisteuses  et  des 
Phyllades,  et  immédiatement  recouvert  par  le  terrain  de  craie  et 
de  grès  vert,  en  sorte  qu’il  est  incertain  auquel  des  deux  terrains 
appartient  ce  calcaire.  Si  l’on  pouvait  s’en  rapporter  uniquement 
aux  caractères  minéralogiques  qui  ne  peuvent  manquer  d’avoir 
une  certaine  valeur  pour  des  localités  très  rapprochées;  M.  Vir- 
let n’hésiterait  pas  a en  faire  l’étage  inférieur  du  terrain  de  craie 
et  du  grès  vert;  car  au  montSaeta,  également  sur  le  lac  Plionia  , 
et  au  sommet  du  Ziria,  montagne  aussi  très  voisine,  on  rencontre 
un  calcaire  parfaitement  identique  quant  à la  couleur  et  à l’as- 
pect, et  dans  lequel  on  trouve  des  nummulites  et  des  dicérates; 
mais  ces  fossiles  ne  ressemblant  à rien  de  tout  ce  que  nous  con- 
naissons, ne  peuvent  servir  à lever  toute  incertitude  sur  l’âge  de  ce 
calcaire,  dont  l’auteur  n’a  pu  bien  observer  dans  cette  localité  la 
véritable  position. 

Ce  sont  des  espèces  de  cônes  très  alongés,  à la  manière  des  bo- 
lemnites  , et  formés  par  un  grand  nombre  d’anneaux  circulaires 
en  forme  de  branchies,  qui  paraissent  autant  d’articulations  ; il  y 
a un  léger  renflement  vers  la  partie  supérieure  , et  les  anneaux , 
qui  sont  très  larges  tout  le  long  du  corps,  y sont  au  contraire  très 
peu  développés , quoiqu’avec  un  plus  grand  diamètre.  L’animal 
avec  ses  anneaux  a été  converti  en  calcaire  blanc  spathique  ; mais 
la  partie  inférieure  des  anneaux  se  dessine  en  noir,  ce  qui  annon- 
cerait une  couleur  ou  une  nature  différente  : peut-être  était-ce 
une  partie  cornée  ; tandis  que  le  reste  semblerait  avoir  etc  flexi- 
ble et  d’une  certaine  mollesse. 

La  société  examine  ces  échantillons.  Il  parait  impossible  de  dé- 
terminera quelle  classe  ils  appartiennent. 

M.  Virlet  lit  la  lettre  suivante  sur  le  déluge  de  la  SamotbraceJ 


34*  SÉANCE  DU  5 MARS  l85a. 

adressée  par  lui  à M.  Letronne  , membre  de  l’Institut,  pro- 
fesseur d’histoire  et  de  morale  au  college  de  France. 

« Monsieur,  dans  vos  dernières  leçons,  auxquelles  j’ai  eu  l’hon- 
neur d’assister,  vous  avez  suffisamment  prouvé,  par  une  suite  de 
raisonnemens  profonds , appuyés  sur  les  faits,  que  le  déluge  de  la 
Samothrace,  d’après  les  termes  dont  se  sert  Diodore  de  Sicile  9 
qui  nous  en  a conservé  le  souvenir  (livre  Y,  chapitre  46),  n’avait 
pu  avoir  lieu  par  suite  de  l’irruption  du  Pont-Euxin , par  le  dé- 
troit des  Cyanées,  dans  la  Propontide,  et  de  là,  par  l’Heîlespont, 
dans  la  mer  Egée. 

» Telle  était  aussi  l’opinion  que  je  m’étais  formée,  après  avoir 
visité  les  lieux  dans  le  courant  de  i83o , opinion  que  je  publiai 
alors  dans  une  note  insérée  au  Courrier  de  Smyrne.  Je  fondais 
mon  opinion  , d’abord  avec  le  général  Andréossy,  sur  l’examen 
géographique  et  topographique  des  lieux,  mais  en  outre  sur  des 
considérations  géognostiques  qui  m’avaient  amené  à reconnaître 
que  l’ouverture  des  détroits  du  Bosphore  et  des  Dardanelles  n’a!» 
vait  pu  être  due  à une  cause  telle  que  l’irruption  de  la  mer  Noire; 
et  que  si  cette  irruption  avait  réellement  eu  lieu,  elle  ne  se  se- 
rait pas  faite  de  la  mer  de  Marmara , dans  la  mer  Blanche  ou 
Méditerranée,  par  le  détroit  des  Dardanelles,  mais  bien  par 
l’isthme  d’Exmilia,  qui  réunit  la  Chersonnèse  de  Thrace  au  con- 
tinent : cependant  c’est  seulement  dans  l’hypothèse  d’une  irrup- 
tion semblable , qui  suppose  une  certaine  lenteur,  qu’une  partie 
du  récit  de  Diodore  de  Sicile  pourrait  s’expliquer,  quand  il  dit 
que  les  habitans  se  sauvèrent  et  eurent  le  temps  de  se  réfugier 
dans  les  montagnes , circonstance  qui  n’aurait  pu  avoir  lieu  dans 
le  cas  d’une  submersion  occasionée  par  une  violente  secousse  de 
tremblement  de  terre , ou  de  quelque  autre  phénomène  volcani- 
que $ et  en  effet  vous  avez  rejeté  cette  circonstance  comme  inconr- 
patible  avec  le  reste  du  récit , et  vous  l’avez  considérée  comme  une 
de  celles  que  l’imagination  du  peuple  effrayé  ajoute  en  pareil  cas 
aux  circonstances  véritables. 

« D’un  autre  côté  , le  passage  du  même  auteur,  où  il  dit  : que 
» c’fest  ce  qui  explique  clairement  comment,  long-temps  après, 
» on  vit  des  pêcheurs  de  l’île  retirer  de  leurs  filets  des  chapiteaux 
» de  colonnes , débris  de  villes  submergées  lors  de  cette  terrible 
» catastrophe  » ne  pourrait  pas  non  plus  s’expliquer  dans  la 
supposition  de  l’irruption  de  la  mer  du  Pont;  car,  dans  cette  hypo- 
thèse, la  mer  de  Thrace,  momentanément  exhaussée,  n’aurait 


SÉAÏTCE  Dû  5 MARS  i85*.  Ç45 

pas  tardé  à reprendre  son  niveau  , et  les  villes  submergées  au- 
raient bientôt  reparu  à la  surface  $ l’histoire  ne  nous  eût-elle  pas 
conservé  d ailleurs,  dans  ce  cas,  lesouvenird’un  évènement  sembla- 
ble, qui  aurait  également  eu  lieu  dans  les  îles  d’Imbros,  Lemnos  et 
Ténédos , si  voisines  de  la  Samothrace,  et  en  grande  partie  moins 
«levées  qu’elle. 

» Quoi  qu  il  en  soit , l’île  de  Samothrace  , non  moins  célèbre 
.dans  l’ antiquité  par  le  culte  des  dieux  Cabires  , dont  les  mystères 
* y célébraient  dans  l’antre  de  Zérinthe , que  par  la  tradition  de 
«on  déluge,  n’ayant  été  visitée  par  aucun  voyageur  dans  les  temps 
nnodernes , vous  ne  lirez  peut-être  pas  sans  intérêt  les  détails 
géographiques  et  géologiques  que  j’ai  recueillis  lors  de  mon 
voyage  dans  cette  île,  où  rien  n’a  pu  me  faire  supposer  la  véra- 
cité du  récit  des  anciens,  autant  du  moins  qu’une  course  rapide 
JH  a permis  d’en  juger. 

L * L’ile  d®  Samothrace , aujourd’hui  la  Samotraki  des  Grecs  , et 
la  Sémendérek  des  Turcs  , est  située  en  face  du  golfe  de  Saros 
par  2 3 degrés  25  minutes  de  longitude  est , et  par  4o  degrés 
25  minutes  de  latitude  nord;  elle  affecte  une  forme  elliptique 
,nt le  grand  axe  est  dirigé  de  l’est  à l'ouest , et  sa  circonférence 
» environ  douze  lieues.  Cette  île  , célèbre  aussi  dans  l’antiquité 
par  les  avantages  qu’elle  tenait  de  la  nature  et  par  la  liberté  dont 
■elle  jouissait , ce  qui  lui  avait  fait  donner  le  surnom  de  la  libre  , 
a bien  perdu  de  nos  jours  de  son  antique  splendeur.  Elle  est  main- 
tenant fort  peu  habitée  : n’ayant  ni  port  ni  marine,  son  com- 
merce se  réduit  à fort  peu  de  chose;  elle  fournissait  cependant  du 
miel  de  la  cire,  des  maroquins,  etc. , et  jouissait  encore , dans 
ces  derniers  temps , d’une  certaine  célébrité  à cause  de  ses  eaux 
thermales  sulfureuses  (i),  où  l’on  trouve  les  ruines  d’un  petit  éta- 
blissement de  bains;  il  était  destiné  aux  malades  qui  s’y  rendaient 
des  Dardanelles , des  îles  et  des  côtes  voisines. 

» Mais  cette  île  sans  défense  ayant  été  plusieurs  fois  ravagée 
par  les  Ipsariotes,  à l’époque  de  la  dernière  guerre  entre  les  Grecs 
elles  Turcs,  sa  population,  qui,  auparavant,  se  composait  d’envi- 
ron 2,5oo  habitans , se  trouve  maintenant  réduite  à 5o  ou  60  fa- 
Jftilles  grecques  , très  misérables , réunies  dans  le  seul  bourg  de 
We,  situé  vers  la  partie  centrale  , où  l’on  trouve  encore  les  ruines 
’ 


(i)  L’une  de  ces  sources  a fait  monter  le  thermomètre  à 54°  c.,  et 
une  autre  à 47«  et  demi  jelles  dégagent  une  forte  odeur  d’Jhvdro- 

gène  sulfuré.  J 


544  SÉANCE  JDÜ  5 MARS  l85*. 

d’un  château  construit,  pendant  la  domination  des  Génois , sur 
,un  rocher  calcaire  très  remarquable.  Elle  est  gouvernéé  paà-  un 
Aga,  qu’y  envoie  la  Porte  et  fait  partie  du  Sandjck  de  Bigha. 

» Sa  surface  est  divisée  à peu  près  par  moitié  en  deux  parties 
bien  distinctes  • l’une , la  partie  nord,  est  entièrement  formée  de 
montagnes  très  élevées  et  à pentes  raides,  offrant  de  loin  l’aspect 
d’un  énorme  mamelon  : c’est  le  mont  Saoce  des  anciens  que  l’on  ; 
apercevait  de  loin  par-dessus  les  montagnes  de  l’île  d’Imbros,  en 
sortant  du  détroit  de  l’Hellespont;  c’est  aussi  ce  mont  dont 
veut  parler  Homère  quand  il  dit  : « Que  placé  sur  le  sommet  le 
» plus  élevé  de  la  verte  Samos  de  Thrace  , Neptune  contemplait 
» d’un  œil  étonné  le  combat  et  la  déroute  des  Grecs ; car  de  là  il 
» découvrait  le  mont  Ida  tout  entier,  ainsi  que  la  ville  de  Priam  ; 
» et  les  vaisseaux  qui  bordaient  le  rivage  ; aussitôt  il  descend  avec 
» rapidité  de  la  montagne  escarpée;  le  mont  et  la  forêt  tout  en- 
» tière  tremblent  sous  les  pieds  immortels  de  Neptune  qui  s’a- 
» vance.  » [Iliade , chant.  XIII , vers  \‘i  et  suivans.) 

» Ces  montagnes  sont  essentiellement  composées  de  roches  an- 
ciennes : ce  sont  des  phyllades , des  calcaires,  des  eurites  et  des 
serpentines diallagiques,  etc.,  etc.  La  partie  sud,  qu’on  appelle  la 
•plaine  pour  la  distinguer  de  la  partie  montagneuse,  est  formée  îi 
de  collines  en  général  peu  élevées  appartenant  au  système  des 
trachytes.  Ces  collines  trachytiques  sont  en  partie  recouvertes  par  ; 
un  agglomérat  formé  des  débris  de  ces  trachytes , et  recouvert 
lui-même  par  des  couches  du  terrain  tertiaire  coquillier , que  l’on 
voit  recouvrir  presque  toutes  les  côtes  du  littoral  de  la  Méditer- 
ranée. Ainsi , ce  système  volcanique  est  antérieur  au  dépôt  ter- 
tiaire, et  par  conséquent  au  dernier  soulèvement  qui  a pu  donner 
naissance  à une  partie  de  l’île , et  l’élever  au-dessus  de  la  surface 
des  mers  ; ce  n’est  donc  pas  là  qu’il  faut  aller  chercher  les  causes 
de  l’irruption  qui  a eu  lieu  dans  l’île  : ce  n’est  pas  non  plus , je 
pense,  aux  îles  de  Lemnos,  Imbros  et  Ténédos , qui  appartiennent 
également,  en  partie  du  moins,  au  même  système  trachytique, 
qu’aurait  pu  être  due  cette  irruption. 

» Quant  à l’engloutissement  de  l’îîe  de  Chryse,  voisine  de  Lem- 
nos, dont  parle  Pausanias,  catastrophe  que  M.  de  Choiseul  Gouf- 
fier  a étendue  à une  partie  de  l’île  de  Lemnos  elle-même,  comme 
cet  évènement  est  d’une  époque  très  récente , il  n’a  pu  être  cause 
du  déluge  de  la  Samothrace.  La  distance  de  Lemnos  est  au  reste 
beaucoup  trop  grande  pour  que , si  cette  île  a en  effet  éprouvé 
quelque  révolution  depuis  les  temps  historiques,  la  cause  qui  y 
aurait  produit  ces  changemens  se  soit  fait  sentir  juâqü’à  Saüioà 


séance  dû*  5 mars  185a;  545 

thrace  ail  point  de  causer  la  submersion  d’une  partie  de  l’île. 

» M.  de  Choiseul , qui  avait  adopté  l’idée  des  anciens  sur  l’ir- 
ruption du  Pont-Euxin , annonce,  en  parlant  de  Lemnos , qu’il  a 
trouvé,  près  de  l’embouchure  du  Bosphore  dans  la  mer  Noire, 
des  traces  de  terrain  volcanique , ce  qui  le  porte  à conclure  que 
le  premier  il  a reconnu  les  véritables  causes  de  l’irruption  de  la 
mer  Noire  et  de  l’ouverture  du  Bosphore  ; mais  s’il  avait  eu 
quelques  notions  de  géologie , il  se  serait  bien  gardé  de  tirer  de  la 
présence  de  ces  traces  volcaniques , signalées  un  peu  plus  tard  par 
Olivier,  une  telle  conséquence;  car  il  eût  vu  que,  depuis  les  Cya- 
nées  jusque  vers  Buyuk-Déré  , c’est-à-dire  à peu  près  jusque  vers 
la  moitié  du  canal , les  rives  du  Bosphore  sont  formées  de  rochés 
volcaniques , mais  que  ces  roches  volcaniques  , comme  à Samo- 
traki , appartiennent  à des  trachvtes  qui , à l’embouchure  de  la 
mer  Noire , sont  aussi  recouverts  par  un  dépôt  tertiaire  à lignites; 
qu’ainsi  elles  sont  bien  antérieures  à l’existence  des  hommes  et 
au  dernier  cataclysme  qui  a bouleversé  ces  contrées  , et  que  ce 
n’était  pas  ce  qui  avait  donné  lieu  à l’ouverture  du  Bosphore,  si 
l’on  doit  considérer  cette  ouverture  comme  un  évènement  de  la 
période  actuelle. 

» D’après  tout  ce  qui  précède  , si  la  submersion  d’une  partie 
de  la  Samothrace  a eu  réellement  lieu  , je  pense  avec  vous  qu’elle 
n’a  été  occasionée  que  par  une  cause  purement  locale  , soit  par 
l’affaissement  d’une  partie  de  l’île  , soit  par  quelque  violent  trem- 
blement de  terre,  ou  bien  encore  par  un  soulèvement  sous-marin 
comme  celui  qui  a dernièrement  donné  naissance  à l’île  Julia, 
entre  la  Sicile  et  la  côte  d’Afrique , mais  tout-à-fait  dans  le  voisi- 
nage de  File,  car  sans  cela  la  chose  me  paraîtrait  fort  difficile  à 
admettre. 

» Sans  vouloir  donc  mettre  ici  en  doute  la  véracité  du  récit  du 
déluge  delà  Samothrace,  que  je  suis  loin  de  regarder,  ainsi  que  vous 
le  voyez,  comme  impossible,  mais  considéré  comme  simple  évène- 
ment local , je  me  permettrai  d’ajouter  cependant  qu’il  ne  faut  pas 
toujours  donner  une  trop  grande  importance  aux  récits  des  an- 
ciens, qui  les  ont  souvent  puisés  eux-mêmes  dans  des  auteurs  plus 
anciens  ; et  qu’il  faut  aussi  faire  la  part  des  temps  , car,  à des  épo- 
ques qui  se  rapprochaient  plus  ou  moins  des  temps  fabuleux,  il  n’est 
pas  étonnant  que,  chez  des  peuples  aussi  avides  dti  merveilleux  que 
les  Orientaux,  chaque  peuplade  en  particulier  ait  cherché  à rat- 
tacher au  pays  quelle  habitait  des  faits  qui  n’appartenaient  qu’à 
d’autres  localités , comme  vous  l’avez  savamment  démontré  poul- 
ie» déluges  de  Dcucalion  et  d’Ogigez.  Il  n’est  pas  étounaut  non 


sÉ^rrcB  du  5 mars  1832. 

plus  que , dans  un  temps  où  les  sciences  physiques  étaient  cîâiïi 
1 enfance,  des  auteurs  même  judicieux , tels  qu’Hérodote,  Stra- 
hon  , Diodorede  Sicile  , et  tant  d’autres , aient  quelquefois  admis 
comme  vérités  ce  qui  n’était  que  le  résultat  de  l’imagination  plus 
ou  moins  vive  des  poètes. 

» La  seule  inspection  des  lieux , comme  vous  nous  l’avez  fort 
bien  dit  aussi , a dû  faire  naître  souvent  des  suppositions  que  plus 
tard  on  a admises  comme  des  vérités.  C’est  ainsi  que  la  vue  des  rives 
de  1 Heilespont  a pu  faire  admettre  à Straton,  qui  était  de  Lamp- 
saque , et  qui  avait  par  conséquent  observé  les  lieux  à loisir,  que 
1 ouverture  de  ce  détroit  était  due  à l’irruption  de  la  mer  du 
Pont,  puisque,  près  de  deux  mille  ans  plus  tard , Tournefort  crut 
reconnaître  aussi  , a l’inspection  de  ces  côtes , la  vérité  de  cettU 
hypothèse , qu  il  chercha  a expliquer  par  des  dénudations  suc- 
cessives. 

» Je  vais  vous  citer  un  fait  que  j’ai  recueilli  et  vérifié  moi- 
même  , et  qui  me  paraît  devoir  parfaitement  venir  confirmer  cette 
idqe.  Il  existe  chez  les  habitans  des  îles  d’Anticyros  , situées  k, 

1 entrée  des  golfes  Thermaiques  et  Pélasgiques  , et  connues  de 
nos  jours  sous  le  nom  à’ Archipel,  du  Diable  (i),  des  traditions 
tout-à-fait  extraordinaires  , quoiqu’elles  ne  soient  cependant  pas 
dénuées  de  tout  fondement.  Ainsi  , suivant  ces  traditions,  les 
déux  îles  de  Pipéri  et  de  Iaoura  ou  île  du  Diable  , éloignées  de 
plus  de  trois  lieues  i une  de  l’autre,  né  seraient  que  les  extrémités 
d une  grande  île  qui  aurait  été  engloutie  , et  qui  contenait  une 
ville  de  12,000  maisons,  ce  qui  supposerait  une  population  de 
60,000  habitans  - mais  comme  en  Grèce  on  a reconnu  qu’il  fallait 
multiplier  le  nombre  des  familles  par  7 au  lieu  de  5 pour  avoir  1 
la  population  moyenne,  cela  porterait  celle  de  la  ville  engloutie 
a 84,000  habitans  au  moins.  L’on  sent  bien  tout  ce  qu’un  pareil 
conte  a d improbable  • car  une  ville  de  cette  importance  n’aurait 
pas  disparu  sans  que  1 histoire  en  eût  fait  mention.  Les  habitans 
du  pays  vont  plus  loin  • iis  assurent  que  les  murs  des  maisons  sé 
voient  encore  au  fond  de  la  mer  quand  elle  est  calme  : je  me  suis 
assuré  si  un  fond  blanc  , par  exemple,  pouvait  donner  naissance  k 
ce  conte,  que  l’on  peut  très  bien  ranger,  je  crois  , sur  la  même 
ligne  que  celui  des  chapiteaux  de  la  Samothrace  que  les  pêcheurs 
ramenaient  avec  leurs  filets  ; partout  j’ai  trouvé  une  mer  profonde^ 

(i)  Ces  îles  qui  comprennent  Skiailios , Scopolos,  Iliodromia  , Pi- 
péri j Iaoura , Skanzoura  , etc. , forment  avec  Skiros  sous  le  nom  de 
^parades  septentrionales  un  département  de  la  Grèce  actuelle. 


SÉAflCK  DÜ  5 MARS  i832. 

âvec  sa  couleur  ordinaire  , et  oii  rien  n’avait  pu  donner  lieu  à la 
supposition  d’une  ville  disparue  et  de  ses  mûrs  encore  existons. 
Mûis  il  n’en  est  pas  de  même  pour  le  fait  de  la  disparition  de 
l’île  , car,  en  examinant  bien  la  chose  , on  voit  que  l’idée  en  a 
été  suggérée  aux  habitans  par  l’inspection  des  deux  îles  de  Pipéri 
et  laoura  , qui  sont  deux  véritables  fractures  placées  en  regard 
Tune  de  l’autre  , circonstance  qui  peut  très  bien  faire  admettre 
l'hypothèse  d’un  enfoncement  du  terrain  entre  elles  , si  elles  ne 
sont  pas  dues  elles-mêmes  à un  phénomène  contraire , c’est-à-dire 
à un  soulèvement. 

» Une  telle  supposition , abstraction  faite  de  tout  le  merveilleux 
que  les  habitans  ont  voulu  y rattacher,  de  la  part  d’un  peuplér 
aussi  intelligent  que  le  peuple  grec , n’a  rien  qui  puisse  paraître 
extraordinaire  pour  qui  a eu  occasion  de  l’étudier  et  d’apprécier 
son  degré  d’intelligence.  Pendant  que  j’étais  à Iliodromia,  l’une 
dq  ces  petites  îles,  où  M.  le  comte  Capo-d’Istria  , président  de  la 
Çrrècq , m’avait  prié  de  faire  faire  quelques  travaux  dans  un 
dépôt  d’eau  douce  à lignites  (que  l’on  croyait  être  du  charbon  de 
terre), afin  de  reconnaître  s’ils  étaient  susceptibles  d’exploitation, 
les  hommes  du  pays  que  j’ai  employés  pour  l’exécution  de  ces  tra- 
vaux, tout  grossiers  et  i^norans  qu’ils  étaient , ont  bien  su  recon- 
naître cependant  que  les  coquilles  fossiles  qu’on  rencontre  dans 
les  roches  de  cé  terrain  étaient , non  des  coquilles  marines , mais 
bien  des  coquilles  terrestres  , distinction  que  n’auraient  certaine- 
ment pas  faite  beaucoup  de  nos  paysans:  et  là-dessus  ils  bâtissaient 
des  systèmes  à leur  manière , et  chacun  y ajoutait  ses  idées  et  ses 
réflexions. 

» Réportons-nous  maintenant  à une  époque  même  très  peu 
éloignée,  où  lés  sciences  physiques  avaient  fait  peu  de  progrès, 
et  supposons  qu’un  philosophe  , un  savant,  vienne  à avoir  con- 
ùàissance  dç  ce  lait;  il  voudra  expliquer  pourquoi  un  terrain  qui 
S’est  déposé  au  fond  de  la  mer  ou  de  quelque  lac  , se  trouve  main- 
tenant former  lé  sommet  des  montagnes  j parmi  les  mille  et  une 
suppositions  qu’il  pourra  faire,  la  plus  naturelle,  celle  qui  pourra 
lui  être  suggérée  d’abord  , c’est  qu’une  grande  partie  de  l’île  a 
été  engloutie  ; et,  à part  la  manière  dont  se  sont  faites  les  mo- 
dtificalions  qui  ont  amené  ce  terrain  à former  des  montagnes  , et 
1 époque  où  elles  ont  eu  lieu  , époque  qu’il  ne  manquera  pas  de 
rapporter,  vu  la  présence  des  coquilles,  aux  temps  historiques,  sont 
hypothèse  pourra  paraître  , jusqu’à  un  certain  point,  admissible, 
Surtout  dans  un  temps  où  l’on  n’avait  aucune  idée  de  soulève- 
ment des  montagnes.  Telle  est,  je  crois,  à peu  près  l’origine  de 


348  SÉAÏICE  DU  5 mars  i83a* 

beaucoup  de  contes  plus  ou  moins  probables  qui  nous  ont  été. 
transmis  par  les  anciens  auteurs. 

» Pardonnez-moi , monsieur,  de  vous  avoir  entretenu  si  lon- 
guement sur  un  sujet  où  vous  avez  jeté  tant  de  lumières , par  les 
investigations  judicieuses  auxquelles  vous  l’avez  soumis  ; mais  j’ai 
pensé  que  son  importance  serait  mon  excuse , et  qu’ayant  visité 
la  Samothrace , vous  ne  seriez  pas  fâclié  de  connaître  mon  opi- 
nion, qui  s’accorde  si  bien  avec  celle  que  vous  avez  tirée  de  toutes' 
vos  recherches  savantes.  » 

M.  Boubée  présente  à la  société  un  Tableau  de  Cétat  die  i 
globe  à ses  différens  âges , et  de  la  relation  de  T atmosphère*  Ü 
terrestre  avec  les  parties  solides  de  notre  globe , ou  résumà 
synoptique  de  son  cours  de  géologie » 

La  théorie  de  la  chaleur  centrale  et  de  l’incandescerice1 
originaire  du  globe,  démontrée  par  M.  Cordier,  sont  la  base 
de  ce  tableau  ; quatre  lignes , par  leur  simple  disposition , en 
expriment  les  principaux  résultats. 

Une  ligne  horizontale  représente  la  surface  originaire  du  globe; 
une  courbe  hyperbolique  exprime  l’épaisseur  que  l’ écorce  du 
globe  a acquise  extérieurement  par  l’effet  de  la  superposition  des 
dépôts  ; une  seconde  courbe  indique  l’épaisseur  que  la  masse  gra-  ! 
nitique  a du  prendre  inférieurement  par  un  refroidissement  d’au- 
tant moins  rapide,  que  l’écorce  du  cercle  devenait  plus  épaisse; 
enfin , une  troisième  ligne  hyperbolique  exprime  la  diminution 
successive  survenue  dans  la  hauteur,  dans  la  pression  et  dans  la 
complexité  de  composition  de  l’atmosphère  à mesure  que  le  globe 
s’est  refroidi.  V)  j 

. M.  Boubée  développe  quelques  unes  des  propositions  analyti- 
ques écrites  sur  ce  tableau.  Plusieurs  considérations  l’amènent  a 
conclure  que  quoique  , au  moment  de  sa  création , la  terre  fût  1 
tout  incandescente  , elle  était  néanmoins  pourvue  de  toutes  les 
matières  que  l’on  y connaît  aujourd’hui  ; que  celles  de  ces  matières  j 
qui  sont  de  nature  vaporisable  constituaient  toutes  ensemble  une 
immense  atmosphère;  que  ces  matières  se  sont  condensées  succès-  j 
sivement  et  se  sont  répandues  sur  le  globe  à mesure  que  la  dimi- 
nution de  température  a pu  le  permettre.  Ainsi,  le  mercure,  le 
bismuth , le  plomb , le  zinc  , le  soufre  et  plusieurs  autres  miné- 
raux vaporisables  ne  se  trouvent  que  rarement , et  dans  des  états 
particuliers  , dans  des  terrains  primitifs  ; tandis  qu’ils  sont  plus 


SÉANCE  DU  19  MARS  l852.  34q 

abondamment  répartis  dans  les  terrains  postérieurs  et  dans  un 
ordre  assez  constant , ce  qui  pourrait  faire  apprécier  le  degré  de 
température  qui  régnait  aux  diverses  périodes.  M.  Boubée  les 
compare  aux  indicateurs  des  thermomètres  à minima  et  maocima. 

D’un  autre  côté,  M.  Boubée  fait  observer,  i°  que  les  terrains 
antédiluviens  ne  présentent  aucune  trace  d’ aérolithes , tandis  qu’il 
ne  cesse  d’en  tomber  sur  la  terre  depuis  les  temps  historiques , et 
que  l’on  en  trouve  dispersés  à la  surface  du  globe  dans  toutes  les 
parties  du  monde.  i°  Que  rien  de  comparable  aux  blocs  erra- 
' tiques  n existe  ni  dans  les  poudingues  des  terrains  anciens , ni 
dans  les  alluvions  causées  par  les  plus  grandes  inondations  lo- 
cales historiques , tandis  que  ces  blocs  erratiques  sont  générale- 
ment répandus  dans  le  grand  terrain  diluvien,  et  le  caractérisent. 
3°  Qu’à  V époque  de  ces  terrains  correspond  exactement  une 
diminution  très  notable  dans  la  température  de  certains  climats , 
attestée  par  la  disparition  de  plusieurs  races  de  grands  animaux 
dont  les  terrains  immédiatement  antédiluviens  contiennent  encore 
les  débris  à des  latitudes  où  ces  animaux  n’ont  plus  reparu  depuis. 
M.  Boubée  pense  qu’un  changement  si  brusque  de  température, 
pour  certains  climats , 11e  peut  s’expliquer  que  par  un  change- 
ment survenu  dans  l’axe  et  les  pôles  du  globe,  et  il  trouve  dans 
la  coïncidence  de  ces  trois  grands  phénomènes  la  preuve  et  l'ex- 
plication d’un  déluge  générai , qui  serait  dû  à une  irruption  su- 
bite des  eaux  occasionée  par  le  choc  d’un  astre,  dont  lesaérolithes 
seraient  les  débris  errans  dans  l’espace. 

M.  Boubée  annonce  qu’il  se  propose  de  développer  ces  idées 
dans  un  travail  qui  sera  bientôt  publié. 

La  lecture  du  Mémoire  de  M,  Tournai,  intitulé  : Observa- 
tions sur  les  roches  volcaniques  des  Corbières,  est  renvoyée 
à la  prochaine  séance. 


Séance  du  19  mars  1832. 


M.  Broqgniart  occupe  le  fauteuil. 

Après  la  lecture  et  l’adoption  du  procès-verbal  de  la  der- 
nière séance  , le  président  proclame  membres  de  la  société  : 

M.  le  chevalier  Perrève , ancien  sous-préfet , présenté  par 
MM.  Cartier  et  Botté. 

Soc.  g«ol.  Ton*.  II.  ^3 


55o  SÉANCB  D tJ  S9  MARS  l85«. 

M.  Pissis,  membre  de  la  société  du  département  de  ta 
Haute- Loire,  présenté  par  MM.  Deîeros  et  Rozet. 

M.  Hœninghaus  annonce  à la  société  qu’il  lui  envoie  pour 
ses  collections  une  suite  de  pétrifications  choisies  du  cal- 
caire de  transition  des  environs  de  Gerolstein  (Eiffel), 

M.  Teissier  donne  quelques  nouveaux  détails  sur  la  ca- 
verne de  Miallet;  il  confirme  de  plus  en  plus  son  opinion 
sur  la  non-contemporanéité  des  ossemens  humains  et  des 
ossemens  de  mammifères  d’espèces  perdues,  s’accordant  avec 
M.  Desnoyers  sur  les  circonstances  qui  peuvent  avoir  occa- 
sionë  cette  réunion  dans  les  mêmes  cavernes.  M.  Teissier 
annonce  que  les  objets  d’art  et  une  partie  des  ossemens  de 
cette  caverne  ont  été  achetés  par  la  ville  de  Nîmes. 

M.  Verger  écrit  pour  engager  la  société  à ne  pas  oublier 
Nantes  dans  la  désignation  qu’elle  fera  des  lieux  où  elle  pour- 
rait tenir  des  séances  extraordinaires. 

M.  Bertrand-Geslin  adresse  à la  société  164  échantillons 
de  roches  et  100  échantillons  de  fossiles,  savoir  : en  roches, 
ao  échantillons  des  terrains  secondaires  jurassiques  de  l’An- 
gleterre , y compris  le  Purbeckstone  ; 2 1 échantillons  de  la 
vallée  de  Predazzo  en  Tyrol , 9 échantillons  d’Agordo^  < 
il  échantillons  des  Apennins  de  la  Ligurie,  4 échantillons 
de  Rome®  6 de  Naples,  et  2 de  l’Istrie;  17  échantillons  du 
sol  intermédiaire  de  la  Bretagne,  1 1 échantillons  du  sol  se- 
condaire de  la  Basse-Vendée,  21  échantillons  des  environs 
de  La  Rochelle  et  de  File  d’Aix,  9 échantillons  des  dépôts 
quaternaires  de  la  Loire-Inférieure . 10  échantillons  du  sol 
ancien  des  Pyrénées,  i5  échantillons  de  la  Provence  (Digne, 
Aix,  etc.),  2 échantillons  de  Moutiers  , et  3 d’Entrevernes ; j 
en  fossiles,  i4  échantillons  de  Castelgomberto,  17  de  Ronca, 

6a  des  collines  suhapennines  , î poisson  de  Sinigaglia,  2 échi-  ii 
nidées  et  une  ammonite  de  la  craie  du  Vicentin,  2 gryphées 
colombes,  de  Castelhme  et  de  La  Flèche,  1 gryphée  de  Bar- 
bezieux  , une  douzaine  de  fossiles  jurassiques  de  la- Basse- 
Vendée,  i ammonite  du  lias  de  Digne,  et  1 autre  de  Lyme 
Reois  , 3 fossiles  jurassiques  d’Angleterre,  1 nummulite  du 
lac  du  Bourget , 2 nummuütes  de  Menton  en  Ligurie , enfin 
8 fossiles  intermédiaires  de  Bretagne. 


SÉANCE  DÜ  19  MARS  l85â.  §5l 

La  société  reçoit  les  ouvrages  suivans  : 

1°  De  la  part  de  M.  Vander  Maelen,  le  premier  volume  du 
Dictionnaire  géographique  de  la  province  de  Liège , précédé 
d’un  fragment  du  mémorial  de  l’établissement  géographique 
que  ce  savant  a fondé  à Bruxelles.  1 85 1?  in-8°  avec  8 pl. 

2°  De  la  part  de  M.  Michelin  : 

A.  Une  lithographie  contenant  plusieurs  espèces  nouvelles 
de  coquilles  fossiles  des  terrains  des  environs  de  Paris,  pro- 
venant de  sa  collection. 

B.  Le  Rapport  fait  à la  société  d’encouragement  pour 
l’industrie  nationale  , au  nom  d’une  commission  spéciale, 
par  M.  Mallet,  sur  le  ciment  découvert  à Pouilly  en  Auxois 
(département  de  Saône-et-Loire.)  Paris  , 1829,  in-8°  de 
22  pages,  avec  \ planchq. 

5°  De  la  part  de  M.  Defrapce  , sa  Coupe  générale  des  envi- 
rons de  Paris , d’après  la  géographie  minéralogique  , de 
MM.  Brongniart  et  Cuvier.  Paris,  181  5. 

4°  Le  N°  i5  du  Mémorial  encyclopédique  et  progressif 
des  connaissances  humaines. 

5°  Le  N°  9 (septembre  1801)  du  Bulletin  des  sciences 
naturelles  et  de  géologie. 

6°  Le  N°  4°  des  Mémoires  de  la  société  d' agriculture , 
sciences , arts  et  belles  lettres  du  département  de  l’Aube. 

70  La  première  livraison  du  tonie  5 des  Actes  de  la  société 
(innéenne  de  Bordeaux. 

8°  Les  Nos  1 5 et  1 G de  X Européen. 

M.  Boué  fait  hommage  à la  société  des  44  premiers  N0i  et 
du  N°  176  du  Journal  des  mines. 

M.  Boué  donne  aussi  le  prospectus  des  Mémoires  géolo- 
giques et  palèonthologiqucs  qu’il  publie  en  ce  moment,  et 
dont  le  premier  volume  a déjà  paru. 

M.  le  professeur  Jameson  annonce  que  le  numéro  d’avril 
de  son  Journal  philosophique  contiendra  un  nouveau  sys- 
tème de  minéralogie  proposé  par  M.  L.  Necker,  et  voisin  de 
celui  qu’il  a adopte  depuis  quelque  temps.  On  a découvert, 
en  pratiquant  une  route  sur  la  crête  du  château  d’Edim- 
bourg, que  la  butte  trappéenne  supportant  le  fort  s’élève  en 
culot  circulaire  du  milieu  des  grès  secondaires  anciens,  et 


35*  6ÉANCB  DÜ  I9  MARS  lS5î, 

que  ces  derniers  sont  contournés  dans  le  voisinage  de  la 
roche  ignée.  Les  couches  arénacées  semblent  plonger  en  gé- 
néral sous  le  trap  qui  les  coupe. 

M.  Daubeny  annonce  une  seconde  édition  de  la  Carte 
géologique  (V Angleterre  de  M.  Greenough. 

M.  Reboul  envoie  un  Mémoire  sur  le  synchronisme  des 
terrains  tertiaires  inférieurs  ; il  compte  le  faire  suivre  d’un 
autre  sur  la  chronologie  des  soulèvemens  , et  promet  l’envoi 
d’échantillons  du  terrain  tertiaire  des  côtes  du  Languedoc. 

Il  annonce  en  même  temps  qu’on  a trouvé  récemment  un 
tibia  du  Paléothérium  magnum  dans  le  calcaire  marin  infé- 
rieur de  Pézenas  (département  de  l’Hérault),  ce  qui  serait, 
suivant  lui,  une  nouvelle  preuve  de  la  relation  d’âge  de  ce 
dépôt  avec  le  calcaire  grossier  de  Nanterre. 

M.  Keferstein  écrit  à la  société  qu’il  lui  adresse  , par  voie 
de.Iibrairie,  les  ouvrages  suivans  : ï 0 les  2 1 cahiers.de  son  Jour- 
nal (Teuschland  , etc.);  2°  ses  tableaux  de  géognosie  ( Tabel - 
len  der  geognosie) , in  4°,  1824  ; 3°  ses  observations  sur  les 
basaltes  ; 4°  plusieurs  petites  brochures  et  revues  d’ou- 
vrages. 

Il  témoigne  le  vif  intérêt  qu’il  prend  aux  travaux  de  la 
société,  et  lui  offre  ses  services. 

Le  premier  cahier  du  huitième  volume  de  son  Journal 
contiendra  une  géognosie  systématique  de  l’Allemagne  et 
des  pays  environnans,  pour  servir  de  base  à une  géologie 
générale , dans  laquelle  il  s’attachera  surtout  à la  morpho- 
logie des  couches  et  à la  détermination  de  la  formation  et  de 
l’époque  d’origine  des  roches  platoniques. 

M.  Boué  présente  à la  société  les  ouvrages  suivans  : 

1°  Un  coup-d  œil  géologique  sur  la  partie  sud  de  la  Forêt- 
Noire  ( Geognosticlie  Uehersicht  der  sudlic/i.  Schwarzwaldes)y 
par  M.  P.  Merian;  in-8Q  de  270  pages,  avec  une  carte  géo- 
logique. Bâle,  î83s* 

20  Le  second  volume  des  résultats  des  voyages  entrepris 
pour  l’histoire  naturelle  et  l’économie  agricole  i Ergebnis- 
sen  rneincr  natur  hislor.-~  Okonomisch . Reisen),  par  M.  le 
docteur  H.* G.  Broun,  in-8°  de  686  pages,  avec  4 planches. 
Heidelberg,  1 832. 


SÉANCE  DTJ  19  MARS  l852.  353 

5°  Les  formations  tertiaires  d’Italie,  et  leurs  fossiles  (Ita- 
liens terliâr-Gcbilde 9 etc.)  , par  le  docteur  Broun,  in  8®  de 
'176  pages,  avec  4 planches.  Heidelberg,  1 83 1 . 

Ce  ne  sont  que  les  six  derniers  chapitres  de  l’ouvrage  pré- 
cédent ; il  est  fâcheux  qu’il  n’y  ait  pas  ajoute  celui  qui  traite 
de  la  géologie  générale  de  l’Italie,  car  on  aurait  eu  ainsi  l’en- 
semble de  la  partie  géologique  de  ses  voyages. 

4°  Les  cinq  numéros  du  Journal  périodique  irrégulier  pu- 
blié depuis  1819,  en  Suède , par  M.  W.  Hisinger,  sous  le 
titre  de  : Remarques  sur  la  physique  et  la  géognosie  de  la 
Suède  et  de  la  Norwége  ( Anlcckningar  i physik  och  geo- 
gnosi  under  resor  utl  Sverigc  och  Norrige) . 

Le  premier  cahier  (in-8°  de  1 12  pag.,  publié  en  1819)  con- 
tient : i°  la  description  géologique  générale  de  la  Dalécarlie  ; 
*°  celle  du  Jemtland,  avec  quatre  profils  et  une  table  de  hau- 
teurs. Le  second  cahier  (in-8°  de  90  pages  , publié  en  1820) 
est  rempli  par  la  description  du  Hergèdalen  en  Norwége  ; 
avec  un  profil  et  trois  tables  de.  hauteurs  barométriques.  Le 
troisième  cahier  (in-8°  de  io5  pages,  qui  a paru  en  i8a5) 
contient  un  voyage  à travers  le  Westmanland  et  Wermeland 
en  Norwége,  des  détails  sur^la  géologie  et  la  végétation  des 
environs  de  Christiania  et  de  Holmestrand,  un  voyage  à Van" 
et  Mjosen  depuis  Christiania,  et  un  autre  de  Yang  aux  monta- 
gnes Dovrefjeld  et  de  Sneehatten.  Ce  volume  est  accompagné 
d’une  carte,  d’un  profil  des  montagnes  de  Dovrefjeld  et  du 
Sneehatten,  d’une  coupe  des  couches  près  de™  Drains  fjord  , 
d’une  figure  d’un  fossile  et  de  trois  vues  du  mont  Sneehatten. 

Le  quatrième  cahier  (in-8°  de  9.58  pages  , qui  a paru  en 
1828)  renferme  sept  mémoires,  savoir  : sur  le  Westmanland, 
le  Nerike  et  le  Sudermariland  ; sur  le  bassin  du  lac  Werern  ; 
sur  les  montagnes  de  Skara  et  de  Fdsfborg  en  Wcrmcland 
(avec  une  carte  géologique^et  une  coupe"coloriée)  ; sur  l’Os- 
trogotliie;  sur  les  "montagnes  du  Smaîand  ; sur  la  Scanie 
(avec  un  profil  et  cinq  figurés^ coloriées),  et  Vies  figures  de 
graptolites  ; sur  Oeland  (avecj  une  planche  de  fossiles,  tels 
que  des  térébratules ? et  enclines;  sur  Gotldand  (avec  une 
Carte  géologique  et  trois  planches  de* fossiles,  tels  que; 
Leptœna  (L.  rugosa  et  euglypha),  Gypldia  (G.  coiicîiydium)  , 


354  SÉANCE  DU  19  MARS  l85a. 

Dctt/iyris  ( D.  crispa  et  cardiospermiformis  ) Mytilites  f 
Atrypa  (A.  Prunum),  Terebratula  (T.  bidentata  et  cuneata). 
Ammonites , Orthocer alites  {O.  cendulaîus),  Helicites(Û.  cen- 
trilugus)  , Turbiniles , T urritelles , Sphœronitcs  (S.  Pomum 
et  granatum) , Pkacites  (P.  Gotblandicus). 

Le  cinquième  cahier  (in-8°  de  <74  pages , i83i)  est 
consacré  à des  articles  additionnels  sur  les  divers  pays 
de  la  Suède  et  de  la  Norwége  décrits  dans  les  cahiers  précé- 
dens.  Parmi  ces  dix-sept  articles,  on  remarque  une  descrip- 
tion nouvelle  du  sol  intermédiaire  de  la  Dalécarlie  et  de  ses 
fossiles,  un  tableau  de  la  végétation  du  Dovrefjeld  et  du 
Sneehaetten , une  notice  sur  la  géologie  du  Gestrikland,  sur 
la  botanique  du  Westmanland , sur  le  grès  intermédiaire  du 
Nerique  , sur  les  fossiles  de  rOstrogothie  et  de  la  Westro- 
gothie,  sur  les  roches  trappéennes  de  cette  dernière  pro- 
vince , sur  la  géologie  du  Smaland  , un  article  sur  les  envi- 
rons de  Goteborg  et  de  Bohuslan,  dans  lequel  on  trouve  une 
liste  des  coquilles  alluviales  fossiles  d’XTddevalla , de  Skalle- 
rod  , de  Trollhattan  et  de  Tisselskoy,  ainsi  que  des  détails 
sur  des  enchevêtremens  du  granité  et  du  gneiss,  entre  Skalle- 
rod  et  Ejsts,  un  article  sur  les  coquilles  alluviales  fossiles 
de  Dalsland,  des  notes  diverses  sur  les  roches  porphyriques 
et  crayeuses  de'  la  Scanie , l’indication  de  quelques  fossiles 
intermédiaires  dans  1 île  d’Oland  , une  liste  de  ceux  de  l’île  dë 
Gothland,  arrangées  d’après  leur  gisement  géologique;  une 
énumération  des  roches  de  Gothland,  le  tableau  de  quel- 
ques hauteurs  barométriques  mesurées  en  Suède  et  en  Nor-» 
wëge;  enfin,  une  table  générale  des  matières  des  cinq  cahiers 
par  noms  de  localités.  M.  Hisinger  y a joint  un  tableau  gé- 
néral des  formations  de  la  Scandinavie , dans  lequel  les  dé- 
pôts sont  partagés  en  neptuniens  et  plutoniques  , mis  en  re- 
gard les  uns  avec  les  autres , et  il  a ajouté  des  noms  de  loca- 
lités à chacune  des  divisions  des  formations. 

11  ne  faut  pas  confondre  ce  recueil  avec  celui  que  M.  Hi- 
singer a fait  paraître  sous  le  titre  de  Mémoires  sur  la  phy- 
sique, la  chimie  et  la  minéralogie  ( AfhandL  i Phisik , Keini 
och  Miner ato^ . ) 

5°  Le  premier  volume  de  l’ouvrage  de  M.  Léonhard  sur  les 


f 


< Voccc/e.  (jeo/t*ÿuy,ze  f*  ?~ctsuuz 


Tottv.j/TjP^ 


ff.  Vészcest£  c&z/s: 


JZouocs  /ii/zs 


Jrrif?.  jOÜ/i/.  '/■ 


SCAPHITES  Yvann 


SÉANCE  DU  10  MARS  ï85a.  355 

dépôts  basaltiques  (Die  basait . Gebilde , etc.)  , in-8°  acconH 
pagne  d’une  douzaine  de  planches  (voyez  Bull.,  t , 1,  p.  45): 

M.  Boue  rend  compte  à la  société  de  la  seconde  édit,  du 
Manuel  de  géologie  de  M.  de  la  Bêche,  et  il  fait  observer 
que  l’auteur  s’occupe  encore  un  peu  trop  exclusivement  de 
l’Angleterre  ; ainsi , dans  son  article  sur  le  sol  tertiaire , il 
est  à regretter  qu’il  ne  donne  pas  une  idée  de  la  constitution 
géologique  de  chaque  bassin  européen , et  qu’il  s’arrête  sur 
certains  dépôts,  tel  que  le  crag,  ou  sur  certaines  localités, 
comme  sur  Londres  et  Paris , tandis  que  le  grand  terrain 
subapennin  inférieur  est  indiqué  trop  succinctement. 

Malgré  les  améliorations  qu’ont  éprouvées  ses  listes  de 
fossiles  distribués  géologiquement,  on  doit  regretter  qu’il 
ait  admis  trop  facilement  les  déterminations  de  M.  Marcel 
de  Serres  pour  le  sol  tertiaire , et  celles  de  M.  Ziéten  pour 
le  lias  et  les  oolites  inférieures. 

La  partie  qui  traite  des  roches  anciennes  lui  paraît  aussi 
laisser  quelque  chose  à désirer. 

Enfin,  en  terminant  son  article  sur  les  soulèvemens  du 
globe  tels  que  les  conçoit  M.  de  Beaumont,  l’auteur  a ajouté 
l’observation  curieuse  qu’en  Angleterre  il  y a trois  direc- 
tions de  soulèvemens  arrivés  à des  époques  très  différentes, 
et  néanmoins  parallèles  entre  elles , et  courant  de  l’est  ù 
l’ouest.  Ce  sont  : i°  le  soulèvement  qui  a redressé  les  cou- 
ches de  l’île  de  Wight,  après  le  dépôt  de  l’argile  de  Londres  ; 

le  soulèvement  d’une  portion  degrauwacke  du  Devonshire 
ët  des  roches  carbonifères  des  Mendip  et  de  la  partie  sud  et 
du  pays  de  Galles  , qui  a eu  lieu  avant  la  formation  du  grès 
bigarré;  3°  enfin,  le  soulèvement  de  la  grauwacke  du  midi  de 
l’Irlande  antérieur  au  dépôt  du  grès  pourpré  intermédiaire  . 

M.  Puzos  offre  à la  société  le  modèle  en  plâtre  d’un  sca- 
phite  remarquable  dont  le  dessin  lithographié  est  joint  au 
Bulletin,  et  au  sujet  duquel  il  lit  la  note  suivante  : 

« Ce  fossile  a été  trouve  près  rie  Senez  , département  des  Basses i 
Alpes,  par  M.  Melchior  Yvan , naturaliste  zélé,  qui  a bien  voulu 
me  l’envoyer  en  communication.  J’en  dépose  aujourd’hui  pour  la 
collection  de  la  Société  un  modèle  en  plâtre. 


356  SÉANCE  ©Ü  19  MARS  1 85a. 

» Je  ne  connais  aucune  description , aucune  figure,  qui  présente 
réunies  les  singularités  du  fossile  de  M.  Yvan.  M.  Phillips , danâ 
ses  Illustrations  of  the  geology  of  Y or sksldre , donne  la  figure 
(pl.  I,  fig.  3o)  d’une  coquille  enroulée  d’abord  sur  elle-même, 
et  puis  projetée  en  avant,  mais  sans  courbure  à son  extrémité. 
Ce  fossile  est  dans  la  collection  de  M.  Bean , qui , dans  un  ma- 
nuscrit cité  par  M.  Phillips,  lui  donne  le  nom  de  hamites  Phil- 
lipsii. 

» Le  Hamites  Phillipsii  a été  trouvé  sur  la  côte  du  Speeton , 
dans  une  couche  d’argile  qui  supporte  immédiatement  la  craie  ’ 
cette  couche  est  regardée  par  M.  Phillips  comme  appartenant  aii 
Gault.  Suivant  M.  Eiie  de  Beaumont,  il  y a des  terrains  crétacés 
inférieurs  aux  environs  de  Senez,  et  il  est  probable  que  le  fossile 
de  M.  Yvan  en  provient. 

» Les  figures  des  espèces  nouvelles  publiées  par  M.  Phillips 
n’étant  accompagnées  d’aucûnc  description , j’ignore  les  motifs 
qui  ont  déterminé  M.  Bean  à placer  parmi  les  hamites  le  fossile 
de  1 ’argile  de  Speeton.  Celui  des  environs  de  Senez  me  paraît 
réunir  les  principaux  caractères  assignés  par  M.  Sowerby  au  genre 
Scaphite , et  je  propose  de  lui  donner  le  nom  de  scaphites  Yvanii. 
(Voyez  planche  II  du  2e  volume  du  Bulletin , 011  il  est  représenté 
de  grandeur  naturelle.) 

» Les  tours  de  spire  ont  une  coupe  ovale , un  peu  aplatie  laté- 
ralement $ la  branche  montante  a la  même  forme  , seulement  elle 
est  sensiblement  plus  renflée  du  côté  qui  correspond  à la  suture 
que  du  côté  de  la  carène,  disposition  particulière  qu’indique  la 
coupe  jointe  à la  figure.  Toutes  les  côtes  sont  simples,  et  passent 
sans  interruption  d’un  côté  à l’autre  à travers  la  carène.  On  re- 
marque sur  la  branche  montante  deux  cavités  en  gouttière,  l’une 
au  point  oîi  elle  se  sépare  de  l’avant-dernier  tour,  et  l’autre  des- 
sous la  crosse  qui  termine  cette  branche  montante,  caractères  qui 
se  retrouvent  également  dans  les  autres  espèces  de  scaphites.  » 

M.  Defrance  présente  le  catalogue  de  ses  collections,  que 
la  société  reçoit  avec  reconnaissance  et  conservera  dans  ses 

archives. 

M.  Virîet  communique  à la  société  quelques  échantillons 
d’obsidienne , provenant  d’un  agglomérat  d’obsidienne  à ci- 
ment de  calcaire  tufacé , dans  lequel  on  trouve  des  huîtres  , 
des  peignes  ( pecten  salcaré)  et  autres  fossiles.  Cet  agglomé- 
rat vient  de  l’île  de  Milo  dans  l’Archipel  grec;  sur  la  surface 


I 


SÉANCE  DU  îg  MARS  i832.  352 

des  échantillons , on  remarque  des  espèces  d’orbicules  sem- 
blables à quelques  uns  de  ceux  si  bien  décrits  par  M.  Broh- 
gniart.  ïl  faut  observer  que  ces  orbicules  ne  se  montrent 
que.  dans  les  parties  qui  paraissent  avoir  subi  un  refroidisse- 
ment instantané  qui  a formé  à la  surface  une  légère  croûte 
blanche  ponceuse.  > 

M.  Yirlet  lit  quelques  observations  sur  un  gisement  de 
trachytes  alunifères  dans  File  d’Egine,  dont  il  présente  a la 
Société  une  suite  d’échantillons: 


« 11  existe  à Egine  un  gisement  d’alunite  assez  remarquable  f 
que  M.  Boblaye,  dans  un  excellent  mémoire  sur  cette  île,  a déjà 
signalé.  f 

» Il  est  situé  dans  la  partie  orientale  de  File,  près  de  l’extré- 
mité d’une  grande  vallée  très  remarquable,  dirigée  de  l’E.  a 
l’O.  N.-O.  • elle  traverse  toute  i’îîe , en  la  divisant  en  deux  parties; 
à peu  près  égales  ; ce  lieu  s’appelle  Feninda  ta  Vrakia  (c’est-a- 
dire  cinquante  brasses  ),  nom  qui  vient  de  ce  que  dans  cet  endroit, 
la  côte  étant  très  abrupte,  présente  un  escarpement  ou  mur  ver- 
tical d’au  moins  cinquante  brasses. 

» Cet  escarpement  très  remarquable  est  formé  par  de  beaux 
trachytes  gris-blanchâtres  très  durs,  affectant  les  formes  prisma- 
tiques des  basaltes.  Les  trachytes  alunifères  constituent  une  col- 
line assez  élevée  qui  s’avance  dans  la  mer  à l’extrémité  de  cet 
escarpement,  et  y forme  une  espèce  de  cap.  Ils  sont  d’un  jaune 
d’ocre  souvent  très  foncé  et  quelquefois  assez  pâles  et  ferrugineux  5 
leur  présence  se  manifeste  de  loin  , par  une  forte  odeur  sulfureuse, 
produite  par  la  décomposition  des  pyrites  qu’ils  contiennent.  La 
partie  supérieure  de  la  colline  est  formée  par  une  roche  siliceuse 
très  dure,  à éclats  gras,  avec  des  cavités  quelquefois  marquées  par 
un  cercle  brun  ferrugineux , renfermant  des  noyaux  siliceux  ou 
trachy tiques  5 cette  roche  paraît  avoir  appartenu  primitivement 
à l’agglomérat  trachy  tique  qui  la  recouvre,  et  semblerait  n’avoir 
été  silicifiéc  que  postérieurement  à son  dépôt,  soit  par  infiltra- 
tion, [soit  plutôt  par  une  espèce  de  fusion  pâteuse j elle  affecte, 
aussi  bien  que  l’agglomérat  à ciment  de  calcaire  tu  face  qui  lui  est 
superficiel  en  quelques  points,  les  memes  couleurs  que  les  trachvtes 
qu’elle  recouvre,  et  dont  il  n’est  pas  facile  parfois  delà  distinguer. 

Ces  trachytes,  qui  ontévidemment  étéaltérés,  ontparu  à M.  Virlet 
n’être  devenus  alunifères  que  par  une  transmutation  des  trachvtes 
gris‘  blauchâtresduvoisiuage,opéréepardesdégagemcns  de  vapeurs 


m SÉANCE  DU  ÎQ  MARS  l83a. 

sulfureuses  ? comme  l’a  fort  bien  annoncé,  dès  1819,  M.  Cordier^ 
en  décrivant  l’alunite  du  Mont-D’or , que  îe  premier  il  a fait 
connaître. 

En  effet , si  l’on  suit  les  traces  de  F altération , on  la  voit  dimi- 
nuer graduellement,  jusqu’à  ce  qu’enfin  elle  disparaisse  au  milieu 
de  cette  grande  masse  trachytique  , à laquelle  elle  passe  par  les 
ïiuances  les  plus  insensibles.  De  plus,  les  élémens  , à la  couleur 
pfès  , sont  absolument  les  mêmes  dans  les  trachytes  altérés  ët 
ceux  qui  11e  le  sont  pas  ; seulement  la  division  prismatique  dé 
ceux-ci  a disparu , et  a été  remplacée  par  une  division  irrégu- 
lière, en  boules  imparfaites , au  milieu  desquelles  se  sont  formés 
des  filons  d’alunite  fibreuse  d’un  blanc  nacré  et  soyeux,  presque 
toujours  accompagnés  de  petits  rognons  mamelonnés  de  fer  pyrt» 
teux,  qui , eu  se  décomposant,  devient  noir  et  dégage  cette  forte 
odeur  sulfureuse  qu’on  sent  de  loin.  Les  trachytes,  en  devenant 
plus  ou  moins  alunifères , sont  aussi  devenus  plus  tendres  et  6e 
désagrègent  facilement,  ce  qui  en  rend  l’exploitation  plus  facile j 
mais  la  présence  des  pyrites  empêchera  qu’on  puisse  en  retirer 
de  bons  produits. 

La  partie  supérieure  de  ces  trachytes  alunifères , jusqu’à  une 
certaine  profondeur,  forme  une  masse  réticulée  en  grand , enve- 
loppée par  un  réseau  de  gypse  rayonnant , qui  a dû  s’v  former  à 
la  manière  des  gypses  des  solfatares. 

Cette  formation  alunifèrè  présente  un  autre  intérêt,  en  cë 
qu’elle  se  lie  à un  autre  gisement  de  gypse  qui  se  trouve  au  milieu 
du  terrrain  tertiaire,  et  au  phénomène  du  mont  Fendu,  dont  à 
parlé  aussi.  M.  Boblaye,  comme  annonçant  un  soulèvement  ail 
milieu  des  roches  trachy tiques  , passées  à un  état  voisin  de  la 
domite , phénomène  qui  doit  avoir  eu  lieu  à une  époque  très 
récente  et  postérieure  au  terrain  tertiaire  supérieur. 

Le  mont  Fendu  , situé  vers  la  partie  centrale  de  l’îîë  , près  de 
la  vieille  Egine  , se  trouve  aussi  près  du  point  de  séparation  des 
eaux  de  la  grande  vallée  que  l’auteur  a signalé  en  commençant; 
et  que  M.  Boblaye  a très  bien  fait  sentir  dans  sa  carte  géognos- 
tique  de  File  d’Egine. 

Cette  vallée,  dont  l’ouverture  paraît  se  rattacher  à la  formation 
de  l’alunite,  est  formée,  d’un  côté,  par  des  montagnes  entièrement 
trachytiques,  de  l’autre,  par  des  trachytes  et  un  chaîne  de  calcaire 
compacte,  recouverte  sur  plusieurs  points  par  des  lambeaux  du 
terrain  tertiaire. 

L’altération  des  trachytes , tout  le  long  de  cette  vallée , est  très 
remarquable  j elle  se  fait  sentir  depuis  le  gisement  de  l’alunite , 


SÉANCE  DU  19  MARS  1 853.  S5g 

jusqu’au-delà  du  mont  Fendu  , dans  tout  le  fond  de  la  vallée  et 
sur  quelques  collines  qui  en  dépendent;  toute  la  masse  trachy4 
tique  y est  devenue  friable,  blanchâtre,  jaunâtre  ou  verdâtre, 
couleurs  qui  se  rencontrent  habituellement  dans  le  voisinage  du 
terrain  d’alunite.  Chauffés  fortement,  ces  traclivtes  deviennent 
bruns-rougcâtres.  Dans  quelques  points,  ils  sont  si  décomposés 
qu’on  a de  la  peine  à les  reconnaître;  aux  environs  de  PalœoKas- 
tro  (vieille  Egine),  et  du  mont  Fendu,  ils  ressemblent  à une 
brèche  trachytique  ; les  parties  qui  ont  mieux  résisté  y paraissant 
colline  agglomérées  par  les  parties  les  plus  altérées. 

Un  teinturier  de  l’île  , qui  s’est  beaucoup  occupé  de  ces  tra- 
çhytes,  et  qui  cherche  à en  tirer  parti , dans  l’intérêt  de  son  art, 
a assuré  en  avoir  essayé  beaucoup,  de  différens  points;  et  il  a 
titmvé  dans  tous  une  plus  ou  moins  grande  quantité  d’alun. 

. Le  gypse  se  trouve  aussi  dans  cette  vallée,  en  un  lieu  appelé 
Mesagros  tou  Traboucou , entre  le  mont  Fendu  et  le  gisement 
des  tràchytes  alunifères  , sur  une  colline  tertiaire;  cette  colline 
est  formée , d’abord  à la  partie  supérieure  , par  un  agglomérat 
trachytique  à énormes  fragmens,  cimentés  par  un  tuf  blanchâtre; 
àu-dessous  duquel  on  trouve  des  assises  d’un  tuf  calcaire  jaunâtre, 
et  quelquefois  verdâtre  , renfermant  encore  des  fragmens  de  tra- 
chytes;  au-dessous  viennent  de£  marnes  schisteuses  blanches  et 

Jaunâtres  très  feuilletées,  très  f iables,  même  pulvérulentes  et 
loüces  au  toucher,  au  milieu  desquelles  se  trouvent  des  bandes 
d’ün  Silex  tantôt  gris -bleuâtre,  tantôt  brunâtre  , semblable  alors 
à èelui  de  Ménil-Montant  : ces  silex  résinites  qui  dégagent,  quand 
on  les  brise , une  odeur  très  fétide , sont  en  bandes  ou  continues  ; 
ou  simplement  formées  par  une  suite  de  rognons.  Ce  terrain  de 
marnes  et  de  silex,  où  il  n’a  pp  rencontrer  aucun  fossile,  lui 
paraît  devoir  être  rapporté  à une  formation  d’eau  douce;  en- 
fin au-dessous  vient  un  dépôt  de  calcaire  sableux  à coquilles 
marines  recouvrant  les  argiles  bleues  qui  forment  partout  la  partie 
mrénëuie  de  ce  terrain  tertiaire. 

C’est  au  milieu  de  ce  calcaire  sableux  que  se  trouve  1res  in éga- 
lement disséminé  le  gypse,  soit  en  cristaux  détachés  ou  groupés, 
mit  sous  forme  un  peu  fibreuse;  i!  est;  parfois  très  rare  dans  la 
masse,  et  parfois  très  abondant;  il  semble  indiquer  alors  des  lignes 
de  fissures, par  où  se  seraient  échappées  les  vapeurs  sulfureuses  , 
auxquelles  il  pense  qu’il  doit  sou  origine,  et  l’on  pourrait,  en 
quelque  sorte,  le  suivre  comme  on  le  ferait  d’un  filon.  Il  eut 
été  très  curieux  de  pouvoir  vérifier  si  les  tràchytes  qui  sont  à 
la  partie  inférieure  sont  aussi  alunifères,  il  ne  pourrait  res- 


360  SÉANCE  EU  19  MARS  ï832. 

ter,  dans  ce  cas , aucun  doute  sur  l’origine  ignée  de  ces  gypses. 

Le  terrain  d’alunite  d’Egine  diffère  donc  essentiellement,  quant 
à la  nature  de  ses  roches,  de  celui  du  Mont-D’or,  décrit  avec 
tant  de  détails  par  M.  Cordier,  et  de  ceux  que  M.  Beudant  nous 
a fait  connaître  en  Hongrie  par  son  grand  ouvrage  sur  cette  con- 
trée; puisque  dans  les  diverses  localités  décrites  par  ces  deux 
savans  géologues,  l’alunite  paraît  n’appartenir  qu’aux  conglo- 
mérats trachy tiques  et  aux  trass  ; mais  il  n’en  est  pas  de  meme 
quant  à l’origine , car  il  est  facile  de  reconnaître  dans  les  circon- 
stances de  ces  divers  gisemens,  des  rapports  qui  paraissent  établir, 
entre  eux  et  celui  d’Egine  une  identité  parfaite  dans  leur  mode 
de  formation. 

M.  Boué  a observé  en  Transylvanie  un  gisement  de  trachytes  ; 
au  milieu  duquel  on  observe  une  grande  fente,  par  laquelle 
s’échappent  des  vapeurs  sulfureuses  très  chaudes,  qui  altèrent  les 
trachytes  et  les  transforment  en  alunite  ou  en  trachytes  alunifères, 
et  au  pied  de  la  montagne,  011  observe  une  grande  quantité  de 
sources  froides,  très  fortement  acidulées  et  ferrugineuses.  11  en  a 
donné  une  description  dans  l’ouvrage  de  M.  Daubeny , sur  les  ! 
volcans.  Cela  confirmerait  le  mode  de  formation  reconnu  par 
M.  Virlet  dans  l’alunite  d’Egine  qui  n’est  au  reste  que  celle  dçjà 
émise  en  1819  par  M.  Cordier.  i 

On  lit  un  Mémoire  de  M.  Razoumowsky  sur  un  nouveau 
genre  de  polypites,  provenant  des  monts  Weldai,  auquel  il 
donne  le  nom  de  lubulipore.  Ce  genre  paraît  avoir  été  déjà 
figuré  par  M.  Goîdfuss  sous  le  nom  de  Sériopore ; il  offre 
aussi  de  grandes  ressemblances  avec  les  fibrillites  de  M.  Ra- 
finesque,  et  les  clicietites  de  Fischer. 

Les  polypiers  décrits  par  M.  Razoumowsky,  accompagnés 
de  dessins  très  soignés,  sont  classés  par  lui  en  deux  espèces 
principales,  les  Tub,  pleins  et  les  Tub,  creux,  qu’il  sous-di- 
vise  en  plusieurs  variétés , auxquelles  il  donne  les  noms  de 
T,  panache , T.  presque  amorphe,  T . multiple , T.  jonc  ma- 
rin, T.  éventail , T. poteau,  T.  irrégulièrement  sphérique , 
T,  carrié , pour  la  première  espèce;  et  T.  en  boule,  T,  en 
demi-boule  oblonguc  en  éventail  bombé , pour  la  seconde. 

Ces  corps  , tous  siiicifiés,  ont  été  découverts  dans  les  gra- 
viers cTalluvion  de  la  Russie;  et  le  gisement,  connu  des  es- 
pèces décrites  par  MM.  Goîdfuss  et  Rafinesque,  comme  pro- 
venant des  terrains  de  transition  , doit  faire  présumer  que 


SEANCE  DU  I9  MARS  |B5si.  56 1 

celles  des  alluvions  de  la  Russie  ont  la  même  origine , et  pro- 
viennent, ainsi  que  les  blocs  de  ces  alluvions,  d’anciennes 
formations  détruites  ou  existant  plus  au  nord. 

On  lit  un  Mémoire  de  M.  Tournai  fils  sur  les  roches  vol- 
caniques des  Gorbières;  en  voici  un  extrait  : 

Les  montagnes  des  Gorbières  forment  un  petit  groupe  qui  est 
séparé  des  Pyrénées  par  la  vallée  de  îa  Gly,  La  composition  gé- 
nérale de  ces  montagnes  est  du  calcaire  compacte  appartenant  au 
terrain  de. craie.  Cependant  on  y voit  aussi  une  petite  bande  de 
terrain  de  transition  et  des  indices  de  terrain  houiller.  La  strati- 
fication du  terrain  calcaire  est  extrêmement  irrégulière , surtout 
quand  on  l’étudie  sur  une  petite  échelle  ; néanmoins  , la  direction 
générale  est  la  même  que  celle  de  la  chaîne  des  Pyrénées.  D’a- 
près les  observations  de  M.  Tournai,  les  accidens  nombreux  et 
bizarres  que  présente  le  groupe  qui  nous  occupe  , sont  dus  à la 
présence  de  roches  singulières  , que  Fauteur  regarde  comme  vol- 
caniques , et  qu’il  considère  cependant  comme  analogues  des 
ophites  par  leur  position  et  par  plusieurs  autres  caractères.  Ces 
roches  ont  un  aspect  mat,  se  divisent  facilement  en  fragmens  po- 
lyédriques , venfermant  des  globules  ou  amandes  de  différente  na- 
ture, et  paraissent  formées  en  général  par  du  pyroxène,  du  feld- 
spath altéré , de  l’argile  et  de  l’oxide  de  fer.  Elles  contiennent 
accidentellement  du  quartz  cristallisé. , de  la  chaux  carbonatée  , 
du  fer  oligiste  , du  mica  et  de  Fépidote.  Ces  roches  se  présentent 
presque  toujours  sous  îa  forme  de  petites  buttes  coniques,  ou 
bien  de  petits  mamelons  liés  entre  eux  • on  les  voit  sortir  de  des- 
sous le  terrain  calcaire , qui  montrent  presque  toujours  à leur 
contact  des  caractères  particuliers.  Ces  roches  volcaniques  p’of- 
frent  aucune  stratification;  elles  11e  renferment  jamais  de  fossiles 
et  sont  accompagnées  presque  constamment  de  masses  rougeâtres 
et  de  grands  amas  de  gypse  fibreux,  renfermant  des  cristaux  de 
quartz  prishié. 

« L’éruption  de  ces  roches  ignées  nous  semble,  dit  Fauteur, 
» avoir  eu  lieu  au  commencement  de  la  période  tertiaire,  et  avoir 
» suivi  immédiatement  la  dislocation  du  sol  secondaire;  or, 
» comme  les  forces  qui  ont  soulevé  ce  terrain  ne  paraissent  pas 
» avoir  suivi  une  direction  constante,  puisque,  les  crêtes  des  mon- 
» tagnes  environnantes  se  coupent  soùs  différens  angles,  il  est 
» probable  qu’ elles  ont  agi  à différentes  époques , et  pendant  une 
» période  de  temps  assez  longue.  » 


36?  SÉANCE  DU  19  MARS  lS5*. 

L’auteur,  après  cet  aperçu  général , entre  dans  quelques  çjé- 
tails  sur  plusieurs  localités  voisines  de  Narbonne;  les  principales 
sont  : Sainte-Eugénie,  Prat-de-Cost , elles  environs  de  Gléon  et 
de  Vibesèque. 

" M.  Boubée  fait  observer,  à l’occasion  de  ce  Mémoire,  qu’il 
serait  difficile  aux  personnes  qui  n’ont  vu  que  les  véritables 
ophites  des  Pyrénées , d’admettre  au  premier  aspect  aucune 
idée  de  rapprochement,  et  surtout  de  synchronisme  entrç 
les  roches  amphiboliques  de  Palassou  et  les  produits  volca- 
ïiisés  envoyés  par  M.  Tournai  ; que  néanmoins  il  pense  que 
l’on  ne  devra  pas  refuser  de  les  admettre,  parce  que  dans  le 
Béarn  , aux  environs  d’Oleron  , il  existe  plusieurs  dépôts 
ophiteux,  dont  M.  Forest  conserve  une  riche  série  d’échan- 
tillons , qui  présentent  très  bien  le  passage  des  véritables 
ophites  dont  l’aspect  est  le  moins  plntonique,  à des  roches» 
conglomérées,  et  d’aspect  tout-à-fait  volcanique,  parfaite- 
ment semblables  à celles  qu’envoie  M.  Tournai. 

jVL  Boubée  a reconnu  de  la  mésotype  radiée  bien  carac- 
térisée dans  les  échantillons  d’ophite  basaltique  de  M.  Fo- 
rest , et  des  nodules  de  talc  dans  diverses  ophites  propre- 
ment dites  des  environs  de  Saint-Girons.  Reconnaissant  aussi 
dans  les  nodules  noirâtres  que  présentent  les  roches  de 
Narbonne  des  globules  de  talc  compacte , il  signale  ces  cir- 
constances minéralogiques  comme  venant  à l’appui  du  rap- 
prochement proposé  par  M.  Tournai, 

D’ailleurs,  à Oleron  comme  à Narbonne , ces  différente^ 
roches  sont  également  accompagnées  des  mêmes  gypses 
guarzifères , des  mêmes  argiles , et  paraissent  bien  dater  de 
)a  même  époque.  Enfin,  M.  Boubée  a observé  les  mêmes 
différences  orictognostiques  et  les  mêmes  relations  géognos- 
tiques  dans  plusieurs  dépôts  ophiteux  du  département  des 
Landes,  où  l’on  trouve  même  de  l’analcime  rouge  de  brique 
en  cristaux  concrétionnés. 

M.  Rozet  lit  un  Mémoire  sur  la  géognosie  de  quelques  par- 
ties de  la  Barbarie. 

Dans  ce  travail , Bailleur  a rassemblé  toutes  les  notices  qu’il  a 
envoyées  à M.  Gordier  pendant  son  séjour  en  Afrique  , et  qui 


SÉANCE  t)ü  19  MARS  l8§2.  56$ 

ünt  été  communiquées  par  ce  savant  à l’Académie  des  sciences  ; 
friais  ici  les  différentes  formations  sont  classées  méthodiquement, 
et  décrites  avec  détail.  Yoici  les  faits  les  plus  important  consigné^ 
dans  ce  Mémoire  : 

Les  schistes  talqueux  de  transition  , avec  des  calcaires  subor- 
donnés, constituent  le  terrain  le  plus  ancien  de  la  contrée.  Ces 
schistes  forment  une  grande  partie  des  falaises  depuis  le  cap  Ma- 
tifou  jusqu’à  Svdi-el-Ferruch,  et  la  masse  principale  des  monts 
Bou-lZaria,  à l’ouest  d’Alger. 

Le  schiste  talqueux  passe  insensiblement  au  gneiss , et  cette 
roche  , qui  le  recouvre  sur  plusieurs  points  , prend  un  dévelop- 
pement assez  considérable  pour  qu’on  puisse  la  considérer  comme 
une  formation  indépendante. 

Les  schistes  et  le  gneiss  sont  recouverts  , à stratification  con- 
trastante , par  un  terrain  tertiaire  identique  avec  celui  des  col- 
lines subapennines , et  que  l’auteur  nomme  terrain  subatlan - 
tkjiie  , parce  qu’il  prend  un  développement  très  considérable 
entre  les  deux  chaînes  de  l’Atlas.  Ce  terrain  forme,  le  long  de  la 
cote  , une  bande  de  collines  qui  s’étend  depuis  le  cap  Matifou 
jusqu’à  plus  de  quinze  iieues  à l’ouest  d’Alger, 

Au  sud  de  ces  collines  , se  trouve  la  grande  plaine  de  la  Mi- 
tîdja,  formée  par  un  terrain  de  transport  ancien  , dont  les  maté- 
riaux proviennent  des  montagnes  qui  la  bordent.  Cette  plaine 
détend  jusqu’au  petit  Atias,  qui  s’élève  brusquement  à une  hau- 
teur de  i,4oo  mètres  au-dessus  d’elle,  et  de  1,600  mètres  au- 
dessus  du  niveau  de  la  mer.  Toute  la  portion  du  petit  Atlas,  vi- 
sitée par  M.  Rozet,  est  formée  par  des  calcaires  et  des  marnes 
schisteuses  passant  au  phyHade,  dont  il  regarde  l’ensemble  comme 
identique  avec  notre  lias  d’Europe. 

Les  fossiles  qu’il  cite  sont  : une  ammonite  , quelques  bélem- 
nites , des  posidonies,  des  peignes  et  des  fragmens  d’huîtres.  Au 
sud  du  col  Doténio,  les  marnes  schisteuses  renferment  des  filons 
de  cuivre  carbonaté  assez  lâches  pour  qu’on  puisse  les  exploiter 
avec  avantage.  La  gangue  du  minerai  est  de  la  baryte  sulfatée 
laminaire. 

Toutes  les  couches  du  lias  inclinent  vers  le  sud  , sous  un  angle 
qui  augmente  à mesure  qu’on  s’approche  des  crêtes.  De  l’autre 
coté  du  petit  Allas , le  terrain  tertiaire  firme  une  masse  de  col- 
lines qui  paraît  s’étendre  jusqu’à  la  chaîne  qui  horde  le  désert. 
Dans  les  collines , les  couches  plongent  au  nord  en  sens  contraire 
de  celles  du  lias,  contre  lesquelles  elles  viennent  même  buter  quel- 
quefois. 


564  SÉANCE  DÜ  2 AVRIL  1 832. 

Sans  la  falaise  du  cap  Matifou,  on  voit  des  porphyres  trachy- 
tiques  qui  se  sont  fait  jour  au  milieu  des  couches  tertiaires  en  les 
brisant  et  les  rejetant  vers  le  nord-est. 

Enfin,  sur  tout  le  littoral  d’Alger,  il  existe  des  agglomérats  de 
coquilles  passées  à l’état  spathique , qui  sont  identiques  avec  celles 
qui  vivent  encore  actuellement  dans  la  mer. 

Des  faits  exposés  dans  son  Mémoire,  l’auteur  tire  les  conclu- 
sions suivantes  : 

i°  Il  existe  une  grande  similitude  entre  les  phénomènes  géo- 
gnostiques  sur  les  deux  rives  opposées  de  la  Méditerranée. 

2°  Le  terrain  tertiaire  subatlantique  se  retrouvant  avec  tous 
ses  caractères  sur  une  grande  partie  de  la  surface  de  l’Europe , en 
Asie,  etc.  , doit  être  pris  pour  type  de  l’époque  tertiaire;  et  les 
bassins  de  Paris,  de  Londres,  de  Bordeaux,  etc.,  ne  peuvent  plus 
être  considérés  que  comme  des  cas  particuliers. 

3°  D’après  le  mode  de  formation  du  terrain  tertiaire  par  bas- 
sins, et  sur  les  rivages  des  mers,  son  grand  développement  au 
nord  et  au  sud  du  petit  Atlas  , et  les  renseignemens  qui  lui  ont 
été  donnés  par  M.  René  Caiilié,  M.  Pu>zet  annonce  que  c’est  ce  ter- 
rain qui  constitue  le  soi  du  désert  de  Sahara  , et  que  les  calcaires 
et  les  grès  se  trouvent  là , en  couches  horizontales  , recouverts 
par  des  sables  qui  ne  sont  autre  chose  que  ceux  que  l’on  rencontre 
fréquemment  à la  partie  supérieure  du  terrain  subatlantique.  A 
cause  de  la  marne  argileuse  qui  doit  exister  au-dessous  des  grès  , 
il  pense  qu’on  pourrait  établir  des  puits  forés  dans  le  désert. 

4°  La  discordance  de  stratification  entre  le  lias  et  le  terrain  ter- 
tiaire démontre  que  la  chaîne  du  petit  Atlas  a été  soulevée  avant 
le  dépôt  de  ce  dernier.  C’est  à l’irruption  des  porphyres  trachv- 
tiques  au  milieu  des  couches  de  cette  époque  qu’on  peut  attribuer 
leur  redressement. 

5°  Enfin  , la  composition  des  dépôts  diluviens  des  environs 
d’Alger  et  de  la  plaine  de  la  Mitidja  confirme  la  théorie  de  la  for- 
mation de  ces  dépôts,  exposée  par  l’auteur  dans  le  premier  cahier 
du  Journal  de  géologie. 


Séance  du  2 avril  1832. 

M.  Brongniart  occupe  le  fauteuil. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 
On  lit  l’extrait  suivant  d’une  lettre  écrite  de  Narbonne  le 
2 5 mars  par  M.  Tournai  : 


SÉANCE  DU  3 avril  i85a.  565 

« Plus  que  jamais  j’ai  l’intimefoonviction  que  la  clef  des  terrains 
tertiaires  se  trouve  dans  nos  environs  ; les  phénomènes  y sont 
d’une  simplicité  extrême.  Toutes  les  nouvelles  observations  qui 
nous  arrivent  nous  confirment  plus  que  jamais  dans  cette  idée , 
qu’il  n’existe  tout  autour  de  la  Méditerranée  qu’une  seule  for- 
mation marine,  caractérisée  par  les  marnes  bleues,  et  dont  le 
prétendu  calcaire  moellon  n’est  qu’une  dépendance.  (Notez 
bien  que  le  calcaire  moellon  est  le  seul  qui  serve  de  pierre  de 
taille  ; nulle  part  on  ne  l’emploie  comme  moellon  ; les  ouvriers 
ne  connaissent  pas  ce  nom.) 

» Cette  formation  , composée  de  marnes  bleues,  de  calcaire  et 
de  sable , forme  toujours  la  base  des  terrains  tertiaires , et  n’offre 
jamais  de  mélange  de  fossiles  ou  de  sédimens  marins  et  lacustres; 
elle  est  recouverte  accidentellement  par  des  dépôts  lacustres  et 
par  un  terrain  mixte , offrant  beaucoup  d’analogie  avec  les  roches 
du  bassin  delà  Seine  : c’est  ce  dernier  terrain  (mixte)  qui  repose 
quelquefois  sur  des  sédimens  lacustres.  La  grande  formation  ma- 
rine ne  se  trouve  jamais  dans  cette  position  , mais  forme  toujours 
la  base  des  terrains  tertiaires. 

Les  terrains  tertiaires  du  midi  sont  évidemment  contemporains 
de  ceux  du  nord  de  la  France  : les  mêmes  débris  de  mammifères 
terrestres  se  rencontrent  dans  les  deux  bassins;  et  quant  à la 
différence  que  l’on  remarque  dans  le  catalogue  des  coquilles,  il 
est  bien  évident  qu’elle  dépend  de  l’influence  climatérique  , qui, 
pendant  la  période  tertiaire,  devait  déjà  être  bien  marquée. 

» Je  viens  d’adresser  à la  Société  géologique  une  belle  suite 
d’échantillons  de  nos  terrains  tertiaires , et  un  tableau  représen- 
tant les  dépôts  comparés  de  Paris , Pézénas  et  Narbonne. 

» Sous  peu  j’adresserai  également  une  collection  d’ossemens 
fossiles  de  Bize,  et  les  roches  du  terrain  àlignites  de  la  vallée  de  la 
Cesse.  Ce  terrain  est  bien  évidemment  contemporain  des  sédimens 
qui  ont  comblé  le  vaste  bassin  de  la  Garonne,  et  que  M.  Boubée 
appelle,  je  ne  sais  trop  pourquoi , post-diluvium  toulousain.  Ce 
* prétendu  post- diluvium  toulousain  est  bien  tertiaire,  et  même 
contemporain  de  tous  les  terrains  tertiaires  imaginables.  Les 
mammifères  que  l’on  rencontre  à Paris , Pézenas  et  Montpellier, 
se  rencontrent  également  dans  le  prétendu  post-diluvium  : je 
nTen  suis  assuré,  il  y a peu  de  temps,  à Toulouse.  » 

Les  dépôts  fluvialiles  et  lacustres  qui  ont  comblé  le  vaste  bassin 
de  Toulouse,  et  qui,  vers  Bordeaux,  sont  recouverts  par  des 
bancs  très  puissans  de  calcaire  d’eau  douce,  se  continuent  sans  in- 

Soc.  géol.  Toiuc  II.  *4 


566  SÉANCE  Dtr  * AVRIL  1 83*. 

terruption  jusqu’à  Carcassonne  et  même  jusqu’à  Capendu  et 
Moux.  Les  Pierres  de  Ramouse  appartiennent  à cette  formations 

M.  Boubée  proteste  contre  l’assertion  de  M.  Tournai, 
qu’il  considère  comme  gratuite  ou  comme  basée  sur  un  exa- 
men de  fossiles  qui  ont  dû  l’induire  en  erreur,  ces  fossiles 
ayant  été  recueillis  sans  distinction,  par  un  botaniste,  dans 
le  terrain  de  transport  qui  recouvre  le  bassin  de  Toulouse, 
dans  le  terrain  même  du  bassin , et  enfin  dans  le  terrain  ter- 
tiaire qui  lui  sert  de  limites. 

M.  Boubée  représente  sur  le  tableau  les  circonstances  qui 
distinguent  le  postdiluvium  toulousain  du  terrain  qui  l’en- 
vironne. Ce  n’est  pas  seulement  le  calcaire  d’eau  douce  qui 
manque  dans  le  bassin  de  Toulouse /comme  s’il  avait  été  ba- 
layé ou  enlevé  de  la  surface;  mais  c’est  aussi  la  série  des  ro- 
ches qui  sont  au-dessous , qui  est  toute  différente  dans  les 
deux  terrains,  et  il  suffit  d’être  sur  certains  points  de  limites 
pour  en  être  frappé.  Un  fait  bien  notoire  proclame  d’ailleurs, 
selon  M.  Boubée,  en  faveur  de  cette  assertion  : tout  le  pays 
occupé  par  le  postdiluvium  toulousain  est  complètement 
privé  de  pierre  à plâtre  , de  pierre  à chaux  et  de  pierre  à 
bâtir,*  toutes  les  villes  et  les  villages  y sont  construits  en 
briques.  Aussitôt,  au  contraire,  que  l’on  atteint  les  limites 
du  bassin  de  Toulouse , et  que  l’on  arrive  au  terrain  tertiaire 
qui  l’environne  de  toutes  parts,  les  habitations  ont  un  tout 
autre  aspect;  elles  sont  toutes  en  pierre  de  taille;  le  plâtre 
et  la  chaux  se  retrouvent  partout,  et  sont  même  employés 
avec  profusion. 

Le  président  communique  et  soumet  à la  Société  les  déci- 
sions prises  par  le  conseil  dans  sa  séance  du  26  mars  i83a. 

Elles  sont , après  discussion  , ainsi  adoptées  ou  modi- 
fiées : 

i°  Pielativernent  à la  publication  des  mémoires  : 

« Les  mémoires  de  la  Société  seront  publiés  format  in-8°  avec 
un  atlas  oblong. 

Le  volume  se  composera  de  32  à 35  feuilles  (5i2  à 56o  pages) 
çt  l’atlas  de  20  à 25  planches. 

» Chaque  volume  sera  publié  en  deux  parties. 


SEANCE  MJ  2 AVRIL  l852.  S67 

t Le  prix  de  vente  au  public  est  de  18  francs  pour  chaque 
Volume  avec  l’atlas. 

Ce  prix  est  fixé  à G fr.  pour  tous  les  membres  de  la  Société. 

» Comme  le  prescrit  l’art.  7,  ch.  VI , du  règlement  constitutif 
de  la  Société,  chaque  mémoire  pourra  être  vendu  séparément; 
le  prix  en  sera  déterminé,  en  raison  du  nombre  de  feuilles  d’im- 
pression et  de  planches  dont  chaque  mémoire  se  composera , 
dans  la  proportion  de  moitié  en  sus  du  prix  de  vente  au  public 
du  volume  complet  et  de  l’atlas. 

Ce  prix  sera  réduit  de  i5  p.  100  pour  les  membres  de  la  Société. 

» La  maison  Levrauît , libraire,  à Paris,  rue  de  la  Harpe, 
n°  81  , et  à Strasbourg,  rue  des  Juifs , n°  33  , a été,  après  con- 
currence , chargée  de  la  publication  des  mémoires  de  la  Société. 

» 2°  Aux  deux  membres  déjà  nommés  de  la  commission  pour 
l’impression  des  mémoires  seront  adjoints  MM.  Deshayes  et 
Walferdin. 

» 3°  Les  membres  de  la  Société  seront  prévenus  que  l’impres- 
sion du  premier  volume  sera  commencée  prochainement , et  que 
les  mémoires  devront  être  adressés  à la  Société  avant  le  i5  mai. 

» Après  que  les  mémoires  auront  été  lus  à la  Société,  le  conseil 
les  examinera,  et  décidera  sur  leur  admission. 

» Cette  décision  sera  prise  aux  deux  tiers  des  voix  des  membres 
présens , et  toujours  à bulletin  secret. 

» Conformément  au  règlement  , les  mémoires  des  personnes 
étrangères  à la  Société  seront  examinés  par  une  commission 
nommée  ad  hoc  pour  chaque  mémoire. 

» 4°  Le  conseil  adopte  la  proposition  faite  par  M.  Voltz,  que, 
lors  des  courses  d’été , la  Société  invite  à prendre  part  à ses  tra- 
vaux les  personnes  étrangères  à la  Société  que  ces  travaux  peuvent 
intéresser,  et  les  amateurs  de  sciences  naturelles  en  général. 

» 5°  M.  Walferdin  communique,  au  nom  de  la  commission 
d’impression  , un  traité  pour  l’impression  du  Bulletin  de  la  So- 
ciété, adopté  , après  concurrence  entre  les  imprimeurs  de  Paris, 
qui  ont  le  plus  contribué  à abaisser  le  prix  de  vente  des  livres 
en  simplifiant  les  procédés  du  tirage. 

lia  été  adjugé  à M.  Laclievardicre,  rue  du  Colombier,  n°  3o, 
à Paris,  à des  prix  inférieurs , non  seulement  aux  prix  ordinaires 
du  commerce , mais  encore  à ceux  de  l’imprimerie  royale. 

» D’après  ce  traité  , le  prix  de  chaque  feuille  d’impression  sur 
papier  collé , livrée  de  5 1 5 à 5*20  exemplaires  au  lieu  de  5oo, 
revient,  en  caractère  philosophie 4^  f*  9$  c. 


568  séance  du  a avril  i85a. 

» En  caractère  petit-romain  (0,  à 4^  ^7 

» Il  a été  stipulé  que  chaque  membre  de  la  Société  aurait  le 
droit  de  faire  imprimer  pour  son  compte  des  livres  ou  brochures 
aux  mêmes  prix  (2). 

Le  secrétaire  annonce  avoir  reçu  des  nouvelles  de  M.  G.  Pré- 
vost, de  Palerme,  à la  date  du  19  mars.  M.  Prévost  venait 
de  parcourir  l’intérieur  de  la  Sicile  dans  tous  les  sens,  ét 
était  revenu  à Palerme  en  côtoyant  la  côte  occidentale.  Il 
annonce  qu’un  officier  du  brick  la  Flèche  a vérifié  que  le 
point  ou  était  apparue  la  nouvelle  île  volcanique  était  cou- 
vert de  près  de  1 00  pieds  d’eau. 

— M.  de  Rosthorn,  de  W olfsberg  en  Carinthie, propose  d’en- 
voyer différentes  roches  et  des  fossiles  du  pays  qu’il  habite,  en 
particulier  des  schistes  à impressions  de  fougères  du  mont 
Stangalp  et  de  Frauennok,  des  pétrifications  du  schiste  rouge 
sous  1^  calcaire  alpin  jurassique  des  environs  de  Léopold- 
Steinerssee  , près  d’Eisenerz  enStyrie,  etc. 

Il  annonce  qu’il  y a des  impressions  de  poissons  et  de 


(j)  La  feuille  ainsi  composée  contient  une.  fois  plus  de  matière  que  la  compo- 
sition en  caractère  ordinaire  ( cicéro ). 

(2)  En  voici  le  détail  : 

» Composition  d’une  feuille  en  philosophie  , contenant  49  n à la  ligne  et  38 

lignes  à la  page  ; à 1 fr.  o5  c.  la  page 16  fr.  35  c. 

Composition  d’une  feuille  en  petit-romain  : Si  n à la  ligne,  42  lignes  à la 


page:  à i fr.  18  c.  la  page  »... 18  fr.  85  c. 

Mise  en  page fr.  7 5 c. 

Tirage  de  5s5  , soit  5oo  exemplaires,  des  deux  côtés 5 fr.  3o  c. 

Celui  de  io5o,  soit  xooo  exemplaires , idem 7 fr.  » 


Etoffes  sur  les  frais  de  composition  , de  mise  en  page  et  de  tirage.  37  p.  °f  0. 

Papier  collé  , semblable  à celui  du  Bulletin , la  rame  de  5oo  feuilles  à 10  fr. 
a5  c.  la  rame,  plus  25  feuilles  pour  les  passes 10  fr.  76  c. 

Les  feuilles  dites  de  passe  sont  restituées  par  l’imprimeur;  ainsi  il  doit  être  livré 
à l’auteur  de  5 15  à 520  feuilles  imprimées  au  lieu  de  5oo , ou  io3oà  io4oau  lieu 
de  1000.  1 

Le  prix  du  pliage  est  fixé  , par  rame , à 1 fr.  10  c. 

Celui  de  la  pirjûre  pour  deux  feuilles,  par  cent  exemplaires,  à . » 5oç. 

pour  quatre  feuilles , idem  , à . » 7 5 c. 

Dans  ces  prix  ne  sont  pas  compris  les  frais  de  corrections  et  cbangemens  d’au- 
teur , qui  seront  payés  à raison  de  70  c.  par  heure , y compris  les  étoffes  ; ainsi 
que  les  frais  qu’occasionent  les  tableaux,  dont  la  valeur  ne  peut  être  estimée  que 
de  gré  à gré.  Enfin  les  prix  fixés  pour  la  composition  en  philosophie  ou  en  petit- 
romain  seront  réduits  ou  augmentés  suivant  qu’on  emploiera  des  caractères  plus 
gros  ou  plus  petits. 


SÉANCE  DU  2 AVRIL  i85a.  369 

tiges  de  plantes  dans  le  calcaire  feuilleté  fétide  et  noir  qui 
repose  sur  le  calcaire  dolomitique  et  plumbifère  de  Raibel. 

O11  a trouvé  deux  échantillons  d’une  impression  de  feuille 
de  palmier  dans  la  grauwacke  schisteuse  de  Bleiberg;  un  de 
ces  morceaux  est  dans  sa  collection. 

L’été  passé,  M.  de  Rosthorn  a visité  la  chaîne  calcaire  des 
Alpes  méridionales  de  l’Illyrie. 

Les  observations  les  plus  importantes  qu’il  ait  faites  con- 
cernent les  granités  et  les  siénites  d’ Appel , la  mollasse  de 
Saguria  en  Garniole , les  grès  tertiaires  à points  verts  alter- 
nant avec  des  marnes  et  des  roches  trachitiques  à Letusch  et 
Presberg  en  Styrie.  Près  de  Saguria  en  Garniole , il  y a un 
gisement  de  poissons  qu’il  compte  revoir  cette  année. 

M.  Anker  a écrit  à M.  de  Léonhard  (. Zeilschr . i83o, 
cah.  ...)  qu’il  y avait  des  silex  dans  une  argile  tertiaire  à 
Weiskirchen  en  Styrie.  M.  de  Rosthorn  ajoute  que  ce  silex 
corné  est  d’eau  douce,  et  renferme  des  coquilles  calcinées 
des  genres  Hélix  et  Planorba. 

Enfin,  il  va  achever  sa  carte  des  provinces  illyriennes  , 
entre  la  Drave  et  la  Save,  depuis  la  route  du  Loibl  à la  chaus- 
sée qui  va  de  Vienne  à Trieste.  Get  ouvrage,  qui  sera  soumis 
à la  réunion  des  naturalistes  d’Allemagne , cette  année  , à 
Vienne,  sera  accompagné  de  plusieurs  coupes,  dont  deux 
sont  terminées. 

—La  société  polymathique  du  Morbihan,  résidant  à Vannes, 
propose,  par  l’intermédiaire  de  M.  Roué,  d’entrer  en  rela- 
tions avec  la  Société  géologique.  Gette  proposition  est  ren- 
voyée au  conseil. 

La  Société  reçoit  les  ouvrages  suivans  : 

1°  De  la  part  de  M.  de  la  Bêche , la  seconde  édition  de  son 
Manuel  de  géologie  (Manual  geological,  etc.).  Lond.,  1802, 
in-8*  de  564  pages,  avec  nombreuses  vignettes. 

2°  De  la  part  dcM.  Rozet,les  deux  mémoires  suivans , dont 
il  est  Fauteur  : 

A.  Notice  géognostique  sur  quelques  parties  du  départe- 
ment des  Ardennes  et  de  la  Belgique . Paris  , 1819  , in-8°  de 
4i  pages,  avec  une  coupe. 


$7°  SÉANCE  DU  a AVRIL  1 83 8. 

B.  Description  gèognostique  du  bassin  du  Bas-Boulo« 
nais.  Paris,  1829  , in-8°  de  126  pages,  avec  une  carte. 

3°  Les  N°*  17  et  18  de  X Européen. 

4°  De  la  part  de  M.  Passy,  le  prospectus  de  sa  Descrip- 
tion géologique  du  déparlement  de  la  Seine-Inférieure , ou- 
vrage couronné  en  1829  par  C Académie  des  sciences , belles - 
lettres  et  arts  de  Bouen.  1 vol.  in-4°,  accompagne  d’un  atlas 
et  d’une  carte  géologique. 

M.  Bénard  fait  hommage  de  4 échantillons  de  fragmens 
de  roches  ayant  l’apparence  de  bois  silicifiés  recueillis  dans 
une  grotte  où  la  mer  communique , sur  le  côté  nord  de  Mer- 
seksibir,  baie  d’Oran. 

M.  Deshayes  offre  aussi  àTa  Société  une  suite  de  roches 
et  de  fossiles  de  la  Belgique,*  elle  se  compose  de  roches  du 
terrain  de  transition,  avec  quelques  uns  des  fossiles  caracté- 
ristiques et  des  échantillons  des  différentes  craies  qui  Repo- 
sent sur  ces  terrains;  M.  Deshayes  développe  les  circon- 
stances du  contact  des  sédimens  secondaires  sur  le  calcaire 
de  transition,  percé  par  des  coquilles  lithophages  de  l’âge  de 
la  craie  inférieure. 

M.  Desnoyers  indique  plusieurs  autres  contacts  de  ter- 
rains secondaires  ou  tertiaires  sur  des  roches  plus  anciennes 
qui  portent  tous  les  caractères  d’anciens  rivages.  Ces  roches 
de  fonds  ou  de  bords  sont  dures,  cariées,  polies,  couvertes 
de  flustres,  de  serpules,  et  si  elles  sont  calcaires,  percées 
par  des  coquilles  lithophages.  Aux  environs  de  Yalognes,  les 
faluns  reposent  de  cette  façon  sur  la  craie  compacte , et  celle- 
ci  sur  les  terrains  plus  anciens.  Les  faluns  de  Touraine  rem  - 
plissent de  même  sur  quelques  points  les  anfractuosités  d’un 
calcaire  lacustre  percé  de  pholades.Aux  environs  de  Falaise  , 
le  calcaire  ooîithique  moyen  se  présente  de  même  en  dépôt 
littoral  sur  le  grès  pourpré  de  transition  à surfaces  corro- 
dées et  ondulées. 

M.  Boué  présente  les  ouvrages  suivans  : 

%*  Une  introduction  à la  théorie  atomique,  comprenant 
une  esquisse  des  opinions  des  physiciens  les  plus  distingués 
anciens  et  modernes  sur  la  composition  de  la  matière  ( An 


SÉANCE  DU  2 AVRIL  l852.  §7 1 

introduction  to  the  atomic  iheory , etc.) , par  Ch.  Daubeny. 
In-8°  de  147  pages.  Oxford  , 1 85 1 . 

2°  Des  recherches  géognostiques  sur  la  détermination  de 
lage  des  filons  et  sur  le  mode  de  formation  des  filons  ar- 
gentifères et  cobaltifères  de  Joacheinsthal  dans  l’Erzgebirge 
Geognost.  Untersuchung  zur  Bestim  Mung  des  Alters , etc.), 
par  A.-F.  Maier.  In-8°  de  28  pages,  avec  une  carte.  Prague, 
i83o. 

L’auteur  lie  le  remplissage  des  filons  au  voisinage  des 
masses  porphyriques  et  granitiques. 

3°  Les  Dendrolithes  par  rapport  à leur  structure  inté- 
rieure [Die  Dendrolithen  , etc.) , par  C.  Bernard  Cotta.  In  4* 
de  88  pages,  avec  20  planches.  Dresde,  i83a. 

Cet  ouvrage  est  le  premier  fruit  du  cours  de  paléontho- 
logie  récemment  ouvert  par  M.  Beich.  Il  remplit  une  lacune 
dans  la  science  , et  complète  en  particulier  ce  que  Sehip- 
pan,  Sprengel , Witham , etc.,  nous  avaient  appris  sur  lés 
bois  de  palmiers  et  de  dicotylédons  dans  le  grès  rouge  se- 
condaire, y compris  ses  agglomérats  porphyriques  et  le  ter- 
rain houiller. 

4° Le  premier  rapport  des  séances,  des  avis  et  des  transac- 
tions de  l'association  britannique  pour  l’avancement  de  la 
science  ( Fins  report  of  the  proceedings , recommendations , 
transactions , etc.).  in-8°  de  112  pages.  York  , i832. 

Parmi  les  excellentes  résolutions  prises  par  cette  première 
assemblée  des  physiciens  et  naturalistes  des  îles  britanni- 
ques, on  doit  remarquer  la  formation  de  comités  chargés  de 
l’examen  de  questions  particulières  , dont  ils  auront  à rendre 
compte  à la  session  prochaine  (Oxford). 

Le  comité  de  minéralogie  a pricM.  le  professeur  Wliewell 
de  préparer  un  rapport  sur  l’état  actuel  et  les  progrès  de  la 
minéralogie. 

Le  comité  de  géologie  a chargé  MM.  Murchison  et  Sedg- 
wick  d’examiner  si  la  partie  de  la  théorie  de  M.  de  Beaumont 
consistant  à déterminer  lage  des  lignes  de  perturbation  par 
leur  parallélisme  de  direction,  est  applicable  au  royaume 
uni  de  la  Grande-Bretagne. 


s7*  SÉANCE  Dü  8 AVRIL  l85l. 

M.  Philipps  est  chargé  de  dresser  un  catalogue  systéma- 
tique des  fossiles  des  îles  britanniques  ; on  désire  qu’il  soit 
aussi  complet  que  possible  , et  qu’il  y indique  le  gisement , 
les  localités  et  les  espèces  non  décrites. 

M.  Robert  Stevenson  est  chargé  de  faire  un  rapport  sur 
les  destructions  et  l’extension  de  la  côte  orientale  de  l’An- 
gleterre, et  de  s’occuper  de  la  question  de  la  permanence  du 
niveau  relatif  de  la  mer  et  de  la  terre-ferme. 


M.  Clément  Mullet  présente  une  tête  humaine  fort  an- 
cienne trouvée  dans  un  caveau  funéraire  à JNogent-les-Vier- 
ges,  près  Creil,  département  de  l’Oise.  Il  donne  à ce  sujet 
les  explications  suivantes  : 

« Cette  tête  paraît  présenter  beaucoup  d’analogie  avec  celles 
dont  M.  Tessier  a déjà  entretenu  la  Société  de  géologie.  Le  caveau 
sépulcral  où  cette  tête  fut  rencontrée  a déjà  fixé  l’attention  des 
savansq  il  existe  un  mémoire  de  M.  Barbier  du  Bocage  sur  ce 
sujet , inséré  dans  les  Mémoires  delà  Société  des  antiquaires  de 
France,  tom.II,  1821,  page  298.  Mais  l’auteur  n’a  considéré  cette 
découverte  que-sous  le  rapport  historique;  il  a laissé  de  côté  toutes 
les  considérations  physiologiques.  Cette  tête  appartenait  à un 
squelette  qui  fut  trouvé , avec  deux  cents  autres  environ  , à 
Nogent-les-Vierges , dans  une  cavité  alors  remplie  d’une  terre 
argileuse  assez  compacte.  Tout  porte  à croire  que  ce  fut  un  caveau 
sépulcral  où  furent  déposés  les  cadavres  de  guerriers  tués  dans 
un  combat.  Ce  qui  conduit  à cette  opinion , c’est  d’abord  parce 
qu’on  a trouvé  des  armes  en  silex , dont  la  figure  accompagne  le 
mémoire  cité  ; ensuite , parce  qu’une  tête  porte  une  ouverture 
faite  par  un  instrument  tranchant.  Cet  individu , est-il  dit  dans  le 
mémoire , n’est  pas  mort  sur  le  coup , car  des  lames  osseuses 
formées  sur  les  bords  de  la  plaie  témoignent  qu’il  a dû  vivre  en- 
core plusieurs  années.  Telle  fut  l’opinion  de  M.  Cuvier. 

» On  n’a  pu  reconnaître  de  quel  côté  la  tête  du  cadavre  fut 
tournée,  observation  importante  à faire  dans  l’examen  des  sépul- 
tures antiques.  Ces  têtes  étaient  bien  conservées,  comme  le  fait 
voir  l’échantillon.  Quelques  personnes  qui  ont  visité  le  caveau  de 
Nogent-les-Vierges  ont  parlé  d’une  tête  d’une  dimension  plus 
grande  que  toutes  les  autres , et  surtout  remarquable  par  sa  blan- 
cheur. Le  mémoire  de  la  Société  des  antiquaires  n’en  dit  rien. 


SÉANCE  DU  2 AVRIL  l832.  3^5 

» La  tête  de  Nogent-les-Vicrges  ne  paraît  avoir  d’analogie 
qu’avec  celles  trouvées  dans  la  caverne  de  Miallet  près  d’Anduze, 
et  dont  M.  Tessier,  docteur  en  médecine  à Anduze , a donné  la 
description  et  un  dessin.  L’examen  fait  par  M.  Clément-Mullet  des 
crânes  conservés  dans  les  galeries  d’anatomie  du  muséum  d'his- 
toire naturelle,  ceux  qu’il  a étudiés  dans  la  collection  de  l’Acadé- 
mie des  Beaux-Arts,  ne  lui  ont  rien  offert  qui  pût  y être  rapporté. 
Cette  analogie  sera  mieux  sentie  par  l’examen  des  mesures  et  leur 
rapprochement  de  celles  données  par  M.  Tessier.  M.  Clément,  qui 
n’a  pas  voulu  entrer  dans  des  recherches  aussi  détaillées  que  notre 
collègue  d’Anduze,  s’est  contenté  des  points  principaux. 

» Hauteur  de  la  tête  au-dessus  d’un  plan  horizontal,  et 
placée  dans  les  mêmes  conditions  que  celles  indiquées 

par  M.  Tessier o,i54 

» Plus  grand  diamètre  antéro-postérieur  de  la  tête,  des 

bosses  frontales  à la  protubérance  occipitale 0,176 

» Diamètre  du  crâne  de  droite  à gauche , d’une  bosse 
pariétale  à l’autre;  c’est,  comme  à Miallet,  la  partie  la 

plus  large 0,129 

» Largeur  du  frontal  au-dessus  des  orbites.  . . . 0,090 

» Distance  du  sommet  d’une  apophyse  mastoïde  à 

l’autre.  . 0,095 

» Plus  grand  diamètre  antéro-postérieur  du  trou  occi- 
pital  o,o34 

» Plus  grande  largeur  de  la  face  externe , d’une  arcade 

zygomatique  à l’autre 0,122 

» Plus  grande  hauteur  du  trou  orbitaire 0,028 

» Plus  grande  largeur o,o32 

» Distance  de  l’extrémité  de  la  mâchoire  supérieure 
à la  réunion  sincipitalc  du  frontal  et  des  occipitaux.  . . 0,174 

Si  nous  mettons  ces  chiffres  à côté  de  ceux  donnés  par  M.  Tes- 
sier (voyez  plus  haut,  page  120),  nous  11e  voyons  de  différence 
que  pour  la  largeur  d’une  bosse  pariétale  à l’autre , c’est-à-dire 
0,016  de  plus  dans  la  tête  du  squelette  de  M.  Tessier,  et  0,021 
de  plus  dans  le  squelette  de  Miallet.  Peut-être  cette  différence 
vient-elle  de  la  manière  de  faire  les  observations.  Le  dessin  et  les 
autres  chiffres  font  reconnaître  l’exactitude  dans  les  rapports  ÿ 
quelques  nombres  même  sont  égaux. 

» Dans  l’un  comme  dans  l’autre  cas  , nous  retrouvons  les  carac- 
tères de  la  race  caucasiquc,  rameau  celtique,  de  la  division  pro- 
posée par  M.  Bory  Saint-Vincent  : le  crâne  alongé,  le  front  un  peu 
déprimé  vers  les  tempes,  le  nez  distingué  du  front  par  une  dépres- 


574  SÉANCE  DU  * AVRIL  l85*. 

sion , les  arcades  sourcilières  assez  prononcées.  Ces  conjectures  sur 
l'origine  de  la  tête  de  Nogeut-îes- Vierges  sont  devenues  une  cer- 
titude  par  l’examen  qu’en  ont  fait  le  docteur  Spurzheim  et  le 
docteur  Edwards,  auteur  d’un  ouvrage  sur  l’espèce  humaine 
considérée  dans  ses  rapports  avec  l’histoire. 

»Un  point  de  conformité  entre  les  squelettes  du  midi  de  la 
France  et  ceux  du  département  de  l’Oise , et  qui  mérite  d’être 
cité,  c’est  que,  chez  les  uns  et  chez  les  autres,  les  dents  étaient 
usées  par  le  frottement  : d’où  il  résulte  identité  dans  les  habitudes, 
identité  dans  l’origine,  comme  nous  trouvons  identité  dans  l’es- 
pèce. 

» Sur  d’autres  points  du  sol  français , des  sépultures  antiques 
ont  aussi  été  découvertes  : les  restes  humains  qu’elles  contenaient 
étaient  quelquefois  accompagnés  d’armes  en  silex  , mais  on  n’a  à 
cet  égard  que  de  simples  indications.  La  seule  découverte  de  ce 
genre  qui  puisse  être  citée  avec  fruit,  est  celle  faite  dans  le  dé- 
partement des  Ardennes,  à Cous-la-Grand’-Ville  , le  1 6 novem- 
bre 1829.  Elle  fait  le  sujet  d’un  rapport  consigné  dans  les  Mé- 
moires de  la  Société  des  antiquaires  de  France  (i83o).  La  tête  du 
squelette  était  oblongue  et  aplatie , la  direction  des  orbites  était 
telle  qu’on  la  remarque  chez  les  individus  de  la  race  caucasique. 
Il  est  à regretter  qu’on  n’ait  pas  donné  des  renseignemens  physio- 
logiques plus  détaillés  ’ mais , tels  qu’ils  sont , ils  constatent  l’iden- 
tité d’espèce  avec  les  têtes  humaines  qui  nous  ont  occupé  plus 
haut  : et  nous  arrivons  à cette  conclusion  , que  des  restes  d’êtres 
humains,  quoique  trouvés  à de  très  grandes  distances,  apparte- 
naient à la  même  race,  et  que  cette  race  habitait  le  sol  où  se  ren- 
contrent ses  débris. 

M.  de  Beaumont  communique  à la  société  une  lettre  de 
M.  de  la  Bêche;  celui-ci  annonce  que  M.  Murchison  a lu 
à la  société  géologique  de  Londres  un  Mémoire  sur  des  tiges 
déposées  verticalement  et  perpendiculairement  aux  strates 
dans  les  couches  carbonifères  de  la  série  oolithique  de 
l’Yorkshire.  Il  les  considère  comme  une  sorte  de  forêt  d’2£- 
quisetum  submergés. 

M.  Brongniart  voit  dans  ce  fait  une  confirmation  de  celui 
qu’il  a constaté,  il  y a plusieurs  années,  relativement  aux 
tiges  du  terrain  houiller  de  Saint-Étienne. 

M.  Underwood  rappelle  que  les  cycadées  découvertes  en 

grand  nombre  dans  l’île  de  Portland  reposent  aussi  vertica- 


SÉANCE  DU  l6  AVRIL  l83*.  5?5 

lement  à la  surface  du  Portlandstone , dans  une  sorte  de 
limon  noir  assez  semblable  à de  la  terre  végétale.  Ce  gise- 
ment a été  décrit  par  M.  Webster  et  par  M.  Buckland.  M.  C. 
Prévost  fit  l’an,  dernier,  quelques  objections  sur  l’existence 
de  ces  végétaux  à la  place  où  ils  sont  enfouis. 


Séance  du  16  avril  1832. 

M.  Michelin,  trésorier,  occupe  le  fauteuil. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

M.  Tournai  adresse  à la  Société  une  série  d échantillons 
de  roches  et  de  corps  organisés  des  terrains  tertiaires  des 
environs  de  Narbonne,  savoir  : 62  échantillons  de  roches, 
2 morceaux  d’ossemens  , 4 échantillons  d’impressions  végé- 
tales, et  une  vingtaine  de  fossiles. 

M.  Hœninghaus  fait  aussi  hommage  à la  Société,  par  l’en- 
tremise de  M.  Brongniart,  de  22  échantillons  de  corps  or- 
ganisés , savoir  : 

1.  Ca lamopora  avec  des  Cyrloccr alites  et  une  Dclthyris  ; 
2.  Cyrtocer  alites  costatus  (Goldfuss);  3.  Orthocera  inflata(G.), 
partie  inférieure  et  supérieure;  4*  Orthocera  nodosa  (Schlo- 
theim)  5.  Orthocera  Breynii  (Sowerby)  ; 6.  Orthocera  Stein- 

haueri  (?)  ( Sowerby);  7.  Orthocera ; 

8 Evomphalus  radiatus  (Goldfuss);  9.  Turilella  elongata  ; 
10.  Pecten  priscus  (Goldfuss);  11.  Sanguinolaria  concen- 
triez (G.)  ; 12.  Calceola  sandalina,  avec  opercule;  10.  Idem 
sans  opercule;  i4-  Productus  elegans  (Goldfuss);  1 5.  Lep - 
teena  rugosa  (Dalman);  16.  Dclthyris  crispa  (0.);  17.  Tcre - 
bratula  affinis  (Schlotheim)  ; 18.  Terebralula  intermedia 
(ScliL);  19.  Calymena  macrophtalnia  ; 20.  bouclier  et  yeux 
d’une  grande  Calymène. 

Plus,  un  polypier  et  un  morceau  de  roche  de  transition. 

On  reçoit  de  M.  Boué  une  lettre  écrite  de  Bordeaux,  le 
1 5 avril  1 852  ; en  voici  l’extrait  : 

« Depuis  que  je  suis  arrivé  à Bordeaux  , je  n’ai  eu  d’autre  but 
géologique  que  de  rechercher  si  le  calcaire  marin  parisien  existait 


376  SÉANCE  DU  l6  AVRIL  l83a. 

réellement  dans  les  environs  de  la  ville  , et  sur  les  rives  de  la 
Garonne  ou  de  la  Gironde. 

» Je  ne  vois  pas  les  raisons  de  séparer  en  deux  dépôts  les 
calcaires  coquilliers  de  Blaye  , de  Bourg  , d’entre  deux  mers , de 
Saint-André-de-Cussac  et  du  Fronsadais;  le  calcaire  constitue 
plusieurs  couches  alternant  avec  des  marnes  ou  des  roches  aré- 
nacées , et  renferme  toujours  les  mêmes  genres  de  fossiles , quoi- 
que quelques  espèces  paraissent  propres  à certaines  localités , ou 
même  à certaines  couches. 

» Il  serait  bien  à désirer  que  M.  Beshayes  pût  voir  les  environs 
de  Bordeaux , pour  se  convaincre  que  certains  fossiles  de  Paris 
sont  associés  dans  d’autres  bassins  avec  des  coquillages  dont  les 
espèces  lui  paraissent  indiquer  un  dépôt  plus  récent  que  le  cal- 
caire marin  de  Paris.  M.  Beshayes  pourrait  voir  dans  les  collec- 
tions de  MM.  Jouannet  et  Besmouîins  le  calcaire  à clavagelles  , 
à crassatella  lumida , à terebellum  convolütum , etc. , empâter 
les  fossiles  ordinaires  , non  seulement  dans  le  calcaire  marin  or- 
dinaire de  Bordeaux,  mais  encore  dans  le  faîun  qui  recouvre  ce 
dernier.  Ainsi  ce  calcaire  à clavagelles,  etc.,  qui,  d’après  M.  Bes- 
hayes, serait  le  dépôt  équivalent  du  calcaire  marin  parisien,  pré- 
senterait, le  rapprochement  dut-il  être  admis  des  anomalies  zoolo- 
giques qui  nous  semblent  inconciliables  avec  le  système  de  clas- 
sification purement  zoologique  de  M.  Beshayes. 

»Bans  le  bassin  du  S. -O.  de  la  France  , la  distribution  des  fos- 
siles présente  des  différences  locales  assez  particulières  pour  que 
celui  qui  voudrait  suivre  strictement  le  mode  de  classification  de 
M.  Beshayes,  soit  obligé  de  séparer  ce  que  la  nature  a réuni  ou 
formé  dans  le  même  moment , ou  pendant  la  même  période  de 
temps.  Ainsi,  outre  les  différences  bien  connues  entre  les  fossiles 
de  Bax  et  de  Bordeaux,  dans  ces  deux  cantons  il  y a long-temps 
qu’on  a reconnu  des  accidens  locaux  , et  l’on  sait  que  certains  co- 
quillages sont  propres  à certaines  localités,  ou  du  moins  n’abon- 
dent que  là.  Les  zoologues  connaissent  aussi  les  particularités  des 
falunières  de  Terre-Nègre  à Bordeaux  (térébratuie  , delphinuîe, 
cranies,  nummulines,  etc.  ) de  Merignac,  de  Sauças,  de  Leo- 
gnan  , de  Salles  ( Jouannetia , etc.);  dire  que  tous  ces  faluns , 
ainsi  que  ceux  de  Bax  forment  une  seule  et  même  couche , ce 
serait  avancer  quelque  chose  qu’on  ne  peut  pas  prouver,  puisque 
la  continuité  des  masses  est  impossible  à tracer;  mais  regarder  ces 
faluns  comme  sur  le  même  horizon  géologique , cela  paraît  être 
une  opinion  très  raisonnable.  Boit-on  maintenant  pour  quelques 
espèces  de  coquilles  qui  se  trouvent  à Paris,  adopter  d’autres  idées 


SÉANCE  DU  l6  AVEIL  l83s. 

et  attacher  à leur  présence  seule  plus  de  valeur  géologique  qu'à 
celle  des  fossiles  ordinaires  de  Bordeaux  ? C’est  à la  Société  à le 
décider* 

«Pour  nous,  il  nous  semble  qu’il  faut  sortir  de  cette  routine  de 
comparaison,  et.  étudier  bassin  par  bassin;  or,  sous  ce  point  de 
vue  , celui  de  Bordeaux  et  de  Dax  présente  des  caractères  inter- 
médiaires entre  celui  de  Paris  et  de  la  Méditerranée.  Si  l’on  vou- 
lait procéder  autrement , les  rudistes  caractérisant  le  terrain 
crayeux  du  S. -O.  de  la  France  , et  n’existant  pas  dans  tout  le 
nord  de  l’Europe,  on  donnerait  gain  de  cause  à celui  qui,  malgré 
les  caractères  tirés  de  la  position  géologique , prétendrait  que  la 
craie  du  midi  est  un  dépôt  plus  ancien  ou  plus  récent  que  la  craie 
du  nord  de  l’Europe. 

»Des  types  particuliers  de  formation  géologique , des  dépôts 
xoologiques  particuliers  caractérisent  ou  plutôt  différencient  les 
diverses  parties  de  l’Europe , ou  peut-être  même  du  globe;  étu- 
dions-lcs  jusqu’à  ce  qu’il  nous  soit  possible  de  nous  expliquer 
l’origine  de  ces  différences. 

»M.  Deshayes  supposant  tout  le  bassin  de  Bordeaux  rempli 
après  celui  de  Paris,  sera  toujours  obligé  de  se  jeter  dans  les  hy- 
pothèses, lorsqu’on  lui  demandera  ce  qui  se  formait  à Bordeaux, 
lorsqu’il  se  déposait  de  si  grandes  masses  à Paris.  D’un  autre  côté, 
«en  modifiant  la  rigueur  de  sa  doctrine  , si  ces  fossiles  de  Paris , 
épars  à Bordeaux,  pouvaient  être  cfe  quelque  poids  dans  la  ba- 
lance des  équivalons  géologiques  ; si  l’on  pouvait  s’y  fier,  vu  la 
position  de  ces  coquillages  dans  des  masses  associées,  à des  mol- 
lasses , les  conséquences  géologiques  qu’on  en  tirerait  resteraient 
des  faits  extrêmement  curieux.  » 

La  Société  décide  que  M.  Boue  sera  invité  à adresser  les 
to clies  , fossiles  et  coupes  qu’il  croira  propres  à éclairer  la 
question. 

La  Société  reçoit  : 

i°  De  la  part  de  M.  Keferstein,  les  ouvrages  suivons, 
'dont  il  est  l’auteur  : 

A.  Description  géologique  de  T Allemagne  ( TcutschlancL 
geognostisek  DargestclU).  a o cahiers  in-8°  formant  la  collec- 
tion complète  de  tout  ce  qui  a paru  jusqu’à  ce  jour  de  ce 
jburnal  (de  1821  à 1832). 

B.  Tableaux  sur  la  géognosie  comparative  ( Tabcikn  über 


878  SÉANCE  DU  l6  AVRIL  l832. 

die  vergleicliende  Geognosie).  3n-4°  de  60  pages.  Halle  * 
1825. 

C.  Notice  sur  les  causes  des  variations  régulières  du  ba- 
romètre  (ücber  die  Ursachen  der  regelmassigen  Barometer 
Schwankungen ).  ïn~4°  de  10  pages. 

D.  Deux  numéros  de  la  Gazette  littéraire  et  universelle 
d’Iéna  ( Ienaische  Allgemeine  litlcralur-zeitung)  ; et  deux 
autres  numéros  du  îahz hacher  fur  wissenschaftliclxe  Kritik , 
contenant  des  articles  critiques  de  Fauteur  sur  différens  ou- 
vrages géologiques.  In-4°. 

E.  Un  exemplaire  de  ses  observations  sur  les  formations 
basaltiques  de  l’Allemagne  occidentale  ( Geognostische  Be- 
rner Kungen  über  die  basaltischen  Gebilde  des  westlichen 
fieutsclilands).  1 voL  in-8°  de  207  pages,  avec  une  planche 
coloriée.  Halle,  1820. 

2°  Les  ouvrages  suivans  donnés  par  M.  Airlet  : 

A.  Voyage  au  Montamiala  et  dans  le  Siennois , conte - 
nant  des  observations  nouvelles  sur  la  formation  des  vol- 
cans, C histoire  géologique  , minéralogique  et  botanique  de 
cette  partie  de  C Italie , par  Georges  Santi.  2 vol.  in-8°. 
Lyon,  1802, 

B.  Système  de  Hutton  sur  la  théorie  de  la  terre  expli- 
quée par  Playfair,  et  combattue  par  Murray . 1 gros  vol. 
in-8°  de  662  pages  , avec  figures.  Paris  , 1 8 1 5. 

C.  Essai  géologique , par  M.  Dufour.  Brochure  in-8°  de 
28  pages.  Paris,  1821. 

D.  Essai  sur  la  théorie  des  volcans  d'Auvergne , par 
M.  de  Montlosier.  1 788  (première  édition). 

E.  Notice  sur  MM.  de  Gallois , ingénieur  en  chef  des 
mines , et  Joseph  Bessy , par  M.  Virlet.  In-8°  de  14  pages. 

3°  De  la  part  de  M.  Tournai  fils  , sa  Description  gèognos- 
tique  du  bassin  inférieur  de  C Aude  et  de  la  Berre . I11-80  de 
h pages,  avec  une  carte. 

40  De  la  part  de  M.  London  , le  N°  25  (avril  1832)  de  son 
Magasin  d’ histoire  naturelle , journal  de  zoologie , botani- 
que, minéralogie , géologie  et  météorologie.  Londres,  in-8°. 

M.  Loudon  demande  à échanger  cet  ouvrage  contre  le 
Bulletin  de  la  société  : cette  demande  est  renvoyée  au  conseil. 


SEANCE  DTI  16  AVRIL  1 85s.  $79 

5°  Le  N°  d’octobre  i85i  du  Bulletin  des  sciences  natu- 
relles et  de  géologie . 

6°  Le  N°  106  (février  1 85 a)  du  Bulletin  de  la  société  de 
géographie  de  Paris . 

70  Le  N°  iG  (avril  1802)  du  Mémorial  encyclopédique  et 
progressif  des  connaissances  humaines. 

8°  La  deuxième  livraison  (i5  mars  1802)  du  tome  V des 
Mctes  de  Société  linnéenne  de  Bordeaux. 

90  Les  Nos  19  et  ao  de  V Européen. 

io°  De  la  part  de  M.  Fée,  l’année  i85o  à 1 83 1 des 
Mémoires  de  la  Société  royale  des  sciences,  de  P agriculture 
et  des  arts  de  êMle . — Le  conseil  décidera  si  l’on  doit  en- 
voyer en  échange  le  Bulletin  de  la  Société. 

M.  Boubée  fait  hommage  à la  Société  de  son  Tableau  de 
l* état  du  globe  à ses  différons  âges  , basé  sur  l'examen  des 
faits , ou  Résumé  synoptique  de  son  cours  de  géologie. 

On  donne  lecture  des  deux  notices  suivantes  de  M.  Tournai: 


1.  Rapport  des  terrains  tertiaires  de  Paris,  Pézénas  et 


Narbonne. 

PARIS. 

PÉZÉNAS. 

NARBONNE. 

Sol  végétal. 

Sol  alluvien. 

Sol  végétal. 

Sol  végétal. 

Sol  alluvien. 

Sol  alluvien. 

Calcaire  à meulières. 

Calcaire  d’eau  douce. 

Sables  marins. 

Terrain  mixte. 

Terrain  mixte. 

Calcaire  d'eau  douce  cl 

Calcaire  d’eau  douce  gyp- 

Marnes  lacustres,  calcaire 

grand  dépôt  de  gypse. 

seux  et  siliceux. 

d’eau  douce , manies 
avec  soufre  tubercul. 

Sables  marins. 

Calcaire  grossier. 

Calcaire  grossier. 

Calcaire  grossier. 

Marnes  gypseuses. 

Calcaire  grossier. 

Marnes  d’eau  douce. 

Tufs  à coquilles  marines. 

Sables  marins. 

Marnes  bleues. 

Calcaire  grossier. 

Marne  à lignilés. 

Calcaire  grossier. 

Marne  a li  gui  tes. 

Cale,  grossier  ou  moellon. 

Calcaire  grossier. 

Marnes  bleues. 

Marnes  bleues. 

Argile  plastique. 

Craie. 

Terrain  secondaire. 

Terrain  secondaire . 

» Je  crois  inutile  d’entrer  dans  de  plus  grands  détails  sur  les 


I 


38o  SEANCE  DU  j6  AVRIL  l8Sâ. 

terrains  tertiaires , ce  tableau  fera  mieux  comprendre  ma  pen- 
sée que  la  meilleure  description  ; d’ailieurs  mon  mémoire  imprimé 
sur  le  bassin  inférieur  de  l’Aude  et  de  la  Barre  , n’est  que  le  dé- 
veloppement de  ce  tableau. 

» Les  considérations  tirées  de  l’étude  comparée  des  coquilles 
fossiles  du  nord  et  du  midi  de  la  France , me  semblent  d’une  im- 
portance très  secondaire,  parce  que,  pendant  cette  période,  l’in- 
fluence climatérique  était  déjà  très  marquée  , et  que  les  coquilles 
devaient  meme  varier  dans  cbaque  subdivision  des  bassins  océa- 
niques et  méditerranéens.  Les  considérations  tirées  de  la  présence 
des  grands  mammifères  sont  d’un  plus  grand  poids  ; aussi  tous 
les  jours  des  observations  nouvelles  de  cette  nature  viennent 
prouver  la  contemporanéité  des  dépôts  tertiaires  océaniques  et 
méditerranéens,  et  même  de  ces  immenses  dépôts  fluviatiles  la- 
custres qui  ont  comblé  le  vaste  bassin  de  Toulouse. 

» Mais  si  l’étude  des  coquilles  fossiles  ensevelies  dans  les  ter- 
rains tertiaires  me  semble  peu  importante,  parce  que  l’influence 
climatérique  devait  nécessairement  faire  varier  les  espèces  d’un 
point  à un  autre  , il  n’en  est  pas  de  même  des  coquilles  renfer- 
mées dans  les  terrains  plus  anciens,  parce  que,  à ces  époques  recu- 
lées, la  température  du  globe  était  à peu  près  uniforme  sur  toute 
sa  surface. 

» Dans  l’état  actuel  de  la  science , le  concours  des  caractères 
géologiques  et  paléontliologiques  est  encore  nécessaire  pour  la 
détermination  géognostique  des  dépôts,  il  ne  suffit  plus  pour 
déterminer  la  nature  et  le  rapport  des  formations  entre  elles 
d’examiner  seulement  la  continuité  des  couches  qui  les  compo- 
sent, mais  il  faut  y joindre  F observation  de  l’ensemble  des  fossiles 
qu’elles  renferment.  Quant  aux  caractères  tirés  de  la  nature  mi- 
néralogique des  dépôts  , ils  sont  à peu  près  sans  importance, 
puisque  des  roches  absolument  semblables  sc  rencontrent  dans 
des  formations  différentes,  et  vice  versa . 

» En  thèse  générale  , il  me  semble  qu’il  est  permis  de  dire  que 
l’importance  des  fossiles  est  d’autanFplus  grande  que  les  terrains 
sont  plus  anciens.  » 

2.  Cavernes  a ossemens  de  Bize  (Aude). 

» Je  me  propose  d’adresser  sous  peu  à la  Société  une  collection 
d’ossemens  fossiles  et  de  brèches  osseuses.  Malgré  les  observations 
de M.  Desnoyers,  qui  me  semblent  pouvoir  s’appliquer  à un  grand 


SÉANCE  DU  l6  AVRIL  t852.  58 1 

nombre  de  localités;  je  persiste  à penser  que  les  poteries , les  os- 
semens  humains , et  les  ossemens  travaillés  des  cavernes  de  Bize 
sont  contemporains  des  ossemens  appartenant  aux  espèces  perdues 
qui  se  trouvent  dans  les  mêmes  cavernes , et  que  par  conséquent 
les  ossemens  humains  méritent  le  nom  de  fossiles. 

» Si  l’on  admettait  en  principe  que  toutes  les  fois  que  Ton  ob- 
servera dans  les  grottes  à ossemens  des  poteries  et  des  ossemens  hu- 
mains, le  mélange  a eu  lieu  accidentellement  et  après  coup,  ce 
serait  une  véritable  fin  de  non-recevoir  , et  annoncer  à priori  que 
le  problème  de  la  contemporanéité  qui  est  depuis  si  long-temps 
en  discussion  ne  peut  pas  être  résolu. 

» Mais  il  est  une  preuve  dont  M.  Desnoyers  n’a  pas  fait  men- 
tion, et  qui  cependant  mérite  d’être  prise  en  considération;  c’est 
l’altération  égale  des  ossemens  que  l’on  croit  appartenir  à des 
époques  différentes.  Je  dois  ajouter  que  les  observations  de  M.  J. 
de  Christol  sont  de  nature  à ne  laisser  aucun  doute  dans  l’es- 
prit, et  que,  dans  la  caverne  qu’il  a observée  , les  ossemens  hu- 
mains se  trouvaient  tout-à-fait  à la  base  du  dépôt,  qu’ils  étaient 
aussi  altérés  que  les  ossemens  d’ours  et  d’hyène , et  que  le  limon 
n’était  nullement  bouleversé. 

» Toutes  les  cavernes  à ossemens  n’ont  pas  été  comblées  par  de 
grands  courans  d’eau  et  dans  une  période  de  temps  extrêmement 
courte  ; plusieurs  au  contraire  ont  été  comblées  très  lentement 
par  des  phénomènes  purement  locaux  et  dans  une  période  de  temps 
très  longue;  il  me  paraît  d’ailleurs  impossible  de  supposer  que 
certaines  cavernes  ont  pu  être  comblées  par  l’ouverture  de  la  val- 
lée , puisqu’elles  offraient  des  cailloux  roulés  et  des  ossemens  em- 
pâtés à la  voûte , c’est-à-dire  la  preuve  la  plus  positive  qu’à  une 
certaine  époque  elles  ont  été  entièrement  comblées  ; il  faut  donc 
admettre  de  toute  nécessité  qu’à  une  certaine  époque,  l’ouver- 
ture de  la  vallée  n’existait  pas,  et  que  ces  cavernes  ont  été  rem- 
plies par  des  fissures  verticales. 

» Il  suffit  d’un  simple  examen  des  cavernes  de  Bize  pour  s’as- 
surer que  l’ouverture  de  la  vallée  n’a  été  formée  que  par  suite 
des  dégradations  successives  de  la  montagne  ; j’ai  même  fait  ob- 
server dans  des  notes  publiées  il  y a déjà  plusieurs  années,  qu’à 
Bize  une  de  ces  espèces  de  cheminées  était  encore  comblée  par 
du  limon  et  des  ossemens.  Ce  phénomène  établit  d’une  manière 
positive  la  liaison  qui  existe  entre  les  brèches  osseuses  et  les  ca- 
vernes à ossemens;  on  conçoit,  en  effet,  que  lorsqu’une  fissure 
verticale  communiquait  dans  une  caverne  , le  double  phénomène 
Soc . géol.  Tom.  II.  25 


582  SÉANCE  DU  l6  AVRIL  *852. 

des  brèches  et  des  cavernes  a dû  se  produire  simultanément  (i). 

M.  Boubée  signale,  au  sujet  de  cette  dernière  notice,  quel- 
ques observations  qu’il  a pu  faire  sur  les  lieux,  dans  son  der- 
nier voyage. 

Selon  lui  i l’examen  géognostique  de  la  contrée  ne  pourrait 
appuyer  que  l’opinion  de  M.  Desnoyers  - il  lui  a paru  qu’il 
n’existe  même  pas  de  terrain  diluvien  dans  les  environs  de  ces 
cavernes,  qu’il  n’y  a que  des  dépôts  alluViens  toujours  argileux, 
évidemment  postérieurs  au  terrain  diluvien  à blocs  erratiques. 
C’est  ainsi  que  M.  Boubée  a fait  observer  à M.  Tournai  lui-même , 
sur  ses  propres  échantillons  , que  les  ossemens  de  Bize  sont  em- 
pâtés par  une  argile  grossière  , sablonneuse  et  terreuse,  qui,  loin 
de  rappeler  le§  caractères  des  argiles  du  terrain  diluvien , pré- 
sente cette  texture  lâche , occasionée  par  le  mélange  de  parties 
reconnaissables  de  terreau  végétal,  que  l’on  ne  remarque  que 
dans  les  dépôts  les  plus  modernes  des  alluvions  de  nos  fleuves. 

Enfin  , M.  Boubée  fait  observer  que  ces  cavernes  sont  situées 
dans  le  bas  de  la  vallée , qu’elles  ont  dû  toujours  être  exposées 
aux  grandes  inondations  , et  que  rien  ne  saurait  démontrer  d’a- 
près l’état  des  lieux,  et  surtout  d’après  les  caractères  géognosti- 
ques  de  la  contrée  , que  l’introduction  des  débris  humains  , celle 
de  l’argile  alluviale  qui  les  empâte , celle  de  plusieurs  ossemens 
d’animaux  de  l’époque  actuelle  qui  s*y  trouvent  aussi,  et  leur 
mélange  dans  ces  cavernes  par  l’action  des  eaux , ne  puissent 
avoir  été  opérés  long-temps  après  le  creusement  de  la  vallée  ; or, 
le  creusement  même  de  ces  vallées  ne  paraît  pas  dater  d’une 
époque  ancienne,  et  M.  Boubée  croit  devoir  le  rapporter  à l’é- 
poque post-diluvienne  avec  plusieurs  autres  faits,  mieux  carac- 
térisés il  est  vrai , qu’il  a reconnus  dans  le  midi  de  la  France 
et  dans  l’Auvergne. 

— On  lit  un  Mémoire  de  M.  Ezquerra  del  Bayo,  ingénieur 
des  mines , pensionné  du  roi  d’Espagne , sur  les  montagnes 

(i)  M.  Desnoyers  n’a  pas  prétendu  que  les  cavernes  du  midi 
avaient  été'  remplies  exclusivement  par  des  cours  d’eau  provenant 
des  vallées,  mais  aussi  souvent  par  des  courans  qui  ont  dû  entraîner 
les  ossemens  et  les  graviers  des  hauts  plateaux  dans  des  fissures, 
remplir  celles-ci  de  brèches  osseuses  et  pénétrer  dans  les  cavernes 
inférieures.  M.  Tournai  a montré  lui-même  l’intime  liaison  de  ces 
deux  faits  géologiques. 


SÉANCE  DU  l6  AVRIL  l852.  58& 

primitives  de  l’ Erzgebirge , et  sur  leurs  rapports  avec  la 
formation  du  grès  vert  de  la  Suisse  saxonne. 

L’auteur  réunit  dans  ce  Mémoire  un  grand  nombre  d’ob- 
servations et  de  considérations  à l’aide  desquelles  il  établit 
que  le  relief  de  l’Erzgebirge  a été  modifié  après  le  dépôt  du 
grès  vert  et  de  la  craie;  il  pense  que  l’expansion  des  basaltes 
a été  la  cause  du  soulèvement  des  roches  granitiques  dans 
l’Erzgebirge,  vers  l’époque  tertiaire. 

— On  donne  lecture  d’une  lettre  deM.  le  professeur  Viviani 
à M.  Pareto,  sur  les  restes  de  plantes  fossiles  trouvées  dans  les 
gypses  tertiaires  de  la  Stradella,  dans  laquelle  il  tend  à démon- 
trer que  ces  feuilles  appartiennent  toutes  à des  espèces  ana- 
logues à celles  de  la  flore  européenne  , et  qui  existent  en- 
core maintenant  dans  le  royaume  de  Naples,  en  Corse  et  en 
Provence. 

— On  lit  un  Mémoire  de  M.  Reboul  sur  le  Synchronisme  des 
terrains  tertiaires  inférieurs,  mètalymnéens  et  prolymnéens* 
L’auteur  cherche  à faire  prévaloir  sur  la  doctrine  de  l’émer- 
sion successive  des  bassins  de  la  Seine  , de  la  Loire  , et  des 
collines  subapennines , celle  de  l’émersionf  simultanée  de  ces 
terrains  sous-marins  par  un  abaissement  unique  du  niveau 
des  mers. 

Il  continue  de  combattre  l’opinion  des  géologues  qui, 
comme  MM.  Deshayes , Desnoyers , de  Beaumont , ont 
reconnu  parmi  les  terrains  tertiaires  plusieurs  périodes  ma- 
rines en  partie  plus  récentes  que  celles  du  bassin  de  Paris,  et 
qui  ont  appuyé  leurs  distinctions,  soit  sur  les  caractères  zoo- 
logiques, soit  sur  les  faits  propres  à démontrer  la  succession 
des  bassins  durant  cette  grande  époque,  soit  suri  interruption 
de  ces  terrains  par  des  soulèvemens  de  montagnes  (voir  An- 
nales des  sciences  naturelles , février  1829;  Mém.  deM.  Des- 
noyers. — Bulletin  de  la  Société  géologique  , 1 85 1 , tom.  I, 
pag.  186;  Résultats  des  tableaux  deM.  Deshayes.  — Idem , 
pag.  1 87;  Divisions  proposées  par  M.  de  Beaumont.  — Et  § 19 
et  20  du  Rapport  des  travaux  de  cette  société  pour  i85i). 

« Jusqu’à  présent,  dit  M.  Reboul,  on  11’a  aperçu  aucun  vestige 


584  SÉANCE  DU  l6  AVRIL  l85st. 

de  révolution  ni  dans  le  bassin  de  Paris , entre  le  terrain  protéique 
et  l’épilymnique,  ni  dans  le  midi  de  la  France,  entre  le  calcaire 
moellon  et  le  terrain  marin  supérieur  (i),  ni  dans  les  intervalles 
des  autres  terrains  indiqués. 

On  ne  saurait  supposer  aucune  relation  géognostique  entre 
des  soulèvemens  qui  auraient  eu  lieu  dans  une  contrée  et  le  dépôt 
paisible  de  sédimens  qui  se  serait  fait  dans  une  autre.  Le  soulève- 
ment des  mollasses  alpines  n’a  pas  plus  interrompu  la  formation 
des  strates  tertiaires  de  la  Pologne  et  de  la  Puissie,  que  les  érup- 
tions de  l’Etna  n’ont  dérangé  les  derniers  dépôts  marins  des 
côtes  de  la  Sicile  et  de  l’Italie. 

La  période  tertiaire,  si  on  la  compare  aux  précédentes,  pa- 
raît avoir  été  tout  entière  une  période  de  tranquillité,  puisque 
le  dépôt  des  sédimens  y a été  à peine  dérangé  sur  la  centième 
partie  du  sol  qu’elle  a recouvert.  Les  soulèvemens  locaux  qui  s’y 
sont  opérés  n’y  ont  donc  produit  aucune  interruption  générale 
dans  la  série  des  phénomènes.  C’est  ainsi  que  dans  la  période  ac- 
tuelle les  Lremblemens  de  terre  et  les  plus  grandes  éruptions 
volcaniques  n’affectent  que  les  lieux  où  leur  action  est  circon- 
scrite. 

La  divergence  des  opinions  sur  la  chronologie  tertiaire  pro- 
vient surtout  de  la  manière  dont  on  a considéré  les  fossiles.  On 
s’est  fond^  d’abord  sur  des  différences  qu’on  a exagérées  entre  les 
fossiles  marins  tertiaires,  pour  les  classer  en  tritoniens  et  pro- 
téiques. On  a essayé  de  dresser  des  catalogues  de  fossiles  supposés 
caractéristiques  des  deux  terrains. 

L’immense  travail  de  M.  Deshayes  est  venu  renverser  toutes 
ces  idées.  C’est  maintenant  le  bassin  de  Paris  tout  entier,  pro- 
téique ou  tritonien  , qu’il  faut  considérer  à part  et  mettre  en  tête 
des  terrains  tertiaires , puisque , sur  quatorze  cents  espèces  de  mol- 
lusques , il  ne  s’en  trouve  que  trois  pour  cent  d’analogues  aux 
espèces  vivantes. 

Les  terrains  de  deuxième  époque  ont  offert  dix-neuf  pour  cent 
de  ces  espèces  analogues,  et  ceux  de  la  troisième  cinquante-deux 
pour  cent;  dans  une  quatrième  on  en  compte  jusqu’à  quatre- 
vingt-treize  pour  cent  (*2). 


(i)  Je  dois  faire  observer  ici  que  ceux  qui  ont  proposé  et  adopte'  la 
de'nomination  de  calcaire  moellon  l’ont  appliquée  à la  formation  ma- 
rine tout  entière  du  midi  de  la  France  , en  l’assimilant  à celle 
appelée  prole'ique  par  M.  Brongniart. 

(a)  Cette  quatrième  époque  est  hors  de  la  période  tertiaireet 


séance  du  16  avril  i83a.  585 

Tl  faut  distinguer  dans  ce  travail  important  les  faits  et  les  rap- 
ports positifs  qui  subsisteront  toujours , des  inductions  qui  de- 
meurent subordonnées  aux  recherches  futures. 

Ce  principe  que  , plus  les  terrains  sont  anciens , plus  leurs  fos- 
siles s’éloignent  des  espèces  du  monde  actuel.  11e  peut  être  con- 
testé dans  tous  les  cas  où  il  est  applicable,  mais  il  est  des  circon- 
stances qui  en  modifient  l’application.  On  a déjà  fait  observer  que 
les  caractères  empruntés  à la  zoologie  fossile  sont  bien  plus  dis- 
tincts  et  plus  constans  dans  les  terrains  secondaires  que  dans  ceux 
de  la  période  tertiaire. 

L’uniformité  des  fossiles,  soit  végétaux,  soit  animaux,  dans  les 
dépôts  secondaires  correspondans , quelle  que  soit  leur  latitude  , 
semble  indiquer  qu’un  même  climat  régnait  à la  fois  sur  tous  les 
points  de  la  superficie  terrestre  aux  diverses  époques  de  cette  pé- 
riode, au  lieu  que  l’inégalité  des  températures  contemporaines  a 
déjà  exercé  quelque  influence  sur  la  répartition  des  fossiles  ter- 
tiaires dans  les  diverses  contrées , selon  leur  voisinage  des  pôles 
ou  de  l’équateur.  » 

...  Les  différences  qui  s’observent  entre  les  fossiles  de  localités 
voisines  , dépendantes  d’un  même  bassin,  offrent  à M.  Reboul  un 
nouvel  obstacle  qui  se  réunit  à l’incertitude  de  détermination  des 
genres,  etàia  multiplicité  des  espèces,  pour  lui  faire  douter  de 
l’importance  du  caractère  conchyliologique  dans  l’étude  des  ter- 
rains tertiaires. 

« Si  l’on  considère  des  dépôts  testacés actuels,  situés  en  diverses 
contrées,  on  voit  qu’ils  diffèrent  beaucoup  entre  eux , quoique  à 
de  médiocres  distances,  et  que  cette  différence  est  quelquefois  sen- 
sible sur  la  même  plage  par  le  seul  effet  du  changement  de  saisons. 

Or,  quelle  autre  condition  a pu  être  mieux  appropriée  à in- 
troduire de  grandes  différences  entre  Jes  mollusques  d’un  même 
temps  que  l’habitation  d’1111  golfe  de  la  mer  ou  celle  d’un  bassin 
dont  les  eaux  marines  ont  été  constamment  mélangées  et  souvent 
remplacées  par  les  eaux  douces  stagnantes.  Cette  différence  d’ha- 
bitat  n’explique-  t-clle  pas  bien  mieux  qu’une  différence  d àge  le 
contraste  des  constitutions  géologiques  de  deux  calcaires,  l’un  pu- 
rement marin,  l’autre  semi-lacustre,  où  les  neuf  dixièmes  des 
mollusques  consistent  en  cérites?  Pourquoi  exigerait-on  entre 
les  gîtes  coquilliers  des  terrains  tertiaires,  dont  les  conditions  cli- 
matériques ne  sont  pas  les  mêmes,  une  similitude  de  composition 


appartient  à la  quaternaire,  5 raison  de  l’analogie  de  ses  monumeus 
avec  ceux  du  temps  présent. 


586 


SÉANCE  DU  16  AVRIL  l852. 

qui  ne  se  trouve  point  entre  les  dépôts  de  même  nature  existans 
actuellement  à diverses  expositions  et  à diverses  latitudes? 

«M.De  France  a fait  cette  remarque  importante,  que  les  co- 
quilles des  terrains  tertiaires  de  la  France  et  des  régions  voisines 
se  rapprochaient  les  unes  des  autres  par  des  transitions  successives, 
et  qu’on  pouvait  suivre  la  liaison  des  fossiles  du  bassin  de  la 
Seine  avec  ceux  de  l’Italie  parles  dépôts  intermédiaires  de  l’Anjou, 
de  la  Touraine  et  de  la  Gironde  ; les  changemens  lui  ont  paru 
en  proportion  avec  les  latitudes.  Ainsi,  dans  la  période  tertiaire, 
comme  au  temps  présent , les  contrastes  des  groupes  coquilliers 
doivent  être  attribués  bien  plus  à la  différence  des  lieux  qu’à  celle 
des  temps.  En  effet,  si  les  fossiles  d’un  même  bassin  tertiaire  sont 
à peu  près  les  mêmes  dans  les  sédimens  inférieurs  et  dans  les  supé- 
rieurs, ainsi  que  l’indiquent  les  observations  deM.  Deshayespour 
le  bassin  de  Paris , dont  la  formation  a exigé  tant  de  siècles;  et  s’il 
est  prouvé  d’ailleurs  que  les  bassins  tertiaires  appartiennent  tous 
à une  même  période , ce  n’est  plus  dans  la  succession  des  temps 
qu’il  faut  chercher  la  cause  de  leur  différence. 

» Au  midi  de  la  France  on  a inscrit  dans  la  même  catégorie  et 
rapporté  à un  même  temps  les  coquilles  fossiles  de  Nafiach  et  de 
Banyuls-les-Aspres  , en  Roussillon  , et  celles  du  calcaire  des  marnes 
bleues , appelé  moellon  , des  bords  de  la  Méditerranée.  Cepen- 
dant ce  calcaire  est  un  terrain  inférieur  et  de  première  époque 
dans  les  bassins  méditerranéens , au  lieu  que  les  dépôts  coquilliers 
de  Nafiach  et  de  Banyuls  appartiennent  aux  sables  et  aux  limons 
de  terrains  de  transport,  c’est-à-dire  à la  troisième  époque.  A Na- 
fiach on  voit  distinctement  ces  sables  et  ces  limons,  qui  ont  comblé 
l’ancien  golfe  de  Roussillon , recouvrir  en  stratification  discor- 
dante les  marnes  bleues  et  les  mollasses  du  terrain  marin  inférieur. 

w S’il  est  difficile  d’apprécier  les  effets  du  temps  sur  la  distribu- 
tion des  fossiles  entre  les  divers  membres  de  la  période  tertiaire, 
ces  effets  deviennent  très  sensibles  dans  les  sédimens  postérieurs  à 
cette  période,  où  la  plupart  des  fossiles  sont  analogues  aux  espè- 
ces actuellement  vivantes  sur  les  rivages  voisins... 

»...  Les  débris  depalmiers  enfouis  dans  le  bassin  tertiaire  de  Paris 
prouvent  que  sa  température  a été  peu  différente  de  celle  qu’on 
éprouve  maintenant  en  Egypte  et  en  Mauritanie;  on  doit  donc 
s’attendre  à retrouver  les  analogues  de  ces  mollusques  dans  les 
mers  voisines  des  Tropiques. 

»L’ abaissement  de  la  température  terrestre  de  lapériode  tertiaire 
à la  quaternaire  correspond  à peu  près  à io°  du  thermomètre 
centigrade  dans  la  zone  du  bassin  de  la  Seine;  mais  il  est  probable 


SÉANCE  DU  l6  AVRIL  l832.  58? 

que  ce  refroidissement  a été  moindre  dans  les  contrées  plus  voi- 
sines de  l’équateur. 

» Toutes  ces  considérations  prouvent  combien  il  est  difficile  de 
distinguer  dans  la  variété  des  dépôts  coquilliers  tertiaires  , ce  qui 
est  dû  aux  circonstances  locales  , de  ce  qui  est  l’effet  du  progrès 
des  temps.  J’avoue  quelles  ne  font  qu’élever  des  doutes,  et 
qu’elles  ne  peuvent  suffire  par  elles-mêmes  à résoudre  la  question  ; 
mais  celle-ci  me  paraît  nettement  résolue  par  l’examen  critique 
de  l’hypothèse  que  nécessite  la  doctrine  de  la  formation  successive, 
et  par  échelons , des  bassins  tertiaires  ; ici , la  preuve  cherchée  est 
acquise  par  l’emploi  de  la  méthode  d’exclusion. 

» Pour  que  l’émersion  du  bassin  de  la  Seine  eût  précédé  celle  du 
bassin  de  la  Loire , et  celle-ci  celle  des  marnes  bleues  de  l’Apen- 
nin, du  Danube  et  du  Languedoc,  comme  l’horizon  de  tous  ces 
terrains  est  à peu  près  le  même,  il  faudrait  supposer  qu’un  sou- 
lèvement très  régulier,  a d’abord  exhaussé  d’environ  deux  cents 
mètres  ce  vaste  plateau  tertiaire  parisien  ; qu’après  un  intervalle, 
le  même  phénomène  a eu  lieu  en  Touraine,  puis  en  Italie,  en 
Languedoc,  et  aux  bords  du  Danube,  et  qu’il  s’est  reproduit  aux 
différentes  périodes  tertiaires,  pour  élever  tous  les  dépôts  sup- 
posés de  différens  âges  à un  niveau  à peu  près  égal... 

L’auteur  combat , comme  tout-à-fait  invraisemblable , cette 
hypothèse  du  soulèvement  successif  de  tous  les  terrains  tertiaires, 
et  lui  oppose  , comme  bien  plus  naturelle , celle  de  leur  émersion 
simultanée  , par  suite  d’un  abaissement  général  et  unique  du 
niveau  des  mers  à la  fin  de  cette  grande  époque. 

» Les  terrains  tertiaires  soulevés  sont,  dit-il , ordinairement  sur 
la  lisière  des  grands  plateaux.  Cette  position  , le  petit  nombre  de 
leurs  lambeaux  épars,  et  l’horizontalité  presque  générale  de  ces 
terrains,  doit  convaincre  que  ces  grandes  masses  si  régulièrement 
disposées,  n’ont  pas  été  déplacées  , et  surtout  ne  l’auraient  pas  été 
h différentes  époques,  pour  atteindre  toujours  le  même  niveau  (i). 


(i)  Évidemment  M.  Rcboul  a interprété  la  théorie  du  remplissage 
successif  des  bassins  tertiaires  ieiie  que  l’avait  proposéeM.  Desnoyers, 
dans  un  sens  tout  autre  que  l’auteur  lui-même,  et  il  applique  sesobjec- 
tions  à des  idées  qui  ne  semblent  pas  avoir  été  exprimées,  c’est-à- 
dire  à une  hypothèse  d 'émersion  successive,  par soulèvemens  des  cou- 
ches tertiaires.  Ils’agissait,  au  contraire  , de  l'immersion  successive 
en  forme  de  hassîn  d’un  sol  préexistant  pouvant  servir,  par  suite 
de  son  affaissement,  do  nouveaux  réceptacles  aux  sédimens  et  aux 
eaux  des  mers  après  leur  retraite  de  bassins  plus  anciens.  M.  R.  sein- 


388  SÉANCE  DU  16  AVRIL  l832. 

En  géognosie,  il  faut  chercher  la  règle  dans  les  faits  généraux, 
non  dans  les  exceptions.  Il  est  constant  qu’au  midi  de  la  France, 
en  Italie,  dans  la  vallée  du  Danube,  sur  tout  le  littoral  de  la 
Méditerranée,  et  peut-être  partout  où  manque  le  sédiment 
crayeux,  le  terrain  marin  métalymnéen  succède  immédiatement 
aux  dépôts  secondaires.  On  ne  Fa  vu  nulle  part  séparé  de  ces  dé- 
pôts par  une  formation  analogue  à celle  du  calcaire  grossier,  qui 
est  dans  son  essence,  mixte , accidentelle,  et  seulement  aussi  an- 
cienne qu’elle  puisse  l'être  parmi  celles  de  son  espèce.  C’est  par 
sa  composition  mixte , et  non  par  son  âge , qu’elle  diffère  du  ter- 
rain des  marnes  bleues,  qui  est  le  véritable  terrain  marin  tertiaire, 
homogène,  le  moins  accidentel  de  tous,  et  le  plus  universel... 

» Si  le  synchronisme  des  terrains  inférieurs  métalymnéens  et 
prolymnéens  ne  peut  être  démontré  par  les  analogies  des  dépôts 
coquilliers,  il  est  du  moins  indiqué  par  celles  des  ossemens  fossiles 
des  plus  anciens  mammifères. 

» Parmi  les  cétacés , les  baleines  ét  les  lamantins , parmi  les 
mammifères  terrestres  , les  lophiodons,  les  palœothères  (i)  etlei 
anoplothèi  es , ont  été  reconnus  contemporains  du  calcaire  gros- 
sier. Ces  mêmes  animaux  ont  laissé  leurs  ossemens  dans  le  terrain 
métalymnéen  des  marnes  bleues  et  de  leur  calcaire;  savoir:  la 
baleine  dans  les  marnes  bleues  du  Plaisantin , les  lamantins  dans 
le  calcaire  de  Pézenas , les  lophiodons  dans  celui  de  Boutonnet 
près  Montpeyier,  les  palœothères  dans  les  marnes  bleues  du  Mé- 
tauro,  dans  les  marnes  argileuses  de  la  Gironde,  et  dans  le  cal- 
caire de  Saint-Geniez  et  de  Pézenas  (2). 


ble  avoir  rapproché  , pour  les  combattre , deux  séries  d’idées 
distinctes  : le  fait  rendu  incontestable  parles  nombreuses  observa- 
tions de  M.  de  Beaumont , du  redressement  des  couches  tertiaires 
solidifiées , jusqu’à  un  niveau  supérieur  de  plusieurs  milliers  de 
pieds  au  niveau  habituel  des  grandes  plaines  tertiaires,  et  le  fait 
du  creusement  successif  durant  cette  même  période  de  bassins  pro- 
pres à recevoir  des  sédimens  et  des  fossiles  non  existans  encore  , et 
différens  autant  â raison  de  l’intervalle  chronologique  que  des 
distances  climatériques.  [Note  du  secrétaire.) 

(1)  Ceux  de  baleine  dans  le  calcaire  grossier  de  Paris  , de  laman- 
tins dans  les  marnes  inférieures  de  Marly.  Recherches  de  M.  Cuvier% 
t.  1,  p.  271. 

Ceux  de  Jophiodon,d’anopIothére,  de  palœothère,  dans  le  calcaire 
grossier  de  Nanterre. 

(2)  La  carrière  de  Sl-Geniez  , où  Faujas  a trouvé  des  ossemens  de 
palœothère  y est  de  calcaire  marin  et  non  d’eau  douce.  En  1731 , on 


SÉANCE  DU  7 MAI  l852.  38g 

» D’autres  ossemens  d’animaux,  peut-être  moins  anciens , ont 
été  observés  dans  plusieurs  bassins  métalymnéens,  et  notamment 
dans  celui  du  Danube  ; mais  ces  bassins  ont  aussi  leurs  terrains 
supérieurs,  de  deuxieme  et  de  troisième  époque;  et  ce  n’est 
point  aux  inférieurs  que  se  rapportent  les  gîtes  où  ont  été  trouvés 
les  ossemens  des  grands  pachydermes,  des  carnassiers  et  des 
ruminans  (i). 

» Je  n’offre  point  cette  considération  zoologique  comme  une 
preuve  isolée  ^ mais  comme  une  confirmation  de  celles  que  four- 
nissent toutes  les  indications  géognostiques  du  synchronisme  des 
terrains  tertiaires  inférieurs  , soit  métalymnéens , soit  prolym- 
néens. 


Séance  du  7 mai  1832. 

Présidence  de  M.  Brongniart. 

Après  la  lecture  et  l’adoption  du  procès-verbal  de  la  der- 
nière séance,  le  président  proclame  membres  de  la  société  : 

M.  Simon  (Victor) , juge  à Metz,  présenté  par  MM.  Boue 
et  Desnoyers. 

M.  Albert  de  la  Marmora,  lieutenant-colonel  au  corps 
royal  d’état-major  général  de  S.  M.  sarde,  présenté  par 
MM.  Boué  et  Michelin. 

On  lit  une  lettre  de  M.  Victor  Simon  (Metz,  27  avril), 
dans  laquelle,  après  avoir  exprimé  le  désir  qu’il  a de  faire 
partie  de  la  Société  géologique  , il  donne  la  note  suivante 


a extrait  de  la  carrière  de  Gigiri , près  Pézenas,  un  fragment  mutilé 
où  il  est  facile  de  reconnaître  la  tête  d’un  tibia  de  palœotherium 
magnum,  semblable  à celle  décrite  par  M.  Cuvier;  t.  3,  pi.  28, 
%•  7- 

M.  Billaudel  a trouvé  les  mêmes  ossemens  dans  le  calcaire  de  la 
Gironde. 

Ann.  des  Sc.  nat. , t.  18.  Revue  bibl. , p.  \^6. 

(1)  Cette  explication  n’est  pas  applicable  aux  ossemens  desfaluns 
de  la  Loire  , où  les  débris  de  mastodonte  , d’hyppopotame  , de  rhino- 
céros , etc.  , couverts  de  polypiers  , sont  dans  la  partie  inférieure 
du  dépôt.  On  sait,  au  contraire,  que  le  bassin  de  Paris  , quoique  si 
rapproché  de  celui  de  la*  Loire,  n’a  présenté  dans  aucune  de  ses 
couches  marines,  ou  d’eau  douce,  les  ossemens  des  mêmes  animaux 
considérés  généralement  comme  plus  modernes.  {Note  du  secrétaire.) 


390  SÉANCE  DU  7 MAI  l85‘2. 

des  principaux  mémoires  qu’il  a publiés  sur  une  contrée 
généralement  peu  connue  : 


« Mémoire  sur  le  calcaire  bleu  à gryphites  des  environs  de  Metz- 
Mémoire  sur  le  Quadersandstein  d’Hétange  et  les  environs  de 
Sierck;  Essai  géognostique  sur  les  terrains  du  département  de  la 
Moselle;  Rapport  sur  le  gisement  du  fossile  trouvé  par  M.  de 
Pouzzoli , près  de  Thionville;  Notice  sur  les  débris  d’un  rhino- 
céros trouvé  «à  Louvigny  près  Metz  ; Rapport  sur  les  ossemens 
fossiles  trouvés  a la  côte  de  Rosemberg  près  Thionville;  Itinéraire 
géologique  et  minéralogique  des  départemens  de  la  Moselle , du 
Haut-Rhin  et  du  Bas-Rhin  ; Notice  sur  les  carrières  de  lias  de 
Guenange;  Notice  sur  une  dent  de  rhinocéros,  trouvée  à Gour- 
melange  près  Metz;  Itinéraire  géologique  et  minéralogique  de 
Metz  à Sarrelouis  , Oberstein , Bingen,  Coblentz , Laach  , Trê- 
ves et  Sierck.  La  plupart  de  ces  Mémoires  sont  consignés  ou  men- 
tionnés dans  le  Recueil  des  travaux  de  l’Académie  de  Metz.  » 


M.  Simon  annonce  encore  qu’il  vient  de  fonder  à Metz 
une  petite  Société  géologique  qui  se  réunit  chez  lui,  et  fait 
une  course  chaque  semaine;  elle  commence  à établir  des  re- 
lations avec  les  villes  voisines;  son  but  est  de  compléter 
l’Histoire  géognostique  du  département  de  la  Moselle. 

— M.  Desnoyers  communique  l’extrait  suivant  d’une  lettre 
de  M.  le  lieutenant-colonel  de  Ghesnel  (Prades , près  Mont- 
pellier, 26  avril). 

« Je  pense  absolument  comme  vous  au  sujet  des  ossemens  hu- 
mains trouvés  dans  les  cavernes  du  midi  de  la  France , qu’il 
suffit  de  s’éclairer  de  l’histoire  et  de  la  topographie  des  lieux  où 
se  trouvent  ces  cavernes,  pour  repousser  le  système  récemment 
établi  sur  la  contemporanéité  de  l’homme  avec  les  grandes  es- 
pèces perdues.  Je  ne  prétends  pas  nier  positivement  l’existence  de 
la  race  humaine  à une  époque  plus  reculée  que  celle  que  lui  as- 
signent les  documens  historiques;  mais  je  veux  dire  que  les  savans 
qui  cherchent  à prouver  la  contemporanéité  en  question  , se  fon- 
dent sur  des  faits  qui,  loin  d’être  concluans  en  faveur  de  leur  hy- 
pothèse , me  semblent  tout  au  contraire  déposer  contre  elle  ; 
ainsi , pour  qui  s’est  donné  la  peine  d’observer  attentivement 
l'action  générale  du  cours  des  eaux  , et  ce  que  celles-ci  opèrent 
ordinairement  dans  les  cavités  souterraines , où  elles  charrient  ce 
qu’elles  ont  rencontré  sur  leur  passage , il  ne  se  voit  rien  que  dé 


SÉANCE  DU  7 MAI  l832.  5gi 

fort  simple  dans  la  réunion  sur  un  même  sol  de  corps  de  diverses 
natures,  et  de  différens  âges , et  liés  quelquefois  en  un  aggrégat 
stalagmitique  ; c’est  par  cela  même  , je  le  répète  , qu’il  se  trouve 
ensemble  des  ossemens  d’animaux  anciens  et  modernes,  mêlés  à 
des  débris  de  coquilles  terrestres,  de  poteries,  d’ustensiles,  etc.* 
qu’il  n’est  pas  possible,  pour  ratifier  cette  circonstance , de  s’arrê- 
ter à des  causes  simultanées  , c’est-à-dire,  aux  phénomènes  géné- 
raux qui  résultent  des  cataclvsmes  qui  ont  bouleversé  notre  globe. 

-»  J’ai  eu  occasion,  dans  mes  voyages,  de  me  convaincre  de 
l’exactitude  des  faits  rapportés  par  Florus  et  Eginhard  que'vous 
citez  ; et  dans  un  Mémoire  que  je  communiquerai  prochainement, 
je  ferai  connaître  un  assez  grand  nombre  d’observations  sur  les 
cavernes  et  les  camps  fortifiés  de  la  Novempopulanie , remarques 
qui  me  conduisent  à des  conséquences  pareilles  à celles  que  vous 
déduisez  de  vos  propres  investigations...  » 

— Une  lettre  de  M.  Albert  de  la  Marmora  annonce  qu’ix  se 
propose  de  compléter  incessamment  sa  description  géologi- 
que de  la  Sardaigne;  il  donne  les  détails  suivans  sur  ses  der- 
nières courses  en  Piémont  : 

« J’ai  Visité  les  serpentines  de  Baldissero  , où  le  jaspe  est  pres- 
que plus  abondant  que  dans  l’Apennin  et  la  Ligurie  , dans  une 
région  apparemment  non  visitée  par  M.  Brongniart.  ; ce  jaspe  est 
en  contact  avec  une  espèce  d’arkôse,  et  des  schistes,  dans  lesquels 
je  n’ai  pu  découvrir  jusqu’ici  d’empreintes.  Près  de  Bielle,  j’ai 
vu  un  filon  de  serpentine , lié  d’un  côté,  comme  celle  de  Baldis- 
sero, avec  la  syénito,  et  de  l’autre  avec  un  porphyre,  contenant 
des  parties  chloriteuscs  et  quelques  cristaux  de  pyroxène.  Ce  por- 
phyre a dans  son  ensemble  beaucoup  de  ressemblance  avec  un 
porphyre  que  je  pris  moi-même  à Grantola , non  loin  du  Pech- 
steiu  de  cette  célèbre  région;  il  se  lie  ensuite  avec  ceux  de  Creva- 
cuore,  qui  , de  nuance  en  nuance,  passent  à ceux  d’Arona  , dé- 
crits par  M.  de  Buch.  J’espère  pouvoir  visiter  de  nouveau  ce 
heu  (Crevacuore),  où  paraît  être  la  jonction  des  porphyres  verts 
aux  porphyres  noirs.  Les  débris  tertiaires  de  Masserano  et  de  Cro- 
vacuore  appartiennent  au  système  de  marne  bleue  subapenniue. 
Ils  ont  cependant  quelque  relation  avec  ceux  du  Vicentin,  et  pjy- 
raissent  faire  passage  entre  les  terrains  de  la  Superga  et  ceux  de 
l’Astesan  (vallée  d’Andona) , etc.,  etc.  J’ai  trouvé  à Crevacuore 
la  scaglia  (?)  soulevée  et  modifiée  par  les  porphyres , mais  non 
dolomisce ; et  à Goyano  (où  l’on  trouve  aussi  un  dépôt  tertiaire, 


392  SÉANCE  DU  7 MAI  l832. 

pareil  à celui  de  Maggiora) , je  trouvai  un  calcaire  rouge  à Téré- 
bratules,  à petites  ammonites  (?),  et  autres  fossiles  que  je  n’ai  en- 
core pu  déterminer.  Ce  marbre  rouge,  que  je  compare  à celui  de 
Vérone,  est  un  peu  bréchiforme,  et  est  identique  avec  celui 
d’Arzo  et  de  Viggin , près  du  lac  de  Corne,  dont  parle  Amoretti 
dans  son  voyage  aux  trois  lacs,  et  connu  en  Lombardie  sous  le 
nom  de  Macchia  Veccliia.  (Voir  la  note  sur  les  marbres  d’Arzo  et 
de  Bisaccio , page  169  de  son  Viaggio  da  Milano  ai  tre  laghi , 
faisant  partie  de  la  Bibliotheca  scella  di  opéré  italiane  , vol.  28. 
Milano,  presso  Silvestri,  1824,  1 vol.  in-12  de  3*y3  pages.)  » 

— La  Société  reçoit , delà  part  de  la  société  géologique  de 
Londres,  la  première  et  la  deuxième  parties  du  tome  III  de 
ses  Mémoires  ( Transactions  of  the  geological  Society  of 
London) . 

La  première  partie,  publiée  en  1829  , in-4°  de  240  pages 
et  27  pl.  de  cartes,  coupes  et  fossiles,  contient  douze  mé- 
moires , savoir  : 

1°  Sur  un  groupe  de  roches  schisteuses  ( On  a group  of 
slate  rocks)  s’étendant  est-sud-est, entre  les  rivières  Lune  et 
Wharfe,  depuis  Kirby-Lonsdale,  jusqu’à  Malham,  et  sur  le  phé- 
nomène qui  lui  est  particulier,  par  M.  Phillips.  2 J pag. , 2 pl. 

2°  Sur  la  relation  géologique  des  strates  secondaires  dans 
l’île  d’Arran,  par  MM.  Sedgwick  et  Murchison.  16  pages  et 
1 planche  double. 

3°  Sur  les  relations  géologiques  et  la  structure  interne  du 
calcaire  magnésien  et  les  parties  inférieures  du  nouveau  grès 
rouge  dans  le  Nottinghamshire  , le  Derbyshire,le  Yorkshire, 
le  Durham , et  les  extrémités  méridionales  du  Northumber- 
land,  par  M.  Sedgwick.  88  pages , 9 planches. 

4°  Sur  la  structure  et  les  rapports  des  dépôts  contenus 
entre  les  roches  primitives  et  les  couches  oolitiques  dans  le 
nord  de  l’Écosse , par  MM.  Sedgwick  et  Murchison.  36  pages, 
5 planches. 

5°  Sur  la  géologie  des  baies  de  Tor  et  Babbacombe  (De- 
vonshire),  par  M.  de  la  Bêche , 1 1 pages  , 3 planches. 

6°  Sur  la  géologie  des  environs  de  Nice  et  de  la  côte, 
depuis  cette  ville  jusqu’à  Vintimiglia,  par  M.  de  la  Bêche, 
16  pages,  4 planches. 


SÉANCE  DU  7 MAI  l852.  5()5 

70  Observations  sur  les  formations  secondaires  entre  Nice 
et  le  col  de  Tende , par  M.  Buckland.  4 pages, 

8°  Sur  la  géologie  d’une  partie  du  Bundelcund  , Boghel- 
cund,  et  des  districts  de  Saugor  et  Jubulpore,  par  le  capi- 
taine Franklin.  îo  pages,  2 planches. 

90  Tableau  des  restes  organiques  du  comté  de  Sussex,  par 
M.  Gédéon  Mantell.  1G  pages. 

io°  Sur  la  découverte  d’une  nouvelle  espèce  de  Ptérodac- 
tyle dans  le  lias  à Lyme-Regis,  par  M.  Buckland.  6 pages, 
1 planche. 

1 1°  Sur  la  découverte  des  coprolites  oufœces  fossiles  dans 
le  lias , tant  à Lyme-Regis  que  dans  d’autres  terrains , par 
M.  Buckland.  14  pages,  4 planches. 

12°  Lettres  de  M.  Prout  à M.  Buckland  sur  l’analyse  des 
fœces  fossiles  d’Ichthyosaures  et  d’autres  animaux.  3 pages. 

La  deuxième  partie , publiée  en  1 83 2 , in-4°  de  200  pages 
et  9 planches  doubles  de  coupes , cartes  et  fossiles , contient 
les  mémoires  suivans  : 

i°  Sur  le  district  oolitique  de  Bath  , par  M.  Lonsdale. 
35  pages,  1 planche  de  coupes. 

20  Sur  un  renard  (fox)  fossile  découvert  à Æningen  , 
près  Constance , avec  une  description  du  terrain  qui  le  con- 
tient, par  M.  Murchison.  14  pages,  2 planches. 

3°  Description  anatomique  de  ce  renard,  par  M.  G.  Man- 
tell. 3 pages,  2 planches. 

4°  Sur  les  causes  astronomiques  qui  ont  pu  avoir  de  l’in - 
fluence  sur  les  phénomènes  géologiques  , par  M.  Herschel], 
7 Pages- 

5°  Sur  la  structure  des  Alpes  orientales , avec  coupes 
traversant  les  formations  les  plus  nouvelles  des  flancs  nord 
de  la  chaîne,  les  terrains  tertiaires  de  Styrie,  etc.,  etc., 
par  MM.  Sedgwick  et  Murchison.  In*4°  de  120  pages,  1 char- 
mante carte  des  Alpes  orientales  , 1 grande  planche  de  cou- 
pes, 3 planches  de  coquilles  et  de  polypiers  fossiles  de  Gosau. 

— La  Société  reçoit  aussi  : 

i°  De  la  société  géologique  de  Londres,  le  rapport  an- 


5g4  SÉANCE  DU  7 MAI  l832. 

nuel  sur  ses  travaux  de  i83i  , par  le  président  M.  Mur- 
chison.  In- 8°  de  26  pages. 

2°  De  la  part  de  M.  Murchison , son  Mémoire  sur  un  re- 
nard fossile  découvert  à Æningen,  près  Constance  ; avec  une 
description  du  terram  qui  le  contient.  In-4°  de  14  pages, 
avec  2 planches.  Londres,  i83-2. 

3°  De  la  part  de  la  société  philosophique  de  Cambridge  ; 
les  première,  deuxième  et  troisième  parties  du  tome  III,  et 
la  première  partie  du  tome  IV  de  ses  Transactions  ( Trans- 
actions ofthe  philo sophi cal  soc . of  Cambridge). 

4°  De  la  part  de  M.  le  comte  Razoumovsky,  ses  Obser- 
vations sur  les  envirçns  de  Vienne.  In-4°  de  58  pag.,  10  pl. 

5°  De  la  part  de  M.  Gordier,  l’extrait  de  plusieurs  lettres 
de  M.  Jacquemont  , voyageur  naturaliste  du  Muséum  , en 
mission  aux  Indes  orientales  (extrait  des  nouvelles  Annales 
du  Muséum  d'histoire  naturelle , tome  Ier,  pages  i55  et  sui- 
vantes). In-4°  de  19  pages, 

6°  La  22e  livraison  de  la  Description  des  coquilles  fossiles 
des  environs  de  Paris , par  M.  Deshayes.  ln-4°  (les  planches 
sont  d'une  exécution  de  plus  en  plus  soignée). 

70  Les  numéros  1 à 7 du  Recueil  supplémentaire  du  pre- 
mier volume  des  Mémoires  de  i Académie  de  l'industrie 
agricole , manufacturière  et  commerciale , fondée  à Paris 
par  M.  César  Moreau,  et  les  numéros  i3  , 1 4 , i5  et  16  du 
deuxième  volume  du  Journal  des  travaux  de  la  même  Aca- 
démie, In»4°* 

8°  Le  numéro  17  (mai  i83a)  du  Mémorial  encyclopé- 
dique et  progressif  des  connaissances  humaines.  Paris,  in  8°. 

90  Les  numéros  $ 1 , 22,  23  de  Y Européen. 

M.  Michelin  fait  hommage  à la  Société  de  33  échantillons 
de  roches  et  corps  organisés  de  Maestricht  et  des  environs. 
Il  lira  dans  la  prochaine  séance  un  Mémoire  de  M.  Van-Hess 
sur  cette  même  localité. 

M.  de  Léonhard  annonce  que  le  comptoir  de  minéralogie 
d’Heidelberg , dont  il  envoie  le  dernier  catalogue,  désirerait 
entrer  en  relation  d’échanges  avec  les  géologues  français  qui 
habitent  des  localités  riches  en  fossiles. 


séance  du  7 mai  ï852,  3g5 

— La  Société  reçoit  de  M.  le  comte  de  Montlosier  la  lettre 
suivante  (Randanrfê*,  près  Clermont,  5 mai  i83*2). 

« Messieurs,  je  lis  dans  le  résumé  des  progrès  de  la  géologie 
pendant  l’année  i83i  , Bulletin  de  la  société , pag.  i56  , les 
paroles  suivantes  : 

« L’espèce  de  cavité  élevée , appelée  Valle  del  Love , a paru  à 
» M.  Hoffmann  un  cratère  de  soulèvement  dont  les  bords  sont 
» formés  d’alternats  de  scories  et  de  roches  trachy tiques  modi- 
» fiées.  En  Italie  , notre  savant  Prussien  a aussi  cru  trouver  des 
» cratères  de  soulèvement  dans  les  montagnes  d’Albano...  » L’au- 
teur du  Résumé  ajoute  : a Nous  devons  donc  nous  attendre  à 
» une  controverse  intéressante  entre  lui  et  M.  C.  Prévost , qui , 
» comme  M.  Cordier,  paraîtrait  opposé  à cette  idée , et  n’ad- 
» mettrait  qu’une  formation  cratériforme,  savoir,  celle  produite 
» par  des  déjections  incohérentes  et  des  coulées  de  lave  autour 
» d’un  cratère.  » 

« L’intérêt  que  je  prends  aux  progrès  de  la  géologie  , l’intérêt 
aussi  que  je  prends  à des  hommes  aussi  honorables  que  MM.  C.  Pré- 
vost et  Cordier,  m’engagent  à vous  adresser  les  explications  sui- 
vantes : 

» D’abord,  je  n’admets  pas  tout-à-fait  l’expression  de  cratère 
de  soulèvement , créée  par  M.  de  Buch  et  adoptée  par  M.  Hoff- 
mann. Cette  expression  suppose  une  force  irrégulière  opérant 
des  effets  irréguliers,  pouvant  être  étrangers  aux  effets  volca- 
niques. Les  cratères  de  soulèvement  mentionnés  sont  tous  d’une 
composition  cratériforme,  ainsi  que  l’ont  observé  MM.  Prévost 
et  Cordier.  Mais  il  faut  en  demeurer  là , et  surtout  ne  pas  parler 
de  courans  de  Lave;  car  l’absence  de  courans  de  lave  est  un  des 
caractères  précis  qui  les  distinguent. 

» L’Auvergne  est  en  possession  de  deux  de  ces  cratères  appelés 
de  soulèvement , c’est  le  lac  de  Pavin  et  le  gour  ou  gouffre  de 
Tazcnat.  En  examinant,  dans  ma  jeunesse  , la  nature  et  les  cir- 
constances de  ces  deux  cratères  formant  des  lacs , je  leur  avais  re- 
connu, une  composition  toute  particulière,  en  ce  que,  i°àla 
différence  des  autres  cratères  , la  dimension  de  leur  orifice  était 
énormément  plus  considérable;  a°  en  ce  que  leur  pourtour  était 
à peine  marqué  de  quelques  points  de  torréfaction  ; 3°  en  ce  qu’il 
n’en  était  émané  aucune  émission  hi  courant  délavé.  Frappé  d’é- 
tonnement, d’un  côté  , de  la  puissance  d’explosion  qui  avait  pu 


3()6  SÉANCE  DU  7 MAI  1 8 5 Sè . 

opérer  un  tel  vide  sans  l’accompagner  de  J^gits  violens  de  torré- 
faction, apanage  ordinaire  des  phénomènes  volcaniques,  je  l’étais 
encore  plus  de  la  forme  particulière  du  pourtour  intérieur  qui 
laisse  à peine  au  bord  de  l’eau  trois  pieds  de  largeur , au  bout 
desquels  se  présente  immédiatement  le  gouffre  en  forme  de  cuve 
abrupte , cuve  qui  donne  pour  le  lac  de  Pavin  une  profondeur 
de  3oo  à 3o2  pieds  ; pour  le  gour  de  Tazenat,  environ  200  pieds. 

»Des  circonstances  particulières  m’ayant  amené,  au  commence- 
ment de  1789,  à publier  mon  Essai  sur  la  théorie  des  volcans 
dé  Auvergne , mon  attention,  fixée  sur  ces  deux  cratères-lacs,  dut, 
faute  de  points  de  comparaison  suffisans , demeurer  incomplète 
et  indécise. 

» En  l’année  i8i3  , ayant  pu  m’échapper  un  moment  de  la  po- 
litique, je  me  hâtai  de  passer  les  Alpes  pour  aller  chercher  en 
Italie,  sur  ce  point,  objet  continu  de  mes  inquiétudes,  les  éclair- 
cissemens  qui  m’étaient  nécessaires  • je  les  trouvai  avec  abondance 
dans  les  lacs  de  Yiterbe,  dans  ceux  d’Albano,  ainsi  que  dans  les 
champs  phlégréens.  Là,  comme  en  Auvergne,  mêmes  caractères  : 
i°  orifice  d’une  dimension  énorme  en  comparaison  des  cratères 
ordinaires  ignés  ; 20  absence  sur  leur  pourtour,  je  ne  dirai  pas  posi- 
tivement de  laves,  mais  de  cette  abondance  de  matières  violem- 
ment torréfiées  ; 3°  absence  decourans  délavé. 

» Cependant , convaincu  depuis  long-temps  que  la  nature , qui 
présente  souvent  des  opérations  parfaites , a aussi  quelquefois  des 
ébauches,  j’eus  bientôt  à reconnaître  que,  tout  ainsi  que  parmi 
les  cratères  ordinaires  ignés,  il  se  trouve  par-ci  par-là  quelques 
petits  cratères  qu’on  pourrait  appeler  des  cratérillons ; de  même 
parmi  mes  cratères  à explosion  , dont  plusieurs  étaient  des  cra- 
tères-lacs, il  y en  avait  aussi  d’une  petite  dimension  , même  sans 
eau,  et  dans  lesquels,  quoique  de  la  même  espèce,  la  nature  qui 
s’y  était  essayée  semblait  avoir  manqué  de  puissance.  En  récapi- 
tulant dans  mes  notes  les  cratères  de  ce  genre,  soit  parfaits,  soit 
en  ébauche,  que  j’ai  observés  en  Italie,  je  peux  en  compter  trente- 
deux. 

» Un  phénomène  plus  grave,  plus  extraordinaire,  plus  inat- 
tendu en  ce  genre,  devait  bientôt  attirer  mon  attention  • je  veux 
parler  du  mont  Vésuve. 

» Relativement  à cette  montagne , je  n’étais  pas  tout-à-fait  sans 
instruction.  J’avais  lu  attentivement  ce  qu’en  disent  Denys  d’Ha- 
licarnasse,  Pline,  mais  particulièrement  Strabôn , qui,  quoique 
géographe,  en  a mieux  connu  la  nature  que  Pline.  Après  cela, 
je  n’avais  pas  négligé  ce  qu’en  disent,  dans  les  temps  modernes, 


SÉANCE  DU  7 MAI  l85‘2.  ^97 

les  savans , et  en  général  les  voyageurs.  En  m’en  rapportant  à ces 
seuls  documens,  ce  qu’on  appelle  aujourd’hui  mont  Vésuve  pou 
vait  être  pour  moi  un  objet  de  curiosité.  En  fait  de  montagnes  vol- 
caniques, j’étais  depuis  long-temps  familiarisé  avec  les  phéno- 
mènes propres  à ces  sortes  de  montagnes  ; toutefois,  un  point  me 
restait  et  me  revenait  toujours  dans  la  pensée , c’était  la  montagne 
appelée  Somma,  qui  est  presque  contiguë  au  Vésuve,  et  qui  l’en- 
ceint  dans  une  fraction  de  cercle.  Aucun  des  savans  et  des  voya- 
geurs qui  avaient  depuis  long-temps  visité  le  Vésuve  n’avait  com- 
pris cette  singulière  position.  Après  l’avoir  étudiée  long-temps 
et  soigneusement,  je  reconnus  et  pus  constater  les  deux  points 
suivans  : 

» i°  Ce  qu’on  appelle  aujourd’hui  mont  Vésuve  est  un  misé- 
rable usurpateur;  c’est  une  simple  excroissance  moderne  qui  date 
de  la  fameuse  éruption  sous  Titus,  et  qui  s’est , depuis  cette  épo- 
que jusqu’au  moment  présent,  diversement  accrue,  modifiée, 
détériorée , en  raison  des  diverses  éruptions  qui  ont  succédé. 

» 2°  Ce  qu’on  appelle  aujourd’hui  mont  Somma  est  le  reste 
légitime  du  véritable  ancien  mont  Vésuve,  tel  que  les  anciens 
l’ont  connu , que  Strabon  l’a  décrit , et  que  la  fameuse  éruption 
sous  Titus  nous  l’a  laissé,  après  avoir  détruit,  démantelé  et  em- 
porté dans  les  airs  la  principale  masse  de  la  montagne. 

» Pour  l’explication  plus  complète  de  ces  deux  points  , je  dois 
revenir  à ce  qui  a été  l’objet  spécial  de  cette  lettre. 

» J’ai  précédemment  supposé  deux  espèces  de  volcans  cratéri- 
formes  : l’une  formant  des  cratères  d’une  dimension  ordinaire  , 
amas  désordonné  de  matières  violemment  torréfiées , et  desquels 
sont  sortis  en  général  des  courans  de  lave  ; l’autre , dont  les  ori- 
fices sont  d’une  dimension  extraordinaire,  dont  le  pourtour,  soit 
intérieur,  soit  extérieur,  offre  peu  ou  point  de  matières  ignées, 
et  des  flancs  desquels  ne  sont  point  sortis  des  courans  de  lave. 

» En  Auvergne  comme  ailleurs  , on  peut  reconnaître  et  dis- 
tinguer parfaitement  ces  deux  espèces  de  volcanisations  cratéri- 
formes.  Ces  foyers,  quoique  rapprochés  quelquefois , sont  cepen- 
dant toujours  distincts.  L’enceinte  qui  renferme  aujourd’hui  le 
mont  Vésuve  et  le  Somma  offre  à cet  égard  une  particularité  re- 
marquable. 

« En  ce  que  les  deux  espèces  de  volcanisations  ayant  eu  lieu  à la 
fois,  et  presque  dans  le  même  temps,  sur  deux  foyers  extrêmement 
rapprochés,  il  en  est  résulté  d’un  côté  un  mouvement  d’explosion 
par  lequel  l’ancien  mont  Vésuve  presque  entier,  mis  en  pièces  et 
lance  dans  les  airs , a été  au  midi  recouvrir  et  ensevelir  sous  ses 
Soc.  géol.  Tom.  II.  26 


5()8  SÉANCE  DU  7 MAI  1 8 5 K . 

débris  argilo-ponceux  les  malheureuses  villes  de  Pompéia  et  de 
Stabbia  , laissant  à ses  pieds  le  promontoire  qui  forme  aujour- 
d’hui l’ermitage  du  Sauveur ; tandis  qu’un  nouveau  foyer,  formé 
en  conflagration  , s’est  ajouté  au  foyer  d’explosion  , a commencé 
le  mont  Vésuve  d’aujourd’hui,  et  a donné  un  courant  de  lave  qui , 
se  dirigeant  à l’ouest , a été  couvrir  et  ensevelir  Herculanum . 

Jusqu’à  présent , comme  on  n’avait  eu  encore  aucune  notion 
juste  sur  la  différence  des  volcans  d’explosion  dont  les  caractères 
sont  particuliers,  et  qui  ont  produit  tous  les  cratères-lacs , d’avec 
les  volcans  ordinaires  ignés  qui  ont  produit  des  cônes,  amas  de 
déjections  violemment  torréfiées , ainsi  que  des  courans  de  lave , 
il  était  impossible  d’avoir  quelque  lumière  sur  la  nature  du  mont 
Somma,  ainsi  que  sur  le  fragment  de  cratère  d’explosion  qui  en- 
ceint  une  portion  de  ce  qu’on  est  convenu  aujourd’hui  d’appeler 
le  mont  Vésuve. 

» Je  viens,  messieurs,  de  vous  parler  de  mes  recherches  dans 
l’année  1 8 1 3 . En  l’année  1817,  étant  parti  de  Randane  pour 
aller  en  Allemagne  m’assurer  de  quelques  points  sur  lesquels 
je  conservais  de  l’inquiétude , après  avoir  parcouru  la  Hesse, 
la  Saxe  et  une  partie  de  la  Bohême,  j’eus , à mon  retour , à 
m’arrêter  sur  la  rive  gauche  du  Rhin , dans  un  vaste  pays  qu’on 
appelle  YEifell,  entre  Trêves  et  Aix-la-Chapelle.  Je  trouvai  là, 
relativement  aux  volcans  d’explosion  (toujours  cratéri formes) , 
une  nouvelle  et  abondante  source  d’instruction.  Dans  un  grand 
nombre  de  ces  volcans  d’explosion  qui  ont  formé  des  cratères- 
lacs  , et  qui  ont  tous  les  caractères  que  j’ai  Assignés  à ces  cra- 
tères , je  pus  noter  sur  le  pourtour  de  quelques  uns  diverses  zones 
de  matières  torréfiées  intercalées  verticalement  dans  des  masses 
qui  ne  l’étaient  pas  , avec  les  nuances  suivantes  : quelques  cra- 
tères ayant  le  tiers  de  leur  pourtour  en  matières  torréfiées , quel- 
ques autres  seulement  le  quart , quelques  autres  le  cinquième  * 
enfin , j’en  pus  trouver  un  entièrement  dépourvu  de  matières 
torréfiées.  Ce  cratère-lac  a éprouvé  son  explosion  au  sein  d’une 
roche  argileuse  feuilletée, sorte  de  cornéenne,  ou  de  phyllade  des 
géologues  modernes.  Ce  cratère-lac , situé  à environ  trois  lieues 
de  Trêves , a cela  de  particulier  que  son  pourtour  extérieur,  quoi- 
que presque  abrupte,  pourrait  absolument  être  accessible  aux  pas 
de  l’homme.  » 

A l’occasion  des  observations  de  M.  de  Montlosier  sur  les 
cratères  de  soulèvement , M.  Cordier  proteste  fortement  con- 
tre la  réalité  de  ces  prétendus  cratères.  Il  expose  qu’il  n’a 


SÉANCE  DU  7 MAI  1 85îî.  899 

pu  reconnaître  dans  les  volcans  brulans  ou  éteints  que  trois 
sortes  de  cratères,  savoir  : 

i°  Cratères  dans  lesqueïs  les  gaz  seuls  ont  été  en  action , et  ont 
opéré  à la  surface  du  terrain  d’une  manière  tout-à-fait  analogue  à 
l’explosion  des  mines  que  l’on  fait  jouer  dans  l’attaque  et  la  dé- 
fense des  places.  Ces  cratères  ont  peu  ou  point  de  saillie  ; ils  affec- 
tent la  forme  d’un  entonnoir  irrégulier,  dont  les  bords  sont  com- 
posés des  couches  mêmes  du  sol  qui  a été  percé.  Lorsque  ces  cou- 
ches sont  solides , l’affouillement  offre  souvent  des  escarpemens 
peu  ou  point  accessibles.  On  ne  voit  autour  de  l’hiatus  que  les 
débris  dispersés  et  communément  peu  abondans  du  sol  qui  a été 
superficiellement  évidé  par  la  violence  des  gaz. 

20  Cratères  dans  lesquels  l’éruption  des  gaz,  amenant  des  pro- 
fondeurs de  la  terre  de  la  lave  liquide  et  incandescente,  a pro- 
jeté en  l’air  cette  lave  à l’état  de  déjections  incohérentes  de  volu- 
mes divers , et  qui  se  sont  successivement  accumulées  sous  forme 
de  montagne  conique  plus  ou  moins  parfaite  , autour  de  la  che- 
minée éruptive.  Ces  cratères  ont  toujours  une  grande  saillie;  la 
coupe,  abstraction  faite  du  travail  ultérieur  des  solfatares,  est 
toujours  parfaitement  accessible  à l’intérieur. 

3°  Cratères  qui , après  avoir  été  formés  comme  les  précédens, 
ont  fini  par  dégorger  de  la  lave  liquide , qui , en  s’épanchant , a 
plus  ou  moins  échancré  leurs  contours. 

La  formation  de  chacun  de  ces  différens  cratères  effraie  le  vul- 
gaire , et  souvent  même  le  géologue , par  les  détonations  qui  l’ac 
compagnent;  mais  en  résultat,  la  percée  du  sol  n’en  est  pas  moins 
un  phénomène  purement  local , qui  n’affecte  pour  ainsi  dire 
qu’un  point  dans  la  masse  du  terrain  traversé , qui  opère  sans 
soulèvement  aucun  de  cette  masse  , qui  s’effectue  par  une  série 
de  fentes  très  peu  étendues , et  dont  les  effets  paraissent  excessi- 
vement minimes  quand  le  bruit  a cessé.  De  plus , les  tremblemens 
de  terre  accompagnans  ne  laissent  communément  aucune  trace 
sensible  de  bouleversement  dans  la  masse  du  pays  environnant. 
Cette  partie  de  l’écorce  du  globe  est  restée  comme  immuable 
dans  ses  fondemens. 

Quant  à la  dénomination  de  cratère  de  soulèvement , l’associa- 
tion de  ces  deux  mots  est,  selon  M.  Cordier,  presque  vide  de 
sens.  Elle  est,  suivant  lui,  aussi  fausse  et  aussi  vicieuse  que  l’hypo- 
thèse qu’on  a eu  l’intention  de  qualifier  par  son  moyen.  En  ef- 
fet , cette  hypothèse  est  gratuite  ; elle  pose  en  fait  l’existence  et  le 
• renouvellement  multipKe  d’un  phénomène  qui  est  sans  exemple, 


400  SÉANCE  DU  7 MAI  l83‘ii 

et  qui  d'ailleurs,  par  les  forces  prodigieuses  et  purement  locales 
qu’il  aurait  exigées , ne  serait  en  aucun  rapport  avec  l’intensité  et 
la  nature  des  effets  volcaniques  authentiquement  constatés.  Non 
seulement  elle  ne  soutient  pas  un  examen  sérieux  lorsqu’on  l’ap- 
plique à l’état  réel  et  non  systématisé  a priori  des  terrains  volca- 
niques plus  ou  moins  démantelés  -,  qui  sont  antérieurs  au  dernier 
cataclysme  diluvien  • mais  à plus  forte  raison  est-elle  complète- 
ment en  défaut  lorsqu’on  veut  s’en  servir  pour  expliquer  iso- 
lément certaines  formes  du  relief  de  tous  les  autres  terrains,  au 
lieu  de  reconnaître  que  ces  formes  ne  sont  que  des  cas  particuliers 
au  milieu  de  tous  ceux  qui  ont  été  produits  par  les  ruptures  suc- 
cessives , par  les  dislocations  plus  ou  moins  générales  que  l’écorce 
die  la  terre  a éprouvées  dans  toute  sa  masse.  Sous  ce  dernier  point 
de  vue  l’hypothèse  dont  il  s’agit  n’est  propre,  d’une  part,  qu’à 
induire  en  erreur  les  géologues  peu  exercés , en  leur  faisant  croire 
qu’il  y a identité  entre  les  effets  volcaniques  observés  et  observa- 
bles , et  quelques  unes  des  cavités  non  volcaniques  du  relief  de  la 
terre , qui  d’ailleurs  s’expliquent  si  naturellement  et  si  évidem- 
ment, suivant  M.  Cordier,  en  les  rapportant  aux  causes  générales 
qui  ont  occasioné  et  reproduit  les  grands  phénomènes  de  la  dis- 
location de  l’écorce  du  globe  ; et  d’une  autre  part  à rapetisser  et 
à fausser  l’idée  qu’on  doit  avoir  des  effets  si  variés  de  ces  iinmen 
ses  phénomènes. 

A l’occasion  dé  la  communication  faite  à la  Société  par 
M.  Cordier,  M.  Élie  de  Beaumont  présente  l’analyse  d’un 
Mémoire  auquel  il  travaille  en  commun  avec  M.  Dufrénoy, 
sur  les  cratères  de  soulèvement  qu’on  observe  dans  les  con- 
trées volcaniques  de  l’intérieur  de  la  France. 

Ces  deux  géologues  pensent  : 

i°  Que  le  groupe  du  Cantal  présente  un  cratère  de  soulève- 
ment dont  la  crête  circulaire  comprend  nommément  les  cimes  du 
Plomb-du-Cantal  et  duPuy-Mary , dont  les  vallées  de  Mandailles, 
de  Vie,  de  Murat,  de  Dienne  et  du  Falghoux  forment  les  cre- 
vasses de  déchirement , et  dont  le  point  central  est  occupé  par 
une  masse  de  phonolithe  tabulaire,  dont  le  Puy-de-Griou  est  la 
cime  la  plus  élevée  ; 

2°  Que  les  masses  de  phonolite  tabulaire  qui  constituent  la  roche 
Sanadoire  , la  roche  Tuilière , et  une  troisième  roche  plus  petite, 
mais  de  même  nature,  qui  avoisine  les  deux  premières , forment 


SÉANCE  DU  7 MAI  l832.  4^1 

de  même  un  centre  de  relèvement  par  rapport  aux  nappes  de  tra- 
chytes  et  de  conglomérats  trachytiques  qui  constituent  le  sol  en- 
vironnant, supportent  les  pâturages  voisins  du  lac  de  Guery,  et 
viennent  présenter  leurs  tranches  dans  les  escarpemens  qui  font 
face  aux  roches  de  phonolithe  précitées , et  les  entourent  en 
partie  ; 

3°  Que  le  groupe  du  Mont-Dore,  proprement  dit , présente 
lui-même  un  cratère  de  soulèvement,  dont  la  haute  vallée  de  la 
Dordogne,  et  celle  beaucoup  plus  courte  où  la  Tranteine  com- 
mence son  cours,  forment  les  crevasses  de  déchirement,  dont  la 
crête  circulaire  comprend  nommément  le  Puy-Gros,  le  Puy-de- 
l’Aiguillier*  le  Puy-Ferrand,  le  Puy-de-la-Grange , le  plateau 
de  Cacadogue  , le  roc  de  Cuzeau,  le  Puy-du-Cliergue,  et  le  pan 
de  la  Grange,  et  dont  le  point  central  est  occupé  par  la  réunion 
de  filons  de  trachyte , roche  qui  constitue  la  masse  dentelée  du 
Puy-de  Sancy  et  de  ses  annexes. 

Ils  croient  aussi  pouvoir  prouver  que  la  formation  de  ces  dif- 
féreras cratères  de  soulèvement  est  plus  moderne  que  l’épanche- 
ment des  Basaltes,  et  qu’elle  est  le  résultat  d’une  commotion  sou- 
terraine particulière,  qui  a eu  lieu  entre  la  période  des  Basaltes 
et  celle  des  volcans  à cratères. 

M.  Cordier  entre  dans  quelques  détails  sur  ces  mêmes  sys- 
tèmes volcaniques  de  l’intérieur  de  la  France. 

« Dans  les  vallées  plus  ou  moins  convergentes  du  Mont-Dore  et 
du  Cantal,  dans  les  cirques  qui  terminent  chaque  vallée,  dans  les 
massifs  et  les  mamelons  centraux,  dans  les  longs  plateaux  à gra- 
dins qui  séparent  les  vallées , dans  les  gibbosités  à surfaces  ordi- 
nairement planes  qui  sont  disséminées  sur  quelques  plateaux , 
dans  les  chapeaux  de  laves  isolés  qui  correspondent  à ces  mê- 
mes plateaux  vers  les  plaines,  M.  Cordier  ne  voit  que  les  ré- 
sidus d’une  immense  accumulation  de  courans  de  toute  espèce  , 
alternant  avec  des  couches  de  déjections  incohérentes , les  unes 
encore  meubles,  et  les  autres  consolidées;  accumulation  qui  s’é- 
levait autrefois  en  forme  conique  très  surbaissée,  comme  les 
grands  volcans  brûlans  actuels,  que  des  filons  et  des  amas  colon- 
nades de  lave  de  toute  espèce  avaient  successivement  traversée, 
à mesure  que  les  tremblemens  de  terre  formaient  des  fentes  et  que 
des  laves  pressées  dans  des  sens  divers  pouvaient  s’y  introduire, 
et  qu’enfin  la  grande  érosion  diluvienne  qui  est  admise  parles  géo- 
logues est  venue  dénuder,  démanteler  et  sillonner  à des  profon- 


4oa  séance  DU  7 MAI  iSSîJ. 

deurs  aussi  variables  que  les  résistances;  Une  foule  de  faits  prouvent 
que  toutes  les  couches  volcaniques  sont  en  place  et  à leur  niveau 
primitif.  Elles  remontent  toutes  avec  une  pente  de  quelques  de- 
grés vers  le  centre  du  massif  des  montagnes  , parce  que  c’est  de  ce 
centre  ou  des  points  qui  en  étaient  voisins  qu’elles  sont  sorties 
pour  s’étendre  au  loin,  ou  pour  couler  en  rayonnant  vers  les 
plaines.  Dans  le  but  d’expliquer  un  état  de  choses  si  simple  et  si 
naturel , l’hypothèse  des  prétendus  cratères  de  soulèvement  est 
complètement  superflue.  Il  est  bien  inutile  d’invoquer  à cet  effet 
des  forces  insolites , imaginaires  , purement  locales  et  vraiment 
merveilleuses , puisqu’elles  auraient  eu  à remuer  l’écorce  de  la 
terre  jusque  dans  ses  fondemens  (io  à 20  lieues  d’épaisseur  au 
moins),  sur  une  étendue  de  près  de  douze  lieues  de  diamètre 
(plus  de  cent  lieues  carrées  de  surface).  M.  Cordier  fait  un  grand 
nombre  de  remarques  pour  prouver  que  l’état  des  lieux  ne  répond 
nullement  à l’hypothèse  dont  il  s’agit.  Il  insiste  surtout  sur  ce 
qu’on  attribue  à l’hypothèse  des  effets  précisément  contraires  à ce 
qu’indiquent  les  plus  simples  notions  delà  géométrie  des  solides. 
Ainsi,  par  exemple,  tout  est  plein  et  formé  de  couches  successi- 
ves à peu  près  horizontales  au  centre  du  Mont-Dore  et  du  Cantal 
( sauf  quelques  filons  et  quelques  amas  colonnaires  qui  indiquent 
la  place  de  diverses  cheminées  éruptives),  et  d’une  autre  part  les 
vallées  vont  en  s’élargissant  et  en  se  multipliant  du  centre  vers  la 
circonférence.  Or,  le  prétendu  soulèvement  aurait  produit  un 
effet  absolument  différent  * il  devrait  y avoir  au  centre  de  ces 
deux  massifs  de  montagnes  un  immense  entonnoir , un  gouffre 
énorme,  profond  de  toute  l’épaisseur  du  sol  primordial  qui  sup- 
porte la  pellicule  volcanique , large  en  proportion  de  cette  épais- 
seur, dont  la  bordure  serait  au  moins  superficiellement  dessinée, 
malgré  les  matières  adventives  qui  auraient  pu  le  combler  en 
partie , et  duquel  partiraient  d’énormes  crevasses , des  gorges  es- 
carpées, qui  se  rétréciraient  en  s’éloignant  du  centre  commun  , 
et  viendraient  se  fermer  et  disparaître  à la  circonférence.  » 

M.  Cordier  expose  ensuite  que  l’hypothèse  des  prétendus  cra- 
tères de  soulèvement  est  encore  bien  moins  applicable  aux  grands 
massifs  volcaniques  anté-diluviens , dont  la  dégradation  superfi- 
cielle n’a  pas  eu  lieu  avec  la  spécieuse  régularité  du  Cantal  et  du 
Mont-Dore.  Il  cite  notamment  le  grand  massif  du  Mézin  dans  le 
Vivarais  , lequel  est  presque  entièrement  démantelé  du  côté  de 
l’est,  tandis  que  les  autres  faces  n’ont  presque  pas  été  entamées. 

Il  termine  en  faisant  remarquer  i°  que  dans  tous  les  grands 
systèmes  de  volcans  brûlans,  tels  que  l’Etna  et  le  Vésuve,  les  cou- 


SÉANCE  DU  7 MAI  l802.  t\ o5 

clies  sont  naturellement  relevées  vers  un  centre  commun  , et  dis- 
posées précisément  comme  dans  le  Mont-Dore  et  dans  le  Cantal. 
3°  Que  si  une  grande  érosion  diluvienne  dans  le  genre  de  celle  qui 
est  admise  par  tous  les  géologues,  et  qui  a plus  particulièrement 
lacéré  la  surface  des  terrains  tertiaires  que  celles  de  tous  les  au- 
tres , venait  à se  reproduire  et  à atteindre  ces  grands  systèmes  de 
volcans  brûlans , l’effet  de  cette  catastrophe  serait  incontestable- 
ment d’entamer  chaque  système , de  manière  à produire  toutes 
les  modifications  de  relief  que  présentent  non  seulement  les  grands 
massifs  démantelés  de  l’ intérieur  de  la  France,  mais  encore  toutes 
celles  qui  caractérisent  l’aspect  particulier  des  îles  de  l’Archipel 
grec , de  Lipari , de  Madère  , des  Canaries , et  de  tous  les  lambeaux 
volcaniques  du  même  temps,  qui  sont  dispersés  soit  au  sein  de 
l’Océan  , soit  à la  surface  des  continens, 

— M.  Cordier  communique  l’extrait  d’une  lettre  qui  lui  a 
été  adressée  de  Naples  par  M.  Constant  Prévost;  à cette  let- 
tre étaient  jointes  une  carte  géologique  de  la  Sicile  et  deux 
coupes  générales  des  terrains  de  cette  île,  qui  sont  mises 
sous  les  yeux  de  la  société  : la  première  des  deux  coupes, 
allant  de  Trapani  (extrémité  nord-ouest)  au  cap  Passaro , en 
passant  par  Palerme , Ficari , F a lie- Lun  ga^  C altanisette , 
Castrogiovcini , Piazza , Calatagirone , Fizzini , Modlca t 
PachinOj  a pour  objet  d’indiquer  non  seulement  le  nombre 
et  les  rapports  des  terrains  qui  ont  été  observés  par  M.  Con- 
stant Prevosf , mais  encore  de  donner,  autant  que  possible, 
l’idée  de  la  physionomie  de  la  surface  du  sol  ; l’autre  coupe 
remonte  du  cap  Passaro  jusqu’à  celui  de  Melazzo  au  nord, 
en  passant  par  Catane,  coupant  l’Etna,  et  la  chaîne  des  ter- 
rains anciens  qui  sépare  ce  volcan  de  la  presqu’île  de  Me- 
lazzo. 

La  lettre  de  M.  Constant  Prévost  étant  un  long  mémoire 
qui  contient  le  résumé  des  observations  qu’il  a été  à même 
de  faire  en  Sicile,  le  Bulletin  doit  se  borner  aux  citations 
suivantes  : 

« Le  aB  janvier  j’ai  quitté  Palerme,  et  je  me  suis  dirigé  par 
Caltanisctte , Castrogiovani , etc.,  sur  Militello,  Palagonia  et 
Vizziiii , où  j’ai  trouvé  la  preuve  que  je  cherchais,  de  véritables 
alternances  entre  les  produits  volcaniques  et  les  calcaires  tertiai- 


4o4  SÉANCE  DU  7 MAI  l852. 

res.  Je  suis  disposé  à croire  que  les  roches  volcaniques  sous- ma- 
rines de  ces  contrées,  depuis  le  cap  Passaro  jusqu’au  bord  sud  de 
la  plaine  de  Catane , n’appartiennent  pas  à une  même  épo  que;  les 
plus  anciennes  sont  peut-être  antérieures  à la  craie  qui  reposerait 
dessus;  d’autres,  parmi  lesquelles  sont  de  véritables  basaltes, 
semblent  avoir  traversé  de  bas  en  haut  les  dépôts  calcaires  (la 
craie  et  le  calcaire  tertiaire  ancien  ) qui  ont  été  quelquefois  alté- 
rés au  contact , tandis  que  de  plus  nouvelles  roches , qui  ressem- 
blent beaucoup  plus  aussi  aux  laves  modernes,  auraient  coulé 
pendant  le  dépôt  du  calcaire  tertiaire  récent , avec  les  bancs 
duquel  elles  alternent.  Il  en  est  de  ces  produits  et  phénomènes 
volcaniques  comme  des  calcaires  qu’ils  accompagnent  : ceux-ci 
passent  de  l’un  à l’autre  par  des  nuances  presque  insensibles  de- 
puis la  craie  inclusivement  jusqu’aux  sédimens  qui  se  déposent  et 
se  consolident  encore  maintenant , et  si  dans  une  localité  on  voit 
des  caractères  et  des  superpositions  qui  semblent  annoncer  des  pé- 
riodes bien  tranchées,  dans  une  autre  on  trouve  des  transitions 
graduées.  C’est  ainsi  que  de  Syracuse  à Pachino  par  Noto,  on 
voit  les  terrains  tertiaires  les  plus  modernes  passer  graduellement 
à la  craie,  transition  que  l’on  retrouve  encore  aux  environs  de 
Trapani , au  pied  du  mont  Erix.  » 

A l’occasion  des  dépôts  gypseux  et  sulfureux , dont  l’âge 
relatif  paraît  difficile  à déterminer  rigoureusement,  M.  Con- 
stant Prévost  entre  dans  une  discussion  assez  étendue  pour 
appuyer  son  opinion  qu’ils  sont  placés  à la  limite  des  terrains 
tertiaires  et  secondaires  plutôt  qu’au  milieu  de  la  formation 
de  ceux-ci. 

« L’association  presque  constante  du  gypse,  du  soufre, 

du  sel  gemme,  avec  deux  roches  calcaires,  dont  l’une  marneuse, 
tendre,  est  très  analogue  par  ses  caractères  extérieurs,  soit  à la 
craie,  soit  plus  encore  peut-être  aux  marnes  du  gypse  des  envi- 
rons d ' Argenteuil  près  Paris , et  l’autre,  également  blanche,  plus 
dure,  caverneuse,  et  offrant  des  parties  siliceuses  qui  la  font  res- 
sembler quelquefois  de  la  manière  la  plus  exacte  à notre  calcaire 
de  Champigny , et  même  aux  meulières  inférieures,  est  un  des 
principaux  traits  de  la  géologie  de  la  Sicile.  Cette  grande  forma- 
tion , pour  ainsi  dire  mixte  entre  les  sédimens  et  les  précipités , 
dans  les  caractères  particuliers  de  laquelle  on  reconnaît  avec  les 
effets  d’un  dissolvant  liquide,  l’influence  plus  ou  moins  directe 
d’un  ou  de  plusieurs  agens  qui  auraient  exercé  leur  action  de  bas 


SÉANCE  BU  7 MAI  l852.  4o& 

en  haut,  se  voit  dans  presque  toutes  les  parties  de  la  Sicile,  depuis 
les  environs  de  Melazzo  jusqu’à  Trapani , et  de  là  à la  plaine  de 
Catane;  partout  elle  a le  même  faciès ; mais  elle  n’est  pas  conti- 
nue : elle  apparaît , çà  et  là,  comme  des  mamelons  isolés , et  quel- 
quefois formant  de  longues  collines  à surface  très  tourmentée  qui 
semblent  s’élever  du  fond  de  bassins  ou  de  vallées  ouverts  dans 
des  terrains  d’âge  très  différent...  » 

En  preuve  de  cette  disposition , M.  Constant  Prévost 
donne  dans  sa  lettre  quatre  coupes  relatives  à ces  différens 
gisemens,  et  après  être  entré  dans  quelques  détails  explica- 
tifs , il  ajoute  : 

« Je  n’ai  voulu  présenter  que  quelques  faits  pour  f^ire  voir  à 
quoi  tient  la  difficulté  que  présente  la  solution  de  cette  question 
du  gisement  de  la  formation  gypseusej  elle  tient  sans  doute  au 
mode  de  production  des  substances  dont  elle  se  compose  : si 
celles-ci  ou  les  élémens  qui  ont  contribué  à les  former  ont  pris  leur 
source  dans  le  sein  de  la  terre , ils  ont  pu  traverser  des  terrains  de 
différens  âges  et  s’arrêter  à différens  étages,  soit  que  le  phéno- 
mène ait  eu  lieu  à diverses  époques , ou  seulement  à une  époque 
récente. 

» ...  De  Vizzini  j’ai  rejoint  la  côte  méridionale  à Terra-Nova,  et 
l’ai  suivie  jusqu’à  Trapani  • j’ai  visité  les  exploitations  de  soufre  de 
Catolica  si  riches  en  beaux  cristaux  de  strontiane,  de  soufre  et 
de  gypse  ; j’ai  étudié  avec  soin  les  volcans  boueux  de  Maealuba, 
dont  j’avais  vu  précédemment  un  exemple  auprès  de  Calta- 
nisette... 

» Il  m’a  semblé  , autant  que  l’on  peut  en  juger  dans  une 

course  aussi  rapide,  que  l’on  pourrait  reconnaître  deux  époques 
distinctes  dans  la  formation  des  anfractuosités  principales  du  sol 
de  la  Sicile  -,  leslignes  saillantes  dirigées  du  N. -O.  au  S.-E.  (de  Tra 
pani,  Palerme,  etc. , au  cap  Passaro)  se  rapporteraient  à l’époque 
d’apparition  delà  chaîne  des  Pyrénées  j et  en  effet  les  terrains  ter- 
tiaires déposés  postérieurement  reposent  sur  la  craie  en  superposi- 
tion contrastante,  et  ils  sont  généralement  en  place  ) la  deuxième 
époque  comprendrait  les  montagnes  de  la  pointe  de  Messine  , 
qui,  quoique  composées  des  roches  les  plus  anciennes,  sont  di- 
rigées duN.-E.  au  S.-O.,  et  n’auraient  apparu  qu’après  le  dépôt 
du  calcaire  tertiaire  récent  qui  a été  déchiré,  bouleversé  par  ces 
roches  anciennes,  ainsi  qu’on  le  voit  à Melazzo  et  auprès  de 
Messine...  C’est  entre  Nicosia  et  Pâli  que  l’intersection  aurait  lieu, 


4o6  SÉANCE  DU  7 MAI  l85i. 

et  c’est  aussi  le  point  où  les  différentes  formations  sont  le  plus 
difficiles  à séparer  j c’est  le  point  que  Ton  désigne  vulgairement 
comme  l’ombilic  de  la  Sicile. 

» J’ai  vu  dans  beaucoup  de  lieux  plusieurs  lignes  de  ni- 

veau qui  attestent  le  séjour  des  eaux  postérieurement  à l’état  ac- 
tuel du  sol.» 

Note  explicative  jointe  à la  carte  et  aux  coupes  géologi- 
ques de  la  Sicile , envoyées  par  M.  C.  Prévost.  ( V oir  la 
coupe  A,  JB.) 

A.  Massif  des  monts  Pelores , qui  s’étend  depuis  la  pointe 
Rasocolun  jusqu’à  la  base  de  l’Etna.  La  partie  centrale  et  extrême 
est  occupée  par  des  roches  cristallisées  feldspathiques  et  micacées, 
qui,  par  leurs  caractères , tiennent  le  milieu  entre  le  gneiss  et  les 
vrais  granités;  le  granité  ne  forme  pas  de  grandes  masses,  mais 
presque  toujours  des  filons  très  divisés,  qui  semblent  avoir  péné- 
tré les  roches  feuilletées;  celles-ci  passent  aux  phyllades  qui  alter- 
nent avec  des  bancs  de  calcaire  et  de  grès , et  des  conglomérats  de 
roches  anciennes.  — Le  calcaire  marbre,  à entroques,  ammonites 
et  même  bélemnites  de  Taormine,  des  Madonies  et  des  environs  de 
Palerme,  alterne  dans  la  partie  inférieure  avec  ces  grès  et  schistes. 

B.  Calcaire  de  Taormine , des  Madonies  et  des  environs  de 
Palerme.  Il  est  d’un  gris  bleuâtre,  en  bancs  puissans,  très  peu 
distincts  dans  certains  lieux  ( monte  Pelegrino , Cefalii ),  et  en  d’au- 
tres il  est  en  assises  nombreuses  de  quelques  pouces  d’épaisseur 
qui  alternent  avec  des  schistes  ( Ter  mini , Taormine );  cette  der- 
nière disposition  indique  plutôt  la  partie  inférieure  de  la  formation. 

Il  renferme  des  entroques , des  térébratules , des  ammonites , 
des  bélemnites  ; quelques  bancs  supérieurs  sont  oolitiques 
( Taormine'). 

C.  Calcaire  du  mont  Érix.  Il  a tous  les  caractères  de  la  craie, 
et  contient  des  bélemnites,  hippurites,  nummulites,  huîtres,  des 
silex  blonds  et  noirs  ; il  est  en  assises  nombreuses  et  distinctes,  et 
beaucoup  plus  blanc  que  le  précédent,  auquel  il  se  lie  d’une  ma- 
nière insensible , ainsi  qu’on  peut  le  voir  au  sud  d’Alcamo  ; c’est 
la  partie  supérieure  d’une  même  grande  formation  calcaire. 

C’est  lui  qui  constitue  les  monts  Saint-Calogéro  de  Sciacca  , les 
monts  de  Calatabelota  et  le  mont  Camarata,  qui  a 4>^oo  pieds 
d’élévation  ; il  reparaît  à la  pointe  du  cap  Passaro. 

I).  Terrain  tertiaire  ancien  dont  la  partie  inférieure,  que  l’on 
voit  a Noto  et  auprès  de  Pachino , forme  une  sorte  de  transition 


I 


SÉANCE  DU  7 MAI  l85^.  4°7 

avec  la  craie , tandis  que  la  partie  supérieure  paraît  devoir  se  rap- 
porter plutôt  aux  calcaires  du  midi  de  la  France  qu’au  calcaire 
grossier  de  Paris. 

E.  Calcaire  tertiaire  plus  récent , généralement  plus  sablon- 
neux, contenant  les  mêmes  fossiles  que  le  précédent,  dont  il  est 
impossible  de  le  distinguer  lorsqu’il  le  recouvre  d"une  manière 
concordante  ; — mais  quelquefois  la  superposition  est  contrastante, 
il  remplit  même  des  anfractuosités  et  des  fentes  dans  le  premier 
( Syracuse , Trapani  ).  Le  calcaire  D a été  traversé  par  des  roches 
volcaniques  du  Yal  di  Noto  , et  souvent  il  a été  altéré  par  elles , 
au  point  de  contact , tandis  que  le  calcaire  E repose  sur  les 
mêmes  roches  volcaniques  dont  il  contient  de  nombreux  fragmens. 

F.  Les  deux  calcaires  tertiaires  couronnent  tous  les  plateaux  du 
centre  et  du  midi  de  File;  ils  reposent  évidemment  sur  des  argiles 
verdâtres  et  grises , dont  la  puissance  augmente  progressivement 
en  allant  d’orient  en  occident  (de  Terra-Nova  à Girgenti ),  et  au 
centre  de  l’île. 

Les  argiles  sont  quelquefois  recouvertes  par  des  bancs  puissans 
j de  cailloux  roulés  et  de  pouddings  ( ogliastro  ) , qui  paraissent 
être  un  équivalent  du  calcaire  tertiaire  ancien . 

G.  Formation  gypseuse , se  composant  1 ° de  calcaire  marneux 
à parties  tendres  et  parties  dures  , souvent  siliceuses  ( tout-à-fait 
semblable  au  calcaire  de  Champigny  et  aux  meulières  de  ce  cal- 
caire); 2°  de  gypse  en  grands  amas  cristallisés  ou  quelquefois  stra- 
tifiés , ayant  alors  les  caractères  extérieurs  du  gypse  parisien  ; les 
couches  sont , ou  horizontales , ou  plus  souvent  contournées  et 
même  verticales  ( Calatagirone) 3°  de  la  marne  blanche  tendre , 
renfermant  partout  ( Termini , Calatagirone , Sciacca,  Alcamo ) 
de  petits  corps  sphériques  microscopiques  ; ces  marnes,  qui  res- 
semblent à la  craie  tendre,  ont  encore  plus  d’analogie  avec  les 
marnes  d ' ArgenteuiL 

C’est  dans  un  calcaire  qui  diffère  peu  de  celui  qui  accompagne 
toujours  le  gypse  que  l’on  trouve  le  soufre  qui  le  pénètre  inti- 
mement et  remplit  toutes  ses  cavités. 

Quelquefois  le  gypse  est  en  amas  au  milieu  des  argiles,  ainsi 
que  le  sel  qui  est  recouvert  par  le  gypse  ( Alimena , Catolica). 

II.  Roches  volcaniques  sous-marines.  Il  faut  en  distinguer 
de  plusieurs  époques,  celles  du  cap  Passaro  et  de  Sortino  pa- 
raissent plus  anciennes  que  celles  de'Militello  et  de  Yizzini. 

On  met  en  discussion  le  point  de  la  France  sur  lequel  la 
Société  tiendra  cette  année  ses  séances  extraordinaires. 


4*>8  SÉANCE  DU  2 1 MAI  1:83g.. 

La  Société  décide  , après  examen  des  diverses  localités 
proposées  dans  le  conseil,  que  la  réunion  d’automne  aura 
lieu  à Caen  (Calvados),  du  1er  au  5 septembre.. 


Séance  du  21  mai  1832. 

Présidence  M.  Brongniart. 

Après  la  lecture  et  l’adoption  du  procès-verbal  de  la  der- 
nière séance,  M,  le  président  proclame  membres  de  la  Société  : 

M.  Le  Yalois,  ingénieur  des  mines  à Dieuze,  présenté  par 
MM.  Êlie  de  Beaumont  et  Dufrénoy. 

Labbé  Croizet,  curé  de  Nechers,  près  d’Issoire  (Puy-de- 
Dôme),  présenté  par  MM.  Dufrénoy  et  Éiie  de  Beaumont. 

La  Société  reçoit  les  ouvrages  suivans  : 

i°  De  la  part  de  M.  Nérée  Boubée,  la  première  demi-li- 
vraison de  son  Recueil  d itinéraires  pour  servir  de  guide  au 
minéralogiste^  au  conchjliologiste  et  au  géologue t dans  toute 
la  F rance , accompagné  d'un  Bulletin  de  nouveaux  gise- 
mens  pour  toutes  les  parties  de  l'histoire  naturelle.  In-ia. 
Paris,  i832. 

2°  La  quatrième  partie  du  premier  volume  de  la  Revue 
normande , sous  la  direction  de  M.  de  Gaumont. 

3°  Le  N°  27  (juin  i83a)  du  Magasin  d’ histoire  naturelle } 
par  M.  Loudon. 

4°  Le  N°  11  (novembre  i85i)  du  Bulletin  des  sciences 
naturelles  et  de  géologie , sous  la  direction  de  M.  de  Fé- 
russac. 

5°  Le  N°io7  (mars  1852)  du  Bulletin  de  la  société  de 
géographie  de  Paris. 

6°  Les  numéros  24  et  25  de  l'Européen  3 journal  des 
sciences  morales  et  économiques. 

70  Les  numéros  24  et  2 5 des  procès-verbaux  de  la  société 
géologique  de  Londres . 

8°  Le  N°  1 7 du  deuxième  volume  du  Journal  des  travaux 
de  l'Académie  de  l'industrie  agricole , manufacturière  et 
commerciale , fondée  à Paris  par  M.  César  Moreau. 

— Ou  lit  une  lettre  de  M.  Steininger,  traduite  de  l’allemand 


SEANCE  DÛ  2 1 MAI  l852.  4oq 

par  M.  Boue.  Cette  lettre  est  accompagnée  d’un  assez  grand 
nombre  de  figures  d’espèces  nouvelles  de  fossiles  des  terrains 
dé  transition  de  l’Eiffel,  que  la  Société  juge  dignes  d’être 
publiées  dans  ses  Mémoires. 

— M.  Reynaud  lit  une  Note  sur  la  géologie  de  la  Corse, 
En  voici  le  résumé  : 


« Les  observations  générales  que  renferme  cette  note  me  por- 
tent à regarder  les  montagnes  occidentales  de  la  Corse  comme 
indépendantes,  au  moins  en  partie,  des  montagnes  orientales, 
et,  suivant  toute  apparence,  d’un  âge  antérieur.  En  considé- 
rant cette  partie  de  l’île  en  elle-même,  et  suivant  l’indication  de 
ce  cachet  si  saillant  qui  y a empreint  la  direction  O. -S. -O.,  on 
est  porté  à la  comparer  à la  partie  granitique  du  département 
du  Var  et  à quelques  parties  des  Pyrénées,  qui  sont  sillonnées 
à peu  près  dans  le  même  sens. 

» La  grande  netteté  de  direction  que  présente  la  longue  chaîne 
N.-S.  de  la  Corse  et  de  la  Sardaigne,  son  antériorité  au  dépôt 
de  l’étage  tertiaire , et  son  rapport  avec  la  sortie  des  trachytes , 
ï permettent  de  rattacher  ce  point  du  bassin  de  la  Méditerranée 
! à quelques  uns  des  accidens  du  continent  européen. 

» La  position  horizontale  du  calcaired’Aleria  au  pied  des 
couches  inclinées  des  montagnes  de  Fiumorbo , le  dépôt  de  Saint- 
Florent,  compris  dans  le  fond  d’un  golfe  déterminé  par  les  rides 
N.-S.,  et  chargé  des  débris  des  roches  talqucuses  et  serpent» ncuses 
qui  paraissent  contemporaines  du  soulèvement  des  montagnes  sur 
lesquelles  il  repose , ne  permettent  pas  de  douter  que  le  relief 
de  la  zone  orientale  n’existât  déjà,  au  moins  en  partie,  au  mo- 
ment de  la  formation  du  terrain  tertiaire.  Des  dislocations  parti- 
culières ont  dû.  amener  la  différence  qui  se  rencontre  dans  la 
hauteur  de  ce  terrain  au-dessus  du  niveau  de  la  mer.  Des  trois 
lambeaux  que  j’ai  décrits,  celui  de  Saint-Florent  est  celui  dont  les 
couches  présentent  les  indices  les  plus  frappans  de  soulèvement. 
La  grande  arête  de  fracture  court  à très  peu  de  chose  près  dans 
la  direction  S.  25°  O.  Peut  être  les  mouvemens  dus  à l’action  des 
serpentines  se  sOnt-ils  continués  postérieurement  au  soulèvement 
de  la  grande  chaîne.  À Bonifacio  les  couches  sont  surtout  inclinées 
dans  le  voisinage  des  grandes  fissures , leur  inclinaison  atteint  en 
quelques  points  8 à 10  degrés,  et  près  de  Canetta  on  voit  sortir 
du  calcaire  une  petite  source  chargée  d’hydrosulfate  comme  dans 
le  Fiumorbo. 


4»0  SÉANCE  DU  21  MAI  l852. 

» Les  fissures  profondes  qu’on  observe  dans  quelques  parties  du  j 
cap  corsé,  surtout  aux  environs  de  Bastia,  et  le  dépôt  considéra- 
ble de  blocs  roules  , mélangés  d’argile  et  de  sable  grossier  qui  for-  ■ 
ment  la  plaine  marécageuse  de  Biguglia , ont  probablement  qnel- 
que  rapport  ^vec  le  soulèvement  du  terrain  de  Saint-Florent  qui  i 
se  trouve  dans  leur  voisinage. 

» Au  reste,  le  sol  de  la  Corse  ne  paraît  avoir  subi  aucune  variation 
de  niveau  depuis  les  temps  historiques.  Il  existe  sur  le  littoral  i 
deux  points  de  repère  qui  permettent  d’en  faire  une  vérification 
assez  exacte.  L étang  de  Diane  , qui  formait  le  port  de  la  ville  an- 
tique d'Aleria , a conservé  Une  profondeur  qui  le  rendrait  encore 
commode  aujourd’hui  pour  les  bâtimens  de  petite  dimension, 
si,  par  suite  de  son  abandon,  l'entrée  n’en  avait  été  complètement 
ensablee.  L île  de  Cavalo , dans  le  détroit  de  Bonifacio  , a servi 
long- temps  de  carrière  aux  Bomains  qui  y faisaient  exploiter  par 
leurs  esclaves  un  beau  granité  grisâtre  à grains  fins  : on  voit  en- 
core la  petite  anse  dans  laquelle  les  navires  venaient  charger  les 
blocs  et  les  colonnes , et  le  pilier  tout  usé  auquel  on  attachait  les 
amarres.  En  Sardaigne , on  retrouve  des  carrières  analogues , mais 
leur  caractère  de  stabilité  n’est  point  démontré  par  une  preuve 
aussi  claire. 

» J e ne  puis  terminer  cette  note,  qui  ne  sera  peut-être  pas  inutile 
aux  personnes  qui  visiteront  apres  moi  la  Corse,  sans  joindre  aux 
renseignemens  des  points  que  j’ai  visités , l’indication  de  ceux  que 
j’aurais  voulumieux  voir,  et  sans  appeler  leur  attention  sur  Fétude 
de  la  Serra  del  Prato  et  de  la  Serra  d’Ese , sur  celle  de  la  Pienosa, 
et  sur  celle  assez  commode  dans  la  bonne  saison , des  terrains  de 
la  plaine  d’Aleria.  » 

— M.  Dufrénoy  lit  un  mémoire  intitulé:  Sur  la  relation 
des  ophiteSj  des  gypses  et  des  sources  des  Pyrénées , et  sur  ; 
C époque  à laquelle  remonte  leur  apparition. 

Les  conclusions  de  ce  Mémoire  sont  : 

i°  L’ophite,  presque  constamment  composé  d’amphibole  et  de 
feldspath  distincts,  est  quelquefois  homogène;  il  ressemble  alors 
****  pyroxene  en  masse  ou  Lherzolite  ; dans  quelques  localités  rares 
cette  roche  est  amygdaloide. 

2°  Cette  roche , produite  par  soulèvement , occasione  toujours 
par  sa  présence  des  dérangemens  dans  les  terrains  stratifiés  auprès 
desquels  elle  se  trouve.  Ces  dérangemens  sont  fréquemment  ac- 
compagnés de  brèches. 


SÉANCE  DU  4 JUI^  l85a.  4 11 

3°  L’ophite  est  venu  au  jour  à une  époque  qui  est  comprise  en- 
tre les  terrains  tertiaires  les  plus  modernes  (ceux  qui  correspon- 
dent aux  terrains  de  la  Bresse  ) et  les  terrains  d’alluvion  du  com- 
mencement de  l’époque  actuelle. 

4°  Son  action  s’est  fait  sentir  suivant  des  lignes  qui  courent 
E.  i8°  N.  à O.  i8°  S.  Une  grande  partie  de  la  Catalogne,  de  la 
Navarre  et  de  la  Biscaye , des  Pyrénées-Orientales  et  des  Basses- 
Pyrénées  doit  sa  forme  actuelle  à ce  soulèvement.  Il  se  rapproche 
par  sa  direction  du  système  principal  des  Alpes,  et  paraît  en  être 
une  dépendance*  malgré  l’intensité  considérable  de  cette  action  , 
î’ophite  ne  forme  ordinairement  que  des  monticules  de  peu 
d’étendue. 

5°  L’ophite  est  constamment  accompagné  de  gypse,  et  fré- 
quemment de  sel  gemme.  L’existence  du  sel  n’est  souvent  annon- 
cée que  par  des  sources  salées. 

6°  Les  terrains  calcaires  ont  éprouvé  fréquemment  des  altéra- 
tions par  la  présence  de  l’ophite , les  parties  en  contact  avec  cette 
roche,  presque  toujours  caverneuses,  sont  à l’état  de  dolomie. 

| Le  gypse  lui-même  n’est  peut-être  que  le  résultat  d’une  altéra- 
j tion  du  même  genre. 

7°  Enfin,  l’ophite  est  souvent  accompagné  de  beaucoup  de  sub 
stances  étrangères , telles  que  fers  oxiduiés , fer  oligiste , quarz 
cristallisé,  épidote,  etc. 

— M.  Michelin  lit  une  notice  géologique  sur  les  environs 
de  Saint-Pierre  de  Maestricht,  extraite  de  sa  correspondance 
j avec  M.  Yan  Hees. 

— On  lit  une  notice  de  M.  Marcel  de  Serres  sur  la  caverne 
j àossemens  deMialet.près  Anduze  (Gard).  Ce  sont  les  mêmes 
| faits  que  ceux  décrits  par  M.  J.  Teissier,  et  analysés  dans  le 
| Rapport  des  travaux  de  la  Société  pour  i85i,é§  14, 


Séance  du  4 juin  1832. 

Présidence  de  M.  Brongniart. 

Après  la  lecture  et  l’adoption  du  procès-verbal  de  la  der- 
nière séance,  M.  le  président  proclame  membre  de  la  So- 
ciété : 

M.  Baudin , ingénieur  des  mines  à Clermont,  présenté  par 
MM.  de  Beaumont  et  Dufrénoy. 


4 18  SÉANCE  DU  4 JUIN  1 8'5  2 . 

M.  le  président  annonce  que  la  Société  vient  detre  auto- 
risée par  le  gouvernement,  et  reconnue  comme  établissement 
d’utilité  publique  par  une  ordonnance  du  Roi , du  5 avril 
1 802,  inseiee  <\.\\  B ul  lettn  des  lots  du  1 2 mai,  2e  partie,  ire  sec- 
tion, n°  1 55 , et  au  Moniteur  du  19. 

M.  Cordier  fait  hommage  à la  Société  de  26  échantillons  ! 
dérochés  et  fossiles  de  terrains  intermédiaires , recueillis  àj 
bile  de  Gothland  par  M.  le  comte  de  Yargas. 

La  Société  reçoit  les  ouvrages  suivans  : 

i°  De  la  part  de  la  société  philosophique  de  Cambridge , 
la  deuxième  partie  du  volume  IY  de  ses  Transactions.  In-4°, 

1 14  pages,  1 5 planches. 

20  De  la  part  de  M.  Thurmann,  son  Essai  sür  les  soulève - 
mens  jurassiques  du  Porentruj.  Description  géognostique 
de  la  série  jurassique  , et  théorie  orographique  du  soulève- 
ment , avec  6 planches  représentant  la  classification  des  sou- 
lèvemens  jurassiques  en  quatre  ordres.  In-4°  de  84  pages 
(extrait  du  tome  II  des  Mémoires  de  la  Société  d'histoire  na- 
turelle de  Strasbourg , i832).  . 

3 0 De  la  part  de  M.  Boubée , la  Relation  de  ses  expé-  ; 
riences  physiques  et  géologiques  faites  au  lac  d’Oo  , près 
Bagnère  de  Luchon;  suivie  de  C itinéraire  du  naturaliste 
deRagnère  au  lac . In-18, 4o  pages,  6 pl.  Paris,  i852. 

4°  Le  N°  22  du  Bullet.  de  la  société  industr.  de  Mulhouse. 

5°  Le  N°  18  (juin  1882)  du  Mémorial  encyclopédique. 

6°  Le  N°  108  (avril  1832)  du  Bulletin  de  la  société  de 
géographie  de  Paris. 

7°  Les  N»’  26  et  27  de  Y Européen,  journal  des  sciences 
morales  et  économiques. 

On  lit  une  lettre  imprimée  de  M.  Hœninghaus  qui  donne 
une  description  de  la  grande  Tridacne  ( Tridacna  gigas) 
d’après  un  échantillon  complet,  accompagné  de  l’animal, 
qu’il  a pu  étudier  récemment. 

Il  est  donné  lecture  d’une  lettre  de  M.  de  Caumont  (de 
Caen),  qui  annonce  que  la  société  linnéenne  de  Normandie, 
présidée  par  M.  Deslongchamps,  a appris  avec  une  vive  satis- 


SÉANCE  Dü  4 JXJIN  l85‘i.  4*5 

faction  que  la  Société  géologique  tiendrait  cette  année  ses 
séances  extraordinaires  dans  le  Calvados,  et  qu  elle  a l’inten- 
tion de  fixer  à la  même  époque  saséance  générale. 

Le  conseil  ayant  eu  déjà  communication  d’une  première 
lettre  à ce  sujet,  le  secrétaire  fera  connaître  à M.  de  Cau^ 
mont  les  projets  de  la  Société,  de  sorte  que  les  membres  qui 
feront  partie  de  cette  course  puissent  profiter  des  obli- 
geantes dispositions  et  des  connaissances  locales  des  natura- 
listes de  Normandie. 

On  lit  une  lettre  de  M.  César  Moreau , directeur  de  l’Aca- 
démie d’industrie,  qui  demande  que  la  Société  géologique 
veuille  bien  examiner  et  déterminer  des  échantillons  de 
marne  adressés  à l’Académie  de  l’industrie  par  M.  Dela- 
brosse,  maire  de  Ciron  (département  de  l’Indre);  la  lettre 
d’envoi  de  celui-ci  est  aussi  communiquée  à la  Société. 

M.  le  président  charge  MM.  Dufrénoy  et  Héricart  de 
Thury  de  prendre  connaissance  de  ces  échantillons. 

M.  Héricart  Ferrand  présente  à la  Société  un  essai  découpé 
géognostique  des  terrains  du  bassin  de  Paris  , depuis  Laon 
jusqu’à  Châtillon,  ou  du  nord  au  midi,  sur  une  étendue  de 
treize  myriamètres  un  quart,  et  s’applique  particulièrement 
à démontrer  : 

i°  Que  la  nummuUles  Lcovigala  (La- 
marck),  qui  se  trouve  sur  la  montagne  de 
Laon,  à une  hauteur  au-dessus  de  l’Océan  de  2o5  mè"'ct  7 1 0 mU 
s’est  aussi  retrouvée  dans  le  puits  artésien 
de  la  maison  de  Seine  , à l’embouchure  du 
canal  de  'Saint-Denis  dans  la  Seine  , à une 
profondeur  au-dessous  de  l’Océan  de  . . 4*  84 

Ce  qui  établit  une  différence  de  niveau 
entre  ces  deux  points  de 245  794 

2°  Qu’autant  ce  même  fossile  est  abondant  sur  la  montagne 
de  Laon  et  sur  les  plateaux  du  Soissonnais,  autant  il  dimi- 
nue en  nombre,  et  devient  de  plus  en  plus  rare  à mesure 
qu’il  approche  vers  le  midi , baisse  vers  la  Seine  , et  plonge 
au-dessous  du  niveau  de  l’Océan. 

Site,  géol,  Tom.  II. 


V 


4 1 4 SÉANCE  DU  4 JUIN  l852. 

De  ces  deux  faits,  M.  Héricart  Ferrand  pose  cette  question  : 

t L’être  organise  auquel  a appartenu  cette  dépouille  vi- 
®vait-il  dans  une  épaisseur  d’eau  de  a45  à 246  mètres,  et 
» était-il  de  pleine  mer,  ou  n’était-il  que  de  rivage  , ne  trou- 
> vaut  plus  les  conditions  de  son  existence  à mesure  que  le 
» rivage  prenait  de  la  profondeur  ?»  * 

M.  Gonstant  Prévost  fait  observer  que  rinclinaison  des  cou- 
ches tertiaires  de  Laon  vers  Paris  a été  constatée  depuis  long- 
temps par  MM.  d’Omalms  d’Halloy  et  Brongniart,  et  que  cette 
différence  de  niveau  tient  à des  relèvemens  postérieurs , bien 
plutôt  qu’au  dépôt  originaire  de  la  même  couche  et  des 
mêmes  fossiles  à des  niveaux  aussi  différens;  les  nummu- 
lites  peuvent  ainsi  avoir  été  primitivement  déposées  sur  un 
fond  à peu  près  horizontal  ; elles  ne  semblent  pas  non  plus 
a M.  G.  Prévost  avoir  vécu  sur  la  place  où  elles  sont  enfouies; 
mais  les  mollusques  auxquels  ces  corps  ont  appartenu  étaient 
probablement  flottans  et  grands  nageurs  à la  manière  des 
spirilles , qui , suivant  les  saisons , apparaissent  en  grandes 
troupes,  et  leurs  dépouilles  peuvent  être  ainsi  très  inégalement 
enfouies  dans  les  sédimens  marins. 

M*  Deshayes  rappelle  que  beaucoup  de  céphalopodes  sont 
pélagiques  ou  habitans  de  la  haute  mer  pendant  la  plus  grande 
partie  de  leur  vie,  et  qu’ils  deviennent  littoraux  pendant  la 
saison  des  amours. 

M.  Desnoyers  lit  un  Mémoire  sur  les  terrains  tertiaires 
du  nord-ouest  de  la  France  autres  que  la  formation  des 
f aluns  de  la  Loire. 

Ces  terrains,  déposés  en  dehors  [des  limites  habituellement  as- 
signées au  bassin  de  Paris , recouvrent  une  surface  à peine  inter- 
rompue de  plus  de  deux  mille  lieues  carrées  sur  quinze  ou  seize 
départemens,  depuis  le  département  du  Nord  jusqu’à  celui  de  la 
Vienne.  Ils  s’étendent  surtout  du  N.  au  S.  sur  une  longueur 
d’environ  cent  lieues , sur  une  largeur  moyenne  de  vingt  à trente, 
particulièrement  au-dessus  de  la  formation  crayeuse  dont  ils  con- 
tiennent tant  de  débris,  et  avec  une  épaisseur  très  variable , mais 
qui  atteint  jusqu’à  plus  de  deux  cents  pieds. 

Les  terrains  secondaires  ne  se  montrent  sur  cette  vaste  surface 


SÉANCE  DU  4 WN  1 8 5 2 . 4^ 

que  pai  l’excavation  des  vallées,  et  avant  les  dénudations  l’écorce 
tertiaire  paraît  avoir  été  continue.  Elle  se  prolonge  encore  au- 
delà  de  ces  limites  en  lambeaux , disséminés  sur  des  terrains  plus 
anciens  que  la  craie  jusque  dans  le  Cotentin,  la  Bretagne,  l’An- 
jou, la  Vendée  , et  se  réunit,  d’une  part,  aux  terrains  analogues 
du  bassin  de  la  Gironde,  par  le  Périgord;  d’une  autre,  à ceux  de 
la  France  centrale  par  le  Berry  et  le  Nivernais.  M.  Desnoyers  a 
constaté  cette  disposition  générale  pour  l’espace  qu’il  a spéciale- 
ment étudié  depuis  la  Picardie  jusqu’à  une  douzaine  de  lieues  au 
S.  de  la  Loire  , par  un  grand  nombre  de  coupes  partielles  et  pai 
sept  coupes  principales  de  trente  à quarante  lieues  chacune,  par 
tant  de  Paris  et  se  dirigeant  en  rayonnant  au  N.  O.  àl’O.  au  S. -O. 
et  au  S.  : 

i°  Jusqu’au  Boulonais  par  Beauvais,  Amiens  et  Arras;  2°  jus- 
qu’à Dieppe,  par  Rouen;  3°  jusqu’à  Dives  par  Evreux  et  Li- 
sieux; 4°  jusqu’à  Alençon  par  Dreux  et  Mortagne  ; 5°  jusqu’à  la 
Flèche  par  Chartres  , Nogent-le-Rotrou  et  le  Mans;  6°  jusqu’au- 
delà  des  falunières  de  Touraine  par  Châteaudun,  Vendôme,  Tours 
et  Châtellerault ; enfin  jusqu’à  la  Sologne  par  Etampes  et  Blois. 

Dans  ce  vaste  espace  deux  fois  plus  étendu  que  le  bassin  de 
Paris  proprement  dit  ■,  et  faisant  partie  du  grand  plateau  physi- 
que, si  apparent,  qui  s’étend  en  pente  douce  des  montagnes 
d’Auvergne  aux  bords  de  la  Manche,  les  dépôts  tertiaires  présen- 
tent quatre  groupes  principaux  dont  les  différens  termes  ont  été 
rapportés  soit  à la  craie  inférieure  , soit  à quelques  parties  des 
terrains  parisiens,  soit  aux  alluvions anciennes,  et  qui  cependant 
ne  constituent  qu’une  seule  grande  formation. 

Les  géologues  qui  en  ontsignalé  l’existence  sur"quelques  points, 
par  des  observations  impriméesou  inédites,  sont  surtout  MM-  Bron- 
gniart,  P.  d’Omalius , C.  Prévost,  Mcsnard,  Mauluy,  Hé  ault, 
de  Magnevillc,  Passy,  de  Caumont , de  Tristan,  Dujardin  , Hé- 
ricart-Ferrand , Dufrénoy,  et  quelques  naturalistes  plus  anciens; 
mais  chacun  pour  quelques  localités  isolées  , et  sans  les  considérer 
comme  parties  d’un  même  ensemble.  L’auteur  du  Mémoire  en  a 
plusieurs  fois  aussi  parlé  dans  ses  travaux  antérieurs. 

M.  de  Beaumont  a énoncé  l’opinion  partagée  par  M.  Dufré 
noy,  qneles  calcaires  d’eau  douce  de  l’Auvergne  se  liaient  intime 
ment  avec  ceux  delà  partie  méridionale  du  bassin  de  Paris,  dont 
ils  seraient  un  relèvement.  Or,  comme  ceux-ci,  les  plus  récens  du 
bassin,  se  lient  eux-mêmes  intimement , suivant  M.  Desnoyers  , 
aux  terrains  tertiaires  de  l’ouest,  il  en  résulterait  que  ce  vaste 
dépôt  se  serait  étendu  géologiquement  jusqu’à  l’Auvergne  , eu 


4lG  'SBÂMCE  DU  4 JTJ1N  l85‘J. 

même  temps  qu’il  s’y  rattache  par  la  disposition  extérieure  du 
sol  ; mais  les  observations  de  M.  Desnoyers  ne  s’étendent  que 
jusqu’à  1 5 ou  20  lieues  au  midi  de  la  Loire. 

Les  groupes  qu’il  distingue  sont  : 

i°  Le  groupe  des  argiles , avec  silex  brisés  de  la  craie,  minerais 
de  fer  exploités  , très  abondans  , brèche  ferrugineuse  , brèche  et 
pouddingue  siliceux.  Ce  système  semble  passer  sensiblement  à des 
dépôts  d’alluvion. 

2°  Le  groupe  des  sables  avec  grès  commun , lustré  et  ferrugi- 
neux, brèches  et  pouddingues  siliceux,  bois  silicifiés , silex  de  la 
craie  et  fossiles  silicifiés,  particulièrement  des  alcyons,  provenant 
du  même  terrain,  terrain  auquel  on  les  a généralement  rapportés. 
Ce  sont  les  grès  et  les  brèches  siliceuses  de  ce  terrain  qui  forment, 
comme  dans  le  S.-E.  de  l’Angleterre,  les  nombreux  monumens 
druidiques  des  pays  dont  le  fond  du  sol  est  la  craie. 

Ces  deux  groupes  de  la  surface  des  craies,  terrain  auquel  on  les 
a généralement  rapportés , paraissent  représentés  sur  les  terrains 
plus  anciens  de  l’ouest  par  des  dépôts  également  argileux  et  sa- 
bleux , mais  avec  des  débris  des  roches  qu’ils  recouvrent. 

3°  Le  groupe  des  calcaires  et  des  silex  évidemment  d'eau 
douce,  avec  marnes,  sables,  argiles,  et  graviers  subordonnés, 
avec  brèche  crayeuse  à ciment  d’eau  douce , et  craie  remaniée 
ou  endurcie  en  place  par  le  même  ciment. 

4°  Le  groupe  (plus  problématique)  des  couches  mélangées  a 
f ossiles  fluviatiles  et  marins , bien  moins  développé , seulement 
aux  extrémités  du  plateau  et  plutôt  dans  les  parties  inférieures. 

Recherchant  les  relations  de  ces  différens  systèmes  entre  eux, 
M.  Desnoyers  a reconnu  que  des  superpositions  constantes  dans 
certains  départemens , par  exemple , l’argile  à silex  au-dessus  des 
sables  dans  l’Orne  et  l’Eure-et-Loir,  n’étaient  pas  constantes,  et 
même  étaient  tout-à-fait  contraires  en  d’autres  ( Eure  et  Seine- 
Inférieure  ). 

Les  brèches  et  les  pouddingues  à débris  de  la  formation 
crayeuse  et  à ciment,  soit  calcaire,  soit  siliceux,  soit  argileux, 
occupent  habituellement  les  parties  inférieures  des  groupes,  et 
cependant  la  brèche  ferrugineuse  recouvre  d’ordinaire  les  points 
les  plus  élevés  des  plateaux.  Les  silex  brisés  se  rencontrent  dans 
presque  tous  les  dépôts. 

Les  grès  forment  des  amas  ou  des  bancs  au  milieu  des  sables 
irrégulièrement  cimentés  •,  on  les  voit  aussi  en  blocs  isolés  au  mi- 
lieu des  graviers  et  des  argiles. 

Les  calcaires  et  silex  d’eau  douce  remplissent  de  petits  bassins 


SÊÀWCli  DU  4 JUIN  l85ü.  4^7 

assez  bien  limités  au  milieu  des  autres  dépôts;  M.  Desnoyers  en  a 
observé  une  quinzaine,  dont  les  principaux  sont  aux  environs  de 
Nogent-le-Rotrou,  la  Ferté  - Bernard  , Mamers,  le  Mans,  la 
Flèche,  Saumur,  Château-du-Loir , Château-R.egnault,  Ven- 
dôme , Tours,  Blois , Mayenne  ; et  au  S. -O.  du  bassin  de  Paris,  les 
prolongemens  très  ondulés  du  grand  système  d’eau  douce  supé- 
rieur de  ce  bassin.  Ces  dépôts,  riches  la  plupart  en  coquilles  d’eau 
douce,  forment  habituellement  un  étage  à niveau  inférieur, 
bordé  de  toutes  parts  par  des  sables  et  des  argiles , qui  ne  les 
recouvrent  pas  le  plus  souvent,  mais  qui  sur  les  bords  s’entre- 
mêlent avec  les  sédimens  chimiques,  calcaires  et  siliceux , plus 
purs  et  plus  isolés  vers  le  centre.  On  y reconnaît  très  bien  les  deux 
agens  du  dépôt,  les  sources  calcarifères  et  silicifères  du  centre  et 
les  eaux  courantes  qui  entraînèrent  à plusieurs  reprises  dans  ces 
petits  bassins  lacustres  des  sédimens  d’alluvion  contemporains,  al- 
ternant à plusieurs  reprises  avec  les  calcaires  et  les  silex  purs  des 
sources.  Le  bassin  de  Nogent  offre  surtout  ces  dispositions  de  la 
manière  la  plus  évidente  et  plus  clairement  qu’aucun  autre;  il 
rappelle  , par  le  mode  de  remplissage , les  bassins  tout  récens  des 
lacs  d’Ecosse , décrits  par  M.  Lyell. 

Les  trois  premiers  groupes  n’ont  présenté  à M.  Desnoyers  que 
des  fossiles  d’eau  douce  ou  des  végétaux  terrestres  sans  la  moin- 
dre trace  de  coquilles  marines  , soit  de  l’âge  du  bassin  de  Paris  , 
soit  même  de  l’âge  des  faluns.  Seulement  vers  les  extrémités  de 
ce  vaste  plateau,  i°  vers  Paris,  à Etampcs,  à Epernon;  a°  aux 
environs  de  Dieppe;  3°  dans  le  Cotentin;  4°  aux  environs  de 
Rennes;  5°  aux  environs  de  Nantes,  on  voit  dans  les  parties  infé- 
rieures se  mêler  aux  fossiles  et  aux  couches  d’eau  douce  , des  fos- 
siles et  des  sédimens  marins  assez  analogues  à ceux  du  calcaire 
grossier  supérieur  ( orbitolites,  milliolites),  ou  identiquement  les 
mêmes  que  ceux  de  la  dernière  formation  marine , et  à Dieppe  les 
fossiles  des  lignites  problématiques  du  Soissonnais;  mais  en 
même  temps  ces  dépôts  marins  sont  tout-à-fait  distincts  des  faluns 
qui  les  recouvrent  sur  quelques  points,  en  gisement  transgressif.  La 
liaison  des  vastes  dépôts  sans  fossiles  , ouà  fossiles  d’eau  douce  aux 
couches  mari  nés 'plus  anciennes  que  les  faluns,  est  plus  douteuse 
que  la  liaison  des  autres  groupes  entre  eux. 

Du  mélange  intime  et  incontestable,  du  passage  de  l’un  à l’autre 
et  du  remplacement  mutuel  des  trois  premiers  groupes  et  dans 
chaque  groupe  des  différons  dépôts  de  ce  vaste  système,  M.  Des- 
noyers est  porté  h conclure  qu’ils  sont  tous  à peu  près  contempo- 
rains, et  qu’ils  ne  diffèrent  entre  eux  que  par  suite  des  circonstan- 


4 1 S SÉANCE  Dü  4 JUIN  l852. 

ces  diverses  de  leur  sédimentation  chimique  ou  mécanique,  dans  li 
les  lacs  ou  sur  des  cours  d’eau , sur  des  rivages  ou  dans  des  parties 
plus  profondes.  Ils  semblent  avoir  constitué  une  surface  d’abord 
continentale,  puis  sous-lacustre  et  sous-fluviatile. 

Vers  les  extrémités  et  aux  bords  extérieurs,  il  paraît  y avoir 
eu  jonction  de  ces  dépôts  continentaux]  avec  des  dépôts  et  des 
bassins  vraiment  marins.  Mais  il  serait  possible  que  sur  quel- 
ques points  il  y eût  eu  seulement  superposition.  Au  contact  du 
bassin  de  Paris,  ils  se  lient  intimement  à la  formation  supérieure 
soi . des  sables  et  grès,  soit  des  calcaires  et  meulières  d’eau  douce  } ! 
sur  quelques  points  aussi  ils  semblent  se  lier  avec”le  dépôt  géolo- 
gique de  l’argile  plastique  ; mais  plus  loin  les  deux  groupes  se  con- 
fondent tellement  et  l’argile  minéralogiquement  plastique  passe  i 
tellement  à celles  qui  contiennent  les  mines  de  fer , et  qui  enve- 
loppent les  meulières,  qu’il  est  bien  difficile  de  les  séparer,  et  que 
les  rapports  naturels  sont  plutôt  en  faveur  du  groupement  del’en- 
semble  de  ces  dépôts  dans  le  dernier  étage  du  bassin  parisien 
qu’avec  tout  autre. 

Tous  les  détails  de  gisement  qui  conduisent  à ces  résultats 
généraux  se  trouvent  dans  le  Mémoire  qui  fera  partie  du  premier 
volume  des  Mémoires  de  la  Société  géologique.  » 

M.  Michelin  dit  avoir  remarqué,  aux  environs  deBroglie, 
la  brèche  ferrugineuse  de  ce  système. 

M.  Dulrénoy,  qui  a aussi  constaté  l’existence  de  ces  ter- 
rains, ainsi  que  M.  de  Beaumont,  pour  la  carte  géologique 
de  France,  reconnaît  leur  importance  et  leur  vaste  étendue. 
Ces  deux,  géologues  les  rapportent  positivement  à l’étage  su- 
périeur du  bassin  de  Paris,  ne  reconnaissant  dans  ce  bassin 
que  deux  grands  étages,  l’un  jusqu’au  gypse  inclusivement, 
l’autre  postérieur. 

M.  G.  Prévost  fait  remarquer  que  la  liaison  de  ce  système  j 
avec  l’argile  à lignites  et  à coquilles  fluviatiles  et  marines  de 
Yarengeville,  près  Dieppe,  système  qui  paraît  bien  plus  ana- 
logue au  dépôt  supérieur  d’Headen-Hill  (île  de  Wight)  qu’à 
l’argile  plastique  inférieure , conduirait  au  même  rapproche- 
ment, et  qu’à  cet  étage  il  faudrait  aussi  sans  doute  rapporter 
les  lignites  du  Soissonnais , que  lui  et  M.  Desnoyers  sont  de- 
puis long-temps  portés  à considérer  comme  plus  modernes 
que  l’argile  plastique. 


SÉANCE  DU  II  JUIN  l852.  4J9 

M.  de  Beaumont  annonce  ne  pas  partager  cette  dernière 
opinion  relativement  aux  lignites  du  Soissonnais,  et  avoir  de 
fortes  raisons  pour  continuer  à les  regarder  comme  infé- 
rieure au  calcaire  grossier.  Il  place  aussi  les  lignites  deYa- 
rengeville,  avec  ceux  du  Soissonnais  * au-dessous  du  cal- 
caire grossier. 

M.  Deshayes  au  contraire  partage  l’opinion  de  MM.  G.  Pré- 
vost et  Desnoyers. 

M.  de  Beaumont  annonce  la  découverte  qu’il  vient  de  faire 
d’une  couche  de  dolomie  dans  la  partie  supérieure  de  la 
craie,  à Beyne,  près  de  Grignon.  Cette  craie  forme  un  ma- 
melon sur  les  bords  duquel  s’appuient , en  se  relevant,  des 
couches  du  calcaire  grossier.  La  déchirure  des  vallons  en- 
vironnans  présente  à M.  de  Beaumont  une  disposition  tout- 
à-fait  analogue  à celles  d es  cratères  de  soulèvement  sur  une 
petite  échelle.  La  formation  de  cette  dolomie  et  le  relèvement 
des  couches  du  calcaire  grossier  coïncideraient , selon  M.  de 
Beaumont,  avec  la  période  d’évaporation  magnésienne  qui  a 
déterminé  les  grands  systèmes  de  dolomies  alpines. 

Sur  la  proposition  de  M.  le  président,  il  y aura  lundi  pro- 
chain une  séance  supplémentaire.  La  séance  est  levée  à onze 
heures, 


Séance  du  11  juin  1832. 

Présidence  de  M.  de  Bonnard. 

Le  prmjès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté  , 
sauf  quelques  légères  modifications. 

MM.  G.  Jackson  et  Francis  Aljrer  font  hommage  à la  So- 
ciété  de  leur  ouvrage  intitulé  : Observations  sur  la  minéra- 
logie et  la  géologie  de  la  Péninsule  de  la  Nouvelle-Écosse , 
accompagnées  d’une  carte  coloriée  indiquant  la  structure  du 
pays  ( licmarks  on  llie  mineralogy  and  geolosy  of  tlie  Pc - 


4sï 0 SÉANCE  DU  II  JUIN  l85‘20 

jdnsula  of  Nova  Scotia).  In-4°  de  1 15  pages , avec  4 plan- 
ches. Cambridge,  i832. 

La  Société  reçoit  aussi  de  la  part  de  M.  Tournai  une  suite 
de  roches  et  de  fossiles  des  environs  de  Narbonne  , départe- 
ment de  l’Aude  , savoir  : 1 6 échantillons  de  roches , et  une 
soixantaine  d’échantillons  de  corps  organisés,  tels  que  bé- 
lemnites , ammonites  , sphérulites  , hippurites , huîtres , gry*» 
phées,  peignes,  cyclolites,  etc. 

M.  Héricart  Ferrand  présente  à la  Société  une  coupe  de 
la  vallée  de  Montmorency,  de  Saint  Denis  à Pontoise,  et  com- 
munique quelques  observations  relativement  à cette  coupe. 

« Les  auteurs  de  la  Description  géologique  des  environs  de 
Paris  ont  laissé  dans  le  doute,  si  le  calcaire  grossier  marin  existait 
sous  la  plaine  de  terrain  d’eau  douce  moyen  , dont  la  vallée  de 
Montmorency  fait  partie.  Les  sondages  opérés  à Saint-Denis,  à 
Stains , à Epinay  , ayant  révélé  dans  leur  profondeur  la  présence 
du  nummulites  lœvigatci , fossile  caractéristique  de  la  partie  infé- 
rieure du  calcaire  grossier,  M.  Héricart  Ferrand  en  conclut  qu’il  y 
a lieu  de  substituer  un  fait  positif  au  doute  émis  par  MM.  Cuvier 
et  BrOngniart.  De  Saint-Denis  vers  Paris , Gentilly  et  Châtillon  , 
le  calcaire  grossier  se  relève  subitement,  et  cette  élévation  du  cal- 
caire s’observe  également  vers  l’est  à Charenton  et  à Saint-Maur, 
et  vers  l’ouest,  à Conflans  Sainte-Honorine,  Ârgenteuil  etPassy.  Il 
suit  de  là  que  le  point  le  plus  bas  où  le  calcaire  grossier  ait  été  re- 
connu jusqu’à  présent  est  de  Saint-Denis  à la  Seine*  et  qu’à  l’ob- 
servation déjà  ancienne  que  ce  calcaire  est  incliné  du  nord  au 
midi , on  doit  ajouter  qu’il  se  relève  ensuite  dans  les  trois  direc- 
tions du  midi  , de  l’est  et  de  l’ouest.  Au  sujet  des  grès  de  Beau- 
champs  et  du  terrain  d’eau  douce  qui  les  recouvre,  M.  Héricart 
rappelle  que  MM.  Cuvier,  Brongniart  et  C. Prévost  s’accordent  à 
rapporter  les  premiers  au  calcaire  grossier  marin  ,miais  que 
M.C.  Prévost  a émis  une  opinion  distincte  quant  aux  teiTains  d^eau 
douce  qu’il  regarde  comme  du  terrain  hors  de  place.  M.  Héricart 
se  range  à l’avis  de  M.  Constant  Prévost  * et  il  fait  remarquer  que 
pour  adopter  cette  opinion  il  ne  faut  pas  aller  seulement  à Beau- 
champs,  mais  venir  vers  ce  lieu  de  divers  points  de  la  grande 
plaine  de  terrain  d’eau  douce  moyeu,  et  notamment  du  Ménii- 
Amelot,  et  de  Yilleron.  M.  Héricart  Ferrand  fait  connaître  les 
résultats  de  onze  sondages  qui  ont  été  pratiqués  dans  la  vallée  de 


SÉANCE  DU  11  JUIN  J 852.  42S 

Montmorency  sur  la  ligne  que  devait  suivre  le  canal  de  Saint- 
Denis  à Pontoise.  Il  résulte  des  indications  données  par  ces  sonda» 
ges  que  l’inclinaison  du  terrain  d’eau  douce  de  l’ouest  vers  l’est 
est  constante , et  suit  celle  du  calcaire  grossier  marin.  Les  sonda- 
ges de  Saint-Denis  ont  démontré  que  ce  terrain  d’eau  douce  des- 
cend jusqu’au  niveau  de  l’Océan.  Sa  plus  grande  élévation  est 
sur  le  sommet  de  la  montagne  de  Champigny;  ce  qui  établit  en- 
tre ces  deux  niveaux  une  différence  de  73  m.  » 

M.  Elie  de  Beaumont  communique  à la  société  le  résultat 
de  l'analyse  de  la  dolomie  de  Beyne,  près  Grignon  (Seine-et- 
Oise).  Cette  analyse  a été  faite  par  M.  Le  Play,  ingénieur 
des  mines  , qui  a trouvé  les  proportions  suivantes  : 

Carbonate  de  magnésie,  o,443»  Acide  carb.  0,228. 

Carbonate  de  chaux,  0,54°.  Idem.  0,256. 

Argile,  0,018. 

1 ,000. 

Il  faut  observer  que  le  mode  d’analyse  qui  a été  suivi  était 
propre  à donner  une  petite  perte  sur  le  carbonate  de  ma- 
gnésie, et  une  petite  augmentation  sur  le  carbonate  de 
chaux;  il  y a donc  lieu  de  conclure  du  résultat  obtenu,  que 
les  quantités  d’acide  carbonique  des  deux  carbonates  ne  dif- 
fèrent pas  sensiblement,  et  que  par  conséquent  la  composi- 
tion de  la  dolomie  de  Beyne  correspond  exactement  à la 
formule  CaC2  -h  MgC». 

On  lit  un  Mémoire  de  M.  de  La  Bêche  sur  les  environs  de 
la  Spezzia . L’auteur  ayant  appris  que  l’attention  de  la  Société 
était  portée  sur  le  mélange  des  ortliocères  avec  Y Ammo- 
nites Conjbeari , et  une  Goniatite,  voisine  du  Gon,  Ilenslowi 
dans  le  calcaire  salifère  du  Salzbourg,  a cru  devoir  lui  adres- 
ser une  notice  sur  une  association  semblable  d’orthocères  et 
de  bélemnites  qu’il  a observée  dans  un  calcaire  de  la  Spezzia. 
il  pense  que  plus  les  faits  de  ce  genre  se  multiplieront,  et 
mieux  l’on  pourra  évaluer  l’importance  attribuée  maintenant 
à la  présence  ou  à l’absence  de  certains  genres  de  fossiles  dans 
certains  dépôts.  Après  quelques  considérations  générales  rela- 
tives aux  conditions  variées  sous  lesquelles  les  dépôts  ont 
pu  se  former,  1 auteur  aborde  la  description  des  environs  de 


422  SÉANCE  DU  11  JUIN  1852. 

la  Spezzia.  Les  dépôts  stratifiés  sont  indiqués  dans  leur  ordre 
de  superposition  en  commençant  par  les  plus  supérieurs.  Il 
parle  successivement  des  blocs  et  graviers  de  Massa,  des  li- 
gnite , argile  et  grès  de  Caniparola , du  grès  siliceux , du  ma- 
cigno , du  calcaire  compacte  gris  , ou  marbre  de  Porto  vé- 
néré* des  schistes  bruns,  des  grès  bruns  et  schistes  gris,  du 
calcaire  grenu  du  Capo-Corvo , du  marbre  de  Carrare,  du 
schiste  micacé  de  la  vallée  du  Frigido  , des  euphotides  et 
serpentines.  Ce  Mémoire  est  accompagné  de  plusieurs  cou- 
pes , et  d’une  carte  coloriée  représentant  les  environs  du 
golfe  de  la  Spezzia;  il  entrera  dans  le  ier  vol.  des  Mém.  de 
la  Société. 

M.  Texier,  architecte,  lit  un  Mémoire  sur  l a géologie  des 
environs  de  Fréjus , département  du  Far. 

En  voici  un  extrait  : 

« La  ville  de  Fréjus,  qui,  du  temps  des  Romains,  était  située  au 
bord  de  la  mer,  offrait  aux  vaisseaux  un  port  et  des  arsenaux  con- 
sidérables. Aujourd’hui  elle  est  située  dans  l’intérieur  des  terres. 
Les  observations , basées  sur  l’inspection  des  monumens  antiques 
de  cette  ville , font  connaître  que  ce  phénomène  de  la  retraite  des 
eaux  continue  encore  aujourd'hui. 

» Le  golfe  de  Fréjus  avait  autrefois  une  étendue  très  considéra- 
ble , la  mer  venait  baigner  le  pied  des  montagnes  qui  s’étendent 
au-delà  deFayence  ; des  traces  du  séjour  de  la  mer  existent  dans 
les  roches  calcaires  qui  forment,  le  contour  de  l’ancien  golfe  , au 
fond  duquel  on  trouve  un  terrain  houiller  qui  contient  les  débris 
d’une  forêt  de  bambous  tous  inclinés  dans  la  même  direction  ; une 
éruption  volcanique  lança  plus  tard  une  coulée  de  laves  qui  cou- 
vrit une  partie  de  ce  terrain,  et  fut  jusqu’à  la  mer,  où  son  extré- 
mité forma  un  promontoire. 

» Enfin  les  débris  des  montagnes  de  Fréjus  roulés  par  les  eaux 
jusqu’à  la  mer,  formèrent  des  attérissemens  qui  consolidèrent  le 
terrain  et  le  rendirent  habitable;  ces  attérissemens  continuent 
depuis  ; il  viendra  un  temps  où  le  golfe  de  Fréjus  sera  entièrement 
comblé.  Depuis  les  Romains  jusqu’à  nos  jours,  le  retrait  de  la  mer 
a été  de  io5o  mètres,  ou  2 pieds  par  année. 

Les  montagnes  de  l’Esterelle  sont  de  porphyre  rouge.  Entre 
la  base  de  ces  montagnes  et  la  mer  on  remarque  un  gisement  de 


SÉANCE  DU  l8  JUIN  l852.  [{lly 

porphyre  gris-bleu ,,  contenant  des  cristaux  de  feldspath  blanc. 
Ce  porphyre  a été  remarqué  par  les  Romains  , qui  l’ont  exploité 
pour  en  décorer  le  port  de  Fréjus,  et  qui  en  ont  porté  jusqu’à 
Rome , où  on  le  regarde  généralement  comme  provenant  d'E- 
gypte. Les  carrières  antiques  existent  encore  dans  ces  montagnes; 
elles  sont  situées  à 1070  mètres  du  rivage  de  la  mer,  ce  qui 
faciliterait  beaucoup  l’exploitation  de  ces  roches , si  l’on  trouvait 
l’occasion  de  les  employer  de  nouveau.  » 


Séance  du  18  juin  1832. 

Présidence  de  M.  Brongniart. 

Après  la  lecture  et  l’adoption  du  procès-verbal  de  la  der- 
nière séance  , M.  le  président  proclame  membre  de  la  So- 
ciété : 

M.  Charles  Texier , architecte  à Paris , et  membre  de  plu- 
sieurs sociétés  savantes,  présenté  par  MM.  de  Bonnard  et 
Michelin. 

La  Société  reçoit  les  ouvrages  suivans  : 

i°  De  la  part  de  M.  Constant  Prévost,  ses  Observations 
sur  les  grès  coquillievs  de  Beauchamps.  In-4°  de  18  pages. 
(Extrait  du  Journal  de  physique,  février  1822). 

2°  Le  premier  rapport  de  l’association  britannique  pour 
l’avancement  de  la  science  ( First  report  of  thc  britisli 
association  for  thc  advanccment  of  science  (York  , i832  , 
in-8*  de  112  pages.) 

Cette  première  assemblée  annuelle  des  naturalistes  et  des 
physiciens  de  la  Grande-Bretagne,  à l’imitation  des  grands 
congrès  scientifiques  de  l’Allemagne  et  de  la  Suisse , s’est 
réunie,  en  septembre  i83i,  h York.  Cette  année,  le  lieu 
choisi  est  Oxford.  M.  Buckland  doit  la  présider.  (Voir  séance 
du  2 avril,  Bull.,  t.  II , pag.  371.) 

3°  Le  N°  18  du  deuxième  volume  du  Journal  des  travaux 
de  C Académie  de  /’ industrie. 

4°  Le  N°  28  de  Y Européen. 

5°  Le  N°  109  (mai  i852)  du  Bulletin  de  la  société  de  géo- 
graphie de  Paris. 


4 24  SÉANCE  DU  l8  JUIN  l 83i?. 

M.  Desnoyers  offre  également  à la  Société  des  échantih 
Ions  de  silice  pure  kydrophanique . 

« Cette  substance  provient  d’une  argile  verdâtre  remplissant  des 
fissures  verticales  de  la  craie  marneuse  inférieure,  dans  des  carriè- 
res de  la  Mariette , commune  de  Courthioust,  aune  lieue  et  demie 
nord-est  de  Bellesme  ( Orne),  sur  le  bord  de  la  grande  route  de 
Paris  à Alençon.  Elle  s’y  trouve  disséminée  en  petits  nodules  d’un 
pouce  au  plus  de  diamètre  , ou  en  plaquettes  de  quelques  lignes 
d’épaisseur,  présentant,  comme  les  agathes  , des  zones  dont  la 
nuanee  varie  d’un  blanc  de  neige  au  brun  café  au  lait , opaque, 
avec  l’apparence  de  gouttes  de  cire.  Elle  est  légère  et  poreuse 
comme  le  silex  nectique  et  le  cacholong.  La  plus  faible  pression 
le  réduit  en  une  poussière  très  fine  et  d’une  grande  blancheur 
telle  qu’on  en  voit  dans  l’intérieur  de  certains  silex  delà  craie,  ou 
des  meulières  ; elle  happe  fortement  à la  langue  ; plongée  dans 
l’eau , elle  l’absorbe  avec  la  plus  grande  avidité , remplace  l’air 
qui  s’en  dégage  rapidement  avec  un  sifflement  semblable  à celui 
du  contact  de  l’acide  nitrique  sur  du  calcaire.  Cette  absorption  est 
si  rapide , que  souvent  le  morceau  imbibé  s’éparpille  en  éclats. 

» Elle  prend  alors  dans  l’eau,  en  moins  d’une  minute,  la  trans- 
parence du  cristal  de  roche  ; elle  absorbe  aussi  des  liquides  diver- 
sement colorés  qui  laissent  leur  teinte  à la  pierre  après  l’évapo- 
ration ; plongée  dans  la  cire  fondue , elle  y devient  de  même 
vitreuse  et  transparente.  Par  le  refroidissement , elle  redevient 
laiteuse;  chauffée  de  nouveau , elle  reprend  sa  transparence. 

» M.  Berthier  a bien  voulu , dès  il  y a plusieurs  années  , analy- 
ser cette  substance , voici  le  résultat  de  son  examen  : 

» Elle  est  composée  de  silice 95 

eau  hygrométrique.  . . 5 

Ses  molécules  sont  à l’état  élémentaire  ; elle  est  dissoîuble  dans  la 
potasse  caustique,  à la  température  de  l’ébullition  de  l’eau.  La 
silice  ne  se  présente  avec  de  tels  caractères  que  dans  les  eaux  du 
Mont  d’Or , dans  la  magnésite  du  Piémont  et  dans  la  chaux  hy- 
draulique de  Senonches.  On  pourrait  nommer  cette  variété  de  si- 
lex , silex  dialy  tique  ( dialutos , dissoluble  ). 

»L’ Hydrophanéite  se  manifeste  dans  plusieurs  substances  miné- 
rales, mais  particulièrement  dans  différentes  variétés  desilex(résini- 
te,  opalin,  agathe,  calcédoine  , etc.)  auxquelles  on  attachait  autre- 
fois une  grande  valeur;  on  la  remarque  aussi  habituellement  dans 
des  silicates  d’alumine  distingués  sous  le  nom  d’haîloïsite^  liévrite, 


SEANCE  DU  l8  JUIN  l852.  4^5 

walierite,  collyrite  , lenzinite;  mais  aucune  ne  paraît  assez  po- 
reuse pour  que  cette  propriété  se  manifeste  à un  si  haut  degré  (i). 

« Les  gisemens  les  plus  célèbres  de  silex  hydrophane  sont  ceux 
des  serpentines  ( Musinet  près  de  Turin,  et  plusieurs  autres  loca- 
lités du  Piémont). 

» Ceux  des  trachytes  et  autres  roches  volcaniques  décomposées 
( Schemnitz  en  Hongrie,  îles  Féroé  ). 

» Ceux  des  filons  métallifères  ( île  d’Elbe  , Liège,  Châtelau- 
dren  , Pyrénées  ). 

» Ceux  des  dépôts  tertiaires  calcaréo-siliceux  ( Champigny  , 
etc.),  des  dépôts  argileux  du  Mans  , de  Saint- Sever,  etc. 

» C’est  à cette  dernière  sorte  de  gisement  que  se  rapporte  la 
nouvelle  substance  de  Bellesme;  elle  paraît  avoir  été  déposée  par 
une  des  nombreuses  sources  silicifères  du  grand  plateau  tertiaire 
du  nord-ouest  de  la  France,  précédemment  décrit  par  M.  Des- 
noyers. » 

M.  Boubée  présente  des  considérations  sur  le  parallélisme 
des  terrains  de  transition , dans  lesquels  il  comprend  les 
groupes  schisteux,  quarzeux , fragmentaire,  calcareux} 
houiller , rudimentaire , et  pénéen}  du  tableau  des  terrains  de 
M.  Brongniart.  Il  met  sous  les  yeux  de  la  Société  une  esquisse 
d’un  tableau  mnémonique  qu’il  a dressé  de  tous  ces  terrains 
considérés  comme  à peu  près  parallèles , et  ne  constituant 
qu’une  grande  formation. 

« Les  géologues  admettent  généralement  un  grand  nombre  de 
formations  ou  terrains  en  série  représentant  autant  d’époques 
successives  de  ia  vie  du  globe.  On  les  désigne  le  plus  souvent  par 
le  nom  de  la  roche  qui  domine  au  milieu  de  celles  que  l’on 
nomme  subordonnées.  C’est  ainsi  qu’à  partir  des  terrains  de  trans- 
ition l’on  a le  terrain  ou  l’époque  des  grauwaekes , le  terrain  de 
schiste  argileux,  le  terrain  de  calcaire  de  montagne,  le  terrain 
de  grès  rouge,  le  terrain  houiller,  l’époque  des  schistes  cuivreux, 
l’époque  du  zechstcin,  celle  des  arkoses  , celle  du  grès  bigarré, 
celle  du  Muschclkalk,  celle  des  marnes  irisées  et  autant  d’autres 
époques  encore  qu’il  y a de  terrains , ou  que  l’on  a formé  de 
groupes  de  terrains  au-dessus  de  ceux-là. 


(i)  Il  existe  plusieurs  dissertations  sur  l’hydrophanéite  par  Berg- 
man , Klaproth  , Bossi  , do  Bournon  , Bonvoisin  , Théodore  de 
Saussure , et  Patrin. 


^2$  SÉANCE  DU  l8  JUIN  1 85  ‘2. 

» Si  chacun  d’eux  représente  une  partie  de  la  vie  du  globe  , il 
devrait  représenter  l’ensemble  des  phénomènes  qui  se  sont  passés 
sur  le  globe  pendant  cette  portion  de  sa  longue  vie  , et  l’on  devrait 
y trouver  les  traces  de  tous  ceux  qui  sont  susceptibles  de  se  con- 
server par  quelque  moyen  dans  les  archives  naturelles  des  for- 
mations. En  d’autres  termes  , une  formation  qui  représente  une 
portion  de  la  vie  du  globe  doit  renfermer  dans  ses  registres  stra- 
tifiés l’indication  des  animaux  vertébrés  et  invertébrés  qui  vi- 
vaient pendant  cette  époque  , soit  dans  la  mer , soit  sur  le  sol,  soit 
dans  les  eaux  douces  ; l’indication  des  plantes  marines,  fluviatiles 
et  terrestres  qui  végétaient  alors , l’ensemble  des  débris  fragmen- 
taires roulés  et  non  roulés  que  les  eaux  arrachaient  aux  terrains 
existans  , les  sables  qu’elles  charriaient , les  limons  argileux 
quelles  déposaient  au  loin  et  les  matières  dissoutes  qu’elles  lais- 
saient cristalliser  de  toute  parta  la  surface  du  sol  , et  par  infiltra- 
tion dans  l’intérieur  des  terrains  a la  manière  des  eaux  arté- 
siennes. 

» Après  quelques  détails  sur  le  parallélisme  des  divers  produits 
géologiques  à toutes  les  époques , rendu  sensible  par  l’examen  des 
phénomènes  actuels  , M.  Boubée  conclut  que  les  caractères  géo- 
gnosticjiies  des  formations  peuvent  entraîner  à de  grandes  erreurs 
de  détermination , que  les  caractères  paléontologiques , encore 
moins  certains  , sont  insuffisans  dans  le  plus  grand  nombre  de  cas, 
et  que  les  caractères  minéralogiques  bien  entendus  devront 
être  les  moins  trompeurs  , puisqu’ils  résultent  le  plus  immédiate- 
ment de  l’état  physique  du  globe  qui  a dû  être  nécessairement 
uniforme  sur  toute  sa  surface  , à toutes  les  époques. 

» M.  Boubée  cherche  à prouver  qu’aucunes  des  formations  de 
transition  , figurées  d’ordinaire  comme  autant  de  terrains  en 
série,  ne  sauraient  représenter  isolément  uue  époque  quelcon- 
que  de  la  vie  du  globe*  qu’aucune  d’elles  ne  peut  donc  être  con- 
sidérée comme  un  terrain  dans  le  sens  propre  de  ce  mot , et  qu’il 
faut , par  conséquent , chercher  dans  plusieurs  groupes  voisins 
\es  complémens  réciproques  les  uns  des  autres.  Ce  n’est  que  dans 
„a  réunion  des  sept  formations  énoncées  qu’il  croit  pouvoir  trouver 
la  réunion  des  produits  contemporains  de  l’époque  qui  suivit  la 
formation  des  terrains  primordiaux. 

» En  résumé  , dit  l’auteur  , toute  véritable  formation  , toute 
représentation  d’un  laps  de  temps  de  la  vie  du  giobe,  devra  pré- 
senter dans  l’ensemble  des  groupes  sédimenteux  ou  plutoniens 
qui  devront  y être  rapportés  parallèlement , des  arkoses , des 
brèches,  des  pouddingues,  des  grès,  des  argiles , des  marnes  ? des 


SÉANCE  DU  l8  JUIN  l832.  42  7 

calcaires , des  matières  minérales  et  salines  de  différentes  sortes , 
en  couches  , en  amas,  en  rognons  , produites  par  dissolution  ou 
par  infiltration  des  minéraux  disséminés , des  produits  plutoni- 
ques , des  produits  épigéniques  , des  débris  d’animaux  vertébrés , 
d’animaux  invertébrés  et  de  végétaux  marins , fluviatiles  et  ter- 
restres, disséminés  ou  amoncelés  et  diversement  altérés  ; enfin, 
toute  véritable  formation  devra  se  retrouver  distribuée  sur  le 
monde  entier  partout  où  les  formations  plus  modernes  , ou  bien 
les  formations  d’épanchemerit  ne  couvrent  pas  la  surface  du 
sol  (i).  » 

Plusieurs  membres  rappellent  que  beaucoup  de  géologues 
s’accordent  à reconnaître  la  convenance  de  distinguer  à cha- 
que période  géologique  des  dépôts  de  nature  et  d’origine 
différentes.  L’auteur  de  l’article  Terrains  du  Dict.  class. 
(Thist.  nat.,  a particulièrement  insisté  sur  ces  idées.  Le  Mé- 
moire sur  les  terrains  tertiaires  récens  en  présente  une 
autre  application  aux  terrains  de  cet  âge,  parmi  lesquels  sont 
rapprochés,  comme  contemporains,  des  dépôts  sous-marins 
et  des  dépôts  continentaux  lacustres  et  fluviatiles  de  com- 
position très  différente. 

M.  Dufresnoy  lit  une  note  sur  les  calcaires  amygdalins. 

« Ces  calcaires , dont  le  type  principal  est  le  marbre  campan  , 
présentent  un  mélange  intime  de  calcaire  et  de  schiste  argileux. 
La  chaux  carbonatée  forme  en  général  des  nodules  plus  ou  moins 
enveloppés  de  schiste,  structure  qui  rappelle  la  disposition  des 
amygdaloïdes  , et  les  a fait  comparer  à ces  roches  porpliy- 
riques. 

» Un  examen  attentif  de  ces  noyaux  calcaires  a démontré  à 
Fauteur  de  cette  notice,  que  dans  la  plupart  des  cas  et  peut-être 
même  dans  tous,  ces  amandes  calcaires  ne  sont  autre  chose  que 
des  moules  de  nautiles  qui  ont  servi  de  centre  de  cristallisation  à 
la  chaux  carbonatée , et  l’ont  fait  concentrer  dans  les  parties  de  la 
roche  de  la  même  manière  que  les  alcyons  ont  déterminé  la  forma- 
tion de  la  plupart  des  silex  de  la  craie.  Dans  quelques  échantillons 
rares  on  voit  assez  distinctement  la  forme  spirée  des  nautiles  et 
même  les  cloisons  qui  leur  sont  particulières  j dans  un  grand 


^2$  SÉANCE  DTJ  l8  JUIN  l852. 

nombre  la  forme  est  indiquée  par  des  surfaces  courbes  qui  pré- 
sentent la  cassure,  ou  par  des  taches  arrondies  dans  lesquelles  on 
observe  des  couches  concentriques  de  nuances  différentes  ; mais 
ordinairement  on  n’observe  plus  aucune  trace  de  fossiles , et 
rien  ne  rappellerait  leur  existence  , si  on  ne  suivait  pas  par  des 
gradations  insensibles  le  passage  des  nodules  présentant  des 
formes  positives  d’êtres  organisés  à des  taches  alongées  et  infor- 
mes ; ces  calcaires  amygdalins  que  l’on  a associés  pendant  long- 
temps aux  terrains  anciens  , sont  donc  aussi  riches  en  fossiles  que 
les  calcaires  secondaires;  ils  doivent  leur  forme  particulière  à l’a- 
bondance des  nautiles  : seulement  il  paraît  qu’une  cause  que  l’on 
ne  peut  indiqüer  exactement  a rendu  le  calcaire  très  cristallin , et 
a par  suite  détruit  en  grande  partie  les  traces  de  ces  fossiles  qui 
souvent  ne  sont  plus  représentés  que  par  des  taches.  » 

M.  Régley  annonce  avoir  recueilli  avec  M.  Cordier,  dans 
ce  même  marbre  de  Gampan  , des  échantillons  d’une  grande 
espèce  de  nautile. 

M.  C.  Prévost  développe  quelques  considérations  tem 
dantes  à appuyer  l’opinion  qu’il  a plusieurs  fois  énoncée  avec 
M.  Desnoyers,  que  les  lignites  du  nord  du  bassin  parisien 
sont  postérieurs  à Y argile  plastique. 

Il  rappelle  la  coupe  des  terrains  tertiaires  d’Alum-Bay  , 
d’Headen-Hill,  dans  l’île  de  Wight,  localité  dans  laquelle  on 
voit  au-dessus  de  la  craie,  1®  l’argile  plastique;  2°  l’argile  de 
Londres  (correspondant  au  calcaire  grossier),  toutes  deux  en 
couches  verticales  ; et  5*un  système  de  couches  horizontales 
composé  de  deux  formations  d’eau  douce  avec  lignites  sé- 
parées  par  un  dépôt  marin,  que  l’on  a désigné  sous  le  nom 
de  terrain  marin  supérieur.  Comparant  les  fossiles  et  les 
caractères  minéralogiques  de  ce  dernier  terrain , dont  la  po- 
sition est  parfaitement  fixée , il  fait  observer  qu’ils  ont  beau- 
coup de  rapports  avec  ceux  des  lignites  du  Soissonnais  et 
de  la  Champagne  ; et , à l’appui  de  ce  rapprochement , il 
présente  une  liste  dressée  par  M.  Deshayes  des  coquilles 
fluviatiles  d’Headen  -Hill  et  d’Épernay.  Il  en  résulte  que  plus 
des  trois  quarts  des  fossiles  comparés  ont  été  trouvés  ana- 
logues. Sur  les  fossiles  d’Headen-Hill  : 

Deux  espèces  ne  se  trouvent  pas  dans  le  bassin  de  Paris  : 
Cyrena  obovata,  Planorbis  evompkaloides . 


SÉANCE  1)U  l8  JUIN  1 832.  429 

Les  espèces  suivantes  se  trouvent  dans  le  Soissonnais  et 
les  environs  d’Epernay  : Melania  inquinata , Melanopsis 
buccinoides , Paludina  tenta  , Neritina  pisiformîs , Ceri- 
thium  fasciculatum  , Cyrena  gravesii , Ostrca  sparna- 
censis. 

On  trouve  les  espèces  qui  suivent  à la  partie  supérieure 
du  calcaire  grossier  : Natica  mutabilis , Cerithium  conca- 
vum , Cerithium  duplex  , Potamides  ventricosus  , Murex 
plicatilis . 

Dans  tout  le  calcaire  grossier,  le  Fusus  excisus . 

L’objet  de  la  communication  de  M.  C.  Prévost  étant  de 
montrer  à la  Société  l’un  des  points  sur  lesquels  reposent 
ses  doutes  à l’égard  des  lignites  soissonnais,  ce  géologue 
engage  M.  de  Beaumont  à exposer  les  motifs  de  l’opinion 
contraire  qu’il  a énoncée  dans  l’avant-dernière  séance. 

M.  de  Beaumont  demande  à remettre  à la  prochaine  séance 
le  développement  de  son  opinion. 

On  lit  un  Mémoire  de  M.  Bertrand  Geslin  sur  le  terrain 
de  transport  du  val  d’Arno  supérieur, 

« L’auteur  décrit  successivement  la  disposition  de  ces  terrains  si 
riches  en  ossemens  d’éléplians,  de  rhinocéros,  d’hippopotames,  de 
bœufs,  et  d’autres  grands  mammifères,  dans  les  trois  bassins  étagés 
d’Arezzo,  de  Figline,  de  l’incisa,  qui  constituent  le  Val-d’Àrno 
supérieur.  Dans  le  premier , le  terrain  de  transport  consiste  sur- 
tout en  amas  puissans  de  cailloux  roulés , déposés  sans  ordre , 
avec  ossemens  à leur  partie  inférieure,  et  recouvrant  une  argile 
bleue  micacée,  puissante,  contenant  aussi  des  ossemens  et  un 
banc  de  lignite  tourbeux.  Dans  le  deuxième,  sur  la  même  argile 
bleue,  reposent  des  cailloux  roulés , des  sables  fins  , des  sables  jau- 
nes grossiers  et  quartzeux , avec  oSscmens  dans  toutes  les  couches. 
Le  troisième  présente  les  mêmes  dépôts,  mais  sans  galets;  ceux-ci 
sont  d’autant  plus  abondans  et  plus  gros  qu’ils  sont  plus  voisins 
de  la  chaîne  secondaire  de  Yallombrosa  ; les  sables  grossiers  occu- 
pent la  partie  centrale  de  la  vallée,  et  les  plus  fins  bordent  le  pied 
de  la  chaîne  des  Montegrossi.  L’argile  bleue  micacée  forme  con- 
stamment la'  base  du  dépôt. 

» Mais  ce  dépôt  d’argiles  et  de  sables  , quoique  dans  un  ordre 
de  superposition  analogue  à celui  des  collines  marines  subapenni- 
ncs , est  bien  plus  réceut , appartient  à la  série  des  terrains  d'at. 
Soc.  géol.  Tome  II.  a 8 


450  SÉANCE  DU  l8  JUIN  l8o2. 

ténssemcnt , et  ne  contient  que  des  coquilles  d’eau  douce  mêlées 
aux  ossemens.  Il  remplit  tout  le  fond  de  la  vallée  , la  marne  s’éle- 
vant de  quelques  toises,  et  les  graviers  de  200  pieds  au  plus  au-des* 
susdu  cours  de  l’Arno  actuel.  Il  est  stratifié  horizontalement,  et  ne 
se  relève  point  sur  les  bords  du  bassin.  Les  ossemens  placés  à la 
partie  moyenne  et  inférieure  dessables  jaunes  et  à la  partie  supé- 
rieure des  argiles  bleues  sont  très  abondans  vers  la  partie  centrale 
du  val,  sur  la  rive  droite  de  l’Arno,  et  rares  sur  la  gauche  de  ce 
fleuve.  Ils  sont  déposés  plus  ou  moins  régulièrement  sur  plusieurs 
plans  , suivant  le  plus  ou  moins  d’ordre  des  galets  et  des  sables. 
Neuf  coupes  très  soigneusement  figurées  présentent  les  détails  de 
ces  superpositions. 

» Le  mémoire  se  termine  par  des  considérations  théoriques  sur 
le  mode  de  formation  de  ce  terrain  de  transport.  La  présence  des 
ossemens  intacts  parmi  les  cailloux  roulés  porte  l’auteur  à penser 
que  l'enfouissement  des  os  est  postérieur  à la  trituration  des  ga- 
lets, et  que  ceux-ci  ont  été  ainsi  arrondis  sur  des  bords  plus  éle- 
vés, au  pied  des  chaînes  de  Casentino  et  de  Valîombrosc.  Il  fau- 
drait donc  reconnaître  deux  périodes  ; l’une  pendant  laquelle  les 
matériaux  (calcaires  et  macigno)  extraits  des  chaînes  secondaires 
auraient  été  convertis  en  cailloux  roulés  et  en  sables  ; l’autre  posté- 
rieure, durant  laquelle  les  argiles  bleues , les  galets,  les  sables 
jaunes  et  les  ossemens  abandonnés  sur  les  flancs  des  chaînes  au- 
raient été  à plusieurs  reprises  charriés  dans  le  bassin  lacustre  du 
Yal-d’Arno  supérieur.  » 

On  lit  un  Mémoire  de  M.  Marcel  de  Serres  sur  les  ani- 
maux découverts  dans  les  diverses  couches  des  dépôts  qua- 
ternaires. 

« L’auteur  définit  d’abord  le  sens  qu’il  attache  au  mot  quater- 
naire, le  restreignant  beaucoup  plus  que  ne  l’avait  fait  M.  Des- 
noyers  en  le  proposant.  Pour  M.  Marcel  de  Serres  , ce  sont  les 
dépôts  formés  depuis  la  retraite  des  mers,  hors  de  leur  influence, 
postérieurement  à l’existence  de  l’homme  , et  ne  différant  pas  des 
dépôts  actuels,  quoique  renfermant  des  espèces  détruites. 

» Se  fondant  sur  ce  fait,  que  depuis  les  temps  historiques  plu- 
sieurs espèces  d’animaux  ont  été  expulsées  de  leurs  stations  pri- 
mitives, ou  même  totalement  anéanties,  sans  l’action  de  catastro- 
phes violentes,  et,  d’un  autre  côté,  considérant  comme  non  sujet  à 
objections,  comme  susceptible  d’être  généralisé,  Je  fait  du  mélange 


SÉANCE  DU  ï8  JUIN  1 832 . 4^1 

accidentel  d’os  humains  ou  d’ohjets  d’industrie  humaine  dé- 
couverts dans  deux  ou  trois  cavernes  du  midi  de  la  France, 
M.  Marcel  de  Serres  en  conclut  que  tous  les  débris  d’animaux 
enfouis  dans  des  gisemens  analogues  (brèches  osseuses , cavernes , 
alluvions , marnes  dJeau  douce)  postérieurs  aux  derniers  terrains 
tertiaires  d’origine  marine , sont  contemporains  de  l’homme  et 
non  point  antédiluviens.  Il  nomme  ces  innombrables  débris  hu- 
matiles  {humains,  enfoui),  voulant  ainsi  les  distinguer  des  fossiles 
qui  n’appartiennent , dit-il , qu’aux  temps  géologiques  , ou  anté- 
rieurs à la  retraite  des  mers. 

» Les  causes  lentes  , naturelles , qui  ont  pu  et  peuvent  encore 
expulser  ou  même  anéantir  certaines  espèces,  sont  surtout  l’in- 
fluence de  l’homme  et  les  inondations.  La  diminution  de  la  tem- 
pérature semble  encore  à l’auteur  avoir  dû  contribuer  à restrein- 
dre les  limites  d’habitation,  et  dans  l’état  actuel  la  plupart  des 
espèces  tendraient  plutôt  à se  concentrer  qu’à  s’étendre.  L’auteur 
distingue  ainsi  qu’il  suit  ces  espèces  détruites  ou  qui  ont  changé 
de  station , postérieurement  à l’existence  de  l’homme  : 

i°  Celles  qui,  ayant  encore  leurs  analogues,  ont  disparu  des 
lieux  qu’elles  habitaient  primitivement j telles  que  l’ours,  le 
chackal,  le  lion,  la  panthère  , le  castor,  le  sanglier,  plusieurs 
cerfs  , l’élan , le  renne,  le  moufflon  , l’aurohcs,  et  parmi  les  êtres 
marins,  la  baleine.  D’autres  espèces  ont  été  modifiées  par  leur 
changement  d’habitation,  et  ont  également  fait  varier  les  espèces 
dont  elles  ont  partagé  la  patrie. 

2°  Celles  qui  paraissent  n’avoir  plus  de  représentant  sur  la  terre 
et  qui  se  sont  éteintes  à des  époques  connues  des  temps  historiques, 
telles  que  le  cerf  à bois  gigantesque,  décrit  en  i55o,  comme  exis- 
tant encore  alors  dans  la  Prusse,  le  dronte  ou  Dodo  , qui,  depuis  le 
commencement  du  dix-septième  siècle,  a disparu  des  îles  de  France 
et  de  Bourbon  ; deux  espèces  de  crocodiles  des  catacombes 
d’Egypte  dont  M.  Geoffroy  pense  qu’il  n’existe  plus  d’analogues. 

3°  Enfin,  les  espèces  qui  auraient  également  disparu  depuis 
l’existence  de  l’homme,  mais  sans  qu’on  puisse  fixer  l’époque  de 
leur  destruction  , c’est-à-dire,  toutes  celles  des  cavernes,  des  brè- 
ches, des  alluvions  et  des  terrains  d’eau  douce  récens.  L’auteur 
en  présente  l’énumération  , ou  renvoie  à des  listes  déjà  publiées  • 
leur  nombre  est  fort  considérable  : pour  les  cavernes  seulement , 
il  cite  vingt-un  carnassiers  , six  rongeurs  , sept  pachydermes , 
douze  ruminans , huit  oiseaux,  douze  coquilles  terrestres  et 
même  dix  coquilles  marines.  On  y voit  figurer  toutes  les  espèces 
d’ours  ctd’hyèncs  fossiles,  l'éléphant  primigénius , le  grand  hyp- 


45a  SÉANCE  DU  2 JUILLET  l85s. 

popotame , les  deux  grandes  espèces  de  rhinocéros , de  nombreux 
cerfs,  etc.  Il  en  est  de  même  des  espèces  des  brèches  osseuses,  parmi 
lesquelles  on  distingue  un  palœothcrium  (p.  medium ?)  et  un 
cheropotarne.  Dans  les  terrains  d’eau  douce  supérieurs  sont  in- 
scrits : une  nouvelle  espèce  d’ours , un  rongeur  analogue  au 
castor,  Yelephas  meridionalis , Yhippopotamus  major , un  che'~ 
' ropotame , neuf  cerfs , un  grand  nombre  de  coquilles  et  de  végé- 
taux terrestres.  A l’appui  de  ce  groupement  nouveau  de  tant 
d’espèces  perdues  et  de  la  plupart  des  mammifères  fossiles,  au  mi- 
lieu des  temps  historiques,  M.  Marcel  de  Serres  rappelle  surtout 
les  fragmens  de  poteries  et  autres  objets  d’une  grossière  industrie 
trouvés  dans  quelques  cavernes  du  Midi , et  il  fait  connaître  le 
fait  nouveau  de  fragmens  de  verres  émaillés  différens  de  tout  ce 
qui  se  fabrique  dans  le  pays , qui  lui  ont  été  remis  comme  prove- 
nant de  l’intérieur  d’un  crâne  de  Yursus  Pitorii , de  la  caverne 
deFausan,  (Hérault)  (1). 


Séance  supplémentaire  du  2 juillet  1832. 

Présidence  de  M.  Brongniart. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

M.  le  président  proclame  membres  de  la  Société  : 

M.  Ange  Sismonda,  professeur  de  minéralogie  à Turin, 
présenté  par  MM.  Boué  et  Michelin. 

M.  Keilhàu  , professeur  de  minéralogie  à l'université  de 
Christiania,  présenté  par  MM.  Boué  et  de  Roissy. 

M.  Guillemot  , ingénieur  des  mines  à rétablissement  de 
Decazeville  (Aveyron),  présenté  par  MM.  Yirlet  et  Du- 

M.  le  président  annonce  que  le  conseil  vient  de  compléter 
le  choix  des  Mémoires  qui  doivent  composer  le  premier 
demi-volume  que  va  publier  la  Société  , et  quainsi  on 
pourra  le  livrer  de  suite  à l’impression. 

Le  conseil  a décidé  dans  la  même  séance  que  le  rendez- 

(î)  Cette  question  a été  envisagée  sous  un  point  de  vue  différent 
par  d’autres  géologues.  (Voir  le  Rapport  sur  les  travaux  de  la  Société 
pendant  Vannée  i83i , § 1 1 à i4-) 


SÉANCE  DU  a JUILLET  l83ï.  1$ 5 

vous  à Caen,  pour  la  réunion  d’automne  , est  fixé  au  4 sep- 
tembre au  soir.  Les  membres  de  la  Société  en  seront  préve- 
nus par  des  circulaires. 

M.  Michelin  annonce  la  perte  douloureuse  que  la  Société 
vient  de  faire  de  l’un  de  ses  membres  par  le  décès  de  M.  Mey- 
ranx,,  professeur  d’histoire  naturelle  au  collège  Charlemagne, 
à Paris. 

La  Société  reçoit  les  ouvrages  suivans  : 

i°  Le  N°  4i  (premier  trimestre  de  i852)  d es  Mémoires  de 
la  société  d'agriculture  , sciences  , arts  et  belles-lettres , du 
département  de  l’Aube. 

a°  Les  N°*  29  et  5o  de  1* Européen , journal  des  sciences 
morales  et  economiques. 

M.  Boubée  communique  les  observations  qu’il  a faites  avec 
MM.  j Domnando,  Hallowell , Beltrami , Rigault  et  Chais , 
dans  une  course  aux  environs  de  Lyon , sur  le  terrain  dilu- 
vien à blocs  erratiques , et  sur  le  creusement  de  la  vallée  du 
Rhône. 

« Cette  vallée  lui  paraît  formée  par  érosion  de  la  part  des  eaux, 
» et  nullement  par  dislocation  plutonique.  11  décrit  le  terrain  di- 
» luvien  du  plateau  de  Saint -Laurent;  il  signale  des  caractères 
» nouveaux  pour  distinguer  les  terrains  diluviens  des  terrains 
« alluviens . Les  premiers  , dit-il , sont  infertiles  et  privés  de  ruis- 
» seaux  , ou  s’il  y en  a,  ils  sont  profondément  encaissés.  Les  ter- 
» rains  diluviens  et  postdiluviens , au  contraire,  sont  généralement 
» très  fertiles,  et  présentent  beaucoup  de  ruisseaux  très  peu  ou 
» point  encaissés. 

» L’auteur  décrit  les  blocs  erratiques  ; il  fait  remarquer  que  ces 
blocs  sont  formés  des  mêmes  roches  primordiales  que  les  ga- 
lets qui  les  accompagnent  , qu’il  y a un  passage  insensible,  sous 
le  rapport  du  volume  , entre  les  blocs  les  plus  gros  et  les  petits 
cailloux  du  terrain  diluvien  au  milieu  desquels  on  les  trouve 
confondus  et  comme  ensevelis. 

» De  ces  observations  , M.  Boubée  conclut  que  ces  blocs  et  le 
terrain  diluvien  datent  de  la  même  époque  ; qii  ils  appartiennent 
au  meme  phénomène , et  qu’il  11e  saurait  admettre  que  les  blocs 
proviennent  d’un  transport  postérieur  à celui  des  cailloux 
roulés. 

y>  De  plusieurs  autres  faits,  l’auteur  conclut  encore  qu’une  par» 


454  SÉANCE  DU  2 JUILLET  l83*. 

tie  des  terrains  de  molasse,  et  notamment  divers  dépôts  de  nagel- 
flue,  sont  de  l’époque  diluvienne,  et  non  de  celle  des  terrains  ter- 
tiaires; que  leur  agglutination  en  grès  et  en  poudingue  est  entière- 
ment due  à des  infiltrations  post-diluviennes  qui  se  continuent  de 
nos  jours.  M.  Boubée  rattache  à sa  théorie  des  infiltrations  un 
grand  nombre  d’autres  faits  géologiques  dont  il  annonce  devoir 
bientôt  présenter  le  cadre  à la  société.  » 

M.  Élie  de  Beaumont  lit  des  observations  sur  l’étendue  du 
terrain  tertiaire  inférieur  dans  le  nord  de  la  France  et  sur 
les  dépôts  de  lignite  qui  s’y  trouvent. 

Le  but  de  ce  travail  est  de  montrer  que  les  lignites  du 
Soissonnais  et  des  contrées  adjacentes  doivent  continuer  à 
être  considérés  comme  subordonnés  à la  partie  inférieure  du 
système  du  calcaire  grossier.  Indépendamment  des  rappro- 
chemens  qui  lui  paraissent  indiquer  cette  conclusion , Fau- 
teur décrit  une  coupe  du  plateau  des  bois  de  Yermand,  entre 
Saint-Quentin  et  Pérenne , dans  laquelle  on  voit  un  gîte  de 
lignites  recouvert  par  un  dépôt  de  sable  jaune  qui  contient 
des  rognons  calcaires  pétris  de  nummulites , de  polypiers  et 
d’autres  fossiles. 

M.  Élie  de  Beaumont  annonce  ensuite  que,  dans  le  calcaire 
grossier  des  environs  de  Sartevil  et  de  Vigny  (Seine-et-Oise), 
il  a observé  avec  M.  Dufrénoy  des  couches  composées  en 
partie  de  grains  oolithiques.  11  y a aussi  dans  les  mêînes 
couches  des  milliolites  ; mais  l’existence  des  grains  oolithi- 
ques est  mise  hors  de  doute  par  leur  passage  graduel  à de 
petites  masses  calcaires  à surface  irrégulière  et  arrondie  sur 
tous  les  angles. 

Le  même  géologue  annonce  que , dans  une  course  qu’il  a 
faite  l’année  dernière  dans  la  vallée  de  Montmorency,  avec 
M.  Dufrénoy  et  plusieurs  autres  personnes , il  a observé 
dans  la  partie  supérieure  des  sables  coquilliers  verdâtres  de 
l’une  des  carrières  de  Beauchamp  , une  couche  d’environ 
deux  décimètres  de  puissance,  d’un  calcaire  grisâtre,  zoné, 
dont  l’aspect  indiquait  d’une  manière  difficile  à méconnaître 
une  origine  d’eau  douce.  La  carrière  était  ouverte  au  milieu 
de  ces  amas  de  calcaire  lacustre,  en  apparence  hors  de  place, 
dont  M,  Constant  Prêyost  s’est  occupé  en  les  désignant  quel- 


SÉANCE  DU  2 JUILLET  l832.  4^5 

quefois  sous  le  nom  de  magma,  et  dont  M.  le  vicomte  Hé- 
ricart-Ferrand  a récemment  entretenu  la  Société.  La  couche 
de  calcaire  d’eau  douce  observée  par  M.  Élie  de  Beaumont 
dans  le  sable  coquillier  connu  pour  contenir  un  mélange  de 
coquilles  marines  et  fluviatiles  lui  paraît  une  preuve  que  les 
fragmens  de  calcaire  d’eau  douce  qui  forment  la  surface  du 
sol,  quoique  évidemment  dérangés  de  leur  position  natu* 
relie,  ne  sont  pas  éloignés  du  lieu  de  leur  origine. 

Après  la  lecture  du  Pvlémoire  de  M.  Elie  de  Beaumont, 
sur  la  position  géologique  des  argiles  à lignites  du 
Soissonnais , M.  Desha jes  demande  à l’auteur  si , dans  les  lo- 
calités où  il  a vu  ces  argiles  sous  les  calcaires  grossiers,  il  y 
a trouvé  les  coquilles  fossiles,  d’eau  douce  et  marines,  qui  ca- 
ractérisent essentiellement  ces  terrains.  Sur  la  réponse  néga- 
tive, M.  Deshayes  émet , avec  toute  la  circonspection  néces- 
saire, l’opinion  que  les  argiles  observées  sous  les  calcaires 
grossiers  par  M.  Elie  de  Beaumont  pourraient  bien  ne  pas 
être  les  véritables  argiles  du  Soissonnais.  M.  Deshayes  appuie 
son  opinion  sur  ce  fait  zoologique  que , parmi  le  petit  nom- 
bre d’espèces  propres  à ces  terrains,  il  y en  a quatre  encore 
vivantes  aujourd’hui  dans  le  midi  de  l’Europe  et  de  l’Asie, 
ce  sont  : les  Melanopsis  costata  et  buccinoïdea  , la  Melania 
inquinata  et  la  Paludina  subcarinata . Si  l’on  se  rappelle 
que  dans  le  calcaire  grossier  il  y a à peine  trois  pour  cent 
d’analogues  vivans,  on  pourra  supposer  que  les  terrains  dans 
lesquels  cette  proportion  est  de  4 sur  i5  doivent  être  plus 
nouveaux  , s’il  est  vrai , comme  cela  semble  incontestable, 
qu’un  terrain  est  préjugé  d’autant  plus  nouveau  qu’il  contient 
en  plus  grand  nombre  des  espèces  encore  vivantes. 

M.  deLehmann  lit  une  lettre  de  M.  Fénéon,  professeur  de 
géologie  à l’École  des  mineurs  de  Saint-Etienne,  dans  la- 
quelle ce  dernier  développe  ses  idées  sur  la  formation  des 
gypses  tertiaires , et  notamment  sur  ceux  des  environs  de 
Paris  : 

Ayant  appris  la  découverte,  par  M.  de  Beaumont  , d’une  dolo- 
mie bien  caractérisée , près  de  Beiue , où  elle  se  trouve  dans  un 


456  SEANCE  DU  16  JUILLET  l83s. 

monticule  que  l’on  pourrait  prendre  pour  un  cratère  de  soulève- 
ment, M.  Fénéon  trouve  la  preuve  la  plus  concluante  des  phéno- 
mènes volcaniques  éprouvés  par  le  sol  tertiaire  des  environs  de 
Paris,  dans  la  structure  et  la  position  des  masses  de  gypse  si  sin- 
gulièrement intercalées  au  milieu  du  système  calcaire.  Depuis 
que  l’on  a constaté  que  le  calcaire  grossier  contient  les  mêmes 
restes  organiques  que  les  gypses,  M.  Fénéon  ne  considère  les  plâ- 
trières  que  comme  des  produits  de  solfatares  anciennes  qui  ont 
agi  postérieurement  sur  quelques  points  des  bassins  tertiaires  , et 
ont  converti  en  sulfate  les  bancs  de  carbonate  de  chaux. 

En  développant  ces  conjectures , il  les  appuie  : 

i°  Sur  la  configuration  extérieure  des  gypses  tertiaires,  qui, 
identiques  sous  ce  rapport  à ceux  du  lias  des  Alpes  et  des  autres 
terrains  secondaires  , forment , au  lieu  de  couches , de  gros  amas 
irréguliers , fait  général  et  demeuré  presque  sans  explication  sa- 
tisfaisante, soit  qu’on  compare  cette  substance  aux  dépôts  méca- 
niques des  argiles  et  des  grès  à grains  fins  , soit  qu’on  la  compare 
aux  sels  très  solubles , aux  carbonates  de  soude  de  l’Amérique  et 
de  l’Afrique  et  au  nitrate  de  soude  du  Pérou. 

2°  Sur  leur  disposition  en  monticules  dominant  le  sol  environ- 
nant , à la  manière  des  cônes  volcaniques , comme  si , dans  la 
pointe  qu’ils  occupent , il  y avait  eu  soulèvement  partiel  et  gon- 
flement de  couches  en  même  temps  que  changement  de  nature. 

3°  Enfin  , sur  les  accidens  de  coloration  en  vert , en  rouge  , en 
violet,  que  les  marnes  des  gypses  tertiaires  présentent  au  même 
degré  que  les  schistes  associés  aux  gypses  des  Pyrénées'  et  des 
Alpes. 


Séance  du  16  juillet  1832. 

Présidence  de  M.  de  Bonnard. 

Après  la  lecture  et  l’adoption  du  procès-verbal  de  la  der- 
nière séance,  le  président  proclame  membres  de  la  société: 

M.  J.-G.  Beltràmï,  membre  de  plusieurs  sociétés  savantes, 
présenté  par  MM.  Brongniart  et  Delafosse. 

Fausto  de  Elhuyar,  directeur  des  mines  d’Espagne, pré- 
senté par  MM.  de  Beaumont  et  Dufrénoy. 

M.Verina,  inspecteur  des  mines  d’Espagne,  présenté  par 
MM.  Dufrénoy  et  de  Beaumont. 


SÉANCE  DU  l6  JUILLET  1 852. 


457 


La  société  reçoit  les  ouvrages  suivans  : 

i°  Revue  encyclopédique , publiée  par  M.  Carnot.  Mai  et 
juin  i832.  In-8°  de  547  Pages*  Paris. 

2°  Mémoires  pour  servir  aux  éloges  biographiques  des  sa - 
vans  de  la  Belgique,  par  M.  Charles  Morren.  In-4°  de  19  p., 
avec  deux  portraits , dont  l’un  détaché  pour  la  collection  de 
la  société.  Gand,  i832. 

5°  Le  N°  de  septembre  1 83 1 du  Bulletin  des  sciences 
naturelles . 

4°  Le  N°  19  (juillet  i832)  du  Mémorial  encyclopédique 
et  progressif  des  connaissances  humaines  sous  la  direction 
de  M.  Bailly  de  Merlieux. 

5°  Le  N°  110  (juin  i832)  du  Bulletin  de  la  société  de 
géographie  de  Paris. 

6°  Les  N0*  5i  et  3a  de  X Européen. 

70  La  2 3e  livraison  des  coquilles  fossiles  des  environs  de 
Paris , par  M.  Deshayes. 

8°  De  la  part  de  M.  Buckland,  on  the  Vilality  ofthe  Toads 
cnclosed  in  slone  and  wood.  In-8°. 

90  De  la  part  de  M.  Michelin , le  portrait  gravé  de  M.  B.-G. 
Sage,  né  à Paris  le  7 mai  1 740. 

De  la  part  de  M.  Constant  Prévost  : 

Observations  sur  Stonesfîeld . Paris,  1825,  in-8°. 

Note  sur  un  nouvel  exemple  de  la  réunion  de  coquilles 
marines  et  de  coquilles  fluviatiles  fossiles  dans  les  mêmes 
couches.  Paris,  1821,  m-40,  12  pages  (6  exemplaires). 

Essai  sur  la  constitution  physique  et  géognoslique  du  bas- 
sin à l'ouverture  duquel  est  située  la  ville  de  Vienne  en  Au- 
triche. Extr.  du  Journ.  de  phys.,nov.,  1 820,  in-4°,55  p.  1 pi. 

Rapport  fait  à l’ Académie  royale  des  sciences  sur  le  voyage 
à l’îleJulia  en  i83i  et  1802,  par  M.  C.  Prévost. 

Mémoires  pour  servir  à l’histoire  naturelle  , et  principa- 
lement à l’ory  cto  graphie  de  C Italie  et  des  pays  adjacens , 
par  M.  Albert  Fortis.  Paris,  1802 , 2 vol.  in-8°  de  5oo  à 4oo 
pages,  avec  pl. 

Rapport  fait  à C Académie  royale  des  sciences , par 
M.  Brongniart  (décembre  1810)  sur  le  Mémoire  précédent. 
In-4°,  7 pages  (6  exemplaires). 


458  SÉANCE  DU  l6  JUILLET  l852. 

Atias  géologique  de  Smith . Contenant  4 grandes  cartes 
géologiques  de  Norfolk,  Kent , Wiltshire  et  Sussex . Lon- 
dres, 1819  a 1 8a  1 . 

M.  Michelin  remet  aussi  à la  Société , au  nom  de  M.  A. 
Passy,  préfet  du  département  de  l’Eure  \ l’annuaire  de  ce 
département  pour  1882. 

Ce  volume  contient,  entre  autres  choses,  une  notice  ar- 
chéologique et  historique  par  M.  Aug,  Le  Prévost,  membre 
de  la  Société  de  géologie  , et  une  notice  géologique  sur  le 
même  département,  par  M.  Passy,  aussimembre  de  la  Société. 

Le  secrétaire  donne  ensuite  lecture  de  la  correspondance* 

M.  de  Montlosier  adresse  une  lettre  à la  Société,  dans  laquelle, 
après  avoir  exprimé  l’opinion  que  la  Société  géologique  doit  s’oc- 
cuper principalement  des  hautes  questions  de  la  science , il  dit  : 
<1  II  faut  prendre  garde,  dans  ce  recueil  important,  d’enregistrer 
des  inutilités  , il  faut  prendre  garde  aussi  de  donner  trop  d’at- 
tention à des  travaux  tenant  à des  goûts  particuliers.  Ce  ne  sont 
pas  là  des  jalons  pour  la  route  que  nous  avons  à suivre;  je  suis 
charmé  de  savoir  l’identité  du  pyroxène  et  de  l’amphibole,  je 
l’ai  toujours  soupçonnée.  Pourtant,  en  point  de  géologie  , je  dé- 
clare que  ce  fait  ne  me  présente  aucune  importance.  Faisons- 
y attention  ; nous  voulons  aller  à la  science , de  quelle  manière 
certains  détails  nous  y conduiront-ils?  Vous  voulez  encourager, 
prenez  garde  de  détourner. 

» Il  n’en  est  pas  de  même  d’un  fait  aussi  important  que  celui  de 
la  formation  de  grands  lacs,  par  des  apports  de  matières  d’alluvion  ; 
ces  convois  énormes,  comment  se  sont-ils  produits?  d’où  est  venu  le 
volume  de  fluide  qui  les  a produits?  à quelle  époque  de  la  vie  du 
globe  appartiennent  ces  évènemens  ? Je  sais,  moi , que  ce  volume 
de  fluide  est  un  précipité  qui , des  sommités  de  l’atmosphère , est 
tombé  verticalement  sur  la  masse  solide  du  globe.  Je  le  sais,  parce 
j’ai  suivi  des  deux  côtés  des  Alpes , du  Jura , des  Vosges  et  de9 
montagnes  d’Auvergne  , la  traînée  de  ce  précipité , et  que  je  l’ai 
vu  ayant  emporté,  sur  chacun  des  revers  de  ces  montagnes,  les 
substances  diverses  spéciales  qui  leur  appartenaient.  En  possession 
de  ce  fait  , il  ne  s’agit  pas  de  l’abandonner;  il  faut  le  poursuivre 
dans  toutes  ses  circonstances.  Si  nous  examinions  la  profondeur 
des  lacs,  celui  de  Genève  est  reconnu  pour  avoir  de  8 à 900  pieds; 
le  lac  de  Constance  paraît  être  beaucoup  plus  profond  ; le  lac  Ma- 


SÉANCE  DU  l6  JUILLET  l8^2.  4^9 

jeur,le  lac  Como/sont  estimés  par  les  pêcheurs  d’une  plus  grande 
profondeur  encore.  Pourtant , si  cela  est  ainsi , il  se  trouvera  que 
le  fond  de  ces  lacs^est  de  niveau  , ou  même  inférieur,  à la  surface 
actuelle  de  la  mer  * il  s’en  suivrait  que,  depuis  l’époque  de  quatre 
ou  cinq  mille  ans,  à laquelle  ces  apports  appartiennent,  la  hauteur 
de  la  surface  de  la  mer  et  la  masse  de  ses  eaux  se  sont  considéra- 
blement augmentées.  Cependant , est-ce  sur  ce  point  seul  que  ces 
apports  de  matières  d’alluvion  se  sont  formés?  On  les  trouve  par- 
tout. Elles  ont  élevé  la  masse  solide  du  globe  comme  la  masse  du 
fluide.  On  se  donne  la  peine  de  suivre  des  courans  de  lave  depuis 
leur  foyer  jusqu’à  leur  dernier  terme,  mais  je  n’ai  pas  vu  qu’au- 
cun de  nos  grands  géologues  ait  suivi  en  détail  la  distribution 
diverse  de  ces  apports , dont  quelques  uns  ont  cependant  com- 
posé des  contrées  entières.  La  Sologne,  par  exemple,  n’est  con- 
struite que  de  la  partie  septentrionale  de  la  grande  gibbosité  de 
l’Auvergne  dans  une  ligne  que  peut  représenter  le  cours  du  Cher ; 
tout  le  territoire  de  Fontainebleau,  y compris  ses  montagnes,  est 
composé  d’un  grand  apport  provenant  de  l’est. 

» Négliger  de  tels  faits,  ou  passer  légèrement  sur  leur  caractère, 
est  un  procédé  qui  éloigne  de  la  science.  Voici  ce  qui  peut  en 
éloigner  encore  davantage  ; c’est  l’admission  de'faitsqui  pré- 
sentent une  grande  importance,  mais  qui,  selon  moi,  ne’ sont 
pas  encore  établis.  Je  mets  dans  ce  nombre  ce  que  j’aperçois 
dans  plusieurs  parties  de  vos  Bulletins,  relativement  à des  for- 
mations de  montagnes  par  souîèvemens  ; on  ne  fait  nulle  fa- 
çon de  signaler  de  cette  manière  le  Caucase  , les  Pyrénées, 
les  Alpes,  le  Jura,  les  Vosges.  Dans  mes  nombreux  voyages, 
j’ai  eu  occasion  d’examiner  cette  supposition  ; je  ne  l’ai  pas 
trouvée  fondée,  non  pas  que  je  regarde  comme  impossible  toute 
espèce  de  soulèvement  ; il  a lieu  d’une  manière  régulière  sur 
les  eaux  de  l’Océan  ; il  se  décèle  quelquefois  dans  ce  qu’on  appelle 
tremblement  de  terre.  En  tout,  je  soupçonne  que  la  partie  solide 
du  globe  n’est  qu’une  carapace  sous  laquelle  la  vie  de  la  terre  qui 
s’y  est  réfugiée  se  défend  de  l’action  continue  , foudroyante,  du 
soleil.  Une  formation  de  montagne  par  soulèvement  ne  me  paraît 
donc  pas  impossible;  seulement  ce  qui  est  possible  ne  doit  pas 
être  légèrement  supposé  ; si  quelque  chose  se  prêtait  à cette  idée, 
ce  serait  certainement  le  Mont-d’Or,  le  Cantal  et  le  Mésiu. 

»Nulleparton  ne  pourrait  trouver  des  indices  plus  remarquables, 
et  pourtant , en  recherchant  attentivement  la  pose  et  les  circon- 
stances de  ces  montagnes , j’ai  dù  repousser  toute  supposition  de 
leur  formation  par  soulèvement  ; en  général,  si  on  veut  y regar- 


44 0 SÉANCE  DU  l6  JUILLET  l85î2. 

der  de  près  ? il  semblerait  qu’il  n’v  a pas  de  montagnes  propre- 
ment dites;  ce  sont  toujours  de  simples  déchiremens  qui,  pour 
la  hauteur  et  la  coitiposition  , se  rattachent  à un  continent  élevé 
qui  les  précède.  D’après  l’observation  de  M.  le  général  Pfiffer, 
rapportée  par  M.  de  Saussure , toutes  les  montagnes  des  Alpes , 
y compris  le  Jura,  représentent,  dans  leur  ensemble,  un  conti- 
nent plein  à pente  douce;  on  n’a  pour  cela  qu’à  combler  de  gran- 
des déchirures  ou  vallées  qui  les  découpent,  les  Vosges  abruptes 
du  côté  du  Rhin  , le  Jura  abrupte  du  côté  de  la  vallée  de  Genève, 
les  montagnes  de  la  Saxe  abruptes  du  côté  de  l’Elbe , le  Rhoen 
abrupte  du  côté  de  Fulde;  toutes  ces  montagnes  à pente  douce 
sur  leur  revers  opposé  ne  m’ont  présenté  aucune  apparence  de 
soulèvement.  De  l’immense  vallée  des  Pays-Bas,  si  vous  voulez 
pénétrer  en  France  du  côté  de  Namur  et  au-dessus , vous  trouvez 
de  temps  en  temps  des  espèces  de  promontoires  isolés  qui  sem- 
blent figurer  comme  des  montagnes.  Il  en  est  ainsi  de  ce  qu’on 
appelle  montagnes  de  Fontainebleau  ; en  les  abordant  du  côté  de 
Paris , vous  pourrez  croire  que  ce  sont  réellement  des  montagnes; 
poursuivez  jusqu’à  Nemours,  vous  trouverez  la  suite  de  ces 
mêmes  montagnes  ; mais  cette  fois  au  même  niveau  que  tout  le 
grand  continent  qui  s’étend  d’une  manière  indéfinie  jusqu’au- 
delà  de  Bois-le-Roi » 

M.  Desnoyers  communique  à la  Société  une  lettre  qu’il  a 
reçue  de  M.  Charles  Desmoulins,  de  Bordeaux,  dans  laquelle 
ce  géologue  lui  donne  des  détails  qu’il  lui  avait  demandés  au 
nom  de  la  société,  sur  les  terrains  tertiaires  de  cette  partie 
de  la  France.  Cette  lettre,  adressée  à MM.  Desnoyers  et 
Deshayes,  peut  servir  de  réponse  à la  lettre  que  M.  Boué  a 
écrite  de  Bordeaux  le  i5  avril,  sur  le  même  sujet , et  qui 
est  insérée  dans  le  deuxième  volume  du  Bulletin , page  675. 
Nous  en  extrayons  les  passages  suivans  : 

« Le  mélange  des  fossiles  bordelais  et  des  fossiles  parisiens  est 
très  évident  dans  les  collections ; mais  il  est  fortement  modifié  sur 
le  terrain , et  c’est  là  l’important.  Il  y a des  espèces  , il  est  vrai , 
qu’on  retrouve  à tous  les  étages  du  terrain  tertiaire;  mais  il  y a des 
nuances  de  composition  zoologique  tellement  tranchées  entre  ces 
étages,  que  , malgré  ces  traits  de  ressemblance  générale  et  d’iden- 
tité fondamentale,  on  peut  et  on  doit  établir  des  distinctions  très 
nettes  entre  eux. 


SÉANCE  DU  l6  JÜILLET  l832.  44* 

» Le  mot  mélange , que  vous  employez  dans  votre  lettre  , est 
précisé  et  expliqué  par  M.  Deshayes,  qui  me  demande  en  pro- 
pres termes  s’il  y a alternance  , intercalation  des  calcaires  de 
Blaye  et  de  Pauillac  avec  nos  falunières.  Non , monsieur,  il  n’v  a 
rien  de  semblable,  à ma  connaissance,  et  je  crois  pouvoir  assurer 
qu’on  n’en  trouvera  pas  d’exemple. 

» J’ai  bien  montré  à M.  Boué  des  échantillons  de  falun  légère- 
ment durci , dont  la  partie  inférieure  passe  à un  véritable  calcaire 
grossier  qui  ne  présente  plus  que  des  moules  et  des  empreintes. 
Je  lui  ai  bien  dit  que  je  ne  voyais  pas  de  séparation  bien  tranchée, 
sous  le  rapport  minéralogique  et  zoologique  , entre  nos  faluns 
et  le  calcaire  de  Laroque  et  des  collines  de  la  droite  de  la  Ga- 
ronne , lesquelles  sont  pour  moi  le  calcaire  moellon  de  M. Marcel 
de  Serres,  et  pas  autre  chose  qu’un  falun  plus  ou  moins  modifié, 
plus  ou  moins  durci  ou  cristallisé,  plus  ou  moins  riche  en  fossiles. 
Mais  il  ne  s’agit  nullement  ici  des  calcaires  de  Blaye  et  de  Pauil- 
lac , qui  sont  extrêmement  différens  sous  tous  les  rapports. 

» Je  n’ai  point  étudié  la  molasse;  M.  Jouannet  seul  a pu  le  faire. 
"Voici  ce  que  je  trouve,  de  haut  en  bas,  dans  les  parties  dont  j’ai 
fait , par  le  moyen  des  fossiles  surtout , une  étude  approfondie. 

» i°Nos  faluns  sablonneux  de  la  gauche  de  la  Garonne  passent, 
dans  leur  partie  inférieure  , à l’état  de  calcaire  grossier  de  mau- 
vaise qualité.  C’est  le  dépôt  le  plus  récent , et  il  l’est  plus  que  les 
faluns  bleus  et  violacés  de  Dax. 

» Selon  M.  Elie de  Beaumont,  nos  faluns  se  divisent  en  deux 
sortes.  Les  plus  communs  (Léognan,  Saucats , Mérignac , Gradi- 
gnan) sont  pour  lui  le  calcaire  moellon.  Les  plus  rares , qui  se 
trouvent  à Bordeaux  môme  (Terrenègre) , sont  pour  lui  du  cal- 
caire grossier  parisien  , parce  qu’il  y a de  crassatella  tumida.  Il 
m’est  impossible  de  voir  la  chose  ainsi.  Je  vois  bien  une  nuance 
entre  ces  deux  faluns , mais  pas  assurément  une  différence  aussi 
grande. 

» 2°  Le  calcaire  grossier  de  baroque  et  de  la  rive  droite  de  la 
Garonne,  lequel  contient  des  fossiles  de  Paris  en  moindre  nombre 
d’espèces , des  fossiles  plus  nombreux  de  nos  faluns  ordinaires  , et 
par-dessus  tout  des  fossiles  semblables  à ceux  des  faluns  bleus  de 
Dax  {Turbo  Parkinsoni , Ampullaria  maxima  , etc.)  Pour  moi, 
c’est  le  calcaire  moellon  de  M.  Marcel  de  Serres,  et  il  se  lie  à nos 
faluns  ordinaires  , auquel  il  est  pourtant  constamment  inférieur. 

» Pour  M.  Elie  de  Beaumont , c’est  encore  le  calcaire  grossier 
parisien. 

» 3°  Le  calcaire  de  la  citadelle  de  Blaye;  c’est  le  seul  poiut  où 


44$  SÉANCE  DU  l6  JUILLET  l85«. 

je  l’aie  trouvé.  C’est  une  pâte  de  miliolites  , mêlées  de  clypèaster 
stelliferus  deLamarck  (galerites  stellifera , nob.  ined.). 

» 4°  Le  calcaire  des  derrières  de  Blaye,  qui  passe  sous  la  Gironde 
et  ressort  à Pauillac  , Saint-Estèphe  , et  jusque  dans  tout  le  Bas- 
Médoc.  Voilà  , comme  le  dit  avec  une  parfaite  raison  M.  Des- 
hayes,  voilà  le  vrai  calcaire  grossier  parisien . 

» Clavagella  coronata  , Gerithium  giganteum  , Miliolites  cor - 
anguinum , Vulsella  deperdita , Terrebellum  convolutum  , Car- 
dita  avicularia  , Lam.,  Calyptrœa  trochiformis  , et  ses  subdivi- 
sions , Pileopsis  cornucopiæ  , Cfypeaster  depressiusculus  , Des- 
marest , ined.  ( Fibularia  depressiuscula , nob.  ined.) 

» Laplupart  de  ces  fossiles  y sont  par  milliards,  et  nous  ne  con- 
naissons rien  au-dessousde  ce  calcaire.  À quelques  lieues  plus  bas , 
en  Saintonge,  la  craie  se  montre. Il  faudrait  des  développemens  dans 
lesquels  je  ne  puis  entrer  en  ce  moment,  pour  montrer,  par  le 
détail  des  faits  et  par  les  listes  de  fossiles  de  chaque  étage , les 
rapports  et  les  différences  qui  existent  entre  eux  ; mais  en  voilà 
assez,  je  pense , pour  vous  montrer  deux  étages  principaux  (moel- 
lon et  parisien)  divisés  chacun  en  deux  subdivisions,  toujours  par- 
faitement distincts  entre  eux,  malgré  les  espèces  communes  qu’ils 
renferment , et  ri  alternant  jamais  F un  avec  Vautre . 

» En  somme,  M.  Boué  n’a  pas  pu  étudier  assez  long-temps  nos 
terrains  et  nos  collections  pour  embrasser  les  détails  qui  peuvent 
seuls  servir  de  base  à des  conclusions  générales. 

» Ces  conclusions  , M.  Deshayés  les  a atteintes  , parfaitement 
vraies , au  moyen  de  l’étude  approfondie  d’un  des  deux  élémens 
de  détermination  fies  fossiles). 

» Telle  est  dumoins  mon  opinion.  Au  reste,  je  le  répète,  toutes 
ces  différences , ces  étages , ne  sont  que  de  simples  nuances , et  je 
crois  leurs  résultats  très  variables  selon  les  localités.  En  somme, 
il  y a une  identité  fondamentale  très  évidente  dans  toute  la  for- 
mation zoologique  de  la  période  tertiaire.  L’étude  que  j’ai  faite 
des  fossiles  me  donne  la  conviction , quoi  qu’on  en  puisse  dire, 
qu’il  n’existe  pas  une  seule  espèce  de  fossiles  qui  soit  commune 
au  terrain  tertiaire  et  au  terrain  secondaire,  tandis  qu’il  existe 
des  espèces  ( Pectunculus  cor  et  pulvinatus , etc.)  qui  sont  com- 
munes à tous  les  étages  tertiaires  et  à l’état  vivant.  Sur  ce  point , 
il  ne  suffit  pas  des  ressemblances  que  les  géologues  trouvent  entre 
certaines  espèces  secondaires  et  tertiaires.  Les  conchyliologistes 
seuls  peuvent  prononcer  sur  une  identité  d’espèces , et  cela  en- 
core avec  de  nombreux  échantillons,  des  comparaisons  attenti- 
ves, et  après  une  étude  consciencieuse,  sévère  et  toute  spéciale.  » 


SÉANCE  Dü  l6  JUILLET  J 85a.  44& 

M.  Desnoyers  a joint  à la  lettre  de  M.  Desmoulins  la  note 
suivante  : 

®La lettre  de  M.  Ch.  Desmoulins,  relative  auxdifférens  âges  de9 
calcaires  tertiaires  de  la  Gironde,  confirme  pleinement  les  dis- 
tinctions établies  par  M.  Deshayes  à l’aide  des  fossiles , et  celles 
auxquelles  j’étais  arrivé  pour  les  faluns  de  la  Loire  identiques 
zoologiquement  et  chronologiquement  avec  ceux  de  Bordeaux. 

» M.  Desmoulins  distingue  dans  la  Gironde  deux  étages, princi- 
paux , moellon  et  parisien  , qui  ne  se  confondent  point.  Les 
mêmes  rapports  existent  dans  la  Loire , où  le  contact  du  terrain 
tertiaire  des  faluns  montre  évidemment  un  gisement  transgressif 
sur  le  calcaire  d’eau  douce  de  la  dernière  formation  parisienne 
(Sainte-Maure  en  Touraine  , Blois , et  plusieurs  points  de  la  So- 
logne). 

» La  même  discordance  s’observe  dans  le  petit  bassin  du  Coten- 
tin, où  les  tufs  marins  de  Carentan  et  le  falun  de  Rou  ville , avec 
fossiles  analogues  à ceu$  de  la  Loire,  ne  se  confondent  point  avec 
la  grande  masse  de  coquilles  analogues  à celles  du  calcaire  gros- 
sier, et  contenues  soit  dans  des  faluns  incohérens,  soit  dans  le  cal- 
caire à miîliolites,  d’Orglandes , de  Néhou,  etc. 

» Les  environs  de  Rennes  nous  offrent  une  discordance  ana- 
logue; le  calcaire  grossier  parisien  représenté  dans  cette  loca- 
lité par  le  calcaire  de  Pontpéan  , avec  orbitolites , miîliolites,  et 
plusieurs  espèces  toutes  parisiennes , présente  des  alternances  de 
calcaire  d’eau  douce;  tandis  que  dans  le  vallon  voisin,  à un  niveau 
plus  bas  que  la  surface  des  anciens  travaux  de  la  mine  , les 
tufs  marins,  correspondans  au  calcaire  de  Douai,  sont  adossés  au 
terrain  tertiaire  plus  ancien  de  Pontpéan  , sans  se  confondre 
avec  lui , et  ne  contiennent  plus  que  les  fossiles  (coquilles,  poly- 
piers, os  de  lamantins,  etc.)  qui  se  retrouvent  si  abondamment  au 
nord  de  Rennes  et  jusqu’à  Dinan  , lesquels  sont  analogues  à ceux 
de  Touraine,  quoique  avec  un  bien  plus  petit  nombre  d’espèces. 

«Dans  la  Loire-Inférieure,  lebassin  des  Cléons,  et  la  plupart  des 
dépôts  coquilliers  à l’est,  au  nord-est  et  au  sud-est  de  Nantes,  sont 
la  continuation  de  la  formation  récente  de  Touraine  et  d’Anjou  , 
mais  à un  niveau  bien  inférieur;  tandis  qu’au  nord-ouest  et  au 
sud-ouest  de  la  ville  , vers  Pont-Château  , les  calcaires  à chaux  de 
Cambon,  de  Bcrgon  , etc  , sont , la  plupart,  comme  ceux  de 
Pontpéan , des  couches  alternatives  de  calcaire  à miîliolites  et 
de  calcaire  d’eau  douce,  semblables  aux  bancs  mélangés  de 
Sergy  et  de  presque  toute  la  partie  supérieure  du  calcaire  gros-; 


444  SÉAtfCE  DU  16  JUILLET  1 85  2 

sier  des  environs  de  Paris.  Ces  deux  sortes  de  dépôts  de  la  Loire- 
Inférieure  ne  m’ont  pas  semblé  se  confondre  davantage  que  ceux 
de  Rennes  et  du  Cotentin  : les  faluns  récens  sont  presque 
toujours  au  pied  des  calcaires  tertiaires  plus  anciens.  Les  calcai- 
res marins  de  la  Loire-Inférieure , et  surtout  celui  de  Pontpéan  , 
plus  anciens  que  les  faluns , ressemblent  beaucoup  à celui  de 
Pauillac.  » 

Après  la  lecture  de  la  lettre  de  M.  Desmoulins , M.  Dufré- 
noy observe  que  les  caractères  géologiques  ou  de  superposi- 
tion confirment  la  séparation  que  M.  Deshayes  a admise  dans 
les  terrains  tertiaires  de  Bordeaux  d’après  l’étude  des  fos- 
siles. En  effet , la  suite  de  collines  qui  bordent  la  rive  droite 
de  la  Gironde,  depuis  Marmande  jusqu’à  Blaye , présente 
plusieurs  coupes  dans  lesquelles  le  calcaire  parisien  est  sé- 
paré des  faluns  ou  molasses  coquilliers  par  une  formation 
très  épaisse  de  calcaire  d’eau  douce,  le  même  qui  recouvre 
presque  tout  le  département  de  Lot-et  Garonne  : depuis 
long-temps  M.  Dufrénoy  avait  reconnu  ce  fait  important 
qui  lève  tous  les  doutes  que  l’on  avait  sur  les  terrains  ter- 
tiaires du  Bordelais.  Il  annonce  qu’il  a parcouru  de  nouveau, 
cette  année,  cette  partie  de  la  France,  dans  le  but  de  com- 
pléter les  données  qu’il  avait  recueillies  plus  anciennement , 
et  qu’il  se  propose  de  rédiger  un  travail  sur  ce  sujet. 

M.  Elie  de  Beaumont  annonce  qu’il  partage  l’opinion  que 
M.  Dufrénoy  vient  d’émettre  sur  le  terrain  tertiaire  des  en- 
virons de  Bordeaux  ; mais  il  annonce  que  c’est  à tort  que 
M.  Desmoulins  le  cite  dans  sa  lettre,  parce  qu’il  a puisé  ses 
idées  auprès  de  M.  Dufrénoy,  avec  lequel  il  a fait  un  voyage 
dans  le  sud  de  la  France  en  1801. 

M.  Boubée  présente  à la  Société  deux  grandes  espèces  de 
nummulites  qu’il  nomme  et  qu’il  caractérise  de  la  manière 
suivante  : 

« i°  Nummulites  mille-caput , dont  la  spire  est  dichotome  et  se 
bifide  à plusieurs  reprises  , de  telle  sorte  que  l’on  voit  dans  l’in- 
térieur de  la  coquille  le  nombre  des  spires  augmenter  successive- 
ment jusqu’à  neuf  ou  dix  , lesquelles  s’enroulent  toutes  ensemble 


SÉANCE  DU  l6  JUILLET  i832.  44$ 

dans  le  même  plan , comme  si  plusieurs  animaux  avaient  simulta- 
nément concouru  à former  la  même  coquille. 

» En  outre,  cette  coquille  est  striée  extérieurement  ; mais  les 
stries  sont  parallèles,  et  ne  couvrent  dé  chaque  côté  delà  coquille 
que  la  moitié  de  sa  surface,  la  moitié  striée  d’une  face  correspon- 
dant à la  moitié  non  striée  de  l’autre.  Cette  espèce  est  la  plus 
grande  connue;  dans  un  échantillon  déposé  au  Muséum,  son  dia- 
mètre dépasse  5o  millimètres  ; épaisseur,  5 millimètres. 

» La  nummulite  a mille  têtes  se  trouve  à Baskérus  (Landes)  dans 
un  calcaire  grossier,  avec  trois  autres  nummulites  nouvelles  que 

M.  Boubée  a brièvement  décrites  dans  le  Bulletin  de  nouveaux 
gisemens  de  France  (ire  livr.) , sous  les  noms  de  N.  lenticularis  , 

N.  crassa  et  N.  plano-spira. 

» 2°  Nummulites papyracea.  M.  Boubée  nomme  ainsi  une  espèce 
qui  semble  voisine  de  la  précédente  ; elle  est  beaucoup  plus  mince. 
Son  tissu  est  si  compacte , qu’on  n’y  distingue  aucune  trace  de 
tours  de  spire , ni  de  cloisons , mais  seulement  la  séparation  mé- 
diane des  deux  parties.  Elle  est  sensiblement  sonore,  sans  qu’elle 
soit  cependant  siliceuse  ( diamètre , 4o  millimètres  ; épaisseur, 
‘±  millimètres. 

» Cette  espèce  se  trouve  aux  environs  de  Boulogne  (Haute-Ga- 
ronne) , dans  un  terrain  que  l’on  avait  toujours  regardé  comme 
tertiaire  , mais  que  M.  Boubée  annonce  être  du  groupe  crétacé. 
On  y trouve  avec  elle  des  rétépores  7 des  griffées,  le  pecten  quin 
que-costatus  , et  une  espèce  nouvelle,  très  jolie,  que  M.  Boubée 
met  sous  les  yeux  de  la  Société , et  qui  paraît  se  rapporter  au 
genre  sigaret.  » 

M.  Elie  de  Beaumont  ajoute  quelques  nouveaux  dévclop- 
pemens  à la  note  relative  aux  lignites  du  nord  de  la  France  , 
qu’il  avait  lue  dans  la  séance  précédente. 

Afin  de  faciliter  les  moyens  de  comparer  les  positions  des  loca- 
lités qu’il  a mentionnées,  il  a présenté  à la  Société  une  esquisse 
de  la  forme  de  la  nappe  d’eau,  sous  laquelle  se  sont  déposés  les 
terrains  tertiaires  inférieurs  du  INord  de  la  France  et  de  l’Angle- 
terre, esquisse  qu’il  avait  déjà  eu  occasion  de  produire  dans  le 
cours  de  géologie  de  l’Ecole  des  Mines,  en  mars  i83i. 

Cette  esquisse  a été  dessinée  d’après  l’ensemble  des  matériaux 
existans , que  Fauteur  a complétés  et  liés  entre  eux,  autant  qu’il 
lui  a été  possible,  d’après  scs  propres  observations  et  d’après  les 
conjectures  qui  lui  ont  paru  les  plus  vraisemblables. 

Soc.  gêol.  Tom.  II. 


*9 


446  SÉANCE  DU  l6  JUILLET  J 852. 

Il  a adopté  pour  dresser  cette  ébauche Re  carte  marine,  d’une 
partie  de  l’Europe , la  projection  s té  réograph  iq  u e sur  l’horizon 
du  Mont-Blanc  , projection  qui  lui  a paru  une  des  plus  propres  à 
mettre  en  lumière  les  rapports  de  formes  et  de  position  des  dif- 
férentes masses  minérales , dont  le  sol  de  l’Europe  se  compose,  et 
qui  possède  en  même  temps  des  propriétés  géométriques , qui 
pourront  être  d’un  grand  secours  dans  la  solution  des  problèmes 
relatifs  aux  directions.  Afin  de  se  faciliter  les  moyens  de  dresser  j 
des  cartes  analogues  pour  toutes  les  périodes  géologiques,  M.  Elie 
de  Beaumont  a fait  graver  le  canevas  de  la  partie  centrale  de  la 
projection  dont  il  s’agit,  sur  une  échelle  qui  suppose  à la  mappe- 
monde entière  un  diamètre  de  2,546  mètres;  les  méridiens  et  les 
parallèles  y sont  tracés  de  degré  en  degré;  les  lignes  de  division  des 
feuilles  de  la  carte  de  Gassini  y sont  construites  avec  soin , et  une 
grande  partie  des  positions  géographiques  données  par  la  Con- 
naissance des  Temps  y sont  également  marquées** 

M.  Elie  de  Beaumont  a mis  ensuite  sous  les  yeux  de  la  Société 
géologique  un  nautile  trouvé  dans  les  Carrières  de  calcaire  gros- 
sier, exploité  entre  Vigny  etLonguesse  (Seine-et-Oise).  Les  cloi- 
sons de  ce  nautile  sont  très  contournées , caractère  qui,  d’après 
M.  de  Roissy,  est  propre  aux  nautiles  des  terrains  récens,  et  qui 
rappelle  le  nautile  des  environs  de  Bordeaux  et  de  Dax.  La  craie 
vient  au  jour  dans  la  vallée  de  V igny , et  ce  relèvement  s’aligne 
avec  ceux  de  Beaumont-sur-Oise , et  de  la  côte  de  Marigny  près 
Compiègne , dans  une  direction  à peu  près  parallèle  à la  chaîne 
principale  des  Alpes , et  dont  le  prolongement  va  traverser  la  ré- 
gion volcanique  des  bords  du  Rhin. 

M.  Constant  Prévost  offre  à la  Société  , pour  ses  collec- 
tions, une  série  de  roches  et  de  fossiles  des  formations  à li- 
gnites  du  Soissonnais. 

II  rappelle  que,  dans  la  séance  du  4 juin  dernier,  il  a cru 
devoir  reproduire  l’opinion  par  lui  émise  depuis  long-temps 
avec  M.  Desnoyers,  que  la  plupart  des  dépôts  argileux  et  à 
lignites  exploités  pour  l’amendement  des  terres  , depuis 
Epernay  jusqu’aux  environs  de  Soissons  et  de  Laon , sous  le 
nom  de  cendres  pyriteuses , ne  doivent  pas  être  confondus 
avec  l’argile  plastique  inférieure  au  calcaire  grossier.  A cette 
occasion,  M.  Elie  de  Beaumont,  ayant  annoncé  avoir  de  fortes 
raisons  pour  être  d'un  avis  contraire,  et  pour  continuer  àcroire 


SÉANCE  DU  l6  JUILLET  l8&2. 


4 47 


que  les  lignites  du  Soissonnais  doivent  être  regardés  comme 
inférieurs  au  calcaire  grossier  ; M.  Constant  Prévost  a,  dans 
la  séance  du  18  juin,  développé  les  motifs  sur  lesquels  se 
fondent  les  doutes  quila  précédemment  exprimés  ; prenant 
pour  exemple  les  terrains  d’Alum-Bay  et  d’Headen-Hill , 
dans  file  de  Wight , qui  offrent  divers  étages  de  dépôts  ar^ 
gileux  et  à lignites,  il  a fait  voir,  par  la  comparaison  des 
espèces  et  par  le  mélange  de  coquilles  marines  et  fiuviatiles, 
que  les  formations  à lignites  du  Soissonnais  et  d’Epernay  ont 
les  plus  grands  rapports  avec  celles  d’Headen-Hill , dont  là 
position  au-dessus  du  London-Clay  qui  représente  le  calcaire 
grossier  n’est  pas  contestable. 

D’un  autre  côté,  pour  soutenir  son  opinion  , M.  Elie  de 
Beaumont,  dans  la  séance  du  2 juillet , a lu  de  nouvelles  ob- 
servations sur  les  lignites  du  Soissonnais,  qu’il  ne  regarde 
plus  comme  inférieurs  au  calcaire  grossier,  mais  comme  sub- 
ordonnés à la  partie  inférieure  de  cette  formation. 

M.  Constant  Prévost  annonce  11’avoir  rien  à ajouter  aux 
développemens  qu’il  a donnés  précédemment  dans  la  séance 
du  18,  Mais  il  fait  remarquer  : i°  qu’il  a toujours  distingué 
dans  le  Soissonnais,  comme  aux  environs  de  Paris  et  dans 
Plie  de  Wight , le  système  argileux  contenant  des  lignites,  et 
très  rarement  des  coquilles  (Noyer,  La  Fère  , Gisors,  Dreux  , 
Vanes,  Gentilly,  Alum-Bay)  qui  constitue  la  formation 
d’argile  plastique  de  MM.  Cuvier  et  Brongniart,  de  plusieurs 
systèmes  argileux  et  également  à lignites,  mais  contenant  un 
mélange  presque  constant  de  coquilles  marines  et  fiuviatiles 
qui  lui  paraissent  subordonnés  au  calcaire  grossier  et  même 
au  gypse  (Vaux-Buin,  Osly,  Epernny,  Varangevilie,  Bagneux, 
Vaugirard,  Montmorency,  Belleville,  Hcaden-Hill). 

Et  c’est  à ces  derniers  systèmes  que,  selon  lui , appartient 
nent  la  plupart  des  lignites  exploités  dans  les  vallées  du  Sois- 
sonnais. 

2°  Que  les  observations  de  M.  Elie  de  Beaumont  ne  s’ap- 
pliquent probablement  qu’au  premier  système,  puisque  ce 
géologue  n’a  pas  rencontré  dans  les  localités  qu’il  a visitées, 
les  fossiles  que  M.  C.  Prévost  met  sous  les  yeux  de  la  Société. 

5°  Qu’cnûn,  M.  Elie  de] Beaumont  ne  regardant  plus 


448  SÉANCE  DU  l6  JUILLET  l83a. 

les  dépôts  à lignites  dont  il  est  question  comme  une 
formation  d’eau  douce  indépendante  et  inférieure  au  cal- 
caire grossier,  mais  comme  étant  subordonnés  à la  partie 
inférieure  de  celui  ci,  il  voit  avec  plaisir  que  la  première  opi- 
nion de  M.  de  Beaumont,  ainsi  modifiée,  se  rapproche  de 
celle  qu’il  a depuis  long-temps  fait  connaître;  savoir  : que 
ces  dépôts  à lignites  sont  dus  à des  cours  d’eau  fluviatile  qui , 
agissant  pendant  que  se  formaient  le  calcaire  grossier,  le 
gypse  et  le  calcaire  siliceux,  et  peut-être  long-temps  encore 
après,  ont  été  intercalés  à plusieurs  étages  dans  ces  forma- 
tions, ce  qui  conduit  à rejeter  de  plus  en  plus  toute  idée  de 
changemens  successifs  dans  la  nature  des  eaux , pour  expli- 
quer les  alternances  de  dépôts  marins  et  d’eau  douce  dont 
les  terrains  des  environs  de  Paris  offrent  tant  d’exemples. 

M.  Dufrénoy  fait  ensuite  à la  Société  le  rapport  suivant 
sur  une  question  adressée  par  M.  de  La  Brosse , maire  de 
Giron,  relative  à la  nature  de  certaines  marnes. 

Le  département  de  l’Indre,  composé,  sur  une  grande  partie  de 
sa  surface,  de  formations  jurassiques,  et  de  craie,  présente  de 
nombreux  plateaux  couverts  de  sables  et  de  fragmens  de  silex  qui 
constituent  un  terrain  tertiaire  semblable  à celui  de  la  Normandie 
et  du  Maine,  dont  M.  Des  noyers  vous  a entretenus  dans  une  de 
vos  précédentes  séances.  Le  sol  de  ces  terrains  tertiaires  est  en  gé- 
néral peu  fertile , le  seigle  est  le  seul  grain  qui  y prospère.  Ces 
terrains  ne  sont  recouverts  que  de  bruyères  et  de  taillis  de  mau- 
vaise venue.  On  y voit  de  distance  en  distance  des  fermes  isolées, 
et,  sauf  celles  appartenant  a des  propriétaires  assez  riches  pour 
faire  venir  à grands  frais  de  la  marne  , prise  à une  assez  grande 
distance,  ces  exploitations  sont  toujours  très  languissantes. 

Depuis  quelques  années,  l’agriculture  de  ce  pays  a reçu  des 
améliorations  sensibles,  par  la  découverte  de  plusieurs  marnières, 
et  les  propriétaires  fout  sans  cesse  des  recherches  pour  en  décou- 
vrir de  nouvelles;  le  peu  de  connaissances  de  la  plupart  d’entre 
eux  en  minéralogie  et  en  chimie  ne  leur  permettent  pas  de  recon- 
naître, soit  par  l’aspect  de  la  pierre,  soit  par  des  essais  docimas- 
tiques,  si  les  matières  qu’ils  trouvent  sont  de  véritables  marnes. 
Ils  sont  obligés  de  faire  des  épreuves  agricoles , qui  demandent 
toujours  beaucoup  de  temps  et  entraînent  dans  des  dépenses  assez 


SÉANCE  DU  lG  JUÉLLET  1 85  2 . 449 

grandes;  souvent  même  ces  expériences  ne  sont  pas  aussi  con- 
cluantes qu’on  devrait  le  croire  , parce  que  les  sols  sur  lesquels  ils 
opèrent  sont  de  natures  différentes.  Il  résulte  de  ces  différentes 
circonstances,  que  les  personnes  qui  font  ces  expériences  ne  sont 
pas  toujours  d’accord  sur  la  nature  des  matières  qu’ils  essaient 
comme  marnes. 

M.  de  La  Brosse , maire  de  Ciron  , désirant  avoir  des  notions 
plus  exactes  sur  la  nature  des  marnes , a adressé  une  lettre  à M.  le 
président  de  l’Académie  de  l’Industrie , pour  lui  demander  quels 
étaient  les  moyens  de  les  reconnaître.  Il  a joint  à sa  lettre  diffé- 
rens  échantillons  de  marnes , employées  avec  avantage  dans  le 
pays  où  sont  situées  ses  propriétés , et  deux  suites  d’échantillons 
de  substances  présumées  être  de  la  marne  , provenant  des  recher- 
ches faites  en  deux  points  éloignés  l’un  de  l’autre  d’une  lieue  en- 
viron. Il  ajoute  à sa  lettre  quelques  détails  sur  ces  nouvelles  mar- 
nières , et  il  dit  que  les  agriculteurs  qui  les  ont  essayées  ont  été 
d’avis  très  différens  sur  leur  nature  et  sur  leur  emploi. 

M.  le  président  de  la  Société  de  l’Industrie  a renvoyé  à la 
Société  de  géologie  la  lettre  de  M.  de  La  Brosse,  ainsi  que  les 
échantillons  qui  y étaient  joints , en  la  priant  de  vouloir  bien  faire 
examiner  ces  échantillons  par  un  de  ses  membres.  M.  Héricart  de 
Thury  et  moi,  nous  avons  été  chargés  de  cet  examen,  malheu- 
reusement peu  concluant,  parce  qu’il  ne  suffit  pas  de  connaître  la 
nature  de  la  pierre  pour  savoir  si  elle  pourra  être  employée  avec 
avantage  dans  l’agriculture. 

Tout  le  monde  sait  que  l’on  entend  par  marnes  un  calcaire  en 
général , mélangé  d’une  certaine  quantité  d’argile , qui  jouit  de 
la  propriété  de  s’effleurir  à l’air , et  de  tomber  en  poussière  dans 
un  temps  plus  ou  moins  long.  Cette  dernière  propriété  est  indis- 
pensable. C’est  elle  qui  permet  de  faire  un  mélange  intime  de  la 
matière  calcaire  avec  la  terre  végétale , et  de  composer  par  con- 
séquent un  sol  factice  auquel  on  donne  les  élémens  qui  lui  man- 
quent. Il  est  impossible  de  constater  cette  propriété  par  des  essais 
en  petit;  il  faudrait,  pour  y parvenir,  faire  des  expériences  sui- 
vies sur  des  quantités  assez  considérables. 

La  seule  chose  que  la  chimie  puisse  nous  indiquer,  c’est  la 
composition  des  substances  supposées  marnes. 

Pour  pouvoir  émettre  une  opinion  plus  positive  sur  les  sub- 
stances envoyées  par  M.  de  La  Brosse , nous  avons  prié  M.  le 
Play,  ingénieur  des  mines  , attaché  au  laboratoire  de  l’Ecole  des 
Mines,  d’avoir  la  complaisance  de  faire  l’analyse,  non  seulement 
de  ces  substances,  mais  même  des  marnes  envoyées  par  M.  de  La 


45o  séance  du  16  juillet  i852. 

Brosse  comme  réputées  de  bonne  qualité,  et  employées  avec  suc- 
cès dans  le  pays. 

M.  le  Play  a analysé  sept  variétés  de  marnes  éprouvées  dans  le 
pays  ; elles  sont  pour  la  plupart  très  riches  en  carbonate  de  chaux; 
voici  les  résultats  de  ces  analyses  : 

i°  Marne  pulvérulente  blanche  ; portant  dans  la  lettre  de  M.  de 
La  Brosse  l’indication,  située  sur  la  ligne  du  courant. 

Carbonate  de  chaux 0,84 

Argile . . 0,16 

20  Marne  blanche  pulvérulente , et  petits  morceaux  de  marne 
terreuse  compacte , désignée  sous  le  nom  de  marne  de  ly enton- 


noir. 

Carbonate  de  chaux 0,97 

Argile . . . o,o3 


3°  Marne  blanche  pulvérulente  sans  indication  particulière. 

Elle  perd  au  feu  par  la  calcination o,43 

C’est  donc  un  carbonate  de  chaux  pur  avec  un  pour  cent 
d’argile. 

4°  Marne  compacte  blanche , cassure  terreuse ; elle  est  désignée 
sous  le  nom  de  marne  en  pierre  éprouvée. 

Elle  perd  au  feu  par  la  calcination.  . o,458 

C’est  donc  un  carbonate  de  chaux  absolument  pur. 

5°  Marne  grisâtre  en  petits  morceaux  avec  parties  rougeâtres. 
Elle  fait  avec  les  acides  une  très  légère  effervescence;  elle  laisse 
dissoudre  du  fer  dans  un  acide  faible. 


Argile  et  fer  hydraté 0,91 

Carbonate  de  chaux 0,11 


Elle  a abandonnée  un  acide  faible  o,o3  d’hydrate  de  fer. 

6°  Marne  grise , douce  au  toucher  et  faisant  pâte  avec  l’eau. 
Même  indication  que  le  n°  1 . 

Cette  dernière  substance  ne  contient  pas  la  moindre  trace  de 
carbonate  de  chaux. 

70  Marnes  noires  terreuses.  Elles  ne  font  pas  effervescence  : ce- 
pendant elles  sont  regardées  dans  le  pays  comme  d’une  excellente 
qualité.  Cette  circonstance  mérite  d’attirer  l’attention  des  agri- 
culteurs, puisqu’elle  prouverait  que  les  argiles  sont  dans  quel- 
ques cas  d’un  usage  très  utile. 


SÉANCE  DU  l6  JUILLET  l85î.  4^1 

ESSAIS  DÉS  SUBSTANCES  SUPPOSEES  MARNES. 

Première  marnière  n°  i , a , 3 , 4 > 5 et  6 , de  V envoi  de 
M.  de  La  Brosse. 

Ce  sont  des  argiles  grises  et  blanches,  en  général  peu  colorées 
par  'hydrate  de  fer-  les  variétés  blanches  se  délitent  aisément 
dans  l’eau  en  dégageant  des  bulles  de  gaz.  Les  acides  concentrés 
leur  enlèvent  une  assez  grande  quantité  d’alumine  ; la  descrip- 
tion de  chacune  des  six  variétés  de  cette  marnière  est  donnée  dans 
la  lettre  de  M.  de  La  Brosse.  Aucune  d’elles  ne  fait  effervescence 
avec  les  acides. 

Echantillon  provenant  de  la  deuxième  marnière. 

Outre  les  substances  supposées  marnes,  on  a joint  sous  le  n°  7 
un  échantillon  de  la  terre  formant  le  sol.  Elle  a été  prise  à 400 
mètres  de  la  marnière;  cette  terre  ne  donne  aucune  trace  d’effer- 
vescence avec  les  acides  ; elle  est  donc  de  meme  nature  que  les 
échantillons  envoyés  comme  marnes. 

Les  échantillons  de  la  deuxième  marnière  sont  de  deux  sortes , 
les  uns  désignés  par  M.  de  La  Brosse  sous  le  nom  de  marnes  en 
terres , et  les  autres  de  marnes  en  pierres. 

Les  échantillons  de  cette  marnière  n’ont , comme  ceux  de  la 
première,  donné  aucune  trace  de  carbonate  de  chaux , «on  plus 
que  le  sol  des  environs  ; la  variété  dite  de  pierre  paraît  au  pre- 
mier coup  d’oeil  être  une  marne  terreuse;  ce  n’est  autre  chose 
qu’une  argile  assez  douce  au  toucher,  et  qui  fait  légèrement  pâte 
avec  l’eau.  , 

Nous  terminerons  cette  note  par  quelques  réflexions  sur  les  en- 
grais. O11  reconnaît  assez  généralement  que  les  marnes  calcaires 
s’emploient  dans  les  terres  franches  et  fortes,  auxquelles  elles  don- 
nent de  la  légèreté,  tandis  que  les  marnes  argileuses  conviennent 
aux  terres  légères  et  sablonneuses.  Ainsi  l’analyse  des  échantillons 
des  deux  nouvelles  marnières  ne  prouve  pas  du  tout  qu’elles  ne 
puissent  être  d’un  emploi  utile  dans  les  terres  qui  les  environnent. 
Les  échantillons  dé  ces  terres  ont  prouvé,  il  est  vrai,  qu’elles 
étaient  assez  argileuses,  et  qu’elles  ne  manquaient  pas  de  consistance 
lorsqu’elles  étaient  humides;  mais  il  est  absolument  impossible  de 
juger  de  la  qualité  du  sol  d’une  contrée,  par  l’examen  de  quelques 
grammes  de  poussière , sur  lesquels  on  a dû  opérer. 

Quoique  les  bons  effets  des  marnes  argileuses  soient  bien  con- 
statés dans  certains  cas , il  est  certain  que  les  marnes  calcaires  sont 


452  SÉANCE  DU  16  JUILLET  l85a. 

d’un  emploi  fréquent  et  beaucoup  plus  général.  Elles  réagissent 
d'une  manière  toute  particulière  sur  les  fumiers  qu’on  emploie 
conjointement  avec  elles.  Elles  déterminent  par  la  présence  de  la 
chaux  la  transformation  des  engrais  animaux  et  végétaux  en 
acide  ulmique , qui  paraît  être  un  des  excitans  principaux  delà  vé- 
gétation. L’acide  carbonique,  devenu  libre,  est  lui-même  un 
autre  excitant  très  énergique.  Les  marnes  argileuses,  au  con- 
traire, ne  peuvent  en  aucun  cas  exercer  un  genre  d’action  ana- 
logue. 

Si  des  expériences  nombreuses  ont  constaté  que  la  marne  grise 
argileuse,  dont  nous  avons  parlé  sous  le  n°  6,  est  employée  avec 
avantage  pour  l’amélioration  du  sol,  il  résulterait  de  l’examen  qui 
a été  fait  des  produits  des  deux  marnières  nouvelles , que  ceux- 
ci  pourraient  être  utiles  dans  les  mêmes  circonstances.  Mais , 
dans  tous  les  cas  , ces  marnes  argileuses  ne  peuvent  en  aucune 
manière  remplacer  les  marnes  proprement  dites , c’est-à-dire  la 
variété  blanche  en  pierre  ou  pulvérulente  qui  fait  effervescence 
avec  les  acides. 

C’est  peut-être  ce  qui  explique  les  opinions  diverses  au  sujet  de 
l’emploi  de  ces  marnes,  emploi  qui  vraisemblablement  aura  été 
fait  dans  des  circonstances  différentes. 

M.  de  La  Brosse  demande  un  procédé  sûr  pour  reconnaître  les 
marnes  et  les  pierres  qui  conviennent  à chaque  espèce  de  sol.  La 
solutionne  ce  problème  est  en  effet  de  la  plus  haute  importance 
pour  la  contrée  ; mais  cette  solution  ne  pourrait  être  évidemment 
trouvée  que  sur  les  lieux  mêmes , après  une  étude  approfondie 
des  circonstances  locales. 

Cependant , comme  l’analyse  des  marnes  éprouvées  montre 
que  dans  les  environs  de  Leblanc , les  marnes  calcaires  sont  de 
beaucoup  les  plus  répandues , et  que  leur  emploi  est  plus  géné- 
ral on  doit  surtout  recommander  les  recherches  de  celles  qui, 
étant  pulvérisées , font  une  très  vive  effervescence  avec  le  vinaigre 
fort  ou  mieux  avec  l’acide  nitrique;  les  meilleures  seront  les  va- 
riétés blanches,  qui , tout  en  ayant  une  consistance  terreuse  qui 
leur  permette  de  se  déliter  facilement , ne  laissent  qu’un  faible 
résidu  quand  on  les  met  en  digestion  avec  de  l’acide  en  excès 
c’est-à-dire,  ajouté  jusqu’à  ce  qu’il  ne  se  produise  plus  d’effer- 
vescence. 


FIN  DU  TOME  DEUXIEME. 


T AB  E E A U INDICATIF 

DES  DONS 

FAITS  A 

LA  SOCIÉTÉ  GÉOLOGIQUE 

DE  FRANCE, 

depuis  la  17  mars  ï 85 o,  jusqu’au  r'  août  1 83a  , 
(Disposé  suivant  l’ordre  alphabétique  des  donateurs). 

— *==œ^ 

donateurs . cartes , coupes ? etc. 


MM. 

bailwiïeweauedz.  Mémorial  encyclopédique  et  progressif  des  con- 
naissances humaines.  N09  3 ( mars  i83i)  à 19. 
( juillet  i83a  ).  In-8°,  Paris. 

BfSADMOHn’  (ÉtlE  DR)  EX 

DWaEKOY Mémoires  pour  servir  à une  description  géolo- 

gique de  la  France.  T.  I j in  - 8°,  469  pages,, 
9 planches. 

BB*ETi(M.ExnB«,«ED).  A Catalogue  ofthe  organic  remains  ofthecoun- 
try  ofWilts.  Warminster.,  .1801  ; nwpV  18 pi.. 

bowhiaïib  (dk) Notice  sur  les  diverses  recherches  de  houille  en- 

t reprises  dans  le  département  du  Pas  de-  Calais , 
et  spécialement  sur  celle  s de  Mouchy  de -Preux] 
près  Arras  s précédée  d’un  aperçu  sur  les  ter- 
rains houillers  du  nord  de  la  France.  Extr.  du 
Journ.  des  Mines. ,T.  26.Déc.  1809;  in.8»,  32  p. 

Essai  géognostique  sur  l’Ergebirge , on  sur 
les  montagnes  métallifères  de  la  Saxe.  Paris 
1816;  in~8°. 

Mémoire  sur  les  filons.  ( Extr.  du  Nouv.  Dict. 
d’Hist.  nat,  2e  édit.  T.  XI.  ) In-8%  1817. 


Soc.  géol.  Tome  II. 


5o 


DONS  FAITS  A LA  SOCIETE 

Mémoire  sur  la  houille.  ( Extr.  du  Nouv.  Dict. 

d’Hist.  nat.  ae  édit.  T.  XV.)  In-8°.  1817. 
Résumé  sur  les  mines . (Extr.  du  Nouv.  Diction. 
d’Hist.  nat.  2e  édit.  T.XXI.  1818.  ) In-8°  de 

93  pages. 

Roche.  ( Article  extr.  du  3o*  vol.  de  la  2*  édit, 
du  Nouv.  Diction.  d’Hist.  nat..  1819.)  In-8  , 
84  pages. 

Aperçu  géognostique  des  terrains.  ( Extr.  du 
Nouv.  Diction.  d’His.  nat.  2*  édit.  T.XXXIII.) 
Paris  1819,  In-8°  de  256  pages. 

Notice  géognostique  sur  la  partie  occidentale  du 
Palatinat.  ( Extr.  des  Ann.  des  Mines,  T.  VI.  ) 
Paris  1821.  Un  cahier  in-8®. 

Notice  sur  le  Hartz.  (Extr.  des  Ann.  des  Mines. 

T.  VII.  ) Paris  1822.  In-8°. 

Notice  sur  une  formation  métallifère  observée 
récemment  dans  V ouest  de  la  France . Extr. 
des  Ann.  des  Mines,  T. VIII.)  Paris  1823.10-8°. 
Notice  géognostique  sur  quelques  parties  de  la 
Bourgogne.  Paris  1825.  In-8°  avec  2 pl. 

Notice  sur  la  constance  des  faits  géognostiques 
qui  accompagnent  le  gisement  du  terrain  Ar- 
kose  à lest  du  plateau  central  de  la  France. 
Paris  1828.  In-8°,  106  pag.  , 3 pl. 

Mémoire  sur  les  gîtes  de  -manganèse  de  Roma - 
nèche.  ( Extr.  des  Ann.  des  sc.  nat.  Mars 
1829.  ) Un  cahier  in-8°  avec  1 pl. 

Traité  de  géognosie , par  M.  d’Aubuisson  dk 
Voisins  ; 2 vol.  in-8°  avec  coupes.  1819. 
BOtiBÈB.  ( Niais)*  • à » Tableau  de  V état  du  globe  à ses  différens  âges  > 
basé  sur  l'examen  des  faits  j ou  résumé  sy- 
noptique du  cours  de  géologie  de  V auteur. 
Une  feuille.  i852. 

Recueil  d' itinéraires  pour  servir  de  guide  au 
minéralogiste  , au  conchylio  logis  te  et  au  géolo- 
gue , dans  toute  la  France ; accompagné  d'un 
bulletin  de  nouveaux  gis e mens , etc.  Prera. 
demi-livr.  In-*3.  Paris  i832. 

Relation  des  expériences  physiques  et  géologi- 
ques faites  au  lac  d'Oo>  près  Bagnères  de  Lu - 


454 

bonnard  (db). 


BOUBÉE. 


boué  ( Ami) 


GÉOLOGIQUE  DE  FRANCE. 


455 


chon , suivie  de  L'itinéraire  du  naturaliste  de 
Bagnères  au  Lac.  Paris  i832.  In-18, 4o  pag. , 

9 P1- 

• Essai  géologique  sur  l'Ecosse.  Paris.  In-8° , 5ig 
pag.,  9 pl.  i3  exemplaires. 

Mémoires  géologiques.  Prem.  vol.  contenant 
des  considérations  générales  sur  la  nature  et 
l’origine  des  terrains  de  l’Europe.  In*8°,  i832. 

Protogœa , de  Leibnitz. — Gœttingue  1749*  In-4°> 
86  pag.  , 12  pi. 

Nachtrag  zu  den  geognoslichen  Beobachtungen 
and  Erfahrungen.  — Supplément  aux  obser- 
vations géognostiques.  Par  M.  Sartorius.  — 
Eisenach  1823.  In-8®,  24  pag.  , 1 carte. 

Versuch  einer  geognostischen  Darstellung , etc. 
— Essai  d’une  description  géognostique  des 
contrées  des  bords  inférieurs  du  Neker , près 
de  Heidelberg.  Par  le  docteur  R.  Bronn.  In*8°, 
128  pag. , 1 carte.  1827. 

Second  voyage  de  deux  Anglais  dans  le  Péri- 
gord, et  leur  pèlerinage  à Rocamadour.  Péri- 
gueux  1828.  In-12. 

Descriplionde  trois  genres  nouveaux  de  coquilles 
fossiles  du  terrain  tertiaire  de  Bordeaux , sa- 
voir : Spiricella,  par  M.  Rang.  Gratelupia  et 
Jouannetia ; par  M. Ch. Desmoulins. In-8%  1828. 

Mémoires  pour  servir  à la  description  géologique 
des  Pays-Bas  , de  la  France  et  de  quelques 
contrées  voisines  ; par  M.  o’Omalius  d’Halloy. 
Namur,  1828.  1 vol.  in-8°  de  307  pag.  1 pl. 

Mémoires  de  la  société  linnèenne  de  Normandie  ; 
publiés  parM.  de  Gaumont.  Caen  1829.  Prem. 
vol.  prem.  part.;  in-4°« 

Distribution  technique  des  pierres  précieuses , 
avec  leurs  caractères  distinctifs  ; par  M.  le 
comte  Georges  de  IIazoumowsky.  Vienne  i8a5. 
ln-8°. 

Revue  des  observations  faites  dans  l'Odenwald; 

par  M.  Klipstein.  Darmstadt  1829.  In-4°;  18  p. 
Traité  élémentaire  de  géologie ; par  M.  J. -A# 
Deruc.  Paris  1809.  In-8° , 3p5  pages. 


456 

BOUÉ  (AMI)  .... 

dons  faits  a la  société 

. . . Carte  géognoslique  de  VOdenwald  et  des  con- 
trées  voisines  ; par  M.  Klipstein.  i grande 
feuille,  publiée  à Darmstadt. 

Journal  des  Mines.  Les  44  premiers  n°*. 

Quarante- quatre  lettres  de  divers  géologues  et 
d’autres  savans  naturalistes , pour  la  collection 
d’autographes  que  forme  la  Société. 

Deux  portraits  lithographiés , l’un  de  M.  de 
Humboldt  , l’autre  de  M.  le  professeur  Mohs, 
de  Tienne. 

bronghiart  ( Alex.  ).  Tableau  théorique  de  la  succession  et  de  la  dis - 


BUCB  (de) 

CAOIHOWT  (db).  . 

position  lapins  générale  enEurope  des  terrains 
et  roches  qui  composent  la  croûte  du  globe,  ou 
description  graphique  du  tableau  des  terrains . 
Paris  i83i.  Une  feuille. 

Essai  sur  les  orbicules  siliceux  et  sur  les  formes 
à surface  courbe  qu’affectent  les  agates  et  les 
autres  silex.  Paris  i83r.  In-8°,  4opag-  •>  4pJ* 

Mémoire  sur  une  excursion  à Londonderry , Ti- 
rone  et  Downe  en  Irlande  ; par  M.  Giesecke. 
ïn-8°. 

• • . Carte  physique  de  Vile  de  Ténériffe . Paris  i83i. 

• • • Revue  normande , rédigée  par  une  société  de  sa- 

vans  et  de  littérateurs  de  Rouen , de  Caen  et 
des  principales  villes  de  la  Normandie  , sous  la 
direction  de  M.  de  Caumont.  Caen  î83i.  Prem. 
vol.,  Ire,  IIe  et  IIIe  parties.  In-8°. 

Essai  sur  la  topographie  géognoslique  du  dépar- 
tement du  Calvados.  Paris  1828.  In-8°  de3i2 

CORBIEU 

pag.  avec  atlas  in-4°  contenant  7 pl. 

Carte géol.  du  dép.  du  Calvados  f dressée  en  i8a5. 

. . . Instruction  pour  les  voyageurs  et  pour  les  em- 
ployés  dans  les  colonies , sur  la  manière  de 
recueillir,  de  conserver  et  d’envoyer  les  objets 
d’histoire  naturelle;  rédigée  par  l’administra- 
tion du  Muséum  d’hîst.  nat.  Paris  1829.  In-8°. 

Extrait  de  plusieurs  lettres  de  M.  Jacquemont 
voyageur-naturaliste  du  Muséum  , en  mission 
aux  Indes-Orientales.  (Extr.  des  Nouv.  ann. 
du  Muséum  d’histoire  naturelle.  T.  I.  ) In-4% 
19  pages. 

GÉOLOGIQUE  DE  FRANCE.  457 

deprawce Tableau  des  corps  organisés  fossiles.  Paris  1824* 

In-8». 

Coupe  générale  des  terrains  des  environs  de  Pa- 
ris y d’après  la  géographie  minéralogique  de 
ses  environs  , par  MM.  Brongniart  et  Cuvier. 
Paris  18 13. 

Portrait  gravé  de  M.  Def rance.  1827. 

delcros Nivellement  barométrique  de  la  Forêt  Noire , ou 

Schwartzwald  et  de  ses  environs  ; exécute'  et 
publié  par  M.  Michàelis.  (Extr.  de  l’Herta  de 
1827,  par  M.  Delcros.  Un  cahier  in-8«. 


uelfgrt Statistique  du  département  du  Lot  : ouvrage  cou- 

ronné par  l’académie  des  Sciences.  Paris  i83i. 
T.  I.  In-4°  de  554  pages. 

«essayes Description  des  coquilles  fossiles  des  environs  de 

Paris.  Les  12  prem.  livrais.  in-4°  cont.  48  pl. 


Description  des  coquilles  caractéristiques  des 
terrains.  Paris  1 83 1 . In-8°  ; 264  pag.  i4  pl* 

Table  au  d’une  classification  des  mollusques  acé- 
phalés  ( Bivalves  ) , extrait  de  l’Encyclopédie 
méthodique. 

Une  grande  planche  lithographiée  , représentant 
le  Cerithium  giganieuniy  de  grandeur  naturelle. 
sîesîcoyers  ( J clés  ) . . Notice  sur  le  bois  fossile  à odeur  de  tniffes.Va.ris 
1822.  In-4°avcc  1 pi.  double. 

Observations  sur  quelques  systèmes  de  la  forma- 
tion oolithiquc  du  nord-ouest  de  la  France  y et 
particulièrement  sur  uncoolithe  à fougères  de 
Mamers  , dans  le  départ,  de  la  Sarthe.  Paris 
i825.(In-8a)  ; 72  p.,  1 carte  et  2 pl.  doubles. 

Mémoire  sur  la  craie  et  sur  les  terrains  tertiaires 
du  Cotentin.  Paris  1825.  In-4°.  80  p.,  carte  et 
coupes. 

Observations  sur  un  ensemble  de  dépôts  marins 
plus  récens  que  les  terrains  du  bassin  de  la 
Seine , et  constituant  une  formation  géologique 
distincte  ; précédées  de  considérations  sur  la 
non-simultanéité  des  bassins  tertiaires.  Paris 
1828.  Iu-8°,  i36  pag. 

Traité  des  pierres , de  Théophraste  , traduit  du 
grec  par  Hu-l.  Pari?  1754.  Iu-8°,  187  pag. 


458 

DESNOYERS  (Jules).  . 


D^ORBI&ety.  (Alcide). 

DDPERREY 

7ÉRUSSAC  (de).  ,,  , 


DONS  FAITS  A LA  SOCIETE 

. Lettres  sur  la  minéralogie , la  géologie , et  sur 
divers  autres  objets  de  Vhistoire  naturelle  de 
V Italiey  écrites  par  Ferber  à Born,  traduit  de 
l’allemand  par  Dietrich.  Strasbourg  1776. 
In-8°,  507  pag. 

De  systematibus  miner alogicis , par  Wàllerius. 
In-8%  i5î  pag.,  1778.  (C’est  la  première  et  la 
plus  complète  histoire  des  systèmes  minéralo- 
giques antérieurs  au  19e  siècle.  ) 

Essai  sur  la  théorie  des  volcans  d3  Auvergne, 
par  M.  de  Montlosier.  In-8°,  184  pag.  1802. 

Aperçu  général  des  mines  de  houille  exploitées 
en  France.  Par  M.  Lefebvre* Paris  i8o3.  In-8°, 
l37  Pa8* 

Observations  minéralogiques  et  géologiques  sur 
les  principales  substances  du  département  du 
Morbihan,  du  Finistère , et  des  Côtes-du-Nord. 
par  M.  Bigot  de  Morogues.  Paris  1810.  In-8% 

i57  Pa§- 

Observations  avec  rèjlexions  sur  V état  et  le  s phé- 
nomènes du  Vésuve  pendant  une  partie  des 
années  i8i3  et  i8i4>  Par  M.  Mesnard  de  la 
Groye.  (Extrait  du  Journal  de  Physique. 
Paris  i8i5.  In-4°>  112  p. 

Mémoire  sur  un  nouveau  genre  de  coquilles  de  la 
famille  des  solénoides  (panopée).Par  M.  Mes- 
nard de  La  Groye.  In-4®,  1 1 pag.,  1 planche. 

Mémoires  sur  les  bitumes,  leur  exploitation  et 
leurs  emplois  utiles.  Par  M.  Payen.  Paris  1824. 
In-8°.  64 pag. 

. Tableau  méthodique  de  la  classe  des  céphalo- 
podes, et  rapport  fait  sur  cet  ouvrage  à V Aca- 
démie des  Sciences.  In-8°,  1825. 

. Carte  de  la  configuration  de  V équateur  magné- 
tique. 

. Bulletin  des  Sciences  naturelles  et  de  Géologie. 
Année  i83i.  12  cahiers.  Les  volumes  des 
années  antérieures  , formant  la  collection 
complète  , ont  été  donnés  à la  Société  par  plu- 
sieurs membres  de  Paris  qui  avaient  ouvert 
une  souscription  à cet  effet. 


GEOLOGIQUE  DE  FRANCE. 


459 


SXEURIAU  DE  BELLE- 


VUE Notice  sur  la  température  d’un  puits  artésien , 

entrepris  à la  Rochelle  en  1829.  In-8°  , i83o. 
Dessin  de  fossiles  remarquables  des  terrains 
jurassiques  de  la  Répentie  , près  la  Rochelle . 

CA&jhot Revue  encyclopédique . Paris,  mai  et  juin  1832- 

In-8°,  347  pag. 

GiHARmK Considérations  générales  sur  les  volcans 3 et  exa- 


men critique  des  diverses  théories  qui  ont  été 
successivement  proposées  pour  expliquer  les 
phénomènes  volcaniques.  Rouen  i83i.  In-8°. 

Rapport  sur  l’emploi  de  la  gélatine  des  os  dans 
le  régime  alimentaire  des  pauvres  et  des  ou- 
vriers. Rouen  i83i.  In-8°. 

graves Précis  statistique  sur  les  cantons  de  Creil , Nan- 

teuil  le  Haudouin  , Nivillers , Auneuil , Chau- 
mont , Estrées  St-Denis  et  Froissy  ( Oise). 
5 vol.  in-8°  avec  cartes.  ( Extr.  des  Annuaires 
du  de'parternent  de  l’Oise  , de  1827  à i83i). 

gerault Tableau  des  terrains  du  département  du  Calva- 

dos. Caen  i832.  In-8°  ; 192  pages. 

hériOart  de  thury.  Rapport  fait  à la  société  d’encouragement  pour 
l’industrie  nationale , sur  le  procédé  proposé 
par  M.  Brard , pour  reconnaître  immédiate- 
ment les  pierres  qui  ne  peuvent  point  résister  à 
la  gelée  , etc.  Paris  1824.  In-4°î  34  pag.  1 pi. 

Discours  d’installation  de  la  société  d’horticul- 
ture de  Paris.  Paris  1827.  In-8°;  28  pages. 

Programme  d’un  concours  pour  le  percement 
des  puits  forés , suivant  la  méthode  artésienne, 
suivi  de  considérations  géologiques  et  physiques 
sur  le  gisement  de  ces  eaux , etc.  Paris  1828. 
In-8°  ; 2 planches. 

Notice  historique  sur  la  plantation  de  la  montagne 
de  Saint-Martin-le-Pauvre , entre  Thury  et 
BoulardÇ  Oise).  Paris  1829.  In-8°. 

Rapport  sur  le  concours  ouvert  pour  le  percement 
des  puits  forés.  Paris  i85o.  In-8°;  2 pi. 

Notice  sur  les  recherches  entreprises  à Luzarches, 
et  sur  le  degré  de  possibilité  d’y  trouver  une 
mine  de  houille.  Paris  iS3o.  In-8°  ; 5pl. 

Extrait  du  rapport  fait  à la  société  d’ encourage- 


460  BONS  FAITS  A LA  SOCIETE 

héricart  de  thory.  ment , sur  le  concours  ouvert  pour  rétablisse - 
ment  des  puits  forés.  Paris  i83o.  In-4°. 

Du  dessèchement  des  terres  cultivables  sujettes  à 
être  inondées.  Paris  i83i.  In-8°;  76  pag. 
herkanndemeïir • Mémoiresur  des  pétrifications.  (Extr.  des  Actes 


de  l’acad.  des  curieux  de  Ja  nat.  In-4°  ; i44p* 
8 planches.  i832. 

hœninghaus Description  et  catalogue  de  sa  collection  , réunie 

au  Musée  de  Bonn.  Grefeldz  1800.  3 cah.  in-8°. 

jACE-SOar  bx  Francis 

alger Remarks  on  the  minerahgy  of  the  Peninsula  of 


JYovaScotia,  etc.  Observations  sur  la  minéralo- 
gie et  la  géologie  de  la  péninsule  de  la  Nouvelle 
Ecosse.  Cambridge  i832.  In*40;  n5  p.  1 carte. 

JOURNAUX V Européen,  journ.  des  sc.  moral,  et  économiq., 

(paraissant  tous  les  samedis).  Nos  6 à 32. 

Le  Lycée.  Journal  des  sciences  et  des  sociétés 
savantes  ; par  MM.  Saigev  et  Raspail.  Les4i 
prem.  n09.  Paris  i832.  In~4°. 

Journal  de  géologie  ; par  MM.  Bodé  , Jobert  et 
Rozet.  Les  5 prem.  vol.  en  12  livrais.  in-8°. 
Parisi83o  à i83i. 

Gazette  littéraire  et  universelle  d’iéna:  par  M. 

Keferstein  ; 2 n03.  i832. 

Bulletin  de  la  Société  géol.  de  France. Tom.  I,  246 

p.  i83o- i83i.  Tom.  II,  467  p.,  3 pl.  i83i-i832. 

kloden *.  Beitrage  zur miner aiogischenund geognostischen 

Kenntniss  der  Mark  Brandenburg. — Observa- 
tions pour  avancer  la  connaissance  minéralo- 
gique et  géognostique  de  la  Marche  de  Bran- 
debourg. Berlin  1828  a i83o.  3 cah.  in-8°. 

Ueberdie  Gestaltunddie  Urgeschichte  der  Erde. 
— Sur  la  forme  et  l’histoire  ancienne  du  globe. 
Berlin  1829.  In-8°  ; 8 pi. 

keferstein. Teutschland  geognostiche  dargeste/lt,  etc.  — 

Description  géologique  de  l’Allemagne.  20 
cah.  in-8°,  avec  cartes  et  coupes.  1821  à iS32. 

Tabellen  iiber  die  vergleichende  Geognosie.  — 
Tableaux  de  géognosie  comparative.  Hall 
1825.  In-4°i  60  pages. 

Ueber  die  Ursachen  der  regelmassigen  B arôme  t 


GÉOLOGIQUE  DE  FRANCE.  46 1 

keferstexn.  ter  Schwankungen. — Notice  sur  les  causes  des 

oscillations  régulières  du  baromètre.  In-4°; 
10  pages. 

Geognostische  Bemerkungen  uber  die  basaltis - 
chen  Gebilde  des  westlichen  Deutschlands.  — 
Observations  sur  les  formations  basaltiques  de 
l’Allemagne  occidentale.  Hall  1820.  In-8*; 
207  Pag-  1 P^ 

x.a  bêche  (de) Geological  notes.  — Notes  géologiques.  Londres 

i83o.  In-8°  ; 109  pag.  2 pl. 

Sections  et  view  s of  illustrative  of  geological 
phœnomena.  — Coupes  et  vues  explicatives 
des  phe'nomènes  ge'ologiques.  Londres  i83o. 
In-4°;  71  pag.  4o  pl. 

A geological  manual.  — Manuel  de  ge'ologie. 
Prem.  édit.  i83i , deux,  e'dit.  i832j  In-8° 
avec  vignettes. 

leyuxerie Essai  sur  les  pyrites  des  environs  de  Troyes. 

ln*8°  ; 24  pag.  i83o. 

Coup  d'œil  sur  les  terrains  du  département  de 
CAube.  Troyes  i83o.  In-8°;  18  pag. 

lockhart Description  des  ossemens  fossiles  d'Avarai. 

Orléans  1829.  In-8°  ; 8 pag. 

Notice  sur  les  ossemens  fossiles  d'Avarai.  In8°  ; 
12  p.  Orléans  1827. 

LOunonr Magasin  d'histoire  naturelle , ( journal  de  zoo- 

logie , botanique  , minéralogie  et  météorologie. 
N°»  25  et  27.  Londres  i83a.  In-8°. 

LYEX.X.  et  Mürchxson.  Sur  les  dépôts  lacustres  tertiaires  du  Cantal , et 
leurs  rapports  avec  les  roches  primordiales  et 
volcaniques.  ( Extr.  des  Ann.  des  sciences  nat. 
Oct.  1827  ).  I11-80. 

BÏICHELÏÏST  ( IIardouin).  Rapport  fait  à la  société  d'encouragement , au 
nom  d'une  commission  spéciale  ; parM.  Mal- 
let, sur  le  ciment  découvert  à Pouilly , en 
Auxois  (Saône-ct-Loire  ),  par  M.Lacordaire. 
Paris  182g.  In-4°;  22  pag. 

De  l'art  dufontainier  sondeur , et  des  puits  arté- 
siens ; par  M.  Garnier.  Paris  1822.  Iu-4°  ; 
i43  pag.  igpl. 

Portrait  de  J. -B.  Sage  , ne'  à Paris , le  7 mai  1740. 

Lithographie  contenant  plusieurs  coquiUes  fos- 


46*  DONS  FAITS  A LA  SOCIETE 

siles , du  terrain  tertiaire , de'crites  par  M. 
MICHELIN. 

NORREN Mémoire  pour  servir  aux  éloges  biographiques 

des  savans  de  la  Belgique.  In-4°i  19  pag. 
1 pî.  Gand  i832. 

munster*  • * . • . . Berner  kungen  zurnahern  Kenntniss  derBelem- 


niten.  — Observations  pour  la  connaissance 
plus  parfaite  des  belemnites.  Bayreuth  i83o. 
In-4°  ; 18  pag.  2 pl. 

XJeber  einige  ausgezeichnete  fossile  Fischzaehne , 
etc.  — Sur  quelques  dents  fossiles  remarqua- 
bles de  poissons  dans  le  Muschelkalk  de  Bay- 
reuth, In*4°;  4 Pag*  1 pb  Bayreuth  i83o. 

Appendice  au  mémoire  du  professeur  Goldfuss  , 
sur  l’Ornithocephalus  Munsteri  (Goldf,). Bay- 
reuth i83o*In-4°  >8  pag.  îpl. 

Description  d'une  nouvelle  espèce  du  genre 
Pterodactylus  de  M.  Cuvier , ou  Ornithocepha. 
lus  deSommering.  Bayreuth  i83o.  In-4#;  i* 
pag.  i planche. 

Lithographie  d’une  tortue  d’eau  douce  fossile, 
trouvée  dans  le  schiste  calcaire  di  Solefthofen. 

1831. 

MURCB180N*.  . . . . . Rapport  annuel  sur  les  travaux  de  1 83 1 delà 
société  géologique  de  Londres.  In-8*;  36  pag.  ‘ 

Sur  un  renard  fossile  découvert  à OEningen , près 
Constance , avec  une  description  du  terrain 
qui  le  contient.  Lond.  i832.  In-4°  ; i4  P*  2 pb 

Carte  géol.  de  la  structure  des  Alpes  orientales. 

XPOMALXUS  s^allot.  Elémens  de  géologie.  Paris  i83i.  In-8°  ; 558  pag. 

passy  (Antoine)  ....  Annuaire  pour  le  département  de  l'Eure , pour 

1832.  In-12. 

Discours  prononcé  à la  société  d3 agriculture , 
sciences  , arts  et  [belles-lettres  du  départe- 
ment de  l'Eure.  i83o. 

PREVOST ( Constant).  . Observations  sur  les  grès  coquiïliers  de  Beau- 
champ.  ( Extr.  du  journ.  de  physique.  Fe'vr. 
i832  ).  In-4° } 18  pàg.(  6 exempl.  ) 

Observations  sur  Slonesfield.  Paris  1825.  In-8°. 

Notes  sur  un  nouvel  exemple  de  la  réunion  de 
coquilles  marines  et  de  coquilles  fuviatiles 


GÉOLOGIQUE  DE  FRANCE.  4^5 

frévost  (Coustakt).  fossile  s dans  le  s meme  s couches . Paris  1821. 

In-4°;  12  pag. 

Essai  sur  la  constitution  physique  et  géogno s ti- 
que du  bassin  à Vouverture  duquel  est  située 
la  ville  de  Vienne  en  Autriche.  (Extr.  du  Journ. 
de  physiq.  Nov.  i82o).In-4°;  33  pag.  1 pl. 

Rapport  fait  à V académie  royale  des  sciences  , 
par  M.  Brongniart  ( déc.  1820),  sur  le  mé- 
moire précédent.  ln-4°;  7 pag.  (6  exempl.  ) 

Extrait  d’une  lettre  adressée  de  Malle  , par 
M.  C.  Prévost , à P Acad*  des  Sciences , sur  le 
nouvel  îlot  volcanique  de  la  mer  de  Sicile . 1 83 1 . 

Rapport  fait  à l’académie  des  sciences  , sur  le 
voyage  à l’île  Julia^en  i85i  et  i832y  par 
M.  C.  Prévost.  Première  partie. 

Mémoire  pour  servir  à l’histoire  naturelle , et 
principalement  à l’oryctographie  de  l’Italie  et 
des  pays  adjacens , par  M.  Albjjrt  Fortis. 
Paris  1802.  2 v.  in-8°  de  3oo  à 4oo  p.,  avec  pl. 

Atlas  géologique  de  Smith  , contenant  4 grandes 
cartes  géologiques  des  comtés  de  Norfolk, 
Kent , Wilts  etSussex.  Londres,  1819  a 1821. 

rakoumowsky  ( Lb 

comte  Geohges  de  ) . . Observations  minéralogiques  sur  les  environs  de 
Vienne.  i832.  In  4°;  58  p.  10  pl. 

Sept  dessins  inédits , contenant  un  nouveau 
genre  curieux  de  polypier  appelé  Tubulipore 
par  M.  Razoumowsky , et  que  M.  Fischer  a 
surnommé  Chaetites. 

roulland Six  planches  lithographiées , représentant  des 

figures  des  polyconites  , sphérulites  et  ophi* 
lites,  décrites  par  lui. 

Rozet . Cours  élémentaire  de  gèognosie , fait  au  dépôt 

de  la  guerre.  Paris  i83o.  In-8°  ; 460  pag.  7 pl. 

Notice  gèognostique  sur  quelques  parties  du 
département  des  Ardennes  et  de  la  Belgique. 
Paris  1829.  In-8°  ; 4i  pag.  1 coupe. 

Description  gèognostique  du  bassin  du  Bas-Bou 
lonnais.  Paris  1828.  In-8»;  120  pag.  1 carte. 

fcCHWEninr Geognostische  profile.  — Profils  géognostiques. 

Munich  1828,  In-8*  avec  6 pl. 


DONS  FAITS  A LA  SOCIETE 


464 

SEDGWICK  ET  mtJR- 

Esquisse  de  la  structure  des  Alpes  autrichiennes. 

Londres  1800.  34  pag.  1 pi. 

Discours  prononcé  le  18  février  i83i  à la  société 
géologique  de  Londres  sur  les  travaux  de 
Vannée  i83o.In-8. 

somter  wxllemet.  . Observations  sur  quelques  plantes  de  France , 
suivies  du  catalogue  des  plantes  vasculaires 
des  environs  de  Nancy.  1828.  In-8°. 
sipekcer  smztb.  . . . Coup  d’ceil  historique  sur  V Angleterre , depuis 
il\&5 jusqu’en  i5og.  Caen  1826.  In-8°. 
STEiDiiBïGrER Observation  sur  les  fossiles  du  calcaire  intermé- 

diaire del’Eifel.  Trêves  i83i.  In-4°;  44pag- 
studer.  . . . . f ...  Monographie  der  Molasse.  — Monographie  sur 
la  molasse.  Berne  1 85 1 . In-8»  ; 427  pag.  2 pl. 

SOCIÉTÉS Actes  de  Ja  Société  Linnéenne  de  Bordeaux. 

Tom.  IV,  livraisons  1 à 6 ; tom.  V , livraisons 
1-2.  In-8°  i83oà  i832. 

Bulletin  de  la  Société  de  Géographie  de  Paris. 
Nos  97  (mai  i83i)  à 100  (juin  i83a).  In-8°. 

Bulletin  de  la  Société  industrielle  de  Mulhausen. 
N°8  17  à 22.  In-8°  avec  pl. 

Bulletin  de  la  Société  industrielle  d’Angers  et  du 
département  de  Maine-et-Loire . Nos  1 , 2 , 3 , 
iTe  année  ; n°  1,  20  année.  i83o*i83i.  In-8°. 

Mémoires  de  la  Société  d’histoire  naturelle  de 
Strasbourg.  Tom.  I,  première  partie.  In-4° 
17  pl.  Strasbourg  i83o. 

Mémoires  de  la  Société  d’agriculture , sciences , 
arts  et  belles  - lettres  , du  département  de 
l’Aube . Nos  37  à 40.  In  8°.  Troyes  i83i. 

Mémoires  de  la  Société  royale  des  sciences  de 
l’agriculture  et  des  arts  de  Lille . Année  1829- 
i83o.  In-8%  554  p • 5 10  pl. 

Procedings  of  ihe  Geolocical  Society  of  London. 
N0'  1 à 25.  In-8°.  1826-1852. 

Transactions  of  ihe  Geological  Society  of  Lon- 
don.  Tom.  III,  ire  et  2e  part.  1829  i832.  In-4°. 

420  P*  4o  pl* 

Transactions  of  the  Cambridge  Philosophical 
Society , Tom.  III,  ir#2c  et3e  part.  1829-1830. 


GÉOLOGIQUE  DE  FRANCE.  £6$ 

In-4°.  448  p.,9pl.  Tom.  IV,  ire  et  2e  part. 
i83i-i832.  322  p.,  6 pl. 

Abhandlungen  der  natur  for  schendert  Gesells- 
chaft,  etc.  (Mémoire  de  la  Soc.  d’hist.  nat.  de 
Gorlitz).2  vol  in-8°;  2 pl. 

Mémoires  de  la  Société  d'histoire  naturelle  de 
Marbourg.  In-8°.  i83r;  258  p.  i pl. 

Quatre  dessins,  dont  deux  représentent  une  figu- 
rine et  une  lampe  antique  trouvées  dans  la  ca- 
verne du  fort,  près  de  Mialet , et  les  deux  au - 
très , une  tête  humaine  trouvée  dans  la  même 
caverne. 

Description  géognostique  du  bassin  inférieur  de 
l'Aude  et  de  laBerre.  In-89,47pag.  une  carte. 

Beschreibung  der  heidnischen  Begrabniss- 
plaelze , etc.  Description  de  quelques  lieux  de 
se'pulture  païenne , près  de  Zilmsdorf,  dans  la 
Lusace  supérieure.  In-8%  4 pl*  Gorlitz  i83o. 

Essai  sur  les  soulèvemens  jurassiques  du  Po. 
rentruy,  etc.  In-4°;  84  p.  5 pl.  — (Ext.  des 
mém.  de  la  Soc.  d’hist.  nat.  de  Strasbourg). 
i832. 

Notice  sur  MM.  de  Gallois , ingénieur  en  chef  des 
mines , et  J.  Bessy,  maître  de forges.  In-8°;  i4p. 

Système  de  Hutton  sur  la  théorie  de  la  terre , 
expliquée  par  Plàyfair  , et  combattue  par 
Murray.  In-8°  j 662  pag.  avec  figures.  Paris 
i8i5. 

Voyage  au  Montamiata  et  dans  le  Siennois3  con  * 
tenant  des  observations  nouvelles  sur  la  for- 
mation des  volcans,  et  sur  l’histoire  géologi- 
que etc. , de  cette  partie  de  l’Italie.  Par 
M.  Georges  Sànti.  2 vol.  in-8°.  Lyon  1S02. 

Essai  géologique.  Par  M.  Dufour.  In-8*  -,  28  pag. 
Paris  1821. 

Essai  sur  la  théorie  des  volcans  d'Auvergne. 
Par  M.  de  Montlosier.  1788.  ir0  édition. 

Tableau  général  du  commerce  de  la  France , 
avec  ses  colonies  et  les  puissances  étrangères 
pendant  l'année  i83o.  In-4°  ; 71  p. 


466 

WAH-DER» 

WSXSS.  . • 

WILLIAMS 


DONS  FAITS  A LA  SOCIETE 

■maelen.  . Dictionnaire  géographique  de  la  province  de 
Liège , etc.  In-8°  ; Bruxelles  i83i. 

Sud-Baierns  Oberflache , etc . Description  ge'o- 

gnostique  et  topographique  de  la  Bavière  mé- 
ridionale. Munich  1820.  In-8°,  2 pl. 

sers.  . . Untersuchungen  iiber  die  Tempe ratur  Verhalt- 
nisse  der  Schwabischen  Alp.  Recherches  sur 
les  rapports  de  la  tempe'rature  de  PAlpe  de 
Souabe.  Tubingen  i83i.  In»8°. 


\ 


GÉOLOGIQUE  DE  FRANCE. 


467 


DONATEURS. 


BOCHES 


ET  CORPS  ORGANISES. 


sa 

§1 

« g 


MM.  • 


bénard • • Fragmens  de  roches  ayant  l’apparence  de 

bois  silicifiés , de  la  baie  d’Oran 

Bertrand  GESLiw.  . Roches  et  fossiles  de  l’ouest  de  la  France , 

d’Angleterre,  d’Italie,  etc 

boué.  Roches  des  Alpes,  de  l’Autriche  et  de  la 


4 

■294 


Bavière 

Roches  du  sol  tertiaire  de  l’Autriche 

Roches  du  sol  tertiaire  de  la  Gallicie. . . . 
Roches  des  localités  géognostiques  remar- 


quables de  l’Europe 

Fossiles  des  localités  géognostiques  re- 
marquables de  l’Europe 

bqrclabs Suite  intéressante  de  Coprolites  du  Lyas, 

de  Lime  Regis,  tant  en  moules  qu’en 

nature 

deshates Suite  de  roches  et  de  fossiles  de  la  Belgique. 

BESNOTERS Silice  pure  , hyrophanique , en  nodules 

friable  s,  dans  une  argile  verdâtre  ter- 
tiaire, qui  remplit  des  cavités  de  la  craie 
marneuse  inférieure,  de  la  marnière  de 
la  Mariette  près  de  Bellesme  ( Orne  ). . . 


d^orbigbit  (Chahees).  Fossiles  des  terrains  jurassiques  des  envi- 
rons de  La  Rochelle  ( Gharente-Inf.  ) 


140 

40 

20 


977 

600 


46 

33 


10 

20 


ELEURXAU  DE  BELLE- 


VUE Fossilles  des  terrains  jurassiques  de  la 

Repentie  , près  La  Rochelle  (Charente- 

Inférieure  ) 

hoeninghaus.  ....  Corps  organisés  du  calcaire  de  transition 
des  environs  de  Gerolstein  (Eiffel  ). . , 

de  la  bêche Fougères  arborescentes  de  la  Jamaïque , 

longues  de  17  pieds,  et  garnies  de  leurs 
feuilles  et  racines 


la  joie  ( Friux  ).  . . . Roches  et  fossiles  de  Lisy-sur-l’Ourcq  et 
de  Saint  - Aulde  près  la  Ferté  - sous- 
Jouarre  (Marne) 


40 

22 


2 


7â 


468  DONS  FAITS  A LA  SOCIETE  GEOLOGIQUE  DE  FRANCE. 


x.a  joie  (Fiux).  Roches  diverses  (Pyrénées,  Fichtelge- 

birge,  etc.,  etc.  ) 

de  Grès  des  carpathes  , altérés  et  prismatisés 

par  la  chaleur  des  hauts  fournaux 

lOC&art Collection  d’ossemens  fossiles  du  Loiret , 

de  Loir-et-Cher,  et  de  l’Indre 


mxchelïht  (Hàrdûuin).  Roches  et  corps  organise's  fossiles  de 

Maestricht  et  des  environs 

pr±vost  (Constant).  . Lave  du  Vésuve, de  la  coulée  de  mars  i832. 

Série  de  roches  et  de  fossiles  des  forma- 
tions à lignites  du  Soissonnais 

Modèle  en  plâtre  d’un  scaphite  remarqua- 
ble trouvé  prés  de  Senez  (Basses- Alpes), 
parM.  Melchior  Yvan.(Le  dessin  litho- 
graphique de  ce  fossile  est  joint  au 

Bulletin  , tome  2,  page  355.) 

robert.  (Eugène).  . . Calcaire  du  Jura  entre  Porentruy  et 


Bienne 

Grés  vert  de  Cluse  en  Savoie 

de  roissy.  . . . . . . Orbicule  siliceux  de  Fossoy,prés  Château- 

Thierry  (Aisne) 

rozet Roches  et  fossiles  des  environs  d’Alger, 

d’Oran  et  de  l’Atlas.. 

Poissons  fossiles  d’Oran 

TEisssER Ossemens  trouvés  dans  une  grotte  prés 

d’Anduze  ( Gard  ) 

tournai. Roches  et  corps  organisés  des  terrains 

tertiaires  des  environs  de  Narbonne 
(Aude) 


vargas  (La  Comte  de).  Roches  et  fossiles  de  terrains  intermédiai-  ( 

res  de  l’île  de  Gothland j 

vïrbet Roches  anciennes  de  la  Morée,  et  particu-  j 

lièrement  de  la  chaîne  de  Taygèle 


40 

a 

i5o 

33 

1 

35 


4 

5 

2 

246 

23 

*7 


201 

33 

65 


/ 


BULLETIN 

DE  LA 

SOCIÉTÉ  GÉOLOGIQUE  DE  FRANCE. 


TABLE 

DES  MATIÈRES  ET  DES  AUTEURS 


POUR  LE  DEUXIÈME  VOLUME. 

PAR  M.  CLÉMENT-MULLET. 


ANNÉE  1831  A 1832. 


A 


Affaissement  du  sol  près  de  Ratis- 
bonne,  p.  8 et  246. 

Agates.  Leur  formation,  p.  199. 

Alger.  Géologie  de  cette  partie  de 
l’Afrique,  p.3o2. 

Alpes  en  général.  Fossiles  constatant 
l’existence  de  divers  étages  juras- 
siq  es  , p.  55. 

Alpes  bernoises.  Notice  sur  ces  mon- 
tagnes, par  M.  Studer  de  Berne, 
p.  5 1 , citée  p.  286  et  3u.  Dis- 
position remarquable  du  gneiss  et 
du  calcaire  , p.  53. 

Alluvions  marines  et  fluviatiles, 
p.  2o3.  — Alluvions  en  Auvergne, 
p.  204. 

Ammonces , par  M.  de  Munster, 
p.  290.  — Ammonites  mêlées  aux 
orthocères  , p.  42  *• 

Amphibole  identique  avec  le  py- 
roxène,  p.  243. 

Anduze  (Gard).  Note  par  M.  Tcis- 
sier,  sur  une  grotte  à ossemens 


près  de  cette  localité,  p.  21  et  56. 
— Sur  la  géologie  de  ses  environs, 
p:  56. 

Animaux.  Considération  sur  les  épo- 
ques de  leur  disparition,  par 
M.  Marcel  de  Serres,  p.  45o. 

Archives  de  la  Société.  Rapport  aur 
leur  situation  . p.  34o. 

Argile  de  Kimmeridge  dans  les  Al- 
pes , p.  55. 

Argile  à lignites  près  d’Epernay , 
p.  63. — Dans  le  nord  de  la  France, 
p 4*6, 4-H  et  435. 

Argile  plastique  dans  le  département 
de  l’Oise,  p.  176.  — Sa  position 
dans  diverses  localités,  p.  4^8. 

Asie.  Géologie  du  grand  plateau  de 
cette  contrée,  par  M.  de  Huni- 
boldl  , citée  p ,3i4, 

Auvergne.  Considérations  sur  le» 
cratères  de  soulèvement  de  cette 
contrée,  p.  3g5,  4oo  et  4o», 


B 


Basaltes.  Considérés  en  général  et  I cette  contrée  , par  M.  Rozet , p. 

dans  leurs  variétés,  p.  2o5.  I 262, 3o5. 

Barbarie.  Géognosie  des  côtea  de  j Bassin , Ce  qu'on  doit  entendre  par 

&c.  géol,  Tora.  II,  3o 


TABLE  DES  MATIERES 


470 


ce  mot  en  géologie  , page  266. 

Beaumont  (Elie  de).  Considérations 
sur  les  cratères  de  soulèvement  de 
l’Auvergne,  p.  4oo.  — Découverte 
de  dolomie  près  de  Grignon  , 
p.  419-  — Observations  sur  l’éten- 
due des  terrains  tertiaires  infé- 
rieurs dans  le  nord  de  la  France, 
et  sur  ïe:  lignite  qui  s’y  trouve  , p. 
434. — Note  additionnelle,  p.  445. 

Beauvais.  Séance  extraordinaire  dans 
cette  ville,  p,  t.  — Coupe  du  ter- 
rain entre  cette  ville  et  la  ville  de 
Gournay,  p,>a3. 

Bêche  (De  la).  Compte  rendu  de  son 
Manuel  de  géologie , p.  355.  — 
Mémoire  sur  les  environs  de  la 
Spezia , p. 

Bertrand-Ges tin.  Mémoire  sur  le  ter- 
rain de  transport  du  val  d’Arno 
supérieur,  p.  429. 

Bordeaux.  Note  sur  les  environs  de 
cette  ville,  par  M.  Boue,  p.  376. 
— Lettre  sur  le  même  sujet,  par 
M.  Desmoulins,  p.  44o*  — Note 
de  M.  Desnoyers  à l’appui  des 
faits  énoncés  dans  cette  lettre, 
p.  445*- — Observations  de  M.  Du- 
frénoy,  p.  444* 

Boita.  Géognosie  du  Liban  et  de 
FAnti-Liban  , p.  289. 

Boubée  (Nérée).  Coupe  du  terrain 
des  environs  de  Neauphle  - le- 
Ÿieux.  — Tableau  mnémonique 
des  terrains  primordiaux,  p.  321. 

- — Conchyliomètre . p.  3is.  — 
Note  sur  le  post  diluvium  toulou- 
sain, p.  333.  — Tableau  représen- 
tant l’état  du  globe  à ses  différens 


Calcaire  amygdalin.  Mémoire  de 
M.  Dufrénoy  sur  cette  roche, 
p.  426.  — Observations  à ce  sujet, 
p.  428. 

Calcaire  en  général.  Sa  position  par 
rapport  au  gneiss  dans  les  Alpes 
bernoises  , p.  5a,  54»  — Dans  la 
Sicile  , p.  4°6  et  4°7* 

Calcaire  de  Brie.  Sa  position,  p.  27a. 

Calcaire  d’eau  douce  à lignités  d’I- 
liodroma  (Archipel)  p.346. — Dans 
le  nord-ouest  de  la  France , p.  4t5 
& 4 16, 

Calcaire  grossier  marin  dans  le  depar- 

tement de  l’Oise?  p.  to  et  ia,  276. 


âges,  p.  348.  — Observation  sur 
un  Mémoire  de  M.  Tournai  fils  , 
p.  362. — Sur  les  cavernes  de  Bize, 
p.  38a.  — Considérations  sur  le 
parallélisme  des  terrains  de  trans- 
ition, p.  425.  — Mémoire  sur  le 
terrain  diluvien  à blocs  erratiques, 
et  sur  le  creusement  de  la  vallée 
du  Rhône,  p.  438. — Présentation 
à la  Société  de  deux  nouvelles  es- 
pèces de  nummulites  , p.  444* 

Baaè  ( Ami).  Offre  à la  Société  de  fos- 
siles et  dérochés  provenant  de  di- 
verses localités,  p.  29. — Avantages 
de  l’application  de  la  paléontolo- 
gie à la  géologie,  p.  81,  87.  Cité 
p.  3i5.  — Compte-rendu  des  pro- 
grès de  la  géologie  pendant  l’an- 
née i83  : , p.  i33. — Compte  rendu 
du  Manuel  de  géologie  de  M.  de 
La  Bêche  , p.  355.  — Note  sur  le 
terrain  des  environs  de  Bordeaux, 
p.  576. 

B ray  (Pays  de  Bray,  Oise  ).  Axe  cen- 
tral d’un  soulèvement , p.  23. 
— Considéré  comme  un  îlot  ju- 
rassique , p. 287. 

Brèches  osseuses  en  général,  p.  194- 
2 58.  — Brèches  ferrugineuses  dans 
le  nord-ouest  de  la  France,  p. 

4 1 G.  — Aux  environs  de  Broglie, 
p.  4i8. 

Brégy.  Mémoire  sur  les  grès  marins 
de  cette  localité,  p.  38  et  276.  — 
V.  Grès  marins  de  Lévignàn. 

Bresle . Visite  de  cette  localité  par  la 
Société , et  coupe  géologique , 
p.  i3. 

Budget  pour  l’année  i832j  p.  117. 


Calcaire  jurassique  supérieur  soulevé 
dans  le  département  de  l’Oise  , 
p.  23.  • — Calcaire  jurassique  dans 
le  dép.  du  Gard,  p.  5y  et  58. 
Calcaire  tertiaire  remarquable  à La- 
versine  (Oise) , p.  i4* 

Cartes  géologiques  publiées  en  i83i, 
p.  179.  — Carte  géologique  de 
France  , citée  p.  32 1. 

Cavernes  dans  les  micaschistes  de 
File  Thermia , p.  329.  — Conjec- 
tures de  M.  Virlet  sur  l’origine  de 
ces  cavernes , p.  33 1. 

Cavernes  à osseméns.  Considérées  en 
général,  et  travaux  publiés  â Ce 


!ET  DES  AUTEURS. 


sujet  , p.  193  et  25a.  — Note  par 
M.  Teissier  sur  une  caverne  à os- 
semens  près  d'Anduze  (Gard)  , 
p.  21  et  2.56. — Cavernes  à osse- 
mens  du  midi  de  la  France  ^con- 
sidérées sous  le  rapport  historique, 
p.  126.  — De  Bize,  p.  38o.  — 
Remplissage  des  cavernes,  p.  247 
et  25i.  — Considération  sur -l'ori- 
gine des  cavernes  par  M.  Virlet, 
p.  33o. — Cavernes  d’Antiparos  et 
de  Jupiter  âNaxie (Grèce), p.  333. 

Celles , race  celtique  , race  caucasi- 
que,  p.  119,  126  , 194?  262 , 257, 
372  , 38i.  — V.  aussi  au  mot 
Homme. 

Clément  - Mallet.  Communication 
d’une  tête  humaine  celtique  trou- 
vée dans  le  dép.  de  l’Oise,  p.  372. 

Coprolites  envoyés  parM.  Buckland, 
p.ai. — Considérés  en  gén.,p.295. 

Cortières.  Mémoire  sur  les  roches 
volcaniques  de  cette  chaîne  , par 
M.  Tournai  fils,  p.  36i.  — ^Obser- 
vations de  M.  Boubée,  p.  56 1. 


Détuge.'-Diluvium.  Déluge  mosaïque, 
p.  i83  , 2o4-  — Influence  des  co- 
mètes sur  les  catastrophes  diluv., 

Î).  3i4.  — * Considérations  sur  le  dé- 
uge  de  la  Samolhrace  , par  M.  Vir- 
let, p.  342.  — Terrains  diluviens  en 
général,  p.  260.  — dès  environs  de 
Lyon , p.  433. 

Descriptions  géologiques  de  diverses 
contrées  du  globe , avec  un  extrait 
des  observations  générales  sur  cha- 
cune de  ces  contrées , p.  109  et  suiv. 
— sur  l'Ecosse,  p.  i3q.  — sur  l’An- 
gleterre, p.  î/jo.  — sur  l’Irlande, 
p.  i43.  — sur  la  France  , p.  i43. — 
sur  les  Pays-Bas,  p.  i45.  — sur 
l’Allemagne,  p.  r/|6. — sur  la  Saxe  , 
p.  i47»  — sur  les  États  autrichiens , 
p.  j5o.  — sur  la  Suisse,  p.  i53.  — 
sur  Naples,  sur  la  Toscane  , sur  la 
Lombardie,  p.  i54- — sur  les  États 
vénitiens,  p.  i55.  — sur  la  Sicile, 
lb.  — Sur  la  Sardaigne,  p.  i5S.  — 
sur  l’Espagne  , lb, — sur  le  Grèce  et 
sur  la  Turquie,  p.  i5().  — sur  la 
Pologne,  Jb. — Sur  la  Wolhynie  et 
sur  la  Podolie , p.  160.  — sur  la 
Russie,  p.  16».  — sur  la  Suède, 
p.  168.  — Sur  le  Dancmarck,  lb. 
— sur  la  Norvège,  p.  169,  — sur 


471 

Cordier.  Observations  sur  les  systè- 
mes volcaniques  et  les  cratères  de 
soulèvement,  p.  398  et  4ot. 

Corse.  Géologie  de  cette  île,  par 
M.  Beynaud  , p.  409. 

Craie  et  terrain  crayeux.  Accidens 
qu’il  présente  dans  le  département 
de  l’Oise  en  général,  p.  9,  12, 
276.  — A Saint-Martin-le-Nœud  , 
p.  6.  — A Laversine,  p.  i4*  — 
Craie  jaune  à Hédancourt  (Oise), 
p.  20.  — Ses  couches , inclinées 
par  l’effet  d’un  soulèvement  dont 
l’axe  passerait  par  le  pays  de  Bray, 
p.  23.  — Dans  quelques  parties 
du  département  du  Gard , p.  56. 

Cratère  de  soulèvement.  Considéra- 
tions sur  les  cratères  de  soulève- 
ment , par  M.  de  Montlosier,  p.  3Q5. 
— Observations  sur  le  même  sujet, 
par  M.  Cordier,  p.  398  et  4 01  • “7 
Cratère  de  soulèvement  indiqué 
par  M.  de  Beaumont,  près  deGri- 
gnon , p.  4 »9*  — a<ussi  Soulève- 
ment. 


l’Islande  , p.  170.  — sur  l’Afriqne  , 
lb.  — sur  les  États-Unis,  p.  171.— 
sur  le  Canada  , p.  172.  — sur  la  Co- 
lombie, lb sur  le  Pérou,  p.  174. 

sur  Panama,  sur  le  Chili,  p.  175. 
— sur  la  Nouvelle-Hollande  et  sur 
les  îles  de  la  mer  du  Sud , p.  176. — 
sur  l’Inde , p.  177.  — sur  la  Chine  , 
p.  178.  — sur  le  Japon,  p.  179. 

Deshayes.  Observations  faites  près 
d’Éper»ay,p.63. — Citées, p.  278. — 
Observations  sur  l’ouvrage  de  M.  Du- 
bois relatif  aux  coquilles  fossiles  de 
la  Podolie,  p.  122.  — Observ.  sur  le 
Mém.  de  M.  de  Beaumont  relatif  au 
terrain  tertiaire  à lignites  du  nord 
de  la  France  , p.  435. 

Desmoulins.  Lettre  sur  le  terrain  ter- 
tiaire des  environs  de  Bordeaux , 

p.  44o- 

Desnoyers.  Considérations  sur  les  os- 
semens  humains  des  cavernes  du 
Midi  de  la  France , p.  126.  — Rap- 
port sur  les  travaux  de  la  Société 
pendant  l’année  i83a,  p.  326.  — 
Osscmens  de  mammifères  trouvés 
dans  des  fouilles  faites  à Paris, 
p.  334-  — Relations  géologiques  et 
géographiques  des  dépôts  dosse- 
mens  existant  dans  le  bassin  de  U 


TABLE  DES  MATIÈRES 


47* 

Loire,  p.  336.  — Mémoire  sur  les 
terrains  tertiaires  du  N. -O.  de  la 
France,  p.  41 4-  — Note  sur  siür-e 
pure  hydrophanique,  p.  424. — Note 
sur  deux  époques  de  terrains  ter- 
tiaires dans  le  bassin  de  la  Loire  et 
en  Bretagne,  p.  443. 

Dolomie. Sa  disposition  par  rapport  aux 
minerais  de  fer  des  Pyrénées , p.  72. 
— Découverte  à Beyne  près  de  Gri- 
gnon, p.  4l9*  — Analyse  de  cette 
substance,  p.431*  — Lettre  à ce 
sujet  par  M.  de  Fénéon  , p.  435. 

Dolomisation.  Phénomène  qu’elle  a 
produit  en  Franconie,  p.  208. 


Eaux  thermales  et  volcaniques  , sour- 
ces minérales  (considérations  sur 
les).  Pag.  2i3 , 249. 

Egine.  Gisement  des  trachytes  aluni- 
fères  dans  cette  île , p.  4^7. — Gypse 
dans  cette  île,  p.  359. 


Dubois.  Conchyliologie  fossile  du  pla- 
teau Volhini  - Podolien.  — Obser- 
vations de  M.  Deshayes  sur  cet  ou- 
vrage, p.  222. 

Dufrènoy.  Note  sur  la  position  géolo- 
gique des  principales  mines  de  fer 
dans  les  Pyiénées,  p.  69.  — Mém. 
sur  la  relation  et  l’époque  d’appa- 
rition des  ophites , du  gypse  et  des 
sources  des  Pyrénées,  p.  4io.  — 
Mém.  sur  les  calcaires  amygdalins  , 
p.  4a7*  — Note  sur  les  marnes  et 
sur  leur  emploi  en  agriculture,  et 
analyse  de  diverses  espèces,  p,  448. 


Epaubourg.  Localité  visitée  par  la  So- 
ciété , p.  19. 

Epernay.  Observations  faites  près  de 
cette  ville  par  M.  Deshayes,  p.  63, 
278. 

Europe , (Classification  du  sol  du  Nord 
de  cette  partie  du  globe.)  P.  202. 


Failles  considérées  en  général,  p.  208. 

Faluns  de  la  Loire,  p.  267.  — Leur 
âge  comparé  à celui  dut  errain 
d'eau  douce  supérieur  du  bassin  de 
Paris,  ibid. 

Fènèon.  l ettre  sur  la  dolomie  trouvée 
dans  le  voisinage  de  Grignon,  p.  435. 

Fer.  Mémoire  de  M.  Dufrènoy  sur  les 
mines  de  fer  des  Pyrénées , p.  69. 
— Cité,  p.  285.  — Coupe  du  ter- 
rain  qu’occupe  le  fer  pyrifeux  à 
Saint-Martin  près  Beauvais,  p.  71. 

Filons.  Considérations  générales  et 
théorie  sur  leur  origiue , p.  208. 

Fontaine  intermittente  de  Massevaux 


Gard.  Principaux  traits  de  la  géologie 
de  ce  département,  p.  56  et  396. 

Gault  (formation  du)  dans  le  départe- 
ment de  l’Oise , p.  16. 

Géologie.  Principes  généraux , p.  87  et 
suiv.  — Compte-rendu  du  déve- 
loppement de  cette  science  pendant 
l’année  i83i,  p.  i33  et  suiv.  — 
— Traités  généraux  de  géologie  pu- 
bliés en  Angleterre,  p.  182.  — en 
Allemagne , p.  i85. 


dans  les  Vosges,  p.  248. 

Formation. Ce  qu’on  doit  entendre  par 
ce  mot,  et  développement,  p.  89 
et  suiv.,  et  p.  317. 

Fossiles  et  paléontologie  en  général, 
p.  187.  — Indications  des  monogra- 
phies de  fossiles,  p.  188. — Manière 
de  considérer  les  fossiles  dans  les 
formations  géologiques,  p.  583  et 
suiv.  — Fossiles  de  divers  étages  ju- 
rassiques trouvés  dans  les  Alpes, 
p.  55.  — Fossile  inconnu  présenté 
par  M.  Virlet,  p.  34 1* 

Fréjus.  Note  sur  son  golfe  comblé  et  sur 
la  géologie  de  ses  environs, p.  4^2. 


Glatigny.  Visite  de  cette  localité  par 
la  Société , p.  17. 

Gneiss.  Sa  position  relative  au  calcaire 
dans  les  Alpes  bernoises,  p.  53. 

Gosau.  Considérations  sur  cette  loca- 
lité, p.  280. 

Gournay  (Seine-Inférieure).  Coupe  du 
terrain  entre  cette  ville  et  Beauvais, 
p.  23, 


ET  DES  AUTEURS. 


Granit  et  roche  granitoïde.  Sa  posi- 
tion dans  les  Pyrénées,  et  conjec- 
ture sur  son  âge  , p.  72  et  73. 

Grèce  et  Morèe.  Considérations  géné- 
rales sur  ces  contrées , p.  298  et  3oo. 
Grès  et  sables  dans  le  H . O.  delà  France, 

p.4i6. 

Grès  de  Fontainebleau . Son  analogue 
dans  le  département  de  l’Oise , 

p.  10-12. 

Grès  marin  supérieur  dans  le  départe- 
ment de  l’Oise , p.  10  et  277.  — Mé- 
moire sur  les  grés  marins  de  Lévi- 
gnan,  Nantheuil-le-Haudoin  et  Bré- 
gy,  par  M.  Héricart-Ferrand , p.  38. 
— Opinion  de  M.  Cordier  sur  le 
classement  géologique  de  ces  grès, 

p.  41. 


Ilèricart-Ferrand.  Coupe  géognostique 
d’une  partie  du  département  de 
l’Oise,  et  Mémoire  à l’appui , p.  9. 
— Cité  p.  275.  — Mémoire  sur  le 
grès  marin  de  Lévignan  , Nanthcuil- 
îç-Hardouîn  et  Bregy,  pag.  38.  — 
Coupe  des  terrains  du  bassin  de 
Paris  , et  considérations  sur  le  num- 
mulites  lœvigata,  p.  4i3. — Coupe  de 
la  vallée  de  Montmorency,  p.  420. 
llisinger.  Remarque  sur  la  géognosie 
de  la  Suède  et  de  la  Norvège, 
p.  353. 


Jungfrau , Composition  géologique  de 
ce  pic. 


Journaux  et  publications  périodiques 
en  Écosse,  en  Angleterre, en  France, 
p.  i35.  — en  Allemagne,  en  Italie, 
p.  i36.  — en  Russie,  p.  107.  > — en 
Amérique , p.  i38. 

Julia  (île).  Lettres  de  M.  Constant- 
Prevost  sur  cette  île  volcanique, 
p.  3a , a38. 


liatavolrons  de  la  Grèce  centrale,  C< 


4 73 

Grès  vert  dans  le  département  de 
l’Oise  , p.  16,  17 , 19,  277.  — Sou- 
levé dans  ce  département , p.  23. — 
Coupe  de  cet  étage,  1b.  — Grès 
vert  dans  le  Liban,  p.  289.  — à 
Giengeo  (Souabe),  p.  307. 

Gryphèe  signalée  dans  le  terrain  ter- 
tiaire, p.  49-  — Observations  de 
M.  Deshayes  à ce  sujet,  p.  5o. 

Gypse  et  dépôts  gypseux  en  général, 
p.  2<>7,  284.  - — Gypse  dans  le  dé- 
partement de  l’Oise,  p.  276.  — 
dans  l’île  d’Égine,  p.  359.  — For- 
mation gypseuse  en  Sicile  , p.  4o4 
et  407.  — Considérations  sur  son 
origine  dans  le  bassin  de  Paris, 
p.  435. 


Homme.  Tête  et  squelette  qui  ont  ap- 
partenu à la  race  celtique,  p.  84, 

1 19,  272.  — Questions  sur  l’origine 
des  divers  ossemens  hum.,p.  59, 
61,  194»  38 1 . — Considérations,  sur 
les  ossemens  humains  du  Midi  de  la 
France,  appuyées  sur  les  recherches 
historiques,  p.  126,  2Ô2  , 25y,  390. 
V.  au  mot  Celte  et  Ossemens  fossiles. 

Hugi.  Scs  observations  dans  diverses 
parties  des  Alpes , citées  par  M.  Stu 
der,  p.  53-54» 


Insectes.  Fossiles,  p.  192. 


Jurassique  (formation).  Dans  les  Alpes, 
p.  55 , 386. 

(Oise),  p.  287.  — dans  le  département 
du  Gard . p.  57. — dans  la  Charente- 
Inférieure,  p.  28S. — daus  le  Liban, 
p.  289. 


R 

isid.  sur  ce  phénomène,  p.  a 47  cl  ^3o. 


«*>0 


474 


TABLE  DES  MATIERES 


La  Bêche  ( de).  Oompte-rendu  de  son 
manuel  de  géologie,  p.  355,  etc. 
( Voyez  Bêche.  ) 

Lajoye  présente  la  coupe  du  soltis- 
tiaire  de  Lisy-sur-Ourcq,  près  la 
Ferté-sous- Jouarre  , p.  28,  cité 
p.  278. 

Laversine.  Visite  que  fait  la  société 
de  cette  localité  , p.  x4. — Son  cal- 
caire tertiaire,  rapporté  aux  fa- 
luns , p.  i4  et  i5  ; cité  p.  282. 

Levignan.  Méqrroire  sur  le  grès  ma- 
rin de  cette  localité,  p.  38,  rap- 
pelé p.  2 77. 

Lias  dans  le  dép.  du  Gard,  p.  57  et 
58. — En  Afrique,  p.  3o3. 

Liban  et  Anti-Liban.  Coupe  géo- 


Maëstricht.  Considérations  sur  le  ter- 
rain de  cette  ville,  p.  282. 

Malte.  Séjour  de  M.  Constant  Pré- 
vost dans  cette  île,  et  quelques 
indications  sur  sa  constitution  géo- 
logique , p.  1 1 3. 

Marcel  de  Serres.  Mémoire  sur  les 
animaux  découverts  dans  divers 
dépôts  quaternaires,  p.  4^0. 

Marmara  (Albert  de  la).  Note  sur  la 
géologie  du  Piémont,  p.  391. 

Marnes  a gryphées  Leur  disposition 
dans  le  département  de  l’Oise  , 
p.  25.  — Considérations  sur  les 
marnes  et  leur  emploi  en  agricul- 
ture, par  M.  Dufrénoy,  avec  l’a- 
nalyse de  divers  échantillons  de 
marnes,  p.  448. 

Media  en  Afrique.  Aperçu  sur  la 
géologie  de  cette  localité  , p.  5o5. 

Mémoires  et  publications  relatifs  à la 
géologie  et  à l’histoire  naturelle  , 
p.  r 35  et  296.  — de  la  société, 
décision  prise  à ce  sujet,  p.  366. 

Mer.  Etude  des  phénomènes  qu’elle 
présente  , et  son  action  sur  le 
globe , p.  2o3. 

Meulières , près  d’Epernay  et  de  La 
Ferté -sous- Jouarre  , p.  65  et  64. 

Moellon-calcaire.  Calcaire  moellon 


Nanteuil-le-Hardouiii.  V.  grès  marins 
de  Lévignan  , p.  58  et  277. 
Nauphlo-le-Vieiix,  Coupe  géologique 


gnostique  par  M.  Botta  , p.  289. 

Lignites  dans  la  Champagne  et  dans 
le  Soissonnais,  p.  279. — posté- 
rieurs à l’argile  pl.  dans  le  bassin 
de  Paris,  p.  428.  — Dans  le  nord  de 
la  France,  p.  4-H  et  435.—  Fossi- 
les du  Soissonnais,  tirés  de  ce 
terrain,  présentés  par  M.  Cons- 
tant Prévost,  p.  44 6. 

Lipari  (îles  de)  Considérations  sur 
leur  origine  volcanique,  p.  242. 

Liste  des  membres,  de  la  société, 
p.  100. 

Loire.  Relation  géologique  et  géo- 
graphique des  dépôts  d’ossemens 
fossiles  dans  le  bassin  de  cè  fleuve, 
p.  336. 


en  Afrique,  p.  3o2.— Cité  p .386. 

Molasse  de  Giengen.  Note  sur  cette 
roche  par  M.  Schubler,  p,  357. 

Montagnes.  Direction  des  chaînes  de 
montagnes  et  leur  âge,  p.  307. 

Mont  Bernard.  (Saint)  Visité  par  la 
soc.  p.  i5. — Coupe  géolog.  p.  16. 

Montlosier , Lettre  sur  les  soulève- 
mens,  et  cratères  de  soulèv.  p.  Sgô. 
Observations  générales,  sur  l’abus 
de  la  théorie  des  souièvemens,  et 
sur  les  faits  géologiques,  p.  4^9. 

Montmorency.  Coupe  de  la  vallée  de 
ce  nom  par  M.  Héricart-Ferrand, 
p.  420. 

Moréee t Grèce.  Considérations  géné- 
rales sur  ces  contrées,  p.  298 
et  299. 

Morren , professeur  à Gand.  Lettre 
sur  divers  objets  d’histoire  natu- 
relle , p.  26. 

Morse . Dent  de  ce  cétacé  dans  la 
Molasse,  p.  337. 

Munster.  ( comte  de  ).  Observations 
sur  les  nummülites  , p.  67  , 293. 
— Sur  les  ammonées  , p.  290.  — 
Sur  les  nautilacées  , p.  291  — Sur 
les  belemnites,  p.  293. 

Murex  lubifer.  Discussion  à l’occa- 
sion dé  ce  fossile,  p.  122. 


de  cette  localité  par  M.  Boubée  , 
P-  279- 

Nautilacées.  Observations  sur  ce 


ET  DES  AUTEURS. 


genre  de  coquilles  par  M.  le  comte 
de  Munster,  cité  p.  291. 

Nivellement  et  mesures  de  hauteurs, 
p.  182. 

Norwège.  Note  de  la  géologie  de  ce 
pays , p.  355. 

Nummulites « Observations  sur  ce 


Obsidienne  avec  fragment  de  calcaire 
coquillier  dans  Pile  de  Milo,p.356. 

Omalius  d’Halloy.  Sa  théorie  géolo- 
gique citée  p.  019. 

Oplùtes.  Epoque  de  leur  apparition 
dans  les  Pyrénées , p.  5 13  et  4* 1 • 

Oran.  Notice  géolog.  sur  les  envi- 
rons de  cette  ville,  par  M.  Rozet, 
p.  4^*  ; rappelée  p.  3o5. 

Orlhocères.  Mêlées  avec  les  ammo- 
nites, avec  les  bélemnites,  p.  421. 

Os  fossiles , humains  et  de  divers  ani- 
maux. Questions  sur  leur  origine, 
p.  59,61,62,  194  et  38j Coh- 


Palèonlologie.  Ouvrages  publiés  sur 
cette  partie  de  la  science  , p.  187. 
— Considérât,  sur  son  applic.  à la 
géologie  , p.  3 1 5 . 

Paris . Exhaussement  géolog.  de  son 
sol,  p.  334. — Rapport  des  terrains 
tertiaires  du  bassin  de  Paris  avec 
ceux  de  Pezenas  et  de  Narbonne  , 
p.  379. — Température  du  climat 
de  Paris  5 l’époque  de  la  for- 
mation des  terrains  tertiaires,  et 
celle  des  terrains  quaternaires , 
p.  386. — Considération  sur  les 
nummuliles  tœvigata  par  rapport 
au  bassin  de  Paris,  p.  4i3. 

Périodes  zoologiques,  p.  260  et  5 16. 

Pétrification , considérée  en  général, 
p.  198. 

Piémont.  Note  succincte  sur  la  géo- 
logie de  quelques  unes  de  ses  par- 
ties, p. 391. 

Poissons  fossiles  , p.  191. 

Post  - diluvium  toulousain  , p.  272, 
333,  365. 

Poudingue  (format,  de)  dans  la  craie 
et  hî  terrain  tertiaire  de  la  Grèce, 

! p.  5oi. 

Pouzzolc.  Histoire  chronologique  des 

, révolutions  arrivées  dans  le  sol  de 
cette  ville , p.  244- 

Prévoit  ( Constant).  1 ' Lettre,  rela 


475 

genre  de  fossiles  par  M.  le  comte 
de  Munster,  p.  67,  citées  p.  293. 
Nummulites  lævigata  , trouvée  sur 
la  mont,  de  Laon,  et  dans  un 
puits  artésien, p.  4i3,  citée  p.  43o. 
— Deux  espèces  de  nummulites, 
présentées  par  M.  Boubée, p.  444* 


O 

sidérations  sur  les  ossemens  hu- 
mains du  midi  de  la  France,  par 
M.  Desnoyers,  p.  126. — Par  M.  du 
Chesnel,  p.  390. — Trouvés  à Pa- 
ris , p.  334. — Trouvés  dans  le  dép. 
du  Loiret,  p.  335.  — Tableau  des 
gisemens  d’ossemens  fossiles  dans 
le  bassin  de  la  Loire,  p.  336.  — 
Tête  humaine,  trouvée  à Nogent- 
les-Vierges  (Oise),  p.  372. — -du 
Val-d’Arno,  p.  439-  — de  divers 
dépôts  quaternaires,  p.  43o. 

Ours  fossile.  Dimensions  des  os  de 
ce  mammifère,  p.  84. 

P 

tive  à l’exploration  de  I’île  de  Ju- 
lia , p.  3a.  — 2e , relative  à Pile  de 
Malte,  p.  112.  — 3°  , relative  à la 
Sicile,  p.  114. — Extrait  de  sou 
mém.  sur  la  géologie  de  la  Siciie  , 
p.  4o3.  — Observations  sur  l’incli- 
naison des  couches  tertiaires  du 
bassin  de  Paris,  et  sur  la  présence 
d’une  nummulite  dans  ces  cou- 
ches, p.  44.  — Sur  la  position  re- 
lative des  lignites  et  de  l’argile 
plastique  dans  le  N.  de  ce  bassin  , 
p.  428.  — Divers  échantillons  des 
terrains  5 lignites  du  Soissonnais 
offerts  à la  société  , p.  446. 

Puits  artésiens  considérés  générale- 
ment, et  indication  des  ouvrages 
qui  ont  été  publiés  sur  ce  sujet 
en  1 85 1 , p.  2i5. — Creusés  à Paris, 
p.  280  et  538. 

Puits  géologiques  des  environs  de 
Paris,  expliqués  p.  2 4j. 

Piizos  présente  à la  société  un  Sca- 
phite  très  remarquable , p.  355. 

Pyrénées.  INote  de  M.  Dufrenoy  sur 
les  principales  mines  de  fer  de 
ces  montagnes,  p.  69.  — Conjec- 
ture sur  leur  ûge  géolog.,  et  sur 
celui  du  granité  dans  lesPyrénécs, 
p.  73. — Observation  sur  la  struc- 
ture de  ces  montagnes,  pai  M.  Re- 


TABLE  DES  MATIERES 


476 

boul,  p.  — Conjectures  sur 
leurs  diverses  époques  de  soulève- 
ment, p.  79,  citées  p.  3i3. — Divi- 
sion de  ces  époques  en  divers  sys- 
tèmes, par  M.  Dufrénoy,  p.  80. 


— Relation  des  ophites,  des  gyp- 
ses et  des  sources  salées  dans  les 
Pyrénées,  p.  4 10 . 

Pyroxène.  Son  identité  avec  l’am- 
phibole , p. 243. 

Q 


Quaternaire  (terrain),  p.  267  et  suiv. 

R 


Ratisbonne.  Affaissement  de  terrain 
près  de  cette  ville,  p.  8,  cité 
p.  246. 

Razoumovski  (le  comte  de).  Extrait 
de  son  Mémoire  sur  les  tubuli- 
pores , p.  36o. 

Reboul.  Précis  de  quelques  observa- 
tions sur  la  structure  des  Pyré- 
nées, p.  74. — Mémoire  sur  le  syn- 
chronisme des  terrains  tertiaires 
inférieurs  qu’il  appelle  mètatym- 
néens  et  prolymnèens  , p.  583. 

Règlement.  Diverses  dispositions  ré- 
glémentaires  adoptées  par  la  so- 
ciété , p.  45  et  119. 


Sables  ferrugineux.  Leur  disposition 
dans  le  département  de  l’Oise , 
p.  16,  23  et  288. 

Sables  tertiaires  dans  le  départ,  de 
l’Oise  , p.  i3 , 276. 

Sables  verts  , dans  le  même  départ, 
p.  288. 

S aint-Gratien,  S aint-Martin-le-Nœud. 
Localités  visitées  par  la  société  , 
p.  16  et  19. 

Samothrace.  Lettre  sur  cette  île  et  sur 
son  déluge,  par  M.  Virlet,  p.  342. 

Scaphites.  Fossile  remarquable  de  ce 
genre  communiqué  par  M.  Pusoz, 
p.  555. 

Schubler.  Note  sur  la  molasse  de  Gien- 
gen,p.  337. 

Sel  gemme.  Considérations  sur  les  sa- 
lines , leur  position  géologique , 
p.  285. — Corrélation  du  sel  gemme, 
du  soufre  et  du  gypse,  p.  284,  et 
conjecture  sur  leur  origine  com- 
mune, 1b.  — Sel  de  Cardonne, 
p.  283. 

Sicile.  Observations  sur  quelques  lo- 
calités de  cette  île , par  M.  Constant 
Prévost , p.  114.  — Extrait  du  Mé- 


Repliles fossiles , p.  191. 

Révolutions  du  globe  en  général , 
p.  182  et  suiv.  Voir  aussi  au  mot 
soulèvement. 

Reynaucl.  Note  géologique  sur  la 
Corse , p.  409. 

Roches  à surfaces  polies.  Considéra- 
tions sur  ce  phénomène  , par 
M.  Boué , 4x7- 

Romagne.  Tremblement  de  terre 
dans  cette  province  , p.  221. 

Rozet.  Notice  géolog.  sur  les  envî- 
rous  d’Oran  , p.  4b.  — Mémoire 
géol.  sur  les  côtes  de  Barbarie  , 
p. 262. 


moire  de  ce  dernier  sur  la  géologie 
de  cette  iie,  p.  4o 3.  — Extrait  de 
lettres  de  M.  Hoffman  sur  la  géolo- 
gie de  la  Sicile , p.  i56. 

Silice  et  concrétions  siliceuses.  Considé- 
rations sur  leur  origine,  p.  199.  — 
Silice  pure  et  hydrophanique  ; note 
sur  cette  substance,  par  M.  Des- 
noyers, et  son  analyse  par  M.  Ber- 
Ibier,  p.  421. 

Sociétés  géologiques  fond. en  i83 1 ,p.  1 36. 

Soissonnais.  Terrain  à lignites  de  cette 
province  , p.  279. 

Soulèvemens  des  terrains  dans  le  dé- 
partement de  l’Oise,  p.  20.  — dans 
les  Pyrénées,  p.  79. — Discussion  sur 
l’ancienneté  du  système  des  soulè- 
vemens, p.  124. — Soulèvemens  en 
Grèce  , p.  399.  — Soulèvemens  si- 
multanés dans  le  bassin  de  ia  Seine 
et  de  la  Loire,  p.  583  et  suiv.  — 
Lettre  sur  les  soulèvemens  et  cra- 
tères de  soulèvement  par  M.  de 
Montlosier,  p.  3o5.  — Observation 
sur  ce  sujet,  par  M.  Cordier,  p.  3g8 
et  401»  — Soulèvement  à Beyne 
près  de  Grignon,  p.  4 «9.—  Observa* 


ET  DES  ÀUTEÜRS.  477 


tioti  sur  l’abus  des  théories  de  sou- 
lèvement, par  M.  de  Montîosier, 
p.  43p. 

Sources  minérales.  P.  eio.  2i3  et  249. 

Spezia.  Extrait  du  Mémoire  sur  la 
géologie  des  environs  de  ce  golfe, 
p.421. 

Stockhorn  (Alpes).  Observations  sur 
son  classement,  p,  68. 

Stratification  discordante . Considéra- 


Teissier. Note  sur  une  caverne  à osse- 
mens  près  d’Anduze  , p.  ai. — Note 
sur  une  tête  d'ours  fossile,  p.  84, 
85.  — sur  deux  têtes  humaines  de  la 
race  caucasique,  p.  119.  — Citées, 
p.  257.  — sur  la  caverne  à ossemens 
de  Mialet,  p.  35o. 

Température  des  mines  en  Prusse , 
p.  208. — des  salines  de  Dieuze , 
p.  249.  — du  climat  de  Paris  à l’é- 
poque de  la  formation  des  terrains 
tertiaires  et  des  dépôts  quaternaires, 
p.  386. 

Temple  de  Sérapis.  Considérations 
sur  le  phénom.  qu’il  présente 
p.  243. 

Terrains  en  général.  De  leur  classi- 
fication, p.  264.  — Circonstances 
observées  à leur  contact,  p.  270. 

Terrain  mixte,  ou  fluvio-marin,  p.  269. 

Terrain  d'eau  douce  dans  le  départe- 
ment de  l’Oise  , p.  10  et  11.  — Sa 
profondeur  à Saint-Denis,  p.  233  et 
280. 

Terrains  tertiaires . — Leur  sous-divi- 
sion proposée  par  M.  Brongniart, 
p.  271.  — Considérations  sur  l’ori- 
gine de  ces  terrains  , par  M.  Rozet , 
p.  364-  — par  M- Tournai,  p.  365. 
— Synchronisme  des  terrains  ter- 
tiaires, et  considéra  lions  sur  leur 
formation,  par  M.  Rehoul,  p.  383. 
— Terrain  tertiaire  de  Lisy  - sur- 
Ourq  et  de  Saint-Aulde , p.  28.— 
— dans  le»  environs,  p.  4j*  — 
Gryphée  signalée  dans  ce  terrain  , 
p.  49.  — Rapport  des  terrains  ter- 
tiaires de  Paris  , de  Pczenas  et  de 
Narbonne,  p.  379.  -*>  Terrain  ter- 
tiaire en  Sicile  ,,p.  4o6.  — Mémoire 


tions  sur  les  dépôts  qui  présentent 
cette  disposition,  p.  210. 

Sluder.  Notice  sur  les  Alpes  bernoises, 
p.  5i.  Observations  sur  le  classe- 
ment géologique  du  Stockhorn  , 

p.68. 

Suède  et  Norvège.  Note  par  extrait  sur 
la  géologie  de  ces  contrées  , par 
M.Hisinger,  p,  553. 


sur  le  terrain  tertiaire  du  N.-O.  de 
la  France,  par  M.  Desnoyers,  p.4i6. 
Liaisons  de  ces  mêmes  terrains  avec 
ceux  d’autres  localités,  p.  4*8  et 
419.  — Mémoire  sur  l’étendue  du 
terrain  tertiaire  à lignite  dans  le 
Nord  de  la  France,  par  M.  de  Beau- 
mont, p.  454*  — Observations  de 
M.  Desbayes  sur  ce  sujet,  p.  455. — 
Terrain  tertiaire  des  environs  de 
Bordeaux,  par  M.  Desmoulin*, 

p.  440. 

Terrains  de  transport  dans  le  val  d’Ar- 
no  supérieur,  par  M.  Bertrand  Ges- 
lin,p.  429. 

Tcxier.  Mémoire  sur  la  géologie  des 
environs  de  Fréjus,  p.  4^2. 

Thermia.  Note  géologique  sur  cette 
île,  par  M.  Virlet,  p,  329. 

Tourbe  et  dépôt  tourbeux  , p.  249. 

Tournai  fils.  Rapports  des  terrains  ter- 
tiaires de  Paiis,  Pézenas  et  Nar- 
bonne , 279.  — Mémoire  sur  les  ro- 
ches volcaniq.  des  Corbières,  p.  56 1 . 
Considérations  sur  l’origine  des 
terrains  tertiaires,  p.  364-  — Ob- 
servations à ce  sujet  parM.  Boubée, 
p.  366.  — Note  sur  les  cavernes  à 
ossemens  de  Bize,  p;  38o. 

Tracliytes  alunifères  d’Egine,  p.  357. 

Trappcen  (terrain)  des  environs  d’O- 
ran  , p.  48.  — Observations  de 
M.  Cordier,  p.  5o. 

Trésorier.  Rapport  sur  ses  comptes, 
p.  97. — Il  présente  le  budget  pour 
l’année  i83a  , p.  117. 

Tu  b u li pores.  Extrait  du  Mémoire  de 
M.  Razoumowski  sur  ces  fossiles , 
p.  3Go. 


V 

Vallées  considérées  en  général,  p,  ao5.  { Végétaux  fossiles  en  général,  et  tra- 


TABLE  DES  MATIÈRES  ET  DES  AUTEURS. 


▼aux  publiés  sur  ce  sujet , p.  196  et 
cuir.  — Disposition  des  végétaux 
fossiles  dans  les  couches  carboni- 
fères, p.  S74.  — Végétaux  fossiles 
de  la  Stradella  cités  d’une  manière 
générale , p.  383. 

Vésuve.  Note  historique  relative  aux 
éruptions  de  ce  volcan  , p.  5q6. 

Virlet.  Géologie  des  envir.  deModon 
et  Navarin,  p.  Sou  — Notice  sur 
nie  Thermia  ( Cythnos  des  an- 
ciens), p.  329.  Fossile  inconnu 
présenté  par  lui,  p.  34  1.  Lettre 
sur  Je  déluge  de  la  Samothrace, 
p.  S4.2.  — - Obsidienne  avec  or* 


bicules  de  l’île  de  Milo,,  p.  356. 
Observations  sur  les  trachytes  alu- 
nifères  d’Égine,  p.  357. 

Volcans  et  phénomènes  volcaniques 
en  général,p.  205  et  337.  — Con- 
sidérations, sur  les  roches  volcani- 
ques, par  M.  Tournai  fils,  p.  36i. 
Considérations  générales,  parM.  de 
Montlosier,  p.  3p6.  — par  M.  Cpr- 
dier,  p.  3g5.  — Terrain  volcanique 
sous-marin  en  Sicile  , p.  407.  Voyez 
aussi  Soulèvement . 

Votlz.  Lettres  contenant  l’énuméra- 
tion des  divers  fossiles  trouvés  dans 
les  Alpes,  p.  55. 


FIN  DE  LA  TABLE. 


ERRATA. 


Page  5a,  ligne  18  , sud  ; lisez  nord. 


52, 
108, 
108 , 
108 , 

109» 

I 12  , 
H 2, 

n3, 
123, 
125, 
i52  , 
*56, 
ï57, 

164, 
164 , 
a35, 
248, 

277  » 
281, 

297» 

337, 

357, 

337, 

435, 

435, 

452, 

455, 


455  , - 


— 9,  miolet;  lisez  Miallet. 

— 27  , de  i749  pages;  //.yezGoettingue,  1 749* 

— 24 , gedranzte  ; lisez  gedrangte. 

— 25 , Erforschunz  ; lisez  Erforschung. 

— i3,  derstellunz  lisez  darstellung- 

— 9,  conchiologie;  lisez  conchyliologie. 

— 37,  Malthe;  lisez  Malte. 

— 4r  > Pas  Dolomieu  ; lisez  par  Dolomieu. 

— 16,  Lygurie  ; lisez  Ligurie. 

— 3 7 , et;  lisez  and. 

— 5 , numiiites;  lisez  nummilitcs. 

— 8,  Gemmettaro;  lisez  Gemellaro. 

— i5,  Gemellaro;  Usez  Gemellaro. 

— 9,  Yongovsk  lisez  Yougovsk  : 

— 10,  i83o  ; lisez  1 83 1. 

— 17  , Sedgvich  ; lisez  Sedgwich. 

— 9,  galium  uliginosum ; lisez  galium  fuliginosum. 

— 4 » pouddingues  ; lisez  pouddingue. 

— 12,  hyppurites';  lisez  hippurites. 

— 4,  hyppurites;  lisez  hippurites. 

— 11,  mollasse , lisez  molasse. 

— i4,  mollasse;  lisez  molasse. 

— 24  , mollasse;  Usez  molasse. 

— (lig.  dernière)  Bcine  ; lisez  Beyne. 

— 24 > des  griffées  ; lisez  gryphées. 

— 8,  M.  ; lisez  Miss. 

— 6 , Me'inoires  géologiques;  Usez  mémoires  ge'ologi- 

queset  paleonto  ogiques. 

8 , in-8°  i832  ; ajoutez  accompagnés  de  la  carte 
géo  logique  de  l’Europe. 


I 


BULLETIN 


D E I,  A 

SOCIÉTÉ  GÉOLOGIQUE  DE  FRANCE. 


TABLE 

DES  MATIÈRES  ET  DES  AUTEURS 


POUR  LE  PREMIER  VOLUME. 


ANNÉE  1830  A 1831. 


Mlenau.  Course  dan?  la  vallée  de  ce 
nom,  p.  129. 

Alluvions  (idées  sur  les  ).  Par  M.  Boué, 
p.  94. — Dans  la  Gallicie  el  la  Podo- 
lie p.  47. 

Alpes  autrichiennes.  Remarques  sur 
un  Mém.  qui  leur  est  relatif , p.  4o. 
— Divers  gisemens  de  fossiles , 
p.  128,  — Du  Salzbourg  ( pecten - 
salinariiis  qui  en  provient  ),  p.  126. 

Alpin  (calcaire).  Saclassificat.,  p.  108. 

Ammonces  et  ammonites.  Leurs  limites, 
p.  137,  i38.  — Leur  gisement  en 
Allemagne,  par  M.  de  Mu.ister, 
p.  173.  — Division  en  Goniatites,  et 


barbarie.  Note  sur  quelques  parties  de 
ce  pays  par  M.  Rozot,  p.  i4 > * 
Icauniont  (Elie  de).  Observ.  sur  les 
montagnes  sorpentineuscs  de  la 
Ligurie  . p.  64.  — Observations  sur 
l’absence  du  dépôt  tertiaire,  p.  1 85. 
— Fixation  des  étages  géol.  de  div. 
localités  , p.  187.  — Observations 
sur  la  caverne  de  Pondrcs,  p.  202. 
Observations  sur  le  grès  de  Fon 
taincblcau , p.  224. 


en  Cératites , p.  174.  — Leur  dis- 
tribution dans  diverses  formations 
géologiques,  p.  175,  j 76,  etc. — 
Observation  sur  diverses  questions 
relatives  à ces  fossiles,  par  M.  de 
Munster,  p.  177. 

Apennins  (Observ.  sur  les  mont,  de  la 
Ligurie,  en  réponse  à M.  Paréto,  par 
M.  Elie  de  Beaumont)  ,p.  64. 

Aptychus. Description  de  ce  genre,  p3r 
M.  Meyer,  p.  228. 

Allas  (Petit).  Observations  laites  dans 
cette  chaîne  par  M.  Rozet,  p.  2a5, 

Aussce  en  Styrie.  Notice  sur  ses  envi- 
rons, par  M.  Boué,  p.  i35. 


üèlemnites.  Dans  un  cale.,  à Orthocè- 
res,  en  Gallicie,  p.  76. — Discussion 
sur  leurs  limites,  p.  137  et  i83. — 
Nouv.  espèce  caractéristique,  par 
M.  le  comte  de  Munster,  p.  iS3. 

Itiroslre.  Sa  définition  parM.  Desbayes, 
p.  192. 

Blainvilte  (de).  Observation  sur  div. 
fossiles  cloisonnés,  p.  137,  i3S,  139. 
— Observation  sur  les  Coprolites  , 
p.  229. 


TABLE  DES  MATIERES 


248 

Blocs  erratiques  en  général,  p.  118. 
— Dans  le  Jura,  p.  89. 

Boblaye  (Puillon).  Observations  géo- 
gnostiques  sur  la  Morée,  p.  82.  — 
Notice  sur  les  altérations  des  roches 
du  littoral  de  la  Grèce , p.  i5o. 

Botta.  Mém.  sur  le  Liban,  p.  204. 

Boubée  (Nérée).  Détails  sur  un  puits 
artésien  , près  de  Toulouse  , p.  76. 
j — Géologie  et  topogr.  du  bassin  de 
Toulouse,  p.  i46- — Observations 
laites  dans  la  grotte  d’Ussat  ( Ar- 


rtege  j,  p.  201 


Tableau  mnémo- 


nique des  terrains  primord.,p.  202. 
— Fossiles  d’un  terrain  d’eau  douce 
du  bassin  de  Toulouse,  p.  212.'  — 
Observations  sur  un  cale,  d’eau  douce 
du  bassin  de  Paris,  p.  225.  — Ob- 
servations sur  les  Coprolites,  p.  227. 
— Nouveaux  moyens  pour  détermi- 
ner les  fossiles,  p.  23o. 

Boue  (Ami).  Mém.  sur  le  sol  tertiaire 
de  la  Gallicie,  p.  i5.  — Rem.  sur 
un  Mém.  de  MM.  Sedgwick  et  Mur- 
chison  rclat.  aux  Alpes  autrich. 
p.  40.  — Compte  rendu  des  travaux 
de  la  société,  et  des  progrès  de  la 
géologie,  p.  71,  94>  10  . — Mém. 


sur  div.  gisem.  de  fossiles  dans  les 
Alpes  autrich. , p.  128.  — Notice  sur 
les  environs  de  Ilallein  en  Salz- 
bourg,  et  courses  de  Hallein  à Go 
sau  , p.  1 29.  — Fossiles  et  roches 
de  diverses  parties  de  î’ Allemagne 
offertes  à la  société;  observations 
sur  l’origine  du  gypse,  p.  i45.  — 
Autres  échantillons  offerts  , dont 
quelques  uns  sont  naturellement 
polis  ; observ.  sur  ce  poli,  p.  1 5y.  — 
Observ.  sur  la  distribution  des  ter- 
rains, en  réponse  à un  mém.  de 
M.  Desbaye3 , p.  188. 

Brandenbourg.  Observations  pour  avan- 
cer sa  géologie  et  classification  de  ses 
formations,  par  M.  Klœden  . p.  60. 

Brie.  (Note  sur  le  cal.  de  Brie  et  de 
Charapigny  , par  M.  Dufrenoy , 
p.  220.) 

Brongniart  (Alex.).  Observation  sur 
le  cale,  de  Saint-Ouen , et  sur  le 
gypse  de  Montmartre  , p.  224. 

Budget  pour  l’année  1 85  1 , p.  91 . 

Buckland.  Observation  sur  son  mém. 
relat.  à la  baie  de  Weimouth  , 
p.  68.  — Envoi  de  coprolites  , avec 
quelques  observations  , p.  227. 


Caleaire  compacte , — grossier,  — ter- 
tiaire en  Gallicie,  p.  48. 

Cardone  (terrain  salifère  d~).  Rapporté 
au  terrain  de  craie,  p.  12.  — Mé- 
moire de  M.  Dufrenoy,  p.  99. 

Carpaihes.  Souvent  cités  dans  le  mém. 
sur  la  Gallicie  par  M.  Boue,  p.  i5^, 
et  dans  un  autre  mémoire  du  même 
auteur,  p.  41* 

Cèratites . p.  174. 

Champigny . Mémoires  sur  les  calcai- 
res de  ce  lieu,  par  M.  Dufrénoy, 

p.  223. 


Classification  en  général , p.  107 
p.  2l3. 

Coprolites.'  Observations  sur  ces  fos- 
siles, p 227. 

Cordier . Observations  sur  un  cale. 
paludines  du  bassin  de  Paris, 
p.  223  et  224. 

Craie  (Dufrénoy , en  France),  p.  9, 
— dans  la  Gallicie,  p.  52  ; — en 
Morée,  p.  82. — Poisson  fossile  de  1 s 
craie , p.  i58. 

Cyclades  dans  un  terrain  d’eau  douce.; 
près  d’Étampes  , p.  26. 

Cyrtocératites  , p.  178  , 180. 


D 


Daubeny.  Découverte  d’azote  dans  les 
eaux  therm.  des  Alpes , p.  77. 

Déluge.  Catastrophe  diluvienne , v. 
Révol.  du  globe  , et  p.  24  et  196. 

Dcshayes.  Observation  sur  des  fossiles 
de  la  Gallicie,  etc.,  p.  55. — Obser- 
vation sur  les  gisemens  de  fossiles, 
p.  184.  — Tableau  comparatif  des 


espèces  de  coquilles  vivantes  , avec 
les  espèces  fossiles,  etc. , p.  1 85 . — 
Observations  sur  les  Rudistes  et  le» 
Podopsides , p.  192. 

Desnoyers.  Observations  sur  la  pré- 
sence de  cyclades  et  d’ancyles  d ans 
le  calcaire  d’eau  douce  supérieur 
d’Étampes , p.  26, 


\ ' 

ET  DES  AUTEURS. 


Diluvium  et  terrain  diiuvien[en  général, 
p.  196.  — Dans  les  environs  de  Tou- 
louse, p.  146. 

Dolomie , Dolomisation.  Hypothèse  sur 
ce  phénomène,  p.  n4» 

Donati.  Notice  sur  la  structure  géo- 


249 

logique  et  sur  1 élévation  de  Strom- 
boli,  p.  292. 

Dufrenoy.  Mém.  sur  le  terrain  de 
craie  dans  le  sed  de  la  France,  et 
surtout  les  Pyrénées,  p.  9.  — Mém. 
sur  les  mines  de  sel  de  Cardone, 
p.  99. — Notice  sur  les  calcaires  de 
Brie  et  de  Champigny,  p.  22a. 


E 

Époque»  géologiques,  p.  19. 

t 

F 


Fer  (minerai  de)  en  grains.  Sa  classifi- 
cation , p.  r i3. 

Fleuriau  de  Bellevue.  Notice  sur  un 
puits  artésien  près  de  La  Rochelle, 
p.  4o.  — Notice  sur  des  fossiles  du 
calcaire  jurassique  dans  un  lieu  voi- 
sin de  La  Rochelle,  p.  i 58  et  suiv. 


Gallicie , p.  1 5 , 16, 47- 

Géologie.  Ouvrages  , recueils  périodi- 
ques, et  journaux  relatifs  à cette 
science,  p.  72  et  suiv. , et  9$. 

Géologues  connus  en  Europe.  Leur 
nombre , p.  i4- 

Goniatites,  p.  174. 

Gosau,  cité  p.  4»,  1 1G,  12S,  129.  Des- 
cription du  bassin  de  ce  nom  , p. 
i3o. 

Grèce.  Observations  géognostiques  sur 
ce  pays  par  M.  Boblaye,  p.  82. 

Grès.  Eu  général,  p.  4^»  — Verts  en 


Ilultein  en  Salzbourg.  Course  dans  les 
environs,  p.  129. 

Hélix.  Description  de  plusieurs  fos- 
siles de  ce  genre  , p.  2 1 3. 

Homme.  Son  apparition  sur  la  terre, 
p.  io5 , ig5. 


Fossiles.  Fossiles  marins  et  d’eau  douce 
mêlés,  en  Autriche  et  en  Hongrie, 
p.  18.  — Tableau  des  fossiles  de  la 
Gallicie  , p.  5 1 . — Trouvés  dans  le 
Brandebourg,  p.  60. — Ce  qu’on  doit 
entendre  par  cemot,  p.  197.  — Fos- 
sile en  généial,  p.  a3o. 


Gallicie  et  en  Podolie,  p.  53;  — 
de  Fontainebleau,  p.  187. 

Grottes.  De  Rancogne  (Roulland), 
p.  200  ; — d’Ussat  ( Boubée  ),  p. 
2U1  ; — de  Pondres  ( Dumas  ),  p. 
202.  — Observées  près  de  Liège, 
p. 222. 

Gypses.  Hypothèse  sur  leur  formation, 
p.  85; — 'dans  quelques  localités  du 
bassin  de  Paris,  p.  223,  224  et 
22a. 

Gypse  uses.  Formation  en  Gallicie  et 
en  Podolie,  p.  49- 


Houille.  Théorie  sur  son  origine , 
p.  1 18. 

Houillier  ( terrain ).  Sa  classification, 
p.  10S. 

IJippuritcs.  Observations  sur  ce  genre 
par  M.  lloulland,  p.  190. 


I 


îellùusarcolitcs.  Observations  sur  ce  genre,  par  M.  Roulland  , 150. 


\ 


/ 


260 


TA  BLE  .DES  MATIERES 


J 


Jurassique  (cale.  ).  En  Podolie  et  en 


R 


Karpalhes  (monts).  Cités  souvent 
dans  un  méra.  sur  ia  Gallicie,  p.  i5, 

16,  47- 

Klœden.  Extrait  de  son  ouvrage  sur  la 

L 


\ ' 

Gallicie,  p.  53;  — en  Lorraine, 
p.  87;  — en  Suisse,  p.  89. 

forme  et  sur  l’histoire  primitive  du 
globe,  p.  57.  — Observations  sur 
les  formations  de  Brandenbourg , 
p.  60. 


Lairm . Course  dans  ia  vallée  de  ce 
nom,  p.  129. 

Liban.  Mém.  sur  cette  chaîne  , par 
M.  Botta , p.  234. 

Liège , p.  222. 

Ligurie , p.  64. 

LUI  de  Lilienbach.  Description  du 


Marnes.  Dans  quelques  localités  du 
bassin  de  Paris , p.  223  , 2?4  et  225. 
— Gypsifères  et  salifères  dans  le 
S.  O.  de  l’Europe,  p.  i5. 
Mastodonte.  V.  Meyer. 

Media  (Afrique).  Etudié  par  M.  Rozet, 

p.  86. 

Meyer  (le  docteur).  Description  d’Or- 
thocères,d’un  mastodonte,  du  genre 
Aphtychus.de  trigonellites  (Park.)/ 
et  de  nouveaux  sauriens , p.  228  et 
229. 

Molasse..  Sa  position  géologique  dans 
le  S.  O.  de  l’Europe,  et  dans  les 
Rarpathes , p.  i5  et  suiv.  — Dans 


bassin,  ou  pays  plat  de  la  Gallicie 
et  de  la  Podolie,  p.  47»  cité  p.  16. 

Lituite.  Coquille  du  genre  des  nautila- 
cées , p.  180. 

Lorraine.  Note  géologique  sur  quel- 
ques pays  qui  en  font  partie,  par 
Robert,  p.  $7. 


les  Salines  de  Wieliczka,  p.  16. 
— Dans  la  Transylvanie  , la  Mora- 
vie , la  Hongrie,  p.  17. 

Montagnes.  Direction  des  chaînes, 
p.  r 19. 

Montmartre  { gypse  et  marnes),  p.  225, 

224. 

Munster  (le  comte  de).  Mém.  sur  les 
Ammonées,  p.  1 57,  r 73  et  suiv. — sur 
les  Nautilacées,  p.177,  178. — Indi- 
cation de  quelques  espèces  d’Ortho- 
cères,  p.  228. 

Muschethalk.  Ammonées  dans  cette 
formation,  p.  iy5,  Nautilacées  de 
cette  formation  , p.  1 82. 


N 


Nancy.  Ossemens  fossiles  observés 
près  de  cette  ville,  p.  46;  cité  pour 
l’abaissement  d’une  colline , p.  87. 

Nautilacées  , Nautiles.  Distribution 
dans  diverses  formations  géologi- 
ques, p.  178,  i 80. 


Nouvelle- Hollande.  Ossemens  de  quel- 
ques animaux  trouvés  dans  cette 
contrée,  remarque  à ce  sujet,  par 
M.  Pentland  , p.  i44*  — Autres 
ossemens  indiqués  par  M.  Buck^ 
land , p.  227. 


ET  DÉS  AUTEURS. 


2Ô1 


O 


Omalius  d’Haltoy.  Essai  sur  les  joints 
des  roches , et  sur  les  formes  qui  en 
résultent,  p.  168.  — r Observation 
sur  la  classification  des  terrains  , 
p.  21 3.  Tableau  de  cette  classifica- 
tion , p.  219.  — Observation  sur  le 
calcaire  siliceux  du  bassin  de  Paris, 
p.  224. 

Orlhocères  dans  le  sol  secondaire  du 
calcaire  alpin.  Discussion  à ce  sujet, 


Pareto . Cité  pour  la  direction  des  Alpes 
de  la  Ligurie,  p.  64. 

Paris.  Notes  et  observations  sur  quel- 
ques formations  du  bassin  de  Paris, 
p.  y23  et  2.4 iv 

Parrot.  Opinion  sur  le  soulèvement 
des  montagnes,  l'origine  des  dépôts 
ignés  et  salifères,  p.  229. 

Pentland.  p.  1 44* 

Podolie.  Description  de  ce  pays}  par 
M.  Lill,  p.  47. 

Podopsides.  Observations  sur  ce  genre, 
par  M.  Deshayes,  p.  192. 

Poisson  fossile  de  la  craie,  p.  i58. 

Postdam.  Formation  géologique  de  ce 
district,  p.  64. 

Prévost  (Constant).  (Considérations  sur 
les  expressions  employées  par  les 


p.  i3j;  — dans  diverses  formations, 
p.  178. 

Ossemens  fossiles.  Observations  de 
divers  membre*  sur  des  gisemens 
d’os  fossiles,  p.  97.  — Nouvelle' 
Hollande,  p.  1 44-  — M.  Buckland, 
p.  229. — M.  Robert,  p.  4^*  — 
M.  Tournai,  p.  195=  — Apparition 
de  l’homme  sur  la  terre,  p.  io5. 


géologues,  et  sur  les  époques  géolo 
giques,  p.  19. — Observations  sur 
un  mém.  de  M.  Buckland  relatif 
aux  liges  verticales  du  raie.  dePort- 
and  , p.  68.  — Observation  sur  un 
mélange  de  fossiles,  p.  139.  — Ob- 
servation sur  la  distribution  des  ter- 
rains , p.  18^. 

Puits  artésien.  A Rouen,  à Dieppe, 
auHavre,  p.  — Notice  de  M.  Fleu- 
riau  de  Bellevue  , p.  4o.  — Puits 
artésien  de  Toulouse  décrit  par 
M.  Boubée,  p.  76.  — Fait  extraordi 
naire  observé  dans  les  eaux  d’un 
puits,  à Tours,  p.  94. — Hypothèse 
sur  leur  théorie  , p.  121. 

Pyrénées.  Caractères  de  la  craie  sur 
leurs  pentes , p.  9. 


R 


Iieboul.  Comparaison  de  terrains  des 
époques  tertiaires  dans  les  bassins 
hétérogènes,  p.  161. 

Règlement  constitutif,  p.  6. — Disposi- 
tion supplémentaire,  p.  14. — Dis- 
position relative  à un  emploi  de 
fonds,  p.  126. — Relat.  aux  membres 
démissionnaires  rentrant , et  sur 
quelques  détails  d’administration  , 
p.  172.  — Relat.au  diplôme  , p.  229. 
Révolutions  du  globe.  M.  C.  Prévost, 
p.  19.  — M.  Ivlœden  , p.  57.  — 
M.  Parrot,  p.  229.  > 

Robert  (Eug.).  Note  sur  quelques  osse- 
mens fossiles  observés  près  deNancy, 
j).  46.  - — Notes  géologiques  sur 
quelques  localités  de  la  Lorraine  et 
de  la  Suisse  , p.  88. 


Robcrton.  Coquilles  du  temple  de  Sé- 
rapis  , et  observations,  p.  127. 

Rochelle  (La).  Notice  sur  un  puits  ar- 
tésien dans  ce  lieu,  par  M.  Fleuiiau 
de  Bellevue  , p.  l\o. 

Roulland.  Observations  sur  les  genres 
ichtyosarcolites,  hippurites  et  sphé- 
rulites,  p.  190.  — Considérations 
sur  les  grottes  de  Rancogne,  p.  200. 

Rozet.  Géognosie  du  pays  de  Média 
en  Afrique,  p.  86.  — Note  sur  quel- 
ques parties  de  la  Barbarie,  p.  1 4 1 - 
Observations  faites  sur  le  Petit  At- 
las , p.  225. 

Rudiste.  Observations  sur  les  Rudistcs, 
par  M.  Deshayes,  p.  192. 


2Ôk2 


TABLE  DES  MATIERES  ET  DES  AUTEURS. 


Sauriens , Nouvelles  espèces , p.  229. 

Sel.  Dans  les  Karpathes,  p.  17.  — De 
Cardone  (mém.  de  M.  Dufrenoy); 
P*  99*  ~~  Dépôts  salifères  d’origine 
volcanique,  p.  229. 

Sèrapis.  Enfoncement  et  soulèvement 
des  colonnes  du  temple  de  ce  nom  , 
p.  116. — Mollusquescn  provenant, 
et  discussion  à ce  sujet,  p.  127. 

Serpentine.  Roches  serpentineuses , 
p.  64. 

Siliceux  (calcaire).  Dans  le  bassin 
de  Paris , p.  223. 

Société.  Installation,  p.  5. — Nomina- 


tion du  président  et  du  bureau , p.  8. 
— Élection  des  membres  du  Con- 
seil , p.  9. — Présentation  et  discours 
au  roi,  p. 27.  — Liste  générale  des 
membres,  p.  3o.  — Compte  rendu 
de  ses  travaux  en  rS3o,  p.  71. 

Sources  minérales , p.  94;  — salées, 
p.  96. 

Soulèvement , p.  120. 

Sphérulites.  Observations  sur  ce  genre, 
par  M.  Roulland,  p.  190. 

Stromboli.  Notice  sur  cette  île,  par 
M.  Donati,  p.  292. 

Suisse.  Notice  de  M.  Robert , p,  88. 


Tableau  comparatif  des. coquilles  vi- 
vantes avec  les  fossiles,  par  M.  Des- 
bayes, p. i85. 

Température  du  globe,  p.  120. 

Terrains  en  général,  par  M.  d’Omalius 
d’Halloy  , p.  2 «3  et  219. 

Tertiaires  (terrains).  Dans  la  Gallicie, 
p.  1 5 ; — dans  le  Brandebourg, 
p.  61  ; — en  Morée , p.  85.  — 
M.  Reboul  ,161. 

Toulouse.  Puits  artésien,  p.  76  — Géo- 


logie et  topographie  de  ce  bassin, 
p.  i46.—  Fossiles  de  ce  bassin  pré- 
senté par  M.  Boubée,  p.  212. 
Tournai.  Mém.  sur  les  ossemens  hu- 
mains et  sur  les  espèces  de  mam- 
mifères perdues,  p.  195. 

Tours.  Grains  et  végétaux  jetés  par  uu 
puits  artésien  de  cette  ville,  p.  94- 
Trésorier • Vérification  de  ses  comptes, 
p.  78.  — Il  présente  le  budget  de 
i83i,  p..  92. 


Vallées.  Théorie  sur  leur  formation, 
p.  117. 

Vanadium.  Nouveau  métal  trouvé  en 


Suède , p»  9'- . 

Volcans  et  phénomènes  volcaniques, 
explications  théoriques,  p.  116. 


w 


Wieliczka.  Coupe  de  ses  salines,  pari  PVeymouth.  Note  sur  un  mém.  relatif 


M.  Boué,  p.  16. 


I à la  baie  de  ce  nom  , p.  68. 


FIN  DE  LA  TABLE. 


ERRATA. 


■kïÊBBÊ  l)mm  r@m  ' V WÊsmm^  \ 

Page  ir , ligne  8 , saccaroide  : lisez  saccliaroïdes. 

» — 9,  compacte  ; lisez  compactes. 

12,  — i3,  houillers;  lisez  houilliers. 

3 9,  — 3i , houillers  -,  lisez  houilliers. 
lig,  — 5i  , coquilier;  lisez  coquillier. 
j>  — 3i , coquillère;  lisez  coquillière, 

5i,  — 2g,  Jsocardia  ; lisez  Isocardia. 

’ 53,  — 24  , coquilier  ; lisez  coquillier. 

57,  — 12,  salinarinsinæqualvis;  //.yezsalinariusinæquivalvis. 

62,  — 9 , Polygomme  ; Usez  Polygonum. 

77,  — avant  dernière,  Giraldin  ; lisez  Girardin. 

78,  — 3o  , Clement  Muller  ; lisez  Glement  Mullet. 

80,  — i3  , pourrait  ; lisez  pouvait.  - 

84,  — 33,  phorphyroides;  lisez  porphyroides 
95,  — 37  , fouilles  ; lisez  failles. 

98,  — i3,  Szeerbakow  ; lisez  Szcerbakow. 

106,  — 54  , se  voûtant , Usez  s’encroûtant. 

1 1 r,  — 4°)  Kessemberg;  lisez  Kressenberg. 
ii2,  — 4 > Kessemberg;  lisez  Kressenberg. 

1 1 5,  — 12,  Save  ; lisez  Savi . 

123,  — 16  , Kloden  ; lisez  Klœden. 

126,  — 7 , Serrovezza;  lisez  Serravezza. 

i32,  — 2 1 , B.  ; lisez  T. 

137,  — 38  , Conybeari  ; lisez  Turneri. 

» — 38,  A.  Iiensloii  ; lisez  une  espèce  de  la  division  des 

A.  macrocéphales  de  M.  de  Buch, 

167 , — 18,  Ninscnbach  ; lisez  Niesenbach. 

J 58,  — 1 2 , Ninsenbacli  ; lisez  Niesenbach. 

178,  — 3,  goniatitc  voisine  du;  lisez  une  espèce  qui  n’est 

pas  le. 

21 3,  — 6 , observe;  lisez  fait  observer. 

227,  — 2,  coquillère,  lisez  coquillière.